Contenu du sommaire : Le gouvernement d'entreprise
Revue | Revue d'économie financière |
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Numéro | no 130, 2ème trimestre 2018 |
Titre du numéro | Le gouvernement d'entreprise |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Le gouvernement d'entreprise. Nouveaux enjeux
- Introduction - Patricia Crifo, Antoine Rebérioux p. 9-18
- Revoir les droits et les devoirs des parties prenantes - Antoine Frérot, Antoine Rebérioux p. 21-30 Une entreprise se définit comme un collectif coordonnant différentes parties prenantes (actionnaires, salariés, clients et fournisseurs). Un dirigeant d'entreprise a différentes missions, dont la préservation d'un équilibre entre les intérêts de ces différentes parties. Par ailleurs, il doit construire une stratégie sur le long terme. Il en découle certains principes souhaitables en matière de gouvernance, respectant les droits et les devoirs de chacune de ces parties prenantes. La promotion d'un actionnariat de long terme – par le biais de droits de vote augmentés pour les investisseurs les plus stables – en fait partie. De même, la participation des parties prenantes – et notamment des salariés – au conseil d'administration doit être envisagée. À Veolia, deux représentants des salariés siègent depuis 2013 au conseil d'administration. L'expérience est très positive, car ils apportent leur connaissance approfondie du groupe. Tout système d'incitation/rémunération du dirigeant qui ne prendrait en compte que l'une des parties prenantes de l'entreprise devrait être exclu. Enfin il convient de réfléchir à une réécriture des articles 1832 et 1833 du Code civil définissant la société, de manière à dépasser une vision trop étroite de l'objet social de l'entreprise.Classification JEL : G32, G34, K22, M12, M14.A firm is defined as a collective entity, coordinating various stakeholders (shareholders, workers, clients and suppliers). A corporate executive has different responsibilities. He should balance the interests of the various stakeholders, and also build a strategy over the long term. As a consequence, corporate governance should promote certain principles, preserving the rights and duties of the stakeholders. Favoring long term investors, through multiple voting rights for patient, stable shareholders, is one of these principles. Also, board-level representation of the firm various constituencies, including workers, is a serious option. In Veolia, the board of directors includes two worker representatives since 2013; the experience is positive, as they bring their own firm-specific expertise into decision-making. Regarding CEO remuneration, a design that would prioritize a single constituency should be avoided. Finally, there is a need to adapt the articles 1832 and 1833 of the French Civil code that give a legal definition of the corporation. The objective should be to go beyond a narrow definition of corporate responsibility.Classification JEL : G32, G34, K22, M12, M14.
- La prise de conscience de la nécessité d'une gouvernance plus responsable progresse - Nicole Notat, Patricia Crifo, Xavier Mahieux p. 31-39 En matière de gouvernance, la situation française se caractérise par la coexistence de plusieurs modèles en raison de la multiplicité des formes juridiques (sociétés anonymes, mutualistes, etc.) et de la composition des conseils d'administration, parfois encore teintés de consanguinité, avec une dissociation ou non des pouvoirs qui fait encore débat et une très faible représentativité des salariés en leurs seins. Sur ce point, la France est réellement à la traîne et les réticences sont encore importantes, même si la loi Rebsamen impose cette représentation depuis 2015. Plus généralement, les freins à l'évolution vers une gouvernance socialement responsable sont liés à la représentation que les chefs d'entreprises se font de leur rôle et à la recherche de rentabilité, souvent à court terme, des investisseurs. Mais les choses évoluent, notamment du côté des investisseurs qui comprennent que leur intérêt d'actionnaires bien compris est de prendre en compte les intérêts des parties prenantes, en particulier sur les enjeux sociaux et environnementaux, et d'agir en ce sens auprès des entreprises. L'évolution de l'activité des agences de notation extra-financières telles que Vigeo confirme cette tendance.Classification JEL : G32, G34, K22, M12, M14.As regards governance the coexistence of several legal status (joint-stock companies, cooperatives...) and the composition of boards and powers are specific features of the French situation. In particular, except in the public sector and in recently privatized companies, the employees had nearly no representation on the Board of Directors, at least till the Rebsamen law passed in 2015. More specifically the evolution of governance towards a model taking social and environmental matters into account faces two main obstacles: the managers' representation of their role as agents of stockholders and the quest for short term profits by investors. However investors are increasingly aware that their financial interest lies on a governance extended to stakeholders and integrating social and environmental stakes. Evidence shows that they are beginning to urge companies to act in accordance with these principles. The evolution of the activity of the social rating agencies, including Vigeo, corroborates this movement.Classification JEL : G32, G34, K22, M12, M14.
