Contenu du sommaire : Travail social : formations et dynamiques identitaires

Revue Pensée Plurielle Mir@bel
Numéro no 17, 2008
Titre du numéro Travail social : formations et dynamiques identitaires
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial - p. 7-8 accès libre
  • La relation à l'autre dans le travail social : sens et enjeux d'une lecture biographique - Sabine Voélin, Ida Dery p. 9-17 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    L'idée qui se trouve à la base de cet exposé est de proposer un modèle possible d'intervention sociale qui articule théorie et pratique à trois niveaux : a) celui d'un cadre théorique propre à aborder les problématiques relationnelles, b) celui d'une approche méthodologique élaborée à partir des concepts convoqués en tant que guides d'action, et c) celui de l'agir. Une situation d'impasse relationnelle exigeant une démarche d'« inter-compréhension » sera présentée à titre d'exemple.
    The basic idea of this account is to propose a possible model of social intervention that would articulate theory and practice at three levels a) the level of a theoretical frame that could tackle relationship problems b) the one of a methodological approach worked out from the concepts taken as action guides and c) the one of action. As an example, a relationship situation in which a dead end has been reached and which requires an “inter-comprehension” move will be presented.
  • Définir, observer et mesurer les forces des parents en travail social - Daniel Turcotte, Marie-Christine Saint-Jacques, Ève Pouliot p. 19-35 accès réservé avec résumé
    Malgré un intérêt croissant pour le concept de force dans la recherche et l'intervention auprès des familles en difficulté, certains problèmes persistent dans les définitions et les instruments élaborés à ce jour afin d'en permettre l'évolution. Dans le but de clarifier le concept de force et d'en raffiner la mesure, le présent article permet d'identifier les principales définitions et instruments retenus dans les recherches sur la question. Il propose ensuite une discussion autour de la méthodologie privilégiée afin d'étudier la connaissance et l'utilisation des forces dans une étude menée sur les pratiques auprès des familles en difficulté.
  • Recherche en collaboration : joindre recherche, formation et pratique - Alice Home p. 37-44 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Dans le contexte actuel, il faut posséder des compétences en intervention et en recherche, afin de pouvoir évaluer et ajuster sa pratique en réponse aux besoins sociaux en constante évolution. Cela exige une formation initiale et continue qui intègre la recherche à l'intervention. Certains obstacles rendent difficile une telle intégration, mais la recherche en collaboration permet de les atténuer. Nous présentons cette approche à l'aide d'un projet portant sur le vécu des mères d'enfants ayant un handicap invisible. Celui-ci a favorisé des apprentissages mutuels qui ne peuvent se réaliser sans certaines conditions de formation, de recherche et de pratique. Nous faisons ressortir ces dernières, tout en identifiant les enjeux qui les rendent de plus en plus difficiles à assurer.
    In the current context, it is necessary to possess competences in intervention and research, in order to be able to evaluate and adjust one's practice in answer to constantly evolving social needs. This requires an initial and continued training that would integrate research to intervention. Some obstacles make such integration difficult, but research in collaboration makes it possible to smooth them away. We will set out this approach thanks to a project on the life experience of the mothers of children with an invisible handicap. This project has favoured mutual learning that can't be achieved without some training, research and practice conditions. We will shed light on these last conditions and identify the stakes that make them more and more difficult to ensure.
  • Réflexions sur une pratique de formation en lien avec des pratiques d'éducation : comment le vécu personnel peut-il fonder une attitude professionnelle ? - Éric Debras, Emmanuel Renard p. 45-54 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Qu'on la nomme relation éducative ou relation d'accompagnement, la relation que l'éducateur spécialisé noue avec le ou les bénéficiaire(s) est une relation de proximité où il se met personnellement en jeu. Cette relation de proximité est un des points d'appui du travail socio-éducatif. C'est aussi le lieu de sa fragilité. Impossible de ne pas investir et se laisser investir dans ce travail. Le premier risque que l'on pointe dans une telle relation est celui de la confusion entre son vécu et celui des bénéficiaires, risque mis en lien avec son investissement personnel dans la relation. À l'autre extrême, la prise de distance professionnelle et le non-investissement personnel dans la relation comportent un autre piège, quand ils conduisent à la perte de contact avec l'autre. Le risque est alors de formater ses interventions d'aide sur des comportements socialement attendus, en ne faisant guère place aux personnes singulières. Nous pensons que, paradoxalement, la construction d'une attitude professionnelle dans la relation d'aide commence par la prise en compte du vécu et des ressentis de l'intervenant. Nous proposons d'expliciter un dispositif de formation utilisable dans les supervisions individuelles ou collectives, qui permet en plusieurs temps à l'étudiant d'élaborer un « juste » positionnement professionnel dans la relation d'aide à autrui. Nous nous arrêterons surtout aux deux premiers temps de ce dispositif, qui font place au vécu et au ressenti personnel de l'étudiant.
