Contenu du sommaire : Les Grammaires Indiennes

Revue Histoire, Epistémologie, Langage Mir@bel
Numéro vol.20, n°1, 1998
Titre du numéro Les Grammaires Indiennes
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Les Grammaires Indiennes

    • Articles
      • Présentation - Jean-Luc Chevillard p. 3-4 accès libre
      • Evolution of the Notion of Authority (Prāmāṇya) in the Pāṇinian Tradition - Madhav M. Deshpande p. 5-28 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        La tradition paninéenne pose une structuration particulière de l'autorité dans le cas des trois grammairiens fondateurs : Pânini, Kâtyâyana et Patanjali. Elle considère que parmi ces grammairiens fondateurs, c'est Patanjali qui a l'autorité la plus haute. Ensuite vient Kâtyâyana, et enfin Pânini lui-même. Elle considère aussi que ces trois grammairiens sont des sages (muni) et possèdent un statut spécial, tandis que la tradition postérieure à Patanjali est sur le déclin et ne possède pas une autorité aussi haute. Cet article retrace l'évolution de ces notions au cours de l'histoire. Il note tout d'abord que Pânini ne déifie pas (ou plutôt ne « muni-fie » pas) les grammairiens qui sont cités dans sa grammaire. De même, Pânini lui même n'est pas « muni-fié » par Kâtyâyana et Patanjali. Cependant ces derniers font preuve de respect pour lui et traitent sa grammaire avec autant d'égards que les Veda-s, les écritures des hindous. C'est dans les uvres de Bhartrhari (500 A.D.) que nous voyons les premiers signes de la « muni-fication » des grammairiens des origines et l'expression du sentiment que les lettrés de son époque n'ont pas une maîtrise native du sanskrit. Chez Kaiyata, nous avons l'affirmation solennelle de l'autorité des trois grammairiens, avec des indices d'une croyance que Patanjali est l'incarnation du serpent divin Sesa. Enfin, dans les oeuvres de Nâgesabhatta, nous avons le développement complet de ces conceptions, l'inspiration pour la grammaire de Pânini étant attribué à Shiva et sa grammaire ayant le même statut que les Veda-s.
        abstract : The Paninian tradition assumes a special structure of authority for the three founding grammarians, i.e. Pânini, Kâtyâyana, and Patanjali. It is assumed that among these founding grammarians, Patanjali has the highest authority. Then comes Kâtyâyana, and then comes Pânini himself. It is also assumed that these three grammarians are sages (muni) and hold a special status, while the tradition after Patanjali is believed to fall into decline and does not command the same high authority. This paper traces the historical evolution of these notions. It first points out that Pânini had not deified (or rather muni-fied) the grammarians who are cited in his grammar. Similarly, Pânini himself was not muni-fied by Kâtyâyana and Patanjali. However, they ascribe some special respect for him, and treat his grammar as being like the Vedas, the scriptures of the Hindus. It is in Bhartrhari's works (500 A.D.) that we see the first signs of muni-fication of the early grammarians and a feeling that contemporary scholars do not have a native command of Sanskrit. In Kaiyata, we have the full statement of authority of the three early grammarians, with indications of Patanjali being considered an incarnation of the snake divinity Sesa. In the works of Nâgesabhatta, we have the full development of these conceptions, with the inspiration for the grammar of Pânini being attributed to Shiva and his grammar acquiring the status of Veda.
      • Les éléments linguistiques porteurs de sens dans la tradition grammaticale du sanskrit - Johannes Bronkhorst p. 29-38 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Cet article traite des conceptions, qui ont varié au cours du temps (de Pânini à Bhartrhari en passant par Patanjali), concernant les éléments qui sont porteurs de sens dans le langage. Pour Pânini, ce sont les constituants grammaticaux des mots (racines verbales, thèmes nominaux, suffixes) qui sont les porteurs primaires de sens. C'est de leurs valeurs que sont dérivées les valeurs des unités linguistiques de niveau supérieur que sont les mots. Pour Patanjali au contraire, ce sont les mots qui sont les porteurs primaires de sens. Les constituants grammaticaux n'ont qu'une valeur dérivée. Pour Bhartrhari enfin, dans son Vâkyapadïya, le porteur primaire de sens est la phrase, et les valeurs des mots et des constituants grammaticaux sont dérivées. Cette évolution remarquable des conceptions nécessite une explication, qui peut être obtenue par la comparaison avec d'autres courants de pensée qui sont leurs contemporains, et principalement le courant boudhiste.
