Contenu du sommaire : Sécurité en Méditerranée : acteurs et stratégies
Revue | Confluences Méditerranée |
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Numéro | no 123, hiver 2022 |
Titre du numéro | Sécurité en Méditerranée : acteurs et stratégies |
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Dossier. Sécurité en Méditerranée : acteurs et stratégies
- La gestion de crise en Méditerranée. Des approches à géométrie variable - Chloé Berger p. 9-18
- L'Afrique du Nord ou la permanence du sécuritaire - Luis Martinez p. 21-32 Une décennie après les révoltes arabes, force est de constater la restauration autoritaire des régimes et la marginalisation des revendications démocratiques. L'échec de ces transitions démocratiques laisse des États affaiblis et mis au défi de répondre aux problèmes économiques et sociaux. La sécurité et la stabilité de ces pays reposent plus que jamais sur la capacité des partisans de « l'État fort » à créer les conditions d'une croissance économique durable. Le futur de ces États dépendra largement de leur aptitude à inventer de nouveaux modes de gestion des fractures sociétales en dehors du recours systématique à l'usage de la force.A decade after the Arab revolts, the authoritarian restoration of political regimes and the marginalisation of democratic demands have become apparent. The failure of these democratic transitions leaves States weakened and challenged to respond to economic and social problems. The security and stability of these countries depend more than ever on the ability of ‘strong State' advocates to create the conditions for sustainable economic growth. The future of these States will largely depend on their ability to invent new ways of managing societal fractures outside the systematic use of force.
- Franchir le Rubicon et se désenclaver : les chemins sinueux d'une restauration militaire - Saïd Haddad p. 33-44 Les révolutions et les soulèvements populaires qui ont eu lieu en 2011 dans une grande partie du monde arabe ont souligné le rôle crucial des forces armées dans la gouvernance de ces pays. La place centrale qu'elles occupent dans les appareils d'Etat en font des interlocuteurs incontournables autant qu'ambivalents des efforts de stabilisation de la région MENA. Elles ont ainsi réagi différemment aux demandes de changement portés par les soulèvements populaires : de l'accompagnement à la division en passant par la répression. Une décennie plus tard, le paysage politique des pays arabes ayant traversé le moment révolutionnaire est contrasté. Au sein de ce paysage, les forces tunisiennes et égyptiennes font figure d'exception. En soutenant les revendications de la population, elles ont permis une transition politico-institutionnelle relativement pacifique, en prévenant un basculement dans la violence généralisée. Le rôle des armées tunisienne et égyptienne durant la révolution et après 2011 souligne avec force la posture ambiguë de ces appareils militaires vis-à-vis des processus de démocratisation initiés dans les deux pays et rappelle le rôle clé joué par la gouvernance civilo-militaire dans les processus transitionnels.The revolutions and popular uprisings that took place in much of the Arab world in 2011 highlighted the crucial role played by the armed forces in the governance of these countries. Their central place in state apparatuses makes them protagonists as essential as they are ambivalent of stabilization efforts in the MENA region. They have reacted differently to demands for change raised by popular uprisings: from support to division, including the repression of popular protests. A decade later, the political landscape of the Arab countries that experienced revolutionary movements is contrasted. Within this landscape, the Tunisian and Egyptian forces are exceptions. By supporting the demands of the population, they have enabled a relatively peaceful politico-institutional transition, preventing a tipping into generalized violence. The role played by the Tunisian and Egyptian armed forces during the revolution and after 2011 strongly underlines the ambiguous posture of these military apparatuses vis-à-vis the democratisation processes initiated in both countries. It also reminds us of the key role played by civil-military governance in transitional processes.
