Contenu du sommaire : Regards sur les adjectivaux

Revue Travaux de linguistique Mir@bel
Numéro no 80, 2020
Titre du numéro Regards sur les adjectivaux
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • I. Travaux

    • Regards sur les adjectivaux - Franck Neveu, Audrey Roig p. 7-12 accès libre
    • Noms communs de personne et adjectifs : quelles différences ? - Daniel Elmiger p. 13-26 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les noms communs de personnes (ou noms d'humains), c'est-à-dire les désignations nominales référant à un être humain, présentent plusieurs points de ressemblance avec les adjectifs, que ce soit du point de vue morphologique, lexical, sémantique ou syntaxique. Les cas de passages d'une catégorie à l'autre, que ce soit sous forme d'adjectivation entrainant un changement catégoriel permanent, ou d'adjectivité ad hoc, sont fréquents. Sur la base d'un corpus de plus de 60 000 noms communs de personne et d'un dictionnaire de fréquence (réunissant un million de mots-formes), les différences et ressemblances entre noms communs de personne et adjectifs sont étudiées à propos des formes en -iste.
      Nominal designations referring to human beings (except proper nouns) show many similarities with adjectives, whether from a morphological, lexical, semantic or syntactic point of view. Transfers from one category to another, both through “adjectivation” leading to permanent categorical change and ad hoc “adjectivity” (Fr. adjectivité), are frequent. Based on a corpus of more than 60 000 human nouns and a frequency dictionary (containing one million tokens), the differences and similarities between human nouns and adjectives are studied more specifically for derivations with the suffix -iste.
    • "Villes sœurs" et "pays frères" : le « sexe » des substantifs transféré en genre grammatical par adjectivation - Itsuko Fujimura p. 27-48 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Ce travail a pour objectif de démontrer le comportement particulier des Noms d'Humains (NH) lors de leur adjectivation en français. Dans la combinaison [Nom non Humain (NnonH) + NH de parenté ou de souveraineté], la cooccurrence des deux N est contrainte en fonction de leur sexe et genre (pays frère, *pays sœur, ville sœur, *ville frère), tandis que dans [NnonH + NH affixé] se produit l'accord en genre ordinaire (mouvement étudiant, vie étudiante). À l'opposé, l'accord en genre ne se produit pas lorsqu'il s'agit de deux NnonH munis d'un genre grammatical mais démunis de dénotation sexuelle (mot clé, position clé). L'analyse détaillée de ces combinaisons, fondée sur un grand nombre de données, montre que la contrainte concurrentielle du premier type ne se produit pas nécessairement par l'analogie du second type. Certains NH comme mère, roi sont directement transférés en adjectif féminin ou masculin suivant le sexe d'origine sans passer par le patron dichotomique de l'accord morphologique. Nous affirmons enfin que l'analogie entre l'adjectivité et le trait humain en français provient de l'association entre le genre grammatical (m/f) et le sexe des humains.
      This work aims to demonstrate a particular behavior of Human Nouns (HN) and their derived adjectives in French. In the combination [Non-Human Noun (NonHN) + HN of kinship or sovereignty], the cooccurrence of two nouns is constrained by their grammatical gender as well as human sex (pays frère [brother country, m+m], *pays sœur [*sister country, m+f], *ville frère [*brother city, f+m], ville sœur [sister city, f+f]), while [NonHN + affixed HN] features ordinary morphological gender agreement (mouvement étudiant [student mouvment, m+m], vie étudiante [student life, f+f]). On the other hand, such gender agreement does not occur between two NonHNs that have grammatical gender but no sexual denotation (mot clé [keyword, m+f], position clé [key position, f+f]). Detailed analysis of these combinations based on the corpus data shows that the cooccurrence constraint of the first type does not necessarily come from analogy with the second type. Some HNs such as mère [mother], roi [king] directly transfer female or male sex to the gender of the derived adjective without this dichotomous pattern of morphological agreement. Finally, we affirm that analogy between Adjectivity and human traits in French derives from the association between grammatical gender (masculine / feminine) and human sex in that language.
    • L' adjectivité des épithètes antéposées "sale" et "foutu" - Daichi Yamamoto p. 49-61 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le français dispose d'adjectifs dits « affectifs », tels que foutu, satané, maudit, sale, pauvre, malheureux… en position d'épithète antéposée au nom. Ils sont souvent considérés comme atypiques dans la catégorie adjectivale, puisqu'ils ont des propriétés syntaxiques particulières. Notre étude de cas sur sale et foutu se propose de mettre en évidence la différence existant parmi eux au niveau de leur caractère adjectival. À travers l'application des critères d'adjectivité aux deux adjectifs et un examen de leur affectivité, nous montrons que sale se comporte plus comme adjectif que foutu, dans sa fonction qualificative, mais aussi dans son usage affectif.
      French has so-called “affective adjectives”, such as foutu, satané, maudit, sale, pauvre, malheureux that occur in front of the noun. They are often considered atypical adjectives, since they exhibit particular syntactic properties. This case study of sale and foutu highlights differences related to their adjectivity. Based on a series of criteria for adjectivity, it is shown that sale behaves more like an adjective than foutu, both in its qualifying function and in its affective use.
  • II. Varia