        abstract : This article deals with the changing ideas about meaning bearing elements in language from Pânini through Patanjali to Bhartrhari. For Pânini the grammatical constituents of words verbal roots, nominal stems and suffixes are the primary bearers of mening ; from their meanings the meanings of larger linguistic units such as words are derived. For Patanjali, on the other hand, the primary meaning bearing units are the words; grammatical constituents only have a derived meaning. For Bhartrhari in his Vâkyapadïya, finally, the primary meaning bearer is the sentence, from which the meanings of words and grammatical constituents are derived. This remarkable development is in need of an explanation, which may be obtained by comparison with other contemporary currents of thought, primarily Buddhist.
      • Les noms de l'être et l'idée de substance chez Patañjali - Pierre-Sylvain Filliozat p. 39-51 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Panini emploie le mot bhava pour définir le sens de suffixes tels que tva et tal (ta) servant à former les noms abstraits. L'emploi de ce mot dans ce contexte est quelque peu inattendu, parce que Pânini emploie le même ailleurs, pour définir le sens des suffixes servant à former les noms d'action. Dans cette ligne Patanjali emploie le mot bhâva pour définir le sens de la racine nue et décrit la notion alors exprimée comme étant précisément un devenir, une action en train de se dérouler. Les sens d'action et de devenir sont évidemment impropres pour décrire le sens des suffixes de noms abstraits. Le mot bhâva doit-il être considéré comme à double sens et possédant deux sens radicalement différents ? Est-il possible de ramener deux sens aussi éloignés l'un de l'autre à une même catégorie plus générale qui serait le sens premier de bhâva ? Peut-on expliquer cet usage de bhâva à deux destinations aussi divergentes ? Le but du présent article est de présenter quelques textes éclairant les concepts d'auteurs de la tradition pâninéenne qui, à l'occasion de commentaires, ont profondément réfléchi sur la terminologie de Pânini et avaient une conscience linguistique très poussée, à savoir Patanjali et ses commentateurs. Ce qui est mis en évidence, déjà par Patanjali avec une grande lucidité, est le concept d'une qualité inhérente à l'objet tel que le langage l'appréhende. Le mot bhâva apparaît comme le nom technique de ce qui fait qu'on applique un mot à un objet. En même temps Patanjali prend le soin d'élucider la notion d'objet du mot et rencontre celles de substance et d'essence. Le texte principal sur ce sujet est le com- mentaire de Patanjali sur le sûtra « tasya bhàvas tvatalau » 5.1.119. Il a l'intérêt d'introduire un débat sur les notions de substance (dravya) et de qualité (guna).]
        Panini uses the word bhâva when characterizing the meaning of such suffixes as tva and tal {ta) that are used in the formation of abstract nouns. That he should use this word in such a context is somehow unexpected, as the same word appears in his characterization of the meaning of suffixes that serve to form action nouns. In the same spirit, Patanjali uses the word bhâva when he speaks of the meaning of the bare root and characterizes the notion which is then referred to as a « becoming », an « action that is taking place ». It is of course improper to characterize the meaning of suffixes forming abstract nouns in terms of « action » or « becoming ». Should we consider bhâva as having a double interpretation and referring to two radically different meanings ? Is it possible to consider these two distant meanings as instancing a more general category that would be the primary meaning of bhâva ? Is it possible to explain why bhâva is used with two divergent purposes in view ? The goal of this article is to present a few texts that throw some light on the conceptions of Patanjali and his commentators. These authors had undertaken an in-depth analysis of Pânini terminology and possessed high linguistic acumen. What Patanjali's analysis clearly shows is that there is a quality inherent to an object, as the language takes hold of it. And the word bhâva appears as the technical name of what allows us to apply a word to an object. Patanjali is also careful to explain the notion of « the object of a word ». We also meet with the notions of « substance » and « essence ». The main text regarding this topic is Patanjali's analysis of the sûtra P.5.1.119 (« tasya bhâvas tvatalau »), that introduces a discussion on the notions of dravya « substance » and guna « quality ».
