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Revue | Politique étrangère |
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Numéro | vol. 67, no 2, 2002 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Inde-Pakistan : guerre improbable, paix impossible ?
- Pakistan : vers une « démocratie militaire » ? - Mariam Abou Zahab p. 271-283 Au lendemain des attentats du 11 septembre, le général Moucharraf entraîne le Pakistan aux côtés des Etats- Unis dans la guerre contre le terrorisme et l'écrasement des Talibans. Quatre mois plus tard, le pays semble sortir renforcé de la crise : son isolement diplomatique est brisé, la banqueroute évitée, et l'avenir peint aux couleurs de la modération et du progressisme. Mais, aujourd'hui, la reprise des violences confessionnelles dans le pays et celle des attentats de l'autre côté de la frontière indienne montrent que les groupes jihadistes ont conservé leur capacité de nuisance, tandis que leurs liens n'ont pas été réellement coupés avec une partie de l'establishment militaire et des services secrets. Sur le plan politique, tout laisse à penser que l'histoire pourrait bien se répéter : en guise de démocratisation, l'armée va sans doute se contenter de partager le pouvoir avec des civils qu'elle aura choisis, après avoir instauré un système lui permettant de contrôler le Premier ministre et de légitimer ses interventions. Ainsi, avec la persistance du conflit avec l'Inde et de la crise économique, nombre de Pakistanais se demandent aujourd'hui ce que le soutien aux Etats-Unis a réellement apporté au pays.Towards a "Military Democracy?", by Mariam Abou Zahab Apart from breaking its isolation, Pakistan has not gained much from its unreserved support to the United States. The external debt has not been written off, and the economy shows few signs of recovery. Jihadi and sectarian movements have been banned, but many militants are still active and the law and order situation has not improved. In order to legitimise his stay in power for another five years, President Musharraf has announced a referendum which will be followed by general elections in October 2002, while Benazir Bhutto and Nawaz Sharii are still in exile. The military establishment wants to retain its hold on power, and everything seems to be in place for a repetition of history.
- Les enjeux régionaux autour du Pakistan - Isabelle Cordonnier p. 285-296 Pays « poreux » à plus d'un titre, le Pakistan est soumis à nombre d'influences extérieures directes. Ce sentiment de vulnérabilité a conduit les dirigeants du pays à donner un rôle prioritaire à l'institution militaire, à rechercher l'alliance des Etats-Unis, h acquérir une profondeur stratégique en Asie centrale et à se doter de l'arme nucléaire. La coexistence de ces priorités n'a pas forcément permis à Islamabad de garantir la stabilité du pays : l'instrumentalisation des mouvements islamistes pendant l'invasion soviétique en Afghanistan et le soutien aux mouvements islamistes cachemiri ont abouti à une radicalisation périlleuse, sanctionnée par l'intervention américaine d'une part et par le durcissement des positions indiennes de l'autre. Aujourd'hui, la stabilisation de la relation avec l'Inde est un enjeu critique, à la fois h l'échelon régional et au niveau global. Et l'Asie du Sud pourrait bien être devenue la zone où est testée jour après jour, en grandeur réelle, la capacité de deux puissances nucléaires à prévenir le dérapage d'un conflit ouvert vers ses formes les plus extrêmes.Regional Challenges around Pakistan, by Isabelle Cordonnier There are several regional challenges around Pakistan closely dépendent on domestic conditions. Through Pakistan's bilateral relations with two of its main neighbours - India and Afghanistan -, two major challenges appear: the nature or regional power in Southern Asia, and the settlement of territorial conflicts inherited from colonisation. The stability of the Indo-Pakistani relation is a critical challenge, not only at a regional level, but also at a global one. Because both countries have an open nuclear capacity and ballistic arsenals reaching the other's territory, South Asia emerges as the region where the nuclear and ballistic capacity to prevent the escalation of conflicts to the extremes is actually tested.
