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Revue | Etudes anglaises |
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Numéro | Vol. 71, no 2, avril-juin 2018 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Reading Geoffrey Hill in 2020: An Introduction - Jennifer Kilgore-Caradec p. 131-136
- Geoffrey Hill and the Rack of the Sonnet - John Lyon p. 137-153 Cet article analyse la forme du sonnet si prisée par Hill dans ses premiers recueils, tels qu'on les trouve dans Broken Hierarchies. La forme du sonnet est considérée en rapport avec des sonnets de Shakespeare et de Ben Jonson, ce dernier ayant compris que les contraintes de la forme la rendaient trop ample ou trop concise. Cette perspective est également adoptée pour des sonnets de poètes comme Tennyson, Keats, Eliot et Muldoon.This paper focuses on the early sonnets of Hill as found in his first two collections as they are presented in Broken Hierarchies, and on their relationship to sonnets by Shakespeare and Ben Jonson, who understood that the constraints of the sonnet form could offer too little or too much. Sonnets by other poets such as Tennyson, Keats, Eliot, and Muldoon are also put to the test.
- “The Castaway of Drowned Remorse, the World's Atonement on the Hill”. History, Language and Theopoetics: Geoffrey Hill's Dialogue with David Jones in Mercian Hymns and Tenebrae - Hilary Davies p. 154-167 L'un des thèmes qui parcourent l'œuvre poétique de Geoffrey Hill est son intérêt pour les formes internes et externes de la foi religieuse, voire son questionnement de celles-ci. Comment les approcher à une époque où l'héritage des Lumières continue de dominer le discours occidental ? Comment les percevoir à une époque où la connaissance du passé est érodée ? Ces questions que pose Hill se retrouvent aussi dans l'œuvre du poète-peintre britannique et moderniste David Jones. Le poète et le peintre interrogent les sens du paysage et du « dépôt de la tribu », tous deux se livrent à une archéologie éclairée par l'étymologie, tous deux explorent le rapport entre le passé de la Grande-Bretagne et le passé de l'Europe. Toutefois, en dépit de ces ressemblances frappantes, leur poésie et leur méthode sont radicalement différentes. La comparaison que je propose dans cet article permet de situer Mercian Hymns et Tenebrae par rapport à l'œuvre de l'un des plus importants poètes modernistes britanniques.An enduring theme, running like a seam of ore through Geoffrey Hill's œuvre, is his preoccupation, indeed argument, with the outer and inner forms of religious faith. How are they to be approached, and lived, in an age where post-Enlightenment secularism still dominates the discourse of the Western intelligentsia? How are they to be even known about in an age where knowledge of the past is being eroded? Hill's concern with these matters is shared by another great British modernist, the poet and painter David Jones. Both men investigate the meanings which are to be found in landscape and “the deposit of the tribe,” both men delve into the archaeology that etymology provides to illuminate what they find, both men seek to explore the relationship between the past of this island and the past of Europe. Yet as well as these striking affinities, their poetry and methods evince radical differences. I shall be looking at how a comparison helps situate Mercian Hymns and Tenebrae in relation to one of Britain's foremost modernist poets.
- Translating Mystical Politics: Charles Péguy and the Civic Good - Jennifer Kilgore-Caradec p. 168-175 Dans The Mystery of the Charity of Charles Péguy et dans Hymns to our Lady of Chartres, le poète Geoffrey Hill part sur les chemins sinueux d'un drôle de pèlerinage à la fois comique et grave, un peu comme Laurent Terzieff et Paul Frankeur partent pour Compostelle dans le film de Luis Buñuel La Voie lactée. Méandres et courbes sont au rendez-vous à travers les pastiches et contradictions de ces textes qui élucident le contexte de l'affaire Dreyfus, la Première Guerre Mondiale, la culture et la politique française durant la période de l'Avant-Garde (et aussi du modernisme anglophone), de la Belle Époque jusqu'aux années 1960.Perhaps in some way comparable to Luis Buñuel's depiction of Laurent Terzieff and Paul Frankeur making their own kind of tragi-comic pilgrimage to Compostela in La Voie lactée, Poet Hill goes on a pilgrimage-of-sorts in The Mystery of the Charity of Charles Péguy and Hymns to our Lady of Chartres as he works his winding way, plodding through pastiche, Catholic faith, French politics, and “éloge and elegy.” These poems presume and perform multi-layered levels of contextual cultural background—in a millefeuille portraiture of France during the modernist period, from the 1890s to the 1960s.
