Contenu du sommaire
Revue | Politique étrangère |
---|---|
Numéro | vol. 46, no. 2, 1981 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Editorial - p. 265-267
- Les auteurs - p. 269-272
- Résumés. Abstracts - p. 273-286
- Erratum - p. 286
- Les relations Est-Ouest : gérer la tension - Michel Tatu p. 287-298 Les relations Est-Ouest : gérer la tension, par Michel Tatu Tout effort de réflexion sur la meilleure manière de "gérer" l'inévitable tension entre l'Est et l'Ouest doit prendre en compte le point d'arrivée de la décennie 80, qui pourrait être très différent du point de départ : la situation interne en URSS sera compliquée par les problèmes de succession et le rapport des forces sera moins favorable au Kremlin qu'il ne l'est aujourd'hui. Il faut s'attendre néanmoins à une intense course aux armements aussi longtemps que Moscou continuera à faire jouer la "loi de l'effort maximal" en matière de défense. Quant à la réaction aux crises, elle doit se faire d'abord sur le terrain, ce qui n'exclue pas une inévitable "globalisation". Les sanctions commerciales doivent être concentrées sur certains secteurs spécifiques (crédits, produits à haute technologie) sous peine d'être inefficaces, tandis que le refus du Tiers-Monde de servir de pion sur l'échiquier exclut en fait le recours à la rétorsion. Soulignant l'importance de principe que revêt le débat actuel sur les armements nucléaires en Europe, l'auteur évoque enfin le rôle que la France peut jouer dans ce processus.East-West Relations: Managing Tension, by Michel Tatu Any reflection on the best way to manage the inevitable tension between East and West must take into account the fact that the 80s might well end quite differently than they began. The domestic situation in the Soviet Union will be rendered more complex by problems of succession and the balance of powers will be less favorable to the Kremlin than it is today. One must nevertheless expect an intense arms race as long as Moscow will continue to play the "law of maximal effort" in defence matters. Reaction to crises should first take place locally, even if an inevitable globalisation will follow. Trade sanctions must be concentrated on a few specific sectors (credit, high technological products) if they are to be efficient. The Third World's refusal to be used as a pawn in the chessboard of the great powers excludes the use of sanctions. Stressing the basic importance of the debate on the modernization of nuclear weapons in Europe, the author mentions the role France can play in this process.
- Les Etats-Unis et le Salvador : une approche sans nuance - William D. Rogers p. 299-306 Les Etats-Unis et le Salvador : une approche sans nuance, par William D. Rogers Dès son entrée en fonction, l'Administration Reagan choisit de faire de l'Amérique centrale un test de sa fermeté à l'égard de Moscou. Ce n'est pas tant ce qu'a fait l'Administration Reagan, que ce qu'elle a dit qui est nouveau. Le soutien au régime de Duarte, et le programme d'aide militaire avaient déjà été mis en oeuvre par Carter. Par contre présenter le conflit du Salvador comme une épreuve de volonté entre les Etats-Unis et l'URSS constitue une nouveauté. Le simplisme de cette présentation ne correspond pas à la complexité du conflit. En mettant l'accent sur les fournitures d'armes aux insurgés, le gouvernement Reagan donnait l'impression de croire qu'une aide militaire en sens opposé suffirait à résoudre le problème. La menace de traiter le problème à sa "source" à Cuba ne correspond pas à la réalité, d'autres que les Cubains fournissant des armes aux insurgés. Désigner le Salvador comme le front yard des Etats-Unis ne semble pas très éloigné de la doctrine Brejnev. Le Salvador est marginal par rapport à l'ensemble de l'Amérique latine où aucun grand pays n'est menacé par une insurrection de gauche. L'approche nouvelle de Reagan ne peut qu'irriter le Mexique, le Venezuela et le Brésil et ne rencontrera pas un accueil très favorable en Europe. Pour survivre le gouvernement Duarte doit d'abord prouver au peuple Salvadorien qu'il est capable de réduire le nombre des assassinats, et pour ce faire imposer son autorité aux terroristes de droite. Il doit aussi faire comprendre à tous que la réforme agraire doit être poursuivie, et qu'il est nécessaire de porter remède à la situation économique. Il doit enfin honorer ses engagements politiques et permettre des élections libres, ouvertes et pacifiques. Il n'existe nulle part de solution purement militaire, ni au Salvador, ni ailleurs.The United States and Salvador: A Policy Without Nuance, by William D. Rogers The moment it came into office, the Reagan Administration chose to turn Central America into a test case of its firmness vis-a-vis Moscow. The novelty lay not so much in what the new Administration did in Salvador, but