Contenu du sommaire : Terrains nouveaux
Revue | Relations internationales |
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Numéro | no 134, été 2008 |
Titre du numéro | Terrains nouveaux |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Présentation - p. 3-4
- Paul d'Estournelles de Constant, l'admission de l'Albanie à la Société des Nations et la défense de son indépendance et de sa souveraineté nationale - Naska Kaliopi p. 5-18 Le sénateur français Paul d'Estournelles de Constant est l'un des plus remarquables protagonistes et l'un des porte-parole les plus brillants des intérêts de l'Albanie. Il est l'un des rares hommes d'État à s'être mis totalement à la disposition de l'internationalisation de la question albanaise et de l'admission du nouvel État comme sujet du droit international à la Ligue des Nations. D'Estournelles de Constant a agi intensivement, surtout dans les années 1920-1921. Cet article présente la problématique que le sénateur a mise en évidence avec les institutions de l'État français, avec les représentants des deux nouveaux voisins de l'Albanie, le royaume de Grèce et celui des Serbes, Croates et Slovènes, avec les activistes les plus distingués de la diplomatie albanaise et surtout avec la Ligue des Nations. Cette problématique concerne le respect de l'intégrité des territoires de l'État albanais, au moins ceux de 1913, et le respect de l'autodétermination du peuple albanais.The French senator Paul d'Estournelles de Constant was one of the most remarkable protagonists and most brilliant spokespersons of the interests of Albania. He was one of the rare statesmen to put himself completely at the disposal of the internationalization of the Albanian question and the admission of this new state as a subject of international law at the League of Nations. D'Estournelles de Constant acted intensively especially during 1920-1921. This paper presents the issue that senator brought to the fore with the institutions of the French state, the representatives of the two new neighbours of Albania, the kingdoms of Greece and of the Serbs, Croats and Slovenians, the most distinguished activists of Albanian diplomacy, and with the League of Nations especially. This issue concerns the respect of the integrity of the territories of the Albanian state, at least those of 1913, and the respect of the self-determination of the Albanian people.
- Le Long Retour du colonisateur : les Britanniques et le choc de la Seconde Guerre mondiale en Malaisie (1941-1948) - Carter Alexandra p. 19-35 À partir de 1942, les Britanniques doivent revenir au pouvoir en Malaisie, d'une part pour effacer l'humiliation de la conquête japonaise, d'autre part pour prendre le contrôle du processus d'indépendance afin d'établir un partenariat avec le futur État qui préserve leurs intérêts économiques et financiers. L'ancienne puissance coloniale se voit donc contrainte à une réadaptation de son modèle colonial, dont elle n'est plus la seule maîtresse : les conditions du retour des Britanniques en Malaisie se trouvent ainsi dictées par les nouvelles grandes puissances de l'après-guerre, mais aussi négociées avec les populations locales qui rejettent le modèle que l'on tente de leur imposer. Enfin, ce retour aux affaires est extorqué peu à peu au Parti communiste de Malaisie, qui est à la fois le grand allié et le grand rival sur la scène intérieure.From 1942 on, the British had to regain power in Malaya, firstly to erase the humiliation of the Japanese conquest, and secondly to take control of the independence process in order to establish a partnership with the future state which would preserve British economic and financial interests. Therefore the former colonial power had to readapt its colonial model, but was no longer the only pilot on board : the conditions of the return of the British were thus dictated by the new great powers of the post-war era, but they were also negotiated with the local people who rejected the model which was imposed on them. This return was then extorted little by little from the Communist Party of Malaya, which was both the great ally and the great rival of the British on the internal scene.
