Contenu du sommaire : Les 25 ans de l'Espagne démocratique

Revue 20 & 21. Revue d'histoire Mir@bel
Titre à cette date : Vingtième siècle, revue d'histoire
Numéro no 74, avril-juin 2002
Titre du numéro Les 25 ans de l'Espagne démocratique
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Les 25 ans de l'Espagne démocratique

    • Présentation. - Benoît Pellistrandi accès libre
    • Postfranquisme ou société démocratique : retour sur une interprétation. - Santos Julià accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Santos Juliá propose un réexamen de l'entrée de la société espagnole dans la démocratie depuis 1977. Dans cet article, il s'oppose aux interprétations qui présentent la démocratie espagnole comme le résultat d'un « pacte oubli » dans lequel les Espagnols auraient communié plutôt passivement. Il s'attache aux quinze années qui ont précédé la chute du franquisme dans lesquelles il voit l'émergence d'une nouvelle génération, née après la guerre civile et construisant une relation nouvelle au passé et au présent de l'Espagne qui, bien qu'imprégnée des valeurs traditionnelles d'ordre, permet de comprendre le choix de la démocratie et ses modalités depuis la fin des années 1970.
      Santos Julia is proposing a reexamination of Spanish society's entry into democracy since 1977. In this article he does not agree with the interpretations that present Spanish democracy as the result of a “forgetfulness pact” in which the Spaniards were in passive sympathy. He focuses on the 15 years before the fall of Franquism in which he sees the emergence of a new generation, born after the civil war and building a new relation to past and present Spain, which remained deeply impregnated with the traditional values of order. This phenomenon makes it possible to understand the choice and ways of democracy since the late 1970s.
    • La transition : une histoire politique à renouveler. - Javier Tusell accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Javier Tusell rappelle que l'histoire politique de la transition démocratique reste encore en chantier. Il revendique aussi une application pleine et entière de l'histoire politique à cette période. Il convient, en effet, pour en rendre la réalité de respecter les incertitudes de l'avenir qui commandaient en partie l'action des responsables. Javier Tusell propose à partir de quelques exemples – le rôle effectif de Franco entre 1974 et 1975, l'action du roi, les projets de Suárez, la légalisation du PCE, le rôle des Etats-Unis, la question militaire – les pistes de recherche qui offrent encore bien des questions à résoudre. Et il rappelle que le sens du temps qui commande l'opération historique doit être privilégié pour éviter toutes lectures anachroniques ou approximatives.
      Javier Tusell points out that the democratic transition's political history remains to be written. He also calls for a full and complete application of political history for this period. In order to restitute the reality, it is necessary to acknowledge the unknowns that were partially responsible for the leaders' actions. Javier Tusell deals with issues such as Franco's real role between 1974 and 1975, the king's role, Suarez' projects, the legalization of the Spanish Communist Party, the role of the United States, and military questions as so many questions that have yet to be answered. He feels that the sense of time that presided over the historical operation must be emphasized to avoid anachronistic or approximate readings.
    • La mémoire de la guerre civile et du franquisme dans l'Espagne démocratique. - Julio Arostegui accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Comment mesurer les effets de la mémoire sur les comportements politiques et sociaux ? L'Espagne de la transition démocratique offre un terrain privilégié, mais difficile, pour répondre à cette question. Julio Aróstegui montre que la mémoire de la guerre civile espagnole précède la question de la transition politique. Largement instrumentalisée par le franquisme, la guerre civile a continué d'être présentée comme un spectre ou une menace latente. L'utilisation de ce type d'argumentation pendant la transition a servi l'opinion réformiste mise en œuvre par le gouvernement Suárez et à permis de déconsidérer les propositions radicales de rupture. Aussi l'historien propose-t-il de relire cette question de la mémoire selon les variables politiques tant du franquisme que de la transition démocratique.
      How to measure the effect of memory on political and social behavior ? The Spain of the democratic transition provides a particularly conducive, but difficult, terrain to answer this question. Julio Arostegui shows that the memory of the Spanish civil war precedes the issue of political transition. Heavily instrumentalized by Franquism, the civil war continued to be presented as a specter or a latent threat. The use of this type of argument during the transition served reformist public opinion put into effect by the Suarez government and made it possible to disregard the radical proposals of a split. The historian thus is reconsidering this question of memory according to political variables of Franquism and of the democratic transition.
