Contenu du sommaire : Après le Brexit
Revue | Revue d'économie financière |
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Numéro | no 148, 4ème trimestre 2022 |
Titre du numéro | Après le Brexit |
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Après le Brexit
- Introduction - Pervenche Berès, Sylvie Matherat p. 9-19
- Le Brexit : liberté ou tragédie ? - David Wright p. 23-40 Le vote en faveur du Brexit lors du référendum de juin 2016 a libéré de nouvelles forces politiques et économiques puissantes au Royaume-Uni (RU) et dans l'Union européenne (UE). Pourquoi et comment cela s'est-il produit ?On n'a jamais dit la vérité sur l'UE au peuple britannique – ni sa raison d'être en tant qu'organisation politique internationale chargée de construire une paix durable sur le continent européen, ni les avantages d'une étroite coopération européenne dans un monde interconnecté et multipolaire fondé sur des traités juridiquement contraignants.L'euroscepticisme au RU, construit pendant quarante ans, n'a pas été contesté par des générations de responsables politiques et a été, sans relâche, alimenté par une presse britannique hostile et agressive.Il n'y a aucune preuve à ce stade que le RU ait prospéré hors de l'UE ; au contraire, politiquement et économiquement, il a régressé. Il est devenu moins fiable, économiquement instable et moins influent au niveau international.L'intégration européenne, cependant, a progressé de manière significative depuis que le RU a quitté l'UE, mais l'UE a aussi perdu certains importants atouts et qualités britanniques.Le Brexit : liberté ou tragédie ? Une tragédie coûteuse pour le peuple britannique qui durera des générations. Classification JEL : N14, N24, N44, O52, P05, P16.The Brexit referendum vote of June 2016 has unleashed powerful, new political and economic forces in the United Kingdom (UK) and the European Union (EU). Why and how did this happen?The British people were never told the truth about the EU – neither its raison d'être as an international political organization to build lasting peace on the continent of Europe nor the benefits of close European cooperation in an interconnected, multi-polar world based on legally binding treaties.Euroscepticism in the UK, built up over forty years, was left unchallenged by generations of politicians and stoked up, relentlessly, by a hostile and aggressive British press.There is no evidence whatsoever that the UK has prospered outside the EU, on the contrary politically and economically it has regressed. It has become more untrustworthy, economically unstable and less influential internationally.European integration, however, has advanced in some significant ways since the UK has departed from the EU, but the EU has also lost some important British assets and qualities.Brexit: liberty or tragedy? A costly tragedy for the British people that will last generations. JEL Classification: N14, N24, N44, O52, P05, P16.
- Six ans après le Brexit : les relations entre l'Union européenne et le Royaume-Uni en matière de politique de concurrence et de réglementation des services financiers - John Berrigan, Olivier Guersent p. 43-54 Bien que l'accord de commerce et de coopération UE-Royaume-Uni et l'accord de retrait, y compris le protocole sur l'Irlande/l'Irlande du Nord, aient établi une base solide pour les relations futures entre l'UE et le Royaume-Uni, ils ne correspondent en aucun cas au niveau d'intégration économique qui existait alors que le Royaume-Uni était membre de l'UE. Il s'agit d'une conséquence naturelle du Brexit et du choix du Royaume-Uni de quitter l'UE où il était pleinement intégré au marché unique. Cette décision a eu un impact sur tous les secteurs de l'économie, y compris sur la politique de la concurrence et des services financiers, créant des frictions et des obstacles au commerce qui n'existaient pas lorsque le Royaume-Uni était membre de l'UE. Néanmoins l'objectif de l'UE est d'avoir une relation stable et positive avec le Royaume-Uni sur la base des accords que les deux juridictions ont signés et ratifiés. Classification JEL : F36, F38, F65, G18.While the EU-UK Trade and Cooperation Agreement and the Withdrawal Agreement, including the Protocol on Ireland/Northern Ireland, set a solid foundation for the future relationship between the EU and the UK, it by no means matches the level of economic integration that existed while the UK was a member of the EU. This is a natural consequence of Brexit and the UK's choice to leave the EU where it was fully integrated into the Single Market. This decision has had an impact across all sectors of the economy, including in both competition and financial services policy, creating frictions and barriers to trade which did not exist while the UK was a member of the EU. Nevertheless, the EU's objective is to have a stable and positive relationship with the UK based on the Agreements we both signed and ratified. JEL Classification: F36, F38, F65, G18.
