Contenu du sommaire : Technologies et mutations de l'activité financière
Revue | Revue d'économie financière |
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Numéro | no 135, 3eme trimestre 2019 |
Titre du numéro | Technologies et mutations de l'activité financière |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - Olivier Klein, Jean-Paul Pollin p. 9-18
Technologies et mutations de l'activité financière
- Machine learning et nouvelles sources de données pour le scoring de crédit - Christophe Hurlin, Christophe Pérignon p. 21-50 Dans cet article, nous proposons une réflexion sur l'apport des techniques d'apprentissage automatique (machine learning) et des nouvelles sources de données (new data) pour la modélisation du risque de crédit. Le scoring de crédit fut historiquement l'un des premiers champs d'application des techniques de machine learning. Aujourd'hui, ces techniques permettent d'exploiter de « nouvelles » données rendues disponibles par la digitalisation de la relation clientèle et les réseaux sociaux. La conjonction de l'émergence de nouvelles méthodologies et de nouvelles données a ainsi modifié de façon structurelle l'industrie du crédit et favorisé l'émergence de nouveaux acteurs. Premièrement, nous analysons l'apport des algorithmes de machine learning à un ensemble d'information constant. Nous montrons qu'il existe des gains de productivité liés à ces nouvelles approches, mais que les gains de prévision du risque de crédit restent en revanche modestes. Deuxièmement, nous évaluons l'apport de cette « datadiversité », que ces nouvelles données soient exploitées ou non par des techniques de machine learning. Il s'avère que certaines de ces données permettent de révéler des signaux faibles qui améliorent sensiblement la qualité de l'évaluation de la solvabilité des emprunteurs. Au niveau microéconomique, ces nouvelles approches favorisent l'inclusion financière et l'accès au crédit des emprunteurs les plus fragiles. Cependant, le machine learning appliqué à ces données peut aussi conduire à des biais et à des phénomènes de discrimination. Classification JEL : C10, C38, C55, G21, G29.In this article, we discuss the contribution of machine learning techniques and new data sources (new data) to credit-risk modelling. Credit scoring was historically one of the first fields of application of machine learning techniques. Today, these techniques permit to exploit new sources of data made available by the digitalization of customer relationships and social networks. The combination of the emergence of new methodologies and new data has structurally changed the credit industry and favored the emergence of new players. First, we analyse the incremental contribution of machine learning techniques per se. We show that they lead to significant productivity gains but that the forecasting improvement remains modest. Second, we quantify the contribution of the "datadiversity", whether or not these new data are exploited through machine learning. It appears that some of these data contain weak signals that significantly improve the quality of the assessment of borrowers' creditworthiness. At the microeconomic level, these new approaches promote financial inclusion and access to credit for the most vulnerable borrowers. However, machine learning applied to these data can also lead to severe biases and discrimination.
Classification JEL : C10, C38, C55, G21, G29. - Comment l'intelligence artificielle peut répondre aux enjeux économiques de l'industrie de la gestion d'actifs - Muriel Faure p. 51-66 Les services financiers, dont la gestion d'actifs, comme tous les secteurs économiques, seront profondément transformés par l'adoption des technologies digitales à horizon 2025 au bénéfice des clients et des acteurs. L'industrie française de la gestion d'actifs est une industrie clé de l'économie car elle prend le relais, aux côtés des banques, dans le financement des différentes étapes de la vie des entreprises. Ces acteurs, les sociétés de gestion de portefeuilles, sont environ 650, gèrent plus de 4 000 Md€ et représentent près de 100 000 emplois. Elles sont confrontées à d'importants enjeux stratégiques qui ont un impact sur la croissance de leur chiffre d'affaires et sur leurs marges. Comment y répondre ? Investir dans les technologies digitales. Les outils d'intelligence artificielle permettent d'améliorer la performance des fonds, de mieux connaître ses clients ou d'en capter de nouveaux, d'améliorer les processus opérationnels, de réduire le nombre d'intermédiaires, etc. Leur pénétration nécessitera de repenser la gestion de la donnée ainsi que la gestion du capital humain. Classification JEL : G23, O33.Financial services, including asset management, like all economic sectors, will be profoundly transformed by the adoption of digital technologies by 2025 for the benefit of customers and stakeholders. The French asset management industry is a key industry of the economy. Alongside banks, it contributes to finance the different stages of entreprises. This industry is composed by around 650 companies which manage more than 4,000 billion euros and represent nearly 100,000 jobs. They face important strategic issues that have a negative impact on their revenue growth and on their margins. How to answer it? Invest in digital technologies. Artificial intelligence tools make it possible to improve the funds performance, to better know customers or to capture new ones, to improve business processes, to reduce the number of intermediaries... However, their penetration will require structural changes on data management and on the management of human resources.