    • Système de partis politiques et comportements électoraux en Espagne de 1977 à 2001. - Erwan Basnier accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Vingt-cinq années de démocratie et plus de vingt élections ont permis au système de partis espagnol de se structurer autour du classique affrontement droite-gauche. Après plus d'une décennie d'hégémonie socialiste, l'arrivée au pouvoir du Parti populaire de José Maria Aznar a consacré la fin de l'hypothèque que faisait peser sur la droite espagnole le souvenir de ses compromissions avec le régime franquiste. Le clivage droite-gauche est modifié régionalement par des lignes de partage liées aux enjeux identitaires et culturels. Conséquence probable des conditions dans lesquelles s'est effectuée la transition démocratique, ni l'extrême droite ni le parti écologiste n'ont fait en Espagne une percée semblable à celle que l'on a pu observer dans d'autres pays d'Europe occidentale.
      Twenty-five years of democracy and more than 20 elections have enabled the Spanish party system to structure itself on the classic right-left dichotomy. After more than a decade of socialist hegemony, the coming to power of José Maria Aznar's Popular Party signified the end of the burden that weighed on the Spanish right for its shady dealings with the Franquist regime. The right-left split is regionally modified by dividing lines linked to identity and cultural stakes. As a probable consequence of the conditions in which the democratic transition occurred, neither the far right nor the green party managed a breakthrough similar to that which occurred in other western European countries.
    • L'Espagne face à elle-même : démocratie et question nationale. - Benoît Pellistrandi accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article présente la structure de l'État espagnol issue de la constitution de 1978 et mise en œuvre depuis par les statuts d'autonomie des régions espagnoles. L'auteur explique la charge historique que les « nationalismes périphériques » représentaient dès 1976 et comment la constitution a apporté une réponse à cette question. Puis il montre que la pratique de la décentralisation et l'évolution de la conjoncture politique (entre 1993 et 2000, tant le Parti socialiste que le Parti populaire ont dû passer des alliances parlementaires avec les nationalistes catalans et basques) a progressivement mis en lumière les faiblesses du modèle constitutionnel, ouvrant la voie à des revendications de type fédéral. Le débat, d'abord technique et politique (transfert de compétences administratives, enjeux financiers...), s'est déplacé depuis quelques années sur le terrain de la définition de la nation. Identité nationale, enjeu autour de l'histoire et de son enseignement constituent le décor des nouvelles joutes idéologiques témoignant de grandes incertitudes et d'une recomposition évidente du lien national.
      This article presents the structure of the Spanish state as of the 1978 constitution and implemented since then by the autonomy statutes of the Spanish regions. The author explains the historical weight the “peripheral nationalisms” represented as of 1976 and how the constitution brought an answer to this question. Then it showed that the practice of decentralization and the development of the political situation (between 1993 and 2000, both the socialist party and the popular party had to make parliamentary alliances with the Catalan and Basque nationalists) progressively brought to light the weaknesses of the constitutional model, leading to federal-type demands. The debate was first technical and political (transfer of administrative jurisdictions, financial stakes, etc.) but has shifted in the last few years to a definition of the nation. National identity and the stakes around history and its teaching make up the background of the new ideological battles. There are many uncertainties and an obvious recomposition of the national link.
    • L'économie espagnole depuis la transition : une trajectoire européenne et méditérranéenne. - Gérard Chastagneret accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Volontiers présentée comme un nouveau miracle, l'histoire économique de l'Espagne fait face sur la période démocratique à plusieurs défis. Sortir de la logique franquiste de développement sans démocratie dans un contexte de crise économique, au moment même où la priorité est politique : telle a été l'équation des gouvernements centristes d'Adolfo Suárez. L'ambition et l'action des socialistes de Felipe González a été de s'attaquer aux réformes structurelles pour pouvoir revendiquer pleinement une place en Europe. Le gouvernement Aznar, fort de résultats statistiques flatteurs, propose aujourd'hui un « modèle espagnol ». Gérard Chastagnaret repasse dans cet article les tendances lourdes de l'évolution espagnole qui loin d'entrer aisément dans une chronologie strictement politique méritent d'être mises en relation avec un cadre d'analyse trop souvent oublié : la Méditerranée.
