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Revue | Etudes anglaises |
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Numéro | Vol. 68, no 4, octobre-décembre 2015 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - Alexandra Poulain p. 380-384
- Yeats and the Responsible Gathering of Folklore - Bernard O'Donoghue p. 385-396 Ce texte s'intéresse à la collecte du folklore par Yeats et ses amis dans l'ouest de l'Irlande, et montre que Yeats était moins méprisant et condescendant envers l'autorité de la culture paysanne et de l'histoire locale que bien des folkloristes tels que Thomas Crofton Croker, de Cork. Yeats était conscient de la difficulté d'atteindre une vérité définitive. Le cas d'Edward Walsh, poète local du nord du comté de Cork, que Yeats et son cercle admiraient beaucoup, est particulièrement intéressant. Une biographie erronée de Walsh a été élaborée et se trouve dans toutes les histoires littéraires depuis son époque. Ainsi, dans ce cas, seuls les historiens non-officiels de la région de Walsh détiennent la vérité. Pour la tradition folklorique, les critères d'authenticité ne sont pas les mêmes que pour le canon littéraire.This essay looks at the collecting of folklore in the west of Ireland by W.
B. Yeats and his friends, arguing that Yeats was less judgemental and patronising in his attitude to the authority of local lore and history than many folklorists and collectors like Thomas Crofton Croker from Cork. Yeats recognised the difficulty of reaching any canonical certainty. An interesting case is the local poet from the north of County Cork, Edward Walsh, who was much admired by Yeats and his circle. A spurious history for Walsh has been constructed is found in all literary histories and Companions since his time. So in this case only the unofficial local historians have the right version. There are different criteria for authenticity in the folk tradition and for the literary canon. - Dance in Yeats's Plays, a Quest for Unity - Jacqueline Genet p. 397-410 Si la danse est partout dans l'œuvre de Yeats, prose, poésie, théâtre, avec de nombreuses interactions entre les genres, elle modèle particulièrement la chorégraphie de ses pièces. Dès ses premières pièces il partage l'intérêt que portent au théâtre les écrivains de la fin du siècle; sur son texte et en collaboration avec lui travaillent metteurs en scène et danseurs. Après le rêve du monde idéal de Tir-na-nOg perceptible dans The Land of Heart's Desire, Yeats, initié au nô, écrit ses Plays for Dancers qui accordent une grande importance à la danse et dont Michio Ito, chorégraphe et danseur japonais, devient le principal interprète. Il enrichit ses pièces d'un apport occidental tout personnel, l'adaptation sur scène de la quête de l'Unité, concrétisant une symbolique récurrente de sa prose et sa poésie.If dance is everywhere in Yeats's works, prose, poetry, dramas, with many interactions between the genres, it especially shapes the choreography of his dramas. Already in his first plays, Yeats shared the interest for drama of the fin-de-siècle writers; producers and dancers worked on his text, collaborating with him. After the dream of the ideal world of Tir-na-nOg perceptible in The Land of Heart's Desire, Yeats, acquainted with the Noh, wrote his Plays for Dancers which gave a great importance to dance and whose main interpreter was Michio Ito, a Japanese choreographer and dancer. These plays are all the richer for the introduction of a personal Western touch, the adaptation on stage of the quest for Unity, giving a concrete shape to a complex symbol which recurred in his prose and poetry.
- Modernity in Yeats's Theatre: towards a “Poetic Monodrama” Model - Pierre Longuenesse p. 411-424 Le théâtre de Yeats est dès le début caractérisé par une dramaturgie qui n'est qu'en apparence respectueuse des règles classiques. Au dialogue au sens strict se substituent de multiples formes de dialogismes à l'intérieur d'une parole poétique, souvent solitaire ou au contraire chorale, fréquemment chantée ou psalmodiée. Par ailleurs, en s'inspirant du Nô, Yeats construit un « théâtre d'images » par une association subtile entre parole lyrique ou narrative et visions faites de pantomime, masque, musique, et danse : c'est une pluridisciplinarité assumée qui le fait se tourner vers musiciens et danseurs. En somme, le poète rattrape l'homme de théâtre, l'homme de théâtre déplace le poète. Ainsi, les expériences théâtrales de Yeats sont le symptôme d'une évolution audacieuse qui projette le poète dans le modernisme, et l'adosse à de nombreuses problématiques contemporaines du théâtre et des arts.Yeats's dramatic writings, from the early plays onwards, appear to follow classical rules, but this impression is misleading. On the one hand, dialogues stricto sensu are replaced with multiple types of dialogisms integrated within poetical speeches. They are often presented in monologues or in choral forms, frequently chanted. Additionally, Yeats builds a theatre of images, inspired by the model of Noh drama, thanks to a subtle association of lyrical or narrative speeches, and visions made of pantomime, mask, music and dance: in an overt cross-disciplinary intention, he includes musicians and dancers in his cast. In other words, the poet catches up with the dramatist; the dramatist encompasses the poet. In that context, Yeats's theatrical works signify an audacious evolution and paradigmatic change, projecting the poet into modernity and revealing numerous contemporary concerns regarding drama and the arts.
