Contenu du sommaire : 1991-2001 Dix années qui ébranlèrent le monde
Revue | La revue internationale et stratégique |
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Numéro | no 41, printemps 2001 |
Titre du numéro | 1991-2001 Dix années qui ébranlèrent le monde |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
1991-2001 Dix années qui ébranlèrent le monde
- Relations internationales : repenser les concepts, réinventer les méthodes. - Hubert Védrine
- Les entreprises françaises de 1991 à 2001. L'adaptation du système économique français au nouvel environnement international. - Serge Weinberg La décennie 1991-2001 a constitué une période de profondes mutations pour les entreprises françaises et pour le capitalisme français. Sous la pression de trois mouvements simultanés – politiques de privatisation, mondialisation et avènement de l'euro –, les grandes entreprises nationales se sont peu à peu renforcées dans les années 90, ce qui a considérablement modifié le paysage économique et industriel français. Cela a également eu une influence sur les pratiques du capitalisme hexagonal : on est ainsi passé d'un système où l'État jouait un rôle clé à un système plus ouvert à l'économie de marché, adoptant, par là même, de nombreux modes de fonctionnement anglo-saxon en matière de gouvernement d'entreprise. Néanmoins, si la France veut faire face aux nouveaux défis de l'économie globale et de l'Internet, elle doit d'abord dépasser certaines contradictions liées à l'« exception française », sans pour autant renoncer à sa propre identité culturelle.French Companies from 1991 to 2001. The Adaptation of the French Economic System to the New International Environment The decade spanning 1991 to 2001 has been a period of profound change for French companies and for French capitalism. Partly under the pressure of the three transforming events that are privatization, globalization and the advent of the euro, France's major companies embarked on a wave of consolidation throughout the 1990s that has changed the landscape of French business. This movement has also led to a change in the practices of French capitalism : from a system in which the state played a key role, France has moved to a much more open market economy that has adopted many of the precepts of Anglo-Saxon style corporate governance. But if France wishes to face up to the new challenges of the global economy and the internet, it still needs to resolve some of the contradictions of the « French exception » even as it seeks to retain its own cultural identity.
Les paradigmes déchus ?
- 1991-2001 : permanences et changements. - Jean Musitelli La fin de la guerre froide a profondément modifié la carte du monde et la hiérarchie des puissances. Elle n'a cependant pas engendré un nouvel ordre mondial de nature à fonder les relations entre nations sur des valeurs coopératives et pacifiques. Le monde s'est structuré selon un schéma unipolaire sanctionnant la prédominance des États-Unis, que les progrès de l'Union européenne n'ont pas suffi à compenser. Le fossé Nord-Sud est resté béant et s'est imposé comme le défi majeur pour l'équilibre planétaire. Face aux risques de privatisation du monde que porte en elle une mondialisation exclusivement économique, les efforts pour en maîtriser le cours et l'orienter dans un sens plus démocratique, plus équitable et plus respectueux de l'intérêt commun de l'humanité n'ont produit que des résultats limités.1991-2001 : Permanences and Changes. The end of the Cold War has deeply modified the world map and the power hierarchy. But it has not brought about a new world order that could possibly allow international relations to build on cooperative and pacifist principles. The world has followed a one pole pattern in structuring itself and has demonstrated the United States predominance which the European Union advances have not succeeded in compensating. The North-South ditch has remained wide open and has imposed itself as the major challenge to the world stability. Regarding the dangers of world privatizations which go with an exclusively economic globalization, the efforts shown to control its development and to make it more democratic, fairer and more respectful of the common interests of humanity have only had limited results.