      • Le sens des mots selon les logiciens (l'analyse du padārtha) - Francis Zimmermann p. 53-62 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Une comparaison entre l'analyse de l'objet du mot {padârtha) dans le Nyâya et la théorie des incorporels dans le Stoïcisme nous conduit à modifier profondément la métalangue qu'utilisent les sans- kritistes spécialisés dans l'interprétation des textes de logique ancienne. En reprenant, en effet, la terminologie philosophique et grammaticale que nous ont léguée les Stoïciens pour traduire et commenter les Nyâyasûtra II. 2.58 à 69 consacrés à l'examen du padârtha, on peut non seulement y mettre en évidence le schéma lettre-syllabe- mot-énoncé qui servait d'armature à toute la grammaire antique, mais aussi reconstituer l'ontologie réaliste et vitaliste — une physiologie des notions — dans le cadre de laquelle se déployait la réflexion grammaticale.
        A comparison between the analysis of padârtha (the object of the word) by the Nyâya tradition and the Theory of Incorporais by Stoicism leads us to significantly modify the metaterminology in use among the sanskritists who specialize in the interpretation of Ancient Logic texts. Specifically, if we make use of the philosophical and grammatical terminology that we have inherited from the Stoicians in order to translate and comment Nyâyasûtra II. 2.58-69, which deal with padârtha, we not only recognize the hierarchy « letter- syllable-word-utterance » that pervaded the whole structure of ancient grammar, but at the same time we bring to light the realistic and vitalistic ontology (we might call it a physiology of notions) which was the framework within which the grammatical theory was evolved.
      • L'interprétation et la tradition indienne du Nirukta - E.G. Kahrs p. 63-75 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        La tradition indienne d'analyse sémantique connue sous le nom de nirukta (ou nirvacanasâstra) a représenté un outil puissant pour l'exégèse et la transmission des écritures qui font autorité. Cependant, elle a trop souvent été écartée par les chercheurs contemporains qui l'ont considérée tantôt comme une sorte d'étymologie populaire et tantôt comme un précurseur rudi- mentaire de la linguistique historique. L'auteur de cet article soutient que ces points de vue ne peuvent expliquer tant son acceptation à l'intérieur de la tradition grammaticale sophistiquée du vyâkarana que son usage effectif dans le traitement des textes sanskrits. Il construit son argumentation sur une étude de l'analyse proposée pour le nom de la divinité Bhairava dans la savante littérature sanskrite du shivaïsme du Kashmir, et la prolonge en expliquant la tradition nirvacana à la lumière d'un modèle en termes de substitution, que l'on rencontre depuis l'époque des Brâhmanas et qui est plus tard raffiné dans les littératures techniques de la grammaire et du rituel.
        The Indian tradition of semantic analysis known as nirukta or nirvacanasâstra represented a powerful tool in the exegesis and transmission of authoritative scripture. Nevertheless, it has all too frequently been dismissed by modern scholars as anything from folk-etymology to a primitive forerunner of historical linguistics. The author argues that such views fall short of explaining both its acceptance within the sophisticated grammatical tradition of vyâkarana and its effective usage in the processing of Sanskrit texts. He establishes his argument by investigating the analysis of the name of the deity Bhairava in the learned Sanskrit literature of Saiva Kashmir, and goes on to explain the nirvacana tradition in the light of a model of substitution, in use since the time of the Brâhmanas and later refined in the technical literatures of grammar and ritual.
      • Le vocabulaire de la deixis dans la tradition grammaticale tamoule - Jean-Luc Chevillard p. 77-92 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        La tradition grammaticale ta- moule utilise le terme cuttu pour désigner trois particules démonstratives (a-, i- & u-), qui sont clitiques antéposées, et qui permettent à la langue tamoule d'effectuer une tripartition de l'espace en « distant », « proche » et « intermédiaire (?) ». Le terme cuttu apparaît aussi dans la caractéri- sation d'un certain nombre de lexemes, parmi lesquels les (pro)noms démonstratifs, pour lesquels nous retrouvons ce même découpage spatial. Il se rattache par ailleurs à un verbe cuttutal qui est employé pour désigner l'acte de monstration mais sert aussi à exprimer les rapports, simples ou complexes, entre un signe et ce dont il est le signe. Cet article examine les différents emplois de ces deux termes dans des textes tamouls classiques, littéraires ou techniques. Il resterait à considérer (ce qui n'est pas fait ici) comment ces emplois de cuttu et de cuttutal sont peut-être l'adaptation au vocabulaire tamoul de conceptions logiques originellement formulées en sanskrit.
