Contenu du sommaire : Les populations des Balkans
Revue | Espace Populations Sociétés |
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Numéro | no 3, 2004 |
Titre du numéro | Les populations des Balkans |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Jean-Paul Sardon p. 471-476
Dossier cartographique
- Petit atlas des Balkans : cartes de localisation - Joëlle Désiré p. 477-486
Articles
- Les populations des Balkans depuis 1990 : aspects géographiques de la crise - Olivier Deslondes p. 487-498 La catastrophe démographique qui frappe une grande partie des Balkans, préparée par la baisse de la fécondité et précipitée par les crises de la « transition » post-socialiste, revêt aussi une dimension spatiale : au-delà de l'opposition entre pays d'accueil (Grèce, Slovénie) et pays de départ, l'exception albanaise résiste au sein du second groupe, grâce à la lenteur de sa transition démographique, face aux pays danubiens en situation critique. Exception ethno-culturelle ou expression du sous-développement ? Réservoir d'hommes, mais pour combien de temps ? Les régions de peuplement albanais sont au coeur de la question démographique et politique.Considérée à l'échelle locale, l'émigration, difficile à mesurer, bouleverse la répartition du peuplement et des activités. Elle déleste les espaces ruraux attardés du trop-plein qu'y avaient maintenu les utopies communistes de valorisation systématique, tandis que la croissance des principales villes explose, alimentée par les remises des émigrés, et qu'en sens contraire les moins entreprenants se replient sur leur village et leur lopin de terre. Si soudains qu'ils soient, ces phénomènes ne semblent pas relever de causes accidentelles mais de mécanismes plus généraux en Grèce, pays de départ devenu pays de retour puis d'accueil, où l'espace rural profond présente à nouveau des signes de dynamisme.The demographic disaster of a great part of the Balkan, announced for a long time by the drop of the fertility, and sped by the postsocialist crisis, takes on a spatial dimension : beyond the opposition between areas of immigration (Greece, Slovenia) and those of emigration, the demographic exception of ethnic Albanian countries still remains, whereas the Danubian countries are struck in the same time by the shrinking fertility, the increasing mortality and migration. Ethnocultural exception or sign of underdevelopment ? Reservoir of men, how long? The Albanian countries are in the heart of the demographic and political question.On a local level, the emigration, hard to estimate, upsets the distribution of the settlement and the activities, emptying the less enregisadvanced rural areas of the people there maintained by the communist utopias of systematic development. The growth of the main cities is taking off, fed by the money of the emigrants, whereas in the opposite the weak people curl up on their village and plot of land. However sudden are these phenomena, they do not seem to arise from accidental, but from more general causes which are working since years in advanced countries like Greece, where the deep rural areas are developing again thanks to the reversing migration.
- Démographie de pays dans la tourmente : les Balkans depuis 1990 - Jean-Paul Sardon p. 499-517 La décennie 1990, celle de la chute, comme dans toute l'Europe de l'Est, des régimes communistes et des profondes transformations économiques et sociales qui l'ont accompagnée, a été marquée, dans les Balkans, par la succession des guerres qui ont accompagné l'éclatement de l'ancienne Yougoslavie. Ces guerres ont entraîné, en plus des lourdes pertes en vie humaine, des déplacements massifs de populations, volontaires ou forcés, dont les effets sont encore visibles aujourd'hui.La dégradation des conditions de vie engendrées par les difficultés de la transition vers l'économie de marché a entraîné le départ de nombreuses personnes en Bulgarie et surtout en Albanie. Elle est également à l'origine d'une stagnation de l'espérance de vie à la naissance, et même d'une régression qui touche les hommes en Roumanie et les deux sexes en Bulgarie, qui a touché tous les pays de la région, à l'exception de la Croatie et de la Slovénie, jusque vers 1997. Depuis cette date des progrès rapides ont permis de dépasser le niveau de la longévité observé en 1990. Dans le même temps, les indicateurs de nuptialité et de fécondité enregistrèrent une forte diminution, bien qu'un peu plus modérée dans l'ancienne Yougoslavie. À la lumière des évolutions décrites, il n'est pas aisé de dégager des spécificités du monde balkanique en matière de comportement démographique. L'influence de la longue appartenance de ces pays au monde socialiste, et de sa disparition brutale, est telle qu'elle écrase, pour l'instant, toutes les