- Nationalisme et gouvernance en Inde : les dilemmes du pouvoir - Jean-Luc Racine p. 297-313 Le renouvellement, en 1998, de l'orientation de la vie politique indienne, avec l'ascension rapide du Bharatiya Janata Party (BJP) sur les bases d'un nationalisme et d'une présence accrue à l'international, a laissé la place à un jeu de coalitions nécessaire face à la montée, à l'intérieur, de revendications sociales, économiques et religieuses, et face au double défi, à l'extérieur, de l'ouverture de l'économie et des difficiles relations avec le Pakistan, en particulier sur la question du Cachemire. Si le parti du Congrès rassemble encore, malgré son déclin, nombre de couches de la population, d'autres sont sollicitées par des partis régio-nalistes ou des partis castéistes qui concurrencent fortement le militantisme du BJP, aujourd'hui affaibli, centré sur l'« hindouité ». Il reste à trouver un nouvel équilibre entre les multiples forces d'une démocratie parlementaire indienne définitivement plurielle et qui veut construire sa place dans le nouvel ordre mondial.Nationalism and Governance: Indian Government's Dilemma, by Jean-Luc Racine Elected to power in 1998, re-elected in 1999, the Bharatiya Janata Party — the political arm of the Hindu nationalist family— has preached for a "résurgent India," rich of its identity, its newly acquired nuclear status, its intellectual and economie potential. At mid-term of its mandate, the BJP is however losing ground, for the electorate gives more emphasis to governance issues than to the troublesome agenda of the Sangh Parivar. The party will have therefore to choose between the ideologues and the pragmatists, particularly in the present context of coalition politics, resulting rrom the development of caste-based parties and regional leaders-based political formations. The old Congress Party, slowly recovering from décline, faces the same challenge from smaller forces, which express, under a new garb, the long Indian quest for unity in diversity.
- La stratégie de l'Inde : un changement de paradigme ? - Waheguru Pal Singh Sidhu, Christophe Jaquet p. 315-333 Alors que, sous la domination du parti du Congrès (de Jawaharlal Nehru à Rajiv Gandhi), l'Inde était le chef de file des pays non-alignés, la fin de la guerre froide a modifié en profondeur sa posture stratégique et provoqué un rapprochement, d'abord économique, avec les Etats-Unis, rapprochement que la nouvelle configuration internationale de l'après-11 septembre semble encore accentuer. La lutte antiterroriste, devenue prioritaire au niveau mondial et renforçant les exigences de non-prolifération nucléaire (qui avaient déjà permis d'amorcer un processus de négociations avec les Etats- Unis et contribué à la reconnaissance de l'Inde comme nouvelle puissance dans l'ordre mondial), offre un nouveau terrain d'entente entre les deux plus grandes démocraties du monde, que la persistance de tensions avec le Pakistan et la Chine et de conflits régionaux en Afghanistan et au Cachemire pourrait unir dans une même lutte. La volonté indienne de tenir un rang d'importance dans un monde multipolaire semble ainsi passer davantage par la reconnaissance et le soutien des Etats-Unis que par ceux des Nations unies ou des voisins asiatiques.India's Strategic Game: A Paradigm Shift?, by Waheguru PAL SINGH SIDHU India's strategie plan, which seeks to create a multipolar world with New Delhi as one of tne autonomous decision-making poles, evolved in the after-math of the Cold War. Consequently, India sought to break away from the Pakistan-centric posture and to play a greater role both regionally and globally, albeit based on its newly demonstrated nuclear weapon capability rather than the traditional Nehruvian policy of non-alignment. After 11 September 2001 the preoccupation of the US and its allies with global terrorism and their partnership with Pakistan limited India's regional autonomy of action and might delay the emergence of multipolarity. However, India has got greater support for its own on-going war against terrorism and has also enlarged its engagement with the US and its allies. Ironically, it has not been able to break out of the hyphenated relationship with Pakistan.
