Contenu du sommaire : L'autocitation
Revue | Travaux de linguistique |
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Numéro | no 52, 2006 |
Titre du numéro | L'autocitation |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Le signalement de l'auto-citation dans les discours scientifiques : le cas des sciences de l'information et de la communication - Florimond Rakotonoelina p. 101-113 Cet article traite du signalement de l'auto-citation dans le discours scientifique à partir d'un corpus d'articles de recherche épistémologiques en sciences de l'information et de la communication. Il vise à poser les bases d'une réflexion sur l'auto-citation, en ancrant la recherche dans le courant des analyses du discours. L'auto-citation est ainsi directement pensée dans le discours dans lequel elle s'actualise ; de même, elle est appréhendée à partir du genre de textes « article de recherche » et elle oblige à reconsidérer la notion de sujet/auteur. Les analyses du signalement de l'auto-citation montrent qu'il s'agit d'une pratique discursive courante et normée dans le genre de textes considéré ; pour autant, ce signalement ne se distingue pas de celui d'une citation empruntée à d'autres. Cette similitude conduit à observer deux cas de figure : celui de l'auto-citation dans la co-énonciation et celui de l'auto-citation collective.This paper deals with self-quotation markers in scientific discourse based on a corpus of epistemological research articles in information and communication science. It sets out the foundations for a reflection on self-quotation by anchoring research within current discourse analysis trends. Self-quotation is thus considered within the actualizing discourse itself and is viewed within the context of the research-article genre forcing us to reconsider the idea of subject-as-author. The analysis of these self-quotation markers shows that it is a common discursive practice and that it has become a norm within the type of text under study. These markers, however, are not distinct from those used in borrowing. This similarity brings us to consider two possibilities, that of self-quotation within co-utterances and that of collective self-quotation.
II. Varia
- L'emploi « préfixal » des prépositions contre et tegen. Une analyse contrastive - Kristel Van Goethem p. 115-145 Cet article porte sur l'emploi « préfixal » des prépositions du français et du néerlandais. Après l'analyse des approches syntaxiques qui considèrent cet emploi lié des prépositions comme un cas de composition syntaxique et les approches morphologiques qui l'analysent comme un type de dérivation lexicale, nous proposerons à la fin de la première partie de cette étude une troisième option qui rend compte du caractère graduel du phénomène. Plus particulièrement, nous avancerons, à l'instar de Amiot, qu'il existe différents degrés de « préfixation » qui peuvent être déterminés à partir de quatre paramètres. Dans un deuxième temps, nous appliquerons trois de ces paramètres à un corpus comportant un grand nombre de mots introduits par contre-/ tegen-. Cette analyse nous permettra de découvrir dans quelle mesure ces mots relèvent de la préfixation et de repérer certaines différences typologiques entre le français et le néerlandais.This paper deals with the “prefixal” use of prepositions in French and Dutch. After the analysis of the syntactic approaches which consider this bound use as a case of syntactic composition and the morphological approaches which analyse it in terms of lexical derivation, we will suggest at the end of the first part of this study a third option which takes into account the gradual character of the phenomenon. More particularly, we will argue, following the example of Amiot, that there exist different degrees of “prefixation” which can be determined on the basis of four parameters. In the second part, we will apply three of these parameters on a corpus containing a large number of words introduced by contre-/ tegen-. This analysis will allow us to find out to which extent these words participate in prefixation and to detect some typological differences between French and Dutch.