- Les grands débats théoriques de la décennie. - Bertrand Badie La guerre froide s'est achevée sur des débats théoriques beaucoup plus tranchés que ceux qui avaient marqué ses débuts. En effet, c'est au cours de cette période historique que se sont développés les nouveaux paradigmes interprétatifs des relations internationales. Qu'ils s'agissent des transformations économiques et de l'essor des premières analyses interdépendantistes ; de la crise de l'État et de la remise en cause du paradigme réaliste, ou bien du mouvement de mondialisation et de l'émergence des thèses transnationalistes, la décennie écoulée a vu ces débats se prolonger et s'intensifier. Les évolutions récentes sont davantage le fait d'une adaptation liée à l'apparition de pratiques nouvelles sur la scène internationale, l'absence d'innovation scientifique en la matière dissimulant mal le désarroi intellectuel engendré par la fin de l'ordre bipolaire.The Important Theoretic Debates of the Decade The Cold War ended upon much more clear cut theoretic debates than the ones it witnessed at its beginning. Indeed, it is at this historical time that the new paradigms of interpretation of international relations have bloomed. Whether about the economic transformations and the rise of the first interdependentist analysis, the state crisis and the challenge of the realistic paradigm, or about the globalization movement and the emergence of transnationalistic thesis, these debates have lasted and intensified throughout the last decade. The recent changes come more specifically from adaptation to new practices on the international scene, and the lack of scientific innovation fails to hide the intellectual despair triggered by the end of the bipolar order.
- Les paradigmes artificiels. - André Fontaine Le nouvel ordre international tel qu'imaginé par George Bush, la « fin de l'Histoire » mise en avant par Francis Fukuyama, la quête de l'Empire universel et le « choc des civilisations » de Samuel Huntington constituent quatre des principaux paradigmes avancés au cours de la dernière décennie. L'auteur se propose de les soumettre à l'analyse critique, autrement dit d'étudier leur pertinence à la fois comme mode d'explication et de compréhension du réel et comme facteur de développement ou de « Progrès ». Les limites de ces modèles, tant au plan cognitif que conséquentiel, ne doivent pourtant pas faire oublier qu'il n'est d'autre loi, à défaut, que celle de la jungle.The Artificial Paradigms The new international order as imagined by George Bush, the « end of History » put forward by Francis Fukuyama, the quest for the universal Empire and the « Clash of civilizations » of Samuel Huntington form the four main paradigms put forward over the last decade. The author suggests putting them under a critical analysis, that is studying their relevance as a method of explanation and comprehension of reality and as a factor of development or « Progress ». The limits to these models, as much on the cognitive as on the consequential levels, must not however let one forget that, in default of these models, there is no other law, than that of the jungle.
- 1991-2001 : permanences et changements. - Jean Musitelli
Nouveaux acteurs, nouvelles pratiques
- La place de l'homme dans la société internationale. - Frédéric Tiberghien Le thème des droits de l'homme, réapparu à la fin des années 70, a été instrumentalisé par l'Occident, dans les années 80, pour contribuer à la chute du communisme. La valeur universelle de ces droits, quoiqu'en progression, est toujours contestée, en particulier par les pays du Sud. La chute du Mur a toutefois permis de réunifier, dans une même approche, les droits civils et politiques avec les droits économiques et sociaux. La notion de droits de l'homme a gagné en étendue dans les années 90, incorporant des domaines nouveaux comme la protection de l'environnement. Elle a également été déclinée à des groupes ou communautés, sous l'influence d'acteurs nouveaux. La montée en puissance des droits de l'homme s'accompagne d'une ascension du contrôle juridictionnel, gage de leur meilleur respect. Ce dernier reste toutefois limité, faute d'une institution ou d'un cadre juridique mondial chargés d'y veiller.Man's Place in International Society The human rights theme which came back at the end of the seventies, was used by the West in the eighties, to help the communist fall. Although in progress, the universal value of these rights is still challenged especially by the southern countries. However, the fall of the Berlin wall has allowed to reunite civil and political rights with social and economic rights in a common approach. The notion of human rights spread in the nineties, incorporating new subjects such as environmental protection. Under the influence of new actors, it was also brought to groups or communities. The rising in power of human rights goes with a growth of judicial control which best guarantees their respect. However, in the lack of an institution or a global legal structure in charge of checking on it, the latter remains limited.
