Contenu du sommaire : Des écoles pour le Sud. Stratégies sociales, politiques étatiques et interventions du Nord
Revue | Autrepart |
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Numéro | no 17, 2001 |
Titre du numéro | Des écoles pour le Sud. Stratégies sociales, politiques étatiques et interventions du Nord |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Des écoles pour le Sud. Stratégies sociales, politiques étatiques et interventions du Nord
- Éditeur scientifique : Marie-France Lange- Dynamiques scolaires contemporaines au Sud - Marie-France Lange p. 5
- La trajectoire éducative du Viêt-Nam depuis 1945. Logiques politiques et logiques sociales - Jean-Yves Martin p. 13 Le caractère exceptionnel du développement de la scolarisation au Viêtnam justifie que l'on l'interroge autant sur les ressorts politiques et sociaux qui ont joué historiquement en sa faveur que sur la réalité qu'il recouvre, en particulier dans la période contemporaine. L'article aborde l'héritage scolaire de la colonisation, héritage déterminant quant à la naissance de fortes aspirations éducatives dans la société vietnamienne. Puis il rend compte de la mise en place, dans le Vietnam du Nord et jusqu'à la fin de la guerre américaine, de la maîtrise nationale d'une transmission généralisée des savoirs, puis, une fois la paix revenue, des défis qu'a dû affronter la politique éducative : l'unification des systèmes scolaires, la crise économique et surtout les transformations sociales issues de la politique de libéralisation.The development of education in Vietnam since 1945 : political and social logics
The outstanding development of schooling in Vietnam justifies examining the political and social mechanisms which have historically comforted it as well as the reality it covers, particularly in the contemporary period. Here we first examine the education system inherited from the colonial period, a legacy which gave birth to high educational aspirations in the Vietnamese society. The article then reviews the establishment of national control over a generalised transmission of knowledge in North Viêtnam until the end of the American War. After the establishment of peace, the national education policy had to face new challenges : the unification of school systems, the economic crisis and, most importantly, the social transformations arising from libéralisation policy. - Systèmes d'enseignement décentralisés dans l'éducation sénégalaise, burkinabé et malienne - Jean-Emile Charlier et Jean-François Pierrard p. 29 La décentralisation des systèmes d'enseignement dans les pays du Sud est promue explicitement depuis le début des années quatre-vingt-dix par les grandes instances financières internationales telles que la Banque mondiale et le FMI. Suivant la logique libérale qui caractérise ces organisations, il est demandé aux États d'entamer un processus de « dégonflement » ou de « débureaucratisation » en transférant aux « localisés » des compétences en matière de gestion publique. Il s'agit entre autres choses de « responsabiliser » la base pour la transformer en « base citoyenne ». Cette recommandation aux apparences nobles que viennent créditer les tenants de l'école de la New Public Management ou Nouvelle Gestion publique n'est pas sans poser de problèmes dont on voit mal a priori comment la base, c'est-à-dire aussi les plus faibles économiquement, politiquement et culturellement, pourra les surmonter.En outre, et c'est un phénomène nouveau, le discours en faveur de la décentralisation semble faire l'unanimité pour la majorité des acteurs du développement d'habitude éloignés des thèses libérales. Ainsi, le processus décentralisateur profite d'un consensus inhabituel qui n'est jusqu'ici pas remis en question. Pire, la décentralisation apparaît être un processus topdown qui ne suscite aucun débat démocratique. Elle est imposée d'en haut et s'organise progressivement ; ce qui la rend paradoxale eu égard à l'objectif de « responsabilisation citoyenne » dont elle veut être l'instrument.Decentralised teaching systems : analysis of the discourses and stakes in education in Senegal, Burkina Faso, and MaliSince the beginning of the 1990s, the major international funding agencies, such as the World Bank and the International Monetary Fund (IMF), have been promoting the decentralisation of teaching systems in Southern countries. In keeping with the general logics which characterises these organisations, the states were asked to introduce down-sizing and to reduce their bureaucratic structures by transferring public management responsibilities to local representatives and, at the same time, encouraging the local offices to take more « responsibility » in order to create « grass-roots citizenship ». Despite the noble appearance of this proposai, backed up by the supporters of the school of New Public Management, its introduction creates problems which do not seem likely to be easily overcome by the weakest economically, politically and culturally sections of the population. In addition, and this is a new phenomenon, the views in favour of decentralisation appear to have received unanimous acceptance from the majority of development players, who usually give such liberal ideas a wide berth. Thus the process of decentralisation benefïts from an unusual consensus which is yet unchallenged. Of greater concern is the fact that decentralisation seems to be a top down process, rousing no democratie debate. Its introduction is imposed from the top and organised progressively, making it para-doxical with regard to the objective of « making the citizen responsible », of which it means to be the instrument.