- Pakistan : vers une « démocratie militaire » ? - Mariam Abou Zahab p. 271-283
L'Alliance entre marginalisation et élargissement
- La relation transatlantique et la « longue » guerre contre le terrorisme - Frédéric Bozo p. 337-351 Au-delà de leur impact immédiat, les attentats du 11 septembre ont agi comme un révélateur et comme un catalyseur des tendances longues de l'histoire de l'Alliance. Avant eux, en effet, la situation était paradoxale. D'un côté, près de dix ans après la chute de l'URSS, l'OTAN semblait durablement refondée : son rôle de garant de la sécurité européenne était réaffirmé, son premier élargissement était un succès, et le leadership américain était renforcé ; de l'autre, la crise du Kosovo remettait à l'ordre du jour un possible « découplage » euro-américain, qu'il s'agisse des valeurs ou des intérêts des différents alliés. Du coup, un nouveau grand débat transatlantique était engagé, avant même les attentats, sur la redéfinition des menaces, sur la gestion de certains conflits, en particulier au Proche-Orient, et sur les équilibres internes de l'Alliance — la relance de la PESD venant équilibrer, après Saint-Malo et l'élection de Bush, le regain d'unilatéralisme américain. Mais avec le 11 septembre, ces interrogations se sont trouvées démultipliées, et dès lors, trois nouveaux scénarios ont dû être examinés : celui d'une refondation de l'OTAN dans la lutte antiterroriste, celui d'un divorce transatlantique face à ce même enjeu, et celui d'un nouveau partenariat stratégique euro-américain dans une Alliance rénovée.The Transatlantic Relationship and the "Long" War on Terrorism, by Frédéric Bozo The September 11 attacks have, further to their immediate impact, acted as a pointer to and a catalyst for the long-term trends relating to the history of NATO. Prior to their occurrence, in effect, there was a paradoxical situation. On the one hand, ten years after the fall of the Soviet Union, NATO seemed to have been reworked to last: its role as guarantor of European security had been reaffirmed, its first round of enlargement had been a success, and American leadership had been reinforced. On the other hand, the Kosovo crisis had raised once again the prospect of a Euro-American "decoupling", in terms of values and interests of the various allies. As a result, a new, major transatlantic debate had been launched even before the attacks. It encompassed the redefinition of threats, management of a number of conflicts, particularly in the Near East, and on the internal balances of the Alliance ― the relaunching of ESDP emerging to balance, after Saint-Malo and George W. Bush's election, the reassertion of American unilateralism. But following September 11, these issues lost their relevance. Now, three new scenarios must be examined: a recasting of NATO for the fight against terrorism, a transatlantic divorce in the face of this undertaking, and a new Euro-US strategic partnership in a reformed Alliance.
- L'élargissement de l'OTAN : passé, présent, futur - Ronald D. Asmus, Marie-Aude Cochez p. 353-376 NATO's Enlargement: Past, Present and Future, by Ronald D. Asmus During the 1990s, NATO's enlargement became a constant of American foreign policy. It was intended to do for the Eastern half of Europe what the Alliance has done for the Western half: to deploy a security umbrella for the reinforcement of democracy and the facilitation of intégration. These twin aims gave rise to some of the most profound changes in American thinking on Europe and NATO: while maintaining their engagement in NATO for collective security, the United States are encouraging it to adopt a new strategie concept which makes the defense of western values and interests a priority, even beyond the immediate frontiers of the West. The strength of this vision is confirmed by the Senate's ratification of the Alliance's enlargement, in 1998. But the September 11 attacks change the state of play: by reinforcing the U.S.' interest in the consolidation of peace in Europe, by reinvigorating the executive's role in the conduct of foreign policy and by eliminating the risk of a confrontation with Russia, the enlargement issue has been over-taken by questions relating to the role and the organisation of the Alliance in the face of new threats.
- L'élargissement de l'OTAN vu de Moscou - Dmitri Trenin, Benjamin Bloch p. 377-393 En se rangeant aux côtés des Etats-Unis dans la lutte antiterroriste au lendemain des attentats du 11 septembre, le président Poutine a modifié la donne en ce qui concerne l'avenir de l'OTAN. Certes, le premier élargissement de l'Alliance, qui a accueilli la Pologne, la Hongrie et la République tchèque, avait eu un impact négatif sur les relations entre la Russie et l'Occident, ouvrant la voie à un désaccord profond, proche de la confrontation, à propos de la crise du Kosovo. Mais dans les deux cas, Moscou n'a pas eu gain de cause. Tirant les leçons de cet échec, la Russie, sans être favorable à la poursuite de l'élargissement de l'OTAN, a concentré ses efforts sur la candidature des trois Etats baltes. Poutine a voulu éviter que cette question n'affecte sa politique de rapprochement à l'Ouest, compensant la perspective d'une avancée de l'Alliance vers la Baltique par des succès politiques en Ukraine, en Moldavie et dans d'autres pays de la CEI. Mais, dans le nouveau contexte stratégique ouvert par le 11 septembre, l'enjeu pourrait bien être de faire de la Russie un véritable allié de l'Occident en achevant son intégration dans les structures de sécurité de l'après-guerre froide.NATO's Enlargement from Moscow's Point of View, by Dmitri Trenin By choosing to support the United States in the war on terrorism following the September 11 attacks, President Putin has changed the state of play concerning the future of NATO. Without a doubt, the first round of enlargement, which included Poland, Hungary and the Czech Republic, had a negative impact on relations between Russia and the West, paving the way for a profound disagreement, approaching confrontation, over the Kosovo crisis. But in either case, Moscow's view did not prevail. Drawing the lessons from these setbacks, Russia, without favouring any continuation of NATO's enlargement, has concentrated its efforts on the candidacies of the three Baltic states. Putin wanted to avoid this issue having any effect on his efforts to bring Russia closer to the West, compensating the prospect of NATO advancing toward the Baltic by political success in Ukraine, Moldovia and other countries in the CIS. But, in the new strategie context opened by September 11, making Russia a true ally of the West, by integrating it in the post-cold war security structures, could well be what is at stake.
