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Revue | Revue Internationale des Sciences Administratives |
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Numéro | vol. 89, no 2, juin 2023 |
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- Conférence Braibant 2023 : Réaliser le développement durable grâce à des États-développeurs au 21e siècle - M. Shamsul Haque p. 3-18 Ce document explore l'importance croissante du développement durable, qui se manifeste dans les préoccupations mondiales récentes concernant l'aggravation de la dégradation de l'environnement et des catastrophes naturelles. Malgré la prolifération massive de conventions internationales, d'accords régionaux et d'initiatives nationales et locales et la création de nombreuses institutions à tous les niveaux, les résultats sont relativement décevants en ce qui concerne la viabilité environnementale. Ensuite, le document examine les principales causes de cette sous-performance environnementale, souligne la nécessité de faire des choix institutionnels appropriés et met l'accent sur le rôle central de l'État en tant que principale partie prenante dans la gouvernance de l'environnement. Enfin, parmi les principales formations de l'État, il attire l'attention sur les avantages comparatifs de l'État-développeur en termes de composition, d'autonomie, d'enracinement et de capacité, et souligne son potentiel pour une performance plus efficace en vue d'un développement durable.This paper explores the growing significance of sustainable development evident in recent global concerns for the worsening conditions of environmental degradation and natural disasters. Despite the massive proliferation of international conventions, regional agreements, and national-local initiatives and the creation of numerous institutions at all levels, there are relatively disappointing outcomes regarding environmental sustainability. Next, the paper examines the main causes of such environmental underperformance, highlights the needs for making appropriate institutional choices, and emphasizes the central role of the state as the leading stakeholder in dealing with environmental governance. Finally, among the major formations of the state, it draws attention to the comparative advantages of the developmental state in terms of its composition, autonomy, embeddedness, and capacity and highlights its potential for more effective performance to achieve sustainable development.
- Le point de vue des parties prenantes sur l'innovation dans le secteur public : relier les groupes cibles des innovations à l'intégration des idées des parties prenantes - Jan Boon, Jan Wynen, Chesney Callens p. 19-36 Les études sur l'innovation dans le secteur public n'ont pas encore exploré de manière systématique la manière dont le contexte cible (ou la phase de production) des innovations influe sur les premières phases des processus d'innovation. Cette étude théorise et vérifie si les organisations innovantes sont plus sensibles aux idées de certains groupes de parties prenantes en fonction du groupe cible de l'innovation concernée. Sur la base d'un ensemble de données à grande échelle provenant de la fonction publique australienne, les résultats montrent que les innovations destinées à des groupes cibles externes sont plus susceptibles d'être fondées sur des idées émanant de parties prenantes externes (par rapport aux parties prenantes internes) et – au sein du groupe des parties prenantes internes – sur des idées émanant de cadres (par rapport aux employés non cadres). Les implications pratiques et scientifiques sont discutées. Remarques à l'intention des praticiensLes innovations profitent de l'intégration des idées des parties prenantes internes et externes, à la fois sur le fond (des connaissances appropriées conduisent à de meilleurs produits finaux) et sur le plan symbolique (les innovations doivent être considérées comme légitimes et recevoir le soutien des acteurs qui seront les premiers concernés par l'innovation).Les organisations innovantes doivent être conscientes des perceptions des parties prenantes concernées par l'innovation, et bien percevoir, saisir et traduire les idées de ces parties prenantes dans le processus d'innovation.Public sector innovation scholarship has not yet systematically explored how the target context (or output phase) of innovations impacts the early phases of innovation processes. This study theorizes and tests whether innovating organizations are more sensitive to ideas from particular stakeholder groups depending on the target group of said innovation. Using a large-scale dataset from the Australian Public Service, the results show that innovations with external target groups are more likely to be built on ideas from external stakeholders (compared with internal stakeholders) and—within the group of internal stakeholders—on ideas from managers (compared with non-managerial employees). Practical and scholarly implications are discussed. Points for practitionersInnovations benefit from the inclusion of internal and external stakeholder ideas, both substantively (appropriate knowledge leads to better end products) and symbolically (innovations need to be deemed legitimate, and receive support from the actors that will be primarily impacted by the innovation).• Innovating organizations need to be aware of the perceptions of the stakeholders affected by the innovation, and properly sense, capture and translate the ideas of those stakeholders in the innovation process.
