Contenu du sommaire : Le logement, l'état et les pauvres dans les villes du tiers-monde
Revue | Villes en parallèle |
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Numéro | no 8, juin 1984 |
Titre du numéro | Le logement, l'état et les pauvres dans les villes du tiers-monde |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Villes de désespérance ? - Guy Burgel p. 5
- Le désengagement de l'État dans la ville égyptienne - Galila El Kadi p. 9 Depuis l'indépendance, en 1952, et en l'espace de vingt ans, l'Egypte a subi deux bouleversements profonds qui se sont répercutés sur les politiques foncières et immobilières poursuivies par l'Etat. Le passage d'une phase de capitalisme d'Etat, marquée par un interventionnisme important qui visait à maîtriser la gestion du sol urbain et rural et l'affectation du logement à une phase de libéralisme économique à outrance à partir de 1972, a donné naissance à des formes d'évolution que l'on pourrait qualifier d'anarchiques ; cette mutation entraîna un désengagement progressif de l'Etat dans le domaine de la production du logement social ; elle s'est également traduite par une attitude laxiste vis-à-vis de la spéculation foncière et de l'urbanisation incontrôlée des terres agricoles. Cette situation constitue une menace pour l'économie nationale dans son ensemble. Tout en prenant en compte les facteurs internes et externes à la formation sociale égyptienne et leur articulation, cette étude vise à mettre en évidence la relation dialectique existant entre l'évolution des rapports sociaux et la logique de l'intervention de l'Etat dans la production foncière et immobilière au cours des deux dernières décennies.Since Independence in 1952, and over a period of only twenty years, Egypt has undergone two major upheavals which have had important repercussions on the state's land and housing development policies. First there was a phase of state capitalism, with a considerable degree of interventionism which aimed to control the management and development of urban and rural land and of housing allocation. There followed a transition to a phase of extreme economic liberalism from 1972 onwards, and this has given rise to developments which could be called anarchic. This transformation has led to a progressive disengagement of the state from the field of public housing production. It has also found expression in a laxist attitude towards land speculation and the unrestricted urbanisation of agricultural land. This situation represents a threat to the national economy as a whole. In this study, all internal, and external factors are considered which are relevant to the social formation of Egypt and also the interrelations between these factors in order to bring out the dialectic relation between the changes in social relationships and the logic of the state's intervention in land and housing development during the last two decades.
- La démocratisation du logement en Algérie - discours et pratiques - Galila El Kadi p. 37 Une des principales faiblesses de l'Etat Algérien après l'indépendance est sa politique urbaine. La priorité accordée à l'industrie et au secteur énergétique (hydrocarbure) a relégué la question du logement au second plan. Cette étude qui fait la synthèse d'une dizaine de textes ayant abordé les différents aspects de la production foncière et immobilière en Algérie. Dans un pays où le sol est étatisé, et où le poids du secteur public demeure très important, l'Etat se présente comme le seul agent capable d'intervenir concrètement pour une véritable démocratisation du logement. Depuis quelques années, des mesures considérables ont été prises afin de juguler une crise qui commençait à affecter l'économie nationale dans son ensemble, mobilisation de l'épargne, crédits à la construction, impulsion donnée au mouvement coopératif, lotissements communaux, rénovation du parc vétusté... En dépit de tous ces efforts, les résultats atteints sont limités. On assiste à la naissance et au développement d'une spéculation foncière à travers des transactions illégales sur les lotissements publics et des formes de promotion immobilière privées de logements de haut standing : quant aux coopératives et les crédits à la construction, ils profitent essentiellement aux couches aisées de la population. La classe ouvrière n'a d'autres alternatives que de se loger dans les bidonvilles caractéristiques des zones industrielles. L'habitat «illégal» constitue encore aujourd'hui l'unique «solution» à la crise du logement. La crise du logement en Algérie est-elle la conséquence de l'émergence d'une classe sociale dominante dont l'enrichissement est basé sur l'accaparement de la rente ? Ou est-elle pour l'essentiel le résultat d'insuffisances techniques d'une mauvaise gestion qui provoquent blocages et retards dans la réalisation des programmes de l'Etat ?DEMOCRATISATION OF HOUSING IN ALGERIA OFFICIAL STATEMENT AND PRATICE One of the main weaknesses of the Algerian state since Independence is its urban policy. Priority has been given to industry and to the energy sector (petroleum industry) thus leaving the housing question in the background. This study is the synthesis of ten texts which deal with different aspects of land management and housing development in Algeria. In a country where the land is state-controlled and where the influence of the public sector is still very important the state emerges as the sole agent capable of intervening in any practical way to achieve true democratization of the housing question. For several years significant measures have been taken in order to combat a crisis which was beginning to affect the national economy as a whole : mobilisation of savings ; funds for construction ; incentives for cooperative movements ; communal housing projects ; renewal of dilapidated housing stock. All these efforts resulted in only limited success, however. We are now witnessing the emergence and development of land speculation through illegal transactions on the public housing settlements and the private forms of housing development, involving luxury housing. As for the cooperatives and the funds for construction, they are mainly of benefit to the well-off sectors of the population. The working-class has no alternative but to settle in the kind of slum which is so characteristic of industrial areas. «Unauthorized» housing is still today the only possible «solution» to the housing crisis. Is this housing crisis in Algeria the result of the emergence of a dominant social class whose accumulation strategy is based on the appropriation of land income, or is it basically the result of technical inadequacies and bad management which have caused hold-ups and delays in carrying out the state's programmes ?
