Contenu du sommaire : Le nucléaire civil, enjeux et débats

Revue Responsabilité et environnement Mir@bel
Numéro no 97, janvier 2020
Titre du numéro Le nucléaire civil, enjeux et débats
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Le nucléaire civil, enjeux et débats - Richard Lavergne p. 5-8 accès libre
  • État des lieux

    • Évolution du cadre d'activité de la filière de l'électronucléaire au niveau mondial : de 1950 à aujourd'hui - Marc Deffrennes, Daniel Iracane p. 9-15 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'énergie nucléaire de fission est utilisée à des fins civiles, essentiellement pour la production d'électricité, et ce depuis plus de cinquante ans. Après une première phase de construction de prototypes et de démonstrateurs basés sur une grande diversité de combustibles, caloporteurs et modérateurs, le choix s'est porté essentiellement sur la filière à eau légère, qui constitue aujourd'hui la grande majorité du parc des quatre cent cinquante réacteurs en fonctionnement dans le monde, lesquels produisent 10 % de l'électricité. Dans les pays de l'OCDE utilisant la technologie nucléaire, on constate un ralentissement significatif du nombre des constructions nouvelles, lequel résulte des conséquences combinées de l'impact des trois accidents nucléaires majeurs sur les opinions publiques, de la libéralisation du marché de l'électricité et du développement privilégié des énergies renouvelables intermittentes. La Chine est dans une phase de rattrapage rapide et elle devient aujourd'hui un fournisseur de technologie nucléaire. Un certain nombre de nouveaux pays montrent leur intérêt pour la filière nucléaire, voire même ont engagé la phase de construction de leurs premières centrales. Le monde d'aujourd'hui est bien différent de ce qu'il était il y a encore vingt ans. Notamment, le changement climatique impose son urgence, telle une épée de Damoclès. Dans le même temps, les pays pionniers dans le développement scientifique et industriel de la technologie nucléaire civile, en dehors de la Russie, voient leur capacité d'innovation et leur leadership technique s'éroder dans le domaine du nucléaire.Dans ce contexte, il est utile de revisiter brièvement l'histoire nucléaire des cinquante dernières années afin d'en tirer des enseignements qui pourront éclairer les décideurs politiques auxquels revient la responsabilité du choix d'un mix énergétique durable, c'est-à-dire propre, économique et fiable.
      For more than fifty years, energy from nuclear fission has been used for civilian purposes, mainly to generate electricity. After a first phase of building prototypes and demonstrator units based on a wide range of fuels, coolants and moderators, the choice was usually made for light-water-moderated reactors, which now make up the large majority of the 450 reactors that generate 10% of the world's electricity. In the OECD countries that use nuclear technology, the construction of new reactors is slowing down, a result of the combined consequences of : the impact of the three major nuclear accidents on public opinion ; the opening of the electricity market ; and the priority given to developing intermittent, renewable sources of energy. China is catching up fast and now becoming a supplier of nuclear technology. Some new countries are showing interest in the nuclear industry or have even built their first nuclear power stations. The world has considerably changed from what it used to be twenty years ago. Climate change, in particular, has created an urgent situation, like the sword of Damocles. Apart from Russia, the countries that were pioneers in civilian nuclear technology do not now have as strong a capacity for innovation and leadership in nuclear engineering. Given this context, it is worthwhile to briefly review the past fifty years of the history of nuclear energy in order to learn lessons that might inform policy-makers, who have the responsibility of choosing a sustainable energy mix that is clean, economic and reliable.
    • Quelle place pour le nucléaire dans des marchés électriques libéralisés ? - Patrice Geoffron p. 16-19 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le cycle initial d'investissement dans le nucléaire civil a été amorcé dans les années 1970, en amont du mouvement de libéralisation des marchés de l'électricité qui s'est diffusé dans l'OCDE. Désormais, le nucléaire est à la fois en concurrence – selon les environnements – avec des énergies renouvelables « fatales » qui tirent les prix vers le bas (en Europe) et/ou des filières thermiques (aux États-Unis). Cette configuration pourrait raccourcir la durée de vie de centrales déployées au XXe siècle et crée une incertitude sur le modèle de financement de projets de futures centrales (supposant l'octroi des garanties « hors marché », comme en a bénéficié le projet britannique d'Hinkley Point). Ces observations procèdent certes du jeu du marché entre les filières de production selon leurs « mérites » (c'est-à-dire leur coût marginal), mais également d'une valorisation imparfaite de la contribution au système électrique de chacune d'entre elles : fourniture de capacité et de services système et, surtout, empreinte carbone.
      The initial investment cycle in civilian nuclear energy occurred during the 1970s, before the trend in the OECD toward opening electricity markets. Now, nuclear power is competing with renewable sources of energy, which are pulling prices down (in Europe) and/or with thermal energy production (in the United States). This pattern, which might shorten the life span of the nuclear power stations placed in operation during the 20th century, gives rise to uncertainty about how to finance plans for future power stations (supposing that, as in the British Hinkley Point project, a guarantee from “outside the market” is provided). These observations proceed from market interactions between electricity production systems depending on their “merits” (i.e., marginal costs) and, too, from imperfect assessments of how each system contributes to the electricity grid's capacity, services and, above all, carbon footprint.
