Contenu du sommaire : Le genre dans les mondes caribéens
Revue | Clio : Histoires, femmes et société |
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Numéro | no 50, 2019/2 |
Titre du numéro | Le genre dans les mondes caribéens |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Les mondes caribéens, un espace à part ? - Clara Palmiste, Michelle Zancarini-Fournel p. 9-18
- Les contours mouvants de la prostitution coloniale (Fort-de-France, 1940-1947) - Caroline Séquin p. 19-36 La Seconde Guerre mondiale marque un tournant majeur dans le contrôle de la prostitution à la Martinique. La présence imposée de milliers de marins de métropole, immobilisés suite au blocus qui paralyse l'île, entraîne l'établissement de nouvelles mesures néo-réglementaristes à Fort-de-France. Ces mesures visent à fournir un moyen de gérer les relations interraciales dans la ville portuaire, dans un contexte colonial singulier où la citoyenneté française avait été octroyée à tous les habitants de l'île suite à l'abolition de l'esclavage. Adaptées aux pratiques locales, ces mesures sont lourdes de conséquences pour de nombreuses femmes, et ce indépendamment de leur activité sexuelle révélant ainsi le caractère poreux de la catégorie « prostituée » en temps de guerre. Les femmes ciblées par ces initiatives parviennent toutefois à contourner ces contraintes, dévoilant ainsi les limites du système établi.The Second World War marked a turning point in the management of prostitution in Martinique. The presence of thousands of sailors from the French metropole, stuck in Fort-de-France following a blockade that isolated the island for three years, ushered the adoption of new prostitution policies in the port city. These measures aspired to control intimate relations across racial boundaries, in a colonial setting where French citizenship had been extended to all individuals after the abolition of slavery. Their adaptation to local sexual practices, however, burdened a great number of mainly nonwhite, working-class women, regardless of their involvement in the sex industry—thus revealing the elasticity of the category “prostitute” during the war. Many of these women nonetheless managed to evade attempts to control their body; their actions pointed to the limits of the established system.
- La sécularisation du personnel enseignant en Guadeloupe (1880-1914). Enjeux sexués et raciaux en contexte colonial - Clara Palmiste p. 37-61 Cet article permet de saisir le contexte d'application des lois Ferry en Guadeloupe, et ses conséquences dans la formation d'un corps enseignant laïc, des années 1880 à 1914. Il analyse les tensions entre les partisans républicains, en particulier les socialistes, et les autorités coloniales, réactionnaires ou cléricales autour de la sécularisation du personnel des écoles primaires et ce qu'elles révèlent des antagonismes liés à la race, la classe et au genre dans la société coloniale. Cette étude s'appuie sur les résultats du traitement informatique des dossiers de carrière des instituteurs et institutrices des écoles primaires publiques, et d'autres sources de type qualitatif (presse, rapport émanant de l'instruction publique, Annuaires de la Guadeloupe, Bulletin de l'enseignement primaire de la Guadeloupe et des dépendances (1899 à 1909), procès-verbal des réunions des professeurs du cours secondaire de jeunes filles de Pointe-à-Pitre, etc.), pour une compréhension plus fine des enjeux autour de la laïcisation des écoles primaires publiques, fréquentées par la population la plus défavorisée.This article explores the context in which the French educational laws introduced by Jules Ferry were applied in Guadeloupe, and their impact on the training of secular teaching staff (1880-1914). It analyses the tensions between partisans of the republic, the socialists in particular, and the colonial and clerical authorities, concerning the secularization of staff in the public primary schools – and what these tensions reveal about gender and race antagonism in this colonial society. The study is based on a computerized analysis of the personal files of primary school teachers of both sexes, as well as on qualitative sources (local press, official reports, staff directories, the Bulletin de l'enseignement primaire de la Guadeloupe et des dépendances (1899-1909), minutes of staff meetings at the girls' secondary school in Pointe-à-Pitre, etc.). It aims to produce a more detailed understanding of what was at stake during the secularization of the primary schools (frequented by the least privileged children in the colony) as well as of the integration of local female teachers into colonial staff.
