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Revue Politique étrangère Mir@bel
Numéro vol. 50, no. 3, 1985
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Editorial - Thierry de Montbrial p. 581-582 accès libre
  • Les auteurs - p. 583-584 accès libre
  • Résumés. Abstracts - p. 585-592 accès libre
  • Entretien

  • L'URSS de Gorbatchev

    • Avant-propos - D. M. p. 601-602 accès libre
    • Les changements dans l'appareil - Michel Tatu p. 603-609 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La désignation de Mikhail Gorbatchev au poste de secrétaire général du PC soviétique, en mars 1985, a en quelque sorte sonné l'hallali pour la vieille garde du Politburo et de l'appareil, qui devra payer l'erreur qu'avait été la désignation de Constantin Tchernenko un an plus tôt. Dès le printemps, une série de fonctionnaires ont été remplacés à différents niveaux, et le mouvement s'accentue avant la tenue du congrès du Parti l'an prochain. Cependant l'étude des remaniements par régions et des profils de carrière des nouveaux promus montre les limites de l'autorité du secrétaire général à ce stade. Celui-ci doit notamment compter avec le numéro deux du parti, Egor Ligatchev.
      Changes in the Party Apparatus, by Michel Tatu The appointment of Mikhail Gorbachev as Secretary General of the Soviet Communist Party in March 1985 would seem to have sounded a death knell for the old guard of the Politburo and Party apparatus. They are now paying for their mistake in appointing Constantin Tchernenko one year earlier. Since the Spring, a séries of replacements have been made at different levels and the rate of change is accelerating as next year's Party Congress approaches. However, a careful examination of regional changes and of the backgrounds of the newly promoted gives an indication of the present limitations to Gorbachev's authoritv. Most notable among these limitations is the Party number two, Igor Ligatchev.
    • La dynamique Gorbatchev - Georges Sokoloff p. 611-624 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les discours économiques de M. S. Gorbatchev permettent de définir la position du nouveau secrétaire général du PCUS sur les problèmes de l'économie soviétique, qu'il juge cruciaux pour tout l'avenir de son pays, et de se faire dans une certaine idée du personnage. Le « style » de Gorbatchev comporte au moins deux caractéristiques fondamentales : le sentiment d'urgence qui l'habite et sa volonté opiniâtre de réconcilier enfin l'action et la parole. Ce profil particulier confère leur originalité véritable aux solutions proposées par Gorbatchev pour réactiver l'économie soviétique : instaurer une cohésion sociale pour rendre au système son efficacité ; réindustrialiser l'URSS à l'aide d'un ambitieux programme d'investissements de modernisation ; rééquilibrer l'administration économique au détriment de la centrale de planification et au profit de l'« esprit d'entreprise ». Chacun des volets de la politique préconisée par le nouveau guide de l'URSS appelle des critiques. De même, il n'est pas sûr qu'ils puissent s'articuler en une véritable stratégie. Mais la question centrale se situe sans doute ailleurs : la dynamique Gorbatchev a-t-elle une chance de se perpétuer, face au poids des castes et à l'inertie du corps social ?
      The Gorbachev Dynamic, by Georges Sokoloff A reading of Gorbachev's speeches throws light both on the man himself, as well as on his approach to Soviet economie problems. It is clear that the Secretary of the Party considers these problems of crucial importance for the future of his country, and we can discern from his style two fundamental elements of his personality. He is imbued with a sense of urgeney on the one hand, and also with great détermination to match actions with words. Gorbachev's proposed solutions for reviving the Soviet economy have a ring of genuine originality. Through the promotion of social cohésion, he believes the system can regain efficacy. He wishes to reindustrialise the USSR, through ambitious programmes of investment and modernisation. He also wishes to reorganise économie administration with less emphasis on central planning and more scope for managerial initiative. Each one of these aims will meet with criticism and it is not at ail sure that they can be moulded into an overall strategy. The issue of most importance, however, is whether the Gorbachev dynamism can pene-trate the vast, heavy layers of caste and social inertia existing in the Soviet Union.
