Contenu du sommaire : Dramaturgie du politique
Revue | Sociétés & Représentations |
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Numéro | no 12, 2001 |
Titre du numéro | Dramaturgie du politique |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Présentation - p. 5-14
En guise de prologue
- Des mentalités aux représentations - Michel Vovelle, Christian-Marc Bosséno p. 15-28
Sujet en majesté
- Le roi a été chassé à Rambouillet - Annie Duprat p. 30-43 Dans les quelques semaines qui ont suivi les journées de juillet 1830, on observe un foisonnement d'estampes visant à forger l'idée d'unanimisme du mouvement révolutionnaire, et à disqualifier définitivement la figure de l'ancien roi. Les caricatures contre Charles X, inconnues pour la plupart, décrivent un roi bigot et niais, parfois métamorphosé en animaux les plus divers (écrevisse, dindon, oie, girafe etc.). Le spectacle politique prend ici la figure d'une ménagerie grotesque.In the weeks that followed the events of July 1830, a great many prints appeared, aiming at spreading the idea of the unanimity of the revolutionary movement, and at disqualifying altogether the image of the ex-king. The caricatures against Charles X –unknown for most of them– describe a bigot and dumb king, sometimes pictured under the form of various animals (crayfish, turkey, goose, giraffe, etc.). The political show then becomes a grotesque menagerie.
- « Sans pardon » (1914) : Adolphe Willette ou la propagande par l'outrance - Laurent Bihl p. 45-62 Dessinateur en vue depuis la Belle époque, Adolphe Willette publie durant les premiers mois de la guerre de 14-18 des compositions d'une rare violence, qui seront reprises en 1916 en recueil sous le titre Sans pardon. Consacrés aux exactions (souvent imaginaires) des troupes allemandes sur les populations civiles du Nord de la France, ces dessins se détachent de la production d'autres caricaturistes du temps (Steinlen, Poulbot) par leur recours au grotesque, au macabre, à la cruauté et à l'érotisme, à tel point qu'il est presque étonnant que la censure de guerre leur ait accordé son visa. Cet article étudie la manière dont l'outrance, chez le dessinateur, devient une arme de propagande dans la stigmatisation des barbaries allemandes, à mi-chemin entre l'héritage de la production satirique montmartroise « fin de siècle » et l'émergence d'un nouvel imaginaire des terreurs collectives, qui pousse l'humour de la Belle époque jusque dans ses derniers retranchements.A famous cartoonist since the “Belle époque”, Adolphe Willette published, during the first months of World War I, illustrations of a rare violence, which will be gathered in 1916 in an anthology under the title of “unforgiving”. Illustrating the -often imaginary- atrocities of German troops against the civilians in northern France, these cartoons stand out against the production of other caricaturists of the times (Steinlen, Poulbot), by their use of grotesque, macabre, cruelty and eroticism, to such a point that it is almost surprising that the censorship war office gave its agreement to them. This article studies how outrage becomes a weapon under the cartoonist's pen, in the stigmatisation of German barbarities, mid-way between the tradition of the satirical production of Montmartre “end-of-the-century-style” and the emerging of a new imaginary of collective terrors, that pushes the humour of the Belle époque period to its very limits.
- Entre pouvoir allemand et pouvoir français : Les actualités cinématographiques en France (1940-1944) - James Charrel p. 63-70 Les actualités cinématographiques de 1940 à 1944 posent la question de la coexistence de deux propagandes française et allemande sur un même support. La fusion des deux sociétés de production en août 1942 entraîne-t-elle la mainmise allemande sur les actualités ? Quelle évolution constate-t-on dans les thèmes de propagande ?Cinematographic newsreels, between 1940 and 1944, raise the question of the co-existing of two propaganda –French and German– on a same medium. Does the merging of two production companies in August 1942 mean the taking-over of the newsreels by the Germans? What kind of evolution can we observe in the themes of propaganda?