- L'humanitaire, nouvel acteur des relations internationales. - Sylvie Brunel 1988-2000 : douze ans qui ont changé l'humanitaire. La dernière décennie du siècle s'est ouverte sur la conviction que l'ingérence permettrait aux peuples pauvres et opprimés de recueillir enfin les « dividendes de la paix ». Elle s'est achevée sur un humanitaire technicisé et instrumentalisé qui trouve, dans la défense des droits de l'homme, un expédient à ses difficultés croissantes d'accès aux victimes. Dans l'intervalle pourtant, l'action humanitaire est devenue un acteur à part entière des relations internationales, et l'activisme des ONG a été consacré par deux prix Nobel de la paix. Mais la naissance d'une prétendue « diplomatie morale » a surtout eu pour conséquence de la transformer en un paravent commode pour la poursuite d'intérêts étatiques traditionnels.The Humanitarian Action, a New Actor in International Relations 1988-2000 : twelve years that have changed the humanitarian area. As the last decade of the century ends, the conviction is that interference will at last allow poor and oppressed peoples to collect the « dividends of peace ». It ends up with a more technical and instrumental humanitarian action which has found in the human rights defence an expedient device to solve its growing difficulties of access to the victims. However, in the meantime, humanitarian action has become a full time actor in international relations, and the NGO activism was consecrated by two Nobel peace prizes. But the birth of a so called « moral diplomacy » has mainly resulted in transforming it in a convenient screen behind which traditional state interests are pursued.
- Dix ans de politique de développement économique : échec ou réussite ? - Philippe Hugon Après la « décennie perdue du développement » des années 80 pour l'Afrique et pour l'Amérique latine, peut-on parler d'une décennie de développement gagnée durant la décennie 90 ? Les divergences dans les trajectoires de développement sont-elles liées à des différences de politiques de développement, à des divergences d'insertion dans l'économie mondiale ou à des effets de seuil conduisant, à défaut d'investissements suffisants, à des pièges de pauvreté ? Cet article différencie l'impact de la mondialisation sur la libéralisation des économies en développement et la diversité des politiques et des trajectoires des économies émergentes ou en voie de marginalisation.Ten Years of Economic Development Policy : Failure or Success ? Following the « lost decade of development » of the eighties in Africa and Latin America, can we describe the nineties as a decade of successful development ? Are the divergences in development trajectories linked to differences in development policies, differences in degrees of insertion within global economy or at threshold effects leading to poverty traps in the lack of sufficient investments ? This article differentiates the impact of globalization on the liberalisation of developing economies, and on the diversity of policies and trajectories of emerging or marginalizing economies.
- A l'heure de la mondialisation, les mutations de la relation Etat/entreprises de défense. - Jean-Pierre Maulny Depuis dix ans, l'industrie d'armement a foncièrement évolué. Certes, la guerre froide a eu d'indéniables répercussions sur ce secteur industriel, l'obligeant à se remettre en question. Cependant, elle n'explique pas, à elle seule, la vague de regroupement sur laquelle ont glissé les firmes de défense. En effet, la mondialisation, en homogénéisant les règles de fonctionnement des entreprises et en faisant voler en éclats les armatures nationales, ont grandement favorisé les « méga-restructurations ». De plus, l'internationalisation des entreprises, dans un contexte ambiant de privatisation, favorise la généralisation de l'actionnariat – plus ou moins dilué –, dont les objectifs sont parfois éloignés de ceux des gouvernements en place. Or, ce secteur industriel est, par essence, éminemment stratégique. Les États ne pouvaient pas ne pas réagir face à cette potentielle perte de contrôle.At a Time of Globalization, Changes in the Relationship between the State and Defence Industries The armament industry has considerably changed over the last ten years. Most certainly, the cold war has had undeniable repercussions on the industrial sector and has led it to put itself back into question. However, it does not account on its own for the regrouping wave that has broken over the defence industries. Indeed, in homogenizing the rules by which companies function and by smashing to pieces the national frames, globalization has largely encouraged « mega-restructurings ». Moreover, in a surrounding context of privatization, the internationalization of companies encourages the generalization of a more or less diluted shareholding, which aims at achieving objectives that are sometimes distant from those of governments in place. Now, this industrial sector is by nature highly strategic. States could not fail to react to this potential loss of control.