- Le Brexit et le secteur bancaire de l'UE : des libertés fondamentales du marché intérieur au statut de pays tiers - Andrea Enria p. 55-69 Le référendum sur le Brexit a profondément modifié la relation entre le Royaume-Uni et l'Union européenne (UE), dans le secteur bancaire notamment. Le Royaume-Uni étant devenu un pays tiers par rapport à l'UE et au marché unique européen, la relocalisation ordonnée des activités bancaires dans l'UE a soulevé plusieurs défis prudentiels importants. En effet, les clients européens ne pouvaient plus bénéficier d'un service direct depuis le Royaume-Uni. Le présent article explique comment l'UE et la Banque centrale européenne (BCE) en particulier supervisent ce processus de relocalisation, et présente l'approche prudentielle adoptée par la BCE pour résoudre un certain nombre de problèmes épineux posés par le Brexit. La BCE s'est montrée ferme dans ses principes, surtout en ce qui concerne sa politique de « zéro coquille vide », qui exige des banques qu'elles transfèrent dans l'UE leurs moyens stratégiques et de gestion des risques en fonction de leur niveau de risque. Elle a toutefois fait preuve de souplesse et de proportionnalité dans l'application de ces principes, et a affirmé sa volonté d'établir une coopération étroite et transparente avec les autorités britanniques. Il est en effet indispensable de travailler ensemble compte tenu du volume important d'activités bancaires transfrontières qui se poursuivront sur nos marchés dans un avenir proche. Classification JEL : F36, F38, F65, G18, G21, G23, G28.The Brexit referendum has fundamentally changed the relationship between the United Kingdom and the European Union, also within the banking sector. With the United Kingdom becoming a third country from an EU and a single European market perspective, overseeing an orderly relocation of banking activities to the EU has presented significant challenges. In fact, European customers can no longer be served directly from the United Kingdom. This contribution explains how the EU and the European Central Bank (ECB) in particular are overseeing this relocation process, and describes the ECB's supervisory approach in dealing with a number of thorny issues raised by Brexit. The ECB has been firm in its principles, particularly its “no empty shell” policy requesting banks to locate within the EU strategic and risk management capabilities commensurate with their level of risk. But it has also been flexible and proportionate in applying those principles and very keen to establish intense and transparent cooperation with the UK authorities. This is indispensable to support the significant amount of cross-border banking business which will continue to characterise our markets for the foreseeable future. JEL Classification: F36, F38, F65, G18, G21, G23, G28.
- Réflexions sur la réglementation financière de l'UE post-Brexit - José Manuel Campa p. 71-81 Cet article propose un aperçu des efforts accomplis dans la sphère réglementaire et de supervision pendant la première phase post-Brexit et présente les défis à venir. Le Brexit a créé un nouvel environnement pour les institutions financières en Europe. Les banques, les régulateurs et les superviseurs ont travaillé sans relâche pour assurer une transition la plus équilibrée possible. Le Brexit a entraîné des changements structurels pour les établissements de crédit qui ont dû adapter leurs opérations en direction du marché de l'Union européenne (UE). Le Brexit a aussi mis à jour les dépendances de l'UE vis-à-vis du secteur financier britannique, notamment en matière de clearing de dérivés, qu'il faudra bien résoudre dans le futur. Pour l'avenir, l'UE et le Royaume Uni devront continuer à s'engager pour la préservation des marchés financiers ouverts et l'application des standards réglementaires internationaux dans le secteur financier. Ces principes devraient contribuer à construire un cadre de coopération capable d'éviter la fragilisation des standards financiers, le risque de fragmentation ou les dysfonctionnements des marchés financiers. Classification JEL : F36, F38, F65, G18.This article provides a brief overview of the efforts taken in the regulatory and supervisory sphere in the first post-Brexit phase and highlights the challenges ahead. Brexit has created a new landscape for financial institutions in Europe. Banks, regulatory authorities and supervisors worked intensely to ensure a transition without any significant distortions. Brexit has caused structural changes for credit institutions as they adjusted their operations to serve the EU market. Brexit has also brought to surface the EU dependencies on the UK financial sector, especially in the area of derivatives clearing, that will need to be addressed in the near future. Going forward, the EU and the UK should continue to show their strong commitments to preserving open financial markets and global regulatory standards in the financial sector. Those principles should help build a collaboration framework to avoid weakening financial standards, risk fragmentation or financial disruption. JEL Classification: F36, F38, F65, G18.