    Called educative relation or accompaniment relation, the relation between a teacher of children with learning difficulties and the one(s) who benefit(s) from his/her teaching is a proximity relationship in which he/she is personally put into play. Socioeducational work leans on this proximity relationship. But that is at the same time the very place of its fragility. It is impossible not to put a lot into that work and a lot of oneself.The first risk in such a relationship is to confuse one's own life experience with the one of the people who are taken care of. That risk is linked to the personal investment in the relationship.In the other extreme, professional distance and non-investment in the relationship has another trap when it leads to the loss of contact with the other. The risk is to format one's help interventions on socially expected behaviours without any place for the individual person.We think that, paradoxically, the building of a professional attitude in the help relationship begins by taking into account the intervener's life experience and feeling.We propose to clarify a training device which can be used for individual or collective supervisions and which makes it possible for the student to work out in different stages an “appropriate” professional positioning in the help relationship. We will especially take time to explain the first two steps of that device which make space for the student's life experience and feeling.
  • Les contributions de la formation à la structuration du travail social communautaire au Québec - Yvan Comeau, Martine Duperre, Yves Hurtubise, Clément Mercier, Daniel Turcotte p. 55-66 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article rend compte des résultats d'une enquête permettant de situer l'influence spécifique de la formation sur la structuration du travail social communautaire (ou organisation communautaire). La structuration de l'organisation communautaire prend deux formes : transformation (le changement d'une pratique dans le temps) et différenciation (contraste de la pratique dans deux organisations différentes). L'article montre que la transformation et la différenciation résultent, d'une part, des phénomènes structurels (réalignement des politiques et des programmes publics, caractéristiques de l'établissement-employeur et offre de formation, pour ne citer que ceux-là), et d'autre part, des phénomènes réflexifs, dont la formation.
    This article gives account of the results of a survey that makes it possible to situate the specific influence of training on the structuring of community social work (or social organization). Structuring of community organization has two forms: transformation (change of a practice with time) and differentiation (contrast of practice in two different organizations). The article shows that transformation and differentiation come from structural phenomena on the one hand (realigning of the public policies and programmes, characteristics of the employing establishment and training offer, to mention only these examples), and on the other hand, reflexive phenomena, among others training.
  • Crédit et discrédit croisés des « savoirs théoriques » et des « savoirs de terrain » chez de jeunes travailleurs sociaux - Jean-François Gaspar p. 67-83 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Évoquant leur formation, de jeunes travailleurs sociaux mobilisent des schèmes d'opposition et d'adhésion aux « savoirs théoriques » et aux « savoirs de terrain » (i.e. savoirs pratiques). Certains indiquent beaucoup apprendre des usagers : ils se sentent « faits » pour le métier et trouvent « en eux » les savoirs que la pratique révèle. À l'opposé, d'autres insistent sur tout ce qu'ils doivent à la formation scolaire et sur les capacités acquises et certifiées par le diplôme obtenu. D'autres enfin se servent des savoirs scolaires pour installer la raison comme pare-choc à ce qu'ils « ressentent » sur le terrain. Quels sont, alors, les indicateurs sociaux qui permettent de mettre en lumière ces différents types de rapports aux savoirs ? Comment s'opère le partage (sur quels objets ?) entre ce qui est dicible (comment le langage est-il mobilisé pour en rendre compte ?) et ce qui l'est peu (comment le corps est-il convoqué pour l'évoquer ?) ? Quelle place, quel crédit sont assignés à l'école sociale, aux institutions sociales et aux usagers ? Il s'agira ici de s'interroger sur les principes de variation dans les rapports aux savoirs et d'indiquer comment ces rapports jouent un rôle essentiel dans l'économie générale de ces jeunes travailleurs sociaux.
    When they have it about their training, young social workers resort on schemes of opposition and support to “theoretical knowledge” and “field knowledge” (i.e. practical knowledge). Some of them say they learn a lot from the users: they feel they are “made” for that job and find “in themselves” knowledge that practice reveals. On the opposite side, others emphasize what they owe to their school training and the acquired skills and qualifications. Finally others use the school knowledge to give reason the role of a bumper against what they “feel” on the field. What are then the social indicators that make it possible to shed light on these different types of relation to knowledge? How does the sharing take place (on which objects?) between what is possible to say (how language is mobilized to give account of that?) and what is not really (how is the body invited to evoke it?)? Which place, which credit is assigned to social school, social institutions and users? We will here think about the variation principles in the relation to knowledge and notice how these relations play an essential role in the general economy of these young social workers.