        Classical Tamil made a threefold spatial division (« distant », « proximate » and « intermediate (?) ») by means of a set of three demonstrative clitics {a-, i- & «-). Tamil grammatical tradition designates these as cuttu. This technical term also appears inside the formulas that characterize several sets of lexemes, including the demonstrative (pro)nouns, for which this three-fold division is relevant. The noun cuttu also appears to be connected to a verb, cuttutal, which can denote the act of physically pointing to someting, but can also express the relationship, simple or complex, between a sign and what is signified by it. This paper examines how cuttu and cuttutal, are used inside classical Tamil texts, literary or technical. What remains to be done by some of its potential readers would be to find out whether this constellation of values is the adaptation to Tamil of (logical ?) conceptions originally formulated in Sanskrit.
    • Varia
      • Présentation : où naît la pragmatique ? - Sylvain Auroux p. 93-100 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Une certaine conception de l'histoire des sciences insiste sur les discontinuités des représentations. Elle a pour contrepartie le thème du précurseur, seule façon pour ce paradigme épistémologique d'expliquer la présence d'éléments cognitifs apparentés très antérieurs à la discontinuité. La pragmatique a particulièrement fait l'objet de ce genre d'analyse depuis une quinzaine d'années. En considérant différents éléments, on peut concevoir un autre modèle (plus atomiste et moins holiste) qui fasse droit à l'apparition progressive des différents constituants susceptibles d'être rassemblés pour construire une nouvelle connaissance.
        A certain conception of the history of sciences stresses discontinuity. As a counterpart, it resorts to the theme of the forerunner, the only way this epistemological paradigm can account for the existence of related cognitive elements that appear long before a discontinuity. Pragmatics in particular has been subjected to this kind of analysis in the last fifteen years. The consideration of various elements makes it possible to conceive another model (more atomistic and less holistic) which allows for the gradual apparition of constituents that can be put together to evolve a new form of knowledge.
      • Une pragmatique avant la pragmatique : « médiévale », « arabe » et « islamique » - Pierre Larcher p. 101-116 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        RÉSUMÉ/PRÉLUDE : Bien qu'historique-ment le terme de « pragmatique » désigne, avec ceux de « syntaxique » et « sémantique », l'un des trois volets de la sémiotique de Morris, il peut être utilisé, de manière anhistorique, pour caractériser toute théorie, explicite ou implicite, du langage n'ignorant pas ses « interprètes », et, par suite, l'action de l'un sur l'autre, la réaction de l'autre, l'interaction des deux. On peut également utiliser la pragmatique d'aujourd'hui, de manière heuristique, et sans verser dans le précursorisme, pour mettre en évidence le caractère pragmatique de « théories » du langage appartenant à d'autres temps et d'autres lieux que les nôtres. C'est ce que nous ferons ici en montrant qu'une commune dimension pragmatique constitue un lien fort et original entre les différentes disciplines qui, en langue arabe et dans le cadre de l'islam, pour une période de temps que l'on peut qualifier de « médiévale » (VIIIe-XVIIIe siècles), traitent en totalité (grammaire et rhétorique) ou en partie (sciences théologico-juridiques) de langage et dont la catégorie tardive (XIIIe siècle) de 'insâ' (litt. « création ») l'analogue arabe des catégories austiniennes de « performatif » et d'« acte illocutoire » constitue l'élément le plus spectaculaire.
        abstract/prelude : Although « pragmatics », historically speaking, refers, with « syntactics » (syntax) and « semantics », to one of the three branches of Morris's semiotics, it may, from a non-historical point of view, be used to characterise any theory of language, implicit or explicit, which takes into consideration the « interpreters » and, as a corollary, such things as the action of one interpreter on the other, the other interpreter's reaction, and the interaction of both. Modern pragmatics may also without any undue zeal in the search for forerunners be used as a heuristic device to bring to light the pragmatic nature of « theories » of language belonging to other historical periods and other geographical areas than our own. This is the approach we shall adopt in the following article, showing that there exists a common pragmatic dimension providing a strong and original link between those various disciplines which, in the Arabic language and in an Islamic context, during a period which might be termed « medieval » (from the 8th to 18th centuries), dealt either entirely (grammar and rhetoric), or in part (the theologico-juridical sciences) with language. Among these disciplines the relatively late (13th cenmry) category of 'insâ' (literally « creation ») the Arabic counterpart to the Austinian categories of « performative utterances » and « illocutionary acts » constitutes the most spectacular « pragmatic » element.
