Contenu du sommaire : Sociologie et économie. Textes réunis et présentés par Pierre-Michel Menger
Revue | Revue Française de Sociologie |
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Numéro | 1997, 38-3 |
Titre du numéro | Sociologie et économie. Textes réunis et présentés par Pierre-Michel Menger |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Présentation - Pierre-Michel Menger p. 421-427
- Préférences et interactions : une mise en perspective - Pierre-André Chiappori, Kristina Orfali p. 429-464 Nous comparons les approches de la théorie microéconomique et des sociologies « de l'action », en privilégiant deux aspects particuliers : la représentation des choix individuels et la modélisation des interactions entre un petit nombre d'acteurs. Nous rappelons tout d'abord les fondements de la notion microéconomique de « préférences », et analysons d'un point de vue plus sociologique les difficultés qu'elle soulève. Puis nous décrivons les fondements des modèles économiques de négociation, largement fondés sur la théorie des jeux, et les comparons aux approches interactionnistes. L'analyse est illustrée d'exemples empruntés essentiellement au champ de la santé.Pierre-André Chiappori, Kristina Orfali : Preference and interaction : placed in perspective. This article compares approaches made in microeconomic theory and in "action" sociology, paying particular attention to two aspects : representation, of individual choices and the modelling of interaction between a small number of actors. A reminder is made at the beginning of the article of the basis on which the "preference" notion of microeconomics is developed. The difficulties arising from this notion are then analysed from a sociological standpoint. This is followed by a description of the basis used for economic negotiation models, largely founded on the game theory ; these models are then compared with the interactionist approaches. The analysis is illustrated with examples taken mainly from the health sector.
- Patrimoine national et marché international. Les dilemmes de l'action publique - Raymonde Moulin p. 465-495 En articulant l'analyse sociologique des interactions à l'analyse économique de l'information imparfaite, cet article étudie les dilemmes que rencontre l'action publique affrontée à deux logiques divergentes, celle de la protection du patrimoine national d'une part, celle du développement du marché par la libre circulation des biens artistiques mobiliers d'autre part. Deux des contextes dans lesquels se situe cette action sont successivement examinés : le contexte géographique et économique de la mondialisation du marché et le contexte historique et juridique de la patrimonialisation des œuvres. On constate qu'à la notion de patrimoine national, dont l'extension perd actuellement ses limites, se substitue, dans l'Europe communautaire, la notion comprehensive de trésor national ; l'analyse des procédures de qualification des biens artistiques est effectuée à partir de l'examen des dispositions législatives et réglementaires et de leur évolution en même temps qu'à partir de l'étude des acteurs engagés dans les opérations de qualification.Raymonde Moulin : National heritage and the international market. The dilemma facing public intervention. By bringing together sociological analysis of interaction and economic analysis of imperfect information, this article examines the dilemma encountered by public intervention when confronted with two diverging logics : whether to protect national heritage or to develop the market by allowing free circulation of all artistic items. Two of the contexts in which this action is situated are examined successively : the geographical and economic context of allowing the market to become world-wide and the historic and legal context where the items become national heritage. It can be observed that today, in a European community, the notion of national heritage is losing its boundaries and is covered by a comprehensive notion of national treasure ; the analysis of the qualification procedures for artistic items is based both on an examination of the legislative and statutory provisions and their evolution, and on a study carried out by those who take part in qualification operations.