    • Le rôle du nucléaire dans les scénarios de décarbonation du mix européen à l'horizon 2050 - Fabien Roques, Yves Le Thieis p. 20-24 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À la suite de la ratification de l'Accord de Paris, l'Union européenne a réaffirmé sa détermination à décarboner son mix énergétique d'ici à 2050. Différentes études ont montré que cela nécessiterait un rôle croissant de l'électricité dans les usages finaux et une décarbonation du mix de production électrique. Pour quantifier la contribution potentielle du nucléaire à cet objectif de décarbonation, l'étude commandée par Foratom et présentée dans cet article développe trois scénarios contrastés d'évolution de la capacité de production nucléaire européenne permettant d'atteindre les objectifs de décarbonation et les évalue au travers d'une analyse multicritère.L'étude démontre la contribution importante du nucléaire à la transition énergétique, notamment en mettant en lumière les difficultés et surcoûts qui seraient engendrés par un scénario de faible capacité nucléaire, dans lequel la durée de vie des centrales existantes ne serait pas prolongée.
      Following ratification of the Paris Climate Agreement, the European Union reasserted its determination to “decarbonize” its energy mix by 2050. As various studies have shown, this entails increasing the share of electricity in final uses and removing carbon from the processes for generating electricity. To quantify the nuclear industry's potential contribution to the goal of a low-carbon economy, a study requested by FORATOM (presented in this article) has drafted three contrasting scenarios about the capacity for producing nuclear electricity in Europe. These scenarios for achieving “decarbonization” are analyzed and assessed using several criteria. The nuclear industry thus turns out to be a big contributor to the energy transition ; in particular. This study sheds light on the difficulties and extra costs that would result from a scenario with a low share of nuclear energy, in which the life span of existing nuclear power stations would not be prolonged.
    • Que s'est-il passé à Three Mile Island, Tchernobyl et Fukushima Daiichi ? Et où en est-on aujourd'hui ? - Jean-Christophe Niel, Jean Couturier p. 25-30 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Un certain nombre d'objectifs, de principes et d'approches visant la sûreté et la protection radiologique des personnes (travailleurs et personnes du public) et de l'environnement sont pris en compte pour la conception et l'exploitation des réacteurs électronucléaires.De façon générale, la sûreté bénéficie d'améliorations continues tenant compte des évolutions sur la perception des risques, des nouvelles connaissances acquises sur certains phénomènes complexes susceptibles de se produire dans les réacteurs et de l'expérience acquise en matière d'exploitation des réacteurs (« retour d'expérience »), notamment les enseignements tirés des trois « grands » accidents survenus dans les centrales nucléaires de Three Mile Island (1979), Tchernobyl (1986) et Fukushima Daiichi (2011).Ces trois accidents, caractérisés par la fusion du cœur des réacteurs, illustrent les enseignements de natures extrêmement diverses qui peuvent être tirés de l'expérience d'exploitation des réacteurs électronucléaires. Toutes les dispositions concrètes qui en ont résulté visent, in fine, un renforcement de la prévention et de la limitation des conséquences d'accidents dans de telles installations. En outre, depuis les années 1990, la prise en compte des accidents avec fusion du cœur dans la conception des réacteurs de nouvelles générations est un principe adopté au plan international.
      Certain objectives, principles and approaches related to the safety and protection from radiation of the environment and people (the public and employees) are taken into account to design and run nuclear power stations. Safety is being continually improved by taking under consideration : changing perceptions of risks ; the new knowledge acquired about the complex phenomena that might occur inside reactors ; and the experience gained from operating nuclear power stations, in particular the lessons learned from the big accidents involving the fusion of a reactor's core at Three Mile Island (1979), Chernobyl (1986) and Fukushima (2011). From these three accidents, quite different lessons can be drawn about operating nuclear reactors to generate electricity. The ultimate purpose of all the concrete measures adopted following these experiences is to reinforce prevention and limit the effects of such accidents. Since the 1990s, an internationally adopted principle is, when designing a new generation of reactors, to garner feedback from accidents involving the fusion of a reactor's core.
    • The Competitiveness of Nuclear Energy: From LCOE to System Costs - Jan Horst Keppler, Marco Cometto p. 31-34 accès libre avec résumé en anglais
      Economists used to compare the costs of electricity based on the discounted average lifetime costs of power plants, a metric known as the levelised costs of electricity (LCOE). This transparent and comparatively simple metric worked well in a context of regulated markets. Nuclear, coal, gas and hydro thus competed based on their respective capital, labour and fuel costs at the level of the individual plant. Three forces compel a move away from LCOE. First, the social costs of CO2 and local pollutants are becoming an important decision criterion. Second, the liberalisation of electricity markets introduces price and market risk as a dimension of investor cost. Third, the rise of variable renewable energies (VRE) such as wind and solar PV requires new costs metrics, as the system needs to back up variable resources with added capacity of dispatchable plants. A study by the OECD Nuclear Energy Agency (NEA) shows that integrating system effects increases the costs of a MWh produced by VREs up to USD 50 when they have a 75% share. While precise amounts vary with penetration and flexibility resources, policymakers need to understand that the presence of VRE requires a new notion of competitiveness that includes system effects.
