Contenu du sommaire : Dissidences de l'Est en exil

L'article décrit les différentes vagues de l'exil tchèque depuis 1948, leurs temporalités, leurs différentes composantes politiques selon les périodes mais aussi leurs destinations, l'accueil qu'ont trouvé les exilés, en France notamment – qui n'est pas le même après 1968 qu'après 1948 – et les structures d'accueil qui ont aidé à leur insertion. Les archives privées de l'exil tchèque, longtemps discrètes et dispersées à cause de la surveillance des exilés, se trouvent encore dans des familles ou des associations. Et beaucoup reste à faire pour les rassembler, ou du moins les identifier.

Le projet CollEx-Persée DISSINVENT – DISSidences de l'Est en exil : INVENTaire, histoires, pratiques documentaires, porté par La contemporaine et l'ICT-Université de Paris (2020-2022), s'inscrit dans une dynamique internationale de la recherche qui met l'accent sur le renforcement du travail concerté sur le document, numérique ou non, en ligne ou non, entre chercheurs et grands établissements patrimoniaux. L'objectif est d'identifier, de rendre visibles nationalement et internationalement et de valoriser les importantes collections produites par les dissidences « de l'Est » en exil en France entre 1945 et 1991, tout en développant une réflexion sur la particularité de ces corpus, leur histoire et leur description en différentes langues.

Cet article revient sur la méthode et la conception de la base de données numérique COURAGE, élaborée dans le cadre du projet H2020 COURAGE : Cultural Opposition – Understanding the Cultural Heritage of Dissent in the Former Socialist Countries. La base présente des collections documentant les activités culturelles de groupes ou d'individus marginalisés, réduits au silence, interdits de territoire, persécutés ou empêchés de poursuivre leurs activités par les autorités socialistes d'Europe de l'Est dans la seconde moitié du XXe siècle.

À partir du projet mené par les Bibliothèques de l'Université de Toronto depuis 2011, cet article revient sur les principes d'organisation d'une ressource en ligne sur le samizdat et la dissidence, phénomènes de réseaux. Comment numériser et présenter des données peu nombreuses mais représentatives ? Comment garantir la souplesse nécessaire à un travail collaboratif ? Comment citer d'importants projets et collections, qu'ils soient institutionnels ou pas ? Et comment assurer la diffusion des résultats de valorisation dans des formats divers ?

L'article analyse le projet et portail en ligne Free Voices in USSR: independent Literature, Arts and Thought (1953-1991) and their Echo in the West. Il s'agit d'en discuter les choix thématiques, terminologiques et méthodologiques, les critères de sélection des objets décrits, les outils, les motivations scientifiques et finalement, de présenter ses possibles prolongements en termes de catalogage, d'inventaire, de création de collections numériques dédiées à la recherche scientifique.

Le projet NUMERISLAV (Archives de slavistes) est développé par le laboratoire Eur'ORBEM (UMR du CNRS et de Sorbonne Université) et l'Institut d'études slaves de Paris. NUMERISLAV propose l'identification, la localisation, l'inventaire, la numérisation et la mise à disposition de fonds d'archives privées produites pour leur plus grande part durant les années 1920-1960.

Cet article présente l'historique et le contenu des fonds relatifs à la Russie et l'Europe de l'Est conservés à l'Internationaal Instituut voor Sociale Geschiedenis/Institut d'histoire sociale (IISG/IISH) d'Amsterdam. Il traite en particulier des archives des dissidents et des émigrés politiques russes et de l'Europe de l'Est socialiste, notamment de la Pologne et de l'ex-Tchécosovaquie.

Vladimír Peška (1920-2002), l'un des premiers réfugiés fuyant la dictature communiste en Tchécoslovaquie suite au coup d'État de février 1948, atteignit la France après plusieurs mois passés dans les camps de réfugiés en Allemagne. Naturalisé français en 1957, il exerça de multiples professions et demeura engagé pour sa patrie à travers différentes associations et structures de l'exil tchécoslovaque. L'article revient sur la personnalité oubliée de Peška et sur ses archives, en particulier les ego-documents, conservés depuis sa mort à l'Institut d'études slaves.

Les archives sont fondamentales afin de reconstituer l'histoire. L'existence ou le manque de sources déterminent le champ d'études de l'historien tandis que l'étude de l'itinéraire des archives apporte une réflexion généalogique à sa recherche. Cet article tente d'exposer ce double enjeu à travers la découverte du fonds d'un exilé politique polonais installé en France après 1945, afin de reconstituer l'histoire d'une institution qui était restée jusque-là inédite.

Cet article vise à mettre en avant le parcours fascinant d'Ante Ciliga, journaliste, écrivain, dissident communiste et émigré politique, et à mettre en valeur l'histoire de son fonds d'archive ( Ante Ciliga Papers) déposé à la Bibliothèque nationale et universitaire de Zagreb. Cet article révèle également la singulière histoire des archives de Ciliga et montre comment elles ont récemment été exploitées par l'historiographie.

Cet article revient sur l'itinéraire et les archives de Paul Goma, un ancien prisonnier politique qui a dénoncé la nature autoritaire et répressive du régime communiste dans ses livres, essais et articles et a fondé un mouvement pour les droits de l'homme. Il reste l'une des personnalités les plus complexes de la dissidence roumaine. Cet article examinera d'abord la vie personnelle et professionnelle de Goma pour identifier les événements qui l'ont conduit à la dissidence ouverte, puis à l'exil et à l'activisme anticommuniste. Il examinera ensuite les archives contenant des informations importantes sur Paul Goma en Roumanie, en France et en Hongrie, et leur disponibilité pour les chercheurs.

