Contenu du sommaire : Agriculture et politique : des champs d'insécurité
Revue | Confluences Méditerranée |
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Numéro | no 108, printemps 2019 |
Titre du numéro | Agriculture et politique : des champs d'insécurité |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- À notre ami Paul Balta, récemment décédé - Jean-Paul Chagnollaud p. 4-5
Dossier - Agriculture et politique : des champs d'insécurité
- Méditerranée – Moyen-Orient : on récolte ce que l'on sème ! - Matthieu Brun p. 11-15
- Ressources foncières et nouvelle frontière agricole dans le désert égyptien : le rôle décisif de l'armée - Delphine Acloque p. 17-30 Au cœur de grands projets de mise en valeur agricole, les terres du désert égyptien sont des ressources convoitées par une diversité d'acteurs qui se projettent sur ces espaces et cherchent à faire valoir leurs intérêts respectifs : produire et commercialiser des denrées agricoles bien sûr, mais aussi accroitre leur pouvoir ou légitimer leur position. Indissociable du processus de bonification de ces terres depuis la période nassérienne, le rôle des forces armées a été fortement réaffirmé dans les dernières années, avec l'arrivée au pouvoir du président Sissi et le projet de mise en valeur d'un million et demi de feddans. Cet article interroge la place de l'armée et ses intérêts – directs et indirects – dans la construction et l'essor d'une nouvelle frontière agricole en Égypte.At the heart of major agricultural development projects, the lands of the Egyptian desert are resources coveted by a variety of actors, who project themselves on these spaces and seek to assert their respective interests: produce and market agricultural products of course, but also increase their power or legitimize their position. Inseparable from the process of desert reclamation since Nasser's time, the role of the armed forces has been strongly reaffirmed in recent years, with the coming to power of President Sissi and the project to reclaim 1.5 million feddans. This article questions the place of the army and its interests in the construction and development of a new agricultural frontier in Egypt.
- Mobilisations foncières en Tunisie : révélateur des paradoxes de l'après « révolution » - Alia Gana, Marouen Taleb p. 31-46 Au lendemain de la révolte populaire de 2011, les campagnes tunisiennes ont connu d'importantes mobilisations autour de l'accès à la terre qui ont souvent pris des formes violentes. Elles témoignent de l'exacerbation des conflits entre acteurs du monde agricole aux intérêts divergents et de l'ouverture de nouvelles structures d'opportunités pour des groupes jusque-là marginalisés par l'action publique et syndicale. S'intéressant plus particulièrement aux mobilisations autour des terres domaniales agricoles, cet article en explore les enjeux pour les différents acteurs impliqués (paysans sans terre, ouvriers agricoles). Les stratégies et formes d'action déployées par ces derniers et les confrontations auxquelles elles donnent lieu illustrent les reconfigurations socio-politiques à l'œuvre depuis 2011 et révèlent les paradoxes des processus de changement post-révolution en Tunisie.In the aftermath of the 2011 popular revolt, the Tunisian countryside witnessed major mobilizations around access to land, which often took violent forms. They demonstrate the exacerbation of conflicts between actors of the agricultural world with divergent interests. They also reveal new opportunities for groups hitherto marginalized by public policies and trade union action. With a focus on mobilizations around agricultural land, this article explores the issues at stake for various actors (landless farmers, agricultural workers, etc.). The strategies and forms of action deployed by the latter and the confrontations they generate illustrate the socio-political reconfigurations at work since 2011 and highlight the paradoxes of the post-revolution processes in Tunisia.