- Incarner la République : Les affiches présidentielles de François Mitterrand, Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac (1974-1995) - Christian Delporte p. 71-88 Jusqu'au seuil des années 1990, où la loi en restreint l'usage et l'intérêt, l'affiche est un média essentiel dans la construction de l'image des candidats à l'élection présidentielle. En partie modelée par les publicitaires et professionnels de la communication (sollicités dès le scrutin de 1965), l'image des prétendants à l'Élysée relève d'une stratégie et d'une tactique politiques bien perceptibles dans l'iconographie qu'elles donnent à voir. Le présent article, sans prétendre à l'exhaustivité, s'attache à l'étude des affiches des trois derniers présidents de la République. Si l'objectif est toujours le même, donner de soi-même l'image d'un homme état, la manière de l'exprimer change considérablement d'une campagne à l'autre, afin de garantir la plus grande adhésion de l'électeur. On assiste alors à de complets renversements d'image, dont le moindre n'est pas celui de Jacques Chirac.Posters used to be a major medium in the making of the image of the candidates running for the presidential election, until the beginning of the 1990's, when the law constrained the use and interest of them. Partly designed by advertisers and professionals in communication (hired as soon as the 1965 polls), the image of the candidates is based on a political strategy which is quite obvious in the iconography they provide. This article studies –in a non exhaustive way– the posters of the last three French presidents. If the issue is always the same – to give oneself the image of an eligible leader–, the way of achieving it greatly changes from one campaign to the other, in order to guarantee the strongest adhesion of the voter. We then observe radical revolutions of images, of which Jacques Chirac is an interesting example.
- Une mort aux quotidiens : Le portrait de François Mitterrand À la une des journaux nationaux du 9 janvier 1996 - Jacqueline Freyssinet-Dominjon p. 89-106 L'analyse sémio-rhétorique des espaces rédactionnels consacrés à la mort du Président Mitterrand à la une des quotidiens nationaux français du 8 janvier 1996 met en évidence, au-delà de la fonction immédiate de faire-part de décès destiné au large public des lecteurs d'un journal du soir, la palette des portraits funèbres variant avec le moment de la sortie du journal – le soir même ou le lendemain – et le style journalistique de chaque titre : président de la République française ou héros d'un roman de cape et d'épée, force tranquille du politique ou fragilité du malade âgé. La dizaine de quotidiens analysés peut être classée en trois grands types selon leur choix par rapport à deux axes de représentation : image de l'homme public ou de l'homme privé d'une part, ambiguïté ou transparence du personnage d'autre part.A semio-rhetorical analysis of the redactional spaces allotted to President Mitterrand's death on the front page of daily newspapers on January, 8th, 1996, displays –beyond the immediate function of announcement meant for the large audience of an evening newspaper– the variety of funeral portraits, according to the time of release of the newspaper –the very evening or the morning after–, and the journalistic style of each headline, president of the French Republic or hero of swashbuckling novel, quiet force of the politic or fragility of the aged ill. The ten analysed daily newspapers can be classified in three major categories according to their choices regarding two axes of representation: image of the public man and the private man on one hand, ambiguity or transparency of the character on the other hand.
- Le roi a été chassé à Rambouillet - Annie Duprat p. 30-43
La construction du nombre
- Les figures du vote : Pour une iconographie du suffrage universel - Michel Offerlé p. 108-130 Nous sommes désormais habitués à quelques figurations routinisées du vote : l'urne sous la plume des caricaturistes, la sortie de l'isoloir ou le dépôt du bulletin dans le réceptacle, désormais transparent, dans les photographies de l'acte électoral. En revenant sur le long terme du suffrage (de 1848 à nos jours), on souhaiterait s'interroger sur ce que les iconographies électorales nous apprennent, dans leurs langages et leurs contraintes, des représentations successives et contradictoires du vote et des électeurs.We are now used to a few routines of representing the act of voting: the ballot-box under the pen of caricaturists, the coming out of the polling-booth or the putting of the ballot-paper into the -now transparent- box, in the photos of the act of voting. By scanning suffrage on a long term basis (from 1848 up to now), we wish to question what electoral images teach us, in their languages and constraints, about the successive and contradictory representations of vote and voters.