- Réaliser des stratégies intégrées de régénération urbaine : observations à Anvers et Göteborg - Sara Brorström, Jannes Willems p. 37-54 La gestion stratégique intégrée de la régénération urbaine implique de concilier des exigences contradictoires et de traduire des concepts abstraits en actions concrètes. Cet article examine la manière dont les stratèges du secteur public abordent ces dilemmes en développant une perspective dynamique qui aide à comprendre comment ils « élaborent leurs stratégies ». Cette perspective a été appliquée à deux projets de régénération urbaine à Göteborg (Suède) et à Anvers (Belgique). Nos résultats illustrent la manière dont les acteurs élaborent leurs stratégies, à des endroits et des moments différents, plaçant les stratèges de type cadres intermédiaires, en particulier, face à un dilemme. Agir rapidement en créant des espaces d'expérimentation peut aboutir à des résultats novateurs, mais les hommes politiques et les résidents locaux peuvent se sentir court-circuités ; en revanche, attendre que les visions stratégiques se traduisent par des actions détaillées peut finalement aboutir à une absence totale d'action. Cet article nous aide à comprendre le décalage entre la planification, la mise en œuvre et la performance dans la gestion stratégique. Remarques à l'intention des praticiensLes stratèges du secteur public doivent surmonter des demandes contradictoires dans les projets de régénération urbaine et traduire des visions ambitieuses en actions. Comme les actions des stratèges peuvent s'éloigner des objectifs initiaux, ils doivent régulièrement réfléchir à la manière dont les actions contribuent à la vision. Les cadres intermédiaires, en particulier, doivent faire preuve de prudence : leur marge de manœuvre peut conduire à des actions innovantes, mais peut aussi aller à l'encontre des objectifs initiaux. Enfin, les laboratoires vivants, ou « living labs » – utilisés pour mettre en œuvre la stratégie à petite échelle – ne doivent pas se détacher du projet plus large de régénération urbaine.Integrative strategic management for urban regeneration involves reconciling conflicting demands and translating abstract concepts into concrete actions. This article examines how public-sector strategists address these dilemmas by developing a dynamic perspective that helps in understanding how they ‘strategize'. This perspective was applied to two urban regeneration projects in Gothenburg (Sweden) and Antwerp (Belgium). Our findings illustrate how actors strategize at different locations and times, putting middle-management strategists, in particular, on the horns of a dilemma. Acting quickly through establishing experimentation spaces could result in innovative outcomes, but politicians and local residents may feel bypassed; however, waiting until strategic visions are translated into detailed actions may eventually result in no action at all. This article helps us understand the disconnect between planning, implementation and performance in strategic management. Points for practitionersPublic-sector strategists have to overcome conflicting demands in urban regeneration projects and translate ambitious visions into actions. As strategists' actions can drift from the original goals, they have to regularly reflect on the contribution of actions to the vision. Middle managers, in particular, have to be careful: their leeway can lead to innovative actions but can also clash with initial goals. Finally, living labs – used to implement the strategy at a small scale – should not become detached from the broader urban regeneration project.