- La sécurisation des terres agricoles du domaine public à l'épreuve du clientélisme politique en Algérie - Mohamed Naïli p. 47-58 Facteur stratégique de sécurité alimentaire, les terres agricoles nécessitent une protection optimale avec des mécanismes devant être définis par des dispositifs juridiques clairs et imperméables. En Algérie, cette sécurisation devient problématique dès lors que l'accès à la terre, et à toute autre ressource ou rente, est dicté par des paramètres autres que la rationalité. En effet, soucieux de sa perpétuation depuis l'indépendance, le pouvoir politique instrumentalise la rente pour faire adhérer les populations à sa logique. C'est ainsi que, à travers les différentes réformes foncières et agraires, la distribution des terres se fait toujours par le recours au clientélisme politique et à la captation de l'État.Agricultural land, which is a strategic factor for food security, require an optimal protection ensured by clear legal mechanism. In Algeria, land security becomes problematic since access to land, and to any other resource, is dictated by parameters other than rationality. The political power in Algeria is very much concerned with its perpetuation since the Independence. It uses land rent in its own interest in its relationship with the population. Throughout the various land and agrarian reforms, land distribution has always been done according to political patronage.
- Espagne : géopolitique d'une agriculture assoiffée - Darío Salinas Palacios p. 59-71 The distribution of water in Spain between different regions and users has been complicated since the entry of the European Water Framework Directive. The implementation of environmental and sustainable objectives in its management contrasts with Spanish planning historically centred on increasing water availability in territories marked by scarcity. Water security is becoming increasingly sensitive in numerous river basins, and agriculture, the main beneficiary of these policies, faces numerous challenges. The power granted to the regions, in the autonomous framework, the political rivalries and the reticence of the irrigators towards the European postulates complicate the task of reversing these imbalances.L'entrée en vigueur de la directive cadre européenne sur l'eau en 2000 a compliqué le partage de l'eau en Espagne entre les différentes régions et usagers. La mise en place d'objectifs environnementaux et durables pour sa gestion remet en cause la planification hydrologique espagnole, historiquement fondée sur une augmentation de l'offre d'eau dans des territoires menacés par la pénurie. La sécurité hydrique devient de plus en plus sensible dans plusieurs bassins versants, et l'agriculture, principal secteur visé par ces politiques, est confrontée à de nombreux défis. Le pouvoir conféré aux régions, issues du régime d'autonomie, les rivalités politiques et les hésitations des irrigants envers les postulats européens sur l'eau compliquent la tâche pour renverser ces déséquilibres.
- L'agriculture dans l'ouest des Balkans : des vicissitudes de l'histoire récente aux choix politiques douteux - Bernard Del'homme p. 73-85 The six countries of the Western Balkans (Albania, Bosnia and Herzegovina, Macedonia, Montenegro, Serbia, and Kosovo), after nearly twenty years of “de-collectivization”, combine a modest size, a fragile economy and a still strongly present agriculture. But this situation remains of concern. At the crossroads of historical and political events in this area, agriculture has faced to strong developments as well on production structures as on its role in economy. Today, the very high proportion of small-scale farms, their insertion in the environment, their multifunctionality, could be an asset for the food security of these countries. Unfortunately, the disruption of agricultural industries, coupled with agricultural policies that are following the modernization scheme proposed by the European Union, seem announcing rather disastrous consequences which could make agriculture becoming an obstacle to sustainable development.Les six pays des Balkans de l'Ouest (Albanie, Bosnie Herzégovine, Macédoine, Monténégro, Serbie, et Kosovo), après près de vingt ans de « dé-collectivisation », allient une taille modeste, une économie fragile et une agriculture encore fortement présente. Mais la situation de celle-ci demeure préoccupante. À la croisée des évènements historiques et politiques de cette zone, l'agriculture a connu de fortes évolutions tant sur le plan des structures de production que sur son rôle dans l'économie. Aujourd'hui, la très forte proportion des exploitations de petite dimension, leur insertion dans l'environnement, leur multifonctionnalité, pourraient en faire un atout pour la sécurité alimentaire de ces pays. Malheureusement, la désorganisation des filières agricoles, conjuguée à des politiques agricoles qui se tournent plutôt vers le schéma de modernisation que propose l'Union Européenne, semblent annoncer des conséquences plutôt désastreuses qui pourraient faire de l'agriculture un obstacle au développement durable.