- Reforming security governance: how to better integrate non-State actors? - Umberto Profazio p. 45-55 Guidés par une aspiration démocratique, des appels à une plus grande représentativité et à une meilleure gouvernance, les « printemps arabes » ont déstabilisé la région, en mettant à l'épreuve la résilience de régimes en place. Le vide de pouvoir qui en a résulté a ouvert la voie à l'émergence de secteurs de sécurité hybrides, au sein desquels acteurs étatiques et non-étatiques se disputent le monopole de l'usage de la force. Dans ce contexte, les acteurs internationaux sont encouragés à repenser leurs approches de gestion des crises, en particulier les programmes de réforme du secteur de la sécurité, de manière plus pragmatique et inclusive.Driven by democratic aspiration, calls for greater representativeness and a better governance, the so-called Arab Spring destabilised the region, testing the resilience of long-standing regimes. The resulting vacuum of power has paved the way for the emergence of hybrid security sectors, in which State and non-State actors compete for the monopoly of the use of force. Against this backdrop, international actors should rethink crisis management approaches, especially Security Sector Reform programs, in a more pragmatic and inclusive way.
- Reconstruction et Nation-Building : l'expérience institutionnelle de la Fédération Démocratique de la Syrie du Nord-Est - Gwennola Colléter p. 59-71 La fin de la guerre froide a encouragé la communauté internationale à se concentrer sur des missions dites de stabilisation et de gestion de crise. À la suite des guerres des Balkans, les organisations civiles et militaires ont pris conscience de la nécessité d'élaborer des approches « intégrées » pour adresser la complexité des crises contemporaines. De l'Afghanistan au Sahel, en passant par les multiples crises qui ont secoué le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord depuis 2011, la communauté internationale semble pourtant incapable d'assurer le retour de ces sociétés fracturées vers une paix durable. A contrario de ces approches « importées », l'expérience sociétale et institutionnelle mise en œuvre dans le Nord-Est de la Syrie (NES) à partir de 2015, permet de penser autrement la stabilisation en favorisant les initiatives locales et les approches « bottom-top ».The end of the Cold War encouraged the international community to focus on so-called stabilisation and crisis management missions. Following the Balkan wars, civilian and military organisations became aware of the need to develop “integrated” approaches to address the complexity of contemporary crises. From Afghanistan to the Sahel, through the multiple crises that have shaken the Middle East and North Africa since 2011, the international community has nevertheless failed to ensure the return of these fractured societies to lasting peace. In contrast to these “imported” approaches, the societal and institutional experience implemented in North-East Syria (NES) since 2015 allows us to think differently about stabilisation by favouring local initiatives and “bottom-up” approaches.
- Complémentarités et synchronisations au Sahel : retour sur 10 ans d'expérience - Éric Kalajzic p. 73-85 La déstabilisation des voisins sahéliens de la Libye a révélé une interconnexion croissante des problématiques sécuritaires sahéliennes et nord-africaines, dont les répercussions menacent directement la sécurité européenne. L'examen des stratégies de stabilisation déployées au Sahel par de multiples acteurs soulignent les limites inhérentes à la manière dont les Européens appréhendent la gestion de crise dans leur grande périphérie sud. Les multiples acteurs présents au Sahel disent vouloir contribuer à l'établissement d'un environnement stable et sûr, prélude à la mise en œuvre de projets de développement et de réformes structurelles en matière de gouvernance et d'éducation. Toutefois, sur le terrain, il manque un architecte et un maître d'œuvre pour coordonner, agencer les complémentarités et synchroniser en un plan intégré les différentes initiatives. La dégradation de la situation sécuritaire et le sentiment d'abandon perçu par les populations qui ne se sentent pas protégées marquent l'échec de ce modèle. La stabilisation pourrait ainsi être repensée autour de la reconstruction d'une institution centrale, pilotée par les autorités nationales, qui pourrait hiérarchiser les projets et les actions pour une utilisation optimale des ressources.The destabilization of Libya's Sahelian neighbours has revealed a growing interconnection of Sahelian and North African security issues, the repercussions of which directly threaten European security. Examining stabilization strategies deployed in the Sahel by multiple actors underlines the limits pertaining to the way Europeans apprehend crisis management in their southern periphery. The multiple actors in the Sahel claim their willingness to contribute to the establishment of a stable and secure environment as a prelude to the implementation of development projects and structural reforms in governance and education. However, on the ground, there is no architect or project manager to coordinate, arrange the complementarities and synchronise the various initiatives into an integrated plan. The deterioration of the security situation and the feeling of abandonment perceived by the populations who do not feel protected mark the failure of this model. Therefore, stabilization could be rethought around the reconstruction of a central institution led by national authorities, that could prioritise projects and actions for an optimal use of resources.