rather in what it said. Carter had already committed himself to the Duarte regime, and had implemented a program of military support. The presentation of the conflict in Salvador as a test of wills between the United States and the Soviet Union is instead new. Such a simple presentation does not adequately reflect the complexity of the conflict. By pointing to the supply of arms to the insurgents, the Reagan Administration gave the impression that it believed that a counterflow of military assistance to the government could alone solve the problem. The threat to deal with the problem "at its source" in Cuba does not correspond to reality. Cuba is not the only "source" of weapons for the guerillas. The designation of Salvador as the "front yard" of the United States brings to mind the Brejnev doctrine. When compared to Latin America (where no major country is threatened by a left wing insurrection), El Salvador is rather marginal. The new Reagan emphasis raised eyebrows in Mexico, Venezuela and Brazil and will not meet with a favorable reaction in Europe either. To survive, the Duarte government will first have to persuade the people of El Salvador that it can reduce the number of killings by bringing right wing terrorists under control. The Salvadorian government must also make it clear to all that there is no retreat from the land reform program and that the economy has to be repaired. It must also honor its political promises and allow free, open and peaceful elections. There is no such thing as a purely military solution in El Salvador or elsewhere for that matter.
Europe : les politiques étrangères en question
- Regards sur la politique étrangère de l'Italie - François Puaux p. 307-322 Regards sur la politique étrangère de l'Italie, par François Puaux Les "trois cercles" de la politique étrangère de l'Italie sont l'Alliance atlantique, l'Europe et la Méditerranée. L'appartenance à l'OTAN correspond à un impératif de sécurité plus évident peut-être pour l'Italie qui considère qu'elle est avec l'Allemagne l'un des deux "pays frontières" de la Communauté. Rien ne déplairait plus à l'Italie que de se trouver seule aux avant-postes de l'Alliance en Méditerranée. L'Italie se considère comme un intermédiaire privilégié entre l'Europe et les rivages du Sud, et maintient une politique d'équilibre envers Athènes et Ankara, Alger et Rabat, évitant de s'engager sur les affaires africaines et orientales. Depuis 1973, le gouvernement italien témoigne une sympathie de plus en plus marquée à la cause arabe, même si cette évolution pouvait heurter l'allié américain. L'hostilité des Etats-Unis à l'entrée du PCI au gouvernement est utilisée par la Démocratie chrétienne, mais il serait faux de prétendre que l'Italie est "inféodée" aux Etats-Unis. La contribution que le gouvernement Cossiga apporte à la politique de défense américaine (et allemande) en acceptant le stationnement sur son territoire d'armes de théâtre est décisive. L'Italie se sent profondément européenne et attend sans doute de la construction européenne un dépassement de ses problèmes intérieurs. Elle demeure fidèle à une certaine image de l'Europe, celui des années 50 et n'a pas connu l'évolution "gaulliste" de l'Allemagne fédérale. Les motivations italiennes vis-à-vis de l'Europe sont plus politiques et sociales qu'économiques. L'élargissement de la Communauté est souhaité par l'Italie pour des raisons politiques. L'Italie a choisi d'entrer dans le SME, non pas parce que cela bénéficierait à la monnaie italienne, mais parce que cela constituerait un acte de foi en l'Europe. La rela tive timidité de l'Italie sur le plan international, le choix d'un "profil bas" s'expliquent par l'histoire récente (le fascisme) et par le principe de consensus qui gouverne la vie politique italienne. L'association de l'Italie pour les questions qui l'intéressent à une formule de sommets à géométrie variable, hypothèse retenue par le rapport des quatre instituts sur "La sécurité de l'Occident" pourrait être une formule valable pour associer des pays comme l'Italie, le Japon ou le Canada à la discussion des grands problèmes politiques mondiaux.Outlook on Italian Foreign Policy, by François Puaux The Atlantic Alliance, Europe and the Mediterranean comprise the three circles of Italian foreign policy. Membership in NATO constitues a security imperative that is more evident in Italy which considers itself, along with the Federal Republic, to be one of the two borderline countries of the Community. Nothing would displease Italy more than finding itself alone on the front line of the Alliance in the Mediterranean. Italy sees itself as a privileged go-between, between Europe and the South, and maintains a policy of equilibrium between Athens and Ankara, Algiers and Rabat, refusing to engage in African and Eastern matters. Since 