Contenu du sommaire : Travail et reconnaissance au prisme de l'utilité sociale
Revue | Sociologie du travail |
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Numéro | vol. 64, no 1-2, janvier-juin 2022 |
Titre du numéro | Travail et reconnaissance au prisme de l'utilité sociale |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Travail et reconnaissance au prisme de l'utilité sociale
- Travail et reconnaissance au prisme de l'utilité sociale. Introduction - Odile Join-Lambert, Pascal Ughetto, Laure de Verdalle La pandémie de Covid-19 et les confinements imposés à leur population par de nombreux gouvernements ont donné une nouvelle actualité au débat sur la reconnaissance de ce que les différentes activités professionnelles apportent à la société. C'est notamment le cas de celles qui se sont vues qualifiées d'« essentielles » alors que d'ordinaire elles ne bénéficient pas d'une telle appréciation. La reconnaissance de l'utilité sociale des activités professionnelles est une question qui traverse de nombreuses disciplines, au-delà du contexte bien particulier créé par la situation sanitaire. Cette introduction rend compte des choix de constitution du dossier-débat que notre revue a consacré à ce sujet, en réunissant des contributions issues du droit, de l'économie, de l'histoire, de la philosophie, de la psychologie du travail et de la sociologie. Nous mettons d'abord en évidence la manière différente dont les auteurs et autrices ici rassemblées se saisissent des concepts de reconnaissance et d'utilité sociale, en les articulant aux enjeux propres à leur discipline ainsi qu'aux traditions théoriques dans lesquelles ils et elles s'inscrivent. Nous identifions ensuite plusieurs points saillants permettant de faire dialoguer ces contributions. Le care et l'appréciation de la valeur se dégagent ainsi comme deux thèmes communs, sans nécessairement donner lieu à des définitions ou analyses partagées. Une autre question à résoudre est celle de la valeur spécifique des activités de service public au regard de leur apport au bien-être social. Bien qu'inégalement présentes dans les différents textes, les mobilisations pour la reconnaissance émergent enfin comme un enjeu à prendre en compte.The COVID-19 pandemic and the various lockdowns that many governments imposed on their populations gave new relevance to the debate on the recognition of the contribution of different professional activities to society. This is particularly the case for those activities that have been described as “essential” when they do not normally benefit from such an evaluation. The recognition of the social utility of professional activities cuts across many disciplines, beyond the very specific context created by the health situation. This introduction explains the choices made when putting together an issue on this subject, bringing together contributions from law, economics, history, philosophy, work psychology and sociology. We first highlight the different ways in which the authors take up the concepts of recognition and social utility, by articulating them with the traditions specific to their discipline and to the theoretical perspectives in which they position themselves. We then identify several salient points that allow these contributions to be brought into dialogue. Care and the evaluation emerge as two common themes, without necessarily giving rise to shared definitions or analyses. Another question to be resolved is that of the specific value of public service activities in terms of their contribution to social welfare. Although unevenly present in the different texts, mobilizations for recognition finally emerge as an aspect that needs to be addressed.
- Quel fondement pour la reconnaissance des travailleurs essentiels ? - Dominique Méda Dans un premier temps, l'article présente les différentes tentatives de catégorisation qui ont été utilisées en France et dans d'autres pays pour décrire et définir les travailleuses et travailleurs qui ont continué à occuper leur poste en contact avec le public ou avec leurs collègues pendant le premier confinement. Dans tous les pays considérés, cette situation exceptionnelle a mis en évidence l'importance d'un large groupe assurant des fonctions vitales pour la continuité de la vie sociale mais présentant systématiquement des conditions de travail et d'emploi beaucoup moins favorables que la moyenne. L'article s'interroge alors sur l'absence de corrélation entre l'utilité sociale et la reconnaissance — en particulier salariale — en s'intéressant aux justifications traditionnelles de la faible rémunération de certaines catégories sociales ainsi qu'aux critiques de celle-ci. Si la reconnaissance de celles et ceux qui contribuent le plus à l'utilité est si difficile à obtenir, c'est peut-être parce que nous ne disposons pas d'une définition consensuelle de cette notion : une révision des catégories économiques que nous mobilisons quotidiennement s'impose sans doute pour lui donner une assise solide.The article first presents the different categories used in France and other countries to describe and define the workers who continued to do their jobs in contact with the public or with their colleagues during the first confinement. In all the countries considered, this exceptional situation highlighted the importance of a large group performing functions vital to the continuity of social life while systematically presenting much less favourable working and employment conditions than the average. The article then examines the lack of correlation between social utility and recognition — particularly in terms of pay — by looking at the traditional justifications for the low pay of certain social categories and at how this was criticised. If it is so difficult to gain recognition for those who contribute most to utility, it is perhaps because we do not have a consensual definition of this notion: in order to give it a solid foundation, a revision of the economic categories that we mobilise on a daily basis is undoubtedly necessary.
