Contenu du sommaire : Sound studies
Revue | Politiques de communication |
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Numéro | Hors série no 1, 2017 |
Titre du numéro | Sound studies |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Une discipline qui ne fait pas de bruit ? : Remarques sur la construction sociale des sound studies - Philippe Le Guern p. 5-30
- Le temps des pionniers : Jean-François Augoyard et le Cresson - Pascal Amphoux, Philippe Le Guern p. 31-44
- An Acoustic Self-Portrait: My Hyper-Local Sounds - Jonah Raskin p. 45-64 Dans ce portrait de l'auteur en auditeur, Jonah Raskin explore les sons propres à son environnement en Californie du nord, où l'agriculture industrielle est dominante, même si les sons de la nature n'ont pas totalement disparu. L'auteur applique certaines des notions popularisées par Bernie Krause dans Le Grand Orchestra Animal. Dans la première moitié de l'essai, l'auteur décrit la place de l'acoustique dans sa propre vie et dans le monde qui l'environne. Dans la deuxième moitié de l'essai, il explore la place qu'occupe l'acoustique dans plusieurs œuvres clés de la littérature américaine, y compris Moby-Dick et Leaves of Grass qui ont formé sa propre pensée et ont étendu son appréciation de son. Les œuvres qu'il étudie ici sont « hyper locales » – au sens où elles s'inscrivent dans une spatialité et une temporalité spécifique (la culture américaine du milieu du xixe siècle) – tout en figurant parmi les grands classiques américains. Elles constituent pour l'auteur une sorte de bibliothèque sonique mentale, bibliothèque remplie d'enregistrements de la littérature qu'il a connus et a écoutés attentivement.In this auditory self-portrait, the author explores the hyper-local sounds that are peculiar to his own environment in northern California, where industrial agriculture is dominant, though it has not entirely extinguished the sounds of nature. The author applies some of the technical terms made popular by Bernie Krause in The Great Animal Orchestra. In the first half of the essay, Raskin describes the acoustics in his own life and in the immediate world around him. In the second half of the essay, he explores the acoustics in several key works of American literature, including Moby-Dick and Leaves of Grass that have shaped his own thinking and feeling and expanded his appreciation of sound. The works he writes about are hyper-local – they're rooted in a particular time and place (the culture of mid‑nineteenth‑century USA) – though they're also widely read American classics. They live in the author's own head, which he describes as a kind of sonic library that's filled with recordings of the literature he has known and has listened to attentively.
- Ecoute : An Interview with Bernie Krause, the Father of Soundscape Ecology - Jonah Raskin p. 65-76
- Hearing madness and sounding cures: recovering historical soundscapes of the asylum - Dolly MacKinnon p. 77-106 En prenant comme point de départ les concepts de sons, de silence et de bruit chez Alain Corbin et la notion de folie chez Michel Foucault, en tant que construction culturelle, politique, juridique et médicale, cet article fournit une méthodologie pour interroger les archives d'asiles et rendre compte d'une histoire sonore de la folie. À partir d'archives du xixe et du xxe siècles, je montre comment et pourquoi les détenus étaient considérés comme sains ou insensés, selon la manière dont étaient perçus par l'institution médicale sons acceptables ou bruits intolérables. Les rythmes sonores, la fluidité, la furie et la volubilité du paysage sonore d'asile, lorsqu'ils sont confiés au papier, sont considérés tout à la fois comme statiques et silencieux. Les cas consignés dans les registres étaient dépendants de préjugés raciaux, religieux, de genre, de classe, tout comme les preuves – problématiques - des observations sur la folie. Cet article analyse le contenu des archives et des traces matérielles qui subsistent pour reconstituer ce paysage sonore historique.Taking as its starting points Alain Corbin's concepts of sounds, silence, and noise, and Foucault's conceptualisation of madness as a cultural, political, legal and medical construct, this article provides a methodology for interrogating the asylum archive for the purpose of recovering aspects of the historical soundscape of madness. Using evidence from nineteenth and twentieth-century asylum archives I analyse these records to determine how and why inmates were considered as sane or insane, depending on medical perceptions of acceptable sounds or unacceptable noises, as described in these medical records. The sonic flurries, fluidity, fury, and volubility of the asylum soundscape when committed to paper are made at once both static and silent. Casebooks were laced with racial, religious, gender, class prejudices, as well as evidence of the problematic nature of cross-cultural observations about madness. This article analyses the content of the archive and surviving material culture to reconstitute aspects of these historical soundscapes.
