Contenu du sommaire : Travail et pauvreté : la part des femmes

Revue Travail, genres et société Mir@bel
Numéro no 1, 1999
Titre du numéro Travail et pauvreté : la part des femmes
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Editorial

  • Parcours

  • Dossier

    • Travail et pauvreté : la part des femmes - Margaret Maruani, Rachel Silvera p. 21-22 accès libre
    • L'emploi à bas salaire : les femmes d'abord - Pierre Concialdi, Sophie Ponthieux p. 23-41 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La montée de l'emploi à bas salaire depuis une quinzaine d'années a surtout pénalisé les femmes. Le risque de bas salaire est d'abord lié aux caractéristiques des emplois occupés et, principalement, au temps partiel qui concerne très majoritairement les femmes. La persistance accrue des bas salaires que l'on observe depuis quinze ans frappe surtout les femmes ; pour les hommes, l'emploi à bas salaire semble correspondre davantage à des situations transitoires. Les bas salaires ne sont pas systématiquement des « salaires d'appoint » : dans plus d'un tiers des cas, le bas salaire féminin est un revenu d'activité vital pour le ménage, et dans 15 à 30 % des autres cas, il constitue un apport de ressources substantiel.
      The Low-Wage Risk: Women First The risk in low-wage jobs over the past fifteen years has mainly penalized women. Low-wage risk is first linked to the characteristics of the job, especially part-time ones, which mostly concern women. The development of part-time work has also given rise to unchosen part-time employment. Low wages are not necessarily complementary salaries : in almost one third of the cases, low salaries are the only wage income of the household. The accrued persistance of low wages over the past fifteen years hits women first and foremost. In men's case, low wages seem to reflect transitory situations more often.
    • Des miettes d'emploi : temps partiel et pauvreté - Tania Angeloff p. 43-70 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le chômage, en devenant, à bon escient, une idée fixe des politiques et des économistes, semble masquer une autre réalité : le sous-emploi et la flexibilité, qui vont de pair avec le développement du travail à temps partiel et sont synonymes de précarité et de pauvreté au travail. Cet article part de l'étude de travailleurs en situation de précarité (contrats précaires, ou pénurie du nombre d'heures de travail avec absence ou insuffisance de régulation institutionnelle), dans les secteurs de l'aide à domicile, du nettoyage et de la grande distribution. Il vise à dégager l'ambiguïté que revêt l'emploi dans certaines conditions d'exercice qui se déclinent au féminin, à temps partiel, sans qualification ou dans des emplois sous-qualifiés, sans garantie d'emploi à long terme, sans possibilité d'évolution de carrière. Sans dresser une typologie proprement dite de la pauvreté, il conviendra de montrer dans quelle mesure l'emploi tel qu'il est conçu ces dernières années (dans une politique de lutte contre l'indice à deux chiffres du chômage) conduit à aggraver la pauvreté au travail, en particulier par un développement du travail à temps partiel, qui touche en priorité les femmes.
      Employment Leftovers: Part-Time Employment and Poverty While politicians and economists are legitimately getting a fixation about unemployment, another reality is being concealed, i.e. underemployment and flexibility, which are counterparts of the development of part-time work, and translate into job insecurity and poverty on the workplace. This article is based on the study of workers experiencing job insecurity (part-time, low-paid jobs or insufficient working hours with little or no institutional regulation) in employment in private households, retailing chains and cleaning. It aims at highlighting how ambiguous employment is in certain specifically female working conditions such as part-time work, unqualified or under-qualified work, and work without any long-term job security nor career development opportunities. Although its description of poverty cannot be exhaustive, the ambition of this article is to evaluate to which extent employment as conceived over the past years (i.e. striving to reduce a two-digits unemployment rate) aggravates poverty on the workplace, especially through the development of part-time work, which is a massively female reality.
    • Les femmes à temps partiel : un nouveau risque de pauvreté en Belgique - Maria Jepsen, Danièle Meulders, Isabelle Terraz p. 71-85 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Alors que le dilemme face au chômage semble se situer entre une plus grande flexibilité du marché du travail, laissant les bas salaires et la pauvreté se développer, et un système où la protection du travail est importante mais où la pauvreté concerne les « exclus », peu d'articles s'intéressent précisément au degré de recoupement entre bas salaires et pauvreté. En outre, ceux qui le font se focalisent sur les salariés à temps plein qui ont travaillé toute l'année et qui constituent une population stable par définition. Dans un contexte de généralisation du temps partiel prôné dans un grand nombre de pays comme moyen de partage du travail, il nous paraît essentiel de reconsidérer la relation entre bas salaire et pauvreté en incluant les travailleurs à temps partiel. En outre, le temps partiel constituant une activité typiquement féminine, il est apparu intéressant d'examiner cette relation en mettant l'accent sur le temps de travail et le genre.Les femmes travaillant à temps partiel forment en effet l'essentiel des bas salaires en Belgique. Néanmoins, ces personnes ne se trouvent pas fragilisées lorsqu'elles vivent en couple puisqu'on les retrouve essentiellement dans les ménages à revenus moyens. En revanche, cette situation constitue un facteur de risque futur de pauvreté dans un contexte de séparations croissantes des conjoints et pour leur période de retraite. En effet, les personnes susceptibles d'être concernées par la pauvreté sont les personnes qui ne bénéficient que de quelques droits propres ou d'aucun dans le système de sécurité sociale actuel.
