Contenu du sommaire : Les organisations au risque de l'information

Ce texte d'introduction au débat pose diverses questions, de contenu et de démarche, sur des aspects essentiels abordés par les contributeurs. En particulier, il s'agit de spécifier les difficultés nées des différentes définitions -ou des non-définitions -du terme information. Il traite des obstacles créés par une approche trop souvent monodisciplinaire alors que la polysémie des termes information et organisation devrait déboucher sur une conception précise mais large de ces notions.

Observant que la qualité de la gestion des anciennes manufactures était comparable à celle des entreprises actuelles dotées de systèmes d'information (S. I.) modernes, l'auteur étudie le lien information-organisation en dehors de tout a priori technologique et instrumental. La définition du S. I. O. qui en découle (finalisation, symbolisation, mémorisation et computation communication) ouvre la voie à de nouvelles recherches (intelligence artificielle, processus de mémorisation . . . ).

Comment caractériser l'efficacité d'un système d'information ? Mais d'abord, qu'est-ce qu'un système d'information (SI) ? L'article donne une définition des SI et montre qu'un SI est d'abord un construit social avant d'être un produit technique. Deux des trois flux informationnels qui le composent sont à dominante sociale. L'information elle-même doit être pensée comme un rapport social. L'efficacité des SI dépend de la qualité de la communication et en particulier de la communication compréhensive. Mais le système productif actuel ne crée pas les conditions d'une communication compréhensive. Celle-ci exige un espace de négociation pour construire un compromis productif dynamique : aucune contrainte économique ne pousse les entreprises à créer un tel espace.

Cet article souhaite dégager les lignes de force d'une réflexion sur le pouvoir et l'entreprise. Partant d'interrogations sur les liens entre le pouvoir, la décision, l'information et la coordination, il propose un approfondissement conceptuel et méthodologique qui débouche sur un élargissement de l'analyse du pouvoir lié à l'entreprise. Il tend ainsi à établir un schéma général d'interprétation du pouvoir et des pouvoirs dans leurs relations avec l'entreprise.

Cet article propose une exploration de travaux au croisement des sciences économiques, des sciences de l'information et des sciences de gestion, qui ont pris pour objet -ou pour projet -l'information dans les entreprises. Sont plus particulièrement considérées quelques approches-clés des rapports entre information et décision d'une part, et des réflexions sur «l'information-ressource » d'autre part. Ces recherches ont progressivement enrichi et complexifié leurs approches de l'information, en interaction avec un objet en pleine mutation. À travers la formation d'un nouveau modèle industriel se pose ainsi toute la question d'une efficacité renouvelée des diverses productions d'information et de leurs échanges dans les activités fonctionnelles et d'encadrement. Les travaux sur «l'entreprise apprenante » identifient quant à eux la nécessité pour les entreprises de valoriser et de développer tout un capital de connaissances au niveau non plus des seuls individus, mais des collectifs de travail tels qu'ils se reconfigurent au sein de ces entreprises et avec leurs partenaires.

Trop consensuelle pour n'être pas ambiguë, la référence à une information réduite à l'état de catégorie générique, invite à une réflexion critique. Considérant l'information spécifique et son rôle dans les processus d'innovation se développant au sein des organisations industrielles, ce texte souligne les significations paradoxales et contradictoires des tendances observables. Celles-ci peuvent être examinées à partir de deux types de processus : l'un d'incorporation/matérialisation de l'information dans la production matérielle, l'autre d'explicitation/consignation d'informations spécifiques à partir de l'expertise et de ce qui se présente comme une élaboration cognitive collective.

Cette communication vise à resituer le rôle de l'information et de sa circulation dans les systèmes productifs locaux. Pouvant être considéré comme un facteur contribuant à la formation d'économies externes d'agglomération, un système d'informations efficient ne se limite pas à celles transmises par le marché. Une originalité de ces organisations territoriales repose sur leur capacité à développer des formes de communication informelle et d'échange non marchand. Certaines conditions doivent être remplies afin que ces informations circulent et se cristallisent en réseaux de communication efficaces. On retiendra l'existence de savoir-faire ancrés territorialement de longue date, la reproduction de valeurs et de normes communément partagées, et la nécessité d'un processus d'intériorisation de ces valeurs et de ces normes locales.