Classification JEL : G23, O33. - La finance de marché à l'ère de l'intelligence bon marché - Charles-Albert Lehalle p. 67-84 Si l'intelligence artificielle (IA) a connu récemment de nombreux succès, il ne s'agit pas d'une discipline nouvelle, mais les outils fournis par les sciences des données l'ont amenée à un nouveau stade, qui lui permet de « résoudre des tâches complexes, sans être intelligente ». L'industrie de la finance de marché va être touchée par les innovations secondaires de l'IA dans trois directions : vers les clients et la fabrication de produits sur mesure, vers l'économie réelle et le nowcasting, et vers la gestion du risque. Ces innovations bousculent déjà l'organisation des acteurs de ce secteur, qui modularisent leurs services et s'organisent en plateformes. Dans un secteur à juste titre très régulé, certaines particularités des technologies de l'IA, à savoir l'importance des données et l'utilisation de librairies logicielles tierces, peuvent apparaître comme de nouvelles sources d'incertitude. Classification JEL : G23, G24, L22, O33, O36.Despite the recent successes of artificial intelligence (AI), it is not a new field. Tools provided by data sciences have been at the heart of a series of progresses allowing machines to "solve complex problems, without being intelligent". Secondary innovations coming for AI will transform the financial industry in three directions: towards client experience and construction of bespoke products on the fly, towards real economy and nowcasting, and towards risk management. These innovations are already impacting market participants that are modularising their services and re-engineering themselves into platforms. Since this sector has good reasons to be highly regulated, some specificities of AI, i.e. the prominent role of data and the use of external software libraries, can appear as new sources of uncertainty.
Classification JEL : G23, G24, L22, O33, O36. - La banque transactionnelle de gros : l'innovation permanente - Jean-Christophe Mieszala p. 85-96 Avec 965 Md$ de chiffre d'affaires en 2018, la banque transactionnelle de gros, ou « global transaction banking », est un contributeur essentiel au mix de produits bancaires. Trois tendances font aujourd'hui bouger le paysage du marché de la banque transactionnelle, en se nourrissant les unes les autres : l'arrivée d'acteurs non traditionnels et aux modèles nouveaux, l'innovation technologique qui se poursuit à un rythme sans précédent et un glissement vers une segmentation de la clientèle en fonction des besoins. Sur les cinq à dix prochaines années, la technologie devrait rester un enjeu clé, avec des niveaux d'innovation et d'investissement dans les domaines en particulier des canaux numériques, des API, de l'intelligence artificielle et de la blockchain qui devraient avoir un impact rapide et conséquent sur les frontières et la structure de cette industrie. Classification JEL : G21, O33, O36.With 965 billion USD of revenues in 2018, Global Transaction Banking is a keystone of the banking industry. Three trends, which reinforce each other, are at play in today's market landscape: the rise of non-traditional players and business models, technological innovation that is unprecedent in terms of rhythm, and a shift towards finer and more sophisticated client needs-based segmentation. In the next five to ten years, technology will continue to be a key force and challenge, with levels of innovation and investments – particularly with respect to digital channels, APIs, artificial intelligence and blockchain – that should have a significant and relatively fast impact on the industry boundaries and structure.