- L'ONU sur le territoire moyen-oriental : ambitions et limites - Rachid Chaker p. 87-97 Alors que l'Organisation des Nations unies fut créée à l'issue du second conflit mondial afin de répondre aux menaces à la paix et à la sécurité internationales, son bilan en Afrique du Nord et au Moyen-Orient semble très contrasté, malgré une bonne volonté affichée. L'objectif de cet article est de dresser un bilan des engagements de l'ONU dans la zone, et de mettre en lumière les difficultés récurrentes auxquelles est confronté l'Organisation au cours de ses missions.While the United Nations were created at the end of the Second World War to respond to threats to international peace and security, its record in North Africa and the Middle East appears to be mixed, despite the good will it has shown. The aim of this article is to take stock of the UN's commitments in the area, and to highlight the recurring difficulties faced by the Organization during its missions.
- Three Decades of US Intervention in the Mediterranean Region: Limits of the Counterterrorism Approach to Stabilization - Amin Tarzi p. 99-110 Les intérêts stratégiques américains ont toujours occupé une place cruciale dans l'évolution des rapports de force au Moyen-Orient et plus généralement dans la grande périphérie sud de l'Europe. Les atouts stratégiques de cette région – réserves d'hydrocarbures ; position stratégique reliant l'Europe, l'Asie et l'Afrique ; contrôle des routes maritimes – ont toujours suscité une attention particulière à Washington, justifiant le soutien multiforme apporté à un certain nombre d'alliés dans cette région. Jusqu'aux années 1970, l'engagement régional américain se décline sur trois lignes d'efforts : diplomatique, défense et développement (3D approach), organisés autour de 2 points d'appui : Israël et le Golfe persique. Le renversement du Shah et l'invasion de l'Afghanistan par les Soviétiques changent la donne. L'apparition de mouvances armées, adoptant des modes opératoires terroristes et se réclamant d'interprétations radicales de l'islam, donne désormais la priorité aux opérations de contre-terrorisme. L'Afrique du Nord est progressivement intégrée à la stratégie régionale américaine. La « sécuritisation » des politiques d'assistance et des alliances s'accélère avec le 11 septembre. La lutte contre les organisations terroristes internationales devient l'axe structurant de l'engagement américain dans une région « Sud » dont la géographie épouse les contours de l'évolution des organisations terroristes internationales.Strategic interests of the United States always had a critical impact on the evolution of the balance of power in the Middle East and more generally in Europe's vast southern periphery. The strategic assets of this region – hydrocarbon reserves; strategic position linking Europe, Asia, and Africa; control of maritime routes – have always drawn particular attention in Washington, justifying the multifaceted support provided to a number of allies in this region. Until the 1970s, the American commitment to the region follows three lines of effort: diplomatic, defence and development (3D approach), structured around two main points of support: Israel and the Persian Gulf. The overthrow of the Shah and the invasion of Afghanistan by the Soviets changed the situation. The appearance of armed movements, adopting terrorist modus operandi and promoting radical interpretations of Islam, have since then given priority to counter-terrorist operations. North Africa was gradually integrated to the US regional strategy. The “securitization” of aid policies and alliances have accelerated with 9/11. The fight against international terrorist organisations has become the structuring axis of American engagement in the “South”; a region geographically defined by the evolutions of international terrorist organisations.
