Contenu du sommaire : Le partage photographique
Revue | Communication & Langages |
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Numéro | no 194, décembre 2017 |
Titre du numéro | Le partage photographique |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Mythologies
- Galileo alcolico. Trivialité (g)astronomique du mythe Galilée - Guillaume Laigle p. 3-19 Fierté nationale italienne, rebelle universel, avatar de la science expérimentale… bien sûr, Galilée est tout cela ! Mais sa stature mythique profite aussi plus qu'on ne le pense de sa réputation d'« homme de goût », participant à l'invention historique et communicationnelle d'un être culturel aussi spiritueux que spirituel, propre à marquer l'identité individuelle tout comme l'imaginaire collectif des producteurs et consommateurs de vins et d'alcools. Sous-tendu par un semi-symbole archaïque, cet usage trivial d'un patrimoine textuel, iconographique et intellectuel renforce les dimensions mythiques de l'illustre toscan, par un effet de levier cohérent mais cocasse.Italian national pride, universal rebel, “the” incarnation of experimental science… of course, Galileo is all of that! But his mythical stature also benefits more than we think from his reputation as a “man of taste” which contributed to the historical and communicational invention of a cultural being ready to influence the individual identity and collective imagination of wine and spirits producers and consumers. Underpinned by an archaic semi-symbol, this trivial use of a textual, iconographic and intellectual heritage reinforces the mythical dimensions of the illustrious Tuscan, with a coherent and comical leverage effect.
- Galileo alcolico. Trivialité (g)astronomique du mythe Galilée - Guillaume Laigle p. 3-19
Le partage photographique
- Le partage photographique : le régime performatif de la photo - Pauline Escande-Gauquié, Valérie Jeanne-Perrier p. 21-27
- Partages créatifs : stylisation de soi et appsperimentation artistique - Laurence Allard p. 29-39 Cet article répond à trois questionnements autour des partages photographiques mobiles (qui effectue ces partages, pourquoi et comment ?) en proposant trois hypothèses de travail axées sur l'individuation expressive, la révolution de l'écrivance et le mobtexte hybride. Les corpus analysés inspirant ces propositions sont issus à la fois de la culture mobile ordinaire notamment juvénile et des expérimentations de la scène émergente des arts mobiles.This paper addresses three questions surrounding mobile photo sharing (who shares? Why and how?) and develops a set of hypothesis about the issues of expressive individuation, the revolution of everyday writing practices (Barthes' écrivance) and the hybridization of mobtexts. These propositions are inspired by the analysis of ordinary mobile culture as experienced by teenagers and by an emerging mobile art scene.
- Fragments sur le partage photographique. Choses vues sur Facebook ou Twitter - Gustavo Gomez-Mejia p. 41-65 Au cours des premières décennies du XXIe siècle, le « partage » de photographies en ligne semble être devenu un phénomène ubiquitaire, observable dès lors que des connexions Internet et des smartphones se trouvent à portée de main. Penser ces « partages photographiques », revient à analyser des rhétoriques, des dispositifs et des gestes ordinaires qui ont une emprise particulière sur l'expérience des « réseaux sociaux » et sur notre conception générale de la « photographie ». À partir d'une série de « choses vues » sur Facebook et Twitter, et en dialogue avec des observations sur le terrain, cet article propose un retour critique sur la notion de « partage » et une réflexion sur les valeurs hétérogènes des images photographiques lorsqu'elles sont intégrées aux stocks des réseaux.Throughout the first decades of the 21st century, sharing photographs online has become an ubiquitous phenomenon, happening wherever smartphones and Internet connections are available. In order to understand “photo sharing”, one needs to analyze a set of rhetorics, devices and ordinary gestures which have a particular grip on our experience of “social networks” and on our general conception of ”photography”. Drawing on “seen things” from Facebook and Twitter and field observations, this article offers a critical review of what “sharing” means and reflects upon the ambivalence of photographic images becoming network stocks.
- Les images mobiles et leur acceptation sociale : un processus long de dix ans - Gaby David p. 67-74 Afin de comprendre et d'explorer les mécanismes qui ont provoqué l'acceptation sociale de l'image mobile en tant qu'objet culturel, en d'autres termes, les processus de légitimation et de validation que l'imagerie mobile a eu entre 2005 et 2015, cet article revient sur la thèse de doctorat Processus de légitimation : 10 années d'images mobiles de Gaby David. La première partie, structurelle, comporte une double étude du phénomène par diverses industries culturelles, artistiques et médiatiques ; une analyse ethnographique du festival Pocket Films, et une historicisation des images mobiles utilisées dans les circuits institutionnels de l'information. La deuxième partie se concentre sur la validation par les pairs, les communautés de pratiques, et met en évidence la prise de pouvoir des utilisateurs sur les processus d'autolégitimation. Par le biais d'une auto-ethnographie et d'une réflexion sur ses propres pratiques, l'auteure s'observe rétrospectivement et révèle ses selfies, ainsi que des échanges visuels plus connectés, instantanés et éphémères.In order to understand the mechanisms that led to the social acceptance of the mobile image, and so as to explore the processes of legitimation and cultural validation that imagery had between 2005 and 2015, this article stems from Gaby David's doctoral thesis “Process of Legitimation: 10 years of mobile images”. The first part, structural, involves a double study of the phenomenon by various cultural, artistic and media industries; an ethnographic analysis of the Pocket Films festival, and a historicization of mobile images used in institutional circuits of information. The second part focuses on peer-validation, communities of practice, and highlights the empowerment of users' self-legitimating process. Moreover, in a self-ethnographic reflection, the author studies retrospectively her own practices, and reveals selfies as more connected, instantaneous and ephemeral visual exchanges.