Classification JEL : G21, O33, O36. - La Chine aux avant-postes de la digitalisation des paiements - Dominique Torre, Qing Xu p. 99-114 L'usage du paiement mobile s'est rapidement généralisé en Chine depuis son apparition au début des années 2010, et grâce aux applications fournies par deux fournisseurs de services numériques, Alipay et WeChat Pay, liés aux géants du numérique Alibaba et Tencent. Cet article revient sur l'émergence de ces services dans un environnement dominé par les paiements en espèces et tente d'élucider les raisons de la rapide adoption de nouvelles pratiques en Chine. À l'aide d'éléments d'analyse relevant de l'économie industrielle de la finance, il essaie de mieux comprendre pourquoi les deux intervenants clé du secteur ne sont pas entrés dans une concurrence plus frontale pour gagner le leadership du secteur. L'article présente aussi les conséquences des bouleversements intervenus dans le paiement sur l'intermédiation financière en Chine, et la position des organes de contrôle et de régulation. Il considère enfin le potentiel à l'exportation du modèle chinois. Classification JEL : E42, E44, G23.Digitalization of payment has rapidly generalized in China from its emergence in the early 2010 decade. Its uses applications available on smartphones, provided for the most by two digital services providers, Alipay and WeChat Pay. This article relates the emergence of these services in China and tries to elucidate the reasons of their rapid adoption. It uses the analytical tools of industrial economics of finance to understand why the two main companies involved in this success did not compete so much to acquire a definitive leadership. It draws the lines of the resulting consequences of their emergence on the financial intermediation in China and presents the attitude and actions of control and regulatory institutions. It considers at end the possible extensions of the model outside China.
Classification JEL : E42, E44, G23. - Monnaie digitale de banque centrale : une, deux ou aucune ? - Christian Pfister p. 115-130 L'article établit une distinction entre MDBC de gros (MDBCG), accessible aux seuls intermédiaires financiers, et MDDBC de détail (MDBCD), accessible à l'ensemble du public. Les deux émissions étant dissociables, il pourrait y avoir une, deux ou aucune MDBC. Leurs motifs, modalités et conséquences éventuels pour l'économie, le système financier, la politique monétaire et la stabilité financière sont présentés. L'émission d'une MDBC constituerait un choc d'offre qui soutiendrait la croissance à moyen et long terme et pourrait peser transitoirement sur les prix. Elle pourrait mettre un plancher aux taux des dépôts bancaires et, si elle est rémunérée, les accroître. Si la MDBCD n'est pas rémunérée, la borne effective des taux d'intérêt à la baisse pourrait être relevée à zéro et l'efficacité des achats d'actifs par la banque centrale se trouver réduite. Si elle l'est, les canaux des taux d'intérêt et du change pourraient être renforcés. La rémunération de la MDBCD serait ainsi à l'origine d'un arbitrage entre l'efficacité de la politique monétaire et le coût de l'intermédiation bancaire. Classification JEL : E40, E42, E52, E58.This paper draws a distinction between wholesale CBDC (WCBDC), accessible only to financial intermediaries, and retail CBDC (RCBDC), accessible to the general public. The issuance of one could be dissociated from the other, implying the possibility of one, two, or no CBDC(s). The paper considers the possible motives, modalities, and consequences of central bank digital currency (CBDC) issuance in both forms for the economy, the financial system, monetary policy and financial stability. The issuance of a CBDC would represent a supply shock, which would support economic growth in the medium to long run and could transitorily weigh on prices. Furthermore, the issuance of a RCBDC could put a floor to bank deposit rates and, if it is remunerated, raise them. If the RCBDC were not remunerated, the effective lower bound would be raised to zero and the effectiveness of asset purchases by the central bank could be diminished. If it were, the interest and exchange rate channels should be strengthened. The remuneration of the RCBDC would thus seem to create a trade-off between the effectiveness of monetary policy and the cost of bank intermediation.