- Paris et les autres places financières européennes après le Brexit - Christian Noyer p. 83-92 Provoquée par la sortie du Royaume uni du marché unique européen, la relocalisation d'activités financières vers l'Union européenne est significative. Elle concerne tous les métiers : banque, marchés, assurance, gestion d'actifs. La transition n'est toutefois pas achevée, parce que les régulateurs européens ont laissé des délais et accepté une relocalisation par étapes.Une estimation faite au printemps 2021 relevait 440 firmes concernées, 900 milliards de livres de bilans bancaires et 7 400 emplois. La réalité aujourd'hui est certainement sensiblement supérieure. Plusieurs places financières de l'Union européenne en ont bénéficié, mais Paris apparaît comme la seule ayant reçu des activités de toutes les branches de l'industrie financière et comme la place où se concentrent les activités de marché.Paris présente plusieurs atouts : son pool de talents, l'attractivité de la ville, la réputation de ses régulateurs, le dynamisme de ses acteurs. Il reste toutefois des handicaps qui se corrigent très lentement, essentiellement du côté des coûts fiscaux et sociaux (charges sociales, impôts de production), ce qui justifie une poursuite des efforts de compétitivité. Classification JEL : F36, F38, F65, G18, G21.Triggered by the exit of the United Kingdom from the European single market, the relocation of financial activities towards the European Union is significant. It covers all branches: banking, markets, insurance, asset management. The transition is nevertheless not ended, because European regulators have allowed time and steps to relocate.An estimate done in spring 2021 counted 440 firms concerned, 900 billion pounds of banks balance sheets and 7400 jobs. The reality today is certainly significantly higher. Several financial places of the European Union have benefited, but Paris appears the only one to have received from all branches of the financial industry, and the place where market activities are concentrating.Paris displays several assets: its talent pool, the city's attractiveness, the reputation of its regulators, the dynamism of its actors. There remains nevertheless handicaps that take time to correct, essentially on the side of tax and benefits costs (social levies, production taxes), which justifies a pursuit of competitiveness efforts. JEL Classification: F36, F38, F65, G18, G21.
- Les aspects économiques et financiers du post-Brexit : compétition et complémentarité - Xavier Musca p. 93-109 Il est difficile de distinguer les impacts économiques du Brexit de ceux de la pandémie. Néanmoins le PIB du Royaume-Uni (RU) se serait détérioré de 5,2 %. Les importations de l'Union européenne (UE) ont sensiblement baissé et le RU est devenu moins ouvert et moins compétitif à l'international. Il y a eu une forte inflation à la suite de la dépréciation de la livre en 2016 et une contraction des investissements liée à l'incertitude. Les effets du Brexit sont limités pour l'UE, économie beaucoup plus grande que le Royaume-Uni.Dans le secteur financier, le RU s'est retrouvé dans la situation d'un État tiers à l'Union sans passeport européen, soumis aux régimes d'équivalence réglementaire sectoriels. Les mouvements d'équipes de la City vers l'Union ont été assez limités (4 %). Londres garde des atouts, notamment ses infrastructures de marché comme les chambres de compensation, dont la substitution par des structures continentales est complexe. La concurrence réglementaire s'est peu matérialisée, mais pourrait s'intensifier par des adaptations rendant les réglementations britanniques plus efficientes sans affaiblir le cadre. Classification JEL : F36, F38, F65, G18, H07.It is difficult to distinguish the economic impacts of Brexit from those of the pandemic. Nevertheless, UK's GDP decreased by 5.2%. Imports from the EU declined significantly and UK became less open and less competitive internationally. A strong inflation followed the depreciation of the pound in 2016 and UK has experienced a contraction in investment due to uncertainty. The economic impact of Brexit on the EU is limited since its economy is much larger.In the financial sector, UK is now in the position of a third country, without a European passport, subject to sectoral regulatory equivalence regimes. Team movements from the City to the Union have been rather limited (4%). London still has many assets, including market infrastructures such as central counterparties, which are complex to replace by continental structures. Regulatory competition has not much materialized so far, but can intensify by adaptations to make UK regulations more efficient without weakening the framework. JEL Classification: F36, F38, F65, G18, H07.