1973, the Italian government has shown an ever growing sympathy for the Arab cause, even if this evolution hurts the feelings of the American ally. United States hostility to PCI entrance into the government is being used by the Christian Democrats. But it is no reason to pretend that Italy is "infiefed" to the United States. The contribution that the Italian government brings to American (and German) defence policy in accepting the stationing of theater nuclear weapons on its territoy is decisive. Italy feels deeply European and probably expects from the European construction the overcoming of its inner problems. It remains faithful to a 1950's image of Europe, and has not known the "Gaullist" evolution of the Federal Republic. Italian interest in Europe is more political and social than economic. Italy advocates the enlargement of the Community mainly for political reasons. Italy has entered the EMS not because of its benefits for the Italian lira but because it represented an act of faith in Europe. The relative absence of Italy at the international level, its choice of a "low profile" can be explained in terms of Italy's recent history (fascism) and by the consensus principle that governs Italian political life. The hypothesis suggested by the report of the four institutes on "Western Security" - that Italy participate in some summit meetings depending on the topic discussed - can constitute a useful formula with which to bring into the discussion of world problems countries like Italy, Japan or Canada.
- Plaidoyer pour une Italie ambiguë - Sergio Romano p. 323-332 Plaidoyer pour une Italie ambiguë, par Sergio Romano En Italie, les politiques étrangères de la société italienne coexistent avec celle de l'Etat. Il existe encore, en dépit de l'Unité, des politiques étrangères régionales et des politiques étrangères "idéologiques". Les catholiques sont sensibles à la vocation méditerranéenne de l'Italie. Dans son ensemble l'industrie italienne et la bourgeoisie industrielle de l'Italie du Nord sont fortement européennes et atlantiques, pour des raisons économiques et culturelles. La politique étrangère de l'Etat italien est conditionnée par les deux grandes constantes de la diplomatie unitaire après le Risorgimento : le sentiment d'insécurité et le désir d'affirmer le rôle et l'originalité de l'Italie dans le monde. Le sentiment d'insécurité pousse l'Italie à rechercher la protection d'un allié puissant : l'Allemagne, la Grande-Bretagne et, depuis 1945, les Etats-Unis. L'Etat italien doit aussi tenter de concilier les politiques étrangères de la société italienne, ce qui explique la contamination permanente entre politique étrangère et politique intérieure. Mais, grâce à la pluralité de ses protagonistes, l'Italie est plus présente dans la vie internationale que ne le supposeraient ses dimensions et son importance politique. Le monde idéal de la diplomatie italienne est celui où personne ne bouge, un monde où ses alliés ne cherchent pas lui imposer de choix cohérent. Aussi la suggestion, contenue dans le rapport des quatre directeurs - "La sécurité de l'Occident : bilan et orientations" -, du groupe des principaux pays, auquel l'Italie ne participerait que pour les problèmes méditerranéens, est dangereuse dans la mesure où elle obligerait l'Italie à exprimer une partie seulement de son histoire et de ses aspirations.Apology for an Ambiguous Italy, by Sergio Romano In Italy, foreign policies emanating from society coexist with that emanating from the State. Despite Unification, regional and "ideological" foreign policies still exist. Catholics are sympathetic to Italy's Mediterranean role whereas the Northern Italian industrial "bourgeoisie" is strongly European and pro-Western for economic and cultural reasons. Two greats currents of post-Risorgimento diplomacy have conditioned the foreign policy of the Italian government: a feeling of insecurity and a desire to affirm the role and the originality of Italy in the world. The feeling of insecurity pushes Italy to seek the protection of a powerful partner: Germany, the United Kingdom and, after 1945, the USA. The Italian government must also try to reconcile the foreign policies of its society and this explains the permanent interaction between foreign and domestic policies. But, due to the pluralism of its protagonists, Italy is much more present on the international scene than its size and political importance would warrant. The ideal world for Italian diplomacy is one in which no one moves, where its allies do not try to impose on it coherent choices. For this reason, the suggestion found in the report of the four institutes on "Western Security" that Italy only participate for Mediterranean problems is dangerous as it would oblige Italy to express only part of its history and aspirations.