- Le réel et ses niveaux : peut-on toujours fonder la macrologie sur la micrologie ? - Mohamed Cherkaoui p. 497-524 Cette contribution à la discussion des questions posées par les liens entre le micrologique et le macrologique, qui sont consubstantielles au problème de l'explication dans les sciences sociales, a cinq objectifs. En premier lieu, elle montre que la definition la plus courante du micro et du macro, qui se fonde sur la taille, est partielle et même fautive. Il convient dès lors de lui substituer une définition tridimensionnelle qui prend en compte, d'abord et avant tout, la nature du problème à résoudre, puis le type d'hypothèse ou de simplification que l'on adopte pour y répondre, enfin la nature de l'unité d'observation et d'analyse qui doit être congruente à la première dimension. En deuxième lieu, on se propose dans cet article de construire une typologie à partir de ces trois dimensions et de subsumer sous ses categories l'ensemble des théories sociologiques et économiques. In troisième lieu, on y établit qu'une grande partie des débats et controverses entre ces théories ont porté sur les relations micro-m????. En quatrième lieu, on y analyse les solutions qui ont été proposées aux problèmes soulevés par ces relations et les raisons des échecs de certaines théories. En cinquième lieu enfin, on y démontre qu'aucune théorie ne peut prétendre proposer une solution unique aux relations micro-macro en dépit du fait que, sous ce rapport, certaines théories sont plus puissantes que d'autres.Mohamed Cherkaoui : Reality and levels of reality : can macrology always be based on micrology ? This contribution to the discussion on the issue concerning the connections between micrology and macrology, an issue which is unseparable from the problem arising when explaining social sciences, has five objectives. First of all, it is shown that the most common definition of micro and macro, based on size, is partial and erroneous. It is in fact necessary to introduce a tri-dimensional theory which takes into account, initially, and above all. the nature of the problem to be solved, then the type of hypothesis or simplification adopted in order to reply, lastly the nature of the observation unit and the analysis which must be appropriate as regards the first dimension. Second, this article proposes to develop a typology based on the three dimensions and to summarize in different categories all sociological and economic theories. Third, it is shown that a large number of debates and controversies among these different theories were due to micro-macro relations. Fourth, there is an analysis of the solutions put forward for the problems arising from these relations, and an explanation why certain theories failed. Fifth, and last, it is shown that not a single theory offers a unique solution to micro- macro relations even though certain theories would appear more applicable than others. the first dimension. Second, this article proposes to develop a typology based on the three dimensions and to summarize in different categories all sociological and economic theories. Third, it is shown that a large number of debates and controversies among these different theories were due to micro-macro relations. Fourth, there is an analysis of the solutions put forward for the problems arising from these relations, and an explanation why certain theories failed. Fifth, and last, it is shown that not a single theory offers a unique solution to micro- macro relations even though certain theories would appear more applicable than others.
- Tris et contrôles des salariés dans les organisations : quelques chasses-croisés entre économie et sociologie - Bernard Gazier p. 525-552 Cet article examine quelques composantes centrales de la relation d'emploi et montre que leur analyse depuis une vingtaine d'années en France a fait jouer une série de chassés-croises entre économie et sociologie. Trois entrées sont tour à tour utilisées : l'« employabilité », le pouvoir et la rationalité stratégique, et la culture d'entreprise. Bien au-delà des jeux de complémentarité concurrence auxquels on pourrait s'attendre, les apports et spécialisations témoignent d'une dépendance réciproque forte entre les deux disciplines. Celle-ci est reperable dans un ensemble de torsions et de polarisations liées que subissent les concepts élaborés dans un contexte national et disciplinaire donné, à l'occasion de leur importation, mobilisation et retraitement dans un autre contexte. Il semble que les économistes et sociologues impliqués dans ce processus, et qui ont exploité les marges de manoeuvre qu'il recèle, n'ont pas pu, ou n'ont pas voulu, mettre en évidence et en discussion la dépendance étroite apparue entre ces deux disciplines.Bernard Gazier : Sorting and controls on salary workers in organizations : some of the confusions between economics and sociology. This article takes a look at a number of central components in work relations and shows how in France, over the last twenty years, the analysis of these components has made apparent several areas of common ground between economics and sociology. Three inputs are systematically used : employability, strategic power and rationality, enterprise culture. Well apart from the expected complementarity and competition between the two disciplines, contributions and specializations actually show their strong mutual dependence. This can be observed in a series of related torsions and polarizations, which concepts developed in a given national and disciplinary context undergo, when they are imported, mobilized or re-treated in a different context. It appears that economists and sociologists implied in this process, making use of the wide areas of common ground, have either not been able to, or not wanted to, bring forward and into debate the close dependence which has appeared between these two disciplines.
- L'entreprise à l'épreuve des normes de marché. Les paradoxes des nouveaux standards de gestion dans l'industrie - Denis Segrestin p. 553-585 Les entreprises sont confrontées à la diffusion d'un nouveau type de normes internationales, les normes de gestion et d'assurance de la qualité, tendant à promouvoir dans les organisations des formules standardisées de gestion et de coordination, adéquates à une plus grande fiabilité des échanges interindustriels. L'observation révèle l'ambivalence de cet instrument. Celui-ci, orienté vers la mise en équivalence des capacités des entreprises sur le marché, contribue aussi à la différenciation des firmes entre elles. Ce constat conduit à revenir sur les spécificités des dispositifs en cause - des dispositifs procéduraux - et sur les conditions de leur mise en reuvre sur le terrain - conditions qui appellent à chaque fois des apprentissages en rapport avec les actifs spécifiques de la firme. La normalisation de la qualité apparaît ainsi comme un dispositif emblématique de ce qu'il convient réellement d'attendre de l'ouverture des marchés ; au lieu de mettre en péril les régulations locales, la « mondialisation » ne ferait en réalité que rendre celles-ci plus décisives.Denis Segrestin : Firms confronted with market standards. The paradox of new management standards in industry. Firms are being confronted with a new type of international standard, for management and quality assurance, in order to promote in these organizations standardized forms of management and coordination, appropriate for greater reliability in inter-industrial exchanges. This observation illustrates the ambivalence of this tool : when used to develop the capacity equivalence of enterprises on the market, it also contributes to a differentiation between firms. This fact makes it necessary to take a different approach as regards the specificity of the procedures used and the way in which they are applied - each time, training is required relative to the number of workers in the firm. Thus standardizing quality also appears as a symbolic representation of what is to be expected from the opening up of markets : instead of jeopardizing local legislation, opening up markets world-wide in reality will only make local legislation more decisive.