- L'affaire inachevée du Brexit : les implications pour les entreprises - Hervé Hélias p. 113-126 Les entreprises se sont largement adaptées à la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne et préféreraient regarder vers l'avenir, mais le Brexit lui-même reste une affaire inachevée. Certaines des conséquences les plus perturbatrices de ce divorce historique ont déjà eu lieu : beaucoup d'entre elles ont été moins désastreuses à court terme que prévu, bien que la City de Londres ait perdu son rôle essentiel en tant que capitale de la finance européenne. À plus long terme, des questions clés restent sans réponse sur l'économie britannique et sa compétitivité et sur les relations futures entre le Royaume-Uni et ses anciens partenaires européens. Classification JEL : F36, F38, F65, G18, L40.The business community has largely adjusted to the UK departure from the European Union and is inclined to move on, but Brexit itself remains unfinished business. Some of the most disruptive consequences of this historic divorce have already taken place: many of them have been less dire than predicted in the short term, although the City of London has lost its critical role as the capital of European finance. In the longer term, key questions remain to be answered about the UK economy and its overall competitiveness and about the future relationship between the UK and its erstwhile partners in Europe. JEL Classification: F36, F38, F65, G18, L40.
- Au lendemain du Brexit - Stéphane Boujnah p. 127-139 Les effets du Brexit sur les marchés financiers sont encore incertains. Les transferts d'emploi vers l'UE sont progressifs, avec des effets très marqués à Paris, Dublin, Amsterdam et Francfort, même si Londres demeure encore la place financière la plus dense en Europe. Mais la sortie de la City du cadre réglementaire de l'UE a changé profondément les perspectives d'évolution de l'environnement concurrentiel. Les choses ont déjà changé en matière d'introductions en bourse. Pour amplifier cette dynamique, il faut désormais inscrire l'Union des marchés de capitaux dans une ambition politique d'autonomie stratégique, c'est-à-dire orienter nos projets vers la construction d'un modèle véritablement européen avec des centres financiers distribués mais intégrés et fortement interconnectés. Face au risque d'empilement de mesures technocratiques secondaires qui affaiblissent les acteurs financiers de l'UE, trois priorités doivent désormais prévaloir à la Commission, au Conseil et au Parlement européen : simplification, compétitivité et autonomie stratégique. Classification JEL : F36, F38, F65, G18, L05.The effects of Brexit on the financial markets are still uncertain. Job transfers to the EU are gradual, with very marked effects in Paris, Dublin, Amsterdam and Frankfurt, even if London still remains the densest financial centre in Europe. But the exit of the City from the EU regulatory framework has profoundly changed the outlook for the evolution of the competitive environment. Things have already changed when it comes to IPOs. To amplify this dynamic, we must now include the Capital Markets Union in a political ambition of strategic autonomy, that is to say direct our projects towards the construction of a genuinely European model with distributed but integrated and highly interconnected financial centres. Faced with the risk of piling up secondary technocratic measures that weaken EU financial players, three priorities must now prevail in the Commission, the Council and the European Parliament: simplification, competitiveness and strategic autonomy. JEL Classification: F36, F38, F65, G18, L05.
- Quelle recomposition des services financiers dans l'UE27 après le Brexit ? - Denis Beau p. 141-152 Le Brexit a non seulement constitué un bouleversement politique majeur, mais est également à l'origine de transformations profondes pour les services financiers, compte tenu tant de l'importance de ces services dans le bon fonctionnement des économies européennes et britanniques que de leurs liens. Par ailleurs, pour l'Union européenne, le Brexit constitue assurément une opportunité sans précédent d'asseoir son autonomie en matière de financement, de renforcer sa robustesse en développant un système financier polycentrique appuyé sur des infrastructures de marché européennes et de s'inscrire comme leader en matière d'innovation. Cela n'implique pas cependant de relâcher les liens et le dialogue avec le Royaume-Uni : le maintien d'une forte coordination avec les autorités britanniques, particulièrement sur les champs de la réglementation afférents à des risques systémiques ou globaux, demeure éminemment souhaitable pour éviter d'alimenter un risque de fragmentation réglementaire qui serait dommageable. Classification JEL : F36, F38, F65, G18.Brexit was not just a major political upheaval, it has also led to profound transformations in financial services due to their importance for the smooth functioning of the Europeans and British economies, and to the interlinkages between them. Furthermore, for the European Union, Brexit is without doubt an unprecedented opportunity to assert its financing autonomy, increase its resilience with a polycentric financial system relying on european market infrastructures and establish itself as a leader in innovation. However, this does not mean a step back from ties and dialogue with the United Kingdom: a close coordination with British authorities, especially in areas of regulation relating to systemic or global risks, is of the ultmost importance to avoid fuelling the risk of harmful regulatory fragmentation. JEL Classification: F36, F38, F65, G18.