Classification JEL : E40, E42, E52, E58. - ICO françaises : un nouveau mode de financement ? - Caroline Le Moign p. 131-144 Phénomène récent, les initial coin offerings (ICO) sont un mode de levée de fonds encore naissant, mais qui tend à se structurer, permettant l'émergence et le financement de nouvelles entreprises de secteurs technologiques et innovants. L'analyse du marché mondial met en avant le caractère encore marginal de ce mode de financement, mais également la création d'une nouvelle forme d'engagement dans un projet d'entreprise qui attire des investisseurs dont le nombre dépasse désormais le cercle fermé des spécialistes. L'analyse des projets d'ICO françaises, à l'aide d'une base de données originale, souligne l'intérêt croissant de ce mécanisme de levée de fonds par certains porteurs de projets, qui semblent plébisciter la possibilité de faire appel à une communauté d'investisseurs internationaux et l'introduire en sus d'autres canaux de financement plus traditionnels. Aux vues des risques liés à ce type d'investissement, l'article présente enfin la solution d'encadrement incitatif française, le visa optionnel des émissions de jetons délivré par l'Autorité des marchés financiers (AMF). Classification JEL : G12, G14, G24, 033.A recent phenomenon, initial coin offerings (ICOs) are a fundraising method that is still emerging but is beginning to take shape, allowing the emergence and the financing of new companies in technological and innovative sectors. The analysis of the global market highlights the still marginal nature of this method of financing, but also the creation of a new form of commitment in a business project that attracts investors whose number now exceeds the closed circle of specialists. The analysis of French ICO projects, using an original database, highlights the growing interest of this fundraising mechanism by some project initiators, who seem to welcome the opportunity to call on a community of international investors and introduce this method along with other, more traditional methods of financing. In view of the risks associated with this type of investment, the article finally presents the French incentive framework, the optional visa for token issues issued by the Autorité des marchés financiers (AMF).
Classification JEL : G12, G14, G24, 033. - Les assurances paramétriques au cœur des smart contracts : une révolution pour l'assurance - Matthieu Courtecuisse, Ronan Davit p. 145-162 Dans le domaine de l'assurance, la substitution de smart contracts aux contrats traditionnels offre des avantages évidents : transparence des prestations et des primes, rapidité des indemnisations, réduction des coûts de gestion, sécurisation des opérations. Toutefois leur mise en place nécessite de relever trois types de défis : construire l'événement couvert et vérifier l'appétence de l'assuré à cette nouvelle couverture dans un cadre automatisé, trouver et gérer la donnée sous-jacente indispensable au smart contract, et organiser une profonde mutation dans le pilotage de son activité et son organisation. Les assureurs pourront difficilement ne pas appliquer cette technologie, tout au moins à une partie de leur portefeuille de contrats. Classification JEL : G22, O33.In the field of insurance, the substitution of Smart Contracts for traditional contracts offers obvious advantages: transparency of benefits and premiums, speed of compensation, reduction of management costs, security of operations. However, insurance companies face three types of challenges for their implementation: constructing the covered event and verifying the attractiveness of the insured for this mode of coverage in an automated framework, finding and managing the underlying data essential to the Smart Contract, and organizing a profound change in the management of their activity and organization. Insurers will find it difficult not to apply this technology, at least to parts of their portfolio of contracts.