- Europe and the South: the Maritime Dimension - Daniel Fiott p. 111-121 La périphérie « sud » de l'Europe, dont les limites varient selon les cadres géopolitiques et institutionnels considérés, revêt une importance critique pour cette dernière d'un point de vue aussi bien économique que géopolitique. Le sud de l'Europe reste affecté par un arc d'instabilité, allant des côtes atlantiques de l'Afrique aux franges orientales du Moyen-Orient, englobant différents espaces maritimes. C'est pourquoi l'UE a toujours abordé son voisinage méridional sous l'angle de la sécurité maritime. À l'heure où tous les États européens surveillent avec anxiété les évolutions sur leur flanc oriental et cherchent des alternatives aux ressources naturelles russes, il convient de ne pas perdre de vue la façon dont l'Europe relève les défis de sécurité que pose le Sud et d'évaluer la capacité de cette dernière à s'imposer comme un acteur maritime crédible dans ces vastes régions.Europe's southern neighbourhood, for which the delineation varies according to the geopolitical and institutional frameworks considered, is critical from an economic and geopolitical perspective. Europe's South remains affected by an arc of instability, running up from the Atlantic coast of Africa to the eastern fringes of the Middle East, encompassing several maritime spaces. For this reason, the EU has always approached its southern neighbourhood through a maritime security lens. At a time when all European States are anxiously monitoring developments on their eastern flank and seeking alternatives to Russian fossil resources, one should not lose sight of how Europe is meeting security challenges in the South and assess Europe's ability to be a credible maritime actor in these vast regions.
- China in the Mediterranean: attraction and rejection in the Maritime Silk Road - Irene Martinez p. 125-136 La Chine n'a jamais développé de stratégie officielle concernant la région méditerranéenne et Pékin, à la différence d'autres puissances, s'est tenu à distance du désordre régional. Cependant, son intérêt croissant pour l'extraction et l'exploitation des ressources naturelles de trois régions – la région MENA, l'Afrique et l'Asie centrale – situées à proximité du bassin méditerranéen pourrait l'amener dans le futur à prendre une part plus active aux efforts de stabilisation de la région. En tant que « hub naturel » interconnectant ces riches régions et reliant l'Asie à l'Atlantique, le bassin méditerranéen offre des opportunités stratégiques pour développer et renforcer l'« économie bleue » chinoise. Au cours de la dernière décennie, les Chinois ont pris de nombreuses parts dans des projets d'infrastructure et de connectivité en Méditerranée. Pour l'instant, ces investissements apparaissent fragmentés et non-coordonnés. Cependant, il ne faut pas oublier que de nombreuses stratégies d'influence reposent sur des facteurs cumulatifs et redondants. Le contrôle d'infrastructures clé en matière de transport et d'énergie pourraient offrir d'importants avantages pour la projection de forces. Il est trop tôt pour déterminer la nature des ambitions chinoises en Méditerranée, mais les Européens ne doivent pas les perdre de vue.China has never developed a formal strategy regarding the Mediterranean region and Beijing, unlike other powerful actors, was able to distance itself from the regional turmoil. Yet, in the future, its growing interests for extracting and exploiting he natural resources of the three regions – the MENA region, Africa, and Central Asia – located in the direct vicinity of the Mediterranean Basin could change this state of play and compel Beijing to take a more proactive role in the stabilization efforts of the region. As a “natural hub” interconnecting these rich regions and connecting Asia to the Atlantic, the Mediterranean Basin offers strategic opportunities to further develop and strengthen China's blue economy. Over the last decade, the Chinese have seized many shares in infrastructure and connectivity projects in the Mediterranean. For the time-being, these investments appear fragmented and not coordinated. However, one should not forget that many strategies of influence rely on cumulative and redundant factors. In addition, controlling critical transport and energy infrastructure would offer strong advantages for forces projection. It is too early to determine the nature of the Chinese ambitions in the Mediterranean region, but Europeans should not lose sight on them.