- Elaborer des stratégies pour relever de grands défis : développement économique et traditions de gouvernance au sein des gouvernements locaux de Malaisie - Jeffrey Hughes, Kevin Orr, Mazlan Yusoff p. 55-73 Cette étude qualitative fournit des connaissances empiriques et développe une théorie sur le rôle de la gestion stratégique dans le gouvernement local malaisien. Alors que le pays s'attaque au grand défi de la croissance économique dans le cadre d'aspirations nationales durables visant à passer du statut de pays en développement à celui de pays pleinement développé, l'analyse identifie six approches de la gestion stratégique au sein de neuf autorités locales malaisiennes. Plutôt que de présenter une progression linéaire, les six modèles d'élaboration de stratégies en Malaisie mettent en lumière les traditions de gouvernance qui coexistent dans ce contexte. L'étude examine les hypothèses sur la gestion publique qui sous-tendent les différentes approches et les relie à l'héritage du pays en matière d'administration publique classique et de gouvernement centralisé, à l'introduction de la nouvelle gestion publique et à l'émergence ultérieure des caractéristiques du nouveau management public. Elle contribue à la théorie en proposant une analyse du rôle de la stratégie dans chacune des trois traditions de gouvernance et relie les débats sur la gouvernance locale aux études sur la gestion stratégique. Elle contribue également à l'émergence d'une littérature sur l'élaboration de stratégies pour les grands défis et au nombre limité d'études de ce type réalisées dans le contexte du secteur public. L'article se termine en identifiant les implications pour la politique et la pratique et en suggérant des domaines de recherche supplémentaires. Remarques à l'intention des praticiensCette étude met en évidence la nécessité de collaborer pour résoudre les problèmes stratégiques, gérer les pressions économiques et fournir des services publics.Les six méthodes d'élaboration des stratégies présentées fournissent un ensemble de modèles et de cadres à travers lesquels les praticiens peuvent évaluer leur environnement local.Notre typologie offre une base pour l'apprentissage et la réflexion intersectoriels, y compris des moyens de diagnostiquer les variables contextuelles et de développer des connaissances stratégiques.Le cas de la Malaisie montre comment le contexte de la formation de la stratégie a été affecté par le passage du gouvernement local à la gouvernance, ainsi que par l'interaction des héritages coloniaux.This qualitative study provides empirical knowledge and develops theory about the role of strategic management in Malaysian local government. As the country addresses the grand challenge of economic growth amid enduring national aspirations of moving from developing to fully developed status, the analysis identifies six approaches to strategic management across nine Malaysian local authorities. Rather than presenting a linear story of progression, the six models of strategizing in Malaysia illuminate the governance traditions that co-exist in this setting. The study examines the assumptions about public management that underpin the different approaches and relates these to the country's inheritance of classical public administration and centralized government, the introduction of New Public Management, and the subsequent emergence of features of New Public Governance. It contributes to theory by providing an analysis of the role of strategy in each of the three governance traditions and connects debates about local governance with scholarship on strategic management. It also contributes to the emerging literature on strategizing for grand challenges and the limited repository of such studies located in a public sector context. The article ends by identifying the implications for policy and practice and suggesting areas for further research. Points for practitionersThis study highlights the need for collaboration to address strategic meta problems, manage economic pressures and deliver public services.The six approaches to strategy development presented provide a set of models and frames through which practitioners may assess their local environment.Our typology offers a basis for cross-sectoral learning and reflection, including ways of diagnosing contextual variables and developing strategic knowledge.The Malaysian case shows how the context of strategy formation has been affected by the shift from local government to governance, as well as by interacting colonial legacies.
- La coopétition dans un processus de fusion : les régulateurs et la gestion des tensions coopétitives - Anne-Sophie Thelisson p. 75-90 Des tensions coopétitives peuvent apparaître lorsque des décisions stratégiques sont imposées aux entreprises qui les obligent à rechercher la concurrence et la collaboration avec d'autres organisations. Les régulateurs, tels que l'État, peuvent interférer dans les stratégies de fusion. Basée sur une étude de cas longitudinale, la présente étude a pour objectif : (1) d'analyser quels régulateurs influencent les tensions coopétitives dans les processus de fusion (y compris les étapes de négociation et d'intégration) ; et (2) d'explorer comment les tensions coopétitives sont gérées au cours du processus. Nous avons constaté que l'État et les clients jouent un rôle architectural en tant que régulateurs au cours du processus (période de négociation, accord et processus d'intégration). Nous examinons la gestion du paradoxe de la coopétition à différents niveaux (interorganisationnel, organisationnel et individuel) au cours du processus de fusion. Remarques à l'intention des praticiensNotre étude met en lumière les tensions vécues par les cadres aux identités contradictoires au début de l'intégration et la manière dont ils ont fait face à ces tensions. En effet, notre étude a mis en lumière le principe d'intégration puisque les managers ont pu transcender le paradoxe dans leurs décisions et actions mises en œuvre au niveau organisationnel en réorganisant l'organisation et en favorisant les équipes en tandem et le pilotage conjoint.Coopetitive tensions can arise as strategic decisions are imposed on firms that challenge them to pursue competition and collaboration with other organizations. Regulators—such as the state—can interfere in merger strategies. Using a longitudinal case study, the objective of the study is: (1) to analyze which regulators influence coopetitive tensions in a merger process (including negotiation and integration stages); and (2) to explore how coopetitive tensions are coped with during the process. We found that the state and customers have architectural roles as regulators during the process (negotiation period, deal, and integration process). We explore coopetition paradox management at different levels (interorganizational, organizational, and individual levels) over the merger process. Points for practitionersOur study sheds light on tensions experienced by managers with conflicting identities at the beginning of the integration and on the way they coped with such tensions. Indeed, our study shed lights on the integration principle as managers were able to transcend the paradox in their decisions and actions implemented at the organizational level through reorganizing the organization and favoring tandem teams and joint piloting.