- Globalisation et exclusion : deux éléments des politiques nationales d'éducation supérieure au Mexique - Lorenza Villa Lever p. 49 Les politiques nationales relatives à l'éducation supérieure au Mexique sont inscrites dans le cadre des transformations globales où l'acquisition des connaissances implique la possibilité d'être inclus ou celle d'être exclu des évolutions sociales, économiques ou politiques. Les processus de globalisation et d'intégration régionale (Alena) représentent pour le Mexique un double défi, exprimé parmi d'autres domaines, dans les transformations du capital humain qu'ils entraînent, tant dans le domaine de l'emploi, que dans celui du champ scolaire. La création en 1991 des « universités technologiques » (UT) inspirées des instituts universitaires de technologie (IUT) français s'insère au sein d'une stratégie de l'État dont l'objectif est, d'une part, de répondre aux transformations technologiques et aux nouveaux besoins du marché de travail et, d'autre part, de répondre à la demande en éducation, sans cesse en progression.Globalisation and exclusion : two elements of the national higher education policies in Mexico
National higher education policies in Mexico are being developed in the context of global change, where access to the acquisition of knowledge can contribute to inclusion in – or exclusion from – the evolution of the social, economic and political environment. Mexico is now facing a double challenge from globalisation and regional integration (Alena), expressed among other fields, in the human capital changes they bring about in the field of employment as well as schooling. The creation of « technological universities » in 1991, based on the French system of University Institutes of Technology (IUT), is part of the government's strategy to cope with technological change and the new requirements of the labour market, as well as to respond to the ever growing demand for education. - L'éducation en République populaire de Chine entre contrôle étatique et économie de marché - Christine Nguyen Tri p. 69 Depuis le début des années quatre-vingt, la RPC s'est engagée dans un programme de réformes doublé d'une politique d'ouverture avec l'espoir de réussir enfin à se sortir du sous-développement. Si cette politique a été maintenue dans ses grandes lignes, elle n'a pas manqué de se heurter à de nombreuses difficultés et de connaître quelques aléas. Pour ce qui est de l'éducation, elle s'inscrivait dans l'urgence puisque le succès des réformes reposait en grande partie sur elle. Elle a dû, elle aussi, se plier aux lois de l'« économie de marché socialiste à la chinoise », et on est passé de la commercialisation du secteur public à l'encouragement d'établissements privés à tous les niveaux de l'éducation. À travers quelques exemples, cet article montre une situation particulièrement complexe, où il est parfois difficile de faire la part entre privé et public car, si l'État communiste se désengage financièrement, il entend bien maintenir son ferme contrôle de l'éducation.Education in the People's Republic of China between state control and market economy
Since the early 1990s, the People's Republic of China (PRC) has introduced a programme of reform coupled with a policy of liberalisation, in the hope of finally extricating China from under-development. While remaining unchanged along its main lines, this policy has faced a number of diffïculties and suffered some set-backs. The education policy was a matter of emergency, since the success of the reforms was largely based on its implementation. The education policy too has had to adapt to the laws governing the Chinese socialist market economy, and the commercialisation of the public sector was soon followed by encouragements to private schools at all the levels of education. Through a number of examples, this article shows how complex the situation is, and how difficult it is to draw the line between public and private fields of intervention since, although withdrawing financially, the Communist government intends to maintain a strict control over education. - Education et démocratisation en Afrique du Sud : le nouveau système éducatif unique et décentralisé face à la reproduction des inégalités - Ingrid Bamberg p. 91 En 1995, les dix-neuf départements d'éducation existant sous l'apartheid ont laissé place à un système éducatif national unique, décentralisé et, en principe, démocratique. Cependant, au niveau local, les réalités éducatives sont encore souvent celles du passé. En effet, la ségrégation demeure une composante du paysage sud-africain et le domaine scolaire n'échappe pas à cet état de fait. L'ancienne organisation de l'espace urbain, encore fortement marquée par l'apartheid, la relation entre la communauté scolaire et le comité de gestion de l'établissement scolaire, notamment dans les anciennes écoles blanches, sont autant d'éléments peu propices à une déségrégation et une démocratisation effectives du système éducatif sud-africain.Education and democracy in South Africa: the new single decentralised education system facing the reproduction of inequalitiesIn 1995, the 19 education departments existing during the apartheid era were transformed into a unique, decentralised, and apparently democratic national education system. However, at the local level, educational realities remain unchanged. In fact, segregation is still part of the South African landscape and does not save the educational sphere. The old urban structure, which is still in place, and the relationship between the school community and the school governing body, particularly in former white schools, are some inauspicious elements to effective desegregation and democratisation in the South-African educational system.