Cet article offre un bref aperçu des sources publiées et non publiées nécessaires à l'étude de l'histoire du trotskysme dans la Yougoslavie de l'après-guerre. Il souligne la nécessité d'utiliser les archives de plusieurs pays afin de saisir le fonctionnement du trotskysme qui est un phénomène foncièrement transnational.

Les politiques menées dans la Bulgarie communiste pour créer une société sans classes ont entraîné une fragmentation profonde de la population bulgare. L'identité ethnique et religieuse de la minorité turque a été perçue comme une menace. Aussi, une campagne a été menée pour remplacer les noms turcs par des noms bulgares. Les politiques oppressives du parti communiste bulgare ont créé des sentiments hostiles dans la minorité turque avec le « processus de renaissance ». Les revendications démocratiques n'étaient pas bien accueillies par le gouvernement et certains dissidents furent emprisonné, d'autres envoyés en exil. Les manifestations massives contre le gouvernement communiste ont eu un impact catastrophique sur le régime communiste dans le pays, et ont mis fin au régime totalitaire.

L'association Solidarité France-Pologne a été créée en 1980, lors de la naissance de Solidarność, par des émigrés ayant quitté la Pologne après la répression de 1968. Son objectif était d'informer la société française sur la situation en Pologne, de créer un lieu de coopération entre syndicalistes polonais et français, d'organiser l'aide aux syndicalistes pendant « l'état de guerre » en Pologne (1981-1983). Les archives portent sur la création de l'association, ses finances, les actions menées pour rendre publics les problèmes de Solidarność, l'aide humanitaire et la coopération entre les organisations non-gouvernementales polonaises et françaises après 1989. Le fonds, clos en 2004, est consultable à la Bibliothèque polonaise à Paris, il a fait l'objet d'un classement et d'un inventaire.

La revue bimensuelle Catacombes, publiée en français par les exilés roumains Sergiu et Nicole Grossu à Paris entre 1971 et 1992, offre un aperçu des préoccupations de certaines communautés d'exilés de l'Europe de l'Est en Europe occidentale, et de leur rôle dans le développement de formations politiques de la droite radicale en Occident. En s'intéressant à l'histoire et à la circulation de Catacombes, cet article interroge le rôle que certaines publications en exil ont joué dans la culture politique de la fin de la guerre froide, et sur la manière dont l'histoire de ces publications a été racontée. Il questionne la manière dont Catacombes a contribué à développer des solidarités entre les exilés d'Europe de l'Est et les communautés chrétiennes, en France mais aussi dans le reste de l'Europe occidentale et en Amérique latine. Il examine également comment l'implication de ces groupes dans Catacombes ont contribué à transformer la revue en un site de convergence entre différents courants de la politique chrétienne traditionnaliste et antilibérale, qui ont collectivement fait appel aux expériences des chrétiens des pays de l'Europe socialiste.

L'article étudie les dissidents lituaniens et russes et les transferts culturels et intellectuels à l'est du Rideau de fer. Les échanges ont contribué à produire des archives de la dissidence artistique lituanienne. Les archives du poète dissident lituanien Tomas Venclova permettent de réinterpréter le concept de censure externe et interne. Tandis que les archives de Vladimir Tarasov, données en 2020 au Radvila Palace Museum of Art (Vilnius), donnent à voir le contexte de Diktat idéologique dans lequel les artistes ont dû travailler dans les années 1960 à 1980.

Cet article propose une analyse du discours sur l'Ukraine dans la revue Kontinent, fondée à Paris en 1974 par des dissidents russes et est-européens. Première publication émigrée de langue russe à défendre explicitement l'indépendance de l'Ukraine, elle fut l'une des plateformes de dialogue de l'émigration russe et ukrainienne et a permis d'initier, au sein de l'émigration russe et en Union soviétique, un changement d'état d'esprit quant à la question ukrainienne.

Dans la table ronde « Archiver, documenter en temps de guerre : Ukraine et Russie aujourd'hui », qui s'est tenue à La contemporaine dans le cadre du colloque du projet DISSINVENT, ont été discutées les questions d'accès et de sauvegarde d'archives russes et ukrainiennes (notamment numériques) dans le contexte de propagande, de censure mais aussi de bombardements de la guerre engagée par la Russie contre l'Ukraine.

Ce portfolio est l'un des résultats du projet de recherche DISSINVENT qui se propose d'identifier, de rendre visibles nationalement et internationalement et de valoriser les collections produites par les dissidences « de l'Est » en exil en France entre 1945 et 1991.

En 1973, s'est tenu le premier sommet franco-africain. Présenté par les dirigeants français et africains comme une « réunion de famille », liée aux relations étroites entretenues par la France avec les anciens membres de la Communauté française, ce premier sommet visait surtout à répondre à un climat de crise dans un contexte de remise en cause du système de coopération mis en place au début des années 1960 par certains partenaires de la France. Après le décès de Georges Pompidou et l'élection de Valéry Giscard d'Estaing le 19 mai 1974, la tenue d'une nouvelle réunion en 1975 permet d'acter l'annualité de ces rencontres et le principe d'une alternance entre la France et un pays africain pour l'accueil de la conférence. L'objectif de cet article est d'étudier l'évolution du Sommet entre sa première formule en 1973 et sa huitième édition en 1981. Les réflexions de l'exécutif français sur la définition du sommet, sur son élargissement à de nouveaux membres et sur son degré d'institutionnalisation, permettent de saisir l'évolution des objectifs de la politique de la France en Afrique en lien avec le contexte international et national.

L'article rend compte du livre Nous n'oublierons pas les poings levés, d'Anne Mathieu analysant le positionnement des journalistes et des reporters antifascistes en France pendant la guerre d'Espagne. La chercheuse a aussi développé un site internet (https://reporters-et-cie.guerredespagne.fr) qui devra référencer une grande partie des 6 718 articles recensés pour son enquête.