    • Coûts du nouveau nucléaire et éclairages sur l'économie du cycle - Jean-Guy Devezeaux de Lavergne, Michel Berthélémy p. 35-47 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Plusieurs chantiers de construction des premiers réacteurs de 3ème génération ont rencontré des difficultés importantes ayant des causes multiples. Une explication majeure est à trouver dans l'absence depuis vingt ans de grands programmes aux États-Unis et en Europe. Les coûts de ces premiers réacteurs ont fortement dérivé. Grâce au retour d'expérience accumulé, nous montrons dans cet article comment et pourquoi le nucléaire de demain pourra être compétitif dans ces zones géographiques, comme il l'est déjà en Asie. Plus largement, le panorama des résultats économiques présenté ici se révèle en bonne cohérence avec les analyses stratégiques actuellement menées par les pouvoirs publics et débouchent sur 1°) le besoin de lancer rapidement un programme de renouvellement du parc en France, 2°) la poursuite du cycle fermé2 et 3°) le lancement de la première phase du projet de stockage Cigéo.
      Several worksites where the first reactors of the third generation are being built have encountered major difficulties with several causes. This can, in large part, be set down to the absence, for twenty years now, of big programs of this sort in the United States and Europe. The costs of the first reactors of a new generation have ballooned. Thanks to accumulated feedback, this article shows how and why tomorrow's nuclear industry will be competitive, not only as it already is in Asia but also in other geographic zones. The range of economic results presented herein is coherent with public authorities' strategic analyses. The findings are : that a program for updating France's fleet of nuclear reactors is needed and should be started fast ; that the closed cycle should be pursued ; and that the first phase of the Cigéo Plan (for a nuclear waste repository) should be launched.
    • La gestion des déchets radioactifs en France et dans le monde - Pierre-Marie Abadie p. 48-52 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'utilisation des propriétés de la radioactivité dans de nombreux secteurs engendre des déchets radioactifs qui représentent des risques pour l'homme et l'environnement. Ces déchets doivent être gérés en fonction de leur niveau de radioactivité et de leur durée de vie.Le stockage des déchets radioactifs à vie courte, qui représentent plus de 90 % des volumes de déchets français mais une faible part de la radioactivité totale, est réalisé dans des centres de surface.En ce qui concerne les déchets à vie longue, des projets sont en cours d'étude ou de conception. Ainsi, pour les déchets de haute activité et de moyenne activité à vie longue, l'Andra est en charge du projet Cigéo, le centre de stockage géologique profond dans une roche aux propriétés remarquables pour permettre d'isoler ces déchets sur le très long terme. La France n'est pas le seul pays à avoir fait ce choix, le stockage géologique étant considéré comme la solution de référence au plan international.
      Since the properties of radioactivity are being put to use in several branches of the economy, radioactive wastes have been produced. These wastes, a risk for people and the environment, must be managed as a function of their radioactivity and halflives. Wastes with short halflives amount to 90% of the volume of French wastes but to a low proportion of total radioactivity. They can be stored at ground level. Meanwhile, plans are being made for handling wastes with long halflives. For the storage of such wastes with an average to high level of radioactivity, Andra is in charge of the Cigéo Plan for an underground nuclear waste repository that, deep in a bedrock with remarkable properties, will isolate these wastes for a very long time. France is not the only country to have made this choice. Internationally, the geological storage of wastes with long halflives is considered to be the key solution.
    • Une gestion conjointe du nucléaire et des énergies renouvelables variables pour une économie bas carbone - Alain Burtin p. 53-56 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le changement climatique est une réalité et son origine anthropique est largement partagée au sein de la communauté scientifique. La lutte contre le changement climatique passe par la réduction des émissions de CO2. C'est un challenge pour le secteur électrique qui doit décarboner en profondeur sa production, aujourd'hui responsable de 40 % des émissions de CO2 dans le monde, mais aussi une opportunité avec des perspectives d'électrification renforcée des usages dans les transports, les bâtiments et l'industrie. La baisse des coûts des énergies renouvelables éolienne et solaire élargit l'offre de production d'électricité décarbonée aux côtés des filières traditionnelles nucléaire et hydraulique. Nous abordons dans cet article les perspectives qu'offre une gestion conjointe du nucléaire et des énergies renouvelables pour décarboner en profondeur les mix électriques.
      Climate change is for real ; and the scientific community mostly claims that it is anthropogenic. Fighting climate change means reducing CO2 emissions. The electricity industry must remove carbon from deep within its production processes, since it accounts for 40% of CO2 emissions worldwide. Nonetheless, this challenge is also an opportunity that bears stronger prospects for electrification in transportation, the building industry and manufacturing. As their costs decrease, renewables (wind and solar power) are, along with traditional nuclear and hydraulic power plants, expanding the production of carbon-neutral electricity. Jointly managing nuclear energy and renewables could help us deeply decarbonize the electricity mix.
