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Revue Politique étrangère Mir@bel
Numéro vol. 57, no 1, 1992
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Editorial - p. 5 accès libre
  • Les auteurs - p. 7-9 accès libre
  • Résumés. Abstracts - p. 11-17 accès libre
  • L'avenir de la Russie

    • En guise d'introduction : nation, Etat et démocratie en Russie - Kathy Rousselet p. 19-23 accès libre
    • Existe-t-il un Etat russe ? - Marie Mendras p. 25-34 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En quelques mois, l'URSS s'est décomposée, remettant en question l'héritage de la Russie impériale. Avec l'indépendance des anciennes républiques soviétiques, la Russie voit son territoire se réduire comme peau de chagrin et cherche ses frontières. Le drame de la décolonisation soviétique est inscrit dans la spécificité de l'empire russe, ensemble multinational formant une masse continentale compacte. De plus, elle est elle-même menacée de décomposition par les revendications d'indépendance de certains territoires autonomes et les velléités autonomistes de grandes régions économiques. Les contours géographiques, la nature de l'Etat et le mode de gouvernement n'ont jamais été aussi flous depuis la période troublée de la guerre civile en 1917-1920. Quel Etat russe pourra se reconstruire sur les décombres de la Russie ?
      Is there a Russian State ?, by Marie Mendras In the space of a few months, the USSR disintegrated. The old Empire has collapsed and there has been substantial shrinkage in Russian power, which is now confined within narrower boundaries. The continental massiveness of the old Empire has made the decolonisation process ail the more dramatic. And the new Russia is itself threatened with disintegration. Some of Us autonomous territories are demanding independence and substantial régions want greater autonomy in economie matters. The geographie limits, the nature of the State, and the mode of government have never been so uncertain since the civil war turmoil of 1917-20. What kind of Russian state will emerge from this debris ?
    • Le nationalisme russe - Alexis Berelowitch p. 35-41 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Au début de la perestroïka, la société russe se scinde en deux camps : le premier veut limiter les réformes et met l'accent sur la conservation de l'Etat soviétique et son opposition à l'Occident ; l'autre camp, réformiste (qui se divisera par la suite en centristes et radicaux), regroupe des adeptes d'un socialisme démocratique et d'un capitalisme libéral. Au lendemain du putsch, l'effrondrement du pouvoir communiste et la disparition de l'URSS ont entraîné une redéfinition des positions et une recomposition des différentes forces en présence sur le champ politique et idéologique. La population est partagée entre des aspirations et volontés contradictoires. Elle n'a manifestement pas l'intention de verser son sang pour la conservation de l'empire ; le trouble est d'une autre nature, il s'agit d'une redéfinition de l'identité nationale. Le plus grand risque pour la Russie aujourd'hui serait une union entre les dirigeants du pays aux tentations autoritaires et le mouvement nationaliste qui fournirait l'idéologie de la renaissance nationale. Les chances de la démocratie en Russie deviendraient alors bien minces.
      Russian Nationalism, by Alexis Berelowitch At the beginning of perestroika, Russian society could be divided into two camps. The first wanted to limit the scope of reform, preserve the Soviet state, and maintain opposition to the West. The other, reformist, camp (later divided into centrists and radicals) included social democrats and advocates of liberal capitalism. After the putsch, the collapse of communist power, and the disappearance of the USSR, there was a redefinition of positions and a realignment of the different political and ideological forces. The population is divided in its aspirations and wishes. There was clearly no desire to spill blood to save the Empire. The problem is of a différent character — it is to redefine national identity. The biggest risk for Russia today would be a union between a new authoritarian leadership with a populist movement with an ideology of national rebirth. The prospects for democracy would then be very thin.
    • Une ancienne république autonome de la Russie : le Tatarstan - Maxime Meyer p. 43-48 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article est consacré aux relations entre la Russie et ses anciennes républiques autonomes qui aspirent à l'indépendance. Ce problème est analysé à travers l'exemple du Tatarstan, la plus puissante des républiques, dont la tendance indépendantiste est la plus forte. L'auteur accorde une attention particulière à l'étude de la situation politique du Tatarstan eflout spécialement à l'analyse du rapport des forces politiques.