autres distinctions au niveau national du moins. La spécificité du monde balkanique réside, en effet, sans doute dans la diversité des situations d'une région à l'autre sous l'effet de l'hétérogénéité du peuplement. Mais cette dernière a singulièrement reculé du fait des opérations de nettoyage ethnique qui ont touché le territoire de l'ancienne Yougoslavie depuis une dizaine d'années.The 1990s, the decade of the collapse, as in all eastern Europe, of communist regimes and of a deep change in economy and social organisation, was also in Balkan area marked by wars during the break-up of the former Yugoslavia. These wars have caused a lot of casualties, population moves, voluntary or forced, whose effects are still visible. Worsening of live conditions during transition toward market economy pushed number of people to emigrate, especially from Bulgaria and Albania. This worsening caused stagnation in live expectancy at birth, and even reduction for men in Romania and for both sexes in Bulgaria, all over the region, except in Croatia and Slovenia, until 1997. Since, with fast improvements, level is better than that observed in 1990. During this period marriage rate and fertility indicators decreased deeply, except in former Yugoslavia wherechanges are more moderate. In light of described trends, it is not easy to clear specificities in demographic behaviour of the Balkan area. Role of the long membership of these countries to the socialist world, and of its sudden disappearance, is so migrastrong that it dominates, at this moment, all others distinctions. Specificity of Balkans lies, indeed, in diversity of situations from one region to one another under the influence of heterogeneity of population. But heterogeneity receded rapidly with the ethnic cleansing operations over the last decade in former Yugoslavia.
- Past and Current Trends of Balkan Migrations - Corrado Bonifazi, Marija Mamolo p. 519-531 Cet article présente un cadre général des tendances des migrations internationales dans les Balkans à partir de la Seconde Guerre mondiale. Sont étudiés les pays balkaniques ayant connu le « socialisme réel » et qui ont observé les changements et innovations les plus radicaux et les plus intéressants dans le domaine des migrations durant les quinze dernières années. Il met en évidence les différences entre les différents pays des Balkans avant et après les évènements des années 90. Jusqu'aux années 90 les migrations internationales dans ces pays ont surtout été ethniques et, pour l'ex-Yougoslavie, liées au travail. Dans la dernière décennie, trois éléments nouveaux ont été relevés :- les migrations ont concerné tous les pays de la région- les typologies migratoires se sont diversifiées- les migrations forcées se sont multipliées et on a assisté à la prolifération des migrations illégales qui y jouent un rôle prédominant.Un nombre croissant de pays européens sont concernés par les flux en provenance de la péninsule balkanique. Plusieurs facteurs semblent favoriser la mobilité de la population dans cette région. Les plus évidents sont dus au déséquilibre économique entre la majorité des pays des Balkans et les pays voisins de l'U.E. Les dynamiques migratoires pour les années à venir dépendent surtout du développement politique et social et de la stabilité dans la région.We provide a general overview of international migrations trends in the Balkans since the end of World War II. We take into account the Balkan countries that have experienced “real socialism”, and the most radical and interesting changes in migration trends of the last fifteen years. We highlight the internal differences in the Balkans as regards migration trends prior and after the upheavals of the 1990s. Up to the 1990s international migration in the area can be mainly attributed to ethnic migration and, in case of the former Yugoslavia, to labour migration. During the last decade three kinds of novelties emerged :- first, migration involved all the countries of the region;- second, the migration types differed markedly from the traditional ones, with the forced migrations playing a prominent role and the proliferation of new types of illegal migration;- third, a larger number of destination countries in Europe has been involved in the flows from the Balkan peninsula.Currently, there are various factors that could contribute to the further development of the mobility of the population in the region. The most obvious factors regard the serious economic imbalance between the majority of the Balkan countries and the nearby countries of the European Union that represent the most important point of attraction. Future migration dynamics in the Balkans heavily depend on the more general political and social development and stability in the region.