- La régulation de la gouvernance d'entreprise : de l'autorégulation à la corégulation ? - Sophie Harnay, Tatiana Sachs p. 41-53 L'analyse économique considère le plus souvent les technologies juridiques traditionnelles, de type hard law, comme incapables de satisfaire les besoins juridiques hétérogènes des entreprises et des investisseurs en matière de gouvernance d'entreprise. À l'inverse, parce qu'ils sont le plus souvent produits par autorégulation et associent de ce fait étroitement les utilisateurs des règles à leur production, les codes de gouvernance d'entreprise, qui relèvent de la soft law, sont réputés offrir aux agents économiques des règles de gouvernance adaptées et flexibles. Leurs avantages supposés tiennent en outre au caractère volontaire et optionnel de l'adhésion des firmes, reposant sur le système « se conformer ou s'expliquer ». Cet article discute cette vision dominante de l'efficacité supérieure des codes de gouvernance par rapport aux technologies juridiques alternatives. Mobilisant à la fois les apports des disciplines économique et juridique, il souligne les risques associés aux codes en matière de qualité de la gouvernance et de transparence conformiste des entreprises. Revenant sur les réformes françaises récentes en matière de RSE, il suggère qu'un système de corégulation pourrait permettre de surmonter les inconvénients associés à la production autorégulée et hétérorégulée des règles de gouvernance d'entreprise.Classification JEL : G32, G34, G38, K22.Economic analysis widely considers conventional legal production technologies (hard law), including governmental regulations, statutes, or judge-made law, as ill-suited to the legal needs of heterogenous firms and investors in the field of corporate governance regulation. By contrast, codes of corporate governance can be considered to fall within the scope of soft law. As most of them rely on self-regulation, thus ensuring that the agents to whom codes will apply are also those who have participated in their writing, they are often regarded as providing economic agents with adaptive, flexible rules of corporate governance. Another reason behind their alleged superiority is their reliance on firms' voluntary and optional compliance, based on the comply-or-explain approach. This article aims at challenging this dominant view of codes' superior efficiency to regulate corporate governance. Building on a joint approach by the legal and economic disciplines, it shows that codes imply both a risk of low quality of governance and conformist compliance by firms. Drawing on French recent regulatory reforms in the field of CSR, it argues that co-regulation may provide a promising solution to overcome both the drawbacks associated with self-regulation and regulation by external authorities in the field of corporate governance.Classification JEL : G32, G34, G38, K22.
- Les compagnies de moulins en Occitanie : émergence et gouvernance de sociétés par actions multiséculaires - David Le Bris, William N. Goetzmann, Sébastien Pouget p. 55-69 À partir du Moyen Âge, un gouvernement d'entreprise original prospère sur les bords des rivières occitanes pour gérer des moulins organisés sous forme de sociétés par actions. Pour résoudre les problématiques intemporelles créées par la séparation entre propriété et contrôle, ces entreprises trouvent des solutions souvent très modernes. Les actionnaires bénéficient de la responsabilité limitée, prennent les grandes décisions en assemblée générale, nomment des administrateurs et des auditeurs des comptes pour veiller à leurs intérêts et mettent en place des politiques de surveillance. D'autres aspects sont plus originaux comme une politique de no free-cash-flows, des mandats annuels d'administrateurs et l'obligation pour un actionnaire désigné d'œuvrer pour le bien de la société. Pour comprendre cette gouvernance originale, le contexte de l'apparition de ces sociétés est tout d'abord présenté.Classification JEL : G32, G34, N5, N23.Starting from the Middle-Age, a novel type of corporate governance developed on the banks of Occitanian rivers to manage mills organized as shareholding companies. To address timeless issues created by the separation between ownership and control, these companies find solutions that are often very close to modern ones. Shareholders benefit from limited liability, take major decisions during general assembly meetings, nominate directors and account auditors to look after their interests and put in place monitoring policies. Other aspects are more original such as a policy of no free-cash-flows, directors with annual mandates, and the obligation for a designated shareholder to work for the good of the company. To understand this original governance, the context of the emergence of these companies is first presented.Classification JEL : G32, G34, N5, N23.
