Contenu du sommaire : Récits et management

Revue Revue française de gestion Mir@bel
Numéro no 159, novembre-décembre 2005
Titre du numéro Récits et management
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial

  • Introduction

  • Organisations

    • L'approche narrative des organisations - Giroux Nicole, Marroquin Lissette p. 15-42 accès libre avec résumé
      Cet article fait un tour d'horizon de la littérature anglo-saxonne des dernières décennies traitant de l'analyse narrative des organisations. Les diverses contributions y sont regroupées selon les principales perspectives épistémologiques adoptées par les auteurs : fonctionnaliste, interprétative, processuelle, critique (féministe et postmoderne). Il présente les acquis et limites de chacune et décrit les thèmes qui apparaissent porteurs pour l'avenir de ce domaine de recherche.
  • Récits de dirigeants

    • The education of Robert S. Mcnamara, secretary of defense, 1961-1968 - Zaleznik Abraham p. 45-70 accès libre avec résumé
      L'enlisement de l'hyperpuissance américaine dans la guerre du Viêtnam constitue, aujourd'hui encore, un sujet d'étonnement. Pour mieux comprendre cet épisode, Zaleznik, dans ce texte, examine la biographie d'un des acteurs-clés, Robert S. McNamara, et, en particulier, s'interroge sur l'importance de sa formation.
    • La narration du dirigeant Une approche herméneutique - Lumineau Fabrice, Landais Clotilde p. 71-81 accès libre avec résumé
      Cet article procède à une analyse du texte d'Abraham Zaleznick portant sur le parcours de l'ex-secrétaire à la Défense Robert McNamara (p. 45-70). Grâce à une critique herméneutique de la démonstration de Zaleznik, les auteurs montrent que son habileté rhétorique sert une argumentation tacite.
    • La naissance d'une institution : Pierre Lefaucheux et la Régie Renault - Sardais Cyrille p. 83-107 accès libre avec résumé
      L'article retrace les onze années qui s'étendent de la création de la Régie Renault jusqu'à l'accord Renault de 1955 par lequel cette entreprise s'affiche comme une « vitrine sociale » et devient une « institution ». Cette étude est basée sur l'exploitation des archives du P-DG de l'entreprise, archives dont la richesse est susceptible de nous permettre de repérer les actions, les intentions et les perceptions du dirigeant tout au long d'un processus qui a conduit à la naissance de cette institution.
    • Le récit patronal. La tentation autobiographique - D?almeida Nicole, Merran-Ifrah Sylvie p. 109-122 accès libre avec résumé
      La parole patronale, historiquement discrète et confinée au cercle restreint des CA est devenue une parole publique, soumise à une intense médiatisation. Nous concevons les autobiographies patronales comme des récits visant à configurer une action qui ne se contente pas de faire mais éprouve le besoin de dire ce qui se fait et comment cela se fait. Nous verrons par l'étude des autobiographies de cinq dirigeants français que ce qui se joue dans l'écrit, c'est la construction narrative de l'action, selon une dialectique de l'épreuve et de la réussite. Chaque dirigeant s'inscrit dans un mode littéraire bien connu et facilement identifiable et coule dans ce moule choisi par lui, l'histoire de sa vie et la leçon de son expérience.
  • Stratégie et action