- Ethnic Greeks from the Former Soviet Union as “Privileged Return Migrants” - Eftihia Voutira p. 533-544 Depuis 1989, la migration de retour des personnes d'origine grecque de l'ancienne Union Soviétique marque la vie sociale de la Grèce contemporaine. Les récentes évaluations statistiques d'État suggèrent qu'environ 160 000 ex-citoyens soviétiques d'origines grecques auraient acquis le statut du ‘rapatrié' et seraient engagés dans la phase finale du processus de naturalisation. Cet article s'attache à l'analyse de l'impact de ce phénomène particulier de migrants co-ethniques et sur les perceptions de la société d'accueil à l'égard des nouveaux venus. Il dresse enfin un bilan des espérances, des désillusions et des stratégies de survie adoptées par les nouveaux venus au cours de leur adaptation à leur ‘patrie historique'. L'auteur soutient que, par comparaison à d'autres groupes d'immigrants défavorisés (clandestins, demandeurs d'asile et réfugiés d'autres régions du monde), ce groupe particulier de nouveaux venus d'origine grecque constitue une catégorie des ‘migrants privilégiés' avec un accès spécial aux droits sociaux, politiques et économiques. Cette situation crée souvent des tensions sociales entre la société d'accueil et les nouveau venus.Since 1989 large scale ethnic ‘return migration' from the former Soviet Union to Greece has been a main feature of social life in Greece. Recent state statistical assessments suggest that some 160.000 former Soviet citizens with ethnic Greek origins have acquired ‘repatriate' status and are in some phase in the final process of naturalisation as Greek citizen. This paper considers the impact of this particular east-west migration phenomenon from the standpoint of the receiving state, the host population and the newcomers themselves. It focuses on the specific reception and settlement policies that the Greek State has introduced to address this particular group of co-ethnic migrants and the perceptions of the host population vis-à-vis the newcomers on the societal level. Finally, it offers an account of the expectations, disillusionment and the survival strategies adopted by the newcomers in the process of their adaptation to their ‘historical homeland'. I argue that by comparison to other incoming dispossessed groups (e.g. ‘irregular migrants', asylum seekers and refugees from other parts of the world), this particular group of ethnic Greek newcomers constitutes a category of ‘privileged' migrants with special access to social, political and economic entitlements. This condition often becomes a divisive issue on the societal level (host-newcomer groups).
- Le déclin démographique bulgare. Bilan d'une décennie de transition post-socialiste - Emmanuelle Boulineau p. 545-558 L'article dresse le bilan démographique de la décennie de transition post-socialiste en Bulgarie, en s'appuyant essentiellement sur les données des deux derniers recensements (1992 et 2001). L'ampleur du déclin démographique est soulignée et analysée. On replace ce processus dans trois contextes : la spécificité du comportement bulgare par rapport aux autres pays balkaniques présentée comme une « anomalie », les difficultés socio-économiques liées à la transition et leurs conséquences ainsi que la perspective de l'adhésion à l'Union européenne en 2007.The paper draws up the demographical situation in Bulgaria during the post-socialist transition according to the last census (1992 and 2001). We emphasize on the demographical collapse and its main reasons. We take into account three contexts: the demographical context in the Balkan countries where Bulgaria appears aside, the socio-economical issues and their consequences during the transition period, the integration of the country in European Union in 2007.
- L'Albanie en transition : mutations démographiques et recomposition territoriale (1989-2001) - Régis Darques p. 559-575 L'Albanie a subi au cours des dix dernières années de profonds bouleversements dont les répercussions affectent les comportements démographiques et la répartition spatiale de la population. L'ouverture du pays aux échanges avec l'extérieur et le développement d'importants mouvements migratoires ont conduit à une vaste recomposition que le recensement de 2001 permet de mesurer. Avec un taux d'urbanisation de 35% en 1989, l'Albanie faisait figure de conservatoire du monde rural à l'échelle européenne. Aujourd'hui, avec l'explosion de la région Tiranë-Durrës, ce retard est en voie de comblement. L'étude cartographique du pays à l'échelle communale nous permettra de déterminer les caractéristiques du nouvel espace démographique albanais.Over the last ten years, Albania went through great upheavals whose consequences influence the demographic behaviour and spatial distribution of the population. The development of international relationships and the growing migratory transfers have driven the country to a deep restructuring that the census of 2001 allows us to study. With a 35% urbanization rate in 1989, Albania appeared to be a rural world's sanctuary in Europe. Today, with the expanding region Tiranë-Durrës, this delay is being made up. The country's cartographic analysis at a district level will lead us to define the characteristics of the new Albanian demographic territory.