- Qui deviendra propriétaire à Ciudad Guayana ? Une expérience de régularisation foncière au Vénézuela - Graciela Schneier p. 59 Ciudad Guayana a été créée par l'Etat Vénézuélien pour accueillir un important complexe sidérurgique. La «Coporacion Venezolana de Guayana» (C.V.G.), créée en 1960, se voit attribuer deux ensembles de fonctions : la promotion des activités industrielles et l'aménagement régional et urbain. La politique de recrutement de la main-d'œuvre pratiquée par les entreprises dans le courant des années 1970 provoque un très rapide accroissement de la population. Dans ce contexte, le type dominant de logement est le logement «auto-construit» sur terrains envahis ; l'habitat illégal est ainsi la conséquence directe de la stratégie industrielle de la C.V.G. qui parallèlement met en place, avec les entreprises de la zone, des filières légales, institutionnelles ou privées d'accès au sol et au logement réservées à certaines catégories de salariés. Cette politique se traduit par une forte ségrégation spatiale. Au début des années 1980, dans un contexte de récession économique, la C.V.G. lance un programme de régularisation foncière visant à «légaliser» les occupations illégales. Ce programme, qui ne parviendra pas à faire obstacle aux stratégies spéculatives d'acteurs privés, établit en fait une sélection parmi les occupants des zones envahies : l'attribution de parcelles aux salariés les mieux intégrés dans la marché du travail implique l'expulsion des catégories les plus démunies.WHO WILL BE HOME-OWNERS IN CIUADAD GUAYANA ? AN EXPERIMENT IN REGULARIZING LAND OWNERSHIP IN VENEZUELA Ciudad Guayana was created by the Venezuelan state to develop a major steel manufacturing complex. The «Corporation Venezolana de Guayana» (C.V.G.), created in 1960, has two basic functions : the promotion of industrial activity, and regional and urban development. The recruitement policy of companies in the 1970's led to a very rapid growth in population, and housing at this time was predominantly of the «self-help» type, in unauthorised areas. Unofficial housing was thus the direct consequence of the C.V.G. industrial strategy. At the same time they set up, with local companies, a series of legal procedures, both public and private, to provide land and housing but only certain categories of salaried workers. This housing policy led to a marked segregation of workers by area. At the beginning of the 1980's in a context of economic recession, the C.V.G. launched a programme of legalisation of tenure in illegal settlements. This programme, which creates no obstacle whatsoever to private speculation, in fact establishes a form of selection process amongst occupants of the unauthorised areas. By allocating plots to those salaried workers who are well integrated in the work market, it is likely that the lowest paid categories will find themselves excluded.
