Contenu du sommaire : Aborder la violence collective : Méthodes et perceptions

Revue L'Europe en formation Mir@bel
Numéro no 357, juillet 2010
Titre du numéro Aborder la violence collective : Méthodes et perceptions
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier : Aborder la violence collective : Méthodes et perceptions

    • Introduction - Tobias Bütow, Michaela Christ, Christian Gudehus p. 3-12 accès libre
    • Corps suspects : De la construction d'un corps juif et aryen dans les pratiques violentes lors de la persécution national-socialiste des Juifs - Michaela Christ, Christian Roy. p. 13-28 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans presque tout processus violent de longue durée, il se développe des formes spécifiques de violence, dans lesquelles se concentrent des éléments centraux, des images, des conceptions morales et normatives propres aux exécuteurs de la violence. La contribution qui suit montre à l'exemple de la persécution national-socialiste des Juifs comment certaines formes de violence se développent et quelles fonctions ces pratiques remplissent. Il expose comment, durant la Seconde Guerre mondiale et partout en Europe, des Allemands ont mis en pratique l'idéologie national-socialiste de la distinction entre un corps aryen et un corps juif à travers des actes de violence. Le texte retrace la manière dont les victimes ont réagi à ces actes et avance, pour finir, qu'aussi bien du côté des acteurs que de celui des victimes, ainsi que dans leur interaction, à travers le fait de les attribuer ou de se les approprier, des corps juifs et aryens sont produits, non pas d'un point de vue biologique, mais social.
      Almost every violent process leads to specific forms of violence. These are formed by the perpetrators' central images, ideological, moral and normative conceptions. Focusing on the national socialist persecution of Jews this contribution explores how certain violent practices are developed and what impact they have on social relations and differentiations. The article highlights how Germans throughout World War II and all over Europe transformed ideology-driven body imaginations of Jews and Aryans into violent actions. Moreover, it shows the victims' reactions to these repressive practices. Finally, it is argued that the interaction between victims and perpetrators, an interplay of attribution and adoption, facilitated the making of Jewish and Aryan bodies. Both were not manufactured in biological, but in social regard.
    • Work, Violence and Cruelty : An Everyday Historical Perspective on Perpetrators in Nazi Concentration Camps - Elissa Mailänder Koslov p. 29-51 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article étudie, dans une perspective d'histoire du quotidien, les actes de violence individuels commis par le personnel SS masculin et féminin au camp de concentration et d'extermination de Majdanek (1941-1944), dans la Pologne occupée. Il donne un aperçu de trois formes exemplaires de la violence concentrationnaire et génocidaire – l'extermination, les mauvais traitements physiques et la cruauté – et s'interroge sur le contexte situationnel, les dynamiques sociales et les significations culturelles en termes de culture et société du quotidien, dans le camp de concentration. La première partie analyse la violence génocidaire « officielle », montrant comment le chef du crématorium de Majdanek, Erich Muhsfeldt, a conçu l'extermination comme un « travail » quotidien. La compréhension de l'extermination comme un travail quotidien a constitué un cadre normalisant ou légitimisant, et motivant pour la réalisation de ces tâches, et a formé la base de cette « éthique de travail ». La deuxième partie se concentre sur les actes de violence individuels et non officiels, en plaçant les formes les plus fréquentes de violence utilisées par les gardiens dans un contexte microsocial. Ceci montre le caractère communicatif de ces violences. La troisième partie éclaire les pratiques de violence qui semblent les plus incompréhensibles, en raison de leur « surplus » de violence : un type de cruauté qui, quand il est vu dans la perspective de ses auteurs, apparaît comme une forme d'autoapprentissage qui permet de se construire et de s'assumer. Cet article considère que la violence physique qu'exercèrent de façon quotidienne les équipes SS subalternes dans les camps nazis n'était pas ordonnée d'en haut, mais était plutôt le fait d'une appropriation d'un contexte de travail et de vie par les acteurs sur le terrain. De même, la violence quotidienne ne tourne pas seulement autour de la relation entre auteurs et victimes, mais d'abord et surtout autour des relations complexes à l'intérieur de la « société » des auteurs de violences. L'article considère finalement que la cruauté était considérée comme une importante représentation de soi-même.