- Nations, nationalités et citoyenneté dans les Balkans. Le bouleversement démographique monténégrin - Amaël Cattaruzza p. 577-589 Les conflits yougoslaves (en Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, et plus récemment au Kosovo et en Macédoine) ont initié, avec la création de nouveaux Etats, des processus plus longs de redéfinition et réaffirmation des identités nationales de l'ex-Yougoslavie. Ces processus complexes, dans lesquels sont mis en relation plusieurs conceptions de la nation, de la nationalité et de la citoyenneté, se révèlent dans les résultats surprenants du dernier recensement monténégrin d'octobre 2003. Alors que certains groupes nationaux restent stables, les Monténégrins et les Musulmans, se divisent autour de la question de leur appartenance nationale.The Yugoslav conflicts (in Slovenia, Croatia, Bosnia and Herzegovina, Kosovo and Macedonia) have started, with the creation of new states, longer processes of redefinition and reaffirmation of former Yugoslavia's national identities. These complex processes, in which are linked several conceptions of nation, nationality and Citizenship, are underlined in the results of the last Montenegrin census of October 2003. Whereas some national groups stay stable, Montenegrins and Muslims are divided on the question of which national category they belong.
- 1991-2001, Homogénéisation nationale en Croatie - Emmanuelle Chaveneau-Le Brun p. 591-605 Au sein de la Yougoslavie, la Croatie était une république multinationale, avec 78% de Croates, 12% de Serbes et 10% d'autres nationalités. Le pays a pris son indépendance dans la guerre (1991-1995), au sortir de quoi le pays n'était presque plus multinational, avec 90% de Croates. En effet, au cours de la guerre et après, l'Etat croate a mené une politique de “nettoyage ethnique” visant la congruence Croatie/Croates, soit espace politique/peuplement : la minorité serbe, la plus importante, a été contrainte par la violence a fuir le pays et empêchée par la loi de revenir. Ceci faisait écho a une même tentative lancée par les Serbes de faire coïncider peuplement/espace politique, soit Serbes/ Serbie : les espaces à majorité serbe avaient fait scission d'avec le reste du pays, nonobstant toue réalité géographique.Within Yugoslavia, Croatia was a multinational republic, with 78% of Croats, 12% of Serbs and 10% of others minorities. The State took its independence through a war (1991-1995) after what it was not multinational any more. Indeed, within the war and after, the Croatian state led a policy of “ethnic cleansing” whose aim was adjustment of the Croatian political space with the Croatian settlement. So the Serbian minority was expelled out of the country by violence and prevented from coming back by Law. This was following a Serbian attempt of ethnic cleansing led by the Serbian community to adjust the Serbian settlement in Croatia with Serbia : the Serbian settlements began to leave the Croatian state, notwithstanding the geographical reality.