- L'action de l'État et le logement des pauvres au Brésil - Anamaria Montenegro p. 81 La logique et le mode de fonctionnement de la «Banque Nationale de l'Habitat» (B.N.H.) au Brésil au cours des deux dernières décennies permet d'analyser les relations qui se sont établies entre l'Etat et divers acteurs privés intervenant dans le processus de production foncière et immobilière. Le Système de Financement du Logement dans lequel la B.N.H. joue un rôle clé influe sur les formes d'occupation sociale de l'espace urbain et surburbain. Les ressources de la B.N.H. proviennent de l'épargne obligatoire. Or, les plus bas revenus qui sont les contributaires les plus nombreux se voient exclus des programmes de logements publics : la B.N.H. donne la priorité au recouvrement des coûts. La population à bas revenus n'a ainsi recours, pour se loger, qu'à des solutions non légales, en particulier l'achat d'une parcelle dans un lotissement clandestin. Tandis que l'Etat poursuit, dans le domaine foncier, une politique de laisser-faire privilégiant les revenus moyens et hauts, il intervient directement pour légaliser les lotissements clandestins, y induisant une hausse du prix du sol, perpétuant ainsi le processus de ségrégation spatiale ; les Autorités Locales font de même en usant de leur pouvoir discrétionnaire de légaliser ou non les lotissements clandestins. Pour les revenus moyens et bas qui sont exclus des programmes de la B.N.H. se développe ainsi, en marge du système officiel, un marché des terrains et des logements ayant sa propre logique de fonctionnement, ses circuits de financement parallèles et où convergent les intérêts des Pouvoirs Publics, des agents lotisseurs et des acheteurs ; mais les plus pauvres en sont exclus.STATE ACTIVITY AND HOUSING FOR THE POOR IN BRAZIL The operating practices of the «National Housing Bank» (B.N.H.) in Brazil over the last two decades make it possible to analyse relations that have developed between the state and various private agents who are involved in the different processes of land management and housing development. The housing finance system in which the B.N.H. plays a key role influences the social composition within settlements in urban and surburban areas. The B.N.H.'s funds derive from compulsory savings schemes. However, the lowest paid workers, who from the majority of contributors, find themselves exclued from the public housing programmes, as the priorities of the B.N.H. lie in recovering its costs. Thus for its housing, the low-income sector has no choice but to resort to illegal solutions, in particular the purchase of plots in unauthorized settlements. The state follows a laissez-faire policy in land management which favours the middle and upper income sectors, yet at the same time it intervenes directly to legalize the unauthorized housing areas, thus bringing about an increase in the price of land and perpetuating the segregation process. The local authorities do likewise by using their discretionary power to decide whether or not to legalize the unauthorized settlements. The result is that a land and housing market has developed for the middle-and lower-income sectors who are excluded from the B.N.H.'s programmes. This market has its own operating practices and parallel finance arrangements where the interests pf the authorities, the land developers and the buyers converge. The poorest, however, are exclued.
- Périphérie urbaine et intervention étatique à Mexico - Oscar Nunez G p. 97 Cette étude s'appuie sur des enquêtes effectuées dans dix-huit quartiers populaires de la périphérie de Mexico. Deux questions principales sont simultanément abordées : les stratégies des agents qui interviennent au cours du processus d'occupation, de distribution du sol et de la régularisation de la propriété ; les formes d'organisation des groupes sociaux et leur relation avec l'Etat. Deux catégories d'agents, dont le rôle est déterminant, peuvent être identifiées, en fonction du type de propriété du sol : d'une part les lotisseurs des terres fédérales et privées, d'autre part les commissaires éjidaux qui interviennent sur les terres éjidales et communales. Si les rapports entre occupants et lotisseurs varient d'un cas à l'autre, l'intervention explicite (régularisation) et implicite (tolérance) des Pouvoirs Publics concerne les deux cas. L'analyse de la nature, du rôle et de la logique de l'intervention de l'Etat, per¬ met de comprendre les enjeux que représentent le sol urbain et sa fonction comme moyen de régulation des rapports sociaux. Le laisser-faire apparent de l'Etat, masque une intervention indirecte qui vise à consacrer des formes organisationnelles fondées sur les rapports communautaires, ou gérées par des organisations créées par l'Etat, afin de prévenir une mobilisation populaire indépendante. La relation Etat-masse populaire semble bien constituer la variable explicative principale dans l'étude de la formation de tous les quartiers périphériques de Mexico.PERIPHERAL URBAN AREAS AND STATE INTERVENTION IN MEXICO CITY This study is based on surveys carried out in eighteen working-class suburbs on the outskirts of Mexico City. Two main topics were covered : firstly, the strategies of agents who intervened in the processes of land acquisition and allocation, and property régularisation, and secondly, the forms of organisation of social groups and their relationship with the state. Two types of agent can be identified, according to the type of land ownership and their role is a determining one. The first group are developers who are building on state and private land, and the second are the ejido commissioners who intervene in ejido and communal land. Although relations between occupants and developers vary according to cases, explicit intervention (regularization) and implicit intervention (tolerance) by the authorities is relevant in both cases. An analysis of the nature, role and logics of state intervention provides an understanding of the issues at stake in the question of urban land and its function as a means of regulating social relation. The state's apparent laissez-faire policy masks indirect intervention with which it is aiming to establish organisational formations based on community relationships or managed by state-appointed organizations, and thus avoid an independent mobilisation of the working-classes. It would seem that relations between the state and the masses constitute the main decisive, variable factor in the study of social formations in all the surburbs on the outskirts of Mexico City.