- La pratique du raisonnement motivé : observation de l'utilisation des connaissances dans des processus stratégiques réels - Lars Dorren, Mirijam Böhme p. 91-108 La théorie du raisonnement motivé est une théorie psychologique selon laquelle les décideurs politiques interprètent les données en fonction de leurs préférences plutôt que de les évaluer de manière neutre. Cette théorie est de plus en plus utilisée pour expliquer les processus politiques dans le cadre d'une approche comportementale de l'administration publique, mais elle présente des limites. La recherche psychologique s'appuyant sur des expériences, la question reste de savoir quel rôle joue le raisonnement motivé dans les processus stratégiques réels. Basée sur des observations ethnographiques recueillies pendant la phase de planification d'un grand projet d'infrastructure, cette étude confirme que le raisonnement motivé explique comment les gens interprètent l'information. Cependant, elle montre également que le contexte des personnes a un impact important sur leur raisonnement. En fin de compte, nous suggérons qu'il est essentiel de se concentrer sur le temps et le contexte réel pour comprendre les processus de raisonnement, ce qui nécessite une diversification méthodologique. Remarques à l'intention des praticiensLes gens ont tendance à interpréter les informations à la lumière des opinions existantes, plutôt que de les aborder de manière neutre. Ils les interprètent de telle manière qu'elles confirment leur opinion, ou les remettent en question lorsque ce n'est pas le cas.Les conflits provoqués par la différenciation des points de vue peuvent être mieux compris si l'on examine les opinions qui sous-tendent ces points de vue.Les discussions qui peuvent sembler sans but à première vue peuvent avoir des fonctions secondaires telles que l'instauration d'un climat de confiance entre les participants.Motivated reasoning theory is a psychological theory that reads that policymakers interpret evidence in ways that fit their preferences rather than assessing it neutrally. The theory is increasingly used to explain policy processes as part of a behavioural approach to public administration, but it has limitations. As psychological research relies on experiments, the question remains what role motivated reasoning plays in real-world policy processes. Based on ethnographic observations collected during the planning phase of a large infrastructure project, this study confirms that motivated reasoning explains how people interpret information. However, it also shows that peoples' context has a great impact on their reasoning. Ultimately, we suggest that a focus on time and real-world context is essential in understanding processes of reasoning, for which methodological diversification is needed. Points for practitionersPeople are inclined to interpret information in light of existing attitudes, rather than approach it neutrally. They read it in such a way that it Leiden University – Institute for Public Administration, The Netherlands University of Bamberg, Bamberg Graduate School of Social Sciences, Germany confirms their attitudes, or are critical of it when it does not.Conflicts caused by differentiating views can be better understood by looking at the attitudes that inform these views.Discussions that might seem aimless at first might have secondary functions such as building trust amongst participants.