- L'exceptionnelle situation démographique du Kosovo - Chantal Blayo, Christophe Bergouignan, Marine Llopart, Nicodème Okobo, Nancy Stiegler p. 607-624 À l'été 1999, le Kosovo sortait d'un conflit de 3 mois qui succédait à une période de troubles et de violences ayant débuté à la fin des années 1980. La dernière grande opération de collecte datait de 1991 mais ce recensement avait été en grande partie boycotté par la population albanaise. De même, l'état civil naguère de bonne qualité était boycotté par les Albanais depuis 1992. Il fallait donc remonter au recensement de 1981 pour disposer de données démographiques fiables sur le Kosovo. Pour pallier l'ensemble de ces insuffisances statistiques, le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP) du Kosovo a lancé une enquête qui s'est déroulée en novembre 1999 et février 2000, 40 918 personnes réparties dans 7343 ménages ont été interrogées.Cette enquête dégage les tendances lourdes de la fécondité : baisse des indices à partir des générations 1940 consécutivement à une hausse de l'âge au mariage et plus récemment à un modeste recours à la contraception. Plus récemment on observe une importante chute des conceptions au cours des mois de conflit du fait des déplacements massifs et des possibles séparations de conjoints qu'ils ont engendrés.Cette enquête met aussi en évidence la situation défavorable des femmes du Kosovo, non seulement par le niveau anormalement élevé du rapport de masculinité, mais par la faible différence entre les sexes en matière de mortalité par une autre cause que la guerre et par une mortalité maternelle dépassant 150 décès pour 100 000 naissances, ce qui est exceptionnellement élevé pour l'Europe. Cette enquête donne aussi une estimation des conséquences démographiques du conflit qu'il s'agisse de déplacements forcés : environ 1 400 000 personnes déplacées dont plus de 1 million hors du Kosovo ; ou de décès de guerre : environ 13 000 décès dus au conflit soit un taux brut de mortalité de guerre de près de 9‰, pour un taux brut de mortalité par autre cause de l'ordre de 5‰.In the summer 1999, Kosovo was emerging from a three-month conflict that followed a period of disruption and violence dating back to the late 1980's. The last large-scale census had taken place in 1991 and had been largely boycotted by the ethnic Albanians. Similarly, the vital statistics, hitherto of good quality, had been boycotted by the ethnic Albanians since 1992. One had to go back to the census of 1981 for reliable demographic data on Kosovo. To overcome these statistical shortcomings, the UNFPA (United Nations Population Funds) in Kosovo conducted a survey of 40,918 people in 7,343 households between November 1999 and February 2000.This survey determines the major fertility trends : decline of indexes from the birth cohorts of the 1940's subsequent to the increase in the marriage age and, more recently, to a modest degree of recourse to contraception. More recently, one can notice the downturn in conception during the conflict months as a result of large-scale displacement and the possible separation of spouses that ensued. This survey points out the bad women condition in Kosovo, through a very high male ratio at birth, and also through the little variance between the sexes as regards mortality due to other causes than the conflict, and a maternal mortality above 150 deaths per 100,000 births that is extraordinary high for Europe.This survey gives also an estimation of demographic consequences of the conflict, forced moves : almost 1,400,000 people displaced including over 1,000,000 outside of Kosovo ; or war deaths : approximately 13,000 deaths due to the conflict, i.e. a gross war mortality rate of nearly 9‰ compared with a gross mortality rate due to other causes of some 5‰.
- Les Guègues et les Tosques existent-ils ? L'opposition Nord/Sud en Albanie et ses interprétations - Gilles de Rapper p. 625-640 La division des Albanais en deux groupes ethniques, Guègues au nord et Tosques au sud, fait partie des connaissances de base sur la population de l'Albanie. Cette lecture ethnique, courante dans la littérature occidentale, n'est cependant pas partagée par les chercheurs albanais, qui font remonter l'apparition des deux groupes au début du 19ème siècle, lorsque deux centres de pouvoir, l'un au nord (Shkodër), l'autre au sud (Ioannina) se disputaient le contrôle des régions albanaises. À partir de matériel provenant de deux régions du Sud albanais, on peut montrer que les différences réelles entre Nord et Sud, qui concernent aussi bien la langue que le costume ou l'organisation sociale, ne sont pas interprétées dans les termes d'une opposition entre Guègues et Tosques (ces catégories sont à peine utilisées), mais à travers une grille de lecture dans laquelle le Nord et le Sud occupent l'un par rapport à l'autre la même position que les musulmans et les chrétiens dans la société locale. L'opposition entre chrétiens et musulmans apparaît donc comme une matrice à partir de laquelle est envisagée l'altérité et sont conçus les rapports entre les différents sous-groupes de la société.The division of the Albanians in two ethnic groups, Ghegs in the north and Tosks in the south, is part of the basic knowledge on the Albanian population. Although well represented in Western literature on Albania, this ethnic reading is not shared by the Albanians scholars. According to them the two groups appear by the beginning of the 19th century when the Albanian-inhabited territories fall under two antagonistic centres of power, one in the north (Shkodër), the other in the south (Ioannina). Based on material collected in two southern districts, this article argues that the actual differences between north and south (in terms of language, dress and social organisation) are not perceived through the Gheg/Tosk division (those categories are hardly referred to). They are rather inter- preted through a frame in which north and south are one to the other what Muslims and Christians are in local society. The Muslim/Christian division thus appears as the basic division from which otherness and the relations between the different subgroups of society are conceived.