- Les mobilisations féminines dans les Antilles néerlandaises (Curaçao et Aruba, 1946-1993) - Margo Groenewoud p. 63-85 Cet article examine les spécificités de la politique antillaise néerlandaise ainsi que le niveau d'éducation des femmes et leur insertion dans la société civile, en lien avec l'émergence de mouvements de femmes à Aruba et Curaçao. Plusieurs de ces mouvements (1940-début des années 1990) sont ici analysés dans le but de comprendre ce qui rend les stratégies militantes féminines efficaces. Cet article avance l'hypothèse que leur réussite dépend des multiples ajustements qui sont faits à un environnement particulier. Bien que la réussite de tels mouvements puisse être attribuée à des forces intellectuelles actives et à une compréhension approfondie des changements politiques, en fin de compte, c'est moins la connaissance, l'idéologie et la stratégie qui comptent que la capacité à agir au bon moment, à s'organiser et à coopérer, dans le but de surfer sur la vague du progrès.This article examines the specific circumstances of late-colonial politics in the Dutch Caribbean (historically known as the Dutch West Indies), as well as the level of women's education and their integration into civil society, with particular reference to the emergent women's movements in Curaçao and Aruba. Examples of these movements (from the 1940s to the early 1990s) are analysed in order to understand what underlay the strategies that rendered women's activism effective. This article proposes the hypothesis that successful strategies depended on many forms of adjustment to women's particular environment. Although the success of such movements can certainly be attributed to active intellectual intervention and a shrewd understanding of shifts in the political context, in the end what counted most was not so much ideology, knowledge or strategy, as the ability to find the right moment for action, to find ways of organizing and cooperating, in order to ride the tidal waves of progress.
- Contraception et avortement dans les Antilles françaises (Guadeloupe et Martinique, 1964-1975) - Michelle Zancarini-Fournel p. 87-108 L'article se propose de voir comment ont été promus par les gouvernements de la Ve République la contraception et l'avortement en Guadeloupe et Martinique entre 1964 et 1975. La volonté de différencier la métropole (politique nataliste) des Antilles (politique néo-malthusienne) a été battue en brèche par le refus de l'Église et de certains partis politiques antillais. Les féministes ont dénoncé ces différences de politique. La contraception a été par ailleurs encouragée par des associations et des médecins soucieux d'améliorer la vie des femmes en limitant les grossesses à répétition. En fin de compte, ce sont les femmes elles-mêmes qui ont décidé (ou non) de limiter les naissances.The article examines the ways in which contraception and abortion were promoted by the governments of the Fifth Republic in Guadeloupe and Martinique between 1964 and 1975. The desire to differentiate between metropolitan France (which favoured pronatalist policies) and the West Indies (neo-Malthusian policies) was undermined by the refusal of the Church and some West Indian political parties. Feminists denounced these policy differences. But contraception was also promoted by associations and doctors concerned with improving women's lives by limiting repeated pregnancies. Ultimately, it was women themselves who decided whether (or not) to limit births.
