Contenu du sommaire : Les relations avec l'Allemagne et avec l'Est Européen

Revue Relations internationales Mir@bel
Numéro no 126, avril-juin 2006
Titre du numéro Les relations avec l'Allemagne et avec l'Est Européen
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Les relations avec l'Allemagne et avec l'Est Européen

    • Les réticences du chancelier Ehrard à l'égard de la France (1963-1966) - Benedikt Schoenborn p. 3 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les réticences du chancelier Erhard à l'égard de la France (1963-1966)L'orientation du chancelier ouest-allemand Ludwig Erhard a provoqué en France une déception sensible. Le présent article met en évidence cinq éléments qui ont alimenté les réticences personnelles d'Erhard et contribué au refroidissement des relations avec Paris. Tout d'abord, la philosophie économique du chancelier a conduit ce dernier à voir dans la « planification » française une menace à la démocratie. Deuxièmement, la pression américaine a interdit une coopération trop étroite avec le général de Gaulle. Ensuite, les intérêts sécuritaires de la République fédérale, comme Erhard les percevait, étaient en contradiction avec la vision française. Quatrièmement, il croyait toute la politique gaullienne motivée par une recherche d'hégémonie. Enfin, le manque d'autorité du chancelier a entravé le dialogue avec de Gaulle.
      Les réticences du chancelier Erhard à l'égard de la France (1963-1966)West German Chancellor Erhard's political orientation caused noticeable disappointment in France. This paper describes five elements that fostered Erhard's personal reluctance, and thus contributed to the cooling-down of relations with Paris. First of all, his economic philosophy made him believe that French « planning » was a threat to democracy. Secondly, American pressure forbade any close cooperation with General de Gaulle. Furthermore, West German security interests, as Erhard perceived them, were in contradiction with the French vision. Fourth, the Chancellor thought that de Gaulle's policy was basically motivated by a will to establish French hegemony over Western Europe. Finally Erhard's personal lack of authority hindered the dialogue with de Gaulle.
    • Une grande Allemagne au coeur de l'Europe. Représentations françaises de l'Allemagne unifiée. Objectifs de la politique européenne - Marie-Noëlle Brand Crémieux p. 15 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Une grande Allemagne au cœur de l'Europe. La réunification allemande constitue un événement important pour les Français. Cet article, fondé sur une étude de perception, montre comment ils se représentent l'Allemagne réunifiée en 1989-1990. Il met l'accent sur le thème de la puissance allemande. Attirée vers la « Mitteleuropa », nouant des relations privilégiées avec Moscou, l'Allemagne retrouverait une position centrale en Europe. Sa force économique, déjà considérable, serait accrue par la réunification, faisant de l'Allemagne une superpuissance économique européenne. Devenant aussi la puissance politique dominante en Europe, elle mettrait en cause l'influence et le statut de la France. D'où l'importance de renforcer la Communauté européenne par le biais de l'UEM et de l'Union politique, afin d'encadrer l'Allemagne réunifiée.
      Une grande Allemagne au cœur de l'Europe. German reunification constitutes an important event for the French. This article, based on a study of perception, shows how they imagined reunified Germany in 1989-1990. It focuses on the issue of German power. Attracted to « Mitteleuropa » and establishing a privileged partnership with Moscow, Germany would recover a central position in Europe. Its already strong economy would increase because of reunification, making it a European economic superpower. Becoming also the dominating political power in Europe, Germany would undermine France's influence and status. Therefore it was important to strengthen the European Community through the EMU and through political union to provide a framework for reunified Germany.
    • René Cheval (1918-1986), itinéraire d'un médiateur franco-allemand - Mathieu Osmont p. 31 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      René Cheval (1918-1986), itinéraire d'un médiateur franco-allemandJeune agrégé d'allemand, René Cheval fut nommé en 1945 curateur de l'Université de Tübingen, une tâche double qui comprenait la dénazification des personnels mais aussi l'initiation des premiers échanges universitaires franco-allemands après guerre. Il poursuivit sa carrière dans la diplomatie culturelle jusqu'au poste stratégique de conseiller culturel à l'ambassade de France à Bonn entre 1966 et 1973. Son parcours entre la France et l'Allemagne de 1945 à 1973 permet d'aborder l'évolution des relations culturelles franco-allemandes avant aussi bien qu'après la signature du traité de l'Élysée en 1963. Il s'agit aussi de voir dans cet article comment un germaniste au service de la diplomatie française a pu jouer un rôle de médiateur franco-allemand aux différents postes qu'il a occupés.