  • Débats et politiques

    • La gestion des déchets nucléaires - Laurent Michel, Aurélien Louis p. 57-61 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À l'instar de toutes les autres industries, les activités nucléaires civiles et militaires produisent des déchets, c'est-à-dire des substances ne disposant pas de perspectives de valorisation et donc destinées, a priori, à l'élimination. Par comparaison à d'autres industries, les quantités et la nature des déchets issus de l'industrie nucléaire sont, en revanche, relativement bien connues (voir à ce propos l'inventaire national tenu par l'Andra : https ://inventaire.andra.fr/). L'entreposage de ces déchets est aujourd'hui bien maîtrisé et est réalisé dans de bonnes conditions. Pourtant, la problématique de la gestion des déchets produits par l'industrie nucléaire est régulièrement présentée comme un des obstacles majeurs de l'accès du nucléaire au statut d'activité durable. Pour quelle raison ? En partie du fait de la nature même de ces déchets : ils sont radioactifs, donc potentiellement nocifs s'ils sont mal gérés. Mais surtout pour certains, ils le sont sur des durées dépassant ce qui se rencontre dans le domaine de la gestion des déchets dits conventionnels. On verra ainsi que le facteur temps joue un rôle essentiel dans la politique de gestion des déchets radioactifs.
      Like all other industries, the nuclear industry, civilian and military, produces wastes – substances without use value that are to be eliminated. In comparison with other industries, the quantities and nature of these wastes are relatively well known (cf. Anda's national inventory : https ://inventaire.andra.fr/). Although these wastes are now being stored in good conditions, nuclear waste management is regularly presented as a major obstruction that will keep this industry from attaining the status of being “sustainable”. Why ? Partly owing to the very nature of these wastes : they are radioactive, hence potentially dangerous if poorly managed. But above all because they have a much longer life cycle than ordinary wastes. Time is a key factor in the management of radioactive wastes.
    • Les enjeux du contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France - Bernard Doroszczuk, Lydie Evrard p. 62-65 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a pour mission essentielle de protéger les personnes et l'environnement des effets néfastes des rayonnements ionisants.Elle est aujourd'hui confrontée à des enjeux sans précédent de sûreté dans le domaine nucléaire (mise en service de l'EPR, maîtrise du vieillissement et prolongation du fonctionnement des installations ayant dépassé leur durée de vie initiale, gestion des déchets et ampleur des démantèlements à venir), mais aussi en matière de radioprotection dans le domaine médical (recours croissant à l'imagerie, utilisation de technologies ou de radio-pharmaceutiques présentant de nouveaux risques).Face à ces enjeux, l'ASN considère que l'anticipation, le maintien des marges pour la sûreté et le renforcement des compétences constituent des points-clés incontournables.Elle devra relever trois principaux défis : adapter les modes de la concertation avec le public, évoluer à l'heure de la transformation numérique et maîtriser ses ressources financières pour garantir son autonomie.
      The French Nuclear Safety Agency's (ASN) main assignment is to protect people and the environment from the harmful effects of radiation. It now has to cope with unprecedented issues related to nuclear safety : firing up the EPR, controlling plants that have outlasted their initially planned life span and keeping them in operation longer, managing wastes, dismantling old installations and, too, handling problems of radiation in medicine (due to the increasing use of imagery and radiopharmaceutical products). For the ASN, the key issues are related to foresight, the maintenance of safety margins and the reinforcement of skills and qualifications. The ASN will have to take up three principal challenges : adopt methods for public consultation, adapt to the digital transition, and control its financial resources in order to safeguard its autonomy.
    • Vers une convergence internationale des réglementations en matière de sûreté nucléaire ? - Anne-Cécile Rigail, Julien Collet p. 66-71 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'industrie nucléaire présente un caractère « national » très marqué. Pour autant, les cadres d'échanges internationaux sont très nombreux et la plupart se proposent de favoriser la convergence des réglementations entre les pays. Deux moteurs « faibles » d'une telle convergence sont, d'une part, le souhait des industriels de disposer de règles uniformes pour leurs projets d'export et, d'autre part, l'attente par l'opinion publique de l'instauration d'exigences de sûreté ambitieuses dans tous les pays du monde. Les efforts menés par la France, notamment à l'échelle européenne, puis internationale, ont permis de « tirer vers le haut » les exigences de sûreté, mais ces efforts atteignent leurs limites dans un monde multipolaire, où les grandes puissances ne souhaitent pas alourdir les exigences applicables à leurs champions nationaux, et où chaque pays nucléarisé réaffirme son souhait de garder la pleine maîtrise de cette industrie.
      Although the nuclear industry is distinctively national, most of the frameworks set up for international trade have proposed a convergence of national regulations. There are two “weak” driving forces behind this convergence : industrialists want uniform rules for their exportation plans, and public opinion expects ambitious safety requirements in all countries around the world. Thanks to France's efforts, in particular at the European and then international levels, safety requirements have been pulled up. However these efforts have reached their limits in a multipolar world, where the big powers do not want to tighten the requirements that apply to their national champions and where each country in the nuclear club wants to keep full control over its nuclear industry.