Regards complémentaires
- Femmes de couleur libres et donations à la Martinique (1806-1830) - Jessica Pierre-Louis p. 109-123 La femme de couleur libre fut un acteur économique et social dynamique des sociétés coloniales de la Caraïbe. Son étude permet d'illustrer sa place et sa capacité d'agir dans la société. Les donations, enregistrées dans le fonds des Hypothèques de la Martinique entre 1806 et 1830, offrent l'opportunité d'une approche singulière pour dresser le profil de ces femmes de couleur libres et entrevoir la richesse et les spécificités de leurs interactions sociales à une période où leur groupe connait une croissance numérique et économique importante. L'article montre que leur statut particulier les incitait à s'organiser pour garantir la transmission des biens au sein de la famille, malgré l'absence d'union légitime ou encore à prendre en considération la présence de membres de membres esclaves de la famille. Enfin, il éclaire aussi la manière dont ces femmes mettent en œuvre des solidarités féminines particulières.The free woman of colour was a dynamic economic and social presence in the colonial societies of the Caribbean. Studying such women illustrates their place in society, and the possibility of their agency. The analysis of donations registered between 1806 and 1830 in the Land Transactions collection in Martinique makes it possible to provide an unexpected profile of these free women of colour, and to observe the richness and specificity of their social interaction, at a time when their group was experiencing significant demographic and economic growth. This article demonstrates that their particular status encouraged these women to organize, in order to ensure the transmission of property within the family, despite the absence of legitimate matrimony, and indicates the way they took into consideration enslaved members of the family. Finally it also highlights how these women developed particular female forms of solidarity
- Femme affranchie et femme légitime. Un héritage inéquitable à la Barbade (XVIIIe siècle) - Tara Inniss p. 125-137 Cet article analyse les premiers exemples de testaments, actes de cession et autres documents notariés par lesquels des femmes réduites en esclavage puis libérées ont reçu des biens fonciers et des biens matériels à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle à la Barbade. Comme cette première période a été marquée par le développement de la société esclavagiste barbadienne et la croissance de la communauté des libres de couleur, ces documents donnent un aperçu des relations établies avec les propriétaires d'esclaves et l'administration coloniale. L'une de ces séries documentaires concerne « Free Jenny » ou Jane Hallett qui résidait vers 1690-1740 dans la région connue sous le nom de « The Cameroons » ainsi que Sarah Hallett qui résidait à proximité de Halletts à Saint Michael. On y voit de quelle façon la terre se transmettait des élites blanches masculines à leurs familles blanches et non-blanches. On y voit aussi combien ces legs de terre étaient ténus. Mais ce type de document transmet également la voix des femmes libres ainsi que celle de certaines esclaves à travers les temps.This article analyses the earliest examples of wills, deeds and related notarial documents by which women who had originally been enslaved and then freed were deeded land and material possessions, in late seventeenth- and earl eighteenth-century Barbados. Since this period was marked by the development of Barbadian slave society and by the growth of the community of free men and women of colour, these documents provide insights into relationships established with enslavers and the colonial administration. One such series of documents relates to “Free Jenny” or Jane Hallett c.1690s-1740s who resided in the area known as “The Cameroons” (now likely near Brighton, St Michael) as well as to Sarah Hallett who resided at nearby Halletts in St Michael. It reveals how land passed between the white male landed elite and their white and non-white families. An examination of their experiences through available documentary records demonstrates how tenuous such land bequests were. But these documents also transmit the voices of both free and enslaved women through time.
- Femmes de couleur libres et donations à la Martinique (1806-1830) - Jessica Pierre-Louis p. 109-123
Documents
- Catalina de los Santos et son navire, femme libre de couleur dans la Caraïbe hispanophone (Santo Domingo, 1593) - David Wheat p. 139-153 L'article explore l'acte notarié établi par Catalina de los Santos à Garachico (Tenerife) en 1593. Elle s'identifie comme mulâtresse, veuve, vecina de Santo Domingo sur l'île d'Española, et propriétaire du navire sur lequel elle voyage. Elle s'était rendue à Séville où elle avait fait affaire avec divers marchands et avait acheté une cédule royale (dont le nom du bénéficiaire a été laissé en blanc), lui permettant de voyager. Durant son voyage de retour, elle séjourne à Garachico dans la maison d'un marchand qui héberge également ses « serviteurs et esclaves ». Elle signe de son nom à la fin. Le statut social et les activités commerciales de Catalina de los Santos la distinguent de la grande majorité des Africains et des personnes d'ascendance africaine qui résidaient dans la région à la fin du XVI e siècle, nous obligeant à envisager un champ d'actions plus large pour les femmes d'ascendance africaine dans les ports maritimes des Caraïbes espagnoles.
