Contenu du sommaire
Revue | Revue Française de Sociologie |
---|---|
Numéro | 1982, 23-2 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Florian Znaniecki, sociologue de l'action sociale et de la méthode analytique - Janina Markiewicz-Lagneau p. 171-193 Janina Markiewicz-Lagneau : Florian Znaniecki, sociologue de l'action sociale et de la méthode analytique. L'article se donne pour objectif moins de présenter la totalité de l'œuvre de Znaniecki que de dégager à travers celle-ci la démarche particulière de sociologue. Cette dernière s'inscrit dans ce qu'on appelle la sociologie humaniste, en suivant une méthode de type analytique. On s'intéresse moins ici aux résultats obtenus qu'à l'itinéraire parcouru : l'œuvre de Znaniecki va de la philosophie à la sociologie, de la Pologne aux États-Unis, et de la sociologie appliquée et engagée à la construction d'un système de valeurs. Cet itinéraire permet de dégager la partie de son œuvre, qui se construit à partir d'une double opposition, d'une part, entre les traditions sociologiques de l'Europe et de l'Amérique et, d'autre part, entre la théorie et la pratique.Janina Markiewicz-Lagneau : Florian Znaniecki, sociologist of the social action and analytical method. Rather than presenting the complete works of Znaniecki, this article attempts to bring out the sociologist's particular approach, which through its use of an analytical method establishes him in the tradition of what is called humanist sociology. The itinerary is of greater interest than the results obtained : Znaniecki's work goes from philosophy to sociology, from Poland to the United States, and from an applied and commited sociology to the construction of a system of values. This itinerary enables the A to isolate that part of his work which is built on the basis of a double opposition, on the one hand between the European and American sociological traditions and on the other hand between theory and practice.
- Divorce et modèles matrimoniaux. Quelques figures pour une analyse des règles de l'échange - Jean Kellerhals, Pierre-Yves Troutot p. 195-222 Jean Kellerhals et Pierre Yves Troutot : Divorce et modèles matrimoniaux. Quelques figures pour une analyse des règles de l'échange. Cet article tente de répondre à deux questions : 1 ) Le divorce est-il - et en quoi - une composante structurelle des modèles matrimoniaux contemporains ? 2) La forte visibilité sociale (actuelle) du divorce se traduit-elle, en retour, par une modification des représentations des « propriétés » du mariage et des styles concrets d'interactions familiales ? Dans une première section, une revue de la littérature permet de dégager cinq « types » de relation entre divorce et mariage. Puis l'analyse, utilisant et critiquant quelques-uns des concepts des théories de l'échange (tels que règles de répartition, réciprocité, constitution de capitaux spécifiques, normes d'évaluation, etc.) tente d'appréhender l'impact de la visibilité sociale du divorce sur les formes et les règles de l'échange matrimonial.Jean Kellerhals and Pierre-Yves Troutot : Divorce and marriage patterns : analysis of the exchange rules. The article attempts to answer two questions : 1 ) Is divorce a structural component of contemporary marriage patterns, and if so, in what respect ? 2) Does the current strong social visibility of divorce signify, in return, a modification of the representations of the "characteristics" of marriage and of the concrete styles of family interactions ? In the first part of the article the AA review the literature and isolate five "typical patterns" of relations between divorce and marriage. Using and criticizing some of the concepts found in exchange theories (rules of distribution, reciprocity, constitution of specific capital, evaluation norms, etc.) they attempt to perceive the impact of the social visibility of divorce on the forms and rules of the marital exchange.
- La géographie, discipline scolaire et/ou science sociale ? (1860-1920) - Catherine Rhein p. 223-251 Catherine Rhein : La géographie, discipline scolaire et /ou science sociale ? (1860-1920). A la différence de la sociologie (durkheimienne) qui ne se développera dans l'Université qu'à partir de 1890, la géographie est, dès 1812, introduite dans l'enseignement secondaire comme discipline mineure, annexe de l'histoire. En 1872, ces programmes sont refondus, sous l'autorité d'Emile Levasseur, économiste, historien et porte-parole d'un groupe influent d'économistes politiques. Ainsi, la géographie comme discipline scolaire préexiste à l'établissement et au développement de la géographie comme discipline universitaire. Le développement de la géographie universitaire est l'œuvre de Vidal de la Blache et de ses élèves à partir de 1890. Cette situation paradoxale rend largement compte, d'une part, de la position ambiguë de cette discipline dans les Facultés des Lettres, d'autre part, de l'impossibilité d'un débat entre géographes vidaliens et sociologues durkheimiens, d'autant que l'enjeu institutionnel sous-jacent, c'est-à-dire la substitution de la morphologie sociale à la géographie humaine, apparaît en définitive sinon inexistant, du moins peu important.Catherine Rhein : Geography, school subject matter and /or social science ? (1860-1920). (Durkheimian) Sociology did not take its place in the University until 1890 ; in comparison, geography was introduced into the secondary school curriculum as early as 1812 as a minor discipline, annexed to history. In 1972 the geography and history curricula were recast under the authority of Emile Levasseur, economist, historian and spokesman for an influential group of political economists. Geography thus existed in the schools before being established at the university level - this latter development was the work of Vidal de la Blache and his students from 1890 on. This paradoxical situation largely accounts for the ambiguous position that this discipline occupies in the Faculties of Arts, and the impossibility of communication between Vidalian geographers and Durkheimian sociologists, especially as the underlying institutional issue at stake- the replacement of human geography by social morphology, appears to be, in the last analysis, inexistant or of little or no consequence.