- Les Pays-Bas entre l'atlantisme et la tentation neutraliste - Joost Peter van Iersel p. 333-346 Les Pays-Bas entre l'atlantisme et la tentation neutraliste, par Joost Peter van Iersel Les maîtres mots de la politique étrangère hollandaise ont été toujours ceux de commerce et de navigation, neutralisme et abstention, idéalisme international. Cette tradition fut abandonnée après la Seconde Guerre mondiale. Les alliés américains furent accueillis comme des libérateurs et sont demeurés, aux yeux des Néerlandais, les principaux alliés en matière de politique étrangère et de défense. Dans le domaine de la coopération économique, l'intégration européenne fut considérée comme un moyen de favoriser les intérêts commerciaux, mais aussi comme un instrument politique pour préserver et renforcer l'unité européenne. La volonté néerlandaise de faire adhérer le Royaume-Uni à la Communauté s'expliquait presque exclusivement par des arguments économico-politiques, indépendamment de l'OTAN. Aujourd'hui il ne faut pas voir dans le débat sur le déploiement des missiles de croisière une tendance au neutralisme ou au pacifisme. L'effort militaire des Pays-Bas n'est pas inférieur à celui d'un certain nombre de pays européens. Créer un directoire atlantique ne réunissant que quelques puissances, c'est peut-être hypothéquer gravement la construction européenne. Il faut au contraire chercher à établir un équilibre satisfaisant entre l'Europe et les Etats-Unis dans le dialogue au sein du monde libre. La dépendance des Pays-Bas fait que la voie européenne et la voie atlantique ne doivent pas se couper. Les divers dirigeants européens doivent inspirer confiance à leurs partenaires : c'est sur cela qu'ils seront jugés. Les obligations qui en découlent sont en principe pour tous les mêmes. Pour bien en saisir toute l'ampleur il faut multiplier les consultations bilatérales, par exemple, telles qu'elles existent depuis quelques années entre l'Allemagne fédérale et la France.The Netherlands Between Western Affiliation and Neutralist Temptation, by Joost Peter van Iersel The key words in Dutch foreign policy have always been those relating to commerce and navigation, neutralism and abstention, international idealism. This tradition was put aside after the Second World War when freedom was brought by the American allies. They were and still are in the eyes of the Dutchmen the most important allies in matters of foreign policy and defence. In the realm of economic cooperation, European integration was considered not only as a means to favour commercial interests but also as a political instrument to preserve and reinforce European unity. The Dutch wish to see the United Kingdom adhere to the Common Market can be mostly explained by political-economic arguments independent from NATO. Today one should not interpret the debate over the deployment of cruise missiles as symptomatic of a tendency to neutrality or pacifism. The military effort of the Netherlands is not inferior to that of many other European countries. The creation of an Atlantic directory bringing together only a few powers may seriously mortgage the building of Europe. One should instead establish a satisfactory balance between Europe and the USA in the context of a free world dialogue. The dependence of the Netherlands on both a European and the Atlantic setting requires that the two poles do not stray apart. The various European chiefs of State must inspire trust among their partners: they will be judged on this point only. In principle the resulting obligations are the same for everyone. And to better understand their magnitude it is necessary to multiply bilateral consultations as those which have already existed for many years between West Germany and France.