III. Notes de lecture
- Notes de lecture - Peter Lauwers p. 147-151
I. Articles
- Autocitation et genres de discours, quelques balises - Juan Manuel López Muñoz, Sophie Marnette, Laurence Rosier p. 7-23
- Discours permanents, discours en co-énonciation et en écho-énonciation dans les entretiens : la pratique de l'auto-citation chez Annie Ernaux - Juan Manuel López Muñoz, Francisca Romeral Rosel p. 85-100 Partant d'une recherche sur un large corpus d'entretiens avec l'écrivain Annie Ernaux, ce travail présente une analyse de formes spéciales d'autocitation telles que les discours réitérés, les discours en coénonciation avec une collectivité et les discours en échoénonciation, dont l'étude déjà amorcée dans des études récentes semblait requérir une définition plus précise. Ces trois formes d'auto-citation se situent dans une zone aux limites imprécises, dite zone de subjectivité minimale du soi. Elles peuvent parfois coexister sans difficulté, mais cependant chacune d'entre elles semble être plus fréquente soit dans l'interview quantitative, soit dans l'interview qualitative. L'approche analytique adoptée ici, conjugue la théorie du discours, la psychologie sociale, la sociologie de la réception et l'intertextualité. En ratissant la surface des interviews, les discours individuels sont perçus comme étant un arrangement complexe de processus sociaux et de conscience sociale de présentation de soi quand l'énonciateur, dans ce cas, l'énonciatrice, essaie de mettre ses discours en circulation, s'évoquant elle-même à travers ses propres discours antérieurs ou à travers celui des autres.Starting from the study of a wide corpus of interviews with Annie Ernaux, this work analyzes special forms of self quotation in reported discourses such as reiterated discourses, discourses in co-enunciation with a collectivity and discourses in echo-enunciation, which require a more precise definition, although they have been studied in recent work. These three forms of self quotation take place in the imprecise boundaries zone of minimal subjectivity of the self. All three can comfortably coexist, however each of them are more representative either of qualitative or quantitative interviews. The analytical approach adopted combines discourse theory, social psychology, reception theory and intertextuality. Scratching the surface of the interviews, individual discourses are perceived as a complex arrangement of diversified social processes-consciousness presentation of oneself when the enunciator attempts to put his/her discourses in circulation, invoking himself/herself through his/her own anterior discourses or the discourses of others.
- Je vous dis que l'autocitation c'est du discours rapporté - Sophie Marnette p. 25-40 Le présent article envisage l'autocitation dans un corpus de français parlé. Au-delà des exemples non problématiques d'autocitation dans un contexte au passé ou au présent habituel, j'examinerai des occurrences plus contentieuses impliquant des expressions performatives ou modales du type je dis que et je pense que et j'argumenterai en faveur de leur insertion dans la catégorie du discours rapporté. Je montrerai ensuite que cette interprétation « élargie » du discours rapporté enrichit l'analyse des stratégies de présentation des paroles et des pensées dans le corpus de français parlé étudié.In this article, I study self-quotation within a corpus of spoken French conversations. I begin with a few unproblematic examples of speech and thought presentation in the first person in the past or in iterative contexts before examining more contentious occurrences, i.e. performative expression such as je dis (que) X (“I say (that) X”) and modal expressions such as je pense (que) X (“I think (that) X”). I then present several arguments in favour of including these expressions within the scope of reported speech (or thought) because in my view this enlarged interpretation significantly enriches my analysis of speech and thought presentation strategies in the spoken French corpus.
- Autophonie et formules modales. Verbes de parole et d'opinion à la première personne - Laurent Perrin p. 41-55 Les verbes de parole et d'attitude propositionnelle peuvent avoir deux sortes d'emploi à la première personne. Ils peuvent servir soit à rapporter le propos ou le point de vue du locuteur comme être du monde auquel l'énoncé réfère, soit à modaliser un contenu propositionnel pris en charge par le locuteur comme responsable de l'énonciation effective. Ayant examiné ce qui rapproche et ce qui oppose ces deux sortes de significations (ou interprétations), respectivement autophonique externe et autophonique interne, nous serons amenés à rendre compte de la formation diachronique de formules modales centrées sur le verbe « dire », aussi bien que sur certains verbes d'opinion comme « penser », « trouver », « imaginer ». L'article se conclut par quelques considérations sur les verbes de perception comme « voir », « entendre », ou « sentir », sur le rôle qu'ils jouent dans le cadre de formules modales idiomatiques comme « Je vois bien que », « J'entends bien », « Je sens bien ».Verbs of speech or propositional attitude may in the first person be used for two purposes. One is to report the speech acts or views of the speaker as an agent in the world. The other is to express a modality of the propositional content put forward by the speaker as the actual source of enunciation. These two meanings (interpretations) of so named external and internal autophony are considered in their commonalities and divergences. These comparisons allow us to account for the diachronic formation of modality readings as expressed by verbs of speech such as “dire” (“say”) and verbs of opinion such as “penser” (“think”), “trouver” (“find”), “imaginer” (“figure”). The paper closes with considerations on verbs of perception “voir” (“see”), “entendre” (“hear”), “sentir” (“feel”), and how they come to enter into modal idiomatic expressions like “Je vois bien que”, “J'entends bien”, “Je sens bien”.