Les moyens de perception et de traitement de l'information de l'organisation deviennent une ressource et un capital à mobiliser, à exploiter : son adaptation dépend de sa capacité à être attentive et à construire un sens aux sollicitations qu'elle perçoit. Pour ce projet, l'entreprise ne peut faire l'économie de la considération, de la mobilisation et de l'organisation des capacités de traitement de l'information de l'ensemble de ses acteurs. L'attention de l'organisation s'exprime par l'activité de son radar, mais un radar multicoupoles articulant de multiples dimensions : perception et organisation de signaux faibles (sélection et traitement), contextualisation de l'information, construction de passerelles sémantiques, procédures de reconnaissance. Les expertises, en général monodimensionnelles, des acteurs et leur capacité à internaliser les projets qu'ils mettent en œuvre dans leurs actes de gestion peuvent-elles s'articuler dans l'explicitation des projets de l'organisation ? La recherche permanente et tâtonnante de réponses constitue sans doute le processus même de l'attention organisationnelle. En termes d'organisation, on est conduit à reconsidérer le paradigme de l'organisation sédentaire contrôlante au profit d'un paradigme de l'organisation nomade vigilante.

Si la confiance est un des éléments essentiels qui permettent de cimenter une relation d'alliance, il peut se produire, lors de la mise en œuvre, des événements non prévus, que l'un ou l'autre des partenaires peut tenter d'utiliser à ses propres fins. Or la méfiance qui peut se développer va à l'encontre du succès d'une alliance et peut aboutir à une renégociation. Une confiance assortie de vigilance apparaît alors nécessaire. Cependant la politique de vigilance ne doit pas se limiter à une surveillance attentive de l'environnement et du partenaire. Elle peut en effet reposer sur une dimension active qui peut se traduire notamment par des tests de réciprocité dans le partage de l'information. Une telle politique peut alors permettre d'amorcer une boucle d'apprentissage fondée sur le partage d'information.

Cet article analyse le processus de codification du droit à l'information et à la consultation des travailleurs dans les firmes multinationales (FMN) européennes. Ce mouvement s'appuie sur deux dynamiques. L'une prend la forme d'un apprentissage collectif des acteurs «de terrain » au sein de comités de groupe créés dans plusieurs FMN. L'autre vise à élaborer une base juridique valable pour l'ensemble de l'Union Européenne. La conjonction de ces deux dynamiques contribue à l'émergence d'un ensemble régulatoire complexe dans lequel une pluralité d'acteurs (représentants des salariés, des employeurs et des États) situés à différents niveaux (local, national et européen) articule plusieurs modes de régulation (législatif et né-gociatoire). La mise en œuvre d'un tel processus apparaît comme la condition d'un renouvellement de la production des règles du jeu social à l'échelle européenne.

Aujourd'hui l'accès à l'information, ainsi que son traitement rapide, revêtent pour les opérateurs financiers un intérêt stratégique : en permettant de «regarder plus loin » (speculare), l'information nourrit leurs anticipations et doit renforcer -c'est du moins ce qu'enseigne la théorie -la fonction allocative du marché. Cela a peu à peu bouleversé les schémas traditionnels de conduite de la politique économique en général, et de la politique monétaire en particulier. Comment la théorie a-t-elle représenté cette évolution ? Comment a-t-elle décrit et explicité les effets de l'intrusion massive de l'information et des anticipations privées dans le champ d'action habituel des banques centrales ? L'objectif de cette contribution est double : -repérer les principales représentations théoriques de cette confrontation brutale ; -dégager les enseignements essentiels des analyses menées en termes d'asymétries d'information qui sont en vogue aujourd'hui. De telles analyses, qui se fondent pourtant sur des prémisses individualistes classiques, peuvent déboucher sur une nouvelle conception et surtout sur de nouvelles justifications théoriques de la régulation publique des marchés monétaires et financiers.