    • Comment développer la transparence et la participation dans le domaine du nucléaire civil ? - Jean-Claude Delalonde p. 72-76 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Transparence, expertises pluralistes, participation aux décisions… où en sommes-nous dans l'application des textes réglementaires internationaux, européens et français ? La société civile a-t-elle su s'emparer de son droit d'accès à l'information et de participation aux décisions pour comprendre, participer et interagir dans le domaine du nucléaire ?L'ANCCLI dresse un état des lieux des outils réglementaires créés à cet effet et s'interroge sur la manière dont la société civile et les acteurs du nucléaire se les sont appropriés ces dernières années, pour en faire de véritables outils d'action : quels sont les constats positifs qui en sont ressortis, les points de vigilance et les points d'amélioration ?Entre l'urgence de trouver une solution qui est souvent mise en avant et la nécessité de prendre le temps de s'informer, de monter en compétence et de se concerter, la société civile est en attente de davantage de sincérité, voire d'humilité de la part des acteurs du nucléaire. Mais elle est aussi et surtout soucieuse que sa participation soit effectivement prise en compte dans la prise de décision.
      Transparency, pluralistic appraisals, participation in decision-making… How are international, European and French regulations now being applied ? Have NGOs been capable of using their rights of access to information and of participation in decision-making to understand nuclear energy and play a role in this field ? The French National Association of Local Information Committees and Commissions (ANCCLI) has drawn up an inventory of the regulatory tools designed for this purpose. How have “civil society” and the nuclear industry put these tools to use as genuine means of action ? What positive points come to light ? And what are the points to watch and to improve ? Between the (oft emphasized) urgency of finding a solution and the necessity of taking time (to obtain information, improve skills and confer with stakeholders), “civil society” expects more sincerity, even humility, from players in the nuclear industry. Above all, NGOs want to see to it that their participation carries weight when decisions are made.
    • Peut-on surmonter la peur du nucléaire ? - Myrto Tripathi p. 77-80 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans son rapport SR15 d'octobre 2018, le GIEC1 souligne2 le nécessaire accroissement de la part du nucléaire dans le mix énergétique mondial et avec lui le frein principal à l'atteinte de cet objectif, qu'est son acceptation sociale.“The current deployment pace of nuclear energy is constrained by social acceptability […]. Though comparative risk assessment shows health risks are low […], and land requirement is lower than that of other power sources […], the political processes triggered by societal concerns depend on the country-specific means of managing the political debates around technological choices and their environmental impacts […].”Des efforts sans précédent sont actuellement consacrés à mener la transition de l'humanité d'un modèle de civilisation à un autre, en l'espace d'une génération seulement. Lever les freins sociétaux au nucléaire, dont le rapport précité rappelle qu'ils reposent sur des perceptions erronées, devrait permettre des avancées rapides, conséquentes et sous-jacentes à d'autres gains. Alors que la suppression de ces freins devrait être une priorité, il n'en est rien ; ils semblent même exacerbés par ceux que l'on aurait cru en charge de les combattre.Nous sommes quelques-uns, au sein de l'association Voix du nucléaire et ailleurs, à avoir choisi de nous atteler à cet enjeu titanesque qui nous semble consister avant tout à « informer » et que la plupart pourtant fuient. Nos enfants retiendront-ils de ce choix difficile à faire, que nous savions et que c'est pour cela que nous avons fait quelque chose ?
      In its report in October 2018, the Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) emphasized that the share of nuclear power in the world's energy mix must increase. It pointed out the major obstacle to doing this : “The current deployment pace of nuclear energy is constrained by social acceptability […]. Though comparative risk assessment shows health risks are low […], the political processes triggered by societal concerns depend on the country-specific means of managing the political debates around technological choices and their environmental impacts”. Unprecedented efforts are being made to move civilization from one model to another within a single generation. Societal obstruction stems, as the report recalls, from erroneous perceptions. Overcoming it, which would open the way for rapid, significant advances, should be a priority, which is not now the case. The parties in charge of lifting these obstacles seem to have made them heavier. A few persons (in particular members of the association Voix du Nucléaire) have decided to tackle the herculean feat of, above all, “informing”, a task that most stakeholders have sidestepped. Will our children realize that we knew this choice was difficult and that this was the reason for doing something ?
    • Une filière nucléaire française en transition - Augustin Bourguignat p. 81-84 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le nucléaire français paraît être à la croisée des chemins, sans avoir soldé son passif ni s'être projeté vers un avenir désirable. Son avenir est conditionné par sa capacité à relever des défis économiques, technologiques, industriels, sociétaux et de souveraineté. Plus fondamentalement, le secteur électronucléaire français doit prendre toute sa place dans la transition énergétique, par un rééquilibrage du mix énergétique, la définition d'un processus pour gérer les déchets ultimes et le développement d'une filière du démantèlement. Pour accomplir cette transition, l'accompagnement social et le développement d'activités industrielles créatrices d'emplois (dans les EnR, en particulier) sont indispensables.
