Contenu du sommaire : La communication : une interrogation philosophique

Revue Réseaux (communication - technologie - société) Mir@bel
Numéro vol. 9, no. 46, 1991
Titre du numéro La communication : une interrogation philosophique
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Les auteurs - p. 5 accès libre
  • Editorial - Paul Beaud, Patrice Flichy p. 7 accès libre
  • Présentation - Christian Descamps p. 9-10 accès libre
  • Le dossier : La communication : une interrogation philosophique

    • " - Paul Beaud p. 11-25 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La sociologie est aujourd'hui confrontée à l'hypothèse de plus en plus souvent formulée que la communication serait devenue une activité purement instrumentale, intransitive, confrontée aussi à l'idée que les médias ne serviraient plus de support à la construction conflictuelle de représentations, de normes, de valeurs, mais seulement à une juxtaposition empirique et désordonnée d'informations dépourvues de sens. Face à ce constat, il convient de s'interroger sur ce qui peut rester de pertinence à des notions telles que l'opinion et l'espace public. En ce qui concerne la première, il faut rappeler qu'elle est une exigence propre aux sociétés modernes qui, privées du recours à la tradition, doivent s'en remettre à l'argumentation et à l'intersubjectivité pour assurer leur fonctionnement. Quant au positivisme pseudo-scientifique qui se serait substitué dans l'espace public au discours téléologique, il doit être en tant que tel considéré comme une rhétorique, comme une argumentation.
      Sociology is today confronted with a hypothesis more and more frequently formulated in which communications should become a purely instrumental activity, an intransitive one, and is confronted also by the idea that media would no longer serve to support the conflictual construction of representations, of standards, of values, but only an empirical juxtaposition and uncoordinated information lacking sense. Confronted with this acknowledgement, it is useful to ask ourselves what may remain of pertinance in notions such as opinion and public space. Concerning the former, it is necessary to recall that it is a demand of modern societies that, deprived of recourse to tradition, they take up argumentation and intersubjectivity to assure their ability to function. As to the pseudo-scientific positivism that would be substituted in the public space for a teleological discourse, it must be as such considered as a rhetoric, as a means of argumentation.
    • Pour une communication sans concept - Jean-Michel Besnier p. 27-39 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Prise en charge par les sciences du langage ou par la cybernétique, la communications est réduite à l'information et engagée dans une entreprise de modélisation intégrale. Les développements de la pragmatique d'inspiration systémique aussi bien que l'essor des sciences cognitives paraissent confirmer la disqualification des points de vue herméneutique et éthique auxquels s'attachaient les philosophes. C'est néanmoins par référence au kantisme que l'intersubjectivité impose une problématique du sens à laquelle Apel, Habermas ou Grice s'efforcent de satisfaire. La visée conceptuelle avouant ses limites, la conversation et, d'une façon générale, la littérature semblent promettre une élucidation non réductrice des actes de communication.
      Taken up by the sciences of language or by cybernetics, communication is reduced to the process of informing and thus engaged in an enterprise of integral modelling. The development of the pragmatic of systemic inspiration as well as the expansion of the cognitive sciences appears to confirm the disqualification of the hermeneutical and ethical points of view to which philosophers have been attached. It is, nonetheless, by references to Kantism that intersubjectivity imposes a problematic in the sense of that which Apel, Habermas, or Grice try their best to satisfy. The conceptual aim is to admit its limits. Conversation, and in a general way literature, seem to promise a non-reductional elucidation of the acts of communication.
    • L'archive, moyen de communication et constitution du sujet historique. Un voyage à travers les archives judiciaires du XVIIe siècle - Arlette Farge p. 41-46 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'archive manuscrite (celle, par exemple, des archives judiciaires du XVIIIe siècle) pour l'historien n'est ni un reflet ni une preuve. Elle est le moyen qu'il se donne pour communiquer avec le passé. L'archive « manque » toujours, même abondante. Utiliser l'archive c'est traduire ce manque en question et faire du sens avec elle. L'archive est texte parce qu'elle trouve un destinataire qui crée une nouvelle élaboration d'elle. Ainsi, pour ce langage qui capte les mots d'autrui et d'autrefois, les sujets de l'histoire se constituent et, en un même mouvement, c'est nous-mêmes qui sommes ressaisis en sujets de l'histoire.