- “Singular Crystal and the Remotest Things”: The Botany of Worcestershire and Geoffrey Hill's Canaan - Peter Behrman de Sinéty p. 176-190 À partir du recueil Canaan, cet essai examine la façon dont Geoffrey Hill utilise The Botany of Worcestershire (1909) de John Amphlett et Carleton Rea dans ses poèmes sur le paysage anglais. L'ouvrage d'Amphlett et de Rea sur la flore du comté natal de Geoffrey Hill fournit, dans le recueil Canaan, non seulement l'épigraphe du poème « Sorrel », mais également une clé d'interprétation pour les métaphores botaniques dans l'ensemble de ce volume et de ceux qui étaient à suivre. Reconstituant, pour la première fois, la trace des lectures que Hill fait d'Amphlett et de Rea, cet article montre la spécificité des métaphores botaniques de Geoffrey Hill et démontre comment cette conscience des détails infimes soutient un des liens principaux de son œuvre : le lien entre vision, en tant que « révélation », et vision, en tant que perception. Une telle juxtaposition de vision idéale et de vue particulière se retrouve tout au long du recueil Canaan, lorsque Hill projette des mythes bibliques sur l'Europe du vingtième siècle, ou des défaillances individuelles et nationales sur des scènes du paysage anglais. Les nombreuses oppositions dans ces poèmes — entre « justice » et « équité(s) », entre « astre » et « aster », entre « sorrel » et « sorrow » — se déploient dans ce cadre. Analysant ces oppositions à la lumière des écrits de Hill sur la paronomase, cet article reconstitue la façon dont Hill négocie un accord entre la résistance des mots et les exigences de la vision.This essay explores Geoffrey Hill's use of John Amphlett and Carleton Rea's The Botany of Worcestershire (1909) in his depictions of English landscape in the collection Canaan. Amphlett and Rea's Flora of Hill's native county not only affords the epigraph to the collection's closing poem “Sorrel” but also provides the key to a number of Hill's botanical metaphors throughout the rest of the volume. Tracing Hill's readings of Amplett and Rea for the first time, this article demonstrates the specificity of Hill's botanical metaphors and shows how this attention to minute particulars grounds one of the central connections in this volume: the correspondence between vision, in the sense of revelation, and vision in the sense of perception. This juxtaposition of ideal vision and particular sight runs throughout this collection, as Hill maps biblical myth onto twentieth-century Europe, or national and individual failings onto figurations of English landscape. The poems' manifold oppositions—between justice and (private) equity, stars and asters, sorrel and sorrow—lie within this frame. Analysing these oppositions in the light of Hill's writings on “paronomasia” or punning, this essay traces how Geoffrey Hill negotiates an accord between the intractability of words and the demands of vision. The article concludes with an analysis of Geoffrey Hill's poem “Pisgah,” as it tries to situate the position of today's reader before this Pisgah view of England.
- Laus et Vituperatio: The Triumph of Love (1998); Speech! Speech! (2000); The Orchards of Syon (2002) - Stephen Romer p. 191-206 Les trois recueils sur lesquels porte cet article, The Triumph of Love, Speech! Speech!, et The Orchards of Syon, sont souvent considérés comme une trilogie, même si l'analogie avec l'Enfer, le Purgatoire, et le Paradis de Dante n'est pas tout-à-fait exacte. Ces trois stades co-existent dans ces œuvres complexes qui marquent un tournant stylistique radical dans la poésie de Hill. En particulier, le « quatrième mur » est brisé, suite à la libération de la persona, ou des personæ du poète, qui se retournent vers le lecteur et vers lui-même. Mais en dépit d'étonnants modes d'adresse au lecteur, l'unité des recueils tient à la récurrence de thèmes venus de la première poésie de Hill : il convoque un aréopage de témoins-martyrs, d'incarnations historiques de la résistance comme de la tyrannie, qui confèrent à sa poésie une tonalité grave.The three collections under discussion here, The Triumph of Love, Speech! Speech!, and The Orchards of Syon are often considered to be a trilogy, though the Dantescan analogy of Hell, Purgatory and Paradise is not strictly accurate. All three conditions co-exist in these complex works that mark a radical stylistic advance in Hill's work. Notably, the “fourth wall” is broken, as the larger than life persona, or personae, of the poet is set loose, turning upon his reader as upon himself. But in spite of the startling modes of address, the collections are held together by themes recognisable from earlier Hill, and he musters a cloud of martyr-witnesses, historical exemplars of resistance to tyranny, that confers gravitas upon this poetry.