- Quand l'espace public se met au diapason : La politisation sonore en Malaisie, entre enjeux idéologiques et clivages partisans - David Delfolie p. 107-145 En Malaisie, dans un contexte de tensions récurrentes autour de la place l'islam, la variable sonore, et plus spécifiquement la musique, se présente comme un marqueur sociopolitique dans l'espace public.La musique est d'abord un vecteur d'incarnation symbolique de représentations idéologiques diverses. Elle est également un enjeu de lutte et un objet de clivage, souvent instrumentalisée à des fins politiques, dans une dialectique entre tolérance et censure. Enfin, la musique est un instrument stratégique de propagande.Plus généralement, la musique, en tant que phénomène syncrétique, permet d'interroger à plus d'un titre des éléments relatifs au changement social dans une société en développement, en particulier s'agissant de l'agencement dynamique complexe entre tradition et modernité.In Malaysia, in the context of recurring tensions regarding the place of Islam, the sound factor, and more specifically music, presents itself as a socio-political marker in public space.Music is primarily a vector of symbolic incarnation of plural ideological representations. It is also an issue of struggle and an object of cleavage, often exploited for political goals, in a dialectic frame between tolerance and censorship. Finally, music is a strategic instrument of propaganda.More generally, music, as a syncretic phenomenon, makes it possible to examine on various aspects the elements relating to social change in a developing society, particularly with regard to the complex dynamic arrangement between tradition and modernity.
- The Sound Wars: Silencing the Working Class Soundscape of Smithfield - Linda O Keeffe p. 147-178 L'idée de sons associés à une classe sociale n'est pas nouveau : Emily Thompson et Hillel Schwartz démontrent par exemple comment les communautés font l'objet de ségrégation sur la base des sons qu'elles produisent, de la Grèce antique où le son était souvent lié à la production, à la folie et à la pauvreté, et a souvent été utilisé pour ostraciser voire éradiquer certains groupes, jusqu'à New York où des campagnes anti-bruit, menées par les classes supérieures, visaient à la suppression des bruits jugés inutiles. Quoiqu'il en soit, les classifications contemporaines du bruit en tant que phénomène urbain quantifiable et objectivable ont débouché sur ce qui semble être une critique sans ambiguïté de la pollution sonore basée sur les statistiques. Ceci suggère que nous avons évolué de la classification des sons à fort volume, associés à certaines classes sociales, à l'idée de pollution sonore.Dans cet article, je développe un ensemble de travaux menés entre 2009 et 2014, où j'examine la construction sociale des paysages urbains dans le Smithfield, à Dublin en Irlande. La recherche a été réalisée avec un groupe de participants, soit 84 adolescents et 5 adultes plus âgés. Ces participants ont aidé à identifier, à travers une série de méthodes de recherche, de concepts et d'idées sur la signification du bruit et du son, le lien qui existe entre certains sons et la position sociale de classe.The concept of sounds associated with a social class is not new, Emily Thompson and Hillel Schwartz both present historical evidence of the segregation of communities because of the soundscapes they produced, from ancient Greece where noise was often linked with production, madness, and poverty, and was often used as a method for the segregation and suppression of certain groups, to New York City where anti noise campaigns, led by the upper classes, have fought historically for the suppression of unnecessary noise. However, contemporary classifications of noise as a quantifiable and verifiable phenomenon in cities have created what seems like an unambiguous and non-judgmental critique of sound pollution based on statistics. This suggests that we have progressed from the classification of loud sounds as associated with social classes to one connected to pollution. In this paper I expand on a body of work conducted between 2009 and 2014, which examined the social construction of urban soundscapes in the Smithfield are of Dublin city, Ireland. The research was conducted with a group of participants, 84 teenagers and 5 older adults. These participants helped identify, through a series of research methods, concepts and ideas about the meaning of noise and sound and how certain sounds are often linked to social class.
