Contenu du sommaire : Fukushima. Du commun au comme-un
Revue | Multitudes |
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Numéro | no 45, été 2011 |
Titre du numéro | Fukushima. Du commun au comme-un |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Icônes45 - p. 1-218
À chaud
- Fukushima ou la découverte du cygne noir - Yann Moulier-Boutang, Anne Querrien p. 5-10
n˚ Spécial
- Du commun au comme-un - Yves Citton, Dominique Quessada p. 12-22
Icônes
- Comment montrer le collectif ? - Caroline Soyez-Petithomme p. 29-32
Comme un cadrage
- Comme un cadrage - p. 37
- Il n'y a pas de monde commun : il faut le composer - Bruno Latour p. 38-41 Dans cet extrait de son Manifeste compositionniste, Bruno Latour nous invite à penser qu'il n'y a jamais eu de monde commun donné, mais qu'il importe de le composer, et de s'inspirer des pratiques artistiques pour expérimenter ce travail de composition.There is no such thing as a common world: it needs to be composed
In this excerpt from his Compositionist Manifesto, Bruno Latour invites us to realize that there ne-ver was such thing as a common world, given to mankind and waiting to be restored: what is required is a compositional work, which should draw its inspiration from artistic practices. - Co-immunité globale : Penser le commun qui protège - Peter Sloterdijk p. 42-45 Toutes les associations sociales de l'histoire, depuis les hordes originelles jusqu'aux empires mondiaux, sont explicables, du point de vue systémique, comme des structures de co-immunité. L'élément rationnel de cette évolution tient au reformatage à plus grande échelle de ce qui nous est propre. Cela nous pousse aujourd'hui vers une macro-structure des immunisations globales : le co-immunisme.Global co-immunity. On the Need to Elaborate a Protective Common
All social associations in history, from the original herds until world empires, can be considered, from a systemic point of view, as structures of co-immunity. The rational aspect of this evolution is to be found in the reformatting, on a larger scale, of what is “ours”. Today, this leads us towards a macro-structure of global immunization: co-immunism. - Manifeste pour un Commun Intermittent - Hakim Bourfouka p. 46-54 Un spectre hante le monde du travail : le spectre de l'intermittence. Au-delà de la diversité des domaines d'activité, une population d'actifs intermittents partage, presque malgré elle, des pratiques communes. Ce manifeste propose des modalités pratiques d'institutionnalisation du commun intermittent en une Société Hétéronyme d'Intermittents (SHI), dotée d'un lieu de convergence, de statuts de collaboration, d'une structure collective de composition d'œuvres communes.Manifesto for an Intermittent Common
A spectre haunts the world of labor: the spectre of intermittence. Beyond a diversity of fields of activity, a large population of precarious and intermittent workers shares a set of common practices. This manifesto proposes practical ways to institute these intermittent commons into a Heteronymous Society of Intermittent Workers (HSIW), designing its own space of convergence, its collaborative statutes, and its collective structure of composition of common works. - Ontologie relationnelle et pensée du commun - Cléo Collomb p. 59-63 La pensée dominante, celle qui se réfère constamment à l'article de Garrett Hardin sur « La tragédie des communs », repose sur une ontologie atomiste : présupposer des entités individuelles revient à concevoir le commun comme espace d'externalités. Une ontologie relationnelle considérant que les entités viennent à l'existence par la relation nous conduit en revanche à penser l'individu, non comme présupposé, mais comme processus. Dès lors, le commun ne se déroule pas extérieurement à lui. L'individu s'individue par le commun, de même que le commun s'intensifie par les différentes individuations qui le texturent.Relational Ontology and Conceptions of the Common
Dominant views, based on Garrett Hardin's article on “The Tragedy of the Commons”, are founded upon an atomist ontology: by presupposing individual entities, they conceive the commons as a space of externalities. A relational ontology, by assuming that entities come to exist through relations, leads us to conceive the individual, no longer as a presupposition, but rather as a process. As a consequence, the common is no longer exterior to the individual. One individuates oneself through the common, while the common is intensified by the various individuations which provide its texture. - Coalitions : Points de vues sur le monde - Frédéric Neyrat p. 64-66 Au commencement, il en était plus d'Un. Mais on ne le savait pas encore. Impossible de savoir par avance, et même après coup, ce que des êtres rassemblés peuvent porter comme charge commune. On ne peut que le spéculer : la pensée de la communauté aura toujours appelé une métaphysique, c'est-à-dire une science des variations imaginaires soumises au Principe de raison. Parions sur le vif des coalitions aventureuses.Coalitions. Viewpoints on the World
In the beginning, there were more than One. But one did not know it yet. It is impossible to know, ahead of time, and even retrospectively, what common charges can be carried by the multiplicity of beings gathered within a shared space. One can only speculate: the conceptualisation of a community always calls for a metaphysics, i.e., a science of imaginary variations submitted to the principle of Reason. Let us bet on the liveliness of adventurous coalitions.