- Des publics et des « non-publics » de la formation des adultes. L'accès à l'action collective de formation de Sallaumines-Noyelles-sous-Lens - Jacques Hédoux p. 253-274 Jacques Hedoux : Des publics et des non-publics de la formation d'adultes. L'accès à l'Action Collective de Formation de Sallaumines-Noyelles-sous-Lens. L'analyse de la participation à la formation d'adultes, souvent menée à partir des seuls dispositifs de formation s'attache surtout aux inégalités sociales d'accès inter-classes et couches sociales. Par l'étude de la population de deux communes ouvrières et minières concernées depuis 1970-1971 par une Action Collective de Formation, l'auteur s'attache à établir que les disparités d'accès à la formation d'adultes qui ont été constatées entre les différentes classes et couches sociales se retrouvent aussi à l'intérieur même des catégories ouvrières. Fondée sur un modèle hypothétique, l'interrogation est menée jusqu'au point où l'on peut dire si à âge, sexe, C.S.P., niveau d'activité, diplôme possédé équivalents ou identiques, un participant à l'A.C.F. se différencie ou non d'un non-participant.Jacques Hedoux : Participants and non-participants in Adult Education. Access to the Collective Programme of Education at Sallaumines and Noyelles-sous- Lens. Analysis of participation in adult education is often based exclusively on the organizational elements of the courses, and emphasizes mainly the unequal access to those courses stemming from social inequalities. The present study which analyses the population of two mining workers' communities involved since 1970-71 in a Collective Programme of Adult Education confirms the author's hypothesis that the disparities in access to adult education which exist between the different social classes can also be found within the categories of the working class itself. The questioning is based on a hypothetical model leading to differentiating between participants and non-participants in a Collective Programme of Adult Education where age, sex, occupational status, level of activity and diplomas obtained are equivalent or identical.
- La prise de parole au sein d'un Conseil d'U.E.R. - Catherine Pauchet p. 275-282 Catherine Pauchet : La prise de parole au sein d'un conseil d'U.E.R. Le Conseil comprend 8 professeurs ou maîtres de conférences et un chercheur de rang A, 5 maîtres assistants et 2 chercheurs de rang B, 3 assistants et un chercheur de rang C, 3 membres des personnels administratifs, techniques, ouvriers et de service (ATOS) et un étudiant. On constate : - que le personnel de rang A occupe un temps de parole double de sa représentation statistique au détriment des autres collèges; - parmi ces derniers, seul le représentant syndical fait figure de contradicteur valable en étant un second pôle d'intervention verbale ; - que les collèges A, ?, ? tendent à faire des interventions nombreuses mais courtes tandis que les collèges ATOS et étudiants parlent rarement mais longuement. Dans le cas présent, nous avons constaté que l'acte de parole exprimait fidèlement les rapports de pouvoir entre collèges et la position de chacun d'eux face à la gestion de l'U.E.R. : le collège A est maître de son discours; que les collèges ? et ? tendent à faire pression sur le délégué syndical pour qu'il s'exprime à leur place ; enfin, que le personnel ATOS et étudiants, n'intervenant que sur des sujets spécifiques, tend à utiliser le début d'une intervention pour se rassurer et poursuivre ses propos.Catherine Pauchet : Speaking time during a university teaching and research (U.E.R.) council's meetings. The council is made up of 8 full professors or senior lectures and one researcher of A rank, 5 associate professors and 2 researchers of ? rank, 3 assistant professors and 1 researcher of ? rank, 3 members of the administrative, technical, worker and service staff (A.T.O.S.) and 1 student. The following observations can be made : - the A rank personnel use twice as much speaking time as their statistical representation entitles them to, at the expense of the other groups ; - among these other groups the union representative is the only one who acts as a valid contradictor by constituting a second pole of verbal intervention ; - the members of the A, B, and ? rank groups speak often but briefly, whereas those representing the A.T.O.S. and students speak rarely but at great length each time. This example shows that the act of speaking offers an accurate reflection of the power relationships existing between the various groups and each one's position with regard to the administration of the U.E.R. : the A rank groups is in control of its discourse; the ? and ? rank groups tend to pressure the union representative into speaking for them; lastly, the A.T.O.S. staff and the students who speak only on specific subjects tend to use the beginning of their speaking time to reassure themselves before they develop their arguments.