      Often presented as a new miracle, Spain's economic history has to come to grips with several challenges during the democratic period. Getting out of the Franquist logic of development without democracy in an economic crisis, in a period in which politics is the priority : that was the equation of Suarez' centrist governments. The ambition and action of Felipe Gonzalez' socialists meant dealing with the structural reforms to be able to claim a full-fledged place in Europe. Aznar's government with its flattering economic statistics is offering a “Spanish model” today. Gérard Chastagnaret goes over the major tendencies of the Spanish situation that, far from entering easily into a strictly chronological policy, deserve to be linked up with a too-often neglected framework : the Mediterranean.
    • Comisiones obreras et la transition démocratique : une contribution sous-évaluée. - Antonio Gutiérrez accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Antonio Gutiérrez, ancien secrétaire général de Comisiones Obreras (CCOO) de 1987 à 2000, propose ici un témoignage et une réflexion sur l'apport des syndicats, et particulièrement le sien, à la construction et à la consolidation de la démocratie espagnole. La genèse et l'origine des CCOO puis leur place dans la transition démocratique sont évoquées. À ce moment-là, si les Comisiones Obreras ne parviennent pas à l'unité syndicale avec l'UGT, elles choisissent la voie de la concertation mais refusent aussi de participer à la mise en place des conventions collectives, incohérence dont Antonio Guttiérrez souligne qu'elle coûte cher au syndicat. Les CCOO s'engagent à nouveau dans le dialogue social après la tentative de coup d'État en février 1981 et surtout avec l'arrivée du gouvernement socialiste. Cependant les conflits se multiplient après 1988. Il faut attendre le milieu des années 1990 pour qu'intervienne un rebond dans les relations entre le gouvernement, dirigé par Aznar depuis 1996, et les acteurs sociaux dont les CCOO. Les négociations sont alors privilégiées pour plus d'efficacité économique et sociale, et en dehors d'a priori politiques ou idéologiques. Pour Antonio Gutiérrez, la contribution des syndicats CCOO et UGT à la construction d'un État social de droit en Espagne aura donc été fondamentale.
      Antonio Gutiérrez, former General Secretary of Comisiones Obreras (CCOO), from 1987 to 2000, presents his point of view on and analysis of the contribution of trade unions and particularly his own to the construction and consolidation of Spanish democracy. The origins and development of the CCOO are also discussed. The Comisiones Obreras did not achieve union solidarity with the UGT at the time of the transition. They chose concertation but then refused to participate in setting up collective bargaining agreements, an inconsistency that Antonio Gutierrez emphasizes cost the union a lot. The CCOO again committed themselves to labor talks after the failed coup d'état in February 1981 and especially with the arrival of the socialist government. But the conflicts increased after 1988. It wasn't until the 1990s that relations between the government, headed by Aznar since 1996, and labor leaders including the CCOO started up again. Negotiations were fostered for more economic and social effectiveness, and outside of political and ideological mindsets. For Antonio Gutierrez, the CCOO's and UGT's contributions to the construction of a social state of law are thus fundamental.
    • L'armée Espagnole à l'épreuve de la démocratie et de l'Europe (1975-2002). - Jérôme Pellistrandi accès libre
    • Les médias de la démocratie. - Pablos Pérez Lopez accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les médias espagnols ont été à la fois les acteurs et les premiers bénéficiaires de la crise du régime franquiste puis du rétablissement de la démocratie. L'offre médiatique a dès lors évolué en Espagne au regard d'une conjoncture nouvelle, dans laquelle les impératifs de la démocratisation et de la prise d'autonomie à l'égard du pouvoir politique ont bientôt laissé place à des enjeux économiques. Les enquêtes d'audience régulièrement menées depuis les années 1970 par les professionnels eux-mêmes montrent à quel point le paysage espagnol s'est ainsi normalisé et rapproché de ses homologues européens. Certes, la dénonciation du contrôle public de l'information télévisée fait parfois encore recette en Espagne. Mais les débats portent désormais davantage sur les questions de société que soulèvent certaines émissions populaires, et sur les risques liés à la mondialisation d'un secteur industriel où l'exigence de rentabilité immédiate l'emporte de plus en plus sur l'exigence de qualité.