The essay explores a notarial record authorized by a woman named Catalina de los Santos in Garachico (Tenerife) in 1593. She identifies herself as a mulata, a widow, a vecina (long-term resident, head of household, property-owner) of Santo Domingo on the island of Española, and the owner [señora] of the ship on which she was traveling. She had been in Seville, where she dealt with various merchants and purchased a blank travel license. During her return voyage, she stopped off in Garachico and stayed in the house of a merchant who also provided accommodation for her “servants and slaves.” She signs her name at the end. Although they distinguish her from the vast majority of Africans and people of African descent in the region during the late sixteenth century, Catalina de los Santos's social status and commercial activities oblige us to envision a broad range of possibilities for women of African descent in Spanish Caribbean seaports. - Marie Kingué et la subversion de l'ordre colonial (Saint-Domingue, 1785) - Marie Houllemare p. 155-164 La riche colonie française de Saint-Domingue est marquée au XVIIIe siècle par la peur de l'empoisonnement. Marie Kingué, esclave guérisseuse, exerce son activité auprès des blancs comme des esclaves, à la fois de soin, de sorcellerie et de divination. Son autorité morale sur la société locale, exceptionnelle, subvertit les barrières raciales et la hiérarchie de genre, puisqu'elle est, entre autres, sollicitée pour repérer les empoisonneurs, mis au supplice par leurs maîtres sur sa dénonciation. Un rapport anonyme témoigne en 1785 de l'angoisse que ses agissements suscitent auprès des autorités judiciaires de la colonie. Ce document, destiné à justifier les poursuites pénales engagées contre elle, témoigne ce faisant des difficultés à l'arrêter, liées aux importants soutiens dont elle dispose.During the eighteenth century, Saint-Domingue (later Haiti), the wealthy French Caribbean colony, was obsessed with fear of poisoning. Marie Kingué was an enslaved healer who practised her activity among both slaves and white settlers, associating her cures with witchcraft and divination. Her exceptional moral authority within local society subverted racial barriers as well as the gender hierarchy. For example, she was called upon to identify poisoners, whereupon their masters subjected them to torture, on the basis of her accusations. An anonymous report compiled in 1785 testifies to the anxiety her actions generated among the colony's judicial authorities. This document, which was prepared in order to justify taking legal action against Marie Kingué, also reveals the difficulty of arresting her, on account of the support she received from the white elite.
- « Si jamais je prenais du retard ». Lettres de Mathilda Percival émigrée à son mari John - Jessica Vance Roitman p. 165-178 Mathilda Percival, libre de couleur, quitta Saint-Eustache, une petite île sous domination hollandaise, entre fin 1859 et début 1860. Elle s'embarqua pour une nouvelle vie sur l'île de Saint-Thomas, située aux Antilles danoises. Cet article s'appuie sur sept lettres de Mathilda à son mari. Elles font la lumière sur la vie et les difficultés des ouvrières émigrées au XIXe siècle aux Caraïbes. Elles montrent que son expérience recoupe celle des employées de maison émigrées à cette époque, auxquelles l'émigration offrait l'occasion d'éprouver un sentiment d'autonomie et d'émancipation. Si les motifs économiques étaient certainement l'une des motivations principales du départ de Mathilda pour Saint-Thomas, les raisons de son exil définitif sont probablement beaucoup plus complexes. Il semblerait que son travail lui ait donné satisfaction. En outre, alors que l'historiographie sur la migration des femmes caribéennes porte principalement sur le XXe siècle (après la construction du Canal de Panama et s'accélérant après 1960), on sait peu sur l'émigration des femmes au milieu du XIXe siècle, après l'abolition de l'esclavage. On en sait encore moins sur les Caraïbes non britanniques, constamment négligées par la recherche – une lacune à laquelle tente de remédier cet article à travers l'étude de ces lettres.Mathilda Percival, a free woman of color, sailed away from the tiny Dutch-controlled island of St Eustatius some time between late 1859 and early 1860. She was headed for