      Part-Time Employment and Poverty Threats : Women's Situation in Belgium While those fighting unemployment wonder whether to further flexibilize the labor market and let low wages and poverty boom, or to protect work, poverty then striking those excluded from the protective system, very few articles precisely deal with the degree of overlap between low wages and poverty. Furthermore, those which deal with the issue only focus on full-time workers having worked all year, a stable population per se. While part-time employment spreads, as a wide number of countries claim that it is a way of sharing work, we find it essential to reconsider the relation between low wages and poverty by including part-time workers. Furthermore, since part-time work is a typically female activity, we find it interesting to examine this relation from the double standpoint of working hours and gender.Low-wage earners in Belgium are actually mostly women working part-time. However, these people are not weakened when they live in a couple, since they are majoritarily part of the middle-class. Still, this situation bears the risk of future poverty in a context of ever-increasing marital separations as well as as regards retirement. Indeed, the population at risk counts people who benefit from no or few rights as individuals in the present social security system.
    • Précarité des revenus, pauvreté des salaires : le cas des femmes en Italie - Elisabetta Ruspini, Chiara Saraceno p. 87-118 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'analyse des données fournies par la Banque d'Italie permet aux auteures de vérifier l'hypothèse que la pauvreté des femmes qui travaillent est souvent compensée, mais aussi dissimulée, au sein de la famille. De fait, les données portant sur les ressources individuelles montrent que les femmes qui travaillent ont plus souvent que les hommes des revenus du travail inférieurs au seuil de pauvreté, en particulier si elles sont des indépendantes. D'autres recherches montrent aussi que les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes chez les travailleurs pauvres et que l'écart entre les salaires moyens des hommes et les salaires moyens des femmes atteint 20% ; en outre, l'écart le plus important concerne les femmes mariées. Même si cela ne signifie pas toujours qu'elles se trouvent dans une situation de pauvreté, étant donné qu'elles peuvent avoir accès à une part du revenu familial, ces éléments dénotent en tout état de cause une vulnérabilité soit dans le cadre des négociations intra-conjugales, soit dans le cas où le mariage se dissout. Cette vulnérabilité est confirmée par les acquis des recherches menées sur les effets économiques de la séparation conjugale. En conclusion, les auteures mettent l'accent sur les risques que fait courir aux femmes le recours de plus en plus fréquent aux tests d'évaluation des moyens d'existence des familles dans le domaine des politiques sociales.
      The analysis of the data provided by the Bank of Italy enables the authors to confirm their hypothesis, according to which the poverty of working women is often compensated for, although concealed, within the family. Actually, data related to individual resources show that more often than men, women who work have work-related incomes that are lower than the poverty line, particularly if they are independent. Other studies also show that among poor workers, women are twice as numerous as men, and that the gap between the average male salary and the average female salary reaches 20 % ; furthermore, the gap is even wider for married women. Even if this does not necessarily mean that women are in poverty, given the fact that they have access to part of the family income, these elements point out female vulnerability in case of intra-marital negotiations or in case of marital separation. To conclude, the authors stress how risky the increasingly frequent recourse to evaluations of family financial resources in social policy are.
    • La pauvreté laborieuse au XIXème siècle vue par Julie-Victoire Daubié - Agnès Thiercé p. 119-128 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La femme pauvre au XIXème siècle, paru en 1866, fruit d'une vaste enquête sur la condition et les moyens de subsistance des femmes, est un exposé inédit de la misère des travailleuses. L'auteur, Julie-Victoire Daubié, grande figure du féminisme du Second Empire, n'est autre que la première bachelière de France. Elle dénonce une misère plurielle, qui touche plus cruellement la femme seule, veuve ou célibataire. Cette misère est économique - avec l'inégalité salariale justifiée par la sous-qualification des femmes largement exclues des structures d'enseignement général et professionnel - mais aussi politique et morale, pointant la responsabilité de l'État et des hommes.
      The poor woman in the XIXth century, published in 1866, the outcome of a vast survey of female condition and resources, is a previously unpublished account of the misery of female workers. The author, Julie-Victoire Daubié, a major figure of French feminism in the Second Empire, happens to be the first female holder of the French baccalaureate. She denounces a plural misery that hits single women hardest, whether widows or not. This misery is economic - wage inequality is justified by female underqualification, women being vastly excluded from general and professional education -, but also political and moral, which highlights the responsability of the State as well as that of men.
    • La femme pauvre au XIXème siècle. Quels moyens de subsistance ont les femmes ? : Travail Manuel, à domicile, à l'atelier, réformes à tenter - p. 129-146 accès libre
  • Mutations