Classification JEL : G22, O33. - Les néobanques vont-elles bouleverser leur secteur d'activité ? - Laurent Clerc, Arthur Moraglia, Sylvain Peyron p. 165-180 Les néobanques rassemblent un ensemble hétéroclite de nouveaux intermédiaires financiers, offrant des services bancaires en ligne ou via des applications mobiles. Leurs caractéristiques ont évolué depuis leur apparition dans les années 2000 ainsi que la nature de leurs relations avec les banques traditionnelles. Toutefois, leurs objectifs de rentabilité n'ont jusqu'à présent guère été atteints, en partie en raison de la difficulté et du coût d'acquisition de nouveaux clients. La nouvelle génération de néobanques, 100 % digitale et principalement accessible par des applications mobiles, est-elle de nature à bouleverser le paysage bancaire ? Classification JEL : G18, G21, G28.NeoBanks bring together a diverse mix of new financial intermediaries, offering online or mobile banking applications. Their characteristics have evolved since their appearance in the 2000s as well as the nature of their relationship with traditional banks. However, their profitability targets have, so far, hardly been met partly because of the difficulty and the cost of acquiring new customers. Is the new generation of neobanks, 100% digital and mainly accessible by mobile applications, likely to disrupt the banking sector?
Classification JEL : G18, G21, G28. - L'impact des Fintech sur la structure des marchés bancaires - Laurent Weill p. 181-192 L'article étudie comment les Fintech peuvent affecter la structure des marchés bancaires. Les Fintech possèdent plusieurs avantages concurrentiels sur les banques traditionnelles. Ils disposent de coûts plus réduits de par l'utilisation des technologies de l'information et de la communication au cœur de leur modèle d'affaires. Ils peuvent offrir des services de meilleure qualité comme une réactivité plus grande face à la demande d'un crédit. Il existe cependant des limites à l'impact des Fintech. Les banques traditionnelles peuvent bénéficier d'un avantage en termes de coûts financiers du fait de leur activité de collecte de dépôt. L'avantage technologique des Fintech est également plus ou moins important selon que l'information privée sur l'emprunteur joue un rôle important sur le marché du crédit. Classification JEL : G21, L13, O33.The paper investigates how Fintech can influence the structure of banking markets. Fintech have several competitive advantages relative to traditional banks. They have lower costs thanks to the use of information technologies at the core of their business model. They can supply services with higher quality like a greater reactivity facing the demand of a credit. There are however limits to the impact of Fintech. Traditional banks can have an advantage for financial costs because of their deposit-collection activity. The technological advantage of Fintech can be more or less important based on the fact that private information on the borrower plays a major role on the credit market.
Classification JEL : G21, L13, O33. - Stratégies de la banque de détail face à la révolution technologique - Olivier Klein p. 193-206 La remise en question de la pérennité du modèle bancaire traditionnel prend une acuité nouvelle. Et ce dans un contexte conjoint de mutations technologiques majeures favorisant l'émergence de nouveaux modèles – comme celui des « néobanques » entièrement en ligne, des Fintech ou des GAFA qui arrivent dans le secteur bancaire – et de conditions macrofinancières très défavorables. Or il existe aujourd'hui une croyance forte que la seule possibilité de s'en sortir face aux nouveaux modèles serait un repli défensif, une réduction de la voilure des banques de détail sur leur territoire. En revenant aux fondamentaux de l'activité de banque de détail, cet article vise à démontrer qu'elles ont en fait des atouts structurels pouvant être mis en avant face aux nouveaux modèles émergents. Mais, pour cela, les banques doivent, dans une vision offensive de leur activité, apporter toujours plus de valeur ajoutée à leurs clients, dans un modèle renforcé de relation globale. Cela passe par des investissements significatifs dans la formation et le digital, et aussi, le cas échéant, parfois par des alliances avec les nouveaux acteurs du secteur bancaire. Classification JEL : G21, O33.Lately, the longevity of the traditional banking model has been more acutely put into question. Because of the joint context of, on the one hand, the major technological transformations which foster the emergence of new models, such as “neobanks” exclusively on line, fintechs or GAFAs which are coming into the banking sector and, on the other hand, very unfavorable financial conditions. Thus there is currently a strong belief that the only way to get out of this difficult situation would be a defensive retract. While returning to basics of retail banking activity, the aim of this article is to demonstrate that actually, banks have major assets that can be highlighted in regards to the new emerging models. Within this context, in an offensive vision of their activity, banks have to give more and more added value to their clients in a comprehensive strengthened relationship model. This implies major investments in training as well as digital, but also building alliances with new partners of the banking sector, where appropriate.