- Les disparités démographiques départementales en Grèce : convergence ou divergence ? - Byron Kotzamanis, Marie-Noëlle Duquesne p. 641-664 L'objectif de cet article est de mettre en évidence les fortes disparités spatiales de la première période de l'après-guerre et les mutations dans le temps qui tendent à les gommer pour aboutir au début des années 2000 à une relative homogénéisation de l'espace, suite à la transformation rapide et différenciée du régime démographique au cours des toutes dernières décennies .L'étude repose sur l'examen des évolutions d'une part des structures démographiques et d'autre part de la mortalité et de la fécondité. C'est donc au travers de l'analyse de ces évolutions, que l'on tentera d'apporter une réponse à une question de fond : dans quelle mesure, les régions grecques tendent-elles à se rapprocher les unes des autres ? Cet article est un sous-produit d'une recherche plus ample qui vient d'être entamée, visant à la création d'un Atlas démographique de la GrèceThe objective of this article gives prominence to the demographic disparities at regional level in Greece for the post war period as well as to the changes through the last decades that tend to decrease them, ending the beginning of 2000 with a relative spatial homogenization. The research is based on the examination of the changes of the population structures on the one hand and on fertility and mortality on the other. Therefore, on the basis of the analyses of those change, we will try to give an answer to the major question : “To what extent do the Greek regions tend to approach each other ? This article is a subproject of a broader research aiming at the creation of a demographic Atlas of Greece
- Aux carrefours de l'Europe : un premier aperçu sur les différences régionales de mortalité adulte dans les Balkans - Arjan Gjonca p. 665-679 La santé des populations repose sur un ensemble complexe de facteurs. Alors que les démographes considèrent souvent les déterminants socio-économiques, comme le revenu ou le statut urbain-rural, le rôle des facteurs culturels sous-jacents est souvent plus délicat à évaluer. Avec l'avancement de la transition sanitaire et la primauté des maladies dégénératives sur les maladies infectieuses dans les causes de décès, les conditions de vie, et plus particulièrement le régime alimentaire pourraient jouer un rôle de plus en plus important. Ce texte, qui analyse en détail les tendances et les spécificités de la mortalité de la région, révèle que la manière de vivre, comme l'alimentation, serait le principal déterminant de la mortalité des adultes dans les Balkans. Cette conclusion s'appuie sur les analyses régionales. Les causes de mortalité ont été mobilisées pour trouver une explication à ce modèle. D'autres facteurs comme le statut socio-économique des différentes régions sont également considérés. Bien que, faute de données individuelles, le texte ne puisse conclure définitivement quant à cette hypothèse, il suggère fortement que les facteurs alimentaires sont de la première importance pour expliquer les différences régionales dans les Balkans.The health of any population is determined by a complex set of factors. While demographers often consider socio-economic determinants, such as income or urban-rural status, longer-standing cultural factors are often hard to assess. As the health transition progresses, and as infectious diseases are replaced by degenerative causes of death, considerations of life-style, especially of diet, may come to play increasingly significant roles. This paper, which details the trends and patterns of mortality in the Balkans, reveals that life style factors, such as diet might be the main determinants of adult mortality pattern in the Balkans. The conclusion is based on sub-regional analyses of adult mortality in the Balkans. The paper also looked at the causes of death mortality in order to find explanation for the observed pattern. Other factors such as socio-economic status of different subregions in the Balkans is also considered. While the paper could not be conclusive in its hypothesis due to the lack of individual data, it strongly suggests that dietary factors are of prime importance in explaining the sub-regional differences in the Balkans.