- L'évolution de l'actionnariat en France : 1977-2017 - Tristan Auvray p. 73-98 Cet article retrace les grandes tendances de l'actionnariat français des sociétés cotées et non cotées à partir de la fin des années 1970, et plus spécialement en ce début de xxie siècle, vingt ans après l'éclatement du cœur financier français. Nous proposons une méthode originale, combinant les comptes de patrimoines et les statistiques sur les IDE de la Banque de France, ainsi que l'enquête CPIS du FMI, pour donner des ordres de grandeurs sur la localisation de cet actionnariat et le type de ses prises de participations. Pour caractériser de manière plus détaillée l'évolution de l'actionnariat des sociétés cotées françaises sur la période récente, nous nous focalisons ensuite sur les grandes sociétés de la place de Paris. Malgré la grande rupture qu'a été la montée des investisseurs institutionnels états-uniens à la fin des années 1990, l'actionnariat des grandes sociétés cotées a connu une forte stabilité dans ses niveaux de concentration depuis 2002, ce qui ne doit pas dissimuler la montée, aux côtés des actionnaires de contrôle traditionnels, de nouveaux actionnaires de contrôle (fonds souverains, hedge funds et groupes étrangers). De même, si la concentration des cinq premiers actionnaires est stable, les participations du premier actionnaire tendent à diminuer, conférant plus de poids relatif aux autres détenteurs de blocs d'actions.Classification JEL : G32, G34.This article presents the evolution of shareholdings in French listed and non-listed corporations since 1977, with a focus on the beginning of the 21st century, twenty years after the unlocking of the French financial core. We present an original method that combines national balance sheets and FDI statistics published by the Banque de France, and the CPIS coordinated by the IMF in order to give an order of magnitude of the localisation of French corporate owners. We present also numbers on the evolution of ownership of French CAC 40 corporations since 2002. Despite the rise of institutional investors since the late nineties, levels of ownership concentration are very stable. Nevertheless, new activist shareholders (sovereign wealth funds, hedge or private equity funds) are among the first shareholders. Moreover, the stability of the concentration of the five first shareholders, coupled with a decline of the share of the first shareholder, gives more weight to the main blockholders.Classification JEL : G32, G34.
- Familles actionnaires - Edith Ginglinger p. 99-111 Les firmes familiales représentent une large part des entreprises cotées dans le monde. Les mécanismes de gouvernance des firmes familiales tiennent compte des spécificités de leurs conflits d'agence. Par exemple, les conflits d'agence entre actionnaires et dirigeants peuvent être atténués lorsque les dirigeants sont eux-mêmes membres de la famille. Les coûts des conflits d'agence entre le bloc familial majoritaire et les actionnaires minoritaires, liés aux prélèvements potentiels de bénéfices privés, peuvent être compensés par un contrôle plus efficace des dirigeants, tandis qu'un conflit d'agence spécifique lié aux relations entre la famille dans son ensemble et ceux qui la représentent dans l'organisation du bloc actionnarial peut émerger. Les mécanismes de gouvernance mis en place semblent efficaces, puisque les firmes familiales apparaissent plus performantes que les firmes non familiales. Mais elles sont également moins diversifiées, moins innovantes et plus sensibles au climat social dans l'entreprise. Leurs décisions financières reflètent le souci de leurs actionnaires familiaux de préserver leur contrôle qui passe en particulier par l'établissement de relations de long terme avec les autres parties prenantes de l'entreprise. Cet article propose une synthèse des résultats de recherches sur ces sujets.Classification JEL : G30, G32, L21, L25, P12.Family firms account for a large proportion of listed companies worldwide. The governance mechanisms of family firms deal with the specificities of their agency conflicts. For example, agency conflicts between shareholders and managers can be mitigated when the managers are themselves family members. The costs of agency conflicts between the family blockholding and minority shareholders, related to potential private benefits, can be offset by more effective monitoring, while a specific agency conflict related to relations between the family at large and family shareholders can emerge. The governance mechanisms put in place seem effective, since family firms appear to perform better than non-family firms. But they are also less diversified, less innovative and more sensitive to the social climate in the company. Their financial decisions reflect their shareholders' concern to preserve their control, which involves, in particular, long-term relationships with other stakeholders. This article provides a review of research findings on these topics.Classification JEL : G30, G32, L21, L25, P12.