      This paper examines individual violent acts of female and male SS-personnel at the concentration and extermination camp Majdanek (1941-1944) in occupied Poland in a history of everyday live-perspective. It provides insight into three different exemplary forms of concentrational and genocidal violence – extermination, physical ill-treatment and cruelty – interrogating the situational context, social dynamics and cultural meaning in terms of the everyday culture and society of the concentration camp. The first part analyzes “official” genocidal violence, showing how the head of the Majdanek crematorium, Erich Muhsfeldt, conceived extermination as day-to-day “work.” This understanding of extermination as everyday work constituted a normalizing or legitimizing and motivating frame for his tasks and formed the basis of his “work ethic.” The second part focuses on individual and unofficial acts of violence placing the guards' most frequent forms of violence in a microsocial context. This shows the communicative character of these violences. The third part illuminates practices of violence that seem the most incomprehensible, because of their “surplus” of violence: a type of cruelty which, when seen from the perpetrator's perspective, appears as a constructive and empowering form of self-cultivation. The article argues that the physical violence which the subaltern SS-staff daily exercised in the Nazi camps was not so much ordered from above but rather an appropriation of the work and living context by actors on the ground. Also, daily violence revolved not only around the perpetrator-victim relation but first and foremost around the complex relations within the perpetrators' “society.” It finally states that cruelty figured as an important performance of the self.
    • La violence, terra incognita pour la compréhension ? : Réflexions sur les perspectives et les limites d'une « description dense » - Claudia Weber, Christian Roy p. 53-73 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En 1996, le sociologue allemand Trutz von Trotha publiait un article remarquable au sujet de la recherche sur la violence, dans lequel il critiquait l'approche de la sociologie traditionnelle fondée sur les causes de la violence et qui omettait le phénomène lui-même. Afin de comprendre la manière dont la violence affecte les personnes et les relations sociales, von Trotha recommande un changement analytique de perspective, de la question du « pourquoi » les personnes deviennent violentes à l'analyse du « comment » la violence fonctionne. Il adopte la « description dense » proposée par Clifford Geertz comme méthode appropriée pour analyser la violence.L'article de von Trotha a inspiré la recherche historique qui suit consciemment une perspective micro-historique de l'action violente. Le souhait sous-jacent et le plus souvent tu concernant ces travaux, comme d'ailleurs pour presque tous les travaux dans ce domaine, est de pouvoir expliquer comment la dynamique de la violence change des personnes en tueurs de masses. Cet article affirme que, malgré l'aperçu qui peut être proposé par une « description dense », cette question reste sans réponse. Utilisant l'exemple des massacres de masse de Katyn, l'auteur critique les réalisations heuristiques ainsi que les limites de cette approche méthodologique sur la violence de masse. Katyn est un exemple hantant en raison de la planification précise et de la réalisation technique de ce massacre de masse. En juin 1940, le NKVD soviétique a exécuté environ 14 700 prisonniers de guerre polonais qui avaient été capturés par l'Armée rouge en septembre 1939. En appliquant la méthode de la « description dense » de Geertz, cet article décrit l'histoire de Katyn depuis le transport des prisonniers jusqu'à leur exécution. Il expose comment la violence fonctionne et comment se comportent les individus dans des situations de violence extrême. Cependant, malgré toute la capacité explicative de cette méthode, l'article considère que la violence demeure une terra incognita pour la compréhension.
      In 1996, the German sociologist Trutz von Trotha published a remarkable article on the research on violence in which he criticises that traditional sociology on the causes of violence bypasses the phenomenon itself. In order to understand what violence does to people and their social relations, von Je calls for an analytical shift from the question of “why” people become violent to an analysis of “how” violence works. He adopts Clifford Geertz' “thick description” as an adequate method to analyse violence. Von Trotha's article has inspired historical research that consciously followed a microhistorical perspective on the violent act. The underlying and mostly unspoken promise of these works, like that of almost every work on the topic, is to explain how the dynamics of violence turn people into mass murderers. My article argues that in spite of the insight a “thick description” offers, this question remains unanswered. Using the example of the Katyn mass killing, I discuss heuristic achievements as well as limits of this methodological approach on mass violence. Katyn is a haunting example for a precisely planned and technically performed mass killing. In spring 1940, the Soviet NKVD executed some 14,700 Polish prisoners of war who had been captured by the Red Army in September 1939. Applying Geertz' “thick description”, my paper describes the history of Katyn from the transport of the prisoners to the execution. The article demonstrates how violence works and how people behave in situations of extreme violence. However, despite all the explanatory power of the method, it argues that violence remains a “terra incognita of understanding”.