- Le système pénal intelligent : observations et exigences normatives - Monika Simmler, Giulia Canova, Kuno Schedler p. 109-127 1Les technologies de pointe transforment le secteur public en général, mais révolutionnent également de plus en plus le système de justice pénale. Des applications intelligentes sont conçues pour anticiper les infractions, automatiser les procédures judiciaires et prévoir les récidives. Selon nous, le recours aux technologies intelligentes pour optimiser le travail de la police, la justice pénale et l'application de la loi contribue à la mise en place d'un « système pénal intelligent » ( smart criminal justice). Cependant, toute utilisation des technologies n'est pas « intelligente » ( intelligent ou smart) en soi. Au travers d'une analyse de la littérature, nous explorons la signification du terme « intelligence » d'un point de vue descriptif et normatif, afin d'établir un catalogue de critères déterminants. Nous avons établi que l'utilisation des technologies constitue une condition préalable, et identifié l'efficience, l'efficacité et la participation comme critères normatifs pour l'évaluation de toute initiative intelligente dans le secteur public. Compte tenu des particularités du système pénal, à ces critères peuvent s'ajouter des exigences de légalité, d'égalité et de transparence. En somme, cet article présente et examine des principes applicables à l'évaluation de l'utilité et de la légitimité des innovations techniques dans le système pénal. Le catalogue présenté ici permettra aux praticiens et aux décideurs de déterminer dans quels cas l'utilisation des technologies en matière de justice pénale est réellement intelligente et, plus important, dans quels cas elle ne l'est pas. Remarques à l'attention des praticiensLes technologies de pointe, qui sont de plus en plus utilisées dans le secteur public en général et dans le système pénal en particulier, sont à la fois sources d'opportunités et de risques importants. Pour que le système pénal soit considéré comme « intelligent », l'utilisation des technologies doit être conforme à des principes normatifs. Cet article présente une liste de critères normatifs permettant d'évaluer si une technologie est utilisée intelligemment. Les praticiens sont invités à se servir de ce catalogue comme d'un guide pour l'acquisition, la mise en œuvre et l'évaluation des technologies.Advanced technology is not only transforming the public sector in general but is also increasingly transmuting the criminal justice system. Smart applications are designed to predict crimes, automate legal proceedings, and predict recidivism. We argue that such use of intelligent technology to optimize police work, criminal justice, and law enforcement is ultimately serving to establish a “smart criminal justice.” However, not every use of technology is intelligent or “smart,” per se. Based on a literature analysis, we explore the meaning of “smartness” from a descriptive and normative perspective, in order to develop a catalog of decisive criteria. We identify the use of technology as a basic prerequisite, and efficiency, effectiveness, and participation as normative criteria for any smart initiative in the public sector. Considering the specifics of the criminal justice system, these criteria can be expanded by claims related to legality, equality, and transparency. In sum, this article presents and discusses guidelines for assessing the usefulness and legitimacy of technical innovations in the criminal justice system. The catalog developed here will facilitate practitioners and policy-makers in determining when the use of technology in criminal justice is actually smart, and more importantly, when it is not. Points for practitionersAdvanced technology is increasingly being used in the public sector in general and the criminal justice system in particular, bringing opportunities as well as substantial risk. The use of technology has to adhere to normative principles to be considered as “smart criminal justice.” This article presents a list of normative criteria that can be used in practice to assess whether technology in criminal justice is used smartly. Practitioners are encouraged to use this catalog as a guide for procurement, implementation, and evaluation processes.