      The manuscript archive (as for example the legal archives of the 18th century) is for an historian neither a reflection nor a proof. It is a means that lends itself to communication with the past. The archive « lacks » always, often abundantly. Using the archive is a matter of translating this gap and making sense of it. The archive is a text because it can find a recipient who creates a new elaboration of it. Thus, this language that harnesses both the words of others and of the past is subject to a history of its constitution and even of reorientation as we reconstruct the subjects of history.
    • L'historien et le sociologue face à la technique. Le cas des machines sonores - Patrice Flichy p. 47-58 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Pour étudier la technique, il convient de reprendre la suggestion de Braudel et d'associer recherche historique et recherche sociologique. Seule la première peut permettre de dégager ces mouvements de longue durée si importants pour analyser l'évolution de la technique et du social. Ces deux évolutions doivent être étudiées simultanément. Il convient en effet d'éviter la séparation traditionnelle entre histoire des techniques et histoire des usages. Ces principes sont illustrés par l'étude de la naissance des machines sonores (téléphone et phonographe).
      To study technique, it is useful to recall Braudel's suggestion and to blend historial and sociological research. Only the first permits one to extricate movements of long duration that are so important for the analysis of the evolution of the technical and the social. These two evolutions must be studied simultaneously. In fact, it is important to avoid the traditional separation between the history of technologies and the history of their uses. These principles are illustrated by the study of the birth of sound-oriented machines (the telephone and the phonograph).
    • L'hypertexte, instrument et métaphore de la communication - Pierre Lévy p. 59-68 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article esquisse une approche de la communication alternative à la théorie classique de Shannon. Plutôt que de faire intervenir le contexte après-coup et marginalement, au moment de la désambiguïsation des messages reçus, nous pensons que le contexte (que l'on peut modéliser en s'inspirant des hypertextes à support informatique) doit être pensé comme l'enjeu essentiel de l'acte de communication. A la suite de plusieurs travaux en pragmatique et en microsociologie de la communication, on suggère ici une inversion de la problématique habituelle : loin de n'être qu'un adjuvant utile à la compréhension des messages, le contexte est la cible même des actes de communication, chaque nouveau message remet enjeu le contexte et son sens. Succédant à celle du téléphone, la métaphore de l'hypertexte pourrait inspirer une théorie herméneutique de la communication centrée sur le sens plutôt que sur la transmission ou le décodage.
      This article outlines an approach to communications that is an alternative to the classic theory of Shannon. Rather than intervene in the context marginally and after the fact, at the moment of rendering unambiguous the received messages, one can think of the context (which can be inspired by the model of interlinked computer files known as hypertext), as the essential stake in the act of communications. Following the approach in a number of works in pragmatics and the micro-sociology of communications, it is suggested here that the usual problematic be inverted. Far from only being a useful adjunct to the understanding of messages, the establishment of a context is the proper goal of the communications act. In a communications situation each new message fulfills the role of further defining the context and its sense. As a successor to that of the telephone, the hypertext metaphor can inspire a hermeneutic theory of communication centered on sense rather than on the transmission or decoding of messages.
    • D'un modèle épistémologique de la communication à un modèle praxéologique - Louis Quéré p. 69-90 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article plaide pour le développement du paradigme communicationnel dans l'analyse sociale, y compris dans l'analyse de la communication sociale elle-même. Il tente de préciser la différence qu'un tel paradigme introduit dans l'approche des faits sociaux. Considérant que la conception prédominante de la communication, qui est représentationniste et cognitiviste, cède au mythe du donné et du déterminé-en-soi, l'auteur lui oppose un modèle intersubjectiviste et pragmatiste. Cet article engage ainsi le débat avec les auteurs qui proposent une théorie cognitive de la communication.
      This article calls for the development of a communicational paradigm in social analysis, including in the analysis of social communication itself. It tries to make clear the difference that such a paradigm introduces in the approach to social facts. Considering that the predominant conception of communication, that is representationalist and cognitivist, gives in to the myth of fact and of determination-in-itself , the author opposes an intersubjectivist and pragmaticist model. This article thus joins the debate conducted among authors who propose a cognitive theory of communication.