      René Cheval (1918-1986), itinéraire d'un médiateur franco-allemand
      In 1945, as a young professor of German linguistics, René Cheval was appointed Administrator of the University of Tübingen, a double task which included both the denazification of the staff and the beginning of the first Franco-German university exchanges in the post-war period. He continued his career in cultural diplomacy until he was appointed Cultural Adviser to the French Embassy in Bonn between 1966 and 1973. Through the analysis of his career from 1945 to 1973, we can approach the evolution of Franco-German cultural relations both before and after the signature of the Treaty of the Élysée in 1963. The article also illustrates to what extent a Germanist, serving French diplomacy through his various positions, could carry out a role of mediator between France and Germany.
    • Un premier pas vers l'Europe ? L'opinion française et la question de l'"européanisation" des Etats baltiques dans les années 1920 - Julien Gueslin p. 51 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Un premier pas vers l'Europe ? En 1920, les nouveaux États baltiques sont inconnus de l'opinion française et vus comme des espaces instables : leur appartenance à l'Europe, conçue en termes de civilisation, est contestée. Or, au cours des années 1920, les nations baltes vont peu à peu être intégrées dans la « carte mentale » de l'Europe des Français. Cette intégration passe par une découverte objective de ces pays, la restructuration des imaginaires français en fonction des préoccupations d'alors et l'effort des nouvelles élites pour que les réalités baltes puissent correspondre aux systèmes de représentations françaises. Ainsi se crée peu à peu le sentiment d'une certaine proximité culturelle. L'« invention » des nations baltes s'opère donc en interaction étroite avec la volonté d'obtenir cette seconde reconnaissance (après celle de jure) des opinions française et occidentale.
      Un premier pas vers l'Europe ? In 1920, the new Baltic states were unknown to French public opinion and seen as unstable areas whose right to belong to Europe in terms of civilisation was contested. However, during the 1920s, little by little the Baltic nations were integrated into the French « mental map » of Europe. This integration came through the objective discovery of these countries, the restructuring of French imagination in relation to preoccupations of that time, and the efforts made by the new elites for Baltic realities to correspond to French systems of representation. Little by little, the feeling of a certain cultural proximity was therefore created. The « invention » of the Baltic nations thus operated in close interaction with the desire to obtain this second acknowledgement (following the de jure one) from French and Western public opinion.
    • De la paix à la guerre : les habitants de Minsk face aux violences d'occupation allemandes (juin 1941 - février 1942) - Masha Cerovic p. 67 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      De la paix à la guerre : les habitants de Minsk face aux violences d'occupation allemandes (juin 1941 - février 1942)Minsk fut prise par les Allemands le 28 juin 1941, à la suite d'une semaine de bombardements intensifs. La population désorientée avait accueilli les occupants avec circonspection mais aussi avec l'espoir que, la guerre étant ainsi terminée pour eux, les occupants mettraient bientôt en place les cadres nécessaires à l'intégration de la ville dans le nouvel empire ainsi créé. Dès le début de 1942, les occupants eux-mêmes constataient cependant que la population leur était devenue hostile. Les violences d'occupation nazies furent le facteur fondamental de ce divorce. Le rejet des violences anticommunistes et antisémites nazies, signe de l'échec des occupants à rallier la population à leur « guerre contre le judéo-bolchévisme », se combina à l'hostilité aux occupants suscitée au sein de la population de la ville par la politique de famine et de terreur qu'ils imposaient, dans un processus cumulatif menant à une rupture radicalisée entre occupants et occupés. Alors que, pour les habitants de Minsk, l'occupation allemande avait semblé mettre un terme précoce à la guerre, les violences nazies firent renaître le conflit entre occupants et occupés, scellant l'échec politique de l'occupation nazie dès la fin du premier hiver.