- La promotion immobilière dans l'agglomération de Mexico - 1960-1980 - Martha Schteingart p. 115 La naissance de la promotion immobilière privée au Mexique remonte aux années 1960. L'analyse d'un échantillon représentatif de 21 entreprises moyennes et grandes, de leur logique d'intervention entre 1960 et 1980, a mis en évidence la tendance à la consolidation des entreprises produisant de grands ensembles ; ces entreprises sont liées aux compagnies de construction les plus importantes et aux grands groupes financiers et industriels. Les entreprises de taille moyenne qui réalisent des lotissements • et dont l'accumulation dépend de la spéculation foncière • connaissent de grandes difficultés. Ces difficultés sont principalement dûes à la rareté de l'offre de terrains dans l'agglomération de Mexico, à l'épuisement des dernières réserves foncières, aux problèmes du crédit, à la pression fiscale. A partir de 1976, l'intervention de l'Etat se fait de plus en plus en faveur des grandes entreprises : expropriation et vente de terrains ejidales, apport du capital dévalorisé qui sert à l'accumulation dans le secteur de la promotion privée, réduction des programmes de logements sociaux. Alors qu'entre 1963 et 1975 les huit organismes de promotion publique avaient assuré la production de 80 % des logements, seuls trois organismes interviennent en 1976, avec une production très réduite. Le secteur privé, appuyé par le capital dévalorisé de l'Etat prend ainsi largement le pas sur la promotion publique. Les couches à bas revenus se voient en conséquences écartées de l'accès au sol et au logement urbain. La récente nationalisation des banques privées permettra-t-elle à l'Etat d'agir en faveur des plus démunis ?HOUSING DEVELOPMENT IN MEXICO CITY (1960-1980) The emergence of a private sector in housing development in Mexico City dates back to the 1960's. A representative sample of twenty-one medium and large-sized companies was taken and their methods of intervention between 1960 and 1980 were analysed. This revealed a tendency for those companies involved in major housing development schemes to consolidate. These companies were associated with the major construction firms and large finance and industrial groups. The medium-sized companies, which are involved in housing estates, depend on land speculation to accumulate capital. They experienced major difficulties, due mainly to the scarcity of land for development, credit squeeze and tax pressures. Since 1976 state intervention has more and more frenquently been in favour of the large firms and has included the compulsory purchase and sale of ejido land, bringing in depreciating capital which is used for accumulation in the private development sector, and reducing development programmes in the public housing sector. Between 1963 and 1975 the eight public land development bodies were involved in the production of 80 % of housing ; in 1976 however, only three bodies were involved, and with a very much reduced output. Thus the private sector, with the support of depreciated state capital has largely overtaken the public sector in housing development. As a result, the low-income groups find that they have no opportunity to acquire land and housing. Perhaps the recent nationalization of the private banks will enable the state to intervene on belhalf of the poorest groups.