    • Les conditions de cohérence des récits stratégiques De la narration à la nar-action - Kahane Bernard p. 125-147 accès libre avec résumé
      Cet article présente et examine les différents types de conditions de cohérence (internes compte tenu de la composition du récit, externes de type I qui traitent de la relation du récit à ses audiences, externes de type II qui sont liées à l'articulation du récit par rapport au réel et à l'action) dont le respect confère au récit sa capacité stratégique, transformant ainsi la narration en une nar-action, une narration par et pour l'action.
    • Deux dirigeants-narrateurs et la mètis grecque Carlos Ghosn et Jean Therme - Micu Rodica, Kahane Bernard, Ramanantsoa Bernard, Reitter Roland p. 149-163 accès libre avec résumé
      Cet article examine le rôle du dirigeant dans la construction d'une approche narrative de l'action collective. Il emprunte aux anciens Grecs le rapprochement entre la conduite de la stratégie et l'art de la navigation en mer. À travers deux exemples – Nissan et le LETI – il illustre certains aspects de l'approche narrative et en particulier comment la narration devient autonome et pourquoi elle le doit.
    • La communication de la stratégie ou l'art de persuader. Le cas du groupe Lafarge - Chanal Valérie, Tannery Franck p. 165-186 accès libre avec résumé
      Cet article vise à comprendre comment le dirigeant d'un grand groupe industriel, ici le groupe Lafarge, communique sa stratégie. Les auteurs situent la communication de la stratégie dans le cycle de management stratégique de l'entreprise et montrent l'importance de la qualité de l'écriture de la stratégie en amont. Les formes de raisonnement et de rhétorique mobilisées auprès des différentes parties prenantes sont ensuite analysées. La communication de la stratégie est vue ici comme un art de persuader et le rôle des récits dans cette communication est précisé. Ce travail permet de dégager quelques propositions sur le recours à la rhétorique et aux récits dans la communication de la stratégie.
  • Récits et management de l'entreprise

    • Contrôle de gestion et mise en intrigue de l'action collective - Lorino Philippe p. 189-211 accès libre avec résumé
      Les récits sont présents dans la gestion de l'entreprise sous des formes multiples et ils remplissent des fonctions variées. Les théories pour en rendre compte apportent des éclairages parfois contradictoires, souvent complémentaires, à la compréhension de la nature et de la fonction des récits dans l'entreprise. Mais elles sous-estiment souvent l'autonomie d'interprétation des acteurs, l'importance du contexte d'action précis dans lequel a lieu la narration et le double recours simultané à la raison et à l'émotion qu'elle implique. Les auteurs s'attachent ici à analyser la pratique narrative comme forme d'action située plutôt que l'objet récit abstrait et statique. Ils lui appliquent la théorie de la mise en intrigue de Paul Ricœur et tentent d'en déduire la place spécifique dévolue aux pratiques narratives en contrôle de gestion.
    • Les histoires racontées aux actionnaires - Albouy Michel p. 213-231 accès libre avec résumé
      Pourquoi raconter des histoires aux actionnaires ? Telle est la question à laquelle cet article s'efforce de répondre. À partir de la présentation de différents cas et en s'appuyant sur le paradigme de la finance comportementale, cet article explique la rationalité qui se trouve dans le fait de raconter des histoires aux actionnaires. Il met ainsi en lumière le rôle des histoires dans le processus d'investissement. Les points communs à ces récits sont l'absence d'une rationalité étayée par l'analyse « objective » de chiffres et le recours à l'émotion, aux valeurs de l'entreprise, voire aux sentiments. Notre thèse est que les récits, contrairement aux chiffres et aux analyses quantitatives, permettent de faire appel à l'intuition des actionnaires.
    • La dialectique entre listes et récits au sein des organisations - Boudès Thierry p. 233-246 accès libre avec résumé
      La communication dans les organisations recourt massivement à des listes (plans d'action, « bullet points » sur des transparents, etc.). Cet article compare les mérites et les limites des listes, d'une part et des récits, d'autre part. Il propose un modèle du passage d'un format à l'autre et applique cette grille de lecture à un outil de gestion actuellement très utilisé, le tableau de bord équilibré.
    • Le système de gestion des connaissances pour soutenir le storytelling dans l'entreprise - Soulier Eddie p. 247-264 accès libre avec résumé
      La gestion des connaissances joue souvent un rôle prépondérant dans la performance des organisations. Et les histoires et le mode narratif de communication sont devenus une figure en vue du knowledge management moderne. Le storytelling recouvre les méthodes et les outils pour gérer les récits dans les organisations. La définition d'un système de gestion des connaissances opérationnel comme support informatique aux processus de gestion des connaissances est une approche de storytelling efficace. Un projet de conception d'un tel système dans le secteur du conseil est présenté pour illustrer les principes et les difficultés du transfert de connaissances à travers les récits.
  • Récit et changement