      • Éléments de pragmatique dans la grammaire, la logique et la théologie médiévales - Irène Rosier-Catach p. 117-132 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Au Moyen Âge, des éléments d'analyse pragmatique du langage se trouvent dans trois domaines différents. D'abord en grammaire : l'analyse de l'énoncé complet, sur la base de sources logiques (Aristote) et grammaticales (Priscien), mène les grammairiens du XIIIe siècle a s'interroger sur certains énoncés qui sont incomplets ou agrammaticaux, bien que doués de sens : ce sont des énoncés qui ont pour but d'effectuer une action, et non de la signifier. Ils étudient un certain nombre d'exemples d'énoncés de ce type, parmi lesquels se trouvent des formules liturgiques. En second lieu en logique : les logiciens utilisent la même distinction pour opposer les termes catégorématiques, qui signifient quelque chose (sujet et prédicat), et les termes syncatégorématiques qui effectuent une 'action de l'âme', comme la composition, la division, la négation, etc. Enfin, en théologie : la définition du sacrement comme 'signe qui effectue ce qu'il signifie' a des conséquences sur le plan linguistique ; elle conduit à s'interroger sur les conditions générales de l'acte effectué, et sur les éléments linguistiques de la formule qui en déterminent l'efficacité. L'analyse du serment, selon ses deux types (serment assertif, serment promissif), est une autre voie par laquelle les médiévaux, dans le domaine de la théologie morale, retrouvent l'opposition entre le dire et le faire.
        In the Middle Ages, a pragmatic analysis of language can be found in three different fields. First in grammar : while analysing the complete sentences, on the basis of logical and grammatical sources (Aristotle and Priscian), the grammarians of the 13th century question some sentences which are incomplete or agrammatical, while meaningful, and find that those sentences are meant to perform an action, rather than to signify it. They study examples of such sentences, among which are liturgical formulas. Secondly in logic : the logicians use the same distinction to oppose the categorematic terms which signify something (subject and predicate), and the syncategorematic terms which perform an 'action of the soul', such as composition, division, negation, etc. Thirdly in theology : adopting the definition of the sacrament as a 'sign which performs what it signifies', the theologians analyse the general conditions of the performed act, as well as the linguistic elements which determine the efficacy of the sacramental formula. The analysis of the oath, with its two species (assertive and promissive), is another path through which the medieval scholars, here in the field of moral theology, meet the opposition between what is said and what is done with language.
      • Le pragmatisme et l'hypo-pragmatisme du langage selon Gustave Guillaume - Francis Tollis p. 133-146 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Gustave Guillaume a consacré l'essentiel de sa réflexion à l'étude des systèmes qui composent le pôle puissanciel du langage. Cela ne doit cependant pas faire oublier, que très tôt, dès son travail de 1919 sur l'article français, il avait élaboré une théorie du langage qui prenait en compte la dimension énonciative. Cette orientation, longtemps mal connue, a déjà été clairement dégagée à la fin des années 70 par A. Joly & D. Roulland. Leur exégèse insistait surtout sur la présence du sujet énonciateur dans cette approche, sur la nature operative de l'acte de langage jusqu'à son aboutissement au dit effectif, et sur ce que cela implique de conditions permanentes en deçà de cette production. Dans le prolongement de cette étude, et en se penchant de près sur la distribution des termes pragmatique et pragmatisme dans l'uvre publiée de Guillaume, on se propose ici de rappeler comment, avec le vocable qui opère remarquablement la synthèse de ses deux pôles extrêmes, le langage y apparaît comme imprégné d'utilitarisme, aussi bien en tant qu'exploitation intéressée que comme moyen provisionnel.
        Gustave Guillaume devoted most of his thinking to the study of the systems which make up the potential pole of language. For all that, one shouldn't overlook the fact that very early - as early as in 1919 - in his work on the French article, he developed a theory of language taking into consideration the factor of speaker-hearer relationship in the activity of utterance. That aspect of this work, which long failed to be appreciated, was clearly brought out at the end of the seventies by A. Joly & D. Roulland. Their exegesis was mainly concerned with the attention bestowed, in that kind of approach, on the traces left by the utterer, with the operation in the speech act until its outcome - the discourse actually uttered -, and with all the permanent conditions involved before the act of utterance can take place. In the same line as that paper, starting from a close study of the distribution of the terms pragmatique and pragmatisme in Guillaume' s published works I propose to point out how, thanks to the term which achieves a remarkable synthesis between its two extreme poles, language is impregnated with utilitarism, whether it is considered as an interested application or as a provisional means.
    • Discussions
    • Lectures et critiques