- La relation transatlantique et la « longue » guerre contre le terrorisme - Frédéric Bozo p. 337-351
Repères
- Les deux voies de Doha - et au-delà - Hugh Corbet, Christophe Jaquet p. 395-414 Dans les années 1990, la négligence des Etats- Unis en matière de politique commerciale internationale et l'effacement des pays industrialisés face au mouvement antimondialisation ont entraîné le recul de la dynamique acquise par l'Uruguay Round et la remise en cause de l'OMC, patente à Seattle. La régulation des échanges internationaux s'est ainsi heurtée au développement des accords régionaux et h quelques questions laissées en suspens : la place des pays en développement dans les échanges mondiaux, l'intégration des clauses sociales dans les accords... A Doha, cependant, en novembre 2001, le volontarisme de l'OMC et de la Commission européenne ont permis de relancer un nouveau cycle de négociations, en particulier dans le domaine de l'accès au marché — extension des accords du GATT aux produits agricoles, politique antidumping, développement des zxrnes de libre-échange — et d'ouvrir des pistes d'études — élargissement du rôle de l'OMC à la réglementation de la concurrence, des investissements et de l'environnement. Mais Doha ne sera un succès que si les Etats-Unis se réengagent dans un processus multilatéral qui ne peut se passer ni de leur activisme, ni de l'implication réelle des gouvernements du Nord et du Sud.Doha Round Tasks on Two Tracks - and a Third, by Hugh Corbet Following the "the Seattle fiasco", the World Trade Organisation has started to get back on course with the launch, in Doha last November, of a new round of multilateral trade negotiations on two tracks. The "market access" track is addressing the liberalisation of trade in agricultural products, services and industrial products. But progress depends on the "preparatory studies" track, considering the modalities for extending the WTO System to new areas, especially investment and competition - major goals of the European Union and Japan. Those modalities are to be settled at the WTO ministerial conference in Mexico next year, making it every bit as crucial as the Doha ministerial was last year, with much more required before then. First, more has to be done on an unspoken "institutional reform" track and, second, the "majors" have to raise their sites to inspire the political commitment necessary to the success of the negotiations.
- L'Amérique latine, entre Etats-Unis et Union européenne - Jean-Pierre Derisbourg p. 415-434 Toujours très divisés, mais profitant du retour progressif à la démocratie, les gouvernements latino-américains tentent de se regrouper pour faire face à la mondialisation de l'économie. Le Marché commun du Sud (Mercosur) paraît le plus prometteur de tous ces groupements sous-régionaux, car il mise sur une union douanière et une coopération politique inspirées du modèle européen. L'Union européenne lui a proposé son soutien et un partenariat économique et politique. Partenaire privilégié des pays d'Amérique latine, l'Europe entend jouer en effet son rôle de grande puissance au moins commerciale dans le sous-continent. De son côté, George W. Bush a relancé la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA), mais le Congrès américain reste divisé sur le sujet, notamment en raison de la percée faite par le Mexique grâce à l'ALENA (Accord de libre-échange nord-américain). Enfin, le nouveau cycle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), lancé à Doha, pourrait brouiller les cartes. En tout état de cause, la rivalité entre les Etats-Unis et l'Union européenne sera au rendez-vous des prochaines années.Latin America between the United States and the European Union, by Jean-Pierre Derisbourg Still very divided, but benefiting from the progressive return to démocratie rules, Latin-American governments are trying to group together to address economie globalisation. The Southern Common Market (Mercosur) seems to be the most promising of these sub-regional groupings, because it intends a customs union and political cooperation inspired by the European model. The European Union has expressed its support and proposed an economie and political partnership. A preferred partner of Latin American countries, Europe, intends to act as a great power, at least in the economie sense, in the region. On his side, George W. Bush has relaunched the Free Trade Area of the Americas (FTAA), but Congress remains divided on the subject, parti-cularly because of Mexico's emergence thanks to NAFTA (North American Free Trade Agreement). And then the new round of the World Trade Organisation (WTO) launched at Doha could muddy the waters. In any case, the rivalry between the United States and the European Union will be ever-present in the coming years.