    • Quarante années de coexistence difficile - Adam B. Ulam p. 625-645 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      A la lumière de quarante années de difficiles relations, un rapprochement américano-soviétique durable est possible, si les Etats-Unis peuvent acquérir de nouveaux talents politiques et diplomatiques, et si le Kremlin peut oublier certaines de ses vieilles habitudes. Il serait imprudent de compter sur l'URSS de Gorbatchev pour qu'elle concentre ses énergies et ses ressources à ses affaires intérieures et renonce complètement à sa propension à semer le trouble sur la scène internationale. Il n'est pas irréaliste d'espérer par contre que les besoins de l'économie soviétique, et une diplomatie américaine vigilante et avisée, pourraient contraindre le Kremlin à plus de prudence et de retenue dans sa politique étrangère.
      Forty Years of Difficult Coexistence, by Adam B. Ulam After forty years of difficult relations, a durable rapprochement could be achieved between the United States and the Soviet Union were the US to develop new political and diplomatie skills and the Kremlin forget some of its old habits. However, it would be imprudent to expect the Gorbachev regime to suddenly concentrate ail its energies and resources on domestic affairs and curtail entirely its propensity to create trouble on the international scene. On the other hand, it is not unrealistic to hope that Soviet economie needs coupled with well-advised and vigilant American diplomacy could bring about a more cautious and restrained approach in the Kremlin s foreign policy.
    • Deux ou trois choses à propos du nouveau maître de la diplomatie soviétique - S. Kartveli p. 647-652 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le choix d'Edouard Chevardnadze pour succéder à Andrei Gromyko est une surprise. Rien ne prédisposait cet apparatchik provincial à la diplomatie. Mais, en dépit des apparences, son choix peut apparaître comme rationnel et réfléchi. Homme de la réforme, il pratiqua le gorbatchevisme avant Gorbatchev dans ses fonctions antérieures. C'est aussi pour Mikhail Gorbatchev un homme de confiance et un homme qui a fait preuve de talents de négociateur et de manipulation politique. Dans un monde où beaucoup se gagne et se perd au niveau des images et des apparences, le choix d'Edouard Chevardnadze est également essentiel. Il incarne une URSS rajeunie et ferme, réformiste et surtout une Union soviétique moins russe et plus authentiquement multinationale. Dans l'inconscient des Russes, le prototype du Géorgien est un mélange de séducteur et de chasseur, de combattant courageux et vindicatif, de têtu montagnard et de comédien dans l'âme. C'est sans doute un peu de tout cela qu'a choisi Gorbatchev.
      A Look at the New Master of Soviet Diplomacy, by S. Kartveli The choice of Eduard Shevardnadze to replace Andrei Gromyko cornes as a surprise. Nothing would seem to have predisposed this provincial apparatchik to diplomacy. However, his choice is perhaps well-considered and rational. A reformist, he was already practicing Gorbachevism in his previous functions before the advent of Gorbachev. He is a confidant of Gorbachev and a man of proven talents as a negotiator and political manipulator. In a world where image and appearance are often of paramount importance, the choice of Shevardnadze is also sound. He personifies the new breed of young, strong, reformist administrator, who is also less Russian and more authentically multinational. In the Russian subconscious, the prototype of a Georgian is a mixture of seducer, hunter, brave and vengeful fighter, and stubborn highlander with the soûl of an actor. Gorbachev undoubtedly took ail these factors into account in making his choice.
    • La France dans la politique occidentale de l'URSS - Marie Mendras p. 653-668 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La relation nouée par l'URSS avec la France de de Gaulle répondait au besoin, de part et d'autre, de trouver un interlocuteur privilégié dans le camp adverse. L'URSS recherchait, à travers la France, une détente générale Est-Ouest et un dialogue avec les Etats-Unis. La concrétisation de la détente au début des années 70 permit aux Soviétiques d'atteindre leurs principaux objectifs. La France n'était plus qu'un partenaire occidental parmi d'autres et son « instrumentante » dans la politique soviétique s'en trouvait diminuée. La détérioration des relations soviéto-américaines et du climat Est-Ouest ces dernières années aurait pu susciter une réactivation de la coopération politique entre Paris et Moscou, « sauveurs de la détente » après en avoir été les « pionniers ». Cependant, les dirigeants socialistes français ont adopté une attitude sans complaisance vis-à-vis de l'URSS et réaffirmé l'attachement à la solidarité atlantique et à l'unité européenne. Les Soviétiques dénoncent en cette politique un « européanisme » et un « atlantisme » nuisibles à l'indépendance de la France et à la détente. Ils préféreraient voir les Français rejouer un rôle de perturbateur au sein de l'Alliance atlantique. Le dialogue au sommet relancé depuis 1984 est plus un exercice diplomatique qu'un retour aux années 60.