- La Russie en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, une percée guidée par les circonstances - Adlene Mohammedi p. 137-148 En une vingtaine d'années, Vladimir Poutine a fait de la Russie une puissance active en Méditerranée. Sur les plans économique, politique et militaire, Moscou s'est érigée en alternative crédible à Washington en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. En 2001, pour la Russie, la stabilité était du côté d'un partenariat avec les États-Unis. En 2011, les Américains étaient perçus comme une menace à cette stabilité dans le monde arabe. Aujourd'hui, la Russie se contente de gérer une instabilité qu'elle a elle-même provoquée en envahissant l'Ukraine. Isolée en Europe, elle ne l'est pas en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.Over the past twenty years, Vladimir Putin has made Russia an active power in the Mediterranean. Economically, politically, and militarily, Moscow has established itself as a credible alternative to Washington in North Africa and the Middle East. In 2001, Russia considered it could achieve stability through a partnership with the United States. In 2011, the Americans were seen as a threat to that stability in the Arab world. Today, Russia is merely managing an instability that it has itself provoked by invading Ukraine. Isolated in Europe, it is certainly not isolated in North Africa and the Middle East.
- La projection de puissance turque : la Méditerranée orientale comme centre de gravité - Jean Marcou p. 149-160 Depuis la fin de la guerre froide, la Turquie a renoué progressivement avec une politique de puissance qui vise à projetersoninfluenceau-delàdeseszonesd'actiontraditionnelles (Balkans, mer Noire, péninsule anatolienne, Levant, Corne de l'Afrique). Cet interventionnisme turc renouvelé a profité des nouvelles opportunités offertes par les printemps arabes tout autant que du retour de la Russie en Méditerranée. Au cours de la dernière décennie, Ankara s'est montrée particulièrement active, menant une politique de rapprochements tous azimuts et cherchant à se poser en médiateur des nombreux conflits de la région. Si l'affirmation des ambitions régionales turques en Méditerranée, au travers notamment d'un « nationalisme maritime », constitue une réponse aux multiples crises qui affectent le Bassin et sa périphérie, elle reflète également une tentative de désenclavement. À l'étroit en Méditerranée orientale, la Turquie cherche désormais à projeter son influence, et dans certains cas ses forces, vers des théâtres plus lointains : Caucase, Golfe persique, Afrique. Le recours de plus en plus fréquent aux interventions militaires et les tensions politiques qui ont émaillé les relations entre la Turquie et ses alliés occidentaux au cours des dernières années révèlent cependant les contradictions et les limites d'une politique de puissance, contraintes par les réalités d'un voisinage conflictuel.Since the end of the Cold War, Turkey has gradually returned to power politics, seeking to project its influence beyond its traditional areas of action (Balkans, Black Sea, Anatolian Peninsula, Levant, Horn of Africa). The new Turkish interventionism took advantage of the new opportunities provided by the Arab Spring as well as the return of Russia to the Mediterranean. Over the past decade, Ankara has been particularly active, pursuing a policy of all-out rapprochement and seeking to mediate the many conflicts in the region. If the assertiveness of Turkish regional ambitions in the Mediterranean, notably through “maritime nationalism”, constitutes a response to the multiple crises affecting the Basin and its periphery, it also reflects an attempt to open-up. Cramped in the eastern Mediterranean, Turkey is now seeking to project its influence, and in some cases its forces, towards more distant theatres: Caucasus, Persian Gulf, Africa. The increasingly frequent resort to military interventions and the political tensions that have plagued relations between Turkey and its Western allies in recent years, however, reveal the contradictions and limits of a power policy, constrained by the realities of a conflicted neighbourhood.