  • Formation sans/cent contenus. Balises pour un dispositif « sur-mesure » de formation continue pour un travail sur l'identité professionnelle - Marianne Block, Simone Cremer, Audrey Boulanger, Ophélie Léonard, Marie Maréchal, Nadine Maréchal, Séverine Thyssen, Caroline Verlaine p. 85-92 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Cette communication concerne un travail de deux ans mené, en formation continuée, avec un groupe de huit professionnels de différents secteurs sociaux, diplômés au cours des sept dernières années. Le cadre de ce travail est celui de l'École Supérieure d'Action Sociale (E.S.A.S.), une école de formation initiale des assistants sociaux (A.S.) ; à ce titre, la question de « quel A.S. formons-nous ? » est centrale.Deux axes particuliers guident le propos, qui vise à rendre compte et analyser cette pratique de formation : celui de l'identité professionnelle et celui du dispositif de formation mis en place. Deux convictions, formulées sous forme d'hypothèses, ont en effet sous-tendu la démarche : 1) L'identité professionnelle n'est pas donnée, acquise une fois pour toutes à la sortie des études. Le « malaise identitaire » prend une importance et une coloration particulières dans les premières années d'activité professionnelle. 2) Pour travailler cette question, un espace de parole, de réflexion et d'analyse a été proposé, permettant d'articuler une démarche individuelle (« moi », en situation professionnelle) et une démarche collective (« nous », assistants sociaux). La question qui tisse le travail est « qui suis-je quand je fais A.S. ? » « Qui sommes-nous quand nous faisons A.S. ? »Garantes du cadre et des règles, ni expertes ni animatrices, les auteurs essaient, dans leur position de tiers, de proposer, tout au long du processus, un dispositif et de tracer un chemin, qui permettent de dépasser un discours « prêt-à-porter » pour aborder « l'A.S. que je ne veux pas être, l'A.S. que je veux être et l'A.S. que je suis ». Ce dispositif ne s'appuie pas sur des stratégies de formation à propos desquelles des connaissances théoriques et empiriques ont été publiées, il a été construit en fonction du vécu et de l'histoire particulière du groupe, progressivement bricolé, dans une formation que les participantes ont nommée « formation sans/cent contenus ». Les auteurs tentent de formaliser ce dispositif particulier et de l'analyser en lien avec l'objectif du groupe : un travail sur l'identité professionnelle.
    Our communication is about work that lasted two years, in continued training, with a team of eight professionals from different social sectors graduated in the last seven years. The work frame is École Supérieure d'Action Sociale (ESAS), a school of initial training of social workers (A.S. = assistant social). Here, the question “which A.S. do we train?” is central.Two particular axes will guide our remarks to give an account and analyze that training practice: the one of professional identity and the one of the set up training device. Two convictions, which we will present in the form of hypotheses, have underlain our processesProfessional identity is not given, acquired once and for all at the end of the studies. The “identity disquiet” takes a particular importance and colour in the first years of professional activity.To work on that issue, we proposed a speaking, reflection and analysis area that makes it possible to articulate an individual approach (“I”, in a professional situation) and a collective approach (“we”, social workers)The question that weaves the work is “who am I when I study for A.S.?”; “who are we when we study for A.S.?”Guarantors for frame and rules, not experts nor leaders, we tried, as third party, to propose a device all along the process and to draw a path that makes it possible to go beyond an “off-the-peg” discourse to tackle “the A.S. I don't want to be, the A.S. I want to be and the A.S. I am.”We didn't want to lean that device on training strategies about which th-eoretical and empirical knowledge has been published. We built it in function of the life experience and the particular story of the group, progressively tinkered, in a training that the participants called “formation sans/cent contenus” [a pun meaning literally “training without/with hundred contents”]We tried to formalize that particular device and to analyze it in a link with the aim of the group: work on professional identity.
  • La place des expressions créatrices dans la formation des travailleurs sociaux - Claire Walthéry p. 93-100 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article traite de l'état de la réflexion menée par un groupe de travail initié par l'association Culture et Démocratie (www.cdkd.be). Des enseignants de plusieurs écoles sociales, des travailleurs sociaux et culturels et des artistes se penchent ensemble sur la question de la place des expressions créatrices dans la formation des travailleurs sociaux. Notre réflexion est volontairement transversale. Elle porte sur les rapports entre le travail social, la culture et l'art. Le fil rouge de cette intervention est celui de la créativité, qui nous semble le chemin qui conduit à une sensibilité à la culture.
