Contenu du sommaire : Contemporary Nigerian Literature

Revue Etudes anglaises Mir@bel
Numéro vol. 75, no 2, avril-juin 2022
Titre du numéro Contemporary Nigerian Literature
Texte intégral en ligne Accès réservé
  • Articles

    • Introduction. Contemporary Nigerian Literature in English: An Orchestra of Pluralities - Vanessa Guignery p. 131-146 accès réservé
    • Contemporary Nigerian Literature, Literary Activism and Networks of Production in the Twenty-First Century - Madhu Krishnan p. 147-157 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis le début du troisième millénaire, l'essor de la « nouvelle littérature nigériane » a inspiré de nombreux numéros spéciaux, y compris dans des revues réputées comme English in Africa et Research in African Literatures, et a contribué à la célébrité d'auteurs tels qu'Adichie, Abani, Habila et Adebayo érigés au rang de représentants de cette nouvelle génération. Dans le même temps, les chercheurs se sont relativement peu intéressés aux continuités et aux réseaux de production qui permettent de relier cette nouvelle littérature nigériane mondialement reconnue aux histoires plus anciennes de l'écriture militante et de la culture de l'imprimé au Nigéria. Dans cet essai, je tente d'établir certains de ces liens, en explorant les relations entre les écologies littéraires dites « locales » et leurs équivalents mondiaux mieux connus. Je me concentre dans un dernier temps sur une étude de cas : le magazine Farafina, lancé en tant que publication numérique en 2004 et qui a publié seize numéros imprimés de 2005 à 2009. Mon objectif est ici double. Il s'agit d'une part de repérer les réseaux d'influences et de pratiques qui, de façon multilatérale, opèrent à travers ces échelles imbriquées de production littéraire, et ce, d'une manière qui dépasse le modèle centre-périphérie des littératures mondiales sans pourtant y échapper complètement. D'autre part, il s'agit d'éclairer les réseaux, arcs et axes formels et esthétiques qui s'en dégagent.
      Since the turn of the millennium the boom of “new Nigerian writing” has inspired multiple special issues, including of prominent journals like English in Africa and Research in African Literatures, and has contributed to the celebrity status of authors such as Adichie, Abani, Habila and Adebayo as representatives of this new generation. At the same time, comparatively little attention has been paid to the continuities and networks of production which span this globally-consecrated body of new Nigerian writing with the longer histories of literary activism and print cultures in Nigeria. In this essay, I attempt to draw out some of these connections, exploring the inter-relationality between so-called “local” literary ecologies and their more prominent global counterparts. I focus in the final section on one case study: the magazine Farafina, which began its life as a digital publication in 2004 before publishing sixteen print issues from 2005 to 2009. Here, my interest is twofold: first, to trace the multilateral networks of influence and practice which operate across these interlocking scales of literary production, in a manner which exceeds without escaping the centre-periphery model of world literatures; and second, to foreground the formal and aesthetic networks, arcs and axes which emerge through this.
    • Male Waithood and Radical Transformation in A. Igoni Barrett's Blackass - Moradewun Adejunmobi p. 158-174 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      S'inspirant des nombreux travaux de recherche portant sur la transition de l'enfance à l'âge adulte d'un point de vue social en Afrique, cet article se penche sur le roman Blackass (2015) d'Igoni Barrett afin d'analyser les réactions au retardement du passage à l'âge adulte dans une population africaine dont la mobilité sociale est orientée vers le bas. Il examine la façon dont les diverses dispositions comprises dans le concept de « waithood » (ou état d'attente) identifiées par les chercheurs, telles que l'attente, l'espoir, l'arnaque et la prise de risque, entre autres, se manifestent dans le roman de Barrett. La transformation soudaine du protagoniste masculin en homme blanc est lue ici comme la métaphore d'une condition désormais courante du sujet postcolonial : le désir d'un certain type de transformation rapide et radicale comme solution à l'état d'attente. Bien que le privilège blanc soit certainement un thème central dans Blackass, l'article propose d'interpréter ce roman comme une exploration des types de transformations soudaines qui pourraient être embrassées et célébrées par les jeunes Africains qui se trouvent dans un état d'attente. Le roman étudie également les divers effets produits par les formes de transformation radicale que cette population considère comme un moyen de sortir de l'état d'attente.
      Drawing from the wide-ranging scholarship on the transition between social childhood and adulthood in Africa, this article analyzes Igoni Barrett's novel Blackass (2015) as a reflection of responses to delayed adulthood in a downwardly mobile African population. It examines how the diverse dispositions implicated in waithood identified by scholars, such as waiting, hoping, hustling, and risk-taking, among others, are manifested in Barrett's novel. The sudden whiteness that the novel's male protagonist undergoes is read here as a metaphor for a now common condition of the postcolonial subject: the desire for a certain kind of rapid and radical transformation as a solution to waithood. Although white privilege is certainly a theme in Blackass, the paper advocates for interpreting this novel as an exploration of the kinds of sudden transformations that might be embraced and celebrated by African youth currently experiencing waithood. The novel can also be read as an examination of the varied outcomes of the forms of radical transformation that this population views as a way out of waithood.