- La RFA, un allié pas comme les autres ? - Robert Picht p. 347-355 La RFA, un allié pas comme les autres, par Robert Picht Le paradoxe allemand du géant aux pieds d'argile est-il en train de réapparaître ? Au lendemain des élections, en dépit des débats souvent déchirants qui font la une des journaux, ce qui domine c'est le consensus fondamental qui rend difficile la distinction entre les différents partis politiques allemands. Les orientations fondamentales de la République fédérale demeurent les mêmes. Pour l'Allemagne, du fait de sa situation géographique, de sa maîtrise de la guerre, la double décision de l'OTAN d'installer les nouvelles fusées américaines et de négocier leur réduction n'est acceptable que si ces deux orientations sont suivies simultanément. L'expérience directe de la réalité du régime pratiqué en RDA fait ressentir la menace soviétique comme une mise en question permanente des valeurs fondamentales sur lesquelles la société de la République fédérale a été construite depuis la guerre. La distinction entre l'unité culturelle de la nation et la diversité des Etats constitue une vieille tradition allemande et pourrait servir de modèle pour surmonter la division de l'Europe dans le respect de la paix et des intérêts légitimes des partenaires. Les relations économiques avec les pays de l'Est représentent un lien d'intérêt commun et un potentiel de développement mais par une dépendance unilatérale. Le maintien des orienta tion fondamentales qui dictent l'équilibre précaire du consensus allemand correspond à l'intérêt commun de tous les Européens dans l'Alliance atlantique. L'Allemagne compte tenu de sa marge de manoeuvre étroite est particulièrement limitée par les contraintes de sa situation. Elle ne saurait donc jouer à elle seule un rôle de médiateur ou de leadership européen.The Federal Republic of Germany, an Ally Unlike the Others, by Robert Picht Is the German paradox of the "giant with clay feet" reappearing? In the wake of the elections, in spite of often agonizing arguments that occupy the front page of newspapers, what prevails in Germany is the fundamental consensus which makes it difficult to distinguish among the various German political parties. The essential orientations of the Federal Republic are still the same. For the Federal Republic, given its geographic situation, the dual NATO decision to install new American nuclear weapons and to negotiate their reduction can only be accepted if these two orientations are simultaneously followed. Because of its direct contact with the reality of the German Democratic Republic, the Federal Republic perceives the Soviet threat as a permanent challenge to the very values that are the basis of West German society since the war. The distinction between the cultural unity of the nation and the diversity of the States represents an old German tradition and could serve as a model to transcend Europe's divisions in the respect of peace and of the legitimate interests of its partners. Economic relations with Eastern European countries represent a link of common interest and a potential for development but through a unilateral dependence. The upkeeping of fundamental orientations that dictates the fragile equilibrium of the German consensus corresponds to an interest common to all Europeans inside the Atlantic Alliance. The Federal Republic given its limited margin of manoeuver is particularly constrained by its situation. It cannot play alone neither a mediating role nor a leading role in Europe.
- Regards sur la politique étrangère de l'Italie - François Puaux p. 307-322
- Le trilatéralisme : une vision japonaise - Hisashi Owada p. 357-370 Le trilatéralisme : une vision japonaise, par Hisashi Owada L'apologie du trilatéralisme a coïncidé au Japon avec l'apparition d'un sentiment d'insécurité à la fois sur le plan intérieur et international. Il apparut comme présidant à l'avènement d'une ère nouvelle où le Japon serait traité à égalité avec les Etats-Unis et l'Europe occidentale. Surtout le Japon y voyait une occasion de redéfinir et réétablir des relations saines avec l'Europe. Plutôt que d'entretenir la psychose des gains et des pertes temporaires sur le plan géopolitique résultant de la compétition Est-Ouest, les pays de la Trilatérale devraient s'attacher à oeuvrer en dehors de leur aire d'influence pour le développement d'un meilleur environnement politique, économique et social afin d'en faire un champ d'action commun avec les pays en développement. L'urgence de consultations authentiques constitue une condition nécessaire à la coopération trilatérale. A court terme le plus important est la construction d'un triangle authentique, notamment par le renforcement des relations nippo-européennes. Jusqu'à présent par exemple une question aussi essentielle que celle de l'énergie n'a pas fait l'objet d'assez de coopération entre chaque région. Rechercher une harmonisation des politiques, s'appuyant sur une vision globale et la coordination tout en laissant la liberté du style, telle est l'étape positive qui doit être franchie. L'établissement des relations avec les nouveaux pays du Tiers-Monde sera notamment à long terme l'une des tâches prioritaires et le Japon, de par son influence, peut y contribuer considérablement.Trilateralism: A Japanese Perspective, by Hisashi Owada The call for trilateralism came at a time when the Japanese had begun to sense an uncertain future, one of both domestic and international insecurity. It seemed to preside over the happening of a new era where Japan would be treated as an equal partner by the United States and Western Europe. Japan saw in the Trilateral an opportunity for redefining and reestablishing relations with Europe on a healthy base. Rather than being paranoiac about temporary geopolitical advantages and disadvantages in the East-West competition, the countries in the trilateral region should work outside their own region to develop a better political-economic-social environment with which to interact with the developing world. The urgent need for genuine consultation constitutes a necessary condition for trilateral cooperation. The construction of a genuine triangle in the relationship through the reinforcement of Japanese-European relations is of immediate importance. But today, even on such a highly political and security-related issue on the energy problem, there has been insufficient cooperation among the political leadership in each region. The countries of the trilateral group should be able to cooperate positively to promote and consolidate their common values within their own societies, but also to establish a more stable and harmonious world environment. How to build a constructive relationship with new countries of the Third World is one of the most important tasks that the trilateral countries will face in the long term. And it is an area in which Japan should and indeed can make a constructive contribution.