- The Question of Abortion in Serbia - Mirjana Rasevic p. 681-693 L'avortement provoqué est depuis longtemps la méthode la plus utilisée de contrôle des naissances en Serbie. Avec la progression de la contraception, le sens de l'avortement provoqué a perdu de son importance. Pourtant, son importance – le nombre estimé d'avortements est à peu près de 200 000 par an – montre qu'un nombre élevé de femmes utilise très fréquemment cette méthode et que d'autres comptent exclusivement sur elle.Notre recherche a permis de révéler un éventail très complexe de facteurs expliquant le recours à l'avortement provoqué dont une connaissance insuffisante de la contraception et de l'avortement lui-même. Les femmes pensent que les méthodes contraceptives modernes sont dangereuses pour la santé. De plus, il existe de nombreuses barrières psychologiques liées aux relations entre les partenaires. La libéralisation de la loi sur l'avortement est apparue au moment de la régression du taux de naissances alors que les méthodes modernes de contraception étaient rares. En outre quelques efforts sont faits pour généraliser l'éducation sexuelle et informer sur les limites du planning familial.Les complications précoces causées par les avortements provoqués sont très fréquentes. 1 avortement sur 10 en Vojvodine, 1 sur 5 à Belgrade c'est-à-dire 1 tiers des avortements de Serbie centrale (sans Belgrade) entraînent des complications. Le test de 21 variables démontre que l'importance du recours à l'avortement provoqué est responsable de nombreux cas d'infertilité, de fausses couches et de naissances prématurées.Le problème de l'avortement en Serbie est complexe, sérieux et demande solution. Solution qui implique une vulgarisation de l'information, l'accessibilité aux moyens contraceptifs modernes, la responsabilisation de l'homme dans le planning familial, la régulation de la stérilisation, etc. Il est évident que les causes évoquées de l'avortement provoqué sont anciennes et durables. Compte tenu de tous ces éléments et de la lenteur des changements, on peut s'attendre à ce que le problème de l'avortement demeure présent dans les années à venir.Induced abortion has for a long time been a predominant method of birth control in Serbia. With spreading of contraception, significance of induced abortion became to a decrease. Besides this positive trend, estimated number of induced abortions about 200000 abortions per a year shows that a significant number of women mostly, and a certain number of women exclusively, relies on this method of birth control.Research findings discovered a complex array of factors of abortion problem, including insufficient knowledge of contraception and abortion, a belief that modern contraceptive methods are harmful to health, and a number of psychological barriers, also those arising from relationships with partners. Additionally, the liberalization of the abortion law occurred at a time of decrease birth rate and very modest presence of modern contraceptive methods. Also, there are few organized efforts to promote sex education, as well as limitations in the family planning programme.The incidence of early complications following induced abortion can be assessed as high. Every tenth abortion in Vojvodina, every fifth in Belgrade, i.e. almost every third in Central Serbia (excluding Belgrade) implies complications. Also, testing 21 variables have shown that the induced abortion and the number of such interventions are important determinants of infertility, miscarriage and premature delivery.Abortion problem in Serbia is complex, serious and ask for solution. It supposes the promotion of knowledge, the network of family planning services, the access to modern contraception means, responsibility of male in family planning, the law regulation of sterilization, etc. Duration of prevalence of induced abortions indicates that underlying causes of frequency are numerous and stable over time. Considering this, and the slowness of any spontaneous change, it may be expected that the problem of abortions will be present in the years to come.
- Les populations des Balkans depuis 1990 : aspects géographiques de la crise - Olivier Deslondes p. 487-498
Comptes rendus d'ouvrages
- Rémy Allain : Morphologie urbaine. Géographie, aménagement et architecture de la ville - Alain Barré p. 695-696
Comptes rendus d'articles
- Comptes rendus d'articles - p. 697-710