    • Rethinking Modern Ethnic Nationalism : Paramilitary Groups, Collective Violence and the Ethnicisation of the Balkan societies in the 1990s - Bodo Weber p. 75-90 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'éclatement violent de la Yougoslavie et des guerres des Balkans des années 1990 figure le début d'une nouvelle ère marquée par la montée générale d'idéologies collectives (ethniques, religieuses), et de nouvelles formes de conflits violents. Dans cet article, l'auteur cherche à contribuer à la compréhension de ces phénomènes. Il analyse les processus violents d'ethnicisation dans les sociétés post-yougoslaves, les abordant à partir d'une forme particulière d'acteurs violents : les groupes paramilitaires.L'auteur examine les études qui analysent les groupes paramilitaires dans les Balkans à partir de la perspective du choix rationnel. En outre, il s'efforce d'étudier comment une politique qui a utilisé à dessein des éléments criminels comme moyen de réalisation « d'États/territoires ethniquement purs », a conduit à la criminalisation involontaire des structures étatiques (nouvellement) établies et de leurs institutions. L'utilisation de ces moyens spécifiques a déclenché des dynamiques qui ont en conséquence menacé les objectifs politiques. Sur base de ces observations, l'auteur identifie les processus d'ethnicisation violente qui ont eu lieu dans les Balkans dans les années 1990, comme une dynamique régressive et parallèle d'intégration sociale (via l'homogénéisation ethnique) et d'(auto-)destruction sociale profonde.
      The violent breakdown of Yugoslavia and the Balkan wars of the 1990s signalled the beginning of a new era marked by the global rise of collective (ethnic, religious) ideologies and of new forms of violent conflicts. With his article, Bodo Weber aims to contribute to an understanding of this development. He analyzes the violent ethnicisation processes in the post-Yugoslav societies, approaching them from a distinct form of violent actors – paramilitary groups. Weber discusses studies that analyze paramilitary groups in the Balkans from a rational-choice perspective. Moreover, he strives to explore that a policy purposefully using criminal elements as a means to realize the aim of creating ‘ethnically pure territory/states' led to the criminalisation of these (newly) established state structures and their institutions. The use of theses specific means unleashed dynamics that, as a consequence, threatened the political goals. On the basis of these observations, Weber identifies the violent ethnicisation processes that took place in the Balkans in the 1990s as a parallel, regressive dynamic of social integration (via ethnic homogenisation) and of deep social (self-)destruction.
    • The Destruction of Faces in Rwanda 1994 : Mutilation as a Mirror of Racial Ideologies - Karen Krüger p. 91-105 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En 1994, la société rwandaise était pluraliste. Sa population était constituée de trois groupes : Hutu, Tutsi et Twa. Lorsqu'on étudie le génocide rwandais, et en particulier les actes de violence, la dimension ethnique de la violence se révèle par la façon dont les corps furent abîmés ou détruits. Des parties de corps étaient systématiquement mutilées, comme métaphores de certaines valeurs de la culture corporelle rwandaise. La dimension ethnique de ces actes de violence révèle beaucoup sur le contexte du conflit, la longue durée des catégorisations coloniales – établies par les Européens – et les allégations qui firent apparaître les Tutsi comme un danger potentiel.
      The Rwandan society in 1994 was pluralistic. Its population consisted of the three groups of Hutu, Tutsi and Twa. When studying the genocide in Rwanda and the violent acts in particular, the ethnic dimension of violence is revealed in the way bodies were injured or destroyed. Body parts were systematically mutilated so as to serve as metaphors for certain values within the Rwandan body culture. The ethnic dimension of the violent acts reveals much about the background of the conflict, the longue durée of colonial categorizations – established by Europeans – and the allegations which made the Tutsi appear as a potential danger.