Comme un ensemble
- Comme un ensemble - p. 73
- Le peuple en essaim - Frédéric Bisson p. 74-80 L'essaim donne une nouvelle image du peuple. Le lexique de l'« essaimage » n'a cependant pas une valeur homogène : il code en même temps les procédés du pouvoir et les pratiques qui lui résistent, dans une ambivalence tactique qui le brouille. Un collectif en essaim est nécessairement sans sujet : il ne dit pas « nous ». Mais le peuple en essaim est d'autant plus puissant qu'il n'affronte pas le pouvoir qu'il combat, qu'il demeure imperceptible. L'essaimage fait fluer le commun à travers la dispersion et dans la solitude même de ses membres.The People in Swarm
Swarms provide a new image for the people. The swarm-vocabulary is not homogeneous: it encodes simultaneously machines of power and the practices which resist against them, in a tactical ambivalence which blurs all borders. A swarm-collective is without subject: it cannot say “we”. But the people in swarm is all the more potent when it does not confront power, but remains imperceptible. Swarms allow for the common to flow through dispersion and within the very solitude of its members. - Subvertir le « projet » : modes d'association et de réalisation de l'être-à-plusieurs - Damien Almar p. 81-84 Des Écoles de commerce aux associations, en passant par les institutions, la méthodologie de projet issue du management s'est imposée sans qu'elle soit réellement interrogée, même par les « militants ». En excluant ceux qui ne maîtrisent pas son jargon gestionnaire, elle participe d'une tentative d'imposition d'une « monoforme » : un dirigisme par le haut des projets censés émaner du bas jugule désirs et capacités d'autonomie. Les résistances et les alternatives sont toutefois nombreuses.Subverting the « Project »: Alternative Modes of Being-in-many
From Business schools to collectives of volunteers, the project-methodology inspired by managerial strategies has become an unquestioned norm of collective action, even among political activists. By excluding those who do not master its managerial jargon, this evolution tends to homogenize collective action, as top-down administrative practices tend to neutralize autonomous agency, in the very name of bottom-up practices. However, there are many forms of resistance and alternatives. - Musique multiple de - Alexandre Pierrepont p. 89-94 L'improvisation collective en musique, à travers toutes ses métamorphoses historiques, fournit des exemples privilégiés des processus sociaux et collaboratifs, des structures ouvertes et en réseau, que la philosophie politique peine à repérer dans le monde social. Des formations socio-musicales du type de celles de William Parker sont des multitudes en action, où l'on s'adonne depuis quelques lustres à un art de l'indépendance et de l'interdépendance, un art de faire et de vivre en commun qui maximalise les relations entre les participants et les présences qu'elles « soulèvent ».AbstractCollective improvisation in music, throughout its historical metamorphoses, provides the best examples of the types of collaborative processes, open structures and networks which political philosophers look for in society at large. Socio-musical ensembles like those of William Parker are multitudes in action: for many years, they have been cultivating an art of independence and interdependence, an art of making and living in common which maximizes the relations between the participants they tend to “elate”.
- L'ombre de la loi : (Blanchot, Duras, Foucault) - Bruno Perreau p. 95-98 Expérience de la disparition, la communauté est, selon Maurice Blanchot, « inavouable » : elle se dérobe à la possibilité même d'être définie. En prenant appui sur le roman de Marguerite Duras, La maladie de la mort, il considère que le couple formé par la narratrice et son amant homosexuel est emblématique de cette impossibilité. Cet exemple révèle qu'il n'est de communauté sans imaginaire et que la loi et son sujet sont coextensifs, non pas de ou dans la communauté, mais comme communauté.The Shadow of the Law. (Blanchot, Duras, Foucault)The notion of community is an experience of disappearance, which Maurice Blanchot calls “undisclosable”. It constantly shirks the process of being defined. Based on his interpretation of Marguerite Duras' novel The Malady of Death, Maurice Blanchot considers that the couple made of the narrator and her homosexual lover exemplifies the impossibility to capture the meaning of community. This shows that there is no community without imaginary. The law and its subject are mutual extensions neither of a community nor in a community but as a community.