Classification JEL : G21, O33. - Fintech et intermédiation : les éclairages de l'analyse économique - Pierre Gazé, Jean-Paul Pollin p. 207-230 Cet article a pour objectif d'analyser les conséquences de l'émergence des Fintech sur les formes de l'intermédiation financière ainsi que sur le marché de la banque. L'idée selon laquelle les Fintech sont de nature à favoriser des types de financement décentralisés (à l'instar de ceux caractéristiques des marchés financiers) est discutée et relativisée. Par exemple, les plateformes de financement peuvent être analysées comme une forme de ré-intermédiation tant le rôle des banques y est important. Il est en outre montré que l'intermédiation de bilan conserve des spécificités telles que le développement des Fintech ne conduira pas à la disparition des modes d'intermédiation traditionnels. En revanche, les Fintech sont susceptibles de restructurer le marché de la banque en plaçant des firmes d'origine non bancaire – appelées Bigtech – dans une position concurrentielle privilégiée. Les Bigtech bénéficient de nouvelles économies d'envergure numériques liées à la production jointe de leurs activités de commerce électronique et de services bancaires. Enfin, les ressources des banques pour faire face à ces évolutions sont analysées. Classification JEL : G21, G22, G23, G24.The goal of this article is to analyze the consequences of the emergence of the Fintech on the forms of financial intermediation. The idea that Fintech is likely to favor decentralized forms of financing (like those characteristic of the financial markets) is discussed. Financing platforms can be analyzed as forms of re-intermediation since the role of banks in this market is very important. Balance sheet intermediaries have important features that will not be challenged by the Fintech and traditional forms of banking will not disappear. On the other hand, the Fintech are likely to restructure the banking market because of the Bigtech's entry on this market. Bigtech are indeed able to exploit new economies of scope generated by their electronic commerce activity. Finally, the banks' capacities to cope with these evolutions are studied.
Classification JEL : G21, G22, G23, G24. - Transition numérique de la gestion des risques : enjeux, outils et perspectives - Driss Lamrani p. 233-244 Les transitions numérique, environnementale et sociale bouleversent dans un processus schumpétérien les risques financiers des établissements financiers. Ces bouleversements impliquent des risques financiers exogènes, consécutifs à la dégradation de la solvabilité des contreparties, des sources systémiques, révélés par les réponses des pouvoir publics nationaux et supranationaux aux effets de la transitions, et endogènes, liés à l'arrivée de nouveaux acteurs moins gênés par l'héritage des risques et l'importance systémique de leurs décisions. Ces transformations remettent en cause les principes fondamentaux des processus actuels de gestion des risques, s'appuyant sur une stationnarité des cycles économiques. Ils militent pour la création de nouveaux outils, démarches et algorithmes, par l'introduction notamment de nouvelles approches pour collecter, structurer, analyser et prédire à partir des grandes quantités de données. Les résultats de l'application d'algorithmes d'analyse sémantiques, de la reconnaissance d'image et de l'analyse d'inférence, atteignent d'ores et déjà des niveaux suffisamment satisfaisants pour tester leur employabilité dans le secteur financier. Cependant, cette transition doit suivre une démarche progressive, compte tenu des enjeux économiques et de l'importante des acteurs et de l'impact économique de la gestion de l'héritage des risques. Cette publication identifie les principaux enjeux pour les risques financiers soulevés par les transitions. Elle explicite trois domaines d'application des technologies d'apprentissage automatique et d'apprentissage profond pour répondre aux nouveaux enjeux des risques financiers. Enfin, elle conclut sur les pistes de recherche pour adapter ces nouveaux outils technologiques aux spécificités des établissements financiers pour réussir des transitions inclusives. Classification JEL : G11, C80.Digital, environmental and social transitions upset financial institutions financial risks in a Schumpeterian process. These upheavals involve exogenous factors, stemming from institutions' counterparts, from systemic sources, responses from national and supranational public authorities to the effects of transitions, and endogenous, linked to competitors less hampered by risk inheritance and the systemic importance of their decisions.