- Introduction d'un outil numérique pour les évaluations de l'impact sur le développement durable au sein du gouvernement fédéral allemand : une perspective néo-institutionnelle - Camilla Wanckel p. 129-146 Cette étude examine l'institutionnalisation des technologies de l'information pour la formulation des politiques en se penchant sur le cas de l'eNAP. L'outil numérique a été introduit au printemps 2018 dans le but de soutenir et d'améliorer les évaluations de l'impact sur le développement durable (EIDD) au sein du gouvernement fédéral allemand. En appliquant une perspective néo-institutionnelle, cette étude montre comment un outil tel que l'eNAP est intégré dans les structures réglementaires, normatives et culturelles-cognitives en place. Les résultats de 10 entretiens semi-structurés indiquent que l'application de l'eNAP varie en fonction des pratiques de coordination intra-ministérielle et des schémas de traitement de l'information propres à chaque portefeuille. Dans l'ensemble, l'outil sert à traduire la réglementation abstraite relative à la réalisation des EIDD, ainsi qu'à traduire la norme vague de « développement durable » en une exigence d'évaluation concrète, contribuant ainsi à sensibiliser davantage les responsables politiques aux objectifs de durabilité. Cependant, comme le confirment les études précédentes, les EIDD ne revêtent pas une grande importance dans la formulation des politiques, et les normes et routines en vigueur rendent peu probable la mise en œuvre de l'eNAP pour accroître l'utilisation de données probantes ou l'examen approfondi des alternatives politiques et de leurs conséquences. Remarques à l'intention des praticiensLes technologies de l'information et de la communication (TIC) offrent de nouvelles possibilités pour faciliter les évaluations ex ante des politiques. Les praticiens qui utilisent les TIC pour les évaluations d'impact doivent adopter une perspective globale du contexte institutionnel, car les structures organisationnelles formelles et les attentes, habitudes et routines implicites influencent la manière dont les responsables politiques utilisent ces outils. La technologie seule n'améliore pas les évaluations des politiques, et une inadéquation entre les éléments institutionnels réglementaires, normatifs et culturels-cognitifs peut conduire à des présentations purement symboliques des évaluations d'impact au moyen d'outils numériques.This study examines the institutionalization of information technologies for policy formulation by investigating the case of eNAP. The digital tool was introduced in the spring of 2018 with the aim of supporting and improving sustainability impact assessments (SIAs) within the German Federal Government. Applying a neo-institutional perspective, this study shows how a tool like eNAP is embedded into prevailing regulative, normative, and cultural–cognitive structures. Findings from 10 semi-structured interviews indicate that the application of eNAP varies according to intra-ministerial coordination practices and portfolio-specific information-processing schemata. Overall, the tool serves to translate the abstract regulation to conduct an SIA, as well as to translate the vague norm of “sustainability” into a concrete assessment requirement, thereby helping increase policy officials' awareness of sustainability goals. However, consistent with previous studies, great importance is not attached to SIAs in policy formulation, and prevailing norms and routines make the implementation of eNAP to increase the use of evidence or in-depth considerations of policy alternatives and their consequences unlikely. Points for practitionersInformation and communication technologies (ICTs) provide new opportunities to support ex-ante policy evaluations. Practitioners enforcing ICTs for impact assessments should take a comprehensive perspective on the institutional context because both formal organizational structures and implicit expectations, habits and routines affect how policy officials use these tools. Technology alone does not improve policy evaluations, and a misfit between regulative, normative and cultural–cognitive institutional elements can lead to merely symbolic displays of impact assessments through the means of digital tools.
- La budgétisation sensible au genre dans la gestion des finances publiques : analyse documentaire et programme de recherche - Tobias Polzer, Isabella M Nolte, Johann Seiwald p. 147-164 L'intégration de la dimension de genre dans le processus budgétaire appelle à l'intégration de la dimension de genre à tous les niveaux du processus budgétaire gouvernemental. Bien que la littérature sur la budgétisation sensible au genre soit interdisciplinaire et couvre un large éventail géographique, elle reste fragmentée. Cette étude utilise une analyse documentaire pour examiner le discours actuel sur la budgétisation sensible au genre et pour dégager des pistes de recherche pour l'avenir. Notre analyse montre que les études se concentrent soit sur les économies émergentes, telles que l'Inde ou l'Afrique du Sud, soit sur les pays d'Europe. En s'appuyant sur un cadre analytique, nous constatons que la plupart des études examinent les étapes ex ante de la budgétisation sensible au genre, alors que les étapes concomitantes et ex post sont moins connues. En outre, étant donné que l'on sait peu de choses sur les résultats et l'impact de la budgétisation sensible au genre, les gouvernements ne savent pas quels instruments fonctionnent le mieux dans différents