- La communion militante : Les meetings de gauche durant les années Trente - Paula Cossart p. 131-140 L'étude des meetings politiques organisés dans l'entre-deux-guerres en France par les Partis radical, socialiste et communiste, nous permet de montrer que la mise en spectacle devient, dans ces années là, pleinement constitutive de la pratique qu'est la réunion publique, mise en spectacle du politique qui ne peut être dissociée de sa mise en images et en textes. Que l'observation porte sur le cadre spatial du meeting, sur ce qui se passe sur la scène, ou bien sur le public, il apparaît que si la dramaturgie caractérise d'abord le déroulement du meeting, elle se poursuit ensuite, une fois le moment meeting achevé, dans les images et les textes qui relatent la réunion. Ceci montré, faut-il alors s'en tenir au terme de mise en scène pour appréhender ces meetings, ou bien peut-on parler de rite ? Pour le faire, il faudrait parvenir à savoir ce qui, dans ce qui parvient jusqu'à l'observateur, a réellement lieu, et ce qui ne tient qu'à une reconstruction déformante, propre à une mise en images et en textes partisane.The study of political meetings held by the radical, socialist and communist parties between the two World wars, gives us evidence that the staging as shows became, during these years, fully constitutive of the practice of public reunion, staging of the Politic which cannot be dissociated from images and texts editing. Whether the observation focuses on the spatial environment of the meeting, on what happens on stage, or on the audience, it is clear that if dramatic art is first prominent in the way the meeting takes place, it then goes on, when the meeting is over, in the images and texts which summarise the reunion. Once this point made, do we stick to the term staging to apprehend these meetings, or can we speak of rite? In order to do so, we'd need to make out, through whatever reaches the observer, what actually happened, and what is only a deforming reconstruction, meant for a partial editing of images and texts.
- Foules en liesse et « maréchalisme » des populations : Les images des voyages officiels de Pétain montrent-elles des mouvements d'opinion ? - Nicolas Mariot p. 143-159 Cet article interroge le réel des images de liesse collective dans les processus d'attestation, profane ou savante, d'une popularité, en prenant pour matériau un montage d'archives d'actualités filmées des déplacements de Pétain en province. L'exemple est intéressant en ce qu'il dévoile un usage savant des images de liesse ambigu parce que lié à une lecture à partir de l'issue du régime de Vichy : l'image montrerait un maréchal populaire en 1940, elle tricherait en 1944, parce qu'il ne peut décemment plus l'être. Or, le problème vient précisément de ce que l'image « montre » dans les deux cas la même chose : la liesse collective. L'article conclut alors que l'opération analytique consistant à inférer des comportements acclamatifs l'état d'esprit des participants doit être rejetée dans un tel cadre en raison de son caractère réducteur : les exceptions à la règle y sont trop nombreuses.This article, based on an edited collection of newsreel archives showing Pétain touring throughout the country, questions the reality of collective jubilation in the process of testifying –in a profane or expert way– of a certain popularity. The example is interesting in the sense that it reveals an expert use of ambiguous images of jubilation, because it is linked to a reading made at the end of the Vichy regime: the image is supposed to show a popular Pétain in 1940, it is supposed to cheat in 1944, because the “maréchal” can't decently be popular anymore. However, the problem comes precisely from the fact that the image “shows” the same thing in both cases: collective jubilation. The article comes to the conclusion that the operation of analysis consisting in deducing the spirit of the participants from cheerful behaviour, must be rejected in such a context because of its reductive nature: exceptions to the rule are simply too numerous.
- Les images font-elles encore image ? : La marche européenne des chômeurs : avril-juin 1997 - Danielle Tartakowsky p. 161-174 Les groupes qui recourent à la « marche » (plutôt qu'à la manifestation) sont souvent ceux dépourvus d'organisation adaptée à leurs fins, conjoncturelles ou plus durables, et/ou soucieux de dépasser les clivages organisationnels existants, à la recherche d'une identité. En usant précisément de la marche, de la rupture dans le temps du quotidien qu'elle nécessite autant qu'elle occasionne, pour construire une sociabilité nouvelle et par là une identité, une communauté, une modalité originale d'organisation, ou simplement une image, à finalité d'abord interne. Cet article analyse les solutions que les acteurs de la marche européenne des chômeurs organisée en 1997 ont choisi d'apporter au problème posé par la mise en images de mouvements de cette nature.Groups who “march” (rather than demonstrate), often lack organisation adapted to their goals –whether punctual or permanent–, and/or are willing to go beyond existing organisational divides, looking for an identity. By choosing marching in particular, the break in the day time it requires as much as it provides, to build a new sociability and therefore an identity, a community, an original mode of organisation, or simply an image with a primarily intern finality. This article analyses the solutions chosen by the actors of the European march of the unemployed, organised in 1997, to answer the problem raised by translating these kinds of movements into images.