    • La structure syntactico-sémantique de "jouer" dans la construction [Jouer + du + Nom d'instrument de musique] : une affaire de zone active massive - El Mustapha Lemghari p. 63-83 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article a pour objet d'étude la construction [Jouer + du + Nom d'instrument de musique]. Il prend comme point de départ la thèse généralement admise que le verbe jouer est transitif indirect et, partant, que la forme du est l'article contracté. Nous argumenterons contre cette thèse en réexaminant la structure syntactico-sémantique du verbe jouer à l'aune du sémantisme des noms des instruments de musique. Sur la base de l'hypothèse de la polysémie de ce paradigme de noms, nous montrerons que jouer change de sens et de structure verbale selon qu'il est employé avec un SN au sens de ‘objet physique' ou au sens de ‘activité de musique'. Il sera transitif indirect au sens [+comptable] de ‘manier un instrument' et transitif direct au sens [+massif] de ‘savoir interpréter des airs, des morceaux en se servant d'un instrument de musique'.
      This paper aims to examine the construction [jouer + du + music instrument]. It stems from the widely accepted theory that the verb jouer is intransitive and, thus, that the determiner du is a contracted form of the definite article le and the preposition de. To argue against this thesis, we suggest reexamining the syntactic-semantic structure of the verb jouer in light of the semantic properties of nouns referring to music instruments. On the assumption that these nouns are polysemous, we will assume that the meaning as well as the grammatical structure of the verb jouer change, depending on whether the music instrument noun denotes a ‘physical object' or a ‘musical activity'. In short, the verb jouer will be shown to be intransitive when the musical noun used is [+count], and transitive when it is [+mass].
    • Pour une approche simplifiée de la corrélation circonstancielle : réexamen du métalangage grammatical à l' aune des faits linguistiques - Nuria Rodríguez Pedreira p. 85-105 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'un des problèmes que pose l'étude des structures corrélatives circonstancielles en français est l'absence de critères homogènes permettant d'établir une typologie qui fasse consensus. Les rapports de hiérarchisation syntaxique qui sous-tendent les sous-phrases corrélées ne sont pas aisément identifiables. De plus, les critères retenus pour la classification étant à la fois morphologiques, sémantiques et syntaxiques, ceux-ci contribuent à la complexité du problème en créant plus de confusion. De même, les termes d'usage sont ambigus et peuvent impliquer plusieurs interprétations, comme les notions de juxtaposition, de parataxe ou celle même de corrélation. Une approche simplifiée de la corrélation circonstancielle s'impose afin de faciliter l'enseignement / apprentissage du métalangage grammatical qui la définit, ce qui nous mènera à un remaniement des relations syntaxiques établies et à une révision de la terminologie correspondante.
      One of the main problems one faces when studying French adverbial correlative structures is the lack of homogeneous criteria that allow us to set up a defined typology. The relation of syntactic dependence underlying correlative clauses is not easy to identify. Moreover, the criteria suggested for a plausible classification, being morphological, semantic and syntactic at the same time, do not solve the problem but add more confusion instead. In the same vein, the traditional terms used are ambiguous and allow for a number of different interpretations, e.g. juxtaposition, parataxis, and even correlation. Therefore, a simplified view of adverbial correlation should prevail so as to facilitate the teaching / learning of the grammatical metalanguage around it, which would lead us to a modification of standard syntactic relations and to a revision of the corresponding terminology.
    • Entre objectivité et subjectivité : "il est évident que (P)" - Véronique Lenepveu p. 107-130 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En français contemporain, il est évident que p fait partie des formes impersonnelles qui, en prenant la proposition pour argument, expriment une modalité à statut de métaprédicat (Gosselin, 2010). Nous montrons, dans le cadre d'une sémantique instructionnelle, que cette forme impersonnelle, qui possède la propriété d'être implicative (il est évident que p implique p), ne marque ni l'objectivité (ce qui est vrai indépendamment de tout sujet) ni la subjectivité collective (ce qui est vrai pour la plupart), mais une intersubjectivité (ce qui est vrai pour n'importe quel sujet). Du fait de cette valeur intersubjective, il est évident que vient non seulement renforcer l'engagement du locuteur relativement à la vérité de la proposition (la prise en charge), mais signaler systématiquement la stabilisation du jugement, que celui-ci soit a priori ou fondé sur le résultat d'un examen approfondi de la situation (a priori, il est évident que p / à y regarder de plus près, il est évident que p).
      In contemporary French, il est évident que p expresses a modality with meta-predicate status (Gosselin, 2010). From the perspective of instructional semantics, we show that this impersonal form indicates neither the objectivity (which is true regardless of any subject) nor the collective subjectivity (which is true for most) but rather an intersubjectivity (which is true for any subject). Because of this intersubjective value, il est évident que not only intensifies the speaker's commitment but systematically indicates the stabilization of the judgment, whether the judgment is a priori or based on a further examination of the situation (a priori / à y regarder de plus près, il est évident que p).
  • III. Chronique