      De la paix à la guerre : les habitants de Minsk face aux violences d'occupation allemandes (juin 1941 - février 1942)The German army took Minsk on June 28, 1941, after a week of intensive aerial bombings. The local population, having lost its marks, had greeted the occupiers with circumspection but also with the expectation that soon they would set up new frameworks allowing the integration of the town into the newly-founded empire. As soon early 1942 however, the occupiers themselves observed that the population of the town had turned hostile toward them. The violence of the Nazi occupation regime was the main cause of this estrangement process. The rejection of anti-communist and anti-Semitic Nazi violence, showing the occupiers' failure to win the population over to their « war against Jewish Bolsheviks », was combined with hostility towards the occupiers, generated in response to the policy of hunger and terror they imposed, in a cumulative process leading to an increasingly radical rupture between occupiers and occupied. While the German occupation had initially signified an early end to the war for the Minsk population, Nazi violence brought war back between occupiers and occupied, marking the political failure of the Nazi occupation as early as the beginning of 1942.
    • L'émigration des Juifs soviétiques : un objectif humanitaire pour la politique étrangère américaine pendant la guerre froide - Pauline Peretz p. 81 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'émigration des Juifs soviétiques : un objectif humanitaire pour la politique étrangère américaine durant la guerre froide. Cet article analyse le processus qui conduisit l'émigration des Juifs soviétiques à devenir un des objectifs de la politique étrangère des États-Unis à l'égard de l'URSS à partir de 1974, date à laquelle le Congrès adopta l'amendement Jackson-Vanik liant avantages économiques et libéralisation de la politique migratoire soviétique. Rejetant l'argument de l'affinité idéologique des Américains pour le combat des Juifs soviétiques, il insiste sur le rôle d'Israël et des organisations juives dans la sensibilisation du Congrès au sort des Juifs d'URSS. Il montre que, une fois l'amendement adopté, la Maison-Blanche fut contrainte d'aborder cette question dans ses négociations avec le Kremlin, même si cela devait nuire à sa politique étrangère soviétique. Au cours des présidences successives, elle le fit plus ou moins malgré elle et motivée par des considérations oscillant entre aspirations humanitaires et anticommunisme.
      L'émigration des Juifs soviétiques : un objectif humanitaire pour la politique étrangère américaine durant la guerre froide. This article analyses how Soviet Jewish emigration became one of the objectives of American foreign policy vis-à-vis the USSR from 1974, when Congress adopted the Jackson-Vanik amendment that linked economic privileges to the liberalization of Soviet emigration policy. Contesting the argument of an ideological affinity between Americans and the struggle of Soviet Jews, it insists on the role of Israel and Jewish organizations in making Congress aware of the plight of Soviet Jews. It shows that once the amendment was adopted, the White House was constrained to raise the Soviet Jewish emigration issue with the Kremlin, even if this impinged on its main objectives vis-à-vis Moscow. In successive administrations, the issue was discussed more or less benevolently, depending on the state of US-Soviet relations, and with changing motivations, oscillating between human rights and anti-communism.
    • La Sept et le projet de chaîne culturelle européenne - Pierre Lefort p. 97 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La Sept et le projet de chaîne culturelle européenne. Issue des enjeux liés au projet de satellite et au renouvellement de la place et des missions du service public, La Sept, créée en 1986, est une société française d'édition de programmes de télévision qui a pour mission de préparer une future chaîne culturelle européenne. Le problème de la diffusion des programmes est le principal obstacle rencontré par La Sept dans l'affirmation de son ambition européenne. Soutenue par une volonté politique ferme, elle est rapidement destinée à devenir un élément constitutif d'un ensemble franco-allemand. La coopération franco-allemande, qui aboutit à la création d'ARTE, est l'occasion de véritables négociations sur la question de la création d'une chaîne culturelle européenne.
      La Sept et le projet de chaîne culturelle européenne
      A consequence of the stakes surrounding the satellite project and the renewal of public television's place and purpose, La Sept was created in 1986. La Sept was a French broadcasting company whose mission was to prepare a future European cultural channel. The broadcasting problem was the main issue faced by La Sept in the fulfilment of its European ambition. Backed by a firm political will, it was soon destined to become a component of a French and German entity. French and German cooperation, which led to the creation of ARTE, made real negotiations on the question of the creation of a European cultural channel possible.
  • Notes de lecture

    accès libre