- Les figures du vote : Pour une iconographie du suffrage universel - Michel Offerlé p. 108-130
Les usages de l'histoire
- De l'hommage funèbre à la prise de parole : L'enterrement du général Foy (novembre 1825). - Emmanuel Fureix p. 176-203 Les funérailles du général Foy inaugurent une pratique politique nouvelle dans la monarchie censitaire, l'enterrement de l'opposition, où s'entremêlent deuil du grand homme et contestation du régime. L'article esquisse une anthropologie politique des gestes et des symboles funèbres, afin de montrer le glissement d'un cortège ordinaire, réglementé au début du XIXe siècle, vers une pré-manifestation politique. Emprunts et dénis historiques, références empilées, présence et effacement du peuple, montrent les paradoxes d'une culture libérale de la mort. L'article propose également quelques clefs d'interprétation de ce moment d'effervescence funèbre, entre hommage au grand homme, célébration d'un représentant du peuple, et expression du tribunal de l'opinion, pour mieux souligner l'effet catalyseur du rituel tant dans l'ordre des pratiques que des représentations politiques.General Foy's funerals start a new political practice in censitarian monarchy, the burying of the opposition where mourning the great man and protesting against the regime are entwined. The article sketches a political anthropology of gesture and death symbols, in order to prove the sliding of an ordinary dead march, ruled at the beginning of the 19th century, towards a political pre-demonstration. Historical borrowings and denials, piled up references, presence and withdrawal of the people, show the paradoxes of a liberal culture of death. The article also proposes a few keys for the interpretation of this moment of funeral effervescence, between tribute to a great man, celebration of a representative of the people, and expression of the public opinion's judgement, in order to highlight the catalysing effect of the ritual in the order of practices as well as in political representations.
- Jacques Chirac au Panthéon : Le transfert des cendres d'André Malraux (23 novembre 1996) - Patrick Garcia p. 205-222 Le 23 novembre 1996, les cendres d'André Malraux sont transférées au Panthéon. Cet article analyse les raisons qui ont conduit à décider de la panthéonisation, les modalités de la cérémonie et tente, en s'attachant notamment aux choix esthétiques, d'en dégager des enseignements sur le rapport contemporain aux rituels politiques.On November 23rd 1996, the ashes of André Malraux were transferred to the Panthéon. This article analyses the reasons that led to decide on the pantheonisation, on the details of the ceremony, and tries, notably by studying the esthetical choices, to make out what lessons it teaches us about the contemporary relation to political rituals.
- Du passé, faisons un spectacle ! : Généalogies des reconstitutions historiques de salon et grans en provence (XIXe-XXe siecles) - Maryline Crivello p. 225-234 Cet article examine la genèse et la structuration d'une « Reconstitution » historique qui relate la rencontre entre Catherine de Médicis et Michel de Notre Dame à Salon-de-Provence en 1564. Ce spectacle, loin d'être porté par une mémoire collective ou une tradition historiographique, est né de la médiatisation de Nostradamus dans les années Quatre-vingt. Le recours à un événement historique a cependant permis de rendre légitime la fête annuelle et celle-ci, au cours des années, a recomposé le souvenir de la rencontre et l'image du prophète. En inventant une nouvelle forme de sociabilité et d'intégration, la fête est devenue incontournable pour les élus comme pour les habitants. Elle constitue désormais un enjeu politique à l'échelle locale.This article studies the genesis and construction of a historical reconstitution that relates the meeting between Catherine de Medicis and Michel de Notre Dame in Salon-de-Provence, in 1564. That show, far from being carried by some collective memory, was born from the publicity around Nostradamus in the 1980's. The pretext of a historical event has however legitimated the yearly festival which, along the years, has recomposed the memory of the encounter and of the prophet's image. By inventing a new form of sociability and integration, the festival has become a “must” for the elected local politicians as well as for the citizens. It now is a political issue on a local scale.