    • Distancing Personal Experiences from the Collective : Discursive Tactics among Youth in Post-War Mostar - Monika Palmberger p. 107-124 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article étudie les façons par lesquelles les jeunes de Mostar positionnent leur vie en relation au passé, en particulier à la guerre qui eut lieu en Bosnie-Herzégovine entre 1992 et 1995. Il montre que les jeunes de Mostar emploient des tactiques discursives sélectives pour détacher leur vie des expériences de leur nation en ce qui concerne la guerre et son héritage. Ce phénomène ne peut pas simplement s'expliquer par référence à l'ignorance de la jeunesse de Mostar, mais se doit d'être contextualisé dans l'environnement social plus large de la génération en question. Cet article suggère que, même si les historiographies sont fortement nationalisées dans la Bosnie Herzégovine d'après-guerre, il ne faut pas occulter l'importance des identités autres que les identités nationales dans la compréhension des pratiques mnémoniques.
      This paper analyses ways young people in Mostar position their lives in relation to the past, particularly to the war that was fought in Bosnia and Herzegovina between 1992 and 1995. It reveals that youths in Mostar employ selected discursive tactics to disentangle their lives from experiences of their nation regarding war and its legacy. This phenomenon cannot be explained by simply referring to the ignorance of youth in Mostar but needs to be contextualised in the wider social environment of the generation in question. The paper proposes that even when historiographies are strongly nationalised in post-war Bosnia and Herzegovina we should not overlook the significance of identities other than national identities in understanding mnemonic practices.
    • Deifying the Defeated : Commemorating Bleiburg since 1990 - Vjeran Pavlakovic p. 125-147 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Contrairement au reste de l'Europe orientale après 1989, la transition post-communiste de la Croatie et des autres anciennes républiques yougoslaves s'est accompagnée d'un conflit ethnique violent et de la désintégration de l'État commun. L'effondrement du pouvoir communiste signifia la disparition du monopole sur l'Histoire, et fit émerger des narrations plurielles en supprimant les mémoires collectives, en particulier en ce qui concerne la seconde guerre mondiale et la répression communiste qui la suivit. En Croatie, ceci s'exprima principalement par la réhabilitation du régime oustachi, politisée par la droite radicale et essentiellement tolérée par le gouvernement. En 1989 et 1990, la société croate eut pour la première fois la possibilité de parler librement des morts du camp qui avait perdu la guerre et de les commémorer, alors que cela avait été auparavant un sujet tabou dans la Yougoslavie titiste. La droite radicale chercha à s'attirer des soutiens en associant les victimes du communisme avec les nouvelles victimes de la guerre contre la Serbie de Milosevic et les Serbes locaux rebellés et contre l'État croate. Ces forces politiques soutenaient une identité croate basée sur la victimisation. Les commémorations dans les lieux de mémoire, comme à Bleiburg, constituaient des rituels publics avec des objectifs politiques spécifiques. Ces commémorations continuent à jouer le rôle de plate-forme pour les nationalistes, et les rituels du souvenir des victimes communistes constituent une stratégie politique qui estompe la distance entre le passé et les plus récents souvenirs et histoires de la guerre d'indépendance de la Croatie (1991-1995). Cet article étudie les changements de signification et l'instrumentalisation de la commémoration de Bleiburg de 1990 à 2009.
      Unlike the rest of Eastern Europe after 1989, Croatia's and the other former Yugoslav republics' transition from communism was accompanied by a brutal ethnic conflict and a disintegration of the common state. The collapse of communist rule also meant the disappearance of the monopoly over history, resulting in the emergence of a plurality of narratives and suppressed collective memories, especially regarding World War Two and the post-war communist repression. In Croatia, this was primarily expressed by a rehabilitation of the Ustasa regime, which was politicized by the radical right and essentially tolerated by the government. In 1989 and 1990, Croatian society for the first time was able to openly talk about and commemorate the dead from the losing side of the war, previously a taboo theme in Tito's Yugoslavia. The radical right attempted to mobilize support by associating communist victims with the new victims resulting from the war with Milosevic's Serbia and local Serbs rebelling against the Croatian state. These political forces argued for a Croatian identity based on victimization. Commemorations at sites of memory (lieux de mémoire) such as Bleiburg were public rituals with specific political goals. These commemorations continue to act as a platform for nationalists, and the rituals of remembering communist victims serve as a political strategy that blurs the distant past with the more recent memories and narratives of Croatia's War for Independence (1991-1995). This article examines the shifting meanings and instrumentalization of the Bleiburg commemoration from 1990 until 2009.