      The French nuclear industry stands at a juncture. It has not settled its liabilities, and has not imagined what future would be desirable. Its prospects depend on its ability to address economic, technological, industrial and societal questions as well as the issue of sovereignty. The French nuclear electricity industry must stake out its place in the energy transition by redefining the energy mix, designing a process for managing end wastes, and sponsoring units for dismantling plants. To accomplish this, “social accompaniment” is indispensable, as are activities that create jobs (notably in renewables).
    • La dimension stratégique du nucléaire civil - Marc-Antoine Eyl-Mazzega p. 85-89 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Alors que les acteurs français du nucléaire civil procèdent à un diagnostic complet de la filière pour pallier les déboires et établir les conditions d'une relance des constructions de réacteurs, la dimension stratégique du nucléaire civil doit impérativement être prise en compte. La guerre technologique globale et la bipolarisation du monde entre les États-Unis et la Chine qui se déploient désormais imposent à la France et à l'Union européenne (UE) d'avoir une stratégie de maîtrise des chaînes de valeur de toutes les technologies bas carbone. Le nucléaire civil en est une composante essentielle. Le risque est que demain, la Chine et la Russie, et dans une moindre mesure les États-Unis, ne dominent les marchés des exportations et « verrouillent » certains pays. La France et l'UE peuvent aussi perdre leur capacité de peser dans la gouvernance mondiale du secteur, et sur la non-prolifération du nucléaire, au moment où de nombreux pays émergents souhaitent se doter de cette technologie, qui par ailleurs se transforme avec l'émergence des petits réacteurs modulaires.
      French stakeholders in civilian nuclear energy are making a full diagnosis of the industry in order to cope with disappointments and lay down the conditions for relaunching programs for building reactors. This is the time to envision this industry's strategic dimension. Given global technological warfare and bipolarization (United States vs. China), France and the European Union must work out a strategy for controlling value chains in all forms of lowcarbon technology. A key component is civilian nuclear energy. The risk is that China, Russia and, to a lesser extent, the United States come to dominate exportation markets and lock out other countries. France and the EU might lose influence over the world governance of this sector and the nonproliferation of nuclear weapons. Meanwhile, several countries want to acquire nuclear technology, which is now oriented toward small modular reactors.
    • Comment parler du nucléaire en France ? - Pierre-Franck Chevet, Hervé Mariton, Richard Lavergne, Delphine Mantienne p. 90-97 accès libre
    • Témoignage du maire d'une commune accueillant une centrale nucléaire - Bertrand Ringot p. 98-101 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Construit entre 1975 et 1985, le centre nucléaire de production d'électricité de Gravelines a eu des effets importants sur le développement du territoire considéré, notamment en termes d'impacts économiques et démographiques. Des synergies industrielles territoriales ont été rendues possibles notamment avec des industries électro-intensives installées à proximité ; la création d'un comité d'ancrage comme outil de gouvernance a confirmé l'implantation territoriale très forte de la centrale nucléaire au sein du territoire pour préparer et suivre les grands travaux à réaliser.C'est dans un souci constant d'anticipation des besoins en énergie du territoire qui s'inscrit dans une vision à long terme que nous portons une attention toute particulière au maintien d'une sécurité d'approvisionnement en énergie et à l'anticipation du démantèlement des outils de production et à leur renouvellement. Les questions relatives à l'information des populations et au rôle des différents acteurs restent un enjeu majeur.
      Built from 1975 to 1985, the nuclear power plant in Gravelines (near Dunkirk) has had an impact, in particular economic and demographic, on local development. An industrial synergy was locally possible owing to the nearby installation of electricity-intensive industries. The very strong presence of the nuclear power station in this local area has been attested by the creation of a committee of governance for preparing and monitoring the big programs to be carried out. Given the constant concern for anticipating energy needs, a concern that fits into a long-term vision, special attention is to be paid to the security of the energy supply and to the dismantling and renovation of plants and equipment. Major questions remain about informing the population and about various players' roles.
    • La fin de l'électronucléaire – Récit anticipatif - Bernard Laponche p. 102-106 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En partant du constat du caractère militaro-industriel du développement de la production d'électricité d'origine nucléaire, nous présentons dans cet article l'évolution sur la période 1950-2018 de cette industrie, allant du succès au déclin, lequel est dû à la fois à l'occurrence des grands accidents nucléaires de Three Mile Island, de Tchernobyl et de Fukushima et à la perte de sa compétitivité économique du fait de l'augmentation de ses coûts de production et de la baisse spectaculaire (très rapide à partir des années 2010) du coût des productions concurrentes d'origine renouvelable – l'éolien et le photovoltaïque –, sans que l'argument des faibles émissions de CO2 de l'électronucléaire puisse faire pencher la balance en sa faveur. À partir de ce constat, nous présentons les évolutions conduisant à la sortie du nucléaire dans les différents pays et régions du monde et tout particulièrement en France, à partir du « grand tournant » de la décennie 2020-2030, qui verra l'instauration d'une politique énergétique basée sur la sobriété et l'efficacité énergétiques au niveau de la demande et sur les énergies renouvelables au niveau de l'offre, pour aboutir, pour ce qui concerne la production d'électricité, à la fin de l'électronucléaire dans le monde sur la période 2040-2050.