- Marquages et fonctionnements dialogiques du discours intérieur autophonique de forme directe à l'oral - Bertrand Verine p. 57-70 Ce travail propose quelques arguments théoriques et quelques critères contextuels visant à distinguer deux configurations discursives qui, à l'oral, utilisent parfois les mêmes formes linguistiques : d'une part, les modalisations du type (ici et maintenant) je (me) dis : Y ; d'autre part, le discours rapporté auto-adressé en 1ère personne, sur le modèle (en une ou plusieurs occasions) je m'être dit / me dire : Y. Il s'interroge ensuite sur les bénéfices, souvent différés ou dérivés, que les locuteurs peuvent escompter en recourant au second type de configuration.This paper proposes several theoretical arguments and contextual criteria for discerning two discursive arrangements that may use the same linguistic forms in oral speech: on the one hand, modalisations such as (here and now) I say (to myself): Y ; on the other, the reported first person self-talk, such as (once or several times) I say / have said (to myself): Y. We then examine the (often delayed or derived) profits, that speakers may anticipate when they use the second kind of arrangement.
- Les auto-citations et leurs reformulations : des surassertions surénoncées ou sousénoncées - Alain Rabatel p. 71-84 Cet article analyse les relations entre l'auto-citation et ses reformulations. Il définit d'abord l'auto-citation comme une représentation de parole disjointe du hic et nunc du locuteur/énonciateur, avec laquelle ce dernier entretient des relations dialogiques complexes. Sur un plan syntaxique, l'auto-citation et sa reformulation correspondent soit à des îlots textuels, soit à une assertion dans une « phrase complète », soit à un texte, qui entretiennent avec l'énoncé source une relation paraphrastique ou non paraphrastique. L'article analyse ensuite des extraits de Du Sens, de Renaud Camus, sur un plan sémantico-pragmatique, en discours. Il montre que les auto-citations et leurs reformulations entretiennent souvent une relation de non-coïncidence, y compris pour les formes qui relèvent de ce qu'Authier-Revuz nomme les coïncidences du dire, dans la mesure où l'auto-citation, qui équivaut à une surassertion par autorité polyphonique (Ducrot), peut néanmoins être plus ou moins fortement prise en charge dans la reformulation. L'article distingue deux cas de déséquilibre, avec une relation de surénonciation, lorsque la reformulation exprime un point de vue qui va plus loin que l'auto-citation, ou de sousénonciation lorsque la reformulation se borne à une paraphrase de l'auto-citation – sousénonciation qui ne doit pas être confondue avec une coénonciation dans la mesure où la reformulation atténue le contenu propositionnel originel.This article analyses the relations between self-quotinq and its reformulations. First it defines self-quoting as a representation of disconnected speech of the here and now of the speaker / enunciator, with which the latter has a complex dialogical relationship. From a syntactical point of view, self-quoting and its reformulation correspond either to textual islands, to an assertion in a “complete sentence”, or to a text, all of which have paraphrastic or non-paraphrastic relations with the source utterance. The article then analyses extracts of Renaud Camus' Du sens, from a semantico-pragmatic point of view, in discourse. It shows that self-quoting and its reformulations often have a non-coincidental relationship, in so far as self-quoting, which is the equivalent of overassertion through polyphonic authority (Ducrot), can nevertheless be taken charge of by the reformulation. The article distinguishes between two cases of imbalance, with a relationship of overenunciation, when the reformulation expresses a point of view which goes further than self-quoting, or of underenunciation when the reformulation is merely a paraphrase of the self-quotation – an underenunciation which should not be confused with a coenunciation in as much as the reformulation attenuates the propositional content.