contextes. Compte tenu de leur intérêt pour la situation ex ante, la plupart des études sur la budgétisation sensible au genre restent souvent descriptives ou analysent des données secondaires. Malgré la contribution d'universitaires de différentes disciplines au domaine de la budgétisation sensible au genre, il reste plusieurs « zones d'ombre », en particulier dans la comptabilité du secteur public. Remarques à l'intention des praticiensAlors que les projets actuels de budgétisation sensible au genre ont tendance à se concentrer sur la phase ex ante de la budgétisation sensible au genre, les praticiens devront à l'avenir se concentrer sur les phases concomitantes et ex post, tout aussi importantes, qui ont reçu moins d'attention jusqu'à présent.Un nombre croissant de gouvernements dans le monde mettent en œuvre des projets de budgétisation sensible au genre. Les gouvernements doivent évaluer les résultats et l'impact de ces projets en temps opportun, afin de réduire les inégalités structurelles liées au genre.La budgétisation sensible au genre est volontiers adoptée en période de prospérité et de stabilité ou lorsque la portée des projets semble gérable. Pour éviter les effets négatifs sur leurs réalisations, les décideurs politiques doivent inscrire la budgétisation sensible au genre à l'ordre du jour politique et l'institutionnaliser en période d'instabilité et de crise.Gender budgeting calls for including a gender perspective at all levels of governmental budgetary processes. While the literature on gender budgeting is interdisciplinary and covers a wide geographical range, it remains fragmented. This study uses a literature review to examine the current discourse on gender budgeting and to elicit avenues for future research. Our review shows that studies focus either on emerging economies, such as India or South Africa, or on countries in Europe. Drawing on an analytical framework, we find that most studies scrutinize the ex ante stages of gender budgeting, whereas less is known about the concurrent and ex post stages. Moreover, because little is known about the outcome and impact of gender budgeting, governments do not know what instruments function best in different settings. Given their ex ante focus, most studies on gender budgeting often either remain descriptive or analyse secondary data. Despite scholars from different disciplines contributing to the field of gender budgeting, several ‘blank spots' remain, particularly in public sector accounting. Points for practitionersWhile current gender budgeting projects tend to focus on the ex ante stage of gender budgeting, future practitioner attention needs to focus on the equally important concurrent and ex post stages, which have received less attention thus far.An increasing number of governments worldwide are implementing gender budgeting projects. Governments need to evaluate the outcome and impact of these projects in a timely fashion, aiming at reducing structural inequalities related to gender.Gender budgeting is willingly adopted in times of prosperity and stability or when the scope of projects appears manageable. To avoid negative impacts on their achievements, policy makers need to put gender budgeting on the political agenda and institutionalize it in times of instability and crisis.
- Le soutien organisationnel perçu dans les organisations publiques et à but non lucratif : analyse systématique et orientations pour la recherche future - Palina Prysmakova, Nicole Lallatin p. 165-182 Une méta-analyse qualitative de 57 études (1987-2018) sur le soutien organisationnel perçu dans des contextes administratifs publics et à but non lucratif dans diverses parties du monde a révélé 70 variables connexes réparties en 16 catégories. Alors que la plupart des études examinées ont échantillonné des employés des États-Unis, du Royaume-Uni et d'Iran, en termes de situation géographique, la recherche sur la perception du soutien organisationnel des services publics et à but non lucratif n'a cessé de s'étendre et a révélé des résultats similaires d'un pays à l'autre. Bien que l'article remette en question la généralisation de certains résultats en raison de l'utilisation excessive de petits échantillons de commodité provenant d'établissements d'enseignement, de santé et de travail social, il confirme la possibilité de généraliser de nombreuses associations trouvées, même si elles se produisent dans des contextes internationaux, organisationnels et institutionnels différents. En particulier, dans les services publics, le soutien organisationnel perçu présente des relations stables et positives avec l'engagement, l'intention de rester, la motivation, la satisfaction tirée du travail et des tâches, le bien-être, l'autonomisation, la réduction du stress, l'équilibre travail-famille et la croissance individuelle. Par ailleurs, les perceptions positives de soutien sont négativement liées à la syndicalisation et ne révèlent aucune tendance cohérente en ce qui concerne les données démographiques. L'article invite les chercheurs à explorer davantage les contextes publics et non lucratifs et à tester des associations précédemment négligées, telles que celles avec le type de leadership, l'attente de récompense, la motivation pour le service public et les activités de retrait. Remarques à l'intention des praticiensLe soutien organisationnel perçu devrait être cultivé dans les contextes publics et à but non lucratif, car il améliore l'engagement, la motivation, la satisfaction et le bien-être des