- Pourquoi manque-t-on d'investisseurs à long terme ? - Dominique Plihon, Sandra Rigot p. 113-128 Les investisseurs institutionnels sont devenus les principaux acteurs des marchés financiers internationaux, à côté des banques systémiques. Ces acteurs offrent des services financiers différents mais, selon la théorie, ils ont pour fonction commune de réduire les imperfections des marchés et d'assurer l'ajustement global entre l'épargne et l'investissement. Cependant, l'observation montre que, dans la réalité, le comportement de ces acteurs est affecté d'un biais court-termiste, qui s'explique notamment par leur politique de délégation de la gestion de leurs actifs. Ce comportement contribue au déséquilibre global entre épargne et investissement, les excédents d'épargne ne pouvant participer au financement des innovations et de la production faute d'investisseurs à long terme. Bien que disposant d'un passif stable et à long terme, certains investisseurs institutionnels ne sont pas en mesure de se projeter sur un horizon long, supérieur aux cycles conjoncturels, car ils ne parviennent pas à s'affranchir des contraintes de liquidité et de la volatilité des marchés. Les facteurs institutionnels, réglementaires et comptables, qu'il serait souhaitable de réformer, semblent contribuer à ce biais court-termiste. Cette situation suggère également que de nouvelles modalités d'intermédiation financière sont nécessaires, telles que celles réalisées par les banques publiques de développement, qui fonctionnent déjà dans certains pays, comme l'Allemagne, le Brésil et la France.Classification JEL : G32, E21, G21, G23.Institutional investors have become leading players in international financial markets, alongside systemic banks. These players offer different financial services and, according to theory, their common function is to reduce the imperfections of markets and ensure the overall adjustment between savings and investment. However, observation indicates that in the real world, the behavior of these players is affected by a short-term bias, which can be explained by their policy of asset management. This behavior contributes to the global imbalance between savings and investment, such that surplus savings cannot contribute to the financing of innovations and production for lack of long-term investors., Institutional investors holding long-term and stable liabilities are unable to focus on a long horizon, longer than economic cycles, because they cannot escape the constraints of market liquidity and volatility. Institutional, regulatory and accounting factors, which should be reformed, appear to contribute to this short-term bias. This situation also suggests that new forms of financial intermediation are necessary, such as those carried out by public development banks and sovereign investment funds which already exist in some countries, such as Germany, Brazil and France.Classification JEL : G32, E21, G21, G23.
- La gouvernance dans les LBO - Nicolas Bédu, Caroline Granier p. 129-144 À partir du cas français, cet article traite la question de la gouvernance dans les LBO définie comme une chaîne de délégation entre les investisseurs des fonds de private equity, les fonds et les entreprises acquises. Il s'attache notamment à analyser les relations de contrôle et de surveillance entre les différentes parties prenantes à travers l'étude des mécanismes incitatifs et des instruments de surveillance mis en œuvre ainsi que la réglementation en vigueur. L'étude du modèle français met en évidence que la gouvernance dans les LBO est dépendante de caractéristiques institutionnelles affectant l'efficacité des mécanismes de contrôle et de surveillance existants, que les LBO conduisent à une asymétrie entre les intérêts des fonds et de leurs investisseurs et que lorsqu'un fonds de PE participe au montage, les LBO présentent davantage d'intérêt pour les banques que pour les entreprises acquises.Classification JEL : G23, G24, G28, G32, G34, G38.Based on the French case, this article addresses the question of governance in LBO transactions, i.e. the chain of delegation between Private Equity funds' investors, funds, and target companies. It analyses the incentives and monitoring mechanisms as well as the regulatory framework. The French case highlights that governance in LBOs relies on institutional characteristics affecting the effectiveness of control and monitoring mechanisms. It also provides some evidence that LBO lead to an asymmetry between funds' interests and funds' investors' interests at the expense of investors. Finally, this article shows that LBOs involving PE funds may be more interesting for banks than for acquired companies.Classification JEL : G23, G24, G28, G32, G34, G38.