- L'après-Brexit reste à écrire - Robert Ophèle p. 153-162 Le Royaume Uni a recherché de façon constante à bénéficier du « meilleur des deux mondes » dans le secteur financier : l'accès au marché unique et la liberté d'adapter ses réglementations et sa supervision. La renégociation qui a précédé le référendum y parvenait en restant dans l'Union ; dans le cadre du Brexit, l'ambition du Royaume Uni était d'y parvenir en étant hors de l'Union via des accords de reconnaissance mutuelle. L'Union, a refusé de s'engager dans cette voie qui aurait accru sa dépendance en matière financière vis-à-vis de centres de décisions situés dans des pays tiers. On est dès lors dans une situation de concurrence frontale dans laquelle le Royaume Uni s'engage résolument dans une politique de révision du cadre de régulation de son secteur financier pour en accroître, en partie au détriment de l'Union, la compétitivité et l'attractivité via un allégement des contraintes et une flexibilité des réponses réglementaires. De son côté, les marchés financiers de l'Union restent fragmentés et elle peine à améliorer son cadre réglementaire. Le Royaume Uni considère qu'avoir une industrie financière puissante est essentiel, l'Union n'en a jamais fait une priorité. L'après-Brexit reste à écrire, mais il constituera un défi, appelant une prise de conscience de l'urgence de réformes profondes dans l'Union avec la réalisation effective d'une union des marchés de capitaux avec une supervision unique. Classification JEL : F36, F38, F65, G18.The United Kingdom has consistently sought to benefit from the “best of both worlds” in the financial sector: access to the single market and the freedom to adapt its regulations and supervision. The renegotiation that preceded the referendum achieved this by remaining within the Union; in the context of Brexit, the ambition of the United Kingdom was to achieve this being outside the Union via mutual recognition agreements. The Union refused to go down this path, which would have increased its financial dependence on decision-making centers located in third countries. We are therefore in a situation of frontal competition in which the United Kingdom is resolutely committed to a policy of revisiting the regulatory framework of its financial sector in order to increase, partly to the detriment of the Union, its competitiveness and attractiveness via an alleviation of constraints and flexibility of regulatory responses. For its part, the Union's financial markets remain fragmented and it is struggling to improve its regulatory framework. The United Kingdom considers that having a powerful financial industry is essential, the Union has never made it a priority. Post-Brexit remains to be written, but it will be an acid test for the EU, calling for awareness of the urgency of deep reforms with the effective realization of a capital markets union including a single supervision. JEL Classification: F36, F38, F65, G18.
- Les liens entre les marchés financiers de l'UE et du Royaume-Uni ont-ils résisté au Brexit ? - Srobona Mitra, Mahmood Pradhan p. 163-178 Six ans après le référendum du Royaume-Uni, la question du Brexit n'a pas encore été résolue. Alors que l'attention se concentre principalement sur le désaccord sur les règles du commerce via l'Irlande du Nord, la résilience des flux financiers transfrontaliers entre l'Union européenne (UE) et le Royaume-Uni ne suggère aucune fracture significative dans les liens qui lient de longue date les marchés financiers de l'UE et du Royaume-Uni. Les deux parties ont été pragmatiques, permettant une transition plus douce, en se prémunissant contre les risques bien connus pour la stabilité financière d'une séparation brutale. L'initiative de l'Union des marchés des capitaux, bien que bien avancée, est loin d'offrir aux entités de l'UE un marché commun des capitaux intra-UE, ainsi que la liquidité du marché et les avantages des réseaux offerts actuellement par Londres. La réalisation de cette Union des marchés des capitaux égalisera les coûts de financement pour les entreprises et les ménages, mais requerra l'élimination des barrières aux flux transfrontaliers de capitaux financiers et bancaires dans l'UE. La préservation des liens entre le Royaume-Uni et l'UE profitera donc aux deux parties, créant un pont en direction de la longue transition vers des marchés de capitaux plus intégrés au sein de l'UE. Classification JEL : F36, F38, F65, G18.Brexit has not been resolved six years after the United Kingdom's vote. While much attention focuses on the disagreement on rules for trade through Northern Ireland, the resilience of cross border financial flows between the European Union (EU) and the United Kingdom (UK) does not suggest any significant dent in the longstanding financial market ties that bind the EU and the UK. Both sides have been pragmatic, to allow for a smoother transition, guarding against the well understood financial stability risks of cliff-edge disconnections. The Capital Market Union initiative, while well underway, is some time away from offering EU entities a common intra-EU capital market, and the market liquidity and network benefits that London currently provides. Building this capital market union will even out funding costs for corporates and households, but it will require eliminating barriers to cross border capital and banking flows in the EU. Preserving ties between the UK and the EU will, therefore, benefit both sides, bridging the long transition to more integrated capital markets within the EU. JEL Classification: F36, F38, F65, G18.