- Développement anthropogénétique et reconnaissance de l'utilité sociale du travail - Robert Boyer La célébration des héros de la lutte contre la pandémie marque-t-elle la reconnaissance de l'utilité sociale, ou encore de l'utilité commune, comme fondement de la hiérarchie des rémunérations ? Le déclassement du travail dans la santé et l'éducation est le résultat de l'internationalisation, de la déréglementation et de la financiarisation, stratégies poursuivies en France par les gouvernements depuis plus de deux décennies et que les mouvements sociaux ne sont pas parvenus à bloquer. La Covid-19 révèle le sous-investissement dans les équipements et les compétences du secteur de la santé, ce que l'abondance de crédit public consécutif à la sortie de la crise économique de 2008 aurait permis de surmonter. En fait, depuis la Seconde Guerre mondiale, silencieusement, émerge un mode de développement original fondé sur la production de l'humain par le travail dans la santé, l'éducation et la culture. Ce mode anthropogénétique gagnerait à être reconnu comme tel et pourrait devenir l'enjeu d'un débat citoyen. Son épanouissement suppose que les États-Nations puissent discipliner tant l'internationalisation que la financiarisation. Cette histoire n'est pas encore écrite.Does the celebration of the heroes of the fight against the pandemic mean recognising social utility, or even common utility, as the basis of the pay hierarchy? The downgrading of work in health and education is the result of internationalization, deregulation and the domination of finance, strategies that have been pursued in France by governments for more than two decades and that social movements have not managed to block. COVID-19 reveals the underinvestment in the equipment and skills of the health sector, which the abundance of public credit would have made it possible to overcome, following the exit from the economic crisis of 2008. In fact, since the Second World War, an original mode of development has silently emerged, based on human beings production through work in health, education and culture. This anthropogenetic model would benefit from being recognized as such, and could (and should) be debated by citizens. Its development presupposes that the nation-states can discipline globalization and curb the power of finance. This story has yet to be written.
- Estimer le travail inestimable. La reconnaissance de ce qui compte pour vivre une vie vivable - Pascale Molinier Cet article interroge les relations entre visibilité et reconnaissance du travail à partir de la situation des soignant·es durant la pandémie de la Covid-19. L'autrice s'appuie sur la théorie de la reconnaissance en psychodynamique du travail (jugements d'utilité et de beauté) pour montrer< que celle-ci a peu à voir avec le visible, mais plutôt avec la possibilité de dire le travail, ce qui implique d'être entendu. Aussi propose-t-elle de privilégier la voix comme vecteur politique d'une reconnaissance démocratique du travail de soin dans ses dimensions inestimables. Ceci impliquerait une reconnaissance de la vulnérabilité comme condition partagée de tous les humains.This article questions the relationships between visibility and recognition of work, starting from the situation of caregivers during the COVID-19 pandemic. It is based on the theory of recognition in the psychodynamics of work (judgments of usefulness and beauty) to show that recognition has little to do with the visible, but rather with the possibility of saying the work, which implies being heard. The author therefore proposes to privilege voice as a political vector of the democratic recognition of care work in all its invaluable dimensions. This implies a recognition of vulnerability as a shared condition of all humans.