- Au-delà de la crise financière et institutionnelle, l'Argentine en quête d'un véritable projet - Renée Frégosi p. 435-454 La crise que subit l'Argentine résulte d'un ensemble de données complexe : d'abord, des éléments d'ordre culturel et politique ancrés au plus profond de l'histoire du pays, du populisme des années 1930-1960 au libéralisme des années 1990, en passant par le péronisme et la dictature ; ensuite, des facteurs économiques en partie dus aux politiques économiques des trente dernières années (endettement massif, chute du commerce extérieur, paupérisation) ; d'autre part, une structure étatique corrompue et clientéliste qui perdure, bien quelle ait été confrontée, sous Menem, à une révolution libérale qui l'a privée d'une partie de ses ressources ; enfin, des groupes sociaux contrastés qui continuent à coexister sans lien entre eux. Confronté à la mondialisation, c'est donc tout un système politique, économique et social qui s'avère déstructuré en profondeur. Depuis la fin 2001, face à un FMI par trop intransigeant, l'économie est en chute libre et les revendications d'une société laissée à l'abandon s'exacerbent. Seule une profonde réforme de l'Etat, un renouveau démocratique et un pari sur l'atout que représente le Mercosur pourraient offrir l'espoir d'un projet politique cohérent et socialement acceptable.Beyond the Financial and Institutional Argentine Crisis, by Renée Fregosi The crisis Argentina is experiencing today can be attributed more to a political than to an economical cause. Certainly the vicious circle between debt and current recession has been fuelling this deep crisis. But Argentina's debt represents only 52 % of its GDP, which is by no means catastrophic for such a country, and Argentina disposes of quite a big productive potential. The initiative to bring Argentina out of this dilemma must primarily corne from the political class, which is the heir of a long state-centred and "clientelistic" past where the Peronism occupies key positions. Some courageous politicians could therefore design ambitious new goals, on the basis of an unprecedented social mobilisation. But an ambitious project is today necessary, with three elements: a reform of the state and its fiscal affairs, a "neo-keyne-sian" boost of investment and consumption, and an acceleration of the régional integration process through the Mercosur.
- Défense européenne et contrôle démocratique : une tâche pour la Convention sur l'avenir de l'Europe - Michael Hilger p. 455-470 En achevant, au sommet de Laeken, le transfert des fonctions executives de la gestion des crises de l'Union de l'Europe occidentale à l'Union européenne, celle-ci a proclamé Vopérationnalité de la Politique européenne de défense et de sécurité (PESD). Une nouvelle dimension de l'intégration politique du Vieux Continent est ainsi ouverte : celle de l'intervention civile et militaire dans le cadre d'une politique intergouvernementale commune. Mais les structures décisionnelles au niveau du Conseil européen ne suffiront pas à donner vie à la PESD. Dans des domaines aussi sensibles que ceux de la sécurité et de la défense, l'Union ne saurait se passer d'une légitimité démocratique forte, qui passe par la redéfinition des moyens de contrôle des parlements nationaux et du Parlement européen. Après le double échec de Nice et de la phase préparatoire de Laeken, il appartient maintenant à la Convention sur l'avenir de l'Europe de proposer, à ce sujet, quelques solutions.European Defense and Democratie Control: A Task for the Convention on the Future of Europe, by Michael Hilger The Assembly of WEU, the national parliaments of WEU and EU member states and the European Parliament have tried so far without success to remedy what one could call the "parliamentary déficit" of the new European Security and Defence Policy (ESDP): it has arisen because the EU has set up politico-military crisis-management structures under the ESDP with a view to deploying forces for the so-called Petersberg tasks, which may include combat opérations to restore peace. National parliaments, which have their constitutional responsibilities and must scrutinise their governments, have no means of acquiring information first-hand at EU level. The décision to deploy troops to crisis areas and the means to finance such missions are voted in national parliaments. Yet there is no interparliamentary body within the EU to supervise intergovernmental coopération. At the same time, the EU Treaty does not give the European Parliament the necessary competence for security and defence questions and member states remain reluctant to transfer sovereignty in that area. That is why the Convention on the future of Europe should give national parliaments collective representation at EU level by taking the interparliamentary model as a basis.