      Tatarstan : a Paradigm for the Old Autonomous Regions of Russia, by Maxime Meyer This article deals with Russia's relations with its former autonomous régions, which now aspire to independence. Tatarstan, the most powerful, with the strongest tendencies in this direction, is used here as an example to demonstrate the problems. The author analyses the political situation and the forces at work in this republic.
    • L'émergence de la Russie sur la scène internationale - Anne de Tinguy p. 49-61 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La Russie a progressivement émergé en 1990-1991 sur la scène internationale. Elle se présente aujourd'hui comme le successeur de l'URSS — elle reprend notamment à son compte les engagements internationaux de celle-ci —, mais en totale rupture avec elle sur le plan idéologique. Le temps du conflit entre deux systèmes sociopolitiques antagonistes est terminé. Moscou choisit désormais ses partenaires en fonction d'intérêts mutuels. Au départ, la politique étrangère a été largement, pour les dirigeants russes, un instrument de la lutte contre le pouvoir central. Elle est, depuis l'effondrement de l'URSS, dominée par les problèmes internes et la nécessité de s'assurer le soutien de l'Occident.
      The Emergence of Russia on the International Scene, by Anne de Tinguy Russia has emerged as a new and separate nation on the international scene. It inherited the mantle of the USSR, taking on its former international commitments, though in total opposition to its ideology. The era of conflict between two antagonistic political Systems is over and Moscow will choose its friends on the basis of mutual interest. In the beginning the new Russian leaders used foreign policy to aid their struggle against centralized power. But since the collapse of the Soviet Union and the overwhelming internal problems which have arisen, foreign policy has been dominated by the need to gain Western support and assistance.
    • Une armée russe : quelle armée ? - Jean-Christophe Romer p. 63-73 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      A la fin de l'année 1991, il n'existait pas d'armée russe, mais la Russie restait une puissance militaire considérable. Ce paradoxe, concrétisé par les réticences du président Eltsine à mettre en place un ministère russe de la Défense, peut s'expliquer essentiellement par deux facteurs. D'une part, les dirigeants russes craignent que, par un effet d'entraînement, les autres républiques ne soient incitées à accélérer leur processus de création d'armées républicaines, et que ces républiques puissent, un jour, se retourner contre leur ancien centre. Mais, d'autre part, et c'est peut-être la raison la plus forte, Boris Eltsine semble avoir toujours eu, depuis son élection en juin 1991, l'intention de faire de la Russie l'unique héritier de l'ex-URSS au moins dans le domaine militaire.
      A Russian Army - What Army ?, by Jean-Christophe Romer At the end of 1991, a Russian Army did not exist, though Russia possessed considerable military power. This paradox is the resuit of Président Yeltsin's reluctance to createa Russian Defence Ministry for which two explanations can be given. Firstly, Russian leaders fear it might hasten a military build-up within the other former republics of the USSR, which could one day turn against the old centre. The more important reason is probably Yeltsin's evident desire, which he seems to have held since his election in June 1991, to make Russia the sole heir, at least militarily, of the USSR.
    • Le Parlement russe : de la première à la cinquième session - Alla Nazimova p. 75-87 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En un an et demi d'existence, le Parlement russe a connu deux vies. Les quatre premières sessions du Congrès des députés du peuple et la première moitié de la cinquième sont le lieu de luttes féroces entre les ailes démocratique et conservatrice. A partir d'août 1991, le Parlement commence une nouvelle vie. On observe alors un net renforcement du pouvoir exécutif. En outre, l'apparition de phénomènes de marché s'accompagne de la formation de nouveaux groupes sociaux et d'une différenciation des intérêts sociaux, ce qui modifie la mosaïque politique du corps des députés. La seconde partie de la cinquième session, en octobre et novembre 1991, montre de façon évidente la division du camp démocratique, tandis que le bloc conservateur perd un nombre important de partisans.
      The Russian Parliament - Sessions One to Five, by Alla Nazimova Since its inception eighteen months ago, the Russian Parliament has gone through two distinct phases. During the first four sessions and the first half of the fifth, fierce fighting took place between the democratie and conservative factions. However, in August 1991, it entered a new phase, which has seen considerable strengthening of executive power. Market forces have been reflected in the emergence of new social groups with differentiated interests. The legislature has become a new political mosaic. In the second half of the Fifth Session in October and November, 1991, a new split appeared in the democratie camp, and the conservative bloc suffered appreciable loss of support.
