Contenu du sommaire : Pouvoir et dynamique des organisations (1) Etat des lieux et des savoirs

Cet article montre comment la nouvelle microéconomie et l'économie de l'incertain ne saisissent, à travers les notions de contrats et marchés incomplets, d'autorité et de hiérarchie, qu'une petite partie des phénomènes de pouvoir. On leur oppose les notions de conflit, de violence, et d'inégalité exprimées, notamment, par François Perroux. On démontre enfin que le pouvoir apparaît avec de l'incertain radical, auquel on associe des phénomènes d'asymétrie, les notions de loi et de collectif irréductible.

Il existe des rapports étroits entre la façon dont la science politique se développe et les modalités prises par les recherches dans les organisations locales. Dans les années 1970, ces recherches sont sous-tendues par la sociologie politique mettant l'accent sur le pouvoir en tant que domination et processus de relation. Le pouvoir local n'est saisi que comme simple pouvoir fonctionnel, ou sans réelle consistance. La décennie suivante est l'époque du triomphalisme économique, dominé par la problématique de l'acteur. L'esprit gestionnaire prévaut et le pouvoir local prend des connotations relationnelles dues au développement d'organisations multiformes. La tentative récente de repenser ces phénomènes à l'aide de nouveaux concepts laisse dans l'incertitude la nature même des pouvoirs au sein du système local, en l'absence d'un renouvellement des théories politiques.

Cet article montre l'importance du concept de pouvoir dans les relations interentreprises, même lorsqu'il n'y a pas de liaisons financières (unilatérales, bilatérales ou multilatérales), de désir d'intégration verticale ou de fusion entre les parties concernées. Il semble en effet, qu'aujourd'hui, les structurations inter-entreprises fondées sur des complémentarités d'activités se développent et demeurent stables sans nécessairement s'appuyer sur des liaisons financières, ou l'intégration verticale, mais par le seul exercice du pouvoir de négociation qui permet d'équilibrer les relations.

Régulièrement, le pouvoir de la presse et de la justice fait l'objet de débats autour de la question du secret. A partir d'un arrêt de la Cour de cassation et de propositions de la Commission des Lois du Sénat, est examinée l'argumentation des journalistes critiquant ces dispositions : celle-ci constitue une tentative de rationalisation de rapports de pouvoir, analysables en termes de «faire faire » (Foucault). Cette perspective montre qu'il s'agit moins de conflits entre institutions que de conflits de pouvoir entre espaces professionnels tendant à devenir davantage sécants. A travers une approche de type interactionniste des mouvements d'accès des magistrats à l'espace public et d'investissement de l'espace judiciaire par les journalistes, l'auteur analyse la dynamique de la gestion de la souveraineté des organisations professionnelles. Cela permet de clarifier les enjeux normatifs et politiques des débats sur la "redistribution" des pouvoirs.

L'acteur, dans son système organisationnel, ne dispose que d'une liberté restreinte dans les jeux de pouvoir. Il est, en quelque sorte, en "liberté surveillée". Ce constat, maintes fois observé, est encore plus évident aujourd'hui du fait de la complexifïcation organisationnelle due aux nouveaux visages de l'incertitude, à raffinement de la gestion des hommes, à l'opérationnalité plus marquée de la gestion et à la montée en puissance concomitante de l'individuel et du collectif.

Cet article est consacré à la démonstration des effets organisationnels provoqués par l'intensification des interactions intervenants-acteurs dans le cadre de recherches-expérimentations en management. Dans cette perspective, nous montrons qu'il existe un pouvoir interactif propre à l'intervenant-chercheur en management à la fois source de transformation, de développement humain et de création de connaissances. Cette stratégie d'intervention se caractérise par l'organisation et la mise en œuvre d'une dialectique déstabilisation-stabilisation des acteurs génératrice d'énergie humaine de transformation et de changements profonds.

Cet article traite de la dynamique du pouvoir dans les activités de l'aéronautique marchande. Il prend appui sur les modifications qui affectent, au sein des organisations (compagnies, navigation aérienne), les professions directement impliquées dans la production d'un vol, de façon interactive. Il s'intéresse par ailleurs à l'émergence d'un système organisé d'acteurs du transport aérien et aux transformations des rapports de pouvoir qui en résultent.

Les lois de décentralisation, en modifiant la configuration institutionnelle des rapports centre-périphérie, ont introduit des changements dans le jeu politique local. Ce phénomène interroge la sociologie des organisations dans sa définition du rapport du notable à l'État. L'analyse de la trajectoire politique d'Yves Piétrasanta, maire de Mèze (Hérault) et co-fondateur de Génération Écologie, illustre l'évolution du pouvoir notabiliaire. La transformation de son réseau, reposant sur une dimension traditionnelle et sur la mise en œuvre de réseaux d'action publique fondés sur l'expertise écologique, lui permet d'affirmer sa légitimité face aux services administratifs et techniques de l'État. La double nature de son pouvoir souligne les effets des changements institutionnels sur les pratiques politiques au niveau local.