- “A final clarifying”: Form, Error, and Alchemy in Geoffrey Hill's Ludo and The Daybooks - Karl O'Hanlon p. 207-221 Dans la conférence inaugurale que donna Geoffrey Hill en 2012 lors de son accession à la chaire de poésie de l'université d'Oxford, il cita les mots de W.B. Yeats, expliquant dans ses vieux jours que tous ses efforts consistaient désormais à « élucider son obsession de toujours pour la technique poétique ». Les derniers volumes publiés par Hill, Broken Hierarchies: Poems 1952-2012, Ludo et The Daybooks, adoptent des formes poétiques de plus en plus originales, surprenantes et exigeantes, parmi lesquelles celles pratiquées par John Skelton ou par John Donne (comme la strophe de “A Nocturnal upon S. Lucy's Day”), ou encore les strophes saphiques de Sidney, les calligrammes et quatrains décasyllabiques de Herbert, ou enfin la canzone de l'un des premiers poèmes de Robert Lowell, « Rebellion ». Comme l'a expliqué Kenneth Haynes à l'université de York le 17 mai 2017 dans son intervention sur la « Mémorialisation lyrique de Geoffrey Hill », les derniers poèmes publiés par Hill furent conçus en réaction aux nouveaux types d'erreur qu'il identifiait : des choses à éviter, à rejeter, à combattre. Dans l'extravagance déconcertante des formes qu'il emploie, Hill se confronte à la question de l'erreur et de l'échec. Cet article analyse les formes poétiques déployées dans les derniers poèmes de Hill à la lumière de cette notion d'erreur et d'échec, et propose d'apprécier leurs réussites (mais aussi les ratages ou les fausses notes), en termes esthétiques, éthiques et métaphysiques. L'article propose également, dans une brève coda, une comparaison entre les dernières œuvres publiées et les poèmes posthumes.In his 2012 Oxford Professor of Poetry lecture “Fields of Force,” Geoffrey Hill quoted W.
B. Yeats to the effect that the old poet's concentration must be “a final clarifying of lifelong attention upon the matter of tecnic” [sic]. The final volumes of Geoffrey Hill's Broken Hierarchies: Poems 1952-2012, Ludo and The Daybooks, adopt an increasingly wayward, outlandish and constrictive series of poetic forms, including Skeltonics, John Donne's stanzaic form from “A Nocturnal upon S. Lucy's Day,” Sidnean sapphics, Herbert's calligrams, decasyllabic quatrains, and a canzone from an early poem by Robert Lowell, “Rebellion.” As Kenneth Haynes remarked in his lecture “Witness for the Witnesses: Geoffrey Hill and Lyric Memorialisation” at the University of York, 17 May 2017, Hill's last poems are a response to his discovery of new forms of error—new things to be held off, repudiated, driven against. In the outrageous and extravagant forms adopted, Hill explores the burden of error and failure. This paper will examine the relationship of Hill's late forms to error and failure, critically evaluating the aesthetic, ethical, and “metaphysical” achievements (and misfires, wrong notes) of the last work. I will also attempt a brief coda comparing the last work published in his lifetime with his posthumous poems. - Language, Value, and Civic Responsibility: Geoffrey Hill's Collected Critical Writings - Madeline Potter p. 222-233 Les analyses rassemblées dans le recueil d'écrits critiques de Geoffrey Hill sont, selon les cas, particulièrement incisives ou étonnamment novatrices. S'intéressant à des auteurs qui vont de Dryden à Isaac Rosenberg en passant par Emerson, ces essais portent toujours une attention méthodique aux finesses de leur langue poétique et aux subtilités qui sous-tendent leurs choix lexicaux. C'est sans doute cette attention méticuleuse au détail du texte qui permet à Hill de développer ses intuitions les plus fortes en tant que critique, comme par exemple son idée, exprimée dans l'essai « Language, Suffering and Silence », que la poésie doctrinale tire son sens ultime, non pas de la doctrine elle-même, mais de la virtuosité technique du poète. Mais ce qui se dégage surtout de ses analyses de la langue de divers auteurs comme matériau artistique, c'est plus généralement un intérêt pour la nature de la langue elle-même comme médium. Pour Hill, la langue est un médium artistique fondamentalement impur, ainsi qu'il l'écrit dans le premier essai du recueil, « Poetry as ‘Menace' and ‘Atonement' ». C'est aujourd'hui, après la mort de Geoffrey Hill, survenue quelques jours après le référendum sur le Brexit, et dans le