- La crise agraire du bassin de l'Oronte : de la planification centralisée aux projets agro-industriels - Ahmed Haj Asaad, Myriam Saadé-Sbeih, Ronald Jaubert p. 87-103 Le bassin de l'Oronte, bastion rural du parti Baas dans les années 1960 et 1970, fut en 2011 et 2012 un haut lieu de la contestation. L'érosion de l'assise rurale du régime baasiste peut s'expliquer par la profonde crise agricole qui touchait plus particulièrement les périmètres irrigués aménagés au début de l'aire baasiste. La politique de libéralisation dans les années 2000 est généralement considérée comme un des facteurs déclenchant de la crise syrienne. Dans le cas des périmètres irrigués du bassin de l'Oronte la réalité parait plus complexe car la planification centralisée de la production a été largement maintenue jusqu'au début de la contestation. Les prémices de la crise qui apparaissent dans la plaine du Ghab remontent au début des années 1980 pour ensuite s'étendre à l'ensemble des périmètres. Les racines de la crise et son moteur se trouvent dans le dualisme entre planification et stratégie d'alliance clientéliste dans un premier temps puis entre planification et libéralisation, possiblement au profit d'une extension du capitalisme de connivence au secteur agricole.The Orontes Basin, a Baath Party's rural stronghold in the 1960s and 1970s, was a protest hotspot in 2011 and 2012. The erosion of the rural base of the Ba'athist regime can be explained by the deep agricultural crisis affecting more particularly the irrigated schemes developed at the beginning of the Baath area. Liberalization in the 2000s is generally considered to be one of the triggers of the Syrian crisis. In the case of the irrigated schemes of the Orontes basin, the situation seems more complex. The centralized planning of production was indeed largely maintained until the beginning of the uprising. First signs of the crisis appeared in the Al Ghab plain in the early 1980s and then spread to all irrigated schemes. The roots of the crisis and its engine lie in the dualism between planning and clientelism at first, then between planning and liberalization, possibly in favor of an extension of crony capitalism to the agricultural sector.
- L'agriculture libanaise entre crise syrienne et crise de l'État - Alexis Ghosn, Kanj Hamadé p. 105-116 La crise syrienne a eu un impact significatif sur l'agriculture et les zones rurales au Liban : pression sur les ressources, fermeture des itinéraires d'exportation, mais aussi augmentation de la production agricole et des investissements en réponse à un défi majeur de sécurité alimentaire : nourrir une population qui a augmenté d'environ 30 % après l'afflux de plus de 1,5 million réfugiés syriens, et pas seulement en augmentant les importations. La façon dont la production locale et les acteurs ont réagi à la crise met en lumière les contradictions du modèle agricole ainsi que ses limites. De plus, ces effets évoluent au cours du temps se révélant positifs au début puis négatifs à un stade ultérieur. Cet article présente ces contradictions tout en discutant les politiques agricoles historiques et actuelles. Il conclut que, si l'agriculture libanaise a montré des mécanismes de résilience positive à la crise, la question majeure reste dans l'après-crise et le risque d'effondrement auquel l'agriculture libanaise est confrontée dans la perspective d'un retour des réfugiés syriens.The Syrian crisis has had a significant impact on agriculture and rural areas in Lebanon, pressure on resources, closure of export routes, but also increase in agriculture production and investment in response to a major food security challenge: feeding – and not only through increase importation – a population that has increase by around 30 % after the influx of more than 1.5 million registered and non-registered Syrian refugees. In fact, the impact – which is primarily define by the way local production and actors have reacted to the crisis – often imbed contractions, depending on the actors' point of view (Lebanese versus Syrian, small farmers versus large farmers) but also depending on the time dynamics, as the same phenomenon might have positive impact at the beginning of the crisis and negative impact at a later stage. The present paper presents these contradictions while discussing both historical and current agricultural policies and actions. It concludes that although if the Lebanese agriculture showed positive resilience mechanisms to the crisis, the major issue remains in the post-crisis potential dynamics and the risk of collapse faced by the Lebanese agriculture in the prospect of Syrian Refugees' return.