      France in Soviet Policy towards the West, by Marie Mendras De Gaulle succeeded in setting up a dialogue between the Soviet Union and France which satisfied a desire on both sides to develop a privileged relationship in the opposite camp. Through its relations with France, the USSR was in fact seeking a general detente with the West and with the United States in particular. The Soviet Union achieved its principal objectives with the realization of détente in the early seventies and France became simply one among other Western partners. It thereby lost much of its importance as a tool of Soviet foreign policy. The détérioration of US-Soviet relations over recent years and in the general climate of East-West dealings could have led to renewal of political coopération between Paris and Moscow. The French socialist leadership, however, adopted an uncompromising stance towards the USSR, reiterating France's solidarity with the Atlantic Alliance and its European partners. The Soviets have denounced this policy of « europeanism » and « atlanticism » as detrimental to French independence and to detente. They would have preferred to see France playing once more a disruptive role within the Atlantic Alliance. The renewal of summit dialogue since 1984 is more of a diplomatie exercise than a return to the situation of the sixties.
    • Images et réalités de la menace militaire soviétique - Yves Boyer p. 669-683 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Plus que partout ailleurs, l'opinion française est encline à établir une liaison étroite entre les aspects idéologiques et militaires de la menace soviétique. Cette assimilation est dangereuse dans la mesure où l'idéologie et la stratégie obéissent à des genres et à des lois trop différents pour qu'il soit possible de les mélanger. A trop vouloir les rapprocher, on se trompe sur l'ennemi potentiel. Le défi que l'URSS pose à l'Occident est davantage celui de sa maîtrise de la stratégie contemporaine que le nombre des hommes ou des matériels.
      Myths and Realities of the Soviet Military Menace, by Yves Boyer In France, more than in any other country, there is a tendency to make too close a link between the ideological and military aspects of the Soviet menace. It is a dangerous error considering the very different nature of the minds and laws which formulate and govern ideology and strategy. Trying to assimilate the two leads to mistaken conceptions of the potential enemy. The challenge which the West must face is the Soviet mastery of contemporary strategy rather than their quantitative superiority in terms of men and military material.
    • Les systèmes de défense antimissiles soviétiques et l'OTAN - David S. Yost p. 685-698 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La capacité soviétique pour un « décollage » progressif par rapport aux contraintes du traité ABM ou pour une « percée » relativement rapide continue à grandir, grâce à la modernisation du système de Moscou, au développement de missiles sol-air ayant un potentiel BMD, au déploiement de nouveaux grands radars à balayage électronique, et aux investissements dans les technologies de pointe. Un important renforcement unilatéral des BMD soviétiques pourrait avoir des conséquences dramatiques pour l'Alliance atlantique en cas de crise ou de guerre, et en temps de paix dans la mesure où la vulnérabilité occidentale au chantage soviétique pourrait être augmentée. L'incertitude des résultats à attendre des limitations négociées (surtout à cause des violations soviétiques apparentes du traité ABM et à cause de la dédication soviétique à la défense stratégique) veut dire que l'alliance doit être capable, en cas de besoin, de pénétrer les défense soviétiques et de construire des défenses semblables pour maintenir la dissuasion et la stabilité stratégique.
      Soviet Ballistic Missile Défense and NATO, by David S. Yost The Soviet potential for « breakout » or « creepout » from the cons-traints of the ABM Treaty has grown, owing to the expansion and upgrading of the Moscow System, the development of potentially BMD-capable surface-to-air missiles, the construction of new large phased-array radars, and investments in exotic advanced technologies. A large unilateral expansion of Soviet BMD capabilities could pose grave implications for the Atlantic Alliance in contingencies of crisis and war, and increase the possible vulnerability of the West to Soviet blackmail. Owing to the uncertain prospects of arms control solutions (especially in light of apparent Soviet violations of the ABM Treaty and the Soviet dedication to strategie defenses), the Alliance must be prepared to penetrate Soviet défenses and to develop similar defenses in order to maintain stable deterrence.