- L'histoire à la carte : L'impossible commémoration du PSI - Caroline de Loze p. 235-250 C'est au moment où il s'apprêtait à célébrer le centenaire de sa fondation, en 1892, que le Parti socialiste italien, saisi par les « affaires », est entré dans la spirale qui allait mener à sa dissolution. De cet anniversaire avorté témoigne un coffret rassemblant en fac-similé l'ensemble des cartes annuelles d'adhésion au mouvement, qui chaque année portaient une illustration différente, le plus souvent allégorique, et permettent une vision de l'évolution de la propagande visuelle mise en œuvre par le PSI. Sont ici étudiées les cartes commémoratives du Parti, celles qui font appel à la mémoire des militants en évoquant des grandes figures du mouvement, de grandes étapes de son histoire ou plus largement de l'histoire italienne et européenne (Révolution française, Risorgimento, Résistance). Cet inventaire détaillé des thèmes et figures de la « mémoire officielle » des socialistes italiens montre que les commémorations, d'abord centrées, à partir des années Trente, sur les « grands hommes » du Parti et les victimes du fascisme, ainsi que sur la célébration des anniversaires du mouvement et de son organe, le quotidien L'Avanti !, tendent à se généraliser aux grandes dates de l'histoire des libertés en Europe à compter des années Quatre-vingt. Devenu force de gouvernement sous l'égide de Bettino Craxi, le Parti, qui semble pris par une fièvre commémoratrice qui eût du culminer avec le centenaire de 1992, se réfugie ainsi dans une mémoire qui le dépasse, démarche qui pose toute la question de la pertinence du geste commémoratif.When it was just about to celebrate the 100th anniversary of its founding in 1892, the Italian Socialist Party was caught in scandals that led to its dissolution. From that aborted anniversary was left a box in which was kept in facsimile the whole lot of membership cards with a different illustration for every year -allegories most of the time- that give an insight about the evolution of the visual propaganda issued by the ISP. This article studies the cards that appeal to the militants'memory by evoking the great figures of the movement, the great steps of its history or, more largely, Italian and European history (French Revolution, Risorgimento, Resistance). This detailed inventory of the themes and figures of the “official memory” of Italian socialists show that the commemorations, first focused, since the 1930's on the “great men” of the party and the victims of fascism, as well as on the celebration of the anniversaries of the movement and of its organ, the daily newspaper The Avanti!, tend to spread, since the 80's, to the major dates of the history of liberties in Europe. A government force under the aegis of Bettino Craxi, the party, which seems to be seized by a commemorative fever that should have culminated with the centenary of 1992, thus takes refuge in a memory outgrowing them, a process that raises the issue of the relevancy of commemorative events.
- De l'hommage funèbre à la prise de parole : L'enterrement du général Foy (novembre 1825). - Emmanuel Fureix p. 176-203
Duels : images de la guerre froide
- Terreurs de la France modérée : Les affiches du Centre de propagande des républicains nationaux dans l'entre-deux-guerres - Fabrice d'Almeida p. 252-267 La propagande de la droite modérée dans l'entre-deux guerres est marquée par le travail du Centre de propagande des républicains nationaux. Les thèmes et les stéréotypes des affiches produites par ce groupement témoignent de ce que l'idéologie modérée était largement alimentée par les fantasmes de l'extrême droite anticommuniste, nationaliste et xénophobe. Ainsi la modération politique flirte-t-elle avec l'extrémisme, au risque d?y perdre son âme.Moderate right-wing propaganda during the period between the two world wars, is marked by the work of the Centre of propaganda of national republicans. The themes and stereotypes on the posters published by this group testify that moderate ideology was largely fed by anti-Communist, nationalist and xenophobic extreme right?s fantasies. So, political moderation flirted with extremism, at the risk of losing its soul.