- La place de l'homme dans la société internationale. - Frédéric Tiberghien
Redéfinition de la donne géopolitique
- Réflexions sur une carte du monde mitée. - Gérard Chaliand Thoughts over a Moth Eaten World Map The geopolitical situation which emerged after the end of the USSR is characterized as much by the American supremacy as by the multiplication of « grey areas » in which crises without any political resolution are occurring and thus are destined to last. They can be classified in two groups : the end of Empires crises, and the death of states little or not colonised. Today, between 300 and 350 millions people are concerned by this situation. As the military supremacy is powerless and the contagion risk small, the western countries have adopted a cold diplomacy, based on the evaluation of risks rather than on the defence of interests, targeted on economic aims more than political ones and with interventions limited to major questions of security and resources. The future one pole world map will thus be scattered with zones of strategic disinterest in lasting crisis.
- De Maastricht à Nice : la laborieuse ascension de l'Union européenne. - Bastien Nivet L'Union économique et monétaire matérialisée par l'euro ainsi que la Politique étrangère et de sécurité commune constituent, au regard de ces dix dernières années, les avancées les plus significatives de la construction européenne. Au demeurant, l'Europe reste marquée par l'absence d'un projet commun politiquement cohérent, oscillant entre fédéralisme et souverainisme, dont le sommet de Nice de décembre 2000 fournit une dernière illustration. À ce titre, l'Union semble davantage s'analyser comme un instrument de promotion et de protection des intérêts propres aux États. Aussi, l'avenir européen, et notamment le projet d'une grande Europe – en raison de l'élargissement à 28 ou 30 États membres –, risque d'être source de nouvelles désillusions si une profonde remise en cause des habitus tant nationaux qu'européens n'est pas entreprise.From Maastricht to Nice : the Laborious Advance of European Union The Economic and Monetary Union (EMU), materialised by the euro, as well as the Common Foreign and Security Policy (CFSP) constitute, as regards the last ten years, the most significant progresses of European integration. However, the European Union remains characterised by the absence of a politically coherent common project, and is still oscillating between federalism and sovereignty, which was most obvious during the Nice summit in December 2000. In this respect, the EU remains largely a tool for the promotion and protection of national interests. The future shape of the Union, and especially the project of a great Europe – with the enlargement to 28 or 30 member states – could bring new disillusions if a deep rethinking of national and European habits is not undertaken.
- Démocratisation et démocraties est-européennes : le miroir brisé. - Nadège Ragaru Les pays de l'ex-Europe soviétique se sont vus proposer un modèle de développement fondé sur le libéralisme politique et économique, censé être la représentation synthétique de la normalité européenne, et constituant le référant critique de la plupart des interprétations données du processus de démocratisation dans ces États. Or, une telle grille de lecture est réductionniste. Elle se fonde sur une vision moniste et appréhende les difficultés rencontrées par ces nouvelles démocraties depuis une décennie de manière autoréférentielle. Une approche contextualiste peut permettre de fournir les cadres d'une interprétation susceptible d'intégrer le vocabulaire et les problématiques propres à ces États, et à même de reconnaître leur rôle participatif à la compréhension et à la formation des concepts de démocratie et d'économie libérale.Democratization and East-European Democracies :the Broken Mirror The countries of the former Soviet Europe have been offered a development model based on political and economic liberalism, which is meant to be a synthetic representation of the European normality and which forms the model by which the democratization processes of these countries is interpreted. Now, taking this model as a mean of analysis is reducing. It is based on a monistic conception and it chooses to approach the difficulties met by these new democracies over the last ten years by referring to itself. An approach that would take into account the context in which they have evolved can better structure an interpretation likely to integrate the language and the issues of these states, and can even lead to the acknowledgement of their role in the comprehension and the forming of concepts of democracy and liberal economy.