climat général d'instabilité politique et de montée du populisme en Europe, que le sens de l'Histoire manifesté par Hill acquiert toute sa force. La conviction exprimée par Hill dans tout ce recueil d'essai critiques est que la langue a toujours été impliquée dans les atrocités de l'Histoire, depuis la persécution des martyrs catholiques à l'époque élisabéthaine jusqu'à l'avènement du nazisme en Allemagne. On peut en conclure que la gravité morale des choix linguistiques forme le soubassement de toutes ses réflexions critiques.Geoffrey Hill's readings in Collected Critical Writings are at times unforgivingly trenchant, and at times joltingly innovative, as his essays grapple with the works of writers varying from Dryden to Emerson and Isaac Rosenberg, always infused with methodical consideration for the finesse of their language, and the subtleties underlying their choice of words. Such careful consideration of detail enables Hill to achieve arguably some of his most telling insights as a critic, such as, for instance, his construal of doctrinal poetry as having its meaning ultimately elucidated by that “gift of techne” which is anything but doctrine, as expressed in “Language, Suffering, and Silence.” Yet what emerges from his individual accounts of language as an artistic means employed by particular writers, is a more general preoccupation with the nature of language itself as a medium; most importantly, language is to Hill, as he himself writes in the first essay of the volume—“Poetry as ‘Menace' and ‘Atonement',” a “most impure” artistic medium. It is now, following Hill's death in the aftermath of the Brexit vote, and given the instability of the global political climate and the rise of populism, that Hill's own heightened sense of history becomes highly relevant. It will be argued, then, that Hill's view that language is implicated in the past atrocities of history, from the persecution of the Catholic martyrs in Elizabethan times to the rise of Nazi Germany, runs through his collected volume to such a great extent, that the moral gravitas of linguistic choice can be regarded as making up the backbone of his critical reflections.
- Reading Hill's Versions of Ibsen's Brand and Peer Gynt as a Psychological Diptych - Emily Merriman p. 234-241 Si on lit en parallèle les deux magnifiques traductions que Geoffrey Hill a données des drames en vers de Henrik Ibsen, Brand et Peer Gynt, on voit qu'elles mettent en scène deux dangers opposés pour l'âme humaine. Dans Brand, le personnage principal (un ecclésiastique) est consumé par une trop grande rectitude morale qui détruit l'amour au nom d'un « amour » déformé par le sacrifice de soi. Dans le cas de Peer Gynt, le personnage principal (un poète déchu qui prétend détester la poésie) se laisse aller à des excès par égoïsme, luxure et désir immodéré. En termes psychanalytiques, ces deux dangers peuvent être compris comme une forme d'égotisme, où le moi se suridentifie soit avec la fonction régulatrice du surmoi, soit avec la libido du ça. Dans les versions de Hill, les implications proto-freudiennes des drames d'Ibsen évoquent des aspects de la psychologie propre de Hill. Elles dessinent certains des enjeux liés à la créativité linguistique et religieuse présents dans la poésie de Hill.Read together, Geoffrey Hill's superb translations of Henrik Ibsen's verse dramas Brand and Peer Gynt dramatize two opposing dangers for the human soul. In the case of Brand, the main character—a religious minister—is consumed by an overbearing righteousness that cruelly destroys love in the name of doctrinally warped, self-sacrificing “love.” In the case of Peer Gynt, the main character—a failed poet who professes to loathe poetry—succumbs repeatedly to indulgent excess because of his selfishness, lust and greed. In psychoanalytic terms, both of these dangers can be understood as egotism, in which the ego over-identifies either with the superego's controlling functions or with the id's libidinous desires. In Hill's versions, the proto-Freudian implications of Ibsen's dramas suggest features of Hill's own psychological understandings. They adumbrate some of the challenges regarding religion and linguistic creativity that Hill wrestles with in his original poetry.
- Chaos or Chess: The Poetry of Geoffrey Hill as Creative Catalyst - Emily Howard p. 242-247
- Luxe, Calme et Volupté - p. 248