- L'insaisissable reconnaissance juridique de l'utilité sociale du travail - Jean-Yves Kerbourc'h Le droit du travail consacre la reconnaissance de la personne du salarié au travail (santé, sécurité, qualité de vie au travail, non-discrimination, etc.), beaucoup plus rarement l'utilité sociale du travail. Reconnaître cette utilité suppose que le législateur décide que les tâches accomplies par le travailleur présentent un intérêt général qui transcende l'objet du contrat de travail. Quand c'est le cas, deux procédés sont utilisés. En premier lieu le législateur peut assujettir les activités ou les personnes à un statut spécifique. C'est ainsi que dans le secteur public les agents publics sont investis d'une mission de service public. Dans le secteur privé, les salariés qui exercent un mandat de représentant du personnel bénéficient d'une protection censée garantir leur indépendance vis-à-vis de l'employeur car les fonctions électives ou désignatives présentent une utilité sociale distincte des tâches productives accomplies. Pour les mêmes raisons, d'autres activités sont soumises aux règles de codes de déontologie qui préservent l'utilité sociale du travail des professionnels concernés. En deuxième lieu, la reconnaissance de l'utilité sociale du travail peut conduire le législateur à conférer un statut particulier à l'entreprise dans laquelle les tâches sont accomplies. C'est le cas des administrations. Plus récemment le législateur a admis que les activités de certaines entreprises puissent accéder à une telle reconnaissance, notamment celles relevant du champ de l'économie sociale et solidaire et du champ des sociétés dites à mission.Labour law establishes recognition of the person of the employee at work (health, safety, quality of life at work, non-discrimination, etc.) but not the social usefulness of work.Recognizing this usefulness supposes that the legislator decides that the work performed by the worker presents a general interest which transcends the subject of the employment contract. When this is the case, two methods are used. With the first, the legislator can make certain activities or persons subject to a specific statute. This is the case in the public sector where the workers have a public service mission. In the private sector, employee representatives have special protection in order to guarantee their independence, as elective functions have a social utility which differs from productive work. In addition, some activities are governed by codes of ethics which preserve the social utility of the work. The second method consists of recognizing the social usefulness of the work: the legislator grants special status to the company. This is always the case for public administrations. More recently, the legislator has accepted that the activity of certain companies can give access to such recognition, in particular those falling within the field of the social and solidarity economy and the field of “entreprises à mission” (companies whose environmental, social or societal goals are set out in their articles of association).
- Du sucre, des robes, de la sueur et des larmes. Une approche historique de l'éthique de l'achat - Marie-Emmanuelle Chessel Depuis deux siècles, des consommateurs et des consommatrices considèrent qu'ils et elles peuvent intervenir dans le monde du travail et discuter des conditions sanitaires et sociales dans lesquelles les biens et les services sont produits. Au nom de leur rôle sur le marché, ils et elles s'interrogent sur l'utilité publique de l'acte d'achat et sur leur propre responsabilité vis-à-vis du monde du travail. L'article s'intéresse d'abord à l'invention du pouvoir des acheteurs au XIXe siècle, au sein de mouvements de lutte contre l'esclavage puis de ligues de consommateurs, aux États-Unis puis en Europe. Il questionne ensuite la manière dont s'effectue le passage entre les devoirs des consommateurs et le droit du travail, en prenant appui sur le cas des catholiques sociaux en France.For the past two centuries, consumers have considered themselves to have a certain influence over the world of labour and workplace health and safety and to be able to negotiate the labour conditions under which goods and services are produced. As market actors, they have sought to understand the social value of the act of purchasing and their responsibilities toward workers. This article first looks at the emergence of consumer power in the nineteenth century, through anti-slavery movements and then consumers' leagues, in the United States and later in Europe. It then explores how consumer duties and responsibilities came to shape labour law, as illustrated by the social reform efforts of ‘social Catholics' in France.
- L'utilité sociale contre le travail. Leçons du travail gratuit et de ses luttes - Maud Simonet Comme l'ont mis en lumière les conflits autour du travail gratuit, bénévole et domestique, qui se sont déroulés pendant le confinement lié à la pandémie du Covid-19, tout ce qui contribue à la société est loin d'être défini comme travail et tou·tes les contributrices et contributeurs ne sont pas également perçu·es comme des travailleuses et des travailleurs. En revenant sur la dimension normative de cette notion d'utilité sociale et les rapports sociaux qui la structurent, on se propose de mettre en lumière la relation ambivalente que ce critère de reconnaissance des activités, mais aussi des personnes, entretient avec la notion de travail. L'utilité sociale n'est pas juste un critère possible parmi d'autres pour évaluer et hiérarchiser objectivement la valeur des métiers, et ainsi améliorer la reconnaissance du travail et par le travail. Elle est aussi un opérateur de la méconnaissance du travail comme travail, à travers l'institutionnalisation et la valorisation de processus genrés et racisés d'assignation au travail gratuit. L'analyse du travail gratuit et de ses luttes nous invite ainsi à déplacer de l'intérieur de la sphère du travail à ses frontières la question des liens entre reconnaissance du travail et utilité sociale et à rouvrir notre définition du travail pour y répondre.As underlined by the conflicts surrounding both volunteer and domestic unpaid work which took place during the COVID-19 lockdown period: by no means everything that contributes to society is defined as work, and not all contributors are equally seen as workers. By emphasizing the normative dimension of this notion of social utility and the social relations that structure it, we intend to highlight the ambivalent relationship that this criterion for the recognition of activities, but also of people, entertains with the notion of work. Social utility is not just one possible criterion among many for objectively assessing and prioritizing the value of occupations, and thus improving the recognition of work, through work. It is also an operator of the denial of work as work, through the institutionalization and development of gendered and racialized processes of assignment to unpaid work. The analysis of unpaid work and its struggles thus invites us to shift the question of the links between recognition of work and social utility from inside the sphere of work to its frontiers and to reopen our definition of work in order to develop a response.