    • Visibilizing “Those Who Have No Part”: LGBTQIA+ Representation in Contemporary Nigerian Fiction in English - Cédric Courtois p. 175-191 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Dans cet article, je propose d'analyser la manière dont plusieurs romans nigérians contemporains écrits en anglais proposent une réflexion autour des questions et des droits des personnes LGBTQIA+, et d'examiner la politique de la littérature qu'ils mettent en place afin de donner aux « sans-part » (les personnages LGBTQIA+) une plus grande visibilité dans une société hétéronormative et homophobe. Les concepts développés par Jacques Rancière (« le partage du sensible », « le dissensus ») et Sara Ahmed (« obstination ») nous permettent de montrer comment ces personnages se positionnent comme « dissensuels » (Rancière). Ce « dissensus » conduit à l'émergence et au développement de récits longtemps réduits au silence. Je montre en quoi ces romans mettent d'abord en avant les processus de marginalisation et de discipline des personnages LGBTQIA+ décrits comme « monstrueux », avant d'expliquer qu'ils constituent une « archive de l'obstination ». Enfin, en accordant une place centrale aux personnages LGBTQIA+, les écrivain·e·s nigérian·e·s s'engagent dans une forme d'activisme, lequel pour certain·e·s d'entre eux est également lié à une approche décoloniale du genre par laquelle ils se « délient » de « la colonialité du genre » afin de libérer les corps queer nigérians.
      In this paper, I propose to analyze the ways in which several contemporary Nigerian novels written in English reflect upon LGBTQIA+ issues and rights, and to examine the politics of literature that they articulate in order to give “those who have no part” (LGBTQIA+ characters) a greater visibility in a heteronormative and homophobic society. The concepts developed by Jacques Rancière (“the distribution of the sensible,” “dissensus”) and Sara Ahmed (“willfulness”) enable us to show how these characters position themselves as “dissensual” (Rancière). This “dissensus” leads to the emergence and development of narratives that have long been silenced. I will show in what ways these novels first foreground the marginalization and taming of the “monstrous” LGBTQIA+ characters, before explaining that taken together, they constitute a “willfulness archive.” Finally, by giving a central place to LGBTQIA+ characters, Nigerian writers engage in a form of activism, which for some of them is also linked to a decolonial approach to gender whereby they “delink” from “the coloniality of gender,” in order to liberate Nigerian queer bodies.
    • Unruly Stories: Opening up to History in Helon Habila's Travelers - Eleni Coundouriotis p. 192-208 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Dans son roman Travelers, Helon Habila propose le terme de « voyageurs » au lieu de réfugié, demandeur d'asile, migrant ou exilé, afin de se désengager des récits qui accompagnent habituellement ces termes. Constatant que les identités créées par la crise migratoire européenne des années 2010 ont occulté les raisons de la mobilité accrue des Africains durant cette période, Habila met en scène dans son roman des rencontres qui renouvellent sans cesse les possibilités pour les voyageurs de raconter les raisons de leur fuite. Les caractéristiques formelles du roman – récits imbriqués, temporalités multiples et tournants imprévisibles – renforcent son éclairage historique en invitant à examiner de plus près la relation entre migration et récit de vie. Le protagoniste anonyme est investi dans l'étude formelle de l'histoire, mais il vit aussi l'histoire alors qu'il se laisse envahir par l'expérience des réfugiés, renonçant à la sécurité de son propre statut légal. Habila met en évidence le potentiel transformateur du récit mais il aborde également de manière ironique les pouvoirs de transformation supposés de l'identification empathique. En proposant un retour en Afrique et un réengagement dans la vie ordinaire du continent, Habila utilise la fin du roman pour proposer un geste décolonial : ouvrir l'avenir en tournant le dos à l'Europe.
      In his novel Travelers, Helon Habila proposes “travelers” instead of the terms refugee, asylum seeker, migrant, or exile in order to unscript the typical narratives that accompany these terms. Finding that the identities created by the European refugee crisis of the 2010s obfuscated the reasons for Africans' heightened mobility during this period, Habila stages encounters in his novel that repeatedly renew travelers' opportunities to narrate the reasons for their flight. The novel's formal features—nesting stories, multiple temporalities, and unpredictable turns—enhance its historical insights by inviting closer scrutiny of the relationship between migration and life story. The unnamed protagonist is invested in the formal study of history but also lives history as he gets sucked into the refugee experience, relinquishing the safety of his own legal status. Habila conveys the transformative power of story but also treats ironically the assumed transformative powers of empathic identification. Positing a return to Africa and reengagement with ordinary life on the continent, Habila uses the novel's ending to make a decolonial gesture: opening the future by turning a back to Europe.