    • Succès et cataclysmes d'une démocratie : l'opinion publique russe en 1991 - Iouri Levada p. 89-99 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les prémisses des événements d'août 1991 — le coup d'Etat des 19-21, suivi immédiatement de la contre-révolution de Boris Eltsine — sont liées à la crise de la perestroïka, à l'action du bloc conservateur, et enfin à l'attitude et au comportement des forces démocratiques qui se sont appuyées sur les sentiments et l'opinion des masses et se sont servies de la « cote » de plus en plus mauvaise des structures et slogans officiels auprès du public. L'orientation dans l'ensemble « démocratique » de l'opinion publique se traduit par une prédilection pour un mode de développement de type occidental ou européen et par des préférences économiques, même si image que cette opinion se fait de l'« Occident » contient peu d'éléments rationnels. Le terme de « démocrate » qualifiant les adversaires du système communiste totalitaire ― indépendamment de leurs convictions et moyens d'action ―, on peut toutefois s'interroger sur la nature du rapport entre les forces dites démocratiques et la démocratie.
      The Strains and Stresses of Democracy : Russian Public Opinion in 1991, by Iouri Levada The key events of 1991 — the coup of 19th-21st August, followed immediately by Yeltsin's counter revolution — originated in the failure of perestroika, the conservative putsch, and rising strength of the democratie forces reinforced by public discontent and the declining credibility of the old administration and its slogans. However the « democratie » orientation of public opinion and its predilection for Western models of economie development was based to a large extent on illusions about the character of the « West ». The use of the word « democratie » to characterise the opponents of communism obscures their real convictions and tactics. The nature of these « democratie » forces and their relation to democracy is still not clear.
    • Démocratisation et mouvances ouvrières - Myriam Désert p. 101-112 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'étude se propose d'observer les interactions entre le mouvement de démocratisation impulsé par en haut et les pratiques qu'il a générées « à la base », au sein des travailleurs. On voit comment la volonté, très producti-viste, de stimuler le « sujet » de la production qu'est le travailleur a d'abord pour effet de réveiller en lui le citoyen, sujet de revendications. Après une courte phase de convergence entre les aspirations de la base et les visées de la perestroïka, on assiste à une série de fractures, tant verticales qu'horizontales. L'image idyllique d'une société en marche vers la démocratie fait place à celle d'une société divisée en mouvances contradictoires. Sont alors analysés les éléments qui bloquent la constitution en mouvement consolidé des revendications ouvrières libérées, les modalités qu'elles empruntent pour s'exprimer. Autant de facteurs qui déterminent la culture politique à naître.
      Democratisation and the Labour Movement, by Myriam Désert This study examines the interaction of democratie forces propelled from « above » and reactions from « bellow » at worker level. Moves to stimulate greater labour productivity, raise the awareness of workers of their status as citizens with a right to make their own daims and demands. After a brief spell of concordance between workers' aspirations and the aims of perestroika, horizontal and vertical rifts have begun to appear. The idyllic picture of a society marching united towards democracy has given way to one of social division and contradictory currents. The elements preventing the formation of a Consolidated labour movement are analysed as are the channels by which labour demands are expressed. AU these will influence the nature of the political culture which emerges.
    • Quel avenir pour la « nomenklatura » : la retraite, la reconversion ou... le pouvoir ? - Anne Gazier p. 113-119 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      A compter de 1987-1988 et de l'échec du putsch d'août 1991, la compression des appareils, la démocratisation des procédures de sélection des responsables, le renouvellement et le rajeunissement des équipes dirigeantes ont bousculé la nomenklatura. Toutefois, celle-ci a fait preuve d'une remarquable capacité d'adaptation : ses membres sont parvenus, dans leur grande majorité, à se maintenir aux postes de direction, notamment dans les administrations et les soviets de différents niveaux, la reconversion au sein du secteur non étatique restant marginale. Ce phénomène de continuité s'explique, pour l'essentiel, par la relative superficialité des changements institutionnels intervenus, jusqu'à présent, dans la Fédération de Russie.