- Les deux voies de Doha - et au-delà - Hugh Corbet, Christophe Jaquet p. 395-414
Libre propos
- A la charnière ? - Jean Dufourcq p. 471-486 En redécouvrant les avantages stratégiques de sa position traditionnelle de charnière, la France se retrouve aujourd'hui devant une bifurcation décisive, à la croisée historique entre une singularité jusqu'ici préservée et un engagement collectif européen de mieux en mieux assumé. Ce dilemme apparaît comme l'avatar stratégique moderne d'une position géopolitique ancienne qui l'avait placée au carrefour des grands axes qui organisaient l'Europe et dont elle avait su, presque toujours, tirer parti. Avec les attentats terroristes du 11 septembre aux Etats-Unis, de nouvelles pistes de réflexion s'ouvrent au pays. Aujourd'hui plus que jamais, les questions qui se posent aux dirigeants français sont celles-ci : faut-il choisir un nouveau cadre d'action, lequel choisir, comment choisir ?France at a Turning Point, by Jean Dufourcq Rediscovering the strategie advantages of its traditional pivotal position, France is at a decisive juncture: the convergence between a still preserved uniqueness and a European commitment which had become more and more demanding. This dilemma is the strategie reincarnation of an old geopolitical position that placed France at the junction of Europe's major Unes and from which it has always taken advantage. From now on, questions for France's leaders are: should a choice be made for a new framework, if yes, what choice to make -and how to choose?
- A la charnière ? - Jean Dufourcq p. 471-486
Passé-présent
- Eté 1914 : deux visions allemandes de l'Europe - Bernard Cazes, Isabelle Bonnefond, Pierre Richard p. 487-497
Lectures
- Wesley K. Clark. Waging Modern War. Bosnia, Kosovo and the Future of Combat - Denise Artaud p. 499-505
- Michel Rocard. Pour une autre Afrique - Yves Gounin p. 506-507
- Nuruddin Farah. Hier, demain. Voix et témoignages de la diaspora somalienne - Yves Gounin p. 507-508
- Benoît de Tréglodé. Héros et révolution au Viet-Nam - Yann Vinh p. 508-510
- Josepha Laroche. La loyauté dans les relations internationales - Camille Mansour p. 510-512
- Conseil d'Etat. L'influence internationale du droit français - Yves Gounin p. 512-513
- Elie Barnavi et Paul Goossens. Les frontières de l'Europe - André Brigot p. 513-517
- Archie Brown et Liliya Shevtsova (éd.). Gorbachev, Yeltsin and Putin, Political Leadership in Russia's Transition - Georges Sokoloff p. 517-520
- Vera Tolz. Inventing the Nation, Russia - Marie-Pierre Rey p. 520-521
- Michael Barry. Le royaume de l'insolence. L'Afghanistan. 1504-2001 - Isabelle Cordonnier p. 521
- Bernard-Henri Lévy. Réflexîons sur la Guerre, le Mal et la fin de l'Histoire, précédé de Les Damnés de la Guerre - Yves Gounin p. 522-523
- Claude Le Borgne. La stratégie dite à Tîmoléon - Jean Klein p. 523-525
- Philip Everts et Pierangelo Isernia (dir.). Public Opinion and the International Use of Force - Marcel Merle p. 525-526
- M.-F. Durand, R. Gimeno, P. Mitrano et M. Törnquist. L'espace mondial en 50 cartes - Delphine Renard p. 526-527
- Les auteurs - p. 529-532
- Abstracts - p. 533-537