Comme un soin
- Comme un soin - p. 103
- Le commun comme ordinaire et comme conversation - Sandra Laugier p. 104-112 L'accent mis par quelques philosophes américains (Emerson, Cavell) sur la conversation ordinaire esquisse l'idéal d'une démocratie qui serait non pas celui de la discussion rationnelle, mais celui d'une circulation commune de la parole où personne ne serait sans voix. Les analyses du care comme les analyses féministes sont controversées parce qu'elles font entendre, dans le champ moral et politique, des voix subalternes jusqu'alors disqualifiées. L'attention nouvelle que propose le care est une attention à ce qui constitue ordinairement notre commun, question alors non plus métaphysique ou principielle, mais matérielle (le soutien de la vie, comme fil continu).The Common as the Ordinary and as Conversation
The emphasis put by American philosophers like Emerson or Cavell on ordinary conversation leads us to consider democracy not so much as a rational debate, but rather as a common circulation of expression, where no-one would be left voiceless. Feminist claims and ethics of care are controversial insofar as they make audible subaltern voices which were previously disqualified. The care approach asks us to be attentive to what constitutes our ordinary common, not on a metaphysical basis, but in its material dimension (the sustaining of our daily life). - La liberté d'être une brebis - Francesco Paolo Adorno p. 113-120 La sécurité et la protection à laquelle nous sommes censés aspirer sont en réalité celles que prodigue le berger à son troupeau : elles multiplient les instruments de domination. Comment se soustraire à ce pouvoir pastoral si avide de maximiser nos forces vitales (pour mieux les exploiter) ? En revenant à une vieille maxime : « Qui a appris à mourir, il a désappris à servir ». En contrepied du biopouvoir et d'une certaine conception du care s'esquisse la résistance d'un être qui doit et veut compter avec sa propre disparition.AbstractThe security and protection to which we aspire are those provided by the shepherd to his herd: they multiply the instruments of our domination. How can we extract ourselves from this pastoral power so eager to maximize our vital forces (better to exploit them)? By reclaiming the old maxim: “He who learns to die, unlearns to serve”. Against biopower and a certain conception of care, this delineates a form of resistance for individuals who must (and want to) count with their own disappearance.
- Le côté vache du commun - Marguerite Holstein p. 121-123 Et si le récit à la première personne des devenirs d'une vache à l'âge de l'agro-industrie était la meilleure façon d'envisager la réalité des transformations de notre commun, décapé des illusions théoriques qu'aiment à y projeter nos spéculations trop humaines ?AbstractWhat if the first-person narrative of a cow in the age of agro-industry was the most acute way to consider the current transformations of our commons, cleansed from the theoretical illusions projected by our all-too-human speculations?
Comme une ville
- Comme une ville - p. 131
- Communes - Thierry Baudouin p. 132-138 La Révolution française avait qualifié de « commune » le territoire de base d'une solidarité citoyenne. Au-delà de sa réduction en termes de « collectivité territoriale » par l'urbanisme d'État durant l'ère industrielle, la ville récupère aujourd'hui son étymologie directement politique et constitue un cadre majeur du commun qui nous préoccupe. La démocratie s'affirme et redevient productive directement dans et par la ville. Privilégier le point de vue des villes par rapport à celui de l'État comme lieux de recomposition d'une citoyenneté majeure de la vie publique doit devenir l'enjeu principal à venir.Communes
The French Revolution named « Commune » the basic territorial unit of civil solidarity. Today cities reclaim this political etymology and become again the main locus of development for the common. Democracy becomes effective and productive in and through cities. It should be our top political priority to privilege the point of view of the city, over that of the Nation-State, as the main focus for recomposing public life. - Vélorution et masse critique - Jean Bacchetta, Lionel Vellas p. 144-148 Chaque mois, dans de nombreuses villes du monde, des multitudes de cyclistes forment des critical mass qui bloquent le trafic et revendiquent pacifiquement le droit d'occuper l'espace public de la rue. Comment ces rassemblements se déroulent-ils ? Quelle figure d'un commun en action illustrent-ils ? Pourquoi faire masse ? Comment amener cette masse à atteindre un niveau « critique » ?Bicycle Activism and Critical Mass ?