a new life on the Danish island of St Thomas. This article is based on seven surviving letters to her husband. Mathilda's letters shed light on the lives and challenges of female migrant laborers in the mid-nineteenth century Caribbean. They show that her experiences have much in common with those of contemporary female domestic migrant workers, for whom migration offers an opportunity to experience a sense of autonomy and empowerment. The texts show that although Mathilda almost certainly went to St Thomas primarily for economic reasons, her motives for remaining were probably far more complex. Her work seems to have given her satisfaction, and as anthropologist James Clifford has recognized, women “may refuse the option of return when it presents itself, especially when the terms are dictated by men” as was the case for Mathilda. Moreover, while the dominant historiography of Caribbean female migration focuses on the twentieth century (beginning after the completion of the Panama Canal and accelerating post-1960) we know very little about the post-emancipation migration of women in the mid-nineteenth century. We know even less about the chronically understudied non-British Caribbean in this respect – a lacuna the letters explicated in this article will address.
- Une institutrice antillaise aux prises avec la société métropolitaine (1950-1960) - Fabien Deshayes, Axel Pohn-Weidinger p. 179-188 Les deux documents présentés sont issus respectivement du dossier de carrière d'une institutrice guadeloupéenne (1957-1962) et de la correspondance privée de celle-ci avec son mari (1961-1962). Tous deux éclairent le racisme auquel ont pu faire face les femmes qui ont migré des DOM-TOM vers la métropole dans les années 1950-1960 au sein de deux espaces sociaux différents : le travail en contact avec un public et les relations familiales au sein des couples mixtes. Notre commentaire met en lumière la complexité des processus de racialisation à l'œuvre dans ce cas et plaide pour un renouveau des recherches sur l'immigration des personnes originaires d'Outre-mer en métropole qui s'intéresseraient spécifiquement à leur intégration au monde de travail.The two documents we present here stem from the personnel records of a primary school teacher from Guadeloupe (1957-1962) and from her correspondence with her husband (1961-1962). These documents highlight the racism black women from the French overseas territories (DOM-TOM) might face when they migrated to metropolitan France in the 1950s and 1960s, especially in two contexts: at the workplace when in contact with the general public, and within mixed couples. Our commentary underlines the complexity of the processes of racialization and calls for more research on the trajectories of the men and women who migrated from the overseas territories to mainland France, in particular with reference to their integration in the workplace.
- Catalina de los Santos et son navire, femme libre de couleur dans la Caraïbe hispanophone (Santo Domingo, 1593) - David Wheat p. 139-153
Actualités de la recherche
- Femmes et genre dans les historiographies sur les sociétés avec esclavage (Caraïbes anglaise et française, XVIIe-mi-XIXe siècle) - Cécile Vidal p. 189-210 Malgré la paucité des sources, les historiographies sur les femmes et le genre dans les sociétés avec esclavage des Caraïbes anglaise et française ne cessent de prendre de l'importance depuis les années 1970, même si les recherches sur les Antilles françaises sont beaucoup moins prolifiques que celles sur les British West Indies. Après avoir présenté le champ des études caribéanistes, l'article analyse les travaux relatifs aux femmes esclaves, qui ont longtemps prédominé, puis ceux concernant les femmes libres de couleur et blanches, ainsi que les masculinités.Despite the paucity of primary sources, the historiography on women and gender in societies with slaves of the English and French Caribbean has been expanding since the 1970s, although research on the French Antilles is less plentiful than its counterpart relating to the British West Indies. After a general presentation of Caribbean studies, the article analyses studies dealing with enslaved women, which have dominated the field for some time, then examines those on free women of colour and white women as well as on masculinities.