- Styles de gestion de portefeuille et gouvernance des entreprises - Bertrand Jacquillat p. 145-160 La montée en puissance de la gestion passive dans la gestion de l'épargne par les investisseurs institutionnels s'est très fortement accentuée au cours des dix dernières années. Elle traduit la conversion d'une partie des investisseurs au concept de l'efficience des marchés et l'attention portée aux coûts de la gestion active. Cette évolution a pu être jugée inquiétante car l'une de ses conséquences possibles était l'absence de surveillance des sociétés dans lesquelles cette épargne est investie. Toutefois, ces craintes semblent aujourd'hui infondées car à l'instar de Blackrock les principaux gestionnaires de gestion passive ont pris conscience de leur rôle sociétal et renforcé leurs équipes de suivi de la gouvernance. D'autres enjeux de gouvernance apparaissent néanmoins avec le développement des structures duales d'actionnariat dans les entreprises hightech cotées, le recours à l'intelligence artificielle et la forte croissance des marchés financiers chinois.Classification JEL : G11, G23, G32.The powerful setup of passive investing in the management of savings by institutional investors has tremendously increased in the last ten years. It is the result of the progressive recognition of financial markets efficiency as well as of the focus on the costs and results of active portfolio management. This evolution triggered worries regarding the monitoring of governance in firms in which these funds invest. However, the worries seem today overestimated since the largest passive investors like Blackrock have realized their social duty and increase the number of their employees in charge of monitoring governance. Nevertheless new governance issues arise with the growth of dual ownership structures in high-tech listed companies, the introduction of artificial intelligence - based monitoring and the huge rise of the Chinese financial markets.Classification JEL : G11, G23, G32.
- Le conseil d'administration : enjeux de gouvernance et de responsabilité - Antoine Rebérioux, Gwenael Roudaut p. 163-180 Cet article s'intéresse au rôle, au fonctionnement et à la composition du conseil d'administration dans les sociétés de capitaux. Il s'appuie sur la littérature récente en économie, finance et management, et retrace les principales évolutions des conseils pour les sociétés du SBF120 (Euronext-Paris) sur la période 2007-2015. Les pouvoirs conférés par le droit à cet organe en font un acteur clef de la vie des sociétés, dont l'étude éclaire aussi bien les questions de performance, de gouvernance et de responsabilité des entreprises. Trois thèmes principaux ressortent de cette revue. Le premier est celui de l'organisation interne des conseils en comités spécialisés, qui constitue une voie de recherche prometteuse. Le second est celui de la composition des conseils : alors que la littérature s'est longtemps focalisée sur la question des administrateurs indépendants, c'est maintenant celle de la diversité qui s'impose (à la fois comme vecteur de performance, et comme vecteur de représentation d'intérêts divers). Le dernier thème est celui de la diversité genrée, avec l'adoption par de nombreux pays européens de réglementation en la matière.Classification JEL : G32, G34, M12, M14.This article examines the role, functioning and composition of corporate boards. It relies on the recent literature in economics, finance and management, and presents the main evolution of French corporate boards (for the SBF120 companies) over the 2007-2015 period. Board studies raise key questions regarding firm performance, governance and accountability. We highlight three main issues. The first concerns board delegation in dedicated sub-committees: while important, it has received little attention so far. The second concerns board composition. The literature has been for a long time focused on board independence; however, there is a growing interest for board diversity (as a way to improve firm performance and/or to integrate various interests in the corporate decision-making process). The third is board gender diversity, as a number of EU member states have in the 2010 decade adopted regulation (hard or soft) to increase female representation.Classification JEL : G32, G34, M12, M14.
- La codétermination : un modèle européen ? - Christophe Clerc p. 181-194 La codétermination est une forme principale d'implication des salariés qui relève de la coparticipation : elle donne directement des pouvoirs réels à l'ensemble des salariés de l'entreprise, par l'intermédiaire de leurs représentants, sans considération de revenus ni contrainte de détention de capital. Au regard de l'histoire comme de l'extension géographique de la codétermination, cette forme de participation des salariés apparaît indubitablement comme un modèle européen, né en Europe et majoritaire dans l'Union européenne. Compte tenu de ses nombreux avantages, la codétermination peut aussi devenir un modèle pour l'avenir de l'Europe.Classification JEL : G32, K22, M12, P12.Board-level employee representation, as a main form of employee involvement, is an element of co-participation: it provides direct and effective powers to all the employees of the firm, through their representatives, without consideration for their income or the shares they may hold. In view of history and geographical extension of board-level employee representation, this form of workers' participation clearly appears as a European model, born in Europe and representing a majority in Europe. Taking into account its many advantages, board-level employee representation may also become a model for the future of Europe.Classification JEL : G32, K22, M12, P12.