- Le financement européen de l'éducation en Méditerranée : une analyse comparative des flux bilatéraux et multilatéraux - Clotilde Boutrolle et Emmanuelle Moustier p. 111 La mise en place d'un programme de coopération économique et sociale entre le nord et le sud de la Méditerranée a dynamisé les flux d'aide européens en direction des pays tiers méditerranéens (PTM). Cette aide concerne aussi bien les accords bilatéraux entre les pays que les projets financés par l'Union européenne tout au long des quatre protocoles financiers (1978-1996) et du programme Meda (1996-1999).La dimension de l'éducation n'est pas en reste, puisqu'elle concerne près de 15% des fonds alloués pendant le programme Meda et près de 10% de l'aide bilatérale depuis 1978. Mais la répartition des projets aussi bien dans le temps que dans l'espace est très hétérogène. Israël et l'Égypte bénéficient de la très grande majorité des fonds engagés, alors que certains pays comme l'Algérie ou Chypre ne reçoivent pratiquement rien. Les critères d'attribution de l'aide en éducation ne recherchent pas l'homogénéisation des situations éducatives au sud de la Méditerranée, mais plutôt la création d'un noyau très fortement éduqué qui dynamiserait par vagues successives l'ensemble de la région. La conséquence de cette logique est que l'on assiste à une divergence des situations éducatives, avec des pays très fortement éduqués (Israël, Chypre et dans une moindre mesure la Jordanie et la Turquie) et d'autres qui n'arrivent même pas à donner une éducation de base à l'ensemble de leur population (Maroc, Algérie).Cependant, la logique de l'aide en matière d'éducation semble évoluer ces dernières années avec des projets qui sont suivis plus régulièrement et qui cherchent davantage à renforcer l'enseignement de base.European finance for education in the Mediterranean Basin: a comparative analysis of bilateral and multilateral funds. The creation of an economic and social cooperation programme between the countries along the northern and southern coasts of the Mediterranean led to a dramatic rise in European aid to Mediterranean countries. This aid was generated by bilateral agreements between countries and by projects financed by the European Union via four funding protocols (1978-1996) and the MEDA Programme (1996-1999). Education was not neglected, receiving nearly 15% of the sums allocated under the MEDA Programme and nearly 10% of the bilateral aid since 1978. But the distribution of the projects has been very heterogeneous, both in terms of time and space. Israel and Egypt did benefit from a substantial proportion of the financing available, while other countries, such as Algeria and Cyprus, received almost none. The criteria used to allocate the funds to education did not seek to homogenise the educational systems in Southern Mediterranean countries, but rather to create a core of highly-educated people who would then stimulate the whole region, encouraging other projects in successive ripples. This concept led to very diversified situations with regard to education. Some countries are highly educated (Israel, Cyprus and, to a lesser extent, Jordan and Turkey), while others can barely provide their whole population with basic education (Morocco, Algeria). However, the logic for aid in education seems to have evolved over the recent years and led to the introduction of new projects followed-up on a more regular basis and more oriented toward reinforcing basic education.