- Femmes et genre dans l'historiographie des Caraïbes anglophones - Bridget Brereton p. 211-240 En 1974, Lucille Mathurin Mair soutient sa thèse de doctorat à l'université des Indes occidentales (UWI) de Jamaïque. Son travail sera publié une première fois en 2006 sous le titre A Historical Study of Women in Jamaica, 1655-1844 ; il s'agit du premier long ouvrage d'histoire sur la vie des femmes caribéennes. En 1993, Verene Shepherd organise un colloque, toujours à l'université des Indes occidentales de Jamaïque, qui donnera lieu à une collection d'essais, publiés en 1995 sous le titre Engendering History : Caribbean Women in Historical Perspective. Ces deux événements marquent dès le début des années 1970 l'éclosion d'un ensemble significatif d'ouvrages sur les femmes et le genre dans l'histoire des Caraïbes anglophones ; les travaux de recherche dans ce domaine et leur publication ont connu un essor considérable depuis le milieu des années 1990. Ils se sont appuyés sur des archives administratives et privées mais ont aussi innové en pratiquant l'histoire orale et en enquêtant sur la tradition orale de la Caraïbe.
In 1974, Lucille Mathurin Mair completed her doctoral thesis at the Jamaica campus of the University of the West Indies (UWI). In 2006, it was published for the first time under the title A Historical Study of Women in Jamaica, 1655-1844; it was the first full-length work on Caribbean women's historical experience. In 1993, Verene Shepherd organized a symposium, also at the Jamaica campus of UWI, out of which emerged the collection of essays, Engendering History: Caribbean Women in Historical Perspective, published in 1995. These two events symbolized the development, from the early 1970s onwards, of a significant body of work on women and gender in the history of the English-speaking Caribbean; research and publication in the field have grown considerably between the mid-1990s and the present. These studies have been largely based on both administrative and private archives, but at the same time historians have innovated in engaging in oral history, drawing on the oral tradition of the Caribbean.
- Femmes et genre dans les historiographies sur les sociétés avec esclavage (Caraïbes anglaise et française, XVIIe-mi-XIXe siècle) - Cécile Vidal p. 189-210
Témoignages
Varia
- Quitter les siens. Mariage, migration et genre au haut Moyen Âge - Emmanuelle Santinelli-Foltz p. 249-273 Les stratégies matrimoniales élitaires entraînent des migrations d'individus des deux sexes, non seulement du conjoint qui rejoint l'autre, mais aussi de toutes sortes de personnes de milieux sociaux différents qui l'accompagnent. Ces migrations ne touchent cependant pas de la même manière hommes et femmes, même si certains aspects présentent des points communs. Il s'agit donc de les analyser, en plaçant le genre au cœur de la réflexion. Elles seront envisagées, dans le royaume des Francs du haut Moyen Âge, d'abord en amont, pour comprendre comment elles sont décidées et réalisées, puis en aval, pour en saisir les conséquences en matière d'identité et d'intégration.Elite matrimonial strategies of the past led to the migration of individuals of both sexes, not only the spouse who was being sent away to marry a selected bride or groom, but also that of various conditions of people from different social milieus who accompanied the traveller. These migrations did not have the same impact on men and women, even if they display some aspects in common. Hence the need to analyse them carefully by placing gender at the centre of the approach. This article considers examples from the Frankish kingdom of the Early Middle Ages, considering both the way such strategies were devised and realized and how they worked out in practice, for the identity and integration of the individuals concerned.