      Spanish media were both the actors and the first beneficiaries of the Franquist regime crisis followed by the reestablishment of democracy. The media supply then changed in Spain with a new situation in which the demands of democratization and autonomy in relation to the political power soon yielded to economic stakes. TV ratings and opinion polls carried out regularly since the 1070s by professionals show just how “normal” and similar to its European counterparts the Spanish landscape has become. It is true that the denunciation of public control on television news still makes the news in Spain. But the issues are now more questions of society carried in prime time programs and on the problems of globalization of an industrial sector in which demands for immediate profitability take more and more precedence over those of quality.
    • A propos de politique culturelle : les musées Espagnols d'art moderne et contemporain. Juan Manuel Bonet - Juan Manuel Bonet accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'art moderne n'a guère été favorisé à ses débuts en Espagne. L'État franquiste aggrava encore cette situation, en adoptant parfois une attitude franchement hostile aux créateurs, et surtout en ne se montrant que peu enclin à promouvoir le travail des avant-gardes artistiques. À l'inverse, après la mort du dictateur et avec l'avènement de la démocratie, l'État espagnol et les régions autonomes mirent en œuvre une politique culturelle ambitieuse afin que la nouvelle Espagne démocratique puisse se réapproprier ce patrimoine contemporain rejeté par le franquisme. Ces initiatives foisonnantes, et notamment la création de nombreux musées d'art contemporain, suggèrent l'importance de la décentralisation culturelle espagnole. Le musée national, le Reina Sofia, dont l'auteur est l'actuel directeur, est ensuite plus précisément évoqué. Toute cette effervescence culturelle apparaît au fond comme consubstantielle à la démocratie espagnole.
      Modern art was not encouraged at its beginnings in Spain ; The Franquist re-gime hurt this situation even more by being overtly hostile to artists and especially to avant-garde work. On the other hand, after the death of the dictator and with the arrival of democracy, the Spanish government and the autonomous regions implemented an ambitious cultural policy so that democratic Spain could reappropriate its contemporary patrimony rejected by Franquism. These booming endeavors and in particular the creation of many contemporary art museums highlight the importance of Spanish cultural decentralization. The national museum, Queen Sofia, is discussed in particular ; the author of this article is its present director. All this cultural effervescence is part and parcel of Spanish democracy.
    • Le cinéma de l'Espagne démocratique : les images du consensus. - Jean-Paul Aubert accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le regard que porte le cinéma espagnol sur l'Espagne depuis la guerre civile est ici examiné. Signe du consensus autour du « modèle espagnol », la transition démocratique est peu prise en compte dans les films actuels, à la différence des années 1975 à 1980 qui ont vu se dessiner deux regards antagonistes, soit la dénonciation de la libération des mœurs, soit un réquisitoire, sur un mode plus ou moins polémique, contre l'incomplétude de la transition démocratique. La guerre civile apparaît dans un cinéma souvent dépassionné, qualifié parfois de « centriste », où les enjeux politiques et idéologiques sont généralement absents. Quant au régime franquiste, si l'unanimité se fait autour de sa condamnation, les films renoncent la plupart du temps à analyser les raisons politiques et à décrire les structures sociales qui lui permirent de durer. En cela, le cinéma ne se démarque pas du climat dominant des années post-franquistes qui privilégie la réconciliation nationale. Enfin, la représentation du cinéma espagnol de l'histoire récente du pays apparaît comme non conflictuelle et dominée par la représentation des classes moyennes. Encore que la production de films récents mettant l'accent sur la critique sociale amène à nuancer le propos.
      This article examines the Spanish cinema's take on Spain since the civil war. As a sign of the consensus on the “Spanish model”, the democratic transition doesn't count for much in today's films, unlike those of the years from 1975 to 1980 which showed two antagonistic views : either a denunciation of the loosening of morals or a more or less polemical indictment of the fact that Spain's democratic transition has not gone far enough. The civil war is situated in a defused situation, sometimes called "centrist", in which the political and ideological stakes are usually absent. As for the Franquist regime, while everyone condemns it, the films don't attempt to analyze the political reasons nor describe the social structures enabling it to last. So the cinema in the post-Franquist years has the same dominant climate of national reconciliation. The representation of the country's recent history in the Spanish cinema is non-conflictual and dominated by the representation of the middle classes. Nevertheless, recent film production offers a social critique of the society that nuances that point of view.
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