- La présence culturelle de la France au Japon et la collection Matsukata - Miyashita Yuichiro p. 37-53 Pendant l'entre-deux-guerres, une collection d'œuvres d'art occidental d'un riche homme d'affaires japonais, Matsukata Kôjirô, est conservée en France. En 1944, le gouvernement provisoire décide de la mettre sous séquestre. Après la guerre, la famille Matsukata et le gouvernement japonais tentent de la récupérer. Mais la France considère que cette collection fait partie de son patrimoine. C'est ainsi que le sort de la collection devient l'objet d'une affaire diplomatique. Après des années de négociations, la France décide d'en faire don au Japon, hormis les meilleures œuvres, en contrepartie de la construction d'un musée à Tokyo dédié à la collection. Les archives du Quai d'Orsay nous montrent les débats peu connus qui se sont déroulés au sein du gouvernement français sur cette affaire.During the interwar period, a collection of Western art works was stored in France by Matsukata Kôjirô, a rich Japanese businessman. In 1944, the French provisional government decided to confiscate his collection as enemy property. After the war, the Matsukata family and the Japanese government tried to retrieve it. However, the French government considered it as its own artistic heritage. This was the beginning of the Matsukata collection affair. After years of negotiations, the French government decided to donate most of the works of the collection to Japan, with the exception of the best pieces, in exchange for the construction of a museum in Tokyo dedicated to the collection. The archives of the Quai d'Orsay show us the little-known debates inside the French government concerning this affair.
- La France et la genèse institutionnfelle de l'Alliance atlantique (1949-1952) - Raflik Jenny p. 55-68 L'organisation du traité de l'Atlantique Nord se dote progressivement, après la signature du traité de Washington, d'organismes destinés à réaliser les objectifs de l'Alliance. Ces institutions font d'emblée l'objet de longues négociations où les Français s'illustrent par des positions particulières. L'objet de cet article est d'étudier la façon dont les dirigeants français ont abordé la phase de négociation des structures du Pacte atlantique, leurs stratégies et leurs intérêts, et d'en tirer un enseignement sur l'influence, trop souvent sous-estimée, qu'ils ont exercée sur la forme organique de l'OTAN dans le début des années 1950, forme dont le système actuel est l'héritier. Il s'agit plus précisément d'étudier comment l'influence française s'est exercée dans la première phase de négociations sur les structures de l'Alliance, dès 1949, puis lors de la première révision, en 1950, qui voit la création du Conseil des suppléants, et enfin lors de la réorganisation de Lisbonne, en 1952. Cette influence française, qui s'est exprimée le plus souvent en compétition avec les alliés, tient à la fois de la politique de puissance – faire de la France, sinon une grande puissance mondiale, du moins une grande puissance atlantique – et de l'intérêt stratégique de la France : assurer la défense en avant du continent européen, et non une défense périphérique comme le souhaitent les Anglo-Saxons.After the signing of the Washington Treaty, NATO progressively developed new bodies to attain the objectives of the Alliance. From the beginning, these institutions were the object of long negotiations where the French adopted particular positions. The object of this article is to study the way the French leaders approached the negotiation phase concerning the structures of the Atlantic Pact, their strategies and their interests. It is also a way to approach the too-often under-estimated influence they exercised over the organic shape of NATO at the beginning of 1950s, a form on which the current system is still based. More precisely, the aim is to see how French influence was applied during the first phase of negotiations on the Alliance structures, from 1949, then during the first revision, in 1950, which saw the creation of the deputies council, and finally during the reorganization of Lisbon in 1952. This French influence, which expressed itself mostly in competition with the allies, came from both power policy (to make France if not a major world power, at least a major Atlantic power) and the strategic interest of France (to guarantee the front-line defence of the European continent, and not a peripheral defence as the Anglo-Saxons wished).
- Willy Brandt infidèle ? Les incertitudes françaises durant le Printemps de Prague, 1968 - Schoenborn Benedikt p. 69-81 Selon l'argumentation de cet article, l'expérience du Printemps de Prague révéla aux Français que l'approche de Brandt envers l'Europe orientale était une approche autonome, qu'il n'envisageait pas de politique franco-allemande commune à l'est. Durant l'été 1968, plusieurs éléments provoquèrent des incertitudes françaises envers les idées de Brandt. Paris découvrit que le ministre allemand, malgré ses promesses de ne pas le faire, entretint des contacts réguliers avec le gouvernement d'Alexander Dubcek. En même temps, le rapport ambigu d'un collaborateur de Brandt suscita les craintes françaises d'une entente clandestine entre Bonn et Moscou. Le programme politique développé par Egon Bahr durant la même période contient des incompatibilités profondes avec la vision du général de Gaulle. La dispute franco-allemande de l'automne 1968 se fit donc sur un fond de sérieuses dissensions au sujet des politiques à l'est.According to the analysis presented in this paper, the experience of the Prague Spring revealed to the French that Brandt's approach towards the East was an autonomous one, and that he did not intend to pursue a joint Franco-German Eastern policy. During the summer of 1968, several elements caused French doubts concerning Brandt's ideas. Paris discovered that the German foreign minister, despite his promise not to do so, had regular contact with the Dubcek government. At the same time, an ambiguous report by one of Brandt's associates stirred up French fears of a clandestine understanding between Bonn and Moscow. The political program developed by Egon Bahr during that period was in deep contradiction to General de Gaulle's vision. Thus, the Franco-German controversy in the autumn of 1968 took place in the context of serious political dissension concerning Eastern policy.