    This article has it about the state of reflection lead by a workgroup initiated by the association “Culture et Démocratie” (www.cdkd.be). Teachers of several social schools, social and cultural workers as well as artists are together looking into the question of the place of creating expressions in the training of social workers.Our reflection is voluntarily transversal. It is on the relation between social work, culture and art. The thread of this intervention is the one of creativity that seems to us the path to sensibility to culture.
  • Universités et formations au social : une nouvelle donne en France ? - Marc Fourdrignier p. 101-111 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Ce texte part du constat que l'on observe aujourd'hui des proximités de plus en plus fortes entre le système universitaire français et les formations du social (licences professionnelles, masters...). Pour donner sens à cette tendance la seule référence au processus LMD n'est pas suffisante. L'auteur, dans une perspective socio-historique, s'efforce de montrer comment cette relation a été rendue possible au fil du temps. De cette nouvelle donne résultent différents enjeux qui concernent l'ensemble des acteurs du champ social.
    This text starts by noticing that the French university system and the social trainings (professional degrees, masters...) are getting closer and closer. Giving a meaning to this trend thanks to the LMD [these letters stands for Licence-Master-Doctorat, French for Bachelor's degree-Master-Doctorate] process only is not enough. The writer, in sociohistorical prospect, has tried to show how this relationship has been made possible with the passing time. This new order brings several stakes that concern all the actors of the social field.
  • Accompagnement et transaction : une modélisation théorique - Jean Foucart p. 113-134 accès réservé avec résumé
    L'accompagnement est devenu, au cours des dernières années, une notion traversant l'ensemble de la vie sociale. Non seulement, il caractérise une nouvelle définition de la relation d'aide, mais aussi de multiples pratiques, qui apparemment n'ont aucun point commun : telle grande sportive a besoin d'un accompagnateur ou coach, telle école met en place un système de parrainage afin de faciliter l'intégration des nouveaux entrants, des prêtres définissent certains aspects de leur ministère en termes d'accompagnement spirituel... L'émergence et la diffusion de cette notion s'inscrivent dans le passage d'un modèle sociétal à un modèle de fluidité sociale. La construction d'un vivre ensemble devient un enjeu prioritaire. Nous essayerons, dans ce texte, de cerner cette notion et de la problématiser dans une perspective sociologique.
  • Trop de gestion tue le social. Essai sur une discrète chalandisation - Michel Chauvière p. 135-138 accès réservé
  • Paroles diverses

    • Les associations écologiques en Tunisie : lacunes, obstacles et défis. Étude sur l'impact de la société civile dans le monde arabe - Abdmouleh Ridha p. 139-157 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Les associations environnementales locales ne jouissent pas d'une grande popularité auprès du public. L'approche distante, le manque d'implication dans le quotidien de la population, les actions conjoncturelles et limitées, la tendance vers la bureaucratie, l'élitisme et le sectarisme sont autant de facteurs qui justifient le mécontentement du public à l'égard de ces associations. À cela s'ajoute leur rapport ambigu avec le pouvoir politique, qui donne l'impression que l'action associative est dépourvue d'autonomie et d'efficacité, et incapable de concrétiser sa spécificité. L'idée importante est que les critiques et le mécontentement manifestés par le public expriment moins une mise en question de ces associations qu'une prise de conscience des enjeux écologiques accompagnés d'un désir et d'une volonté d'adhésion à cet élan collectif ainsi qu'une attente quelquefois exagérée envers ces instances. Vues ainsi, les critiques à l'encontre de ces associations traduisent une véritable demande sociale adressée à ces instances et une incapacité de ces dernières à y faire face. Un tel constat montre le décalage entre la légitimité juridique dont ces associations bénéficient et leur légitimité sociale qui reflète leur manque d'enracinement dans la réalité sociale et culturelle du pays.
      It's inevitable to note that local environmental associations do not have a big popularity. The distant approach towards population, the lack of involvement in the daily life of people, circumstantial and limited actions, tendency to bureaucracy, elitism and sectarianism are factors that justify the public's dissatisfaction with regard to these associations. Added to that, it's ambiguous and not enough distant relation from the political power, which gives the feeling that these associations are deprived of their autonomy and effectiveness. What matters is that this criticism and this dissatisfaction express not only putting these associations' ecological stake and desire and willingness to (participate) take part in this collective and especially associative elk. From that point, critics against these associations express a real social request addressed to these authorities and shows the inability of them to answer is such a report shows the gap between the legal legitimacy the associations are benefiting from and their social legitimacy which reflects that they are not well rooted in their country's social and cultural realty.
  • Recensions - p. 159-160 accès réservé