    • Des conditions de l'égalité économique - Geneviève Fraisse p. 147-155 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La légitimité du travail des femmes est toujours incertaine. L'autonomie salariale est évidemment, depuis le XIXème siècle, la clé de cette incertitude. Car le travail, en un mot, c'est la liberté. Avant d'examiner les moyens d'une égalité économique et professionnelle, il faut rappeler que le travail est une condition de la liberté des femmes. C'est pourquoi le mot de parité est inadéquat à ce propos. Certes, la parité est politique, linguistique et domestique. Ces adjectifs de la parité indiquent les lieux de pouvoir et de débat démocratique, de gouvernement, principalement domestique et politique. Ces lieux sont aussi une condition de l'égalité économique. Reste à prouver, par les textes et les actions juridiques, sociales, politiques, la nécessité de cette égalité. Prouver et produire l'égalité, tel est l'enjeu.
      The legitimacy of female labor is still uncertain. Since the XIXth century, financial autonomy is the obvious key to this uncertainty, for work, in one word, is freedom. Before examining the means by which to reach economic and professional equality, one must reassess work as the precondition to women's freedom. That is why parity is not the word to suit the purpose. Parity certainly is political, linguistic and domestic. The adjectives used to qualify parity indicate where power, democratic debate, domestic and political government can be located. The necessity of this equality, however, remains to be proven through texts as well as through lawful, social and political action-taking. What is at stake is the proof and the production of equality.
    • Des femmes aux marges de l'activité, au cœur de la flexibilité - Françoise Battagliola p. 157-177 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis trois décennies, la hausse de l'activité professionnelle des femmes ne s'est pas démentie, même lorsqu'elles élèvent de jeunes enfants. Mais un renversement de tendance se fait jour au milieu des années 1990 : dès la naissance de leur deuxième enfant, les femmes, et surtout les plus jeunes et les plus modestes d'entre elles, interromptent fréquemment leur activité. L'imbrication précoce de l'engagement familial et de l'entrée dans le monde du travail affecte les itinéraires professionnels des jeunes mères, ponctués par le chômage et la précarité. Exposées à la flexibilité du temps de travail et aux formes atypiques d'emploi, incitées à se consacrer à l'éducation de leurs jeunes enfants par les politiques sociales, en butte aux rapports de force entre les sexes au sein de la famille, ces jeunes mères sont évincées du marché du travail, alors même que leur lien à l'emploi demeure vivace.
      Over the past three decades, the increase in female professional activity has not flagged, even for women who raise small children. However, a reversing trend appeared in the mid-1990s : as soon as their second child is born, women, especially the youngest and the poorest, frequently interrupt their professional activity. Early implication in family duties and the entry in the labour force affect professional paths of young mothers, punctuated with unemployment and job insecurity. Exposed to flexibility of working hours and atypical jobs, encouraged to dedicate themselves to their young children's education through social policies, confronted with the male/female balance of power within their family, these young mothers are excluded from the labour market, whereas their attachment to employment remains vivace.
    • Quand les institutions se chargent de la question du travail des femmes 1970-1995 - Martine Lurol p. 179-199 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La féminisation du salariat et l'augmentation constante des femmes sur le marché du travail sont à l'origine de la création d'institutions destinées à examiner les problèmes spécifiques posées par l'exercice du travail salarié des femmes et faciliter cette activité. Trois périodes peuvent être repérées dans la mise en place progressive des institutions qui marquent des temps forts dans l'évolution des structures et dans la prise en charge de la question du travail des femmes, selon les contextes des périodes étudiées. La période 1970-1980 correspond à une évolution lente mais progressive des institutions où l'on passe d'un Comité d'Étude et de Liaison à un secrétariat d'État ; la période 1981-1986 est marquée par une forte institutionnalisation et la création d'un ministère des Droits de la Femme qui entend donner des droits à la femme en tant qu'individu à part entière et notamment en terme d'égalité professionnelle avec les hommes ; la période 1988-1995 voit l'abandon d'une volonté politique envers les femmes qui se traduit dans les institutions par le passage d'un ministère à part entière, à un secrétariat d'État puis à un service à l'intérieur du ministère du Travail, structure administrative sans capacité de décision et d'impulsion.
      Feminisation of the paid workforce and constant increase in female presence on the labour market originated institutions destined to examine specific problems created by female paid work and to facilitate this activity. These periods can be distinguished in the progressive set-up of these institutions. They correspond to thresholds reached in the evolution of these structures, and the responsibility taken on the issue according to the period under study. The 1970-1980 period contributed to a slow, but progressive evolution of institutions, for example through a Study and Liaison Group changing into a sub-Ministry. The 1981-1986 period is marked by strong institutionalisation, and the creation of a Women's Rights Ministry aiming at granting rights to women as full individuals, particularly in terms of professional equality with men. The 1988-1995 period corresponds to the disappearance of a political lead on the subject of women, institutionally translated into the move from a full Ministry to a sub-Ministry to a service of the Ministry of Labour, i.e. an administrative structure that has no decisional power, nor capacity to take initiatives.
  • Controverses

  • Critiques

  • Bibliographies internationales