  • Étude

    • Le journalisme européen, un bien nécessaire - Eddy Fougier p. 149-173 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Existe-t-il un journalisme européen ? Même si cette question peut paraître un peu étrange, elle mérite d'être posée car vingt ans après la première parution de The European, le premier organe de presse paneuropéen, force est de constater que la plupart des tentatives visant à créer un média paneuropéen populaire ont jusqu'ici échoué. Il n'en existe pas moins des médias européens, comme Euronews ou Arte, mais ce ne sont pas à proprement parler des médias grand public. Ces échecs récurrents sont liés du côté de la demande médiatique à l'absence d'un « public européen », aux divergences nationales des modes de consommation de l'information, etc., et du côté de l'offre médiatique, à la faible européanisation des pratiques journalistiques, aux contraintes spécifiques du mode de financement d'un média européen, aux différences nationales dans le traitement de l'actualité, à l'enjeu des sources d'information ou aux difficultés organisationnelles des rédactions plurinationales. La solution apportée à ces difficultés par la presse européenne écrite spécialisée est de privilégier depuis Bruxelles un traitement institutionnel de l'actualité européenne, en anglais, cette presse étant d'ailleurs dominée par les organes de presse britanniques, à destination d'un public captif de fonctionnaires et de décideurs européens. À l'évidence, il s'agit d'une solution de facilité qui ne fait que conforter un espace public européen que l'on peut qualifier d'« orléaniste » et la distance existant entre les citoyens et l'Union alors même que l'information européenne concerne le grand public. Même si c'est très loin d'être une tâche aisée, la création d'un média européen populaire semble être néanmoins un bien nécessaire.
      Is there a European journalism? Even if this question seems to be peculiar, it is worth to ask it because just twenty years after the first publication of The European, the first institution of a pan-Europaen press service, it has to be mentioned that most of the attempts to create a pan-European media for the general public have failed. There are European media like Euronews or Arte but you cannot consider them as media for the general public. These recurrent failures concerning the demand of such media are due to a lack of a “European public”, to the different national ways of getting information, etc. and also to the supply of such media, to the low-level of Europeanization in the field of journalistic practice, to specific commitments of financing European media, to different national ways of treating information or to organisational difficulties of a multinational editorial staff. The solution to these difficulties given by the specialised press in EU matters is to favour reporting about the activity of European institutions in Brussels, in English, and is furthermore dominated by the British press, intended to reach the public of European civil servants and decision-makers. Manifestly, it is an easy solution which just reinforces a European public space that can be considered as “Orleanist” [enlightened, elitist ‘public opinion', as in the xviiith century, TN] and increases the existing distance between the citizens and the European Union, although the European information is concerning the general public. Even if it is far away from being an easy task, the creation of a European media for the general public seems to be nevertheless urgently needed.
  • Tribune

    • The Ejup Ganic Case : How Serbia Attempted to Manipulate the British Justice System - Christian Schwarz-Schilling, Christian Roy, Manuela Mangold p. 175-187 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Avec l'arrestation de l'ancien président bosniaque Ejup Ganic au printemps 2010, le gouvernement serbe a célébré un succès national et international en termes de relations publiques. Cependant, les premiers jours du procès furent scandaleux et violaient la Convention de Vienne. Cinq mois après son arrestation, Ganic fut acquitté de toutes les charges et libéré par une Cour britannique. Christian Schwarz-Schilling, ancien Haut représentant en Bosnie-Herzégovine, étudie comment la Serbie a cherché à manipuler le système de justice britannique à des fins politiques. Que pourrait apprendre l'Union européenne du cas Ganic en ce qui concerne sa politique en ex-Yougoslavie ? Schwarz-Schilling met en évidence le fait que la Bosnie-Herzégovine est encore le symbole des échecs européens. Elle devrait pourtant devenir le symbole de la solidarité européenne et de son succès.
      With the arrest of the former Bosnian President Ejup Ganic in spring 2010, the Serbian government celebrated a national and international public relations success. Meanwhile, the trial proceedings of the first days were scandalous and violated the Vienna Convention. Five months after his arrest, Ganic was acquitted unconditionally and freed by a British Court. Christian Schwarz-Schilling, the former High Representative to Bosnia and Herzegovina, explores in his text how Serbia attempted to manipulate the British Justice system for political ends. What could the European Union learn from the Ganic case regarding its Western Balkan policies? Schwarz-Schilling highlights that Bosnia and Herzegovina is still a symbol of European failures. It should become a symbol of European solidarity and success.
  • Chronique