      Starting out from the military-industrial development of the production of electricity from nuclear power, the history of this industry from 1950 to 2018 is told, from its success to its decline. This decline can be set down to the big nuclear accidents at Three Mile Island, Chernobyl and Fukushima and to the loss of competitiveness due to increased production costs and to the spectacular drop (which accelerated in the 2010s) of the production costs of competitors who produce electricity from renewables (wind power, photovoltaics). The argument that nuclear power has a low level of CO2 emissions has not tipped the balance in its favor. The trend toward the end of nuclear electricity is described in various countries and regions around the world, and particularly in France. The turning point will take place during the decade 2020-2030, when an energy policy with sobriety and efficiency on the demand side and with renewables on the supply side will halt the production of nuclear electricity in the world during the period 2040-2050.
  • Aspects industriels et technologiques

    • The Nuclear Mission in an Integrated, Carbon-Free Energy Future - Sherry Bernhoft, Andrew Sowder, Robert Austin p. 107-111 accès libre avec résumé en anglais
      As the global community strives to curb carbon emissions from the energy sector, focus has sharpened on the role nuclear energy can play in the effort throughout the 21st century. While the light water reactor fleet provides the nuclear generation backbone for meeting future capacity needs and emission goals, more than half of the world's nuclear power plants have surpassed 30 years in service.The Electric Power Research Institute (EPRI), in collaboration with research entities around the world, helps turn the world's carbon neutrality challenges into opportunities. EPRI's work delivers research to answer key questions about modernization efforts that can provide safe and cost-effective life extensions for long-term operation, increase operational flexibility to support stable power grid dynamics, reduce nuclear power plant operating costs, and the examine the latest reactor technologies for more viable new nuclear power plant construction.
    • Réacteurs de 4ème génération. Éléments d'analyse des technologies et perspectives - Didier Pillet p. 112-121 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Alors que le déploiement de réacteurs nucléaires, dits de « troisième génération », amorce son démarrage au niveau mondial, notamment avec les réacteurs EPR de Taishan 1 et 2 récemment raccordés au réseau chinois, les études sur les réacteurs dits de « quatrième génération » se poursuivent au sein du forum « Génération IV ». Ce forum, regroupant 14 pays, a amorcé ses travaux en 2000, avec l'objectif d'identifier les meilleures solutions susceptibles de répondre aux nombreux défis posés, en ce début de XXIe siècle, en matière d'énergie et de climat, avec, en toile de fond, la possible raréfaction des ressources en uranium fissile (235U) d'ici à la fin de ce siècle. Dans cet article, après une présentation des différentes technologies en lice dans le cadre de ce forum « Génération IV », un focus particulier sera fait sur les travaux d'ores et déjà réalisés au sein du projet ASTRID, ainsi que sur les conditions de déploiement des RNR-Na envisagé en France, dans le cadre de ce projet, compte tenu notamment de la décision récente de reporter le développement d'un démonstrateur au-delà de 2050.
      Nuclear reactors of the third generation are being fired up around the world. In particular, the Taishan 1 and 2 EPRs have recently been connected to China's electricity grid. Meanwhile, Generation IV Forum, which groups fourteen countries, has been conducting studies on reactors of the fourth generation since 2000. The intent is to identify the best solutions for addressing the many issues related energy and the climate that have arisen since the start of the century. For example, fissile uranium (U-235) might become scarce by the century's end. After presenting the technology in the pipeline, focus is shifted to the work conducted under the ASTRID program and to the conditions, under this program, for rolling out sodiumcooled fast reactors in France.
    • Nuclear Power in a Clean Energy System - Keisuke Sadamori p. 122-126 accès libre avec résumé en anglais
      Nuclear power, along with hydropower, forms the backbone of low carbon electricity generation today; together they provide three-quarters of global low-carbon generation today. Over the past 50 years, nuclear power has reduced CO2 emissions by over 60 gigatonnes – nearly two years' worth of global energyrelated emissions. Yet in the advanced economies, nuclear power has begun to fade, with plants closing and little new investment, just when the world requires more low-carbon electricity. This paper focuses on the role of nuclear power in the advanced economies today and the factors that put nuclear power there at risk of decline tomorrow. The paper shows that without action nuclear power in the advanced economies could fall by two-thirds to 2040. It examines the implications of such a decline for emissions and for electricity security.Achieving the pace of CO2 emission reductions in line with the Paris Agreement is already a huge challenge, requiring large increases in efficiency and renewables investments, as well as an increase in nuclear power. This paper identifies the even-greater challenges of attempting to follow this path with much less nuclear power, including an additional USD 1.6 trillion in investment needs and 5% higher cost to consumers in advanced economies. This paper recommends several actions to governments open to nuclear power that aim to ensure existing plants can operate as long as they are safe, support new nuclear construction, and encourage new nuclear technologies to be developed.