Every month, in many cities around the world, multitudes of cyclists form a “critical mass” which blocks traffic and reclaims the public space of the streets. How do such gatherings take place? What form of collective action do they illustrate? How can such a mass of people reach “critical” levels? - La lutte des places : Où construire en commun ? - Sébastien Thiery p. 149-153 Il est admis que dedans est habitable, que dehors ne l'est pas ; le sans-abri est désaffilié. À la diabolisation de la rue, et la promesse de son nettoyage, s'articule la béatification du logement défini comme sinécure, espace propre. Ainsi s'inventent les modalités officielles d'une expulsion à l'intérieur. Une ville insurrectionnelle doit trouver le chemin de son éclosion dans la lézarde des édifices. Construire au corps à corps s'avère la seule stratégie qui vaille, faisant du chantier le lieu d'invention incessante du commun, en contrepoint du développement urbain.Place Struggles. Where to Construct in Common?
Only the “inside” is perceived as liveable; homeless people, because of their very exposure, lose all status. The demonization of the (common) street goes hand in hand with the beatification of the (private) home. Against the official modalities of such an exclusion from the inside, an insurrectional city must find its way within the cracks of the private buildings. Against the dominant planning of urban development, a new strategy should reclaim construction zones as the locus of a constant reinvention of the commons.
Comme un parti
- Comme un parti - p. 159
- Apprendre le communisme - Philippe Pignarre p. 160-165 Le défi auquel fait face une organisation comme le Nouveau Parti Anticapitaliste est d'inventer de nouvelles formes d'intelligence collective où il n'y ait plus ceux/celles qui savent et celles/ceux qui se taisent. La question de la participation de femmes voilées offre un cas exemplaire de la modulation des attachements et des détachements avec lesquels doivent savoir expérimenter les nouvelles formes d'agir-ensemble.Learning Communism
The major challenge faced by an organization like the New Anticapitalist Party (NPA) consists in inventing new forms of collective intelligence, breaking with the opposition between those who know/speak and those who mainly listen. The question of the participation of women wearing an “Islamic veil” provides an exemplary case of the modulation between attachments and detachments, with which new forms of collective action must learn to experiment. - Le populisme comme modulation du commun - Merijn Oudenampsen p. 170-173 Le mot de « populisme » n'est généralement employé que comme une insulte, qui révèle plutôt le manque d'intelligence de ceux qui l'emploient que de ceux qui en sont accusés. En réalité, le populisme joue un rôle central dans la dynamique démocratique. Comme le suggèrent les analyses d'Ernesto Laclau, il consiste à donner forme au « peuple » et à la volonté du peuple, à partir de la transformation de multiples écarts démocratiques singuliers, séparés entre eux, en un seul écart collectif, un point de cristallisation du mécontentement politique. Il est donc un opérateur de modulation du commun.Populism as a Modulation of the Common
The word “populist” is generally used as a simple insult, which sooner shows a lack of intelligence of those who use it than of those who are accused of it. In reality, it plays a central role in the dynamics of democracy. Populism is about giving form to “the people” and the will of the people. As Ernesto Laclau suggests, populism revolves around the transformation of singular democratic gaps into one collective gap, a crystallization point of political dissatisfaction. Thus populism appears as an operator of modulation of the common. - Politique des gouvernés - Partha Chatterjee p. 174-182 Dans le cadre de la « société civile », les ressources publiques, censément disponibles pour tous, sont en réalité accaparées par ceux qui jouissent d'une plus grande influence sur le système. Lorsque la « société politique » réussit à se mobiliser pour garantir aux groupes de population défavorisés l'accès aux programmes gouvernementaux, il s'agit d'une extension des libertés du peuple, permise par la société politique, qui n'aurait pas été possible dans la société civile. La para-légalité qui caractérise de tels coups de force politiques n'est pas une sorte de condition pathologique de la modernité attardée : elle est la condition des avancées du commun.Politics of the Governed
Within “civil society”, public resources, supposedly available to all, are in fact captured by those who are in a better position to influence the system. When “political society” manages to mobilize in order to provide poor and underprivileged populations with governmental resources, we witness an extension of people's freedom, made possible by political society, which could not have taken place within civil society. The para-legality of such political actions is not a pathological condition of late modernity: it conditions the advance of the common.