These transformations call into question current risk management methods fundamental principles, and their reliance on stationarity of economic cycles. They advocate for the creation of new tools, approaches, and algorithms, including the introduction of new methodologies to collect, structure, analyze and predict from large amounts of data. The results of generalist's tests applied to natural language understanding algorithms, computer vision and deep reasoning, are reaching sufficiently satisfactory levels to test their employability in the financial sector. However, this transition must follow a progressive approach factoring the economic stakes of the large financial institutions and their risk inheritance.
This publication identifies the key issues for financial risks arising from transitions. It explores three application areas of machine learning and deep learning technologies, to meet the new challenges of financial risks. Finally, it concludes on the research axes to adapt these new technological tools to the specificities of financial institutions to make the transitions successful and inclusive.
Classification JEL : G11, C80. - Cyber-assurance : nouveaux modèles pour quantifier l'impact économique des risques numériques - Olivier Lopez, Florence Picard p. 245-256 La révolution numérique a pour corollaire l'apparition de nouveaux risques. Face à la montée de la menace cyber, les contrats d'assurance représentent un outil fondamental pour la résilience de nos sociétés. Si le marché de l'assurance cyber est en rapide expansion, la quantification des risques économiques associés est encore balbutiante. Elle nécessite en effet la conception de modèles prédictifs sophistiqués – afin de traduire la complexité des phénomènes et leur grande volatilité, notamment le risque d'accumulation de sinistres – tout en tenant compte de la faiblesse des informations utilisées pour les calibrer. Dans cet article, nous mettons en évidence les difficultés rencontrées pour la collecte de données pertinentes, et l'impact des comportements des agents sur l'évaluation du risque. Nous exposons également un certain nombre de pistes méthodologiques explorées pour surmonter ces difficultés. Classification JEL : G11, G22, O33.New risks arise from the digital transformation. With the increase of cyber threats, insurance contracts appear as fundamental tools to improve the resilience of society. While the cyber insurance market is expanding, quantification of the economic impact of this risk is still blurred. It requires sophisticated stochastic models - to capture the complexity of the involved phenomena and their high volatility, for example the accumulation risk - while taking the weakness of available data into account. In this article, we emphasize the difficulties to collect accurate data, and the impact of behavior of the agents on risk evaluation. We also mention potential methodological paths to overcome these issues.