- Propagande et création picturale : L'exemple du PCF dans la guerre froide. - Lucie Fougeron p. 269-284 Pour qui s'intéresse à la mise en images du message et de l'action politiques, la période de la guerre froide offre un point de vue remarquable : la division du monde en deux camps, la lutte des deux grands blocs se traduit aussi par une « guerre des images ». Le Parti communiste français, principale organisation politique occidentale soutenant le « camp » soviétique, y participe activement. Dans le cadre général d'une propagande de masse particulièrement intense, et dont l'affiche est le support privilégié, il fait alors largement appel à la création graphique. Cet apogée de la production d'affiches peintes ou dessinées coïncide par ailleurs avec la promotion par la direction communiste d'une « école » picturale singulière, inspirée des principes du réalisme socialiste et vouée à jouer un rôle spécifique dans la lutte idéologique menée par le PCF Si ces deux phénomènes diffèrent dans leurs principes de réalisation, ils composent cependant un « discours iconographique communiste », marquant une phase originale de l'histoire de la mise en images de l'activité politique de ce parti.Whoever is interested in the putting into images of political messages and actions is offered a remarkable point of view by the Cold War period: the splitting of the world into two parts, the struggle between the two great blocks is also a “war of images”. The French communist party, main western political organisation supporting the Soviet “camp”, was an active actor in it. In the general frame of a particularly intense mass-propaganda, for which posters are the privileged media, the FCP largely called on graphic creation. This peak of production of painted or drawn posters moreover coincides with the promotion by the communists head office of a “singular pictorial school, inspired by the principles of socialist realism and devoted to play a specific role in the ideological struggle led by the FCP” If these two phenomenon differ in their principles of achievement, they nevertheless compose a “communist iconographical statement”, marking an original phase in the history of the putting into images of the political activity of this party.
- Terreurs de la France modérée : Les affiches du Centre de propagande des républicains nationaux dans l'entre-deux-guerres - Fabrice d'Almeida p. 252-267
Pistes
- Du temple de thémis à la maison des droits de l'homme - Claude Loupiac p. 286-305 Alors que pratiquement aucun Palais de Justice nouveau n'a été construit dans les cinquante années qui ont suivi la première guerre mondiale, la justice française se trouve confrontée à une grave crise de croissance à partir des années Soixante. Son patrimoine immobilier vieilli, voire vétuste, offre une capacité insuffisante face à l'explosion du contentieux. On assiste en effet alors à un phénomène de judiciarisation de la société dû à des changements de mentalités et qui se traduit par l'augmentation des procédures dont la complication est accrue par l'inflation des textes législatifs et réglementaires. Les réalisations achevées entre Soixante et Quatre-vingt ne suffisent pas à combler ces déficits et c'est à partir de la fin des années Quatre-vingt que la construction de nouveaux Palais de Justice connaît une impulsion décisive, au moment où la Chancellerie devient responsable de l'ensemble du patrimoine des juridictions du premier degré. Cette relance de sa politique immobilière par la Chancellerie qui en profite pour réorganiser les structures de sa maîtrise d'ouvrage est également l'occasion d'engager une réflexion sur la modernisation de l'image architecturale de la Justice. À l'image traditionnelle d'une justice austère, puissante, distante de la population et ancrée dans des traditions immuables, on va substituer, dans un premier temps, celle d'une institution moderne par l'adoption du répertoire de l'architecture contemporaine des années Soixante et Soixante-dix. Mais la perte d'identité et la relative banalisation architecturale de ces réalisations, vont infléchir les réflexions de la Chancellerie et l'inciter à engager les architectes à inventer une rhétorique architecturale propre à la spécificité de ce programme tout en l'insérant dans son environnement, afin de traduire les évolutions de la pratique judiciaire. Ces réflexions aboutissent, au milieu des années Soixante-dix au concept de cité judiciaire dont est représentatif le Palais de Justice de Draguignan, puis plus récemment à celui d'une “maison des droits de l'homme” transparente, dont sont représentatives les constructions des dix dernières années. Toutefois le bilan de ces efforts ne laisse pas d'être dubitatif sur la pertinence de la démarche.When practically no law courts were built in the years following World War I, French justice had to face a serious growing crisis since the beginning of the 1960's. Its real estate patrimony, old, even decayed, was inadequate as regards the boom of legal disputes. A phenomenon of judiciarisation of society started then, due to changes in mentalities and conveyed by an increase of law suits, the complexity of which was made worse by the inflation of legal texts and regulations. The buildings erected between 1960 and 1980 could not make good the deficits and the end of the 1980's saw a decisive policy of law courts constructions, when the Chancery became responsible for the whole of first degree jurisdictions'patrimony. This revival of real estate policy by the Chancery was an opportunity to reorganise the structure of the buildings and also to start thinking over the modernisation of the architectural image of Justice. First, the traditional image of an austere, powerful justice, distant towards the people and set into traditions, will be replaced by the representation of a modern institution with the adoption of the architectural style contemporary of the 60's and 70's. But the loss of identity along with the relative banality of these works of architecture, led the Chancery to change direction and encourage architects to invent an architectural rhetoric specific to that program while fitting it into its environment, so as to translate the evolution of the judiciary practice. These reflections led, in the mid-70's, to the concept of a judiciary city, of which Draguignan's law court is representative, and then, more recently, to the concept of a transparent “house of human rights”, representative of the constructions of the last ten years. However, the assessment of these efforts leaves one doubtful about the relevance of the process.