- W.B. Yeats and Kyogen: Individualism & Communal Harmony in Japan's Classical Theatrical Repertoire - Akiko Manabe p. 425-441 W.B. Yeats a écrit un certain nombre de pièces influencées par sa rencontre avec le répertoire japonais classique Nô ou kyogen, réunis sous l'appellation Nogaku. Tandis que le théâtre Nô traite généralement de sujets sérieux ou tragiques, le kyogen, que l'on joue généralement entre les Nô, relève de la comédie ou de la farce. Cet article montre que le Nô et le kyogen reflètent à la fois l'individualisme et l'harmonie collective, interroge le sens ces deux trajectoires fondamentales (individuelle et collective), et s'intéresse enfin à l'Universel dans le théâtre de Yeats inspiré du kyogen. Il montre que la compréhension profonde qu'avait Yeats du kyogen contribua à sa recherche d'une nouvelle forme dramatique dans ses propres pièces. Il souligne également les affinités entre l'esthétique et la pensée de Yeats et la philosophie qui est au cœur du kyogen, à la lumière du concept esthétique et philosophique japonais du Ma, qui désigne une certaine appréhension du temps et de l'espace.W.B. Yeats wrote a series of dramas, influenced by his exposure to Japan's classical theatrical repertoire of Noh and kyogen, collectively referred to as Nogaku. While Noh plays generally deal with serious or tragic matters, kyogen, performed mostly in between Noh plays, is comic or farcical. In this paper, after exploring how individualism and communal harmony are reflected in noh and kyogen, I will discuss the meaning of these two fundamental trajectories—the Individual and the Communal––and eventually the Universal in Yeats's kyogen inspired drama. I will examine how Yeats's deep understanding of kyogen contributed to his experimentation with a new kind of dramatic genre in his own plays. In the process, I hope to show the affinity between Yeats's poetics or principles of life and the philosophy flowing deep inside kyogen itself. In the course of my discussion, I also will introduce the Japanese aesthetic/philosophical concept of time and space, better known as Ma (間).
- Yeats's “The Player Queen”: Taking on (or Laughing off) Modernism - Daniel Jean p. 442-453 The Player Queen est une des pièces les moins estimées de l'œuvre de W.B. Yeats tant à cause de son obscurité que de son originalité au sein de son corpus théâtral. Souvent étudiée à travers le seul prisme des idées ésotériques développées plus tard dans A Vision, la dimension esthétique et théâtrale de la pièce est négligée. Cet article se propose de lire la pièce comme une illustration de l'ambivalence de Yeats face à la rupture moderniste, un bouleversement esthétique qu'il a anticipé et intégré à son écriture à travers en particulier une veine comique, qu'il a longtemps refusé de faire sienne.The Player Queen is often considered a low point in Yeats's theatrical output, both because of its difficulty and its oddness among his works for the stage. It is often studied exclusively through the prism of the occult philosophy Yeats was to collect later on in A Vision, therefore neglecting both its aesthetic, and specifically theatrical, dimensions. This article attempts to read the play as an illustration of Yeats's ambivalence towards the modernist revolution, an aesthetic shift that he had remarkably anticipated and went on to incorporate into his writing, in particular through a gradual acceptance of a comic mode.
- Edwardian Yeats: In the Seven Woods - Alex Davis p. 454-467 Cet article étudie le recueil In the Seven Woods (1903) dans le contexte des écrits de Yeats sur William Morris et sur la pastorale au début du vingtième siècle. Les images de flèches dans la dernière romance en prose achevée de Morris, The Sundering Flood (1897), sont liées au même motif dans les poèmes lyriques de Yeats, tandis que le poème épique de Morris, The Earthly Paradise (1868-70), est considéré comme un modèle (parmi d'autres) pour les poèmes narratifs « héroïques » inclus dans le même volume. L'influence de Morris sur Yeats permet aussi de considérer l'importance des Bucoliques de Virgile pour comprendre la politique du pastoralisme que met en œuvre Yeats dans le poème-titre de son recueil In the Seven Woods. Cet article s'intéresse aussi à l'influence de « The Death of Tristram » de Lawrence Binyon sur Yeats qui, à ce stade de sa carrière, ambitionnait de créer des œuvres centrées sur la vie « héroïque ».This article examines In the Seven Woods (1903) in the context of Yeats's writings on William Morris and on the pastoral at the turn of the twentieth century. Arrow imagery in Morris's last-finished prose romance, The Sundering Flood (1897), is related to the same motif in a number of the lyric poems in Yeats's collection, while Morris's epic poem, The Earthly Paradise (1868-70) is considered as a partial model for the “heroic” narrative poems included in Yeats's volume. Yeats's engagement with Morris's pastoral mode also introduces the importance of Virgil's Eclogues to the politics of Yeats's own pastoralism in the title poem to In the Seven Woods. Attention is also paid to the influence of Lawrence Binyon's “The Death of Tristram” on Yeats's attempt, at this stage of his career, to produce work centred on the “heroic” life.