- Palestinian Rural Realities between the Israeli Occupation and “Farming Modernisation”. The Case of the Village of Wādī Fūkīn (West Bank) - Anita De Donato p. 117-133 À travers l'étude de cas du village rural de Wādī Fūkīn, situé dans la région sud-ouest de Bethléem (Cisjordanie), cet article met en lumière les processus qui ont conduit à la diminution de la production agricole et à l'insécurité alimentaire dans les Territoires palestiniens. Il vise entre autres à montrer les implications écologiques, économiques et sociopolitiques locales des stratégies d'aménagement du territoire et des politiques administratives et économiques d'Israël, mais aussi de la supposée « modernisation de l'agriculture » encouragée par les agences de développement. Il souligne aussi les stratégies agricoles quotidiennes des villageois pour continuer à cultiver et lutter pour leur sécurité alimentaire et la reproduction matérielle et socioculturelle de leur famille et de toute la communauté.Through the case study of the rural village of Wādī Fūkīn, situated in the south-west area of Bethlehem (West Bank), this article brings to light the processes that led to the decrease of agricultural production and to food insecurity in the Palestinian territories. It shows the local ecological, economic, and socio-political implications of both Israel's strategies of territory planning and administrative and economic policies and of the so-called “farming modernisation” fostered by development agencies. Then, it highlights villagers' daily agricultural strategies to continue to farm and to struggle for their food security and for the material and socio-cultural reproduction of their family and the whole community.
- Produire et se nourrir à Istanbul : les termes instables d'une équation complexe - Jean-François Pérouse p. 135-148 Si nourrir Istanbul, métropole concentrant désormais 15 millions d'habitants, a toujours constitué un défi pour ses édiles, les termes de celui-ci ont changé au fil des décennies, dans un contexte de transformation, de diversification des habitudes alimentaires, de forte augmentation de la demande de certains produits et de bouleversement du système commercial de distribution alimentaire. Une nouvelle insécurité alimentaire s'est ainsi faite jour, à la suite du recul des terres agricoles proches, de la privatisation croissante des circuits d'approvisionnement et de la montée du souci de la qualité sur fond de recours croissant des producteurs aux intrants chimiques. Avec l'émergence de circuits d'approvisionnement alternatifs labellisés biologiques, les inégalités sociales ont dès lors pris une nouvelle visibilité.In a context of transformation and diversification of the eating habits along with structural changes in the alimentation retail system, feeding Istanbul remains a huge challenge for implied economic actorsand public authorities in charge of this nowadays 15 millions people metropolis. Thus, new forms of food insecurity stem principally from the heavy restriction of agricultural lands in the vicinity of Istanbul, the privatization policies of the main supplying chains undergone during the last years and from the emergence of a quality concern among a growing number of consumers that contribute to set up new consummation norms and practices.
- La sécurité sanitaire du consommateur de fraises marocaines : deux poids, deux mesures ? - Mylène Faure p. 149-165 Partant d'un fruit de consommation courante en Europe de l'Ouest – la fraise –, cet article interroge les impacts d'une zone de production agro-exportatrice au Maroc, en périphérie de l'Union européenne sur les territoires-hôtes et les hommes (emploi, consommation alimentaire etc.). Les jeux des acteurs organisés dans l'espace méditerranéen et au-delà sont questionnés dans l'organisation de la production et le contrôle de la qualité. Qui produit la fraise et qui la mange ? Qui l'achète et qui la vend ? Qui intervient dans la régulation des échanges et particulièrement dans la gestion du risque sanitaire, garante de la sécurité alimentaire sanitaire des consommateurs ?Based on a common consumer fruit in Western Europe – strawberry – this article examines the impact of an agro-export production area in Morocco, on the periphery of the European Union, on the host territories and men (employment, food consumption etc.). The games of the actors organized in the Mediterranean area and beyond are questioned in the organization of the production and the quality control. Who makes the strawberry grow and who eats it? Who buys it and who sells it? Who is in charge to regulate exchanges and particularly to manage health risk, that ensures consumers' food safety?