- Partenariat Bailleur/Etat et communauté dans l'enseignement primaire dans le sud de Madagascar : les écoles à "contrat-programme" - Marie-Christine Deleigne p. 133 Depuis le milieu des années quatre-vingt, l'école primaire publique à Madagascar est en crise, tant du point de vue de la qualité de l'enseignement que de la fréquentation scolaire. Le projet « Education primaire », issu du partenariat entre le ministère de l'Éducation nationale et l'Unicef, tente depuis 1995 de remédier à cette crise en impliquant davantage les communautés. Ce projet a pour originalité d'établir des contrats(dina) avec la population, lesquels s'inspirent du système législatif coutumier local. Au terme de cinq innées d'existence, les résultats du projet sont limités. Une enquête socioanthropologique sur « l'enfance, l'éducation et la scolarisation » menée en 1999-2000 auprès de familles rurales de l'extrémité sud de l'île, a permis d'appréhender les stratégies et perceptions des communautés face au projet. Si l'implication de la communauté et l'intégration du contexte local participent au succès du projet en termes d'adhésion et d'appropriation par les populations, les dysfonctionnements observés résultent de l'absence même d'éléments intrinsèques au système législatif et juridique dont il s'inspire : la responsabilité de chacun des acteurs dans les dysfonctionnements observés semble découler de ce vide » juridique.Sponsor/State partnership and community for primary education : schools with a "contract-programme" ïn Southern Madagascar. Since the mid-1980s, the public primary school system in Madagascar has been in crisis, in terms of quality of teaching and of school attendance figures. Since 1995, the Ministry of National Education and Unicef have worked together to introduce the Primary Education project, which attempts to resolve this crisis by encouraging the involvement of communities. The originality of the project lies in establishing contracts (dina) between the State and the population, according to the principles of the local common law. After five years, the project has produced limied results. A socio-anthropological study on childhood, education and schooling » carried >ut in 1999-2000 among rural families at the louthern tip of the island allows to highlight lie stratégies and perceptions of the commulities with regard to the project. The involvenent of the community and emphasis on the ocal context were key-factors in the success of the project, in terms of its acceptance and appropriation by the population. However, oroblems arose from the absence of intrinsic clements in the legislative and legal structure on which the project was constructed : the responsibility of the various players in the problems which were observed seems to stem : rom this légal « void ».
- L'Éducation nationale au Brésil : la nouvelle loi de directives et de bases - Carlos Roberto Jamil Cury p. 155 L'article analyse les axes d'une nouvelle loi de l'éducation nationale du Brésil et les changements qu'elle détermine. Cette loi permet une très grande flexibilité dans le système et, en même temps, entraîne un processus d'évaluation de chaque niveau et de chaque étape de l'éducation. L'article aborde aussi le rôle de l'État, son devoir éducatif et l'organisation de l'enseignement au Brésil. Il s'interroge sur les contradictions et les ambiguïtés nées d'une loi ayant trait à l'Éducation nationale au sein d'un pays revendiquant le fédéralisme.The new law on directives and bases of the national education in Brazil
This article analyses the main lines of the new law on education in Brazil and the changes it leads to. The law permits greater flexibility in the system and at the same time entails an evaluation process at each level and at each stage of education programme. We also examine the role of the state, its duty to educate and the organisation of teaching in Brazil. We review the contradictions and the ambiguities arising from a legislation dealing with national education in a country claiming federalism. - Murs des écoles, école des murs en Afrique du Sud. Les institutions éducatives vues du dehors - Elisabeth Deliry-Antheaume p. 167 Les murs des écoles reflètent l'histoire de l'architecture scolaire locale. Les messages graffités, dessinés ou peints sur les murs témoignent des évolutions récentes de la société sud-africaine et nous parlent souvent du droit à l'éducation et du contexte dans lequel se déroulent les processus éducatifs. Comme le montrent plusieurs expériences originales (avec leurs photos), les murs sont aussi une école, voire une stratégie pédagogique alternative pour reconstruire l'individu et réconcilier une société divisée par des décennies de ségrégation.School walls, the school of walls in South Africa: how education institutions are seen from the outside School walls reflect local architectural story in educational establishments. Graffiti and mural art witness to the recent transformations in South African society and often draw attention to the right to education and to the environment in which education is offered. By reviewing a number of creative experiments (with photos), we see that the walls are themselves transformed into « schools » and provide an alternative form of teaching which can contribute to the healing as well as the reconstruction of a society undermined by decades of segregation.
Hors-texte
- p. 176-177Notes de lecture
- p. 183