- URSS : le clan des modernisateurs et les relations Est-Ouest - Robbin F. Laird, Erik P. Hoffmann p. 371-380 URSS : le clan des modernisateurs et les relations Est-Ouest, par Robbin F. Laird et Erik P. Hoffmann Les nouvelles orientations de l'Union soviétique lient la modernisation intérieure - croissance économique et productivité - à l'amélioration des relations Est-Ouest. La compétition entre les "conservateurs" et les "modernisateurs" de l'Union soviétique d'aujourd'hui correspond à un conflit entre les défenseurs du modèle soviétique classique d'industrialisation et les partisans d'un modèle de modernisation avancée. Parmi les modernisateurs, les conservateurs cherchent à rationaliser la planification et la gestion centralisées en réduisant le contrôle du PCUS sur les activités des principales bureaucraties ne relevant pas du Parti et des associations de production industrielle. Les réformistes en revanche souhaitent un développement de la coordination et la prise de décision régionale par le Parti et les organes d'Etat, un accroissement des responsabilités des associations et des entreprises, et l'extension des relations économiques internationales fondées sur le "transnationalisme" par opposition au "centralisme d'Etat". Il existe en URSS un conflit croissant entre la primauté des priorités militaires et les conditions préalables à une modernisation économique. Les modernisateurs soviétiques sont convaincus que l'URSS est en mesure d'approfondir ses liens économiques avec les Etats capitalistes industriels sans avoir à craindre une interférence excessive au niveau du développement socialiste, c'est-à-dire sans rendre l'URSS trop vulnérable à des influences négatives d'ordre politique, économique ou social. Ces modernisateurs estiment que la rivalité entre l'Union soviétique et les Etats-Unis se déploie dans un système international en mutation rapide où les facteurs économiques de puissance sont d'une importance croissante pour l'exercice d'une influence à l'échelon mondial.USSR : The Modernizers' Clan and East-West Relations, by Robbin F. Laird and Erik P. Hoffmann The new Soviet orientations link domestic modernization - economic growth and productivity - with improved East-West relations. The competition between today's Soviet "conservatives" and "modernizers" represents a conflict between defenders of the traditional Soviet industrialization model and advocates of an advanced modernization model. Conservative modernizers seek to rationalize centralized planning and management by reducing CPSU supervision over the day-to day activities of the major non-Party bureaucraties and of the production and industrial associations. Reformist modernizers, in contrast, call for greater regional coordination and decision-making by Party and State organs, still greater responsibilities for the associations and entreprises and greater emphasis on "transnational", as distinct from "State-centralized" international economic relations. There is an increasing conflict in the USSR between the primacy of military priorities and the preconditions for economic modernization. Soviet modernizers are confident that the USSR can deepen economic ties with the industrialized capitalist States without fear of excessive interference in socialist development - that is without making the USSR unduly vulnerable to harmful political, economic or social influences. They perceive the Soviet-American rivalry to be unfolding in a rapidly changing international system, in which economic factors of powers are of increasing significance to the exercise of global influence.