- L'activisme actionnarial dans l'assemblée générale : quels bénéfices pour les actionnaires et les entreprises ? - Patricia Charléty p. 195-221 Le développement de l'activisme actionnarial s'explique en grande partie par la progression de l'actionnariat institutionnel qui représente depuis plusieurs années déjà la majorité de l'actionnariat (6 % environ en 1950 à plus de 70 % aujourd'hui aux États-Unis). Cet actionnariat cible des entreprises sur des questions de gouvernance (composition du conseil, mesures anti-OPA, etc.). Il s'oppose à certaines résolutions, en propose d'autres. En raison des évolutions réglementaires et de la quasi-obligation de voter, les fonds très diversifiés exercent pour beaucoup leurs droits de vote et s'avèrent des actionnaires « actifs » malgré une gestion passive. Plus récemment, l'arrivée des hedge funds a conduit à un mode opératoire nouveau : prise de participations significative suivie d'exigences sur la gouvernance, mais aussi sur la stratégie des entreprises. Les recherches les plus récentes indiquent globalement que l'activisme entraîne une amélioration des performances à long terme. Les prises de participations conséquentes, par des hedge funds en particulier, conduisent parfois à une réorientation de la stratégie, voire à un changement de contrôle, souvent au détriment des autres actionnaires. Peu de résultats sont à ce jour disponibles sur leurs conséquences pour les autres parties prenantes des entreprises.Classification JEL : G32, G34, M14, P12.The huge increase of institutional share ownership - 6% in the 1950's compared to 70% nowadays in the USA - is mainly responsible for the growth of shareholders activism. These shareholders challenge companies on governance matters such as the composition of the Board of Directors, anti take-over measures..., vote against resolutions and propose their own resolutions. Due to regulatory developments and an almost obligation to vote, the big diversified funds are in fact very active shareholders, even when they practice passive investing. Hedge funds also act as activists but in a different way since they acquire substantial stakes in companies in order to change their governance and strategy. Recent research highlight that shareholders activism lead to better long-term performances and in the case of hedge funds, to changes in control, sometimes detrimental to others shareholders. The effects of activism on the other stakeholders are not still well-known.Classification JEL : G32, G34, M14, P12.
- L'évolution des rémunérations des dirigeants dans les sociétés cotées françaises - Lionel Almeida p. 223-243 Les rémunérations managériales les plus élevées suscitent chaque année de l'indignation de la part de l'opinion publique. Dans les grandes sociétés cotées françaises du SBF120, les rémunérations les plus hautes n'ont pas augmenté sur l'ensemble de la période 2001-2016. Les rémunérations sous forme de titres ont même eu tendance à reculer dans les plus grandes entreprises, depuis que leur valeur estimée est rendue publique. En revanche, un effet de rattrapage s'observe parmi les sociétés les moins exposées. L'opinion se concentre sur les rémunérations les plus fortes. Ce sont pourtant les rémunérations relativement plus faibles qui progressent le plus et contribuent à l'accroissement des inégalités. De manière plus générale, les rémunérations en numéraire ont nettement augmenté dans l'ensemble des entreprises. Cette hausse est en partie expliquée par des forces de marché, que sont la compétitivité croissante sur le marché des dirigeants et la sensibilité à la performance demandée par les marchés financiers.Classification JEL : G32, G34, M12, M14.The highest levels of CEO pay trigger public outrage on a regular basis. A panel of large French listed companies show that these most outrageous levels of pay do not exhibit an upward trend during the 2001-2016 period. On the contrary, the equity-based part of these pays tends to recede since their fair values have been publicly disclosed. On the opposite side, CEO pay rose tremendously in less exposed firms. While public opinion focuses on the highest levels of pay, below-average CEOs catch up with their peers and in the end, they significantly contribute to rising income inequalities. Overall, cash pay rose significantly during the observed period. Market forces, such as pay competitiveness on the market for CEOs and shareholder pressure to increase performance-based components, partly explain rising managerial pays.Classification JEL : G32, G34, M12, M14.