- Crise entre pétromonarchies du golfe Persique : une recomposition des solidarités alimentaires arabes ? - Jérôme Lavandier p. 167-178 Les modalités de production et de distribution d'aliments dans les provinces arabes du golfe Persique ont peu varié pendant des millénaires. L'ordre agricole et alimentaire dessiné sous l'Antiquité n'évolue réellement qu'à partir des années 1960 avec l'essor des industries pétrolières et gazières, puis de la période 2007-2008 en réaction aux crises alimentaire, financière et économique mondiales. Unis par leur dépendance aux importations alimentaires, les États membres du CCEAG se déchirent cependant politiquement depuis l'embargo mis en place autour du Qatar en juin 2017. La mise à mal de la sécurité alimentaire qatarienne au début de cette crise a révélé les faiblesses des solidarités arabes. Elle a aussi stimulé de nouvelles alliances qui traduisent des divisions durables entre pétromonarchies et accroissent l'influence des fournisseurs étrangers de matières premières agricoles dans un contexte marqué également par la volatilité des prix de ces dernières.Food production and distribution in the Arab provinces of the Persian Gulf have not changed much for thousands of years. The agricultural and food patterns drawn up in Antiquity really evolved only in the 1960s with the growth of the oil and gas industries, and then in the 2007-2008 period in response to the global food, financial and economic crises. United by their dependence on food imports, the GCC member States started however fighting politically together since the embargo set up around Qatar in June 2017. The undermining of Qatari food security at the very beginning of this crisis has revealed the weaknesses of Arab solidarities. It has also stimulated new alliances that translate into lasting divisions between petro-monarchies and increase the influence of foreign suppliers of agricultural commodities in a context also marked by the volatility of their prices.
Variations
- Ces temps qui sont hors des gonds - Serge Airoldi p. 181-193
- Hassan Hanafi, Philosophe et théoricien d'une gauche islamique - Dominique Avon p. 195-215 Inscrit dans les milieux de gauche arabe aux côtés de son compatriote Anouar Abdel-Malek, Hanafi ne fait pas figure d'exception dans sa génération qui, en raison de la guerre de juin 1967, perdit espoir dans les idéaux nasserien ou baathiste. Il avait flirté avec le mouvement des Frères musulmans lorsqu'il était à l'Université, puis rompu avec eux après leurs attaques à l'encontre de Mossadegh. Par la suite, tout en prenant en compte la capacité mobilisatrice des thèses de Sayyid Qutb, il se montra davantage intéressé par les expériences révolutionnaires du Che Guevara. Son engagement s'infléchit au lendemain de la révolution iranienne. Fasciné par le succès de l'ayatollah Khomeiny, il fonda et rédigea le premier et seul numéro d'une revue dont le titre se voulait programmatique : Al-Yassâr al-Islâmî [ « La gauche islamique »]. Il y développa les trois orientations maîtresses de sa pensée politique : la lutte des « peuples opprimés » contre l'« Occident capitaliste » ; le combat contre le sionisme, nourri d'antijudaïsme même s'il s'en est défendu ; la théorie de la révolution.
- Hommage à Anahide Ter Minassian, 1929-2019 - Christophe Chiclet p. 217-219
- Un bilan de la Justice internationale en ex-Yougoslavie - Claude Jorda, Christophe Chiclet p. 221-229 Il y a dix ans nous avions publié un premier entretien avec Claude Jorda. Force est de constater que ce sujet est toujours d'une brûlante actualité1. Le 31 décembre 2017, le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie a fermé ses portes et définitivement cessé d'exister. Claude Jorda en a été le Président de 1999 à 2003. En mai 1993, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté la résolution 827 créant ce TPIY alors que le pays est à feu et à sang depuis plus de deux ans. Membre du Conseil de sécurité, la France devait y être représentée. Directeur des services judiciaires au ministère de la Justice de 1982 à 1985, ce juriste est nommé procureur général près la cour d'appel de Bordeaux de 1985 à 1992 puis de celle de Paris de 1992 à 1993. Il est un des juges du TPIY dès janvier 1994 puis Président de la chambre de première instance d'octobre 1995 à novembre 1999, date à laquelle il préside le TPIY jusqu'en février 2003. Il rejoint alors la Cour pénale internationale. Retraité, il est président honoraire de la Cour nationale du droit d'asile. Cette expérience pourrait-elle un jour servir dans le cas syrien ?
Notes de lecture
- Notes de lecture - Christophe Chiclet p. 231-236