- L'appropriation du sol à Bangkok et à Colombo - Alain Durand-Lasserve p. 129
- La politique du logement pour les bas revenus à Lusaka, Zambie - Carole Rakodi p. 155 Au lendemain de l'indépendance, l'Etat Zambien prend conscience que les programmes publics de logement, trop coûteux, ne peuvent répondre à la demande provenant des couches à bas revenus. Cette situation provoque, à Lusaka, une augmentation de la population de squatters. En 1974-1975, l'Etat entreprend une réforme foncière radicale (nationalisation des terres vacantes) et un important programme d'amélioration de l'habitat. L'analyse de la politique du logement est révélatrice des rapports qui existent entre les pauvres et l'Etat. Les interventions de l'Etat sont ici analysées par référence au cadre théorique mis en évidence par R. Burgess, qui met l'accent sur les fonctions économiques et sociales assignées aux diverses formes -capitalistes et petites marchandes -de production du logement. L'une des principales fonctions identifiée, celle de la valorisation du capital et du sol, soulève plusieurs questions : la légalisation de la tenure qui accompagne les programmes d'amélioration du logement ne facilite-t-elle pas la pénétration des relations marchandes au niveau foncier ? Un contrôle monopoliste de la production du logement ne s'exerce-t-il pas par le biais de la production de matériaux de construction ? L'accroissement des prêts publics pour la construction de logement permet-elle de se soustraire à la dépendance du capital étranger ? La politique du logement vise, à un autre niveau, à maintenir l'ordre social et à légitimer l'Etat, en intégrant et en contrôlant la population de squatters. Une analyse plus poussée des limites structurelles des interventions étatiques dans le domaine du logement est à faire, compte tenu de la persistance du mode de production capitaliste.HOUSING POLICIES FOR THE URBAN POOR IN LUSAKA, ZAMBIA After Independence in Zambia, the state realised that public housing projects were too costly and did not meet the needs of the low-income groups. In Lusaka this resulted in an increase in the squatter population. In 1974-75 the state embarked on a policy of radical land reform (nationalisation of all vacant and undeveloped land) and a major housing upgrading project. In this analysis of the housing policy, relations between the poor and the state are revealed. State intervention is analysed with reference to the theoretical outline proposed by R. Burgess. He stresses the economic and social functions of the capitalist and petty commodity modes of production. One of the main functions to be identified, that of the valorization of capital and land, raises several questions : does not the legalisation of tenure which accompanies these housing upgrading projects facilitate the penetration of merchant relations into the question of land development ? Does not a monopoly control of the housing production develop via control of the production of building materials ? Does an increase in public loans for housing construction mean that dependence on foreign capital can be avoided ? On another level the housing policy aims to maintain the social order and to legitimize the state by incorporating and thus controlling the squatters. A more in-depth analysis needs to be done of the structural limits of state intervention in housing, taking into account the persistance of the capitalist mode of production.
- État, Ville et droit foncier en Afrique noire francophone - Etienne Le Roy p. 173 L'Etat, la Ville et le Foncier sont originellement des concepts juridiques qui ont subi en Occident une double mutation, avec le Droit romain puis avec l'école du Droit naturel et la Révolution française. Lorsqu'ils sont introduits en Afrique noire, avec la colonisation, ils prétendent concrétiser des institutions nouvelles toutes construites sur le même modèle unitariste : par réduction de la diversité des formes du social à l'unité imposée du concept. Cependant ce transfert n'a pas eu toutes les conséquences recherchées et diverses illusions doivent être dissipées : on a transféré une formule et non son mode d'emploi, on a cru intervenir sur un espace «vide» alors qu'il était occupé par d'autres représentations du pouvoir et d'autres pratiques spatiales. De ce fait, on a été débordé par des pratiques contradictoires et des chocs en retour qui expriment la fînitude du transfert des modèles occidentaux, la vanité d'une organisation volontariste de la ville, etc. Mais, derrière le discours «technicien» sur la ville, 0 faut deviner un texte fondateur qui justifie la légitimité de l'Etat et sa mission de contrôle de la force de travail et des populations. L'enjeu urbain et foncier apparaît alors clairement : politique et non technique.FRENCH-SPEAKING BLACK AFRICA, THE TOWN AND LAND LAW The state, the town and the land were originally legal concepts which have undergone a double transformation in the West, under Roman law, and then with the school of natural law and the French Revolution. When these concepts were introduced into black Africa with colonisation it was intended that they should lay the foundations for new institutions, built according to the same unitarian model : by restricting the diversity of forms of the «social» concept to the unity required by the new concept. However, this transfer did not achieve all the desired results and many illusions had to be dispelled. A formula had been transposed, but not the means of putting it into practice. It had been thought that an «empty» space was being entered, but instead it was found to be already occupied by other representations of power and other practices. Thus the situation became excessively confusing, with contradictory practices and backlash which was an expression of the finite nature of the transfer of western models, the vanity of a voluntarist organisation of the town, etc. However, behind the «technical» words spoken on the town, there lies a more fundamental meaning which justifies the state's legitimacy and its mission to control the labour force and the people. What is at stake in the question of the town and the land thus becomes clear : it is a political and not a technical matter.