- De la complexité de la gouvernance de groupe - Olivier Bailly, Pascal Durand-Barthez p. 245-258
- Conflits d'intérêts et gouvernance des banques systémiques : éléments d'analyse critique - Laurence Scialom p. 261-275 Nous définissons dans cet article deux grandes catégories de conflits d'intérêts concernant les banques systémiques : des conflits d'intérêts d'ordre microéconomique qui portent atteinte à la responsabilité fiduciaire des banques vis-à-vis de leurs clients et les conflits d'intérêts d'ordre macroéconomique qui nuisent à l'intérêt de la société dans son ensemble et alimentent la défiance sociale vis-à-vis des banques. L'hypothèse de cet article est que les scandales financiers à répétition qui éclaboussent les grandes banques systémiques internationales ne sont pas un épiphénomène, mais au contraire le symptôme des failles de leur gouvernance et des conflits d'intérêts non traités qui les minent. Le décryptage des conditions permissives au relâchement des normes éthiques dans la banque est important pour la stabilité financière, pour la confiance dans le système financier et devrait avoir des implications majeures en termes d'action publique. Nous plaidons donc pour que les économistes investissent ce terrain de recherche.Classification JEL : G21, G28, G34, G38.In this paper, we classify the conflicts of interest concerning the systemic banks into two broad categories: on the one hand, the microeconomic conflicts of interest that undermine the fiduciary responsibility towards bank's customers: on the other hand the macroeconomic conflicts of interest that harm the interest of the society as a whole and feed the collective social mistrust in banks. The basic assumption of this paper states that the financial scandals relating to systemic banks constitute a genuine epidemic which is not an epiphenomenon but rather the symptom of the shortcomings of their governance and of unaddressed conflicts of interest. The understanding of the driving forces leading to a weakening of ethical standards in banking is essential for financial stability and for restoring confidence in the financial system. Moreover it induces major implications for public policy. So, from our point of view economists should have an interest in this field of research.Classification JEL : G21, G28, G34, G38.
- La gouvernance des banques à l'épreuve de la crise : comment concilier intérêt général et intérêts des parties prenantes ? - Esther Jeffers, Asma Abidi p. 277-287
- La notation de la responsabilité sociale et éthique des banques : profil d'un secteur à la croisée des chemins - Fouad Benseddik p. 289-308 Au cours de cette dernière décennie, les entreprises du secteur bancaire ont défrayé la chronique par leurs nombreuses condamnations et leurs amendes records, totalisant plusieurs centaines de milliards d'euros. Aux pratiques contraires à l'éthique des affaires et aux défaillances des systèmes de contrôles internes s'ajoutent les montants soustraits aux autorités fiscales, dont le coût représenterait 2 % à 5 % du PIB mondial, ainsi que des incidences environnementales et sociales non ou insuffisamment prises en compte dans leurs opérations de financement et de prêt. La notation par Vigeo Eiris de la responsabilité sociale de plus de 350 établissements financiers à travers le monde confirme que ce secteur a encore du mal à rassurer sur sa capacité à assumer ses devoirs de conformité et à prévenir ses risques éthiques et de durabilité. Le score global moyen issu de la notation des banques et des institutions financières demeure limité (30,8/100), bien que supérieur au score moyen des 4 000 entreprises notées tous secteurs confondus (24,2/100). Le secteur apparaît comme étant à la croisée des chemins : derrière une minorité de leaders aux engagements et pratiques innovantes, la majorité des opérateurs du secteur fait preuve de difficultés à s'engager et à rendre compte de ses efforts sur le chemin de la durabilité.Classification JEL : G21, G24, G34, G38, M14.Over the last decade, companies from the banking sector have made the headlines with numerous allegations and record fines totaling several hundred billion Euros. In addition to unethical business practices and failures of internal control systems, large sums of money are withheld from tax authorities, representing 2 to 5% of global GDP. Financial companies are also criticized for the lack of consideration given to environmental and social impacts of their financing and lending operations. Vigeo Eiris' rating of the social responsibility of more than 350 financial institutions around the world confirms that the sector is still struggling to fulfil its compliance obligation, and to prevent ethical and sustainability risks. The average overall rating of banks and financial institutions remains limited (30.8 out of 100), although it is higher than the average score of the 4,000 rated companies across all sectors (24.2 out of 100). The sector appears to be at the crossroads: behind a minority of leaders with innovative commitments and practices, the majority of operators in this sector have difficulty in committing and reporting on their efforts towards sustainability.Classification JEL : G21, G24, G34, G38, M14.
