Contenu du sommaire : Economie et pouvoirs.

Les Etats-Unis connaissent un déclin structurel, semblable à celui que la Grande-Bretagne et d'autres puissances hégémoniques ont connu avant eux, dans l'économie-monde capitaliste. Parmi les causes de ce déclin figurent le vieillissement de l'appareil de production, l'apparition de concurrents plus compétitifs et les coûts importants qu'entraîne la suprématie politique et militaire. Pour tenter de préserver leur position dominante, les Etats-Unis ont adopté successivement diverses politiques qui n'ont pas pu enrayer le déclin. Les mesures préconisées, puis appliquées, par Reagan n'auront pas plus d'effet, car, en réalité, la seule chose que le gouvernement puisse faire est de décider qui fera les frais du déclin. L'U.R.S.S. ayant connu un déclin parallèle à celui des Etats-Unis, on peut espérer, pour l'avenir, un nouvel équilibre économique mondial et un meilleur partage des forces nucléaires.

Recherches sur les structures du pouvoir aux Etats-Unis et l'avenir démocratique. Cet article passe en revue les trois premières décennies de recherche sur la structure du pouvoir aux Etats-Unis et se propose d'expliquer son attrait intellectuel et moral persistant pour les Américains. L'intérêt sous-jacent pour plus de démocratie et de participation qui animait ses fondateurs et les réactions qui en découlèrent révèlent le potentiel que recèle encore cette discipline pour de nouveaux développements théoriques.

La Reaganomie reposait sur l'hypothèse que les dégrèvements fiscaux pouvaient stimuler l'initiative individuelle et susciter la croissance écono mique, tandis qu'un budget militaire accru pouvait rehausser la position américaine dans le monde. En dépit de ses promesses, la Reaganomie a finalement suscité une reprise économique accompagnée de forts déficits budgétaires et d'une forte consommation privée, conduisant à des déficits record des balances commerciale et des paiements.

Le dénominateur minimum commun des « nouveaux libéraux » américains est d'élaborer une stratégie industrielle, de proposer un nouveau contrat social et de décrisper la politique étrangère en la rendant moins manichéenne (Est contre Ouest) et plus tournée vers le Tiers Monde. Soutenus par de nombreuses personnalités politiques nationales et locales, des universitaires et quelques hommes d'affaires, les « nouveaux libéraux » n'arrivent que difficilement à faire passer leur message auprès du grand public.

La dissuasion reste l'objectif stratégique fondamental des gouvernements américains, et les armements doivent pouvoir être utilisés tant en réponse à des attaques massives que de manière sélective : cette tactique amène tout naturellement une prolifération des armes nucléaires. Le complexe militaro-industriel tente, quant à lui, de canaliser l'évolution technologique vers les créneaux les plus rentables, ce qui influence au plus haut point la réflexion doctrinale au niveau gouvernemental et conduit à une interaction entre progrès technologique et doctrine où le complexe a de plus en plus de poids.

Utilisés sans entraves jusqu'à la seconde guerre mondiale et à la guerre froide, les pouvoirs militaires furent sévèrement bridés par la résolution de 1979. Depuis l'abandon de la détente par Carter en 1979, le Président Reagan, élu pour restaurer la traditionnelle puissance américaine, s'est engagé dans une gamme d'opérations pour s'opposer à « l'empire du mal » — quelques-unes ouvertement comme au Moyen-Orient, d'autres secrètement comme en Amérique Centrale, tout en renforçant les défenses européennes par ses fusées après l'échec des négociations START à Genève. Mais avec la Reaganomique, les dépenses militaires ont gonflé les déficits budgétaires majeurs et amené des complications économiques. En cette période de mutations technologiques au début de la campagne présidentielle de 1984, on est conduit à se demander si cette politique n'est pas un autre moyen économique des grandes affaires pour recouvrer la suprématie dans le cadre classique d'une Guerre froide renouvelée qui confine à la guerre ouverte : de toute façon le témoin moyen se retrouve perdu dans un labyrinthe d'incertitude.

Les changements dans le comportement des ménages pour faire face à l'inflation et profiter des taux d'intérêts plus élevés ont conduit à un élar gissement des activités bancaires à des institutions non financières, étant donné les profits du secteur financier par rapport aux autres activités économiques. Les services offerts par les différentes institutions tendent à être de plus en plus semblables.

L'intervention économique du gouvernement fédéral est un trait caractéristique des Etats-Unis depuis de nombreuses années. Suivant la voie tracée par ses prédécesseurs Gerald Ford et Jimmy Carter, le Président Reagan a accentué l'effort de déréglementation dont cet article évalue l'importance et les effets dans les activités des agents de change, des transporteurs aériens et du service téléphonique (AT and T).

Le problème majeur de l'agriculture américaine semble être celui de la surproduction. Mais cette agriculture est en fait vulnérable à court et à long terme pour différentes raisons et en particulier à cause de l'érosion constante des terres et de l'épuisement prévisible des ressources en eau.