- Quitter les siens. Mariage, migration et genre au haut Moyen Âge - Emmanuelle Santinelli-Foltz p. 249-273
Clio a lu « Le genre dans les mondes caribéens »
- Dalea Bean, Jamaican Women and the World Wars. On the front lines of change : Basingstoke, UK, Palgrave Macmillan, 2018, 245 p. - Fabrice Virgili p. 274-276
- Nicole C. Bourbonnais, Birth Control in the Decolonizing Caribbean: reproductive politics and practice on four islands, 1930-1970 : New York, Cambridge University Press, 2016, 253 p. - Fabrice Cahen p. 276-279
- Fabien Deshayes & Axel Pohn-Weidinger, L'Amour en guerre. Sur les traces d'une correspondance pendant la Guerre d'Algérie : Paris, Bayard, 2017, 329 p. - Michelle Zancarini-Fournel p. 279-282
- Marisa J. Fuentes, Dispossessed Lives: enslaved women, violence, and the archive : Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2016, 217 p. - Naomi Davidson p. 283-285
- Philippe Grollemund, Fiertés de femme noire. Entretiens/ mémoires de Paulette Nardal : Préface de Christiane Éda Pierre, Paris, L'Harmattan, 2019, 201 p. - Michelle Zancarini-Fournel p. 286-288
- Anne Lafont, Une Africaine au Louvre en 1800. La place du modèle : Paris, Éditions de l'Institut national d'histoire de l'art, coll. « Dits », 2019, 56 p. - Michelle Zancarini-Fournel p. 288-289
- Sasha Turner, Contested Bodies. Pregnancy, childrearing, and slavery in Jamaica : Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2017, 316 p. - Nadine Lefaucheur p. 289-292
- Françoise Vergès, Le Ventre des femmes : capitalisme, racialisation, féminisme : Paris, Albin Michel, coll. « Bibliothèques des idées », 2017, 229 p. - Michelle Zancarini-Fournel p. 292-295
- Alexis Darline, Denyse Côté & Sabine Lamour (dir.), Déjouer le silence. Contre-discours sur les femmes haïtiennes : Montréal, Les Éditions du remue-ménage, 2018, 310 p. - Stéphanie Mulot p. 295-298
- Félix Germain & Silyane Larcher (dir.), Black French Women and the Struggle for Equality, 1848-2016 : Lincoln, University of Nebraska Press, 2018, 294 p. - Leora Auslander p. 298-302
Compléments en ligne : Clio a lu
- Lin Foxhall, Studying Gender in Classical Antiquity : Cambridge, Cambridge University Press, coll. « Key themes in Ancient History », 2013, 202 p. - Violaine Sebillotte Cuchet p. 300
- Karen Offen, The Woman Question in France 1400-1870 et Karen Offen, Debating the Woman Question in the French Third Republic, 1870-1920 : Cambridge, Cambridge University Press, 2017, 286 p. et Cambridge, Cambridge University Press, coll. « New Studies in European History », 2018, 694 p. - Anne Cova p. 301
- Nadia Maria Filippini, Generare, partorire, nascere. Una storia dall'antichità alla provetta : Roma, Viella, 2017, 352 p. - Giovanna Fiume p. 302
- Julia Torlet, Le Monde de la prostitution à Paris au xviiie siècle. Métier de corps, corps de métier ? : Paris, L'Harmattan, coll. « Chemin de la mémoire », 2019, 268 p. - Myriam Deniel-Ternant p. 303
- Camille Dejardin, Madame Blakey. Une femme entrepreneure au xviiie siècle : Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Mnémosyne », 2019, 267 p. Préface d'Anne Conchon. - Anne Montenach p. 304
- Mathilde Rossigneux-Méheust, Vies d'hospice. Vieillir et mourir en institutions au xixe siècle : Paris, Champ Vallon, 2018, 384 p. - Christophe Capuano p. 305
- Correspondance Frédéric Ozanam et Amélie Soulacroix. Poèmes, prières et notes intimes, textes réunis par Léonard de Corbiac, avec la contribution de Magdeleine Houssay : Paris, Desclée de Brouwer, 2018, 864 p. - Caroline Muller p. 306