- L'œil intelligent : Le choix des photos politiques dans Le nouvel observateur - Marion Fontaine p. 307-320 Le choix des photos politiques dans Le Nouvel Observateur amène rapidement à poser la question des liens de connivence existant entre monde du journalisme et monde politique. Mais une analyse interne du monde du Nouvel Observateur révèle que les choses sont plus complexes. Le choix des images politiques est en effet soumis à de multiples déterminants, techniques et organisationnels, au sein de l'hebdomadaire. Dans le cadre stylistique bien défini du journal, la sélection des photos semble surtout dépendre de la manière dont journalistes et iconographes envisagent les rôles que tiennent les acteurs politiques et les modalités de mise en scène de ces rôles.The choice of political photos in The Nouvel Observateur rapidly leads to question the links of connivance between the world of journalism and the world of politics. But an internal analysis of the world of the Nouvel Observateur reveals that things are more complex. The choice of political images is actually submitted to numerous technical and organisational determinants inside the weekly magazine. But within the well defined stylistic frame of the magazine, the selection of photos seems to depend mostly on the way journalists and iconographs see the roles played by political actors and the modes of staging these roles.
- Les affiches du Parti communiste français : Créations d'un fonds d'archives - Lucie Fougeron p. 321-325 Le Parti communiste français a ouvert les archives de sa direction en 1994, mettant à la disposition de la recherche un patrimoine unique dans le panorama des partis politiques français. En parallèle avec le traitement de ces documents, une importante collection d'affiches illustrées, éditées par le PCF de 1945 à nos jours, est en cours de constitution. Support privilégié de la propagande de ce parti, elles apportent un complément original à l'étude de l'histoire du mouvement communiste français, de sa propagande, de la « culture militante », etc. Ainsi, depuis fin 1998, sauvegarde, reproduction photographique et mise en place d'un inventaire analytique informatisé ont été menées de front. La première phase d'inventaire, couvrant la période 1945-années Soixante, est en voie d'achèvement. Le traitement des affiches publiées dans les années Soixante-dix Quatre-vingt-dix est en cours. Cette entreprise de longue haleine aboutit aujourd'hui à une base de données alliant niveaux de recherche multiples, notices d'inventaire détaillées (intégrant renseignements techniques et documentaires) et reproduction numérisée de l'affiche.The French Communist Party opened its head office's archives in 1994, putting at the disposal of research a unique heritage with regards to French political parties. In parallel with the treatment of these documents, an important collection of illustrated posters, published by the FCP from 1945 on, is being constituted. As a privileged medium of the Party's propaganda, they bring an original complement to the study of the history of the French communist movement, of its propaganda, of its “militant culture”, etc. Thus, since the end of 1998, saving, photographing and creating a computerised analytical inventory have been carried out at once. The first phase of the inventory, covering the period from 1945 to the 1960's is almost finished. The treatment of the posters published during the 1970's-1990's is on the go. This long term venture leads to a data base allowing multiple levels of research, detailed inventory files (including technical and documentary information) and digitalised reproduction of posters.
- Du temple de thémis à la maison des droits de l'homme - Claude Loupiac p. 286-305
Lectures
- Lectures - p. 327-348
- Bibliographie - p. 349-360
Hors-cadre
- Le quartier populaire au cinéma : Nation/vs/village planétaire - May Telmissany p. 362-371