- Les opérateurs téléphoniques comme nouveaux opérateurs culturels politiques de la musique au Mali - Emmanuelle Olivier p. 179-208 Depuis la mise en place de la technologie 3G et le développement des Smartphones en 2010, Orange est devenu le premier opérateur de la musique au Mali, jusqu'à imposer sa propre politique culturelle face à un État largement absent dans ce domaine et à un secteur privé peu professionnalisé. Marque commerciale du groupe Sonatel depuis 2006, leader dans la téléphonie en Afrique de l'ouest, et très implanté au Maghreb et en Afrique anglophone, ce qui lui permet d'avoir un réseau pan-africain extrêmement efficace, Orange est aussi actionnaire de l'entreprise de streaming musical Deezer et propriétaire de la plateforme vidéo DailyMotion. Dans ce texte, on s'attachera à montrer comment l'opérateur téléphonique s'affirme de plus en plus dans le secteur de la production, de la promotion, de la distribution et de la diffusion de musiques destinées à un public spécifiquement africain, mais constitue aussi une entreprise privée structurante pour l'économie malienne, à travers le développement technologique, le poids de son chiffre d'affaires, les emplois directs et indirects, la formation professionnelle et jusqu'au management qui influence aujourd'hui l'administration de l'État.Since the implementation of the 3G technology and the development of Smartphones in 2010, Orange has become the first operator of the music in Mali, until imposing its own culture policy within a widely absent State in this domain and a little professionalized private sector. Orange is a trademark of the Sonatel group since 2006, leader in the telephony in Western Africa, and well-established in the Maghreb and in English-speaking Africa, what allows him to have an extremely effective Pan-African network. Orange is also a shareholder of the Deezer musical streaming company and owner of the DailyMotion video platform. In this text, I will demontrate how the phone operator asserts itself more and more in the sector of the production, the promotion, the distribution and the distribution of music intended for a specifically African audience, but also establishes a structuring private company for the Malian economy, through the technological development, the share of its turnover, the direct and indirect jobs, the vocational training and until the management which influences the administration of the State today.
- The Fairground Noise - Ian Trowell p. 209-241 La foire ambulante est présente dans l'histoire et la culture de nombreuses sociétés. Dans la plupart des cas, il s'agit d'une activité mercantile fondée sur le divertissement, à base de manèges, de jeux et de spectacles. La foire a ceci de spécifique qu'elle est nomade, qu'elle investit des espaces pré-existants, et qu'elle transforme l'environnement et son ambiance en leur conférant une dimension festive et électrisante. Le son joue un rôle central dans le phénomène de la foire : volume, sons inhabituels et cacophonie prennent le pas sur la trame sonore de la vie quotidienne. Dans cet article, je reviens sur l'histoire du son dans l'univers de la foire, puis je m'intéresse aux manières d'en faire la description, me demandant enfin si une telle cacophonie est propre à la foire ou peut se rencontrer ailleurs.The travelling fairground is a part of the history and culture of many societies. In most cases it has evolved from a purpose of trade and business to offer pure fun, consisting of mechanical rides, shows and games. It has distinctive features such as a nomadic character, the borrowing of space, and the transforming of atmosphere and environment towards festival and excitement. The development and role of sound is a key part of the fairground, where volume, strange sounds, and cacophony take over from the regular sounds and compositions of everyday life. This paper develops a history and way of describing the fairground sound, and asks whether such noise and cacophony is permitted elsewhere.