- Les échanges Sud-Sud : progrès et contradictions - Jean Lempérière p. 381-401 Les échanges Sud-Sud : progrès et contradictions, par Jean Lempérière La longue crise de débouchés dans les pays industriels et les multiples mesures protectionnistes se sont conjuguées pour orienter la production industrielle des pays neufs vers de nouveaux marchés de plus en plus demandeurs qu'ils en viennent à considérer comme leur clientèle naturelle. Ainsi se forment peu à peu, en marge des circuits traditionnels, des courants commerciaux éliminant les anciens pays fournisseurs et qui prennent plus de force avec le temps. Encore actuellement très limité et ralenti par les handicaps dont la production des pays neufs ne se dégage que lentement, ce mouvement paraît irréversible si l'on en juge par l'intérêt croissant des firmes industrielles, des sociétés commerciales japonaises et des responsables des pays neufs pour les marchés du Tiers-Monde. Fournitures de marchandises entre pays neufs ou assistance par l'ingénierie brisent l'hégémonie des exportateurs industriels en offrant une alternative aux pays du Tiers-Monde. Ceci donne tout leur sens aux progrès des échanges Sud-Sud, par delà leurs traits particuliers (inégalité des partenaires, domination de l'Asie, recul de l'Afrique). Le nouvel ordre économique international, initialement conçu comme division internationale du travail garantissant aux pays industriels l'essentiel de leurs privilèges, s'annonce beaucoup plus aujourd'hui comme un nouveau partage des marchés où les pays neufs se présenteront en position de force. Aux pays industriels d'en tenir compte dès à présent pour s'adapter sur tous les plans à leur situation prochaine !South-South Exchanges: Progress and Contradictions, by Jean Lempérière The long crisis affecting the outlets of industrialized nations plus multiple protectionist measures are the reason why the industrial production of the emerging nations flows more and more toward new markets which they consider to be their natural customers. Little by little on the periphery of the traditional trade routes, new commercial currents have gained strength by eliminating former suppliers. This trade, however, is still small and is slowed down by production difficulties in the new countries. Although slow at first, this trend seems irreversible, if one takes into account the growing interest of industrial firms as well as that of Japanese commercial firms, and of the leaders of new emerging nations for Third World markets. The exchange of goods and technical assistance among the emerging nations leads to the braking of the hold of the industrial nations. A new alternative is given to the Third World countries, one which gives meaning to the progress of South-South exchanges beyond their peculiarities such as the inequality of partners, the domination of Asia, and the lagging behind of Africa. The New International Economic Order, initially conceived as an international division of labour meant to guarantee to the industrialized countries their essential privileges, is evolving today into a new sharing of markets where the new countries are also strongly present. The industrialized countries should keep this in mind so as to adjust at all levels to their future situation.
- Les étapes d'un retour aux parités fixes - Rinaldo Ossola p. 403-407 Les étapes d'un retour aux parités fixes, par Rinaldo Ossola L'insatisfaction croissante suscitée par le fonctionnement du système de taux de change flottants a fait naître un besoin pressant d'évolution vers des taux plus stables, voire des parités fixes. Sans prétendre dès maintenant choisir un étalon monétaire international, l'objectif à atteindre pourrait être la convertibilité à taux fixes des monnaies nationales. Trois étapes principales pourraient dessiner le cadre de cette évolution. Dans un premier temps, il conviendrait de stabiliser progressivement les taux de change, au moyen d'un accord monétaire tripartite entre les trois grandes zones monétaires existantes (Ecu, dollar, yen). Cet accord définirait une parité centrale - éventuellement modifiable - et des marges de fluctuations. Il devrait s'accompagner d'une étoite coordination des politiques nationales en matière de taux d'intérêt. L'étape suivante viserait à stabiliser le prix de l'or, par des interventions appropriées de la Banque des règlements internationaux dans le cadre d'un plan de stabilisation auquel participeraient les banques centrales. Il s'agirait enfin de réintégrer l'or dans le circuit monétaire international, par le biais notamment d'un renforcement du rôle des DTS, émis en contrepartie de dépôts obligatoires d'or et de dollars. Ces trois étapes permettraient de réaliser des progrès considérables dans l'amélioration des relations économiques entre pays. Le système monétaire international pourrait alors soit se stabiliser, soit évoluer vers un système de parités fixes.tate economie relations among countries. The international monetary system could then either be stabilized or evolve into a system of fixed parities.
- Les neutrons : l'arme anti-invasion pour une défense européenne - Maurice Léman p. 409-425 Les neutrons : l'arme anti-invasion pour une défense européenne, par Maurice Leman La vulnérabilité croissante des Etats-Unis aux missiles soviétiques rend problématique la discussion américaine au bénéfice de l'Europe, et la doctrine de la réponse flexible est inadaptée à la défense militaire de notre continent. L'arme à neutrons dont seraient dotées un nombre limité de grandes unités des pays européens membres de l'UEO, rassemblées dans un système de forces intégrées, apporterait à l'Ancien monde la clef de sa sécurité. Cette force nucléaire tactique, appuyée par une armée de missiles de théâtre - ces deux composantes étant couvertes par l'arsenal stratégique de la France - permettrait l'exercice d'une stratégie de dissuasion européenne spécifiquement anti invasion. Ce système compatible avec les possibilités économiques et financières des Etats européens membres de l'UEO pourrait être réalisé avant 1990 si ces derniers prenaient enfin la décision politique de coopérer en matière de défense.The Neutron Option: the Anti-Invasion Weapon for a European Defence, by Maurice Leman The growing vulnerability of the United States to the Soviet ICBM puts into question the credibility of the American deterrent for Europe. The flexible response doctrine no longer corresponds to the needs of the military defence of Europe. The neutron weapon possessed by a limited number of European countries members of the Western Union would constitute the key to the security of the "Old World". This tactital nuclear force, supported by an army of theater missiles - these two elements being covered by the nuclear arsenal of France -, would provide the base for a European strategy of deterrence specifically aimed at anti-invasion. Such a system, given the economic and financial possibilities of the member States of the Western Union, could be realized before 1990, if they demonstrated the political will to cooperate on defence matters.