- Le Brexit : c'est maintenant ? - Catherine Mathieu p. 179-191 Plus de six ans après le référendum qui avait vu les partisans de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne l'emporter, le Brexit n'est pas achevé. Cet article rappelle les principaux points de l'accord de commerce et de coopération signé le 30 décembre 2020. L'article présente ensuite un état des lieux de l'application de cet accord et ses conséquences sur l'économique britannique à la mi-2022, sur fond de deux crises d'une ampleur exceptionnelle : la pandémie de Covid-19 au début de 2020, puis l'invasion de l'Ukraine par la Russie à partir de février 2022. Enfin, l'article aborde la question des relations futures entre l'UE et le Royaume-Uni. Liz Truss, Premier ministre, souhaite supprimer les réglementations héritées de l'UE pour renforcer l'attractivité du Royaume-Uni, mais elle semble aussi disposée à rechercher un compromis avec l'UE sur le protocole d'Irlande du Nord et à prendre part à la Communauté politique européenne. Classification JEL : F36, F38, F65, G18.More than six years after the referendum on the UK's membership of the EU, Brexit is not entirely done. We start with recalling the main points of the EU-UK trade and cooperation agreement signed on December 30, 2020. We then make an assessment of the implementation of the agreement and its consequences on the UK economy by mid-2022, under two shocks of exceptional magnitude: the COVID19 pandemics since early 2020 and the Russian invasion of Ukraine since February 2022. Last, we address issues of the future EU-UK relationship. Liz Truss, Prime minister, wishes to abolish regulations inherited from the EU to strengthen UK attractiveness, but she seems also willing to find an agreement with the EU on the Northern Ireland Protocol and to join the European Political Community. JEL Classification: F36, F38, F65, G18.
- Les opportunités du Brexit ? - Roger Liddle p. 193-212 Ce que signifie le Brexit reste opaque et contesté. Dans l'immédiat, les relations entre le Royaume-Uni et l'UE dépendent de la résolution du différend sur le protocole d'Irlande du Nord, un pilier essentiel de l'accord de retrait de 2020. Sans accord mutuel, une confrontation majeure se profile. Les conséquences économiques du Brexit ont jusqu'à présent été négatives. Ses fervents défenseurs et l'électorat de plus en plus sont, pour des raisons opposées, déçus. Liz Truss, l'ancien Premier ministre britannique, visait une « nouvelle ère » de croissance économique, stimulée par un programme de droite de réductions d'impôts et de déréglementation, où « profiter des opportunités du Brexit » jouera, sans précision, un grand rôle. La façon dont cela fonctionnera dans la pratique est problématique. Une divergence rapide avec les règles de l'UE pourrait entraîner de nouvelles tensions en termes de « concurrence déloyale ». Pendant ce temps, le parti travailliste d'opposition a rejeté la réintégration dans l'UE, son marché unique ou son union douanière : pour de bonnes raisons électorales, Sir Keir Starmer est fermement opposé à la réouverture du débat sur le Brexit. Cependant, sa politique de « faire fonctionner le Brexit », bien que délibérément vague, laisse entrevoir la promesse d'une relation européenne plus coopérative. Classification JEL : F36, F38, F65, G18.The meaning of Brexit means remains opaque and contested. In the immediate future, the UK-EU relationship depends on solving the Northern Ireland Protocol dispute, an essential pillar of the 2020 Withdrawal Agreement. Without mutual agreement, a major confrontation looms. The economic consequences of Brexit have so far been negative. Its fervent advocates and increasingly the electorate are disappointed – but for opposing reasons. Liz Truss, the former British prime minister, was aiming for a “new era” of economic growth, stimulated by a right-wing programme of tax cuts and deregulation, in which “taking advantage of the opportunities of Brexit” will play a big, if unspecified role. How this will work out in practice is problematic. Speedy divergence from EU rules could lead to new tensions over “unfair competition”. Meanwhile the opposition Labour party has rejected re-joining the EU, its single market or customs union: for sound electoral reasons, Sir Keir Starmer is firmly opposed to reopening the Brexit argument. However, its policy of “making Brexit work”, while deliberately vague, holds out the promise of a more cooperative EU relationship. JEL Classification: F36, F38, F65, G18.