- La théorie de la reconnaissance d'Axel Honneth à l'épreuve de la crise sanitaire : travail, labeur et contribution sociale - Katia Genel La philosophie sociale d'Axel Honneth accorde une place importante au travail, à la fois modèle de coopération et lieu de réalisation de soi. Parce qu'elle relie estime sociale et estime de soi, et qu'elle rapporte plus généralement l'activité de travail à l'organisation sociale dans son ensemble, sa théorie de la reconnaissance permet d'éclairer les demandes de reconnaissance des professions « essentielles » tout comme elle donne des éléments pour comprendre la crise du sens du travail qui s'est fait jour pendant l'épidémie de Covid-19. Toutefois, en liant l'utilité sociale à la notion de performance et en se concentrant sur la reproduction des valeurs et des idéaux plutôt que sur la reproduction matérielle, la théorie de la reconnaissance ne passe-t-elle pas à côté d'une réflexion plus profonde sur le caractère « essentiel » de certaines formes de contribution à la société, qui relèvent d'un travail laborieux et nécessaire ? Le but de cet article est de réinterroger la théorie de la reconnaissance à la lumière de ces questionnements.Axel Honneth's social philosophy attaches considerable importance to work, both as a model of cooperation and a means of self-realization. Because it links social esteem with self-esteem, and more generally relates work activity to social organization as a whole, his theory of recognition sheds light on the demands for the recognition of “essential” occupations, just as it provides elements with which to understand the crisis of the meaning of work that emerged during the COVID-19 epidemic. However, by linking social utility to the notion of achievement and by focusing on the reproduction of values and ideals rather than on material reproduction, does not recognition theory miss an opportunity for deeper reflection on the “essential” character of certain forms of contribution to society, which are the result of laborious and necessary work? The aim of this article is to re-interrogate the theory of recognition in the light of these questions.
- Travail et reconnaissance au prisme de l'utilité sociale. Introduction - Odile Join-Lambert, Pascal Ughetto, Laure de Verdalle
Varia
- Expulser dans le calme. Le travail policier en matière d'expulsions locatives - Camille François L'article étudie le travail policier en matière d'expulsions locatives. Il s'intéresse aux conditions spécifiques de l'identification des individus et de l'exercice de la violence légitime dans ce cadre, régies par un principe de prévention des « troubles à l'ordre public ». L'étude se fonde sur l'analyse d'un échantillon de 847 dossiers de « réquisition de la force publique » (instruits par la préfecture et les commissariats de secteur) et des entretiens avec des agents de police en charge des expulsions dans trois commissariats d'un arrondissement de sous-préfecture francilienne. L'article met en lumière la double logique d'identification des risques par les agents de l'État, mêlant la mémoire bureaucratique des fichiers de police et l'usage d'un sens pratique policier. Il analyse ensuite les stratégies d'invisibilisation et le double continuum des moyens de contrainte — à la fois physiques et symboliques, et s'exerçant sur les choses comme sur les personnes — sur lesquels repose l'intervention policière en matière d'expulsion, qui facilitent la production de l'obéissance des occupants sommés de quitter leur logement.This article studies police work during rental evictions. It focuses on the specific conditions for the exercise of legitimate violence in this context, governed by the dual exercise of the preventive identification and situational management of “public order offences”. It is based on an analysis of a sample of 847 “police requisition files” (processed by the prefecture and sector police stations) and interviews with police officers in charge of evictions in three police stations in a district in the Paris region. We shed light on the dual logic of risk identification (mixing the bureaucratic system memory of police files with “practical police sense”), and on the strategies of invisibilisation and the double continuum of means of restraint — both physical and symbolic, and affecting both things and people — that the police use in eviction cases, and which facilitate the production of obedience in occupants forced to leave their homes.