- La politique asiatique de la France après de Gaulle (1969-1972) : une approche multilatérale en rupture avec la politique de grande puissance - Fujisaku Kenichi p. 83-92 Après une politique de puissance dans les années 1960, l'après-gaullisme ramènera la France aux réalités. Sa politique asiatique entre 1969 et 1972, conduite sous la houlette de Henri Froment-Meurice, passe ainsi par une série de ruptures avec l'héritage gaulliste : après l'avoir longtemps refusé, la France adhère en 1970 à la Banque asiatique de développement, dominée par les influences américaine et japonaise. Le renversement de Sihanouk au Cambodge en 1970 et la déclaration du 1er avril qu'il suscite, place la France en net retrait par rapport à la ligne formulée à Phnom Penh par de Gaulle en 1966. L'Asie du Sud-Est non francophone apparaît comme un nouveau champ d'action. La conférence des ambassadeurs réunie à Jakarta en 1972 réintroduit également la dimension européenne dans la politique asiatique de la France.After having lead a great power policy during the 1960s, the post-Gaullism period brought France back to reality. Its Asian policy between 1969 and 1972, under the leadership of Henri Froment-Meurice, thus went through a serious of ruptures with the Gaullist legacy : after having refused to do so for some time, France joined in 1970 the Asian Development Bank, dominated by American and Japanese influence. The overthrow of Sihanouk in Cambodia in 1970 and the declaration of April 1st it gave rise to, placed France in clear retreat in relation to the line formulated at Phnom Penh by de Gaulle in 1966. Non-francophone South East Asia appeared as a new sphere of activity. The conference of ambassadors in Jakarta in 1972 also reintroduced the European dimension into France's Asian policy.
- Le boycott politique des Jeux olympiques de Montréal - Monnin Éric, Monnin Catherine p. 93-113 Une double crise sans précédent vient perturber le bon déroulement des Jeux olympiques de 1976 à Montréal. La première débute le 17 mai 1976 entre le gouvernement canadien, le gouvernement communiste de Pékin et la République de Chine. Finalement la République de Chine se retire des Jeux. Quant à la seconde, elle se déroule quelques jours avant l'ouverture des Jeux. De nombreux Comités nationaux olympiques africains souhaitent boycotter les Jeux pour dénoncer la présence de la Nouvelle-Zélande qui a autorisé son équipe nationale de rugby à se rendre en Afrique du Sud. Trois éléments déterminants vont accélérer la décision prise par ces gouvernements africains de boycotter les Jeux : les élections en Nouvelle-Zélande, le massacre de Soweto et la réunion des ministres de l'Organisation de l'Unité africaine à l'île Maurice.A double crisis without precedent came to disrupt the good proceedings of the 1976 Olympics in Montreal. The first one began on May 17th 1976, between the Canadian government, the Communist government of Peking, and the Republic of China. In the end, the Republic of China withdrew from the Games. As for the second crisis, it took place some days before the opening of the Games. Many African Olympic National Committees wished to boycott the Games to denounce the presence of New Zealand, which had allowed its national rugby team to go to South Africa. Three determining elements were to accelerate the decision taken by these African governments to boycott the Games : the elections in New Zealand, the Soweto massacre and the meeting of the ministers of the Organization of African Unity in Mauritius.
- Notes de lecture - p. 121-126