employés et réduit le stress.Le soutien organisationnel perçu pourrait être plus important pour le maintien en poste que le contenu de l'emploi.Les employés qui se sentent soutenus font preuve d'un meilleur équilibre vie professionnelle-familiale et perçoivent positivement de nombreux aspects de leur organisation.La promotion du soutien organisationnel perçu est utile lorsque les charges de travail intensives et les niveaux élevés de stress ne sont pas compensés de manière adéquate.Le soutien organisationnel perçu peut atténuer l'épuisement des employés causé par le travail émotionnel lié à la prestation de services.A qualitative meta-analysis of 57 studies (1987–2018) on perceived organizational support in public and nonprofit administrative contexts in various parts of the world revealed 70 related variables within 16 categories. While most reviewed studies sampled employees of the US, the UK, and Iran, in terms of geography, research on the perceived organizational support of public and nonprofit services has been constantly spreading and has been revealing similar findings across countries. While the article questions the generalizability of some findings due to the overreliance on small convenience samples from educational, health, and social work facilities, it supports the generalizability of many found associations even though they happen in various international, organizational, and institutional settings. In particular, in public-serving contexts, perceived organizational support exhibits stable and positive relationships with commitment, intent to stay, motivation, satisfaction derived from job and tasks, well-being, empowerment, reduced stress, work–family balance, and individual growth. Meanwhile, the positive perceptions of support link negatively to unionization and reveal no consistent patterns regarding demographics. The article invites scholars to explore public and nonprofit contexts further, and to test previously overlooked associations like those with leadership type, reward expectancy, public service motivation, and withdrawal activities. Points for practitionersPerceived organizational support should be cultivated in public and nonprofit contexts, as it improves employees' commitment, motivation, satisfaction, and well-being, and reduces stress.Perceived organizational support might matter for retention more than the content of a job.Employees who feel supported demonstrate better work–family balance and positively perceive many aspects of their organizations.Promoting perceived organizational support helps when intensive workloads and high levels of stress are inadequately compensated.Perceived organizational support can mitigate employees' burnout caused by the emotional labor of service provision.
- Les effets de l'évaluation des performances sur les sanctions dans les organisations - Seungwon Yu, Eun Ji Yoo, Suhee Kim p. 183-200 Cet article permet de mieux comprendre la relation entre la sanction et la performance dans les organisations. Nous analysons les données coréennes sur les performances et les sanctions de la manière suivante. Alors que la littérature antérieure s'est concentrée sur l'effet de la sanction sur la performance, cet article examine l'effet des écarts de performance sur la sanction. Basé sur la théorie comportementale, la théorie des points de référence stratégiques et la théorie du principal-agent, notre article met en lumière la relation négative entre les écarts de performance (cause) et la sanction (effet). L'article démontre que les personnes peu performantes sont plus souvent sanctionnées et que les personnes très performantes le sont moins (c'est-à-dire un biais de négativité). Nos résultats montrent également que les organisations privilégient les sanctions légères par rapport aux sanctions lourdes lorsqu'elles sanctionnent leurs employés en fonction de leurs performances. Remarques à l'intention des praticiensLes organisations peu performantes sont plus souvent sanctionnées et les organisations très performantes le sont moins souvent.La mesure dans laquelle les performances insuffisantes aggravent la sanction est supérieure à la mesure dans laquelle les performances positives réduisent la sanction.Les organisations privilégient les sanctions légères aux sanctions lourdes lorsqu'elles sanctionnent les salariés en fonction de leurs performances.This article expands understanding of the relationship between punishment and performance in organisations. We analyse Korean data on performance and punishment as follows. While prior literature has focused on the effect of punishment on performance, this article examines the effect of performance gaps on punishment. Based on behavioural theory, strategic reference point theory and principal–agent theory, it sheds light on the negative relationship between performance gaps (cause) and punishment (effect). The article demonstrates that low performers are more often punished and high performers less so (i.e. a negativity bias). Our results also show that organisations prioritise light punishment over heavy punishment when disciplining employees in response to performance. Points for practitionersLow-performing organisations are more often punished and high-performing organisations less often so.The degree to which negative performance increases punishment is greater than that to which positive performance decreases punishment.Organisations prioritise light punishment over heavy punishment when disciplining employees in response to performance.