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A son origine, la philosophie politique se distinguait à la fois par sa matière et par son mode d'expression. Forme de la philosophie qui est politique, ou prudente, son mode de raisonnement diffère de ceux, analytiques ou synthétiques, qui marquent les études politiques contemporaines. Néanmoins, le language politique commun continue de refléter le logos de la prudence qu'élabora la philosophie politique telle qu'elle fut comprise à ses débuts. La tentative de découvrir cette logique a déterminé les études qu'a faites Léo Strauss de l'histoire de la philosophie politique. De toute évidence, ces études ne sont pas qu'historiques. Elles transmettent, bien qu'indirec­tement, un enseignement politique. Tenter de saisir la philosophie de Léo Strauss, c'est chercher à comprendre le rapport entre ses mots écrits et la prudence silencieuse qui les informe, et, en ce sens, redécouvrir la prudence qui est l'expression même de la raison politique.

Les opppositions entre la liberté et l'égalité sont considérées comme le problème central de l'éthique sociale (philosophie politique) moderne, en application et en théorie. L'égalité est éthiquement inacceptable pour certaines raisons (envie) et défendable pour d'autres (situation des plus défavorisées). Si on la définit sur les résultats, sa réalisation cause des pertes et d'autre part il faut synthétiser les variables jusqu'à considérer les « bonheurs » : cela conduit à la « Justice pratique », moindre malheur des moins heureux. La liberté personnelle seule, en perspective temporelle, est le libéralisme et ses droits légitimes. Les compromis entre les deux peuvent être le libéralisme à revenu minimum, ou la Justice pratique à libertés de base inviolables. Leur réconciliation peut être aidée par la distribution des ressources naturelles (non humaines) et des héritages qui ne sont pas des dons, et, conceptuellement, par certaines éthiques de Contrat social ou d'assurances fictives contre des situations d'origine, comme par des définitions de l'égalité reposant plus sur des moyens et ressources et moins sur les fins. Mais la réconciliation réelle et suffisante doit recourir aux sentiments fraternitaires et altruistes qui sont bien plus possibles et présents qu'il n'apparaît, pour plusieurs raisons. L'une de celles-ci est le « don collectif » où chaque donataire, ne donnant que sous condition que les autres le fassent aussi, doit apparaître comme contraint.

Analyser les politiques publiques, c'est étudier un moment crucial de la lutte politique. Pour ce faire, il faut se départir de deux postulats courants : celui de l'instrumentalité de la bureaucratie et celui de l'extériorité radicale de l'Etat face à la société civile. La mise en œuvre par l'Etat de la fonction politique de maintien de la cohésion sociale fait appel à deux mécanismes parfois contradictoires d'intégration - la régulation et la légitimation. Les incertitudes qui pèsent sur sa réalisation mettent en lumière les processus fondamentaux d'apprentissage et d'invention intellectuelle qui caractérisent les politiques publiques. Dans une situation d'interpénétration profonde entre l'Etat et la société, les bureaucraties se constituent en acteurs politiques de premier plan ; la production des acteurs sociaux devient largement conditionnée par l'action de l'Etat. A côté de la scène politique officielle, apparaissent ainsi d'autres politiques largement dominées par diverses formes de corporatisme.

Confronté au problème particulier du chômage des jeunes, les autorités publiques ont conçu et mis en œuvre depuis 1981 une politique visant à l'insertion sociale et professionnelle des jeunes, exclus du système scolaire. Cette politique n'a eu que des effets limités tant au regard des qualifications acquises que de l'emploi. Dès lors, plusieurs hypothèses, plus complémentaires que contradictoires, peuvent être envisagées. La première conduit à s'interroger sur la finalité réelle de l'opération et à la concevoir comme une politique symbolique destinée essentiellement à agir sur le nombre officiellement recensé des jeunes chômeurs. La seconde invite à considérer l'opération comme une politique mal conçue et mise en œuvre précipitamment, sans prise en compte des contraintes tant internes qu'externes et des logiques d'action des acteurs. La troisième met l'accent sur les mécanismes de régulation qui ont structuré le système d'action. La faible capacité d'action du gouvernement est alors le produit des stratégies convergentes des principaux acteurs de l'opération.

S'interroger sur la succession ininterrompue de réformes portant sur le tout ou les parties du système scolaire qu'est l'histoire de l'école en France, incite à considérer et à croiser, sur un plan formel, trois dimensions de la réforme : la décision d'agir, la possibilité et l'efficacité de l'action. Apparaissent alors les capacités et les limites de la procédure par réforme. Sur un plan plus empirique, l'enseignement de l'histoire fournit un exemple récent de réforme bien engagée, sinon réussie. La conjugaison des pressions interne et externe à l'école, une pression politique sans politisation, une tentative d'évaluation avant la réforme expliquent le succès de sa mise en route. Il faut toutefois, pour comprendre l'évolution d'ensemble de l'histoire et de son enseignement, la replacer dans son contexte historiographique et intellectuel des trente dernière années.