- Les psychologues en psychiatrie : métier modeste ou profession prétentieuse ? - Elsa Forner, Nadia Garnoussi Longtemps considérée comme une spécialité médicale hors normes, la psychiatrie française fait l'objet de recompositions profondes qui interrogent le mandat et l'identité des groupes professionnels qui la composent. Les psychologues cliniciens, qui ont réussi à bâtir au cours du XXe siècle un segment professionnel relativement autonome, sont concernés au premier chef par ces transformations. Une grande partie de ces psychologues ont en effet placé la psychothérapie au cœur de leur activité et affirmé ainsi l'extraterritorialité de leur profession par rapport au corps médical. Le changement de paradigme en faveur des thérapies dites fondées sur les preuves, qui correspond à un tout autre régime du soin « psychique », questionne le devenir de leur identité de métier. À partir d'entretiens et d'observations réalisés dans des Centres médico-psychologiques (CMP) auprès de psychologues cliniciens, nous mettons en évidence les conceptions et pratiques du « bon soin » de professionnels de formations et d'orientations différentes. Nous dégageons dans un premier temps les enjeux de la transformation de ce segment professionnel et les évolutions du métier de psychologue avant de montrer comment la technicisation du soin fragilise leur statut et leur image sociale au sein de l'écologie professionnelle de la psychiatrie publique.Long considered to be an out-of-the-ordinary medical specialty, French psychiatry is undergoing profound changes that challenge the mandate and identity of its professional groups. Those most affected are clinical psychologists, who succeeded in building a relatively autonomous professional segment over the course of the 20th century. Indeed, a large proportion of these psychologists have placed psychotherapy at the core of their activity, thus asserting their extraterritoriality in relation to the medical profession. The paradigm shift in favour of so-called evidence-based therapies, which corresponds to a completely different regime of psychological care, raises questions about the future of their professional identity. Based on interviews and observations with clinical psychologists, we highlight the conceptions and practices of “good care” of professionals with different training and orientations. We show what is at stake in the transformation of the professional segment towards the evolution of the occupation of psychologists. We first highlight the challenges of the changes to this professional segment and the evolution of the psychologist's profession, and then show how the technicization of psychological care weakens their status and social image within the professional ecology of public psychiatry.
- Expulser dans le calme. Le travail policier en matière d'expulsions locatives - Camille François
Comptes rendus
- Marc Joly, Après la philosophie. Histoire et épistémologie de la sociologie européenne - Maxime Quijoux
- Anthony Galluzzo, La fabrique du consommateur. Une histoire de la société marchande - Léa Lima
- Alessandro Stanziani, Les métamorphoses du travail contraint. Une histoire globale (XVIIIe-XIXe siècles) - Léa Renard
- Michel Pialoux, Le temps d'écouter. Enquêtes sur les métamorphoses de la classe ouvrière - Eve Meuret-Campfort
- Katharina Pistor, The Code of Capital: How the Law Creates Wealth and Inequality - Sebastian Billows
- Céline Bessière et Sibylle Gollac, Le genre du capital - Isabel Boni-Le Goff
- Camille Boutron, Femmes en armes. Itinéraires de combattantes au Pérou (1980-2010) - Nathalie Duclos
- Yaëlle Amsellem-Mainguy, Les filles du coin. Vivre et grandir en milieu rural - Laure de Verdalle
- Luca Greco, Dans les coulisses du genre : la fabrique de soi chez les Drag Kings - Gianfranco Rebucini
- Catherine Cavalin, Emmanuel Henry, Jean-Noël Jouzel et Jérôme Pélisse (dir.), Cent ans de sous-reconnaissance des maladies professionnelles - Julie Primerano
- Lucie Goussard et Guillaume Tiffon (dir.), Syndicalisme et santé au travail - Marie Ghis Malfilatre
- Alexandre Mathieu-Fritz, Le Praticien, le patient et les artefacts. Genèse des mondes de la télémédecine - Romain Juston Morival
- Anaïs Theviot, Faire campagne sur Internet - Valérie Beaudouin
- Frédéric Goulet, Faire science à part. Politiques d'inclusion sociale et agriculture familiale en Argentine - Arnaud Trenta
- Julie Landour, Sociologie des Mompreneurs. Entreprendre pour concilier travail et famille ? - Nathalie Lapeyre
- Pierre Périer, Des parents invisibles. L'école face à la précarité familiale - Jessica Pothet
- Paul Lehner, Les conseillers d'orientation. Un métier impossible - Aurélie Gonnet
- Frédérique Patureau et Jérémy Sinigaglia, Artistes plasticiens : de l'école au marché - Luc Sigalo Santos
- Olivier Quéré, L'Atelier de l'État. Des cadres intermédiaires en formation - Jean-Michel Eymeri-Douzans
- Julie Sedel, Dirigeants de médias. Sociologie d'un groupe patronal - Marie Buscatto
- Gil Eyal, The Crisis of Expertise - Maxime Zimmermann
- Loïc Brémaud, Hervé Breton et Sébastien Pesce (dir.), Voyage et formation de soi. Vivre l'épreuve de l'ailleurs, entre initiations et mobilités - Laure Paganelli, Bertrand Réau