Chronique d'histoire financière
- La surveillance des entreprises par les banques d'investissement au début du xxe siècle aux États-Unis - Carola Frydman, Eric Hilt p. 309-316
Articles divers
- Enjeux et défis de la réduction du bilan de la Fed des États-Unis - Michel Dupuy, Sylvie Lacueille p. 319-336 La normalisation de la politique monétaire américaine, engagée en décembre 2015 avec la hausse des taux directeurs, est entrée dans une nouvelle phase caractérisée par la réduction de la taille du gigantesque bilan de la Fed. L'institut d'émission américain a opté pour une réduction progressive et prévisible de son bilan, basée sur le non-réinvestissement des titres arrivant à échéance. Vu le caractère inédit d'une telle opération de réduction du bilan d'une banque centrale, il convient d'étudier en profondeur les questions que soulève le virage monétaire de la Fed. Un dégonflement mal maîtrisé du bilan de la Fed pourrait en effet déstabiliser l'ensemble des marchés financiers, tant aux États-Unis qu'à l'échelle mondiale. Afin de donner un aperçu le plus complet possible des principaux enjeux et défis de la normalisation du bilan de la Fed, nous avons retenu une approche fondée sur la mise en perspective de la politique monétaire américaine. Après avoir retracé la gestion du bilan de la Fed au début de la normalisation de la politique monétaire américaine, puis montré la nécessité de réduire la taille de ce bilan, nous abordons la question centrale de la détermination du niveau optimal du bilan de l'institut d'émission américain.Classification JEL : E52, E58.The normalisation of US monetary policy undertook in December 2015 with the raise in the Federal funds rates is now entering a new phase characterized by the reduction of the Fed's enormous balance sheet. The Fed is opting for a progressive and predictable reduction of its balance sheet, based by halting reinvest proceeds of maturity bonds. Given the unprecedented nature of a such operation of central bank's reduction of its balance sheet, it is important to analyze in depth the issues related to the Fed's monetary turning. A poorly planned Fed's balance sheet could destabilise all financial markets both in the US and in the rest of world. In order to give a more complete overview of the key issues and challenges of the normalisation of Fed's balance sheet, we have adopted an approach based on an outlook of the US monetary policy. After examining the Fed's balance sheet management at the beginning of the normalisation of US monetary policy, then showing the need to reduce the size of the balance sheet, we are dealing with the central question of determination of the optimal size of the Fed's balance sheet level.Classification JEL : E52, E58.
- Les relations entre épargne et crédit : causes et conséquences d'un oubli bicentenaire - André Babeau p. 337-350 Partout, les comptes nationaux mesurent bien le flux d'épargne annuelle des ménages. Mais nulle part on ne peut fournir l'affectation précise de ce flux à ses trois emplois : remboursements d'emprunts, investissements physiques et placements financiers. En particulier, les remboursements ont été complètement oubliés par les économistes pendant quelque deux siècles, de même que l'étaient les relations possibles entre le recours au crédit et le montant global d'épargne des ménages. Ces oublis ont de nombreuses raisons, notamment le statut subordonné du crédit dans l'analyse économique et les difficultés associées au calcul des « vrais » remboursements financés sur l'épargne courante. Leurs conséquences sont très importantes. Sans prise en considération de ces variables financières, aucune étude rétrospective des comportements d'épargne des ménages ne peut être réalisée avec la précision nécessaire. Quant à la prévision, aucun retournement significatif du taux d'épargne des ménages au cours des dernières décennies n'a jamais été prévu, pas plus sa baisse au cours des années 1980 dans de nombreux pays avancés – baisse largement due à la libération du crédit – que sa remontée dans plusieurs pays au lendemain de la crise des subprimes – remontée associée au fort recul du crédit observé alors.Classification JEL : E01, E17, E21, E51.Everywhere national accounts measure precisely the flows of the annual net savings of households. However, nowhere they are able to give the precise allocation of these flows between its three uses: loan reimbursements, real investments and financial investments. In particular, for some two hundred years economists have completely disregarded reimbursements, as well as the potential relationship between credit and the global amount of households' savings. These oblivions have many reasons, including the subordinate status of credit in economic analysis and the real difficulty to compute the “true” reimbursements funded by current savings. The consequences of these oblivions are very important. Without the inclusion of these variables, no acute retrospective study on savings can be undertaken. As regards forecasting, no significant turnaround of the household's savings rate has been foreseen during the last decades, neither its fall in the 80 ‘s - for which the liberalization of credit is largely responsible - nor its rise in several countries just after the subprime crisis at a moment when credit shrank.Classification JEL : E01, E17, E21, E51.
- Enjeux et défis de la réduction du bilan de la Fed des États-Unis - Michel Dupuy, Sylvie Lacueille p. 319-336