Contenu du sommaire : Questionner l'éthique depuis les SIC en contexte numérique

Pour aborder la manière dont l'IA affecte le quotidien, nous nous positionnerons dans une approche pragmatique de l'éthique, que nous appellerons éthique située, qui nous semble une alternative à des approches incantatoires courant de « l'IA éthique » qui suscite un certain nombre de critiques pointant un risque « d'éthique-washing ». Après une présentation des principes de l'éthique située qui ne sépare pas « royaume des valeurs » du « monde des faits » nous rappellerons les enjeux particuliers de l'IA connexionniste et la diversité de ses applications dans des situations quotidiennes. Enfin, nous introduirons les six espaces de controverses de l'éthique située de l'IA.

Cet article propose un questionnement éthique du numérique à partir de la dimension écologique. Pour ce faire, nous avançons l'hypothèse d'une force heuristique de l'approche des sciences de l'information et de la communication (SIC) en élaborant le « paradigme écologique », conçu ici à un double niveau : d'une part, la dimension écologique à l'épreuve de laquelle est soumis désormais le numérique. C'est l'avènement de ce que nous désignons par « l'hyperbien écologique »; d'autre part, l'approche des SIC appréhendée comme une épistémologie de nature écologique. En examinant les formulations et la circulation sociale du questionnement écologique du numérique dans l'espace public français (médiatique et culture- artistique), notre travail entend apporter une réflexion structurante en articulant le numérique, l'éthique et l'écologie. Ainsi, tout en participant aux débats publics sur la question écologique du numérique, notre investigation ambitionne de poursuivre, à nouveaux frais, les discussions de fond sur l'épistémisation des SIC.

La politique en faveur de la science ouverte interroge les critères et les procédures de l'évaluation de la recherche, tout en mettant en avant les principes fondamentaux de l'éthique scientifique, comme la transparence, l'ouverture et l'intégrité. Dans ce contexte, nous menons depuis 2020 une analyse de la dimension éthique des systèmes d'information consacrés à l'évaluation de la recherche (SI recherche). Cet article présente les résultats d'une enquête internationale conduite en 2021 avec un petit échantillon de professionnels et de chercheurs sur deux aspects : l'éthique comme objet du modèle de données de ces systèmes (métriques), et l'aspect éthique de la mise en place et de l'utilisation de ces systèmes. La discussion fait le lien avec la qualité de ces systèmes, insiste sur la distinction entre l'évaluation des institutions et des personnes et propose l'analyse de ces systèmes à partir du concept d'une responsabilité morale répartie des infrastructures éthiques (infraéthique).

C'est une évidence que dans une grande partie de nos journées nous sommes en contact avec l'environnement numérique, même si parfois nous l'oublions, tellement il se trouve assimilé à nos tâches quotidiennes. C'est donc, dans ce contexte, que nous avons proposé d'explorer à partir d'une approche sémio-énonciative comment les interactions avec l'environnement numérique actionnent plusieurs leviers qui renvoient à des problématiques concernant l'éthique et l'identité des sujets et de la propre logique économique. Pour mener à bien cette démarche, nous avons tout d'abord pris la décision de mettre au clair la définition d'éthique qui a guidé toute la perspective du travail, pour ensuite enquêter sur deux types d'interactions. La première entre sujet et interface numérique, la deuxième entre machine et sujet. Ces approches nous ont permis d'observer quelques articulations sémio-énonciatives capables de promouvoir un effet de sens d'effacement de l'identité et de l'éthique des sujets, ainsi qu'un bouleversement de la fiducie social et économique.