Comme un spectacle
- Comme un spectacle - p. 189
- Sur la littérature-monde - Patrick Chamoiseau p. 190-191 L'exigence narrative contemporaine est non pas celle du roman-monde, d'une World fiction, mais justement de la nécessité de mettre à bas la fausse perception d'une unité du monde. Donc, l'orientation n'est pas de passer de l'unité nationale à l'unité mondiale, mais de la certitude à l'incertain, du communautaire à l'angoisse fondatrice de l'individuation.On World-Literature
What is expected from narratives today is not a World-fiction, but the need to debunk the false perception of world unity. The orientation is not to go from national unity to world-unity, but to go from certitude to the uncertain, from the communitarian to the anxiety which feeds individuation. - Faire politique latéralement : La fonction intermédiatrice du récit - Pascal-Nicolas Le Strat p. 192-197 Cet article s'appuie sur l'hypothèse qu'il est possible de « faire politique » (faire politique culturelle, faire politique sociale ou faire politique urbaine) par le bas, latéralement, à partir d'un maillage d'expériences et d'expérimentations. Dans ce cadre, le « récit » fonctionne comme un intercesseur ; il est susceptible de s'intercaler entre les expériences et de permettre le passage de l'une à l'autre. Cette « fabrique politique » n'opère pas sur le mode d'une montée en généralité des situations singulières, mais plutôt sur le mode de leur expansion transversale, par l'intermédiaire de leur mise en récit (politique).Lateralizing Politics. Storytelling as Intermediation
This article explores how (cultural, social, urban) politics can be performed from the “lateral” texturing of experiences and experimentation. Within such a frame, storytelling functions as an intermediation, investing the gaps between experiences and building bridges from one to another. This manufacturing of the political fabric does not rest on elevating singular situations to a higher level of generality, but rather on linking them through transversal expansions. - Comme une spectatrice - Céline Robin p. 198-201 Un spectacle de Sophie Le Garroy est l'occasion d'une réflexion sur la production du sentiment du commun par les pratiques artistiques : le comme-si qui est au cœur des dispositifs fictionnels constitue une voie d'accès privilégiée à la réalité du comme-un face à laquelle notre surexposition médiatique nous engourdit.Common Show? Common Reality?
A show by Sophie Le Garroy triggers a reflection on the production of the feeling of commonality through artistic practices: the as-if on which fiction is rooted provides a particularly efficient access to the reality of our fundamental being-as-one, to which mediatic overexposure tends to blind us. - Faire scène en commun : Entretien avec Frank Vercruyssen & Nicole Genovese - Angélique Andréaz p. 203-209 Cet entretien avec Frank Vercruyssen, du collectif Tg Stan, et avec Nicole Genovese, du collectif Le Foyer, essaie de comprendre comment pratiquer le théâtre ensemble, non seulement entre les acteurs, metteurs en scènes, techniciens et administrateurs des troupes concernées, mais aussi au sein de la relation plus large qui relie une représentation théâtrale à une figure d'auteur absent et à un public de spectateurs présents.Common Staging
This interview with Frank Vercruyssen, of the Tg Stan collective, and with Nicole Genovese, of the Le Foyer collective, attempts to understand what is involved in a communal practice of theatre, not only between the actors, directors, technicians and administrators of a company, but also within the larger relation which brings together an (absent) author and a (live) public. - Avatar : une caricature de multitude - Slavoj Žižon p. 210-214 Le scénario du film Avatar peut se présenter comme une caricature de ce qu'on reproche aux théoriciens des multitudes : la foi en un spontanéisme naïf selon lequel l'agencement des singularités se ferait de façon immanente, sans besoin d'aucun travail d'organisation ou de médiation. Si le film représente bien un renversement idéologique d'une conception simpliste de l'agir politique des multitudes, son succès commercial suggère que de nouveaux modes de médiation sont à l'œuvre et demandent à être analysés de plus près.Avatar: A Caricature of Multitude
The script of the movie Avatar reads like a caricature of a simplistic misunderstanding of the political theory of multitudes: a naïve faith in spontaneity, as if singularities could form a political movement without any work of organization and mediation. While the movie offers a typically ideological inversion of the political agency of the multitudes, its commercial success suggests that new modes of mediation are at work, which beg for sharper analyses.