- The Poetics of Decision: Yeats, Benjamin and Schmitt - David Lloyd p. 468-482 Cet essai établit un lien entre l'importance de la performance dans la poésie de Yeats des années vingt, et la performativité de la violence dans la fondation de l'État. L'insistance de Yeats sur l'énonciation performative ou déclarative, qu'il lie explicitement aux actes de violence fondateurs, et le fait que dans toute sa poésie de la dernière période, la déclamation des poèmes implique des choix qui déterminent le sens à des endroits cruciaux, font que son esthétique poétique est liée au problème de la violence politique fondatrice pendant la guerre irlandaise de décolonisation et la guerre civile qui s'ensuivit. Cet essai établit également un lien entre les penchants autoritaristes de Yeats, et en particulier son insistance constante sur le rapport entre le pouvoir d'ôter la vie et la légitimité de l'État, et les écrits de ses contemporains allemands Walter Benjamin et Carl Schmitt. La corrélation entre la pensée politique de Yeats et sa poésie, ainsi que ses affinités intellectuelles avec d'autres pensées européennes de la violence politique, suggèrent que l'intérêt de Yeats pour le fascisme, loin d'être une aberration passagère, reflète une compréhension profonde de ce qu'implique cette idéologie pour l'idée de l'État postcolonial et libéral.This essay seeks to connect the insistence on performance in Yeats's poetry of the 1920s to the performativity of violence in the foundation of the state. Yeats's emphasis on the performative or declarative utterance, which he links explicitly to acts of founding violence, and the pattern by which throughout the later poetry, performance of the poems enforces decisions on certain cruxes of meaning, connects his poetic mode to the problem of founding political violence in the Irish war of decolonization and the subsequent civil war. But it also links Yeats's authoritarian political leanings, and in particular his consistent emphasis on the relation between taking life and the legitimacy of the state, to his German contemporaries, Walter Benjamin and Carl Schmitt. The correlation between Yeats's political thinking and the poetry together with his intellectual affinities with European understandings of political violence, suggest that far from aberrantly flirting with fascism, shows a deep understanding of its implications for the idea of the liberal and the postcolonial state.
- Structural Rhythm in Late Yeats - Margaret Mills Harper p. 483-495 La prise en compte du rythme structurel, de la relation entre les parties et le tout et aussi du mouvement implicite entre les éléments qui composent l'ensemble, peut nous aider à comprendre le caractère problématique des œuvres poétiques et théâtrales du Yeats des années vingt et trente. Cet article se réfère à la version de 1937 de A Vision et au poème « A Dialogue of Self and Soul », et montre comment le mouvement perpétuel d'alternance entre deux principes antinomiques, constitutif du système élaboré dans A Vision, sous-tend les positions extrêmes qui s'expriment dans les œuvres du dernier Yeats, et contribue également à leur pouvoir.Paying attention to structural rhythm, the relation of parts to whole and also the implied movement between structural elements, can help to make sense of the problematic poetry and drama of Yeats's last two decades. With reference to the 1937 version of A Vision and to the poem “A Dialogue of Self and Soul,” this essay shows how the continual and oppositional movement between antinomies constitutive of the system of A Vision underlies Yeats's extreme positions in his late work, as well as contributing to the power of that work.
- “Your Bones Shall Never Rest Easy”: the Cultural Politics of Yeats's Body (of Writing) - Maria Rita Drumond Viana p. 496-508 Métonymie de l'auteur, le corps de Yeats renvoie à la fois à sa réalité corporelle et à sa présence textuelle comme corpus. Ce texte s'intéresse à la façon dont ce corps sémantiquement chargé figure dans la culture populaire et littéraire depuis le moment de sa mort, et aux présupposés qu'impliquent les modalités de cette présence. Partant de la controverse sur la dépouille enterrée dans le cimetière de Drumcliff, il retrace les efforts de ceux qui tentent de reconstituer, à la façon de Frankenstein, un corpus yeatsien monumental et unifié.As a metonym for the author, his body encompasses both his existence as a historical man of corporeal presence and his textual permanence as a corpus of writings. How this semantically charged body features in popular and literary culture from the time of his death until today can reveal the various assumptions that underpin how, when and what parts are chosen for portrayal. Using the controversy over the remains reinterred at Drumcliff churchyard, this essay explores the power of curses on Yeats's “textual restlessness” and the “Frankensteinian effort” involved in the attempts to patch together a unified, monumental whole of Yeats's body.