- Pour une nouvelle coopération après le Brexit - Philippe Aghion p. 213-219 Le Brexit s'accompagne d'une perte de substance pour l'UE, notamment dans les domaines à haute valeur ajoutée de la recherche et de la finance. Dans cet entretien, Philippe Aghion propose de compenser ces pertes en développant des marchés de coopération entre le continent et le Royaume-Uni dans l'industrie, la recherche, les transports, la défense. Il suggère que les contraintes liées au Brexit imposent à l'Europe de développer des initiatives ambitieuses de coopération, et notamment dans le domaine de la recherche. Classification JEL : F36, F38, F65, G18.The Brexit is accompanied by a loss of substance for the EU, particularly in the high value-added areas of research and finance. Philippe Aghion proposes to compensate for these losses by developing cooperation markets between the continent and the UK in industry, research, transport and defence. He suggests that the constraints linked to Brexit require Europe to develop ambitious cooperation initiatives, particularly in the field of research. JEL Classification: F36, F38, F65, G18.
Chronique d'histoire financière
Finance et littérature
- Science et littérature : réconcilier « les deux cultures » - Alain-Gérard Slama p. 239-241
- De Chateaubriand au Brexit : le « double bind » de la modernité - Alain-Gérard Slama p. 243-245
Articles divers
- La Théorie monétaire moderne : idées fausses, vraies limites et angles morts. Un tour d'horizon des critiques - Guillaume L'Œillet p. 249-272 Depuis la grande crise financière, la Théorie moderne de la monnaie (TMM) suscite l'intérêt des milieux politique, médiatique et académique. Le « moment » keynésien qui a suivi cette crise a sorti d'une relative confidentialité ce courant de pensée qui défend un retour permanent de la dominance budgétaire à rebours du consensus autour d'une politique monétaire indépendante du pouvoir politique. Toutefois, la TMM fait l'objet de vives attaques de la part d'économistes dits de l'offre, de la synthèse voire même post-keynésiens dont la TMM est pourtant réputée proche. Les points de vue les plus virulents contestent le caractère scientifique de la TMM et la réduisent à un mouvement politique assimilable à l'aile radicale du parti démocrate américain. D'autres critiques plus élaborées s'attellent à démontrer les limites théoriques et empiriques des préconisations de la TMM. Cet article propose une synthèse des critiques adressées à la TMM et apporte une contribution en questionnant l'économie politique de la théorie. Classification JEL : B52, E12, E52, E62, E63, H62, H63.Since the great financial crisis, the Modern Monetary Theory (MMT) rouses interests in political, media and academic area. In the ensuing Keynesian moment, the MMT has emerged from the confidentiality to advocate a permanent fiscal dominance in opposition to the consensus built toward a politically independent monetary policy. MMT has however been widely criticised by mainstream economists but also by the post-keynesian school from which it comes. The most vehement attacks to deny the scientific nature of the theory and to confine it to a political movement belonging to the left wing of the US democrats. More sophisticated critics tackle theorical foundation and empirical evidences of the MMT to contest their recommendations. This paper provides an overview of those critical points of view and contributes to the chorus of criticism by raising a failing political economy. JEL Classification: B52, E12, E52, E62, E63, H62, H63.
- La Théorie monétaire moderne : idées fausses, vraies limites et angles morts. Un tour d'horizon des critiques - Guillaume L'Œillet p. 249-272