    • Le sujet de la communication - Alain Renaut p. 91-101 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Devant la propension à déclarer périmé, parce que « monologique », le « paradigme du sujet », une relecture de l'histoire moderne de la subjectivité fait apparaître quelles virtualités contient en elle, sauf à être confondue avec celle d'individu, une notion en réalité inséparable d'un horizon d'intersubjectivité. En ce sens, bien plutôt que de surenchérir sur les subversions néo-structuralistes du sujet, s'agirait-il, pour donner tous ses droits en philosophie à la problématique de la communication, de recomposer, contre leurs dissolutions individualistes, les valeurs de la subjectivité.
      In the face of the propensity to declare the « paradigm of the subject » outdated and « monological », a re-reading of the modern history of subjectivity causes some of the virtualities contained within it to appear, except when confused with that of the individual, as a notion in reality inseparable from an intersubjective horizon. In this sense, much earlier than the overstatement of the neo-structuralist subversions of the subject, it was a matter of giving all the rights in philosophy to the problematic of communication, to recomposition, against their individualist dissolutions, the values of subjectivity.
    • Modestes propositions pour une histoire du présent : la communication comme entrelacs de médiations - Jean-Paul Simon p. 103-117 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La thèse avancée dans ce texte est que l'on ne peut comprendre ce qui se donne à penser et à entendre comme « phénomènes de communication » qu'en démêlant plusieurs fils analytiques et en procédant, ainsi, à une reconstruction historique. L'exemple du « plan câble » permet de voir comment, d'une part, une décision contingente s'interprète comme le résultat de processus et de logiques à l'œuvre antérieurement. D'autre part, en suivant l'une des dimensions, celle de la politique symbolique, on peut à la fois ré-inscrire ces processus dans la longue durée et marquer des discontinuités sous des continuités. Les « phénomènes de communication » sont dès lors saisis comme un moment de l'évolution historique de politiques symboliques ou comme manifestant l'achèvement d'un « long dix-neuvième siècle ». On amorce ainsi une histoire sociale de la communication qui se veut aussi contribution à l'histoire du présent.
      The thesis advanced in this text is that one can only understand that which are thought of and understood as « communications phenomena » if a number of analytic threads are untangled and then recontructed historically. The example of the « cable plan » allows one to see how, on the one hand, a decision whose interpretation is contingent upon the result of a process and of a logic that will be later put to work. Yet, on the other hand, in following one of these dimensions , that of symbolic politics, one can at the same time interpret this process in the long term and mark the discontinuities that lie beneath the continuities. That being the case, « communications phenomena » can be siezed as a moment in the historical evolution of symbolic politics or as the manifest cumulation of a « long 19th century ». One thus initiates a social history of communications that may also contribute to a history of the present.
    • " - Eliseo Véron p. 119-126 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La notion de communication ne permet pas de délimiter une discipline : on peut parler de communication à propos de n'importe quel phénomène, à condition que des êtres vivants y soient mêlés. La plupart de ceux qui parlent de communication ont une conception linéaire du processus ainsi désigné, y compris les différents courants de la sémiologie. L'auteur propose de parler de production de sens, et de se donner les moyens de traiter la circulation de sens comme processus complexe, non linéaire : il y a un décalage constitutif entre la production et la reconnaissance du sens. Cela mène, sous l'inspiration de Peirce, à proposer un modèle ternaire comme unité élémentaire du sens. La question cruciale de l'observateur, enfin, soulève une hypothèse sur l'indécidabilité de la relation entre la tiercéité impliquée en production et celle en reconnaissance.
      The notion of communications does not permit a discipline to be delimited. One can speak of communications in the context of any phenomenon that living beings are take part in. Most of those who speak of communications, including members of the various schools of semiology, conceive of an inherently linear process. Here, the author proposes that we speak of the production of sense, and gives himself the means of treating the construction of sense as a complex, non-linear process : there is an interval or gap that is an important component that places itself between the production and the acknowledgement of sense. This leads, under the inspiration of Peirce, to the proposal of a compound model as the basic means by which sense may be constructed. In the end, the crucial question for the observer is based on a hypothesis that rests upon the undecidability of the way this implied third level stands between production and recognition.
    • Resumes/Abstracts - David Lytel p. 127-134 accès libre
  • Le point sur

  • Notes de lecture

  • Courrier - p. 149-151 accès libre
  • Colloques - p. 153 accès libre