- De l'URSS à la Russie. - Arnaud Dubien Jamais pays n'a connu, en une décennie, davantage de bouleversements que la Russie. Solder l'héritage soviétique, s'adapter à une perte manifeste de puissance, réformer le pays, autant de défis que la Russie est mise en demeure de relever. Fossoyeur de l'URSS, la Russie a fait les frais du déclin de son influence au moment de l'échec de la CEI. Sur le plan économique, le caractère inachevé des réformes mises en branle l'a empêchée de se doter d'une véritable économie de marché, cependant que la richesse nationale a connu un effondrement sans précédent. La décrépitude de son économie fait écho à l'instabilité politique chronique dont elle pâtit. Une nouvelle Russie peut-elle dès lors émerger ? L'élection de Vladimir Poutine, la refonte du système fédéral, la volonté affichée de mettre au pas les « oligarques », la restauration de l'autorité de l'État sembleraient le prouver. Mais cela ne va pas sans atteinte aux libertés fondamentales.From USSR to Russia No country has ever gone through as many overthrows in a decade than Russia. Settling the Soviet heritage, adapting to a patent loss of power, reforming the country, are the challenges Russia is asked to take up. As gravedigger of the USSR, Russia has bore the cost of the decline of its influence when the Commonwealth of Independent States failed. On the economic level, the uncompleted reforms introduced have prevented it from being endowed of a genuine market economy, whereas the national wealth has gone through an unprecedented collapse. The decrepitude of its economy echoes the chronic political instability it is suffering from. In this context, can a new Russia emerge ? The election of Vladimir Putin, the reorganization of the federal system, the overt will to get the « oligarchs » in step, the restoring of the state authority would seem to prove it is possible. But this process does not go about without violations of fundamental rights.
- Les Etats-Unis : mutation d'une superpuissance dans l'après-guerre froide. - Manon Tessier Qualifier les États-Unis de superpuissance, dans l'état actuel des choses, s'apparente à un truisme. Cependant, superpuissance n'est pas synonyme d'omnipotence. Depuis la fin de la guerre froide, les États-Unis traversent une phase d'introspection sur la définition de leur puissance et sur les moyens d'en user – dans un contexte planétaire ambiant de montée de l'anti-américanisme. Malgré le fait de posséder la première armée de la planète, les États-Unis n'ont pas, pour autant, la capacité d'imposer leur loi à l'échelle du monde : leur liberté d'action n'est pas absolue mais bridée par des impératifs d'ordre diplomatique, politique et moral. À une époque où les gouvernants américains ont érigé l'autodissuasion en dogme, comment la puissance américaine se répercute-t-elle à la surface du globe ?The United States : Change of a Superpower in the Post Cold War Context In the present context, to term the United States a super power has something in common with a truism. However, superpower is not synonymous with omnipotence. Since the end of the Cold War, and in a surrounding environment of rising anti-Americanism, the United States are going through an introspection phase related to their definition of power and to the means of using it. Despite the fact it possesses the first army in the world, the United States cannot impose their rule to the world : its freedom of action is not absolute, it is curbed by diplomatic, political and moral obligations. At a time when the American leaders have raised self dissuasion to a dogma, how does the American power react on the world ?
- La guerre froide est-elle toujours d'actualité en Asie orientale ? - Valérie Niquet Pour ne pas être placée directement sur le devant de la scène internationale, l'Asie n'en est pas moins secouée par des problèmes de type « transnationaux ». La fin de la guerre froide a entraîné le retrait total de l'influence soviétique, partiel de celle des États-Unis, laissant la place à une puissance chinoise qui affirme clairement ses ambitions. Retrouvant sa centralité en Asie orientale, la Chine inquiète donc ses voisins qui, à l'instar du Japon, redéfinissent, à cette aune, leur politique de défense. De fait, la guerre froide semble toujours perdurer : il n'y a pas eu disparition mais transfert de la bipolarisation du niveau mondial au niveau régional. Pour faire contrepoids à la Chine, la présence des États-Unis dans la région s'avère donc nécessaire.Is the Question of the Cold War in Eastern Asia still with us ? Even though Asia is not directly placed at the front of the international scene, it is however affected by problems of a « transnational » nature. The end of the Cold War has brought about the complete withdrawal of the Soviet influence, partly that of the United States, thus leaving some place to the Chinese power which clearly affirms its ambitions. As China rediscovers its central role within Eastern Asia, its neighbours are worried and redefine their defence policy, as was done by Japan for example. Thus, the Cold War seems to keep on going : the bipolarisation has not disappeared but has been transferred from the international scale to the regional one. In order to counterbalance China, the presence of the United States in the region thus proves to be necessary.
- Réflexions sur une carte du monde mitée. - Gérard Chaliand