    • La contribution des récits et de la psychanalyse à la gestion du changement - Dubouloy Maryse p. 267-281 accès libre avec résumé
      Lors des restructurations d'entreprise, la mise en place de dispositifs d'accompagnement du changement construits à partir de la théorie psychanalytique du travail de deuil (Freud) et de l'espace transitionnel (Winnicott) et s'appuyant sur la narration collective de récits de vie professionnelle, permet de rendre supportable et de donner du sens à la souffrance psychique de nombreux salariés.
    • Narration stratégique : autour d'une intervention de récit assisté - Christian Dominique, Flamant Stéphane p. 283-302 accès libre avec résumé
      Le présent texte a pour intention de montrer les liens entre une intervention en entreprise utilisant la méthode NAO®, et les méthodes qui peuvent y être associées (analyse des jeux d'acteur, scenario planning, Balanced ScoreCard, SWOT, etc.) d'une part, les débats qui animent les théories du récit d'autre part.
    • La construction de l'identité d'un laboratoire d'innovation. Une perspective narrative - Félix Pierre-Laurent, Pajon Patrick p. 303-325 accès libre avec résumé
      Le présent article s'attache, via l'analyse d'un cas d'étude, à présenter une méthodologie fortement inspirée des travaux de la sémiologie sur les récits, destinée, au travers d'entretiens, à faire émerger de l'expérience individuelle les éléments structurants de l'identité organisationnelle. L'entreprise étudiée est un laboratoire de recherche avancée spécialisé dans la conception assistée par l'usage. Les résultats de cette étude dressent une cartographie des tensions ressenties par les individus interviewés et constitutives de l'identité organisationnelle du laboratoire.
  • Récits ordinaires

    • La construction du récit ordinaire d'une organisation caritative - O'Connor Ellen S. p. 329-342 accès libre avec résumé
      Cet article étudie le processus d'écriture d'un récit ordinaire typique de l'activité managériale – le résumé des événements –, dans le contexte de la préparation d'une décision stratégique. Il s'agit d'une étude de cas où le chercheur a élaboré un récit destiné au CA d'une grande organisation à but non lucratif. L'article comprend trois parties : la présentation du cas, une discussion méthodologique, et une mise à plat des processus narratifs employés. L'article met en relief les correspondances entre le travail narratif et la formulation de la stratégie, afin de contribuer à renforcer les capacités narratives et les facultés stratégiques des gestionnaires.
    • Récits ordinaires et textes stratégiques - De la Ville Valérie-Inès, Mounoud Éléonore p. 343-357 accès libre avec résumé
      Prendre en compte la nature textuelle des productions stratégiques de l'organisation conduit à souligner le rôle fondamental de la lecture dans la formation de la stratégie. La dynamique des textes stratégiques s'inscrit dans un double mouvement: d'une part, ils se constituent récursivement à partir des récits ordinaires liés aux activités quotidiennes et, d'autre part, ils interagissent avec les textes produits par les parties prenantes engagées par le devenir de l'organisation.
    • De la polyphonie dans l'analyse des organisations - Czarniawska Barbara p. 359-371 accès libre avec résumé
      L'analyse des organisations mobilise un matériau empirique narratif pour rendre compte des réalités organisationnelles. Cette utilisation est tiraillée entre des efforts centripètes qui visent à établir une logique séquentielle et des forces centrifuges cherchant à préserver la variété des prises de parole. Cet article présente une solution qui repose sur la notion bakhtinienne de « discours panaché ». Il s'agit pour l'auteur d'attirer l'attention des lecteurs sur l'existence d'une multiplicité de voix dans les organisations tout en rendant tangible le fait que les différents « dialectes» qui s'expriment dans le texte sont produits par l'auteur, car le terrain ne parle jamais de lui-même.