- Magnum Photos et les réseaux sociaux, la conquête d'une nouvelle visibilité - Clara Bouveresse p. 75-85 Magnum, coopérative de photographes fondée en 1947 à Paris et New York, est devenue une institution prestigieuse, une « marque » classique reconnue par l'ensemble de la profession. Comment cette « marque » Magnum peut-elle exister sur les réseaux sociaux ? La culture de l'exclusivité et de l'élitisme, qui semblait pourtant mal augurer de l'adaptation de l'agence à ces nouveaux modes de partage, s'est redéployée à travers la formation de communautés virtuelles relayant sa visibilité en ligne. Cet article interroge le principe du droit d'auteur, remis en cause sur Internet où s'élabore une libre circulation encadrée qui s'inscrit dans une logique économique proche de celle des « communs » ; la contradiction apparente entre l'élitisme de Magnum et les modes de reconnaissance des communautés sur les réseaux ; la façon dont les photographes s'approprient et interrogent les outils de partage numérique des images.Magnum, a photographers' cooperative founded in Paris and New York in 1947, has become a prestigious institution, a classic “brand” sanctioned by the photographic world. How may such a Magnum “brand” gain visibility on social networks? The culture of exclusivity and elitism, which did not bode well for the adaptation of the agency to these new ways of sharing pictures, is remapped by the creation of virtual communities continuing its online presence. This paper examines the principle of author rights, called into question on the web, where photographs are shared freely within a framework close to that of the “commons” economic model; the apparent contradiction between the elitism of the agency and the legitimizing processes of virtual communities; the ways in which photographers appropriate and interrogate digital modes of sharing images.
- La photographie de presse au ban des dispositifs d'exposition numérique. Paris Match et l'AFP sur Instagram - Maxime Fabre p. 87-103 La présente publication interroge le statut de la photographie de presse numérique à travers l'analyse des comptes Instagram de l'Agence France-Presse et de Paris Match. En proposant une application communicationnelle du terme « banal », l'auteur suggère de comprendre la photographie de presse numérique comme l'enjeu d'une éco-sémiotique complexe, où dispositifs numériques et industries journalistiques établissent ensemble un espace de circulation et de passage du sens photographique.This article proposes the transformations of digital press photography through the analysis of the Agence France-Presse and Paris Match Instagram pages. By using a communicational method on the concept of “banal”, the author conceptualizes digital press photography as an issue of complex eco-semiotics, where digital devices and media industries set up together a passing space for sharing photographs and their meanings.
- Un compagnonnage en image : Ségolène Royal et Paris Match - Adeline Wrona p. 105-113 À travers les multiples photographies de Ségolène Royal parues dans Paris Match de 1988 à 2017, cet article analyse la double vie des images de presse à travers les régimes éditoriaux des supports numérique et papier. Une analyse sémiologique montre comment Paris Match raconte un récit de vie autour d'un storytelling photographique. La prolifération des portraits circulant entre le support papier et le site Web dessine des lignes de tension au cours d'un long compagnonnage en image. D'une part, la vie privée se tisse d'éléments de la vie politique. D'autre part, les photos « volées » côtoient les photos commandées et tendent parfois à se confondre. Le caractère hétérogène du traitement sémiotique des photos profite à la fois au média et à la personnalité politique.Between 1988 and 2017, Paris Match has published a series of Ségolène Royal portraits whose paper magazine and/or website oriented editorial treatments inspire this analysis of how press images gain a second life online. A semiotic approach shows how Paris Match recreates a biographical narrative based on photographic storytelling procedures. As portraits migrate from the magazine to the website, several tensions seem to emerge about the purpose of this companionship in image. Both the limits of public/private life and the nature of staged/stolen photos seem to be blurred. This paper analyses how a media outlet and a political figure take advantage of such complex semiotic features.
Comptes rendus de lecture
- Petit édito : La rubrique « Lectures » évolue ! - Lucie Alexis, Elsa Tadier p. 115
- L'énonciation aujourd'hui : un concept clé des sciences du langage : Marion Colas Blaise, Laurent Perrin, Gian Maria Tore, Limoges, Lambert-Lucas, 2016, 452 p. - Nataly Botero
- L'archive dans quinze ans. Vers de nouveaux fondements : Paul Servais et Françoise Mirguet (dir.), Louvain-la-Neuve, Éditions Academia, coll. « Publication des archives de l'UCL », 2015, 272 p. - Emmanuelle Fantin p. 116-117
- La communication environnementale, enjeux, acteurs et stratégies : Kane Oumar, Paris, L'Harmattan, 2016, 138 p. - Marion Mauger p. 117-119
- L'image peut-elle nier ? : Sémir Badir et Maria Giulia Dondero (dir.), Presses universitaires de Liège, 2016, 220 p. - Elsa Tadier p. 119-120
- Industrialiser l'éducation. Anthologie commentée (1913-2012) : Pierre Moeglin (dir.), Presses universitaires de Vincennes, 2016, 386 p. - Aude Seurrat p. 120-123