Quelles implications conceptuelles, méthodologiques et techniques deviennent nécessaires lorsqu'un projet de recherche étudie différentes plateformes numériques ? Pour répondre à cette question devenue centrale dans les recherches en information-communication, nous présentons les pratiques développées lors d'une recherche portant sur le financement participatif. Ces pratiques ont pour objectif d'adapter notre méthode à la standardisation des plateformes afin de respecter les fondements éthiques des recherches en sciences sociales, tels que l'anonymat et le consentement. Le consentement accordé aux plateformes par l'usager implique pour les chercheurs d'interpréter de manière fiable les usages incorporés dans les données obtenues et analysées, qui sont parfois éloignées du contexte de production par un sujet. Les techniques nécessaires à l'anonymisation des sujets relèvent quant à elles d'un nécessaire bricolage, et du recours à des compétences en informatique, afin de pallier les défaillances des plateformes. Enfin, nous soulignons que les pratiques éthiques décrites demeurent souvent invisibles et informelles, alors même qu'elles conditionnent l'interprétation des résultats comme leur fiabilité.

Cet article examine les procédures, les principes et les risques que la recherche en sciences sociales assume lorsqu'elle est consacrée à l'observation du comportement humain dans les groupes WhatsApp. Pour cela, nous avons examiné les différentes stratégies de collecte et d'analyse de données que des travaux académiques ont privilégié pour analyser des messageries instantanées. Dans un premier temps, nous présentons une cartographie de la recherche sur WhatsApp adossée à une analyse des domaines de connaissances qui ont produit des études sur l'application. Nous abordons ensuite les travaux issus de la littérature brésilienne dans le cas de la communication politique sur WhatsApp. Enfin, nous avons systématisé le débat sur l'éthique dans la recherche en SHS sur WhatsApp à partir de quatre points centraux : a) les stratégies de collecte de données ; b) la confidentialité et les accès aux données sensibles des participants ; c) les formulaires de consentement éclairé (ICF) ; d) la position des chercheurs comme observateur.

Internet research ethics is an intimidating field for a new researcher. Not only does it mobilize legal and ethical knowledge about data protection, but it also entails making case-by-case judgment calls in a shifting and yet uncodified domain. By detailing the specific ethical choices made in a study of online antifeminist communities, and discussing the rationale and debates behind them, this article aims at making this process easier for future researchers who wish to collect data from established online communities. To that effect, it presents an approach that attempts to reconcile legal and institutional requirements, scholarly recommendations, and peer practice. L'éthique de la recherche sur Internet est un domaine intimidant pour les nouveaux chercheurs. Non seulement elle mobilise des connaissances légales et éthiques sur la protection des données, mais elle implique aussi d'effectuer des jugements au cas par cas dans un domaine encore trop peu codifié. En détaillant les choix éthiques effectués dans le cadre d'une étude de communautés antiféministes en ligne, et la justification de ces choix, cet article vise à faciliter ce processus pour les futurs chercheurs désirant récolter les données de communautés en ligne. Pour ce faire, il expose une démarche qui tente de réconcilier les injonctions légales et institutionnelles, les recommandations des sociétés savantes, et les usages de la recherche sur Internet.

Cet article vise à revenir sur la place de l'éthique comme pratique située dans notre recherche portant sur les logiques de légitimation des connaissances liées à des savoir-faire pratiques concernant l'usage thérapeutique du cannabis. Après avoir défini les spécificités de notre objet de recherche, notre cadre conceptuel et ses particularités épistémologiques, nous détaillons nos choix méthodologiques et les enjeux inhérents à la recherche en Sciences de l'Information et de la Communication dans le domaine de la santé en ligne sur une pratique illégale et controversée. Nous questionnons l'éthique à plusieurs niveaux. Nous expliquons d'abord notre relation aux individus qui composent notre terrain en détaillant notre démarche exploratoire. Ensuite nous explicitons notre démarche méthodologique dans l'approche des acteurs. Enfin, nous revenons sur les enjeux éthiques soulevés par l'observation de situations d'expertise qui mêlent des connaissances sur la santé issues des paradigmes épistémologiques réalistes et la dimension interprétative de l'analyse de témoignages expérientiels.