- Jeanne de Flandreysy, Correspondance de la Grande Guerre à Folco de Baroncelli, tome 1, (1914-1915). Sauver le grand homme, réhabiliter l'image de la petite patrie : édité par Colette H. Winn & Colette Trout, Paris, Classiques Garnier, coll. « Correspondances et mémoires », 2018, 870 p. - Rémy Cazals p. 307
- Agnès Graceffa, Une femme face à l'Histoire. Itinéraire de Raïssa Bloch, Saint-Pétersbourg-Auschwitz, 1898-1943 : Paris, Belin, coll. « Histoire », 2017, 408 p., cahier photographique de 16 p. - Françoise Thebaud p. 308
- Lorraine Odier, Métamorphoses de la question parentale. Analyse des discours de l'École des parents de Genève (1950-2010) : Lausanne, éditions Antipode, 2018, 363 p. - Catherine Dorison p. 309
- Fabrice Cahen, Gouverner les mœurs : la lutte contre l'avortement en France, 1890-1950 : Paris, INED éditions, 2016, coll. « Études & enquêtes historiques », 416 p., préface de Paul-André Rosental - Margaret Andersen p. 310
- Pilar Pavón (a cura di), Marginación y mujer en el imperio romano : Roma, Edizioni Quasar, 2018, 415 p. - Violaine Sebillotte Cuchet p. 312
- Sylvie Steinberg (dir.) avec les contributions de Christine Bard, Sandra Boehringer, Gabrielle Houbre, Didier Lett & Sylvie Steinberg, Une histoire des sexualités : Paris, Presses universitaires de France, 2018, 517 p. - Robert Nye p. 313
- Raffaella Sarti, Anna Bellavitis & Manuela Martini (eds), What is work? Gender at the crossroads of home, family, and business from the early modern era to the present : New York/Oxford, Berghahn, 2018, 398 p. - Janine Lanza p. 314
- Françoise F. Laot & Claudie Solar (dir.), Pionnières de l'éducation des adultes, perspectives internationales : Paris, L'Harmattan, 2018, 207 p. Préface de Rebecca Rogers - Mélanie Fabre p. 315
- Laurent Douzou & Mercedes Yusta (dir.), La Résistance à l'épreuve du genre. Hommes et femmes dans la Résistance antifasciste en Europe du Sud (1936-1949) : Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2018, 248 p. - Danièle Voldman p. 316
- Lydie Bodiou, Frédéric Chauvaud, Ludovic Gaussot, Marie-José Grihom, Laurie Laufer & Beatriz Santos (dir.), On tue une femme. Le féminicide. Histoire et actualité : Paris, Hermann, 2019, 460 p. - André Rauch p. 317
- Muriel Andrin, Stéphanie Loriaux & Barbara Ost (dir.), M comme mère, M comme monstre : Bruxelles, Sextant, n° 2015-32, 137 p. - Annik Houel p. 318
- Ingeborg Rabenstein-Michel, Valérie Favre & Jordi Medel-Bao (dir.), Genre et enfermement : contraintes, dépassement, résistance : Lyon, Langues et cultures européennes université Lumière Lyon 2, Textures, n° 23, 2018, 307 p., préface Nicole Edelman - Michelle Zancarini-Fournel p. 319
- Vagabondes - Les écoles de préservation pour les jeunes filles et Claude Gauvard (dir.), PrésuméEs coupables : Paris, L'Arachnéen, 2015, 176 p. et Paris, L'iconoclaste et les Archives nationales, 2016, 309 p. - Véronique Blanchard p. 320
- Roman Kuhar & David Paternotte (dir.), Campagnes anti-genre en Europe. Des mobilisations contre l'égalité : Lyon, Presses universitaires de Lyon, coll. « Sexualités », 2018, 368 p. Traduit de l'anglais par Agnès Chetaille & David Paternotte - Valérie Opériol p. 321
Complément en ligne : entretien
- Les femmes et le gwoka en Guadeloupe - Marie-Héléna Laumuno p. 323-335
Clio a reçu
- Clio a reçu - p. 337-349