Débat
- Sur la sociologie italienne. Réponse à Diana Pinto - Carlo Giuseppe Rossetti p. 283-296 Carlo Giuseppe Rossetti : La sociologie italienne vue par Diana Pinto. L'auteur reproche à D. Pinto d'avoir laissé dans l'ombre des aspects importants du débat théorique qui a accompagné le développement de la sociologie italienne depuis 1950. Elle n'indique pas avec assez de précision, selon lui, l'apport spécifique de chacun des domaines de recherche. Au lieu de puiser son inspiration dans une version simpliste du fonctionalisme américain, la génération d'après-guerre aurait dû tirer plus de profit de la tradition nationale en matière historique, économique et philosophique. Le marxisme italien lui-même n'a pas fécondé avec autant de bonheur que dans d'autres pays, l'inspiration des sociologues : il a plutôt contribué à leur mettre des ?illères. Les insuffisances de la sociologie italienne ne s'expliquent pas seulement par sa faiblesse institutionnelle : elle n'a pas su développer un cadre théorique assez original pour se libérer d'influences internationales trop pesantes.Carlo Giuseppe Rossetti : Italian sociology as seen by Diana Pinto. The author taxes D. Pinto with neglecting some important aspects of the theoretical debate that has attended the development of Italian sociology since 1950. He feels she does not indicate with sufficient precision the specific contribution of each of the research areas. Instead of seeking its inspiration in a simplistic version of American functionalism, the post-war generation should have made greater use of the national tradition in historical, economic and philosophical matters. Even Italian marxism has not been as rich an inspiration for sociologists as in other countries : rather it has had the effect of narrowing their vision. The shortcomings of Italian sociology cannot be explained solely by its institutional weakness : it has been unable to elaborate a theoretical framework original enough to assure its independence in the face of encroaching international influences.
- Réponse à Carlo Giuseppe Rossetti - Diana Pinto p. 297-299 Diana Pinto : Réponse à C. G. Rossetti. D. Pinto oppose à chacune de ces critiques des arguments contraires. Elle s'est efforcée, dit-elle, de donner de la sociologie italienne un tableau objectif et mesuré, sans faire appel aux non-sociologues qu'on lui reproche d'avoir négligé. Si elle a souligné les aléas de la sociologie italienne, c'est qu'on y trouve le reflet des hésitations et des contradictions de l'après-guerre. Plus que sa dimension proprement théorique, elle a voulu saisir le rapport de la sociologie italienne avec une société qui cédait aux mirages de toutes les « sociétés industrielles avancées ».Diana Pinto : Answers C. G. Rossetti. D. Pinto answers each of these criticisms with opposing arguments. She attempted to give an objective and moderate picture of Italian sociology without referring to non- sociologists whom she is blamed for neglecting. If she emphasized the uncertainties of Italian sociology it is because they mirror the hesitations and contradictions of the postwar period. Her objective was less to perceive the theoretical dimension of Italian sociology than its relationship with a society that was succumbing to the illusions of all the "advanced industrial societies".
- Sur la sociologie italienne. Réponse à Diana Pinto - Carlo Giuseppe Rossetti p. 283-296
Note critique
- Informatique, pouvoir et libertés. A propos du livre d'André Vitalis - Dominique Desbois p. 301-309
Les livres
Enjeux, stratégies et structures. Cinq ouvrages récents et moins récents sur l'organisation et la négociation
- Crozier Michel et Friedberg Erhard, L'acteur et le système.__**__ Adam Gérard et Reynaud Jean-Daniel, Conflits du travail et changement social.__**__ Clegg Stewart and Dunkerley David, Organization, class and control. - Jean-René Tréanton p. 311-315
- Pagès Max, Bonetti Michel, De Gaulejac Vincent, Descendre Daniel, L'emprise de l'organisation. - Jean-Marie Duprez p. 316-321
- Larçon Jean-Paul et Reitter Roland, Structures de pouvoir et identité de l'entreprise. - Jean-Marie Duprez p. 321-322
- Konrad György et Szelenyi Ivan, La marche au pouvoir des intellectuels. Le cas des pays de l'Est. - Claude Dubar p. 323-324
- Cibois Philippe, La représentation factorielle des tableaux croisés et des données d'enquête : étude de méthodologie sociologique. - Nicolas Herpin p. 325-326
- Deutschland-Frankreich : Bausteine zum System vergleich [Allemagne-France : éléments pour une comparaison systémique]. - Jean-Claude Darbois p. 327-329
- Gresle François, Indépendants et petits patrons. Pérennité et transformations d'une classe sociale.__**__ L'univers de la boutique. Famille et métier chez les petits patrons du Nord (1920-1975). - Jean-René Tréanton p. 329-331
- Dubois Pierre, Les ouvriers divisés. - Michel Verret p. 332-333
- Chesnais Jean-Claude Histoire de la violence. - Nicolas Herpin p. 333-335
- Pinto Diana (dir.), Contemporary Italian sociology. - Jean-René Tréanton p. 335
- Segré Monique, Les enfants et les adolescents face au temps « libre ». - Joffre Dumazedier p. 336-338
- Résumés (français, anglais, allemand, espagnol) - p. 339-348