Au travers des travaux de John Deely (1942-2017), sémioticien et médiéviste connu dans le monde entier (moins en France), cet article s'attache à étudier ce que l'on a appelé le triangle sémiotique d'Aristote ; ou plutôt pré-sémiotique comme cela apparaît à la suite des travaux de Jean Poinsot (1632), Peirce et Sebeok. Ce triangle, qui a prouvé depuis des siècles son utilité, reste cependant celui du signe en tant que medium de communication, et permet de mieux comprendre le fonctionnement du signe, en tant que système de relations.

Cet article étudie un timbre-poste à surtaxe édité par le Front populaire en 1938. Ce type de timbre avait pour but de promouvoir et de financer l'action sociale en faveur des étudiants, et plus particulièrement les lieux de soins comme les sanatoriums. Nous proposons, à travers une analyse iconographique contextuelle, de déceler dans le discours visuel de cette vignette, qui véhicule une imagerie officielle, la dimension argumentative des images postales comme une volonté et un moyen d'intervenir dans l'opinion publique. Il s'agit donc d'approcher les enjeux et les spécificités d'une forme de publicité sociale imprimée, alors appelée propagande.

La construction du changement climatique par les médias a évolué ces dernières années : d'une préoccupation plus internationale, elle se concentre davantage sur les impacts sociaux et environnementaux en métropole. L'analyse des médias locaux de Nouvelle-Calédonie audiovisuels et de presse écrite à partir des articles recensés sur leurs sites web montre que ces médias considèrent la question du changement climatique comme un problème international sans véritable ancrage territorial. Le faible poids des occurrences relatés dans la presse écrite et audiovisuelle indique que la thématique n'est pas considérée comme un problème local et qu'elle relève davantage de la gestion politique que de l'action citoyenne. L'absence de spécialisation des journalistes sur la thématique de l'environnement et le cadrage « français » des questions environnementales exclut les considérations culturelles et locales d'un territoire français multiculturel.

Forgé par Édouard Estaunié, le substantif « télécommunication » est présenté par les historiens des télécommunications comme apparaissant pour la première fois dans son ouvrage Traité pratique de télécommunication électrique (1904). Si la paternité du néologisme est indiscutable, il ne s'agit pas de la première apparition du mot. Cet article retrace le parcours, en utilisant les sources imprimées numérisées, du mot « télécommunication » de sa création pour l'École professionnelle des Postes et Télégraphes, son adoption internationale lors de la Conférence de Madrid en 1932 et jusqu'à la fin des années 1940.

L'analyse de l'entretien diffusé sur la chaîne LCI de Didier Raoult, professeur de microbiologie et directeur de l'IHU-Méditerranée de Marseille, avec David Pujadas, journaliste et présentateur de journal télévisé, le 27 octobre 2020 montre que la relation scientifique-journaliste, ordinairement décrite en termes de complémentarité en nourrissant l'espoir d'une démocratisation des savoirs, révèle en profondeur des expressions d'un pouvoir symbolique. Portant en germe une incompatibilité entre les deux cultures médiatiques et scientifiques, la rencontre journaliste-scientifique est une rhétorique de sensibilisation aux valeurs de ses produits et aux référents de la culture professionnelle à laquelle on s'identifie et dont on propose la perpétuation.

Dans le cadre de cette contribution, nous présentons les différents travaux structurants menés au sein du laboratoire CIMEOS (Université de Bourgogne, EA 4177) autour de l'alimentation et la gastronomie. Depuis le début des années 1990, le laboratoire traite de ces objets avec dans un premier temps une approche sémiotique qui s'est ensuite enrichie d'une approche pragmatique. Les travaux conduits au sein du laboratoire considèrent l'alimentation et la gastronomie prioritairement par le prisme des Sciences de l'Information et de la Communication mais s'appuient également sur des approches pluridisciplinaires. Dans cet article, les différentes thématiques traitées au sein du laboratoire autour de l'alimentation sont exposées : la mise en patrimoine, les discours publics ou bien encore les enjeux d'éthique et de durabilité. Au-delà des thématiques qui structurent les travaux en cours, il s'agit également de présenter les démarches épistémologiques et méthodologiques développées en prise avec des perspectives participatives.