Débats
- Israël vu d'Egypte - Pierre Savin p. 427-436
- Israël et l'Europe - Sergio I. Minerbi p. 437-451
Documents
- Réflexions sur la crise politique espagnole - Santiago Carrillo p. 453-460
Lectures
- Danielle Bahu-Leyser. De Gaulle, les Français et l'Europe - Daniel Colard p. 461-464
- Michel Drancourt. La France du grand large - Daniel Colard p. 464-466
- Gérard Soulier (éd.). Sur l'Europe à l'aube des années 1980 - Eugène Berg p. 466-467
- Gérard Moine. Le deutschemark - Walter Schütze p. 467-468
- Tudor Dràganu. Structures et institutions constitutionnelles des pays socialistes européens - Eugène Berg p. 468
- Maxime Rodinson. Peuple juif ou problème juif ? - Chantal Videcoq p. 469-470
- Rashid Khalidi. La politique soviétique au Moyen-Orient dans le sillage de Camp David - Chantal Videcoq p. 470-471
- Association internationale des juristes démocrates. Les accords de Camp David, un défi au droit international - Chantal Videcoq p. 471-472
- Christian Christeller. Une nouvelle stratégie arabo-iranienne de gestion pétrolière - Jean-Marc Pillu p. 472-473
- Friedrich-Ebert-Stiftung. Iran in der Krise. Weichenstellungen für die Zukunft - Walter Schütze p. 474
- Gérard Conac (dir.). Dynamiques et finalités des droits africains. Actes du colloque "La vie du droit en Afrique" - Christine Desouches p. 474-476
- René Dumont et Marie-France Mottin. L'Afrique étranglée - Christine Desouches p. 476-477
- Frederik C. Teiwes. Politics and Purges in China : Rectification and the Decline of Party Norms, 1950-1965 - Jean-Pierre Cabestan p. 478-480
- Ken Ling. La vengeance du ciel - Gilbert Padoul p. 480-482
- Paul Singer et Vinicius Caldeira Brant (dir). Sao Paulo : o povo em movimento - Daniel Pécaut p. 482-483
- A. Rouquié (dir.). Les partis militaires du Brésil - Daniel Pécaut p. 483-484
- Edmond Jouve. Relations internationales du Tiers Monde et droit des peuples - Christine Desouches p. 485-486
- Yves Lacoste. Unité et diversité du Tiers Monde - Eugène Berg p. 487-488
- Norman L. Brown (éd.). Les énergies renouvelables : techniques d'utilisation dans le Tiers Monde rural - Daniel Lippera p. 488-489
- James Botkins, Mahdi Elmandjra et Mircea Malitza. No Limits to Learning (On ne finit pas d'apprendre) - Albert Bressand p. 489-490
- Daniel Colard. Le mouvement des pays non-alignés - Angelica Edzard-Karolyi p. 490-491
- Tricontinental, la France contre l'Afrique - Christine Desouches p. 491-492
- Yves Laulan. La triche - Pierre Jacquet p. 492-494
- Aurelio Peccei. 100 pages pour l'avenir. Réflexions du président du club de Rome - Eugène Berg p. 494-495
- Josef Füllenbach et Eberhard Schulz. Entspannung am Ende ? - Walter Schütze p. 496
- Gaston Bouthoul, René Carrère et Jean-Louis Annequin. Guerres et civilisations - Jean Hau p. 497-498
- Albert O. Hirschman. Les passions et les intérêts - Jean-Marc Pillu p. 498-499
- Livres reçus - p. 501-506
- Revues - p. 507-513