    • The Ecopoetics of Flooding in Contemporary Nigeria - Sule Emmanuel Egya p. 209-225 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Les inondations sont un drame récurrent au Nigéria à l'époque contemporaine. Elles sont, dans la plupart des cas, fatales, et leurs victimes tant humaines que non-humaines. La réalité physique des inondations nourrit un imaginaire culturel qui a donné naissance à un courant de l'écopoétique invitant à une attention critique, et c'est dans ce cadre que s'inscrit cet article. L'écopoétique des inondations, concept central ici, étudie la manière dont les poètes nigérians exploitent les forces métaphoriques de la poésie pour représenter les ravages des inondations et déploient leur art poétique au service de l'écosystème. Cette représentation se caractérise par une proximité esthétique entre le sort des humains et celui des non-humains, victimes d'une catastrophe écologique inscrite dans des relations de pouvoir. Elle démontre en outre le positionnement idéologique des poètes contre les institutions du pouvoir, accusées de négliger l'environnement. S'appuyant sur des théories issues de la poétique africaine, de l'écocritique postcoloniale et de l'écologie politique urbaine, l'article se penche sur une sélection de poèmes afin de mettre en évidence le rôle de la poésie dans les débats contemporains sur les crises écologiques au Nigéria. L'étude entend ainsi contribuer à l'analyse du dialogue entre littérature et société en contexte postcolonial, où les formes artistiques sont mobilisées à des fins de justice éco-sociale.
      Flooding is a recurrent crisis in contemporary Nigeria. In most cases, the incidents are severe and fatal to humans and nonhumans. Flooding as a physical reality and as a cultural imaginary is generating a strand of ecopoetics that invites a critical attention, which is the concern of this article. The ecopoetics of flooding, as a central concept here, examines the ways in which Nigerian poets harness the metaphorical strengths of poetics to represent the incidents of flooding, and by so doing deploy their poetic craft to serve the ecosystem. The representation is characterized by an aesthetic proximity that brings the fate of humans and that of nonhumans together in an ecological disaster underlined by power relations. It is also marked by the poets' ideological stance against institutional powers that are indicted for neglecting the environment. Grounded in theoretical ideas from African poetics, postcolonial ecocriticism, and urban political ecology, the article reads a selection of poems to argue for the role of poetry in contemporary debates about ecological crises in Nigeria. The study hopes to further deepen the conversation between literature and society in a postcolonial setting that harnesses art forms to pursue eco-social justice.
    • Paranoid Messiahs: The Military in Wole Soyinka's Later Satirical Drama - Isidore Diala p. 226-242 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article examine les mécanismes satiriques déployés par Wole Soyinka dans les portraits qu'il dresse des dirigeants militaires dans trois pièces tardives, A Play of Giants, From Zia, With Love, et King Baabu, qui viennent en complément de son militantisme social. À rebours du mythe militaire des soldats en tant que messies dans l'arène de la politique africaine/nigériane gangrénée par la corruption des hommes politiques, Soyinka les présente plutôt comme des paranoïaques puissants mais intellectuellement déficients, dont l'illusion d'utilité publique est en réalité une excuse pour laisser libre cours à leur mégalomanie et à leur brutalité. Dépeignant l'autoritarisme militaire comme rétrograde et intrinsèquement contraire à l'esprit démocratique, le dramaturge montre à quel point l'héritage tenace des régimes militaires continue de saper l'incarnation nigériane de la démocratie. Provoquant une répulsion morale du public devant les actions de ses personnages centraux, Soyinka exploite souvent le rire comme catalyseur de la transformation sociale.
      This article examines the satirical mechanisms in Wole Soyinka's portraits of military rulers in three later satires, A Play of Giants, From Zia, With Love, and King Baabu, as complementary to his social activism. Debunking the military-spun myth of soldiers as messiahs in the arena of African/Nigerian politics traduced by the corruption of politicians, Soyinka stages them instead as powerful but intellectually deficient paranoiacs whose delusion of public purpose is in reality an excuse for megalomania and brutality. Foregrounding military authoritarianism as retrogressive and inherently antagonistic to the democratic spirit, the playwright shows how the enduring legacies of military rule continue to undermine the Nigerian incarnation of democracy. By provoking moral revulsion through the action of his focal characters, Soyinka typically exploits laughter in the satires to catalyze social transformation.
  • Comptes rendus