Classification JEL : G11, G22, O33. - L'économie de l'intelligence artificielle - Jean-Bernard Mateu, Jean-Jacques Pluchart p. 257-272
- Machine learning et nouvelles sources de données pour le scoring de crédit - Christophe Hurlin, Christophe Pérignon p. 21-50
Chronique d'histoire financière
- L'édit de la paulette 1604 : la marchéisation des finances royales - Nicolas Pinsard, Yamina Tadjeddine p. 273-280
Articles divers
- A quoi sert l'épargne annuelle des Français ? - André Babeau p. 283-296 La structure des comptes nationaux indique clairement que le flux annuel d'épargne des ménages a trois emplois : les remboursements d'emprunts, la contribution à l'apport personnel pour les investissements immobiliers et les placements financiers. Malheureusement, cette décomposition du flux d'épargne n'est encore nulle part documentée. La raison principale de cette surprenante ignorance est que, pour le financement de ces différentes opérations, les ménages ne recourent pas seulement au crédit et à l'épargne courante, mais aussi à une épargne préalable. Cette dernière ressource correspond à l'une de ces opérations de gestion de patrimoine dont la connaissance ne peut résulter que d'enquêtes spécifiques, aujourd'hui inexistantes. Pour un pays comme la France, en s'appuyant sur plusieurs conjectures, on observe que cette affectation du flux d'épargne pourrait être variable en fonction des caractéristiques de l'année considérée (niveau du taux d'épargne, importance du recours au crédit). Toutefois, la part des placements financiers apparaît comme élevée et stable (autour de la moitié du flux total). Celle des remboursements serait importante, mais instable (entre 25 % et 40 %). Celle des contributions aux apports personnels serait elle aussi instable, mais à un niveau beaucoup plus modeste (moins de 20 %). Pour des pays comme les États-Unis ou le Royaume-Uni, la part des remboursements dans l'épargne courante pourrait être nettement plus faible, en raison de remboursements tardifs, faisant largement appel à une épargne préalable. Ce pourrait être l'une des raisons de la permanente faiblesse de leur taux d'épargne des ménages par rapport à des pays comme la France. Classification JEL : E21, G51.The structure of national accounts clearly indicates that the annual flow of household savings has three allocations: loan repayments, personal contribution for real estate investments and financial investments. Unfortunately, this decomposition of the flow of savings is not now documented. The main reason for this surprising ignorance is that, for the financing of these different operations, households do not only resort to credit and current savings, but also to prior savings. This last resource corresponds to one of these wealth management operations, the knowledge of which can only result from specific surveys, which are now non-existent.
For a country like France, based on several conjectures, we observe that this allocation of the flow of savings could be variable according to the characteristics of the year considered (level of the savings rate, importance of the recourse to credit ). However, the share of financial investments appears to be high and stable (around half of the total flow). Refunds would be large, but unstable (between 25 and 40%). The share of personal contributions would also be unstable, but at a much more modest level (less than 20%). For countries such as the United States or the United Kingdom, the share of repayments in current savings could be much lower, due to late repayments, largely relying on pre-savings. This could be one of the reasons for the permanent weakness of their household savings rate compared with countries like France.
Classification JEL : E21, G51. - La banque de l'ombre est-elle un complément ou un substitut aux institutions financières traditionnelles ? Une étude empirique sur données internationales - Philippe Madiès, Zeinab Said, Ollivier Taramasco p. 297-324 En utilisant un échantillon de vingt-six pays sur la période 1990-2013, nous examinons empiriquement le lien entre la taille du système bancaire de l'ombre et celle des institutions financières traditionnelles, à savoir les banques et les investisseurs institutionnels. Nous effectuons tout d'abord une étude sur l'ensemble de l'échantillon ainsi que sur les pays de la zone euro et nous procédons ensuite à un examen pays par pays. Il s'agit de savoir si la finance de l'ombre et la finance conventionnelle doivent être considérées comme des compléments ou des substituts. Nos résultats tendent à montrer que le système bancaire de l'ombre complète plutôt qu'il ne remplace les activités des institutions financières traditionnelles, notamment des banques. Le parrainage par les banques des activités bancaires parallèles a clairement renforcé ce lien. Classification JEL : G20, G21, G23, G24, G28.Using a sample of 26 countries over the period 1990 to 2013, we empirically examine the correlation between the size of the shadow banking system and the size of traditional financial institutions, namely banks and institutional investors. First of all, we conduct a survey of the entire sample as well as the countries of the euro area and then a review country-by-country. The question is whether shadow finance and conventional finance should be seen as complements or substitutes. Our results tend to show that the shadow banking system complements rather than replaces the activities of traditional financial institutions, including banks. Bank sponsorship of shadow banking activities has clearly reinforced this link.
Classification JEL : G20, G21, G23, G24, G28.
- A quoi sert l'épargne annuelle des Français ? - André Babeau p. 283-296