    • L'aide militaire soviétique au Tiers Monde - Moshe Efrat p. 699-717 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les prix des armes soviétiques sont beaucoup plus élevés qu'on ne le croit à l'Ouest. Les Soviétiques maintiennent toutefois des politiques de prix différentes pour les deux grandes catégories d'équipements militaires: une liste de prix de faveur pour les armes elles-mêmes et une liste de prix moins intéressants, généralement ceux du marché international, pour les systèmes complémentaires. Aussi les dépenses militaires sont-elles beaucoup plus importantes, ou leur valeur beaucoup plus faible qu'on ne le pense habituellement. Le coût des approvisionnements soviétiques en armements conventionnels pourrait en réalité être plus du double de ce qui est généralement estimé par les Occidentaux.
      Soviet Military Aid to the Third World, by Moshe Efrat The price of Soviet arms is much higher than is generally believed in the West. Soviet pricing policy is different of the two main categories of military equipment. The price list quoted for the arms themselves is very favourable, whilst the prices for complementary Systems are usually much doser to international market prices. It follows therefore that foreign military expenditure is either much greater, or goods purchased by the Third World fewer, than has commonly been thought. The actual cost of conventional armaments supplied by the Soviet Union could be more than double the amount normally estima-ted by Western observers.
    • Les singularités de la démographie soviétique - Irène Commeau-Rufin p. 719-727 accès libre
    • Bibliographie sélective d'ouvrages parus après 1983 - Irène Commeau-Rufin p. 729-733 accès libre
  • Point de vue

    • La Yougoslavie : le ventre mou de l'Europe - Nora Beloff p. 735-750 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Pour Nora Beloff, la Yougoslavie est dans le contexte actuel de confrontation Est-Ouest, le premier pays qui pourrait rompre avec le marxisme-léninisme : c'est-à-dire avec le parti unique, l'économie collectiviste et un contrôle totalitaire de la pensée. La Yougoslavie est décrite dans son état de décomposition avancée et l'auteur retrace l'histoire de la manière avec laquelle l'Occident et particulièrement la Grande-Bretagne ont aidé Tito à s'emparer du pouvoir et ont continué à donner à ses successeurs le soutien politique et matériel indispensable. Pour autant qu'aucun effort n'est entrepris pour attirer la Yougoslavie dans l'alliance militaire occidentale, l'Union soviétique n'interviendra pas pour s'opposer à la transition pacifique de la Yougoslavie vers un mode de démocratie à l'occidentale. Les nombreux Yougoslaves qui en exil ou en Yougoslavie même sont en faveur du changement méritent l'appui des Occidentaux. Leur succès constituerait pour le monde extérieur la preuve que le futur n'est pas nécessairement du côté de ce que Moscou appelle les forces du progrès.
      Yugoslavia. Europe's Soft Underbelly, by Nora Beloff Nora Beloff suggests that, in the context of the East West ideological confrontation, Yugoslavia is poised to become the first country ever to break away from « Marxist-Leninism » : that is one party rule, a collectivized economy and attempted imposition of totalitarian thought-control. Yugoslavia is shown to be in an advanced state of disintegration and Nora Beloff traces the s tory of how the West, particularly England, helped Tito seize power and have continued to give his successors indispensable political and material support. As long as no effort is made to draw Yugoslavia into the Western military complex, Nora Beloff dismisses the fear that the Russians might intervene to present the peaceful passage of Yugoslavia's international régime from heterodox Communism to Western style democraty. The many Yugoslavs, at home and in exile, who favour this change deserve Western support. Their success would constitute a message to the outside world that the future does not necessarily lie with what Moscou calls the forces of progress.
  • Documents

  • Lectures

  • A travers les revues

  • Livres reçus par l'institut - p. 815-820 accès libre
  • Revues - p. 821-826 accès libre