La législation antitrust sous la présidence de Reagan. Le gouvernement Reagan a pris des mesures sans précédents pour démanteler la législation antitrust américaine. Il a nommé des responsables d'agences et des juges qui reflètent sa vision conservatrice et ultra-libérale de la vie économique. La Federal Trade Commission et le Ministère de la Justice ont considérablement réduit l'application de la loi dans tous les domaines à l'exception de celui des ententes sur les prix. Si le Congrès n'arrive pas à arrêter l'Exécutif, la Cour Suprême seule décidera du cours futur de cette législation. Comme cinq de ses membres sur neuf ont plus de 70 ans, le président élu en 1984 décidera de la composition de cette Cour. Pour la première fois depuis des décennies, la politique antitrust peut devenir un problème dont on débattra au cours de la campagne présidentielle.

Dans cet article nous nous efforçons de montrer de quelles façons le système politique américain est devenu moins démocratique, plus bureaucratisé et comment l'argent y pèse chaque jour davantage. Nous décrivons les principaux aspects de ce phénomène, ainsi la perte de pouvoir des élus du peuple, le rôle des lobbies (qui tendent à remplacer les partis politiques) et des PACs, ainsi que le caractère un peu illusoire des réformes entreprises. Ce que l'on appelle le « triangle du pouvoir » est analysé un peu plus longuement. Et nous concluons sur l'aliénation croissante des électeurs américains, qui s'explique en grande partie par le sentiment que le vote ne peut guère influer sur les décisions prises.

La réduction draconienne des dépenses sociales (retraites, soins médicaux, aide sociale) entraînée par la Reaganomie pèse lourdement sur les personnes âgées, les malades et les pauvres. Une opposition croissante et de plus en plus organisée de certains groupes de pression concernés (retraités, femmes, noirs, syndicats) fera-t-elle pencher la balance en faveur des Démocrates lors des prochaines élections présidentielles ?

L'évolution du pouvoir politique dans les villes américaines a été particulièrement frappante en un demi-siècle. Une réorganisation technocratique substitue aux anciennes "machines" partisanes de nouvelles machines technocratiques dont le fonctionnement échappe au contrôle local et tend à renforcer le pouvoir des grandes entreprises sur l'unité urbaine. Sous leur pression de plus en plus coordonnée et cohérente, une élite technocratique s'empare des municipalités. La structure politique des cités et des aires métropolitaines d'Outre-Atlantique en est ainsi profondément modifiée.

Les traditions de localisme et les politiques de décentralisation ont donné à l'action locale des quartiers, une légitimité, des instruments d'action et une expérience politique. Au community control a succédé le neighborhood movement. Celui-ci s'exprime avec éclat d'une part, grâce aux coalitions d'organisations de base (NEA, ACORN) qui ont des ramifications sur le plan régional et national et, d'autre part, grâce aux organisations communautaires qui sont progressivement incorporées dans la revitalisation des quartiers par l'Etat corporatiste. La politique reaganienne a proposé la création de zones d'entreprise pour résoudre les problèmes urbains, sans succès. La révolution conservatrice n'est pas parvenue à décimer le mouvement communautaire d'opposition ; au contraire, elle semble le nourrir. Une nouvelle stratégie électoraliste tente, à partir des quartiers, de rassembler tous les mécontents. Y parviendra-t-elle ?

Cet article souligne succinctement, dans un siècle d'histoire syndicale américaine, l'évolution dans le traitement des problèmes du monde du travail. A partir d'affrontements violents, voire sanglants à l'origine, on passe à une procédure légale, à l'époque du "New Deal", avec le N.L.R.A. et le N.L.R.B. pour résoudre les conflits. La récession actuelle avec, pour corollaires, l'inflation, le chômage, la diminution du pouvoir d'achat et de l'aide sociale, conduit les responsables syndicaux à une autre approche de ces problèmes, comme il ressort des réunions informelles du "Groupe Patronat Syndicat" et des récentes déclarations de Lane Kirkland, Président de l'AFL-CIO.

Depuis 1979, les syndicats américains se voient contraints de négocier « à la baisse ». Les blocages de salaire, les augmentations des cadences de travail, les redéfinitions des tâches se généralisent. Dans le même temps, des usines ferment, mais rouvrent souvent ailleurs, des ouvriers sont licenciés pour raison économique, mais aussi pour activisme syndical, le pourcentage de syndiqués dans la population active chute... Doit-on considérer le récent phénomène des concessions syndicales comme conjoncturel ou, bien au contraire, comme l'une des facettes d'un déclin amorcé il y a de nombreuses années ? Qu'en est-il aujourd'hui du fameux consensus entre le Big Government, le Big Business et le Big Labor ? C'est ce que cet article se propose d'étudier.

Avec l'égalité des chances en matière d'emploi, une nouvelle ère semblait s'ouvrir pour les femmes décidées à faire carrière dans les entreprises. En 1983, les cadres féminins, bloquées dans leur promotion, mises sur des voies de garage quand elles ne sont pas licenciées, ressentent plus durement que leurs homologues masculins les effets de la récession et se heurtent aux préjugés encore enracinés au sein des hiérarchies. Le pouvoir se mesure en terme d'influence et de contrôle sur les décisions. Le sexe n'intervient plus quand ce pouvoir est exercé effectivement. Mais les hiérarchies acceptent mal qu'un groupe minoritaire — ici les femmes — y ait accès.