    • Les enjeux du renouvellement du parc nucléaire - Valérie Faudon p. 127-130 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Entre 2030 et 2050, la France devra renouveler une partie de son parc nucléaire actuel par de nouveaux moyens de production, dont des moyens nucléaires de nouvelle génération. Ce renouvellement recouvre plusieurs enjeux :des enjeux énergétiques : compte tenu du calendrier historique extrêmement rapide de la construction des tranches dans les années 1980, la France peut être confrontée à un effet falaise dans la décennie 2040 ;des enjeux économiques : des leviers existent pour réduire les coûts du nouveau nucléaire dans le cadre d'un programme optimisé, où la compétitivité doit être évaluée au regard des services rendus au système électrique ;des enjeux industriels : les compétences nécessaires pour la construction du nouveau nucléaire sont spécifiques. Reconstituées en partie dans le cadre de la construction de l'EPR Flamanville, elles sont aujourd'hui fragiles et risquent d'être perdues à nouveau si la filière, qui a du mal à recruter aujourd'hui, ne dispose pas rapidement d'une visibilité sur les chantiers à venir.
      Between 2030 and 2050, France will have to replace many of its nuclear reactors with new means of production, including reactors of a new generation. Several issues crop up. Energy-related issues : given the extremely fast pace at which reactors were built in the 1980s, France might discover that it is standing on the edge of a cliff in the 2040s. Economic issues : to trim the costs of new reactors, leverage can be gained from an optimized program for assessing competitive advantages in terms of the services delivered to the electricity grid. Industrial issues : skills and qualifications are needed to build new reactors. Though partially kept up to date through the construction of the EPR in Flamanville, these skills risk once again becoming obsolescent if the nuclear industry, which has difficulty recruiting, does not soon gain better visibility of the worksites to be planned.
    • Les leviers industriels de la compétitivité du nucléaire - Xavier Ursat p. 131-135 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le parc nucléaire français arrivera à une période pivot vers 2030-2035. Héritage d'une politique de long terme, qui voulait assurer l'indépendance énergétique du pays, il constitue un atout économique, social et environnemental. Les temps de l'industrie sont longs et il convient, dès à présent, d'instruire les conditions de son renouvellement.Pour la construction du premier EPR de Flamanville, la filière a dû faire face à des difficultés. Le projet a joué son rôle de relais industriel. Les enseignements à en tirer sont d'ores et déjà intégrés à la réflexion relative à un programme de nouveaux réacteurs.Leur construction nécessiterait une large mobilisation des acteurs industriels et de la société dans son ensemble. La filière nucléaire française a un grand défi à relever pour être au rendez-vous. Elle doit poursuivre son effort pour consolider sa maîtrise industrielle et sa performance économique dans un monde en transition.
      The French fleet of nuclear reactors will reach a turning point during the 2030-2035 period. This legacy of a long-term policy for seeing to the country's energy independence is also an economic, social and environmental asset. This industry's time scale is long-term. We should start giving thought to the conditions for replacing reactors. For the construction of the first EPR in Flamanville, the industry had to deal with several problems. The lessons it learned have already been integrated in the plans being drawn up for new reactors. To build them, industrialists and the whole society have to be mustered. The French nuclear industry must be ready and continue trying to consolidate its industrial control and economic performance in a world undergoing change.
    • Approvisionnement en uranium et métaux stratégiques pour le nucléaire : dépendance ou faux problème ? - Philippe Knoche p. 136-139 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'indépendance énergétique d'un pays est un facteur-clé de sa souveraineté. Dans le nucléaire, la France a développé une filière industrielle nationale complète qui lui permet de maîtriser la conception et la construction de ses propres installations de production d'électricité, d'enrichissement d'uranium et de fabrication du combustible, en passant par le traitement et le recyclage, ainsi que la gestion des déchets. Concernant l'approvisionnement en uranium, qui est une ressource abondante, la France maîtrise son approvisionnement notamment grâce à Orano qui dispose de plusieurs mines sur trois continents. Grâce à sa maîtrise de l'ensemble de la filière, notamment en ce qui concerne l'enrichissement de l'uranium et le recyclage des combustibles nucléaires usés, notre pays dispose sur son territoire de matières constituant une réserve stratégique. Les matières nucléaires peuvent également être utilisées dans d'autres domaines importants pour la souveraineté de notre pays, comme l'espace ou le médical.
      A key factor in sovereignty is a country's energy independence. Since it has developed a vertically integrated nuclear industry, France is able to control the design and construction of its own installations for generating electricity, enriching uranium and making fuel through processes for recycling and waste management. It controls its supply of uranium, which is an abundant resource, via, in particular, Orano, which operates mines on three continents. Thanks to its control over this industry's vertical integration, in particular for enriching uranium and recycling spent fuel, France has stored what amounts to a strategic reserve. Nuclear materials can also be used in other fields important to the country's sovereignty, such as space or medicine.