- Temporalité et différences interindividuelles : l'analyse de l'action en sociologie et en économie - Pierre-Michel Menger p. 587-633 La sociologie comme l'économie sont confrontées à une tension persistante dans l'analyse de l'action : comment rendre raison simultanément des différences de comportement et des modifications qu'introduisent dans ces comportements les interactions entre les agents ? Est-il possible de spécifier aussi complètement que possible, à l'aide d'un même système d'axiomes, de concepts et d'observations, l'identité des acteurs sociaux et l'identité des situations d'interaction ? Les réponses paraissent profondément divergentes : au monde de l'acteur rationnel et maximisateur agissant dans un environnement parfaitement connu, tel qu'il est postulé par les économistes, les sociologues opposeraient une pluralité de constructions théoriques situant les acteurs dans des espaces où les rationalités d'action sont multiples, conflictuelles et malaisément coordonnées, voire mystifiantes parce qu'illusoires. L'opposition entre sociologie et économie peut être réévaluée et une voie de dépassement recherchée lorsque ces questions sont reliées au traitement conjoint de la. temporalité de l'action et des différences entre acteurs. L'examen de plusieurs familles de théories permet de montrer que les réponses se distribuent autour du partage entre déterminisme et non-déterminisme, qui traverse les deux sciences, et que des avancées convergentes permettent de comprendre la dynamique de l'action et des interactions autrement qu'à partir de la composition des différences initialement paramétrées entre les acteurs.Pierre-Michel Menger : Temporality and interindividual differences : analysis of action in sociology and economics. Sociology and economics are both confronted with persistant tension when analysing action : how can differences in behaviour and modifications in behaviour caused by interaction between agents be accounted for simultaneously ? Is it possible to specify as precisely as possible, using an identical system of , axioms, concepts and observations, the identity of social actors and the identity of the situations of. interaction ? The replies seem extremely divergent : in reply to the rational actor and maximizer operating in a perfectly known environment, such as that postulated by the economists, the sociologists put forward a plurality of theoretical constructions, placing the actors in spaces where rationalities of action are multiple, conflictual and awkwardly coordinated, even mystifying due to their illusiveness. The opposition between sociology and economics may be recalculated and space for overstepping allowed in cases where these questions deal with the treatment of the temporality of action and the differences between actors. Examining several families of theories shows that the replies are situated between determinism and non-determinism which is common to both sciences. In addition, converging advances make it possible to understand the dynamics of the action and the interactions in a different way than by combining the differences initially parameterized between actors. The opposition between sociology and economics may be recalculated and space for overstepping allowed in cases where these questions deal with the treatment of the temporality of action and the differences between actors. Examining several families of theories shows that the replies are situated between determinism and non-determinism which is common to both sciences. In addition, converging advances make it possible to understand the dynamics of the action and the interactions in a different way than by combining the differences initially parameterized between actors.
Les livres
- Mendras Henri, Comment devenir sociologue ? Souvenirs d'un vieux mandarin. - Pierre Tripier p. 635-637
- Galland Olivier (éd.), Le monde des étudiants.__**__Galland Olivier, Oberti Marco, Les étudiants. - Éric Plaisance p. 637-641
- Lévi Giovanni, Schmitt Jean-Claude (dir.), Histoire des jeunes en Occident. - Yolande Cohen p. 641-643
- Alter Norbert, Sociologie de l'entreprise et de l'innovation. - Claude Durand p. 643-645
- Pronovost Gilles, Sociologie du temps. - Joffre Dumazedier p. 645-646
- Bazen Steve, Benhayoun Gilbert, Les bas salaires en Europe. - Yannick Lemel p. 646-649
- Grossin William, Pour une science des temps. Introduction à l'écologie temporelle. - Jean-René Tréanton p. 649
Correspondance
- Réponse de Michel Forsé et Simon Langlois au compte rendu d'Alain Chenu - Michel Forsé, Simon Langlois p. 651-654
- Réaction d'Alain Chenu - Alain Chenu p. 655-656
- Livres reçus au premier semestre 1997 - p. 657-662
- Résumés (anglais, allemand, espagnol) - p. 663-673