      What does the Future hold for the Nomenklatura - Conversion, Retirement or Power ?, by Anne Gazier The nomenklatura has endured many reverses since 1987-1988. Since the August 1991 putsch its numbers have been eut, its sélection procedures have been democratised, and its ranks have been rejuvenated. It has nonetheless shown remarkable adaptability. A large majority have managed to hang on to power at many levels. In practice the personnel of the bureaucracy and the Soviets (local authorities) have changea only marginally. This durability is due to the relatively superficial institutional changes so far undertaken inside the new Federation.
  • Sécurité européenne et nouvel ordre mondial - Charles Georges Fricaud-Chagnaud p. 129-141 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Toute adaptation à court et moyen terme de notre appareil de défense impose d'avoir une vision prospective du monde du troisième millénaire. Depuis l'effondement des systèmes totalitaires à économie dirigée, nous nous dirigeons vers une « économie-monde », selon Fernand Braudel. Dans un tel cadre pouvant être unipolaire (Etats-Unis), bipolaire ou tripolaire (Etats-Unis, Japon, CEE), la « dissuasion par constat » continue à s'imposer entre ces grands ensembles, tandis que les risques essaiment le long de F« arc des crises » (frontières arabo-musulmanes). Les rôles que voudront jouer l'Europe dans ce monde futur (acteur majeur ou supplétif), et la France dans l'Europe, seront déterminants pour l'avenir de nos forces. En tout état de cause, devraient être privilégiées : dissuasion minimum, compatibilité des appareils conventionnels et capacités de remontée en puissance en quelques années.
    European Security within the New World Order, by Charles Georges Fricaud-Chagnaud Any short or medium-term change in our defence apparatus requires adequate consideration of the likely evolution of the world situation in the 3rd millenium. Since the collapse of the totalitarian planned economies, we are moving towards a « world economy » in the Braudelian sense. This could be unipolar (dominated by the United States), bipolar or tripolar (with the USA, Japan and possibly the EC as economic leaders). In such a world, disagreements between the major economic groups would continue to be resolved through peaceful means, but there would be myriad dangers from possible confrontations with and within the Arab-Muslin world. Europe's decision as to whether it plays a major or minor role in the new world order and that of France as to its role within Europe will determine future military requirements. In any eventuality, importance should be given to the following elements : a minimum dissuasion force, compatibility of conventional weaponry and the capacity to re-arm within few years.
  • Le pacifisme constitutionnel nippon à l'épreuve de la guerre du Golfe - Eric Seizelet p. 143-157 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les difficultés rencontrées depuis l'automne 1990 par l'adoption d'un projet de loi sur la participation du Japon aux opérations de maintien de la paix conduites sous l'égide de l'ONU ont relancé les discussions sur l'avenir du pacifisme constitutionnel et son adaptation aux conditions nouvelles d'un environnement international changeant. Bien que la guerre du Golfe ait fait l'effet d'un révélateur, il s'agit en réalité d'un problème fort ancien, auquel les nombreux débats sur la « contribution internationale » du Japon dans les années 80 ont donné une nouvelle impulsion. Les remous suscités par l'envoi éventuel des forces d'autodéfense à l'étranger qui divise la classe politique et l'opinion donnent ainsi la mesure des pesanteurs qui affectent le passage à l'acte, au delà d'un discours politique en apparence volontariste, et mettent en lumière les carences du système de décision politique dans la gestion des situations de crise.
    The Gulf War has put Japan's Constitutional Pacifism to the Test, by Eric Seizelet The difficulties which have been encountered since Autumn 1990 concerning Japanese participation in UN peacekeeping operations have provoked wide controversy over the modification of the Japanese constitution to respond to changes in the international order. Although the Gulf War brought the question very much into the open, it was in fact a problem of long standing and had figured in many debates during the eighties on Japan's « international contribution ». The possibility of sending military forces abroad is a highly charged and divisive issue for both political and public opinion. These differences of opinion have put heavy constraints on achieving passage of the new act, and demonstrate clearly the weakness of Japanese machinery for political décision making when faced with situations of crisis.
  • Points de vue

  • Commentaires

  • Lectures

  • Livre reçus par l'institut - p. 215-226 accès libre
  • Revues - p. 227-232 accès libre