- Les États du Golfe : nouveaux acteurs de la stabilisation du Sud ? - Chloé Berger p. 161-175 Depuis la fin des années 2010, les États du Conseil de Coopération de Golfe ont gagné une influence certaine au sein du bassin méditerranéen. Les rapports de force en Méditerranée sont désormais tributaires des rivalités de puissance qui traversent cette région (Iran/CCG ; Qatar/Émirats-Arabie saoudite) longtemps considérée « en marge » du monde arabe. En raison de leurs « singularités », les États du Golfe ont très tôt été poussés à développer des instruments d'influence visant à compenser et dépasser leurs faiblesses naturelles par des effets de levier (alliances avec des partenaires puissants, leadership idéologique, levier du pétrole, assistance au développement et aide humanitaire, etc.). Dans ce contexte, les pétromonarchies ont progressivement investi les champs de la reconstruction et de la stabilisation. Si la différenciation de leurs registres d'influence leur a permis de gagner un rayonnement croissant sur les affaires de la région MENA, elle les a également entraînées dans une concurrence qui pourrait se révéler insoutenable à terme.Since the end of the 2010s, the Gulf Cooperation Council States have gradually gained a certain influence in the Mediterranean basin. The balance of power in the Mediterranean now depends on the power rivalries that run through the Gulf region (Iran/GCC; Qatar/Emirates-Saudi Arabia), which was long considered “on the fringe” of the Arab world. Because of their "singularities", the Gulf States were very early incentivized to develop instruments of influence aimed at compensating for and overcoming their natural weaknesses through leverage effects (alliances with powerful partners, ideological leadership, weaponization of oil, development and humanitarian aid, etc.). In this context, the Gulf States have progressively invested the fields of reconstruction and stabilisation. While the differentiation of their spheres of influence has enabled them to gain increasing influence over MENA affairs, it has also drawn them into a competition that could prove unsustainable in the long run.
Variations
- Les sionistes et le Litani. De la création de l'Organisation sioniste mondiale à la fin du Mandat britannique - Pierre Naccache p. 179-196 Cet article présente un historique des réflexions des dirigeants sionistes relatives à l'utilisation de l'eau du Litani, le principal fleuve libanais, au cours de la première moitié du XXe siècle. La présentation met en évidence leur préoccupation constante pour l'eau du nord de la Palestine et un intérêt spécifique pour l'eau du Litani tout au long de la période examinée. Une vision stratégique de l'exploitation de ces ressources hydrauliques au bénéfice du seul futur État juif a émergé et a été précisée à partir de 1920. Cette vision stratégique a été un élément structurant pour les dirigeants sionistes pendant plusieurs décennies. Sans surprise, ce sont des ingénieurs qui ont joué les principaux rôles dans son élaboration. Il s'agit de Bourcart, Rutenberg, Hays, Blass et, dans une moindre mesure, Mead.This article presents a history of the thinking of Zionist leaders regarding the use of water from the Litani River, Lebanon's main river, during the first half of the twentieth century. The presentation highlights their ongoing concern for the water of northern Palestine and a specific interest in the water of the Litani throughout the period under review. A strategic vision for the exploitation of these water resources for the sole benefit of the future Jewish State emerged and was further refined from 1920 onwards. This strategic vision was a structuring element for the Zionist leaders for several decades. Not surprisingly, it was engineers who played the main roles in its elaboration. They were Bourcart, Rutenberg, Hays, Blass and, to a lesser extent, Mead.
- Israël et l'apartheid. Une qualification qui crée débat - p. 197
- Oui, le régime israélien est une forme d'apartheid - Dominique Vidal p. 199-202
- Ce n'est pas l'apartheid, c'est pire - Lev Grinberg p. 203-206
- Vous avez dit apartheid… Point de vue critique du rapport d'Amnesty International - Jean-Paul Chagnollaud p. 207-211
- Les sionistes et le Litani. De la création de l'Organisation sioniste mondiale à la fin du Mandat britannique - Pierre Naccache p. 179-196
- Lettre de Odon Lafontaine - Odon Lafontaine p. 213-214