Contenu du sommaire : La République démocratique allemande dans l'espace public européen (1949-2018)
Revue | Revue d'Allemagne |
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Numéro | Tome 51, N° 1, janvier-juin 2019 |
Titre du numéro | La République démocratique allemande dans l'espace public européen (1949-2018) |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
La République démocratique allemande dans l'espace public européen (1949-2018)
- Introduction - Pascal Fagot p. 3-5
- Die DDR als Teil eines alternativen Europas? Die Fédération mondiale des villes jumelées (FMVJ) und die kommunale Außenpolitik Ostdeutschlands in den 1960er Jahren - Christian Rau p. 7-19 Les conceptions de l'Europe dans la politique étrangère de la RDA ont jusqu'à présent été peu étudiées. Au contraire, beaucoup s'accordent à considérer que le SED et ses « institutions » ne développèrent pas ou ne privilégièrent pas une idée de l'Europe qui leur soit propre. L'idée préconçue d'une homogénéité de l'État et des institutions centrales empêche néanmoins de prendre en considération d'autres acteurs du régime, au sein desquels de telles approches spécifiques furent initiées. Cela a notamment été le cas dans le domaine de la politique étrangère locale qui a permis une interaction entre les acteurs locaux, intermédiaires, nationaux et transnationaux. À partir de 1960, l'adhésion de plusieurs villes de l'Allemagne de l'Est à la Fédération mondiale des villes jumelées (FMVJ) a joué de ce point de vue un rôle majeur. Dès lors que cette organisation visait à dépasser les frontières idéologiques entre les partis et les stéréotypes Est-Ouest, l'Allemagne de l'Est apparut comme partie intégrante d'une « Europe » imaginée. Cet article explore et discute les opportunités qui s'offrirent pour la RDA et les limites auxquelles les protagonistes ont été confrontés.Studies dealing with East German foreign policy traditionally negate the relevance of addressing images of Europe as a political approach to overcome diplomatic isolation. Yet, since they focus almost only on central institutions as sole servants of the Socialist Unity Party's inner circle, they fail to take into account actors within the regime that were on the forefront of developing such concepts. This was especially the case in the field of local foreign policy which worked as an interplay between local, intermediary, national and transnational actors. An important vehicle enabling transnational contacts was the membership of East German cities within the Fédération mondiale des villes jumelées (FMVJ) starting in 1960. Since this organization aimed at transcending ideological party lines and East-West-stereotypes, East Germany here appeared as an integral part of an imagined “Europe”. This article explores and discusses the opportunities and limitations of these entanglements.
- Die DDR und die EWG 1957-1990 - Maximilian Graf p. 21-35 L'article traite des relations entre la RDA et la CEE de 1957 à 1990. Après une introduction consacrée aux contextes germano-allemand et européen dans lesquels s'inscrivent ces relations, leur dimension politique et économique est examinée. Il apparaît clairement que, malgré son statut spécial résultant du commerce intra-allemand, la RDA, comme tous les autres pays du CAEM, a été affectée par la construction de l'Europe occidentale. Suivant la ligne de Moscou, Berlin-Est refusait néanmoins de reconnaître la CEE. Ce n'est qu'au milieu des années 1980 que les contacts se sont intensifiés et qu'en 1988, des relations ont été établies. Bien que la Communauté européenne ait toujours formellement préconisé la réunification de l'Allemagne, les dirigeants de la RDA espéraient que Bruxelles soutiendrait leur lutte pour préserver leur État.The article deals with the relations between the GDR and the EEC from 1957 to 1990. After a problem-oriented introduction to the German-German and European framework of this relationship, it focusses on its political and economic dimension. In doing so, the analysis shows that – despite the special status resulting from the provisions of intra-German trade – the GDR was no less affected by the progress of deepening West European integration than the other COMECON member states. Nevertheless, following Moscow's line, East Berlin refused to officially recognize the EEC. Only in the mid-1980s contacts intensified and relations were established in 1988. Despite the fact, that the developing European Community had – at least formally – always supported the West German goal of reunification, ironically, the GDR leadership hoped for support by Brussels in its struggle for the survival of its state.
- La collaboration des historiens de l'économie est-allemands à l'Association internationale d'histoire économique : une intégration de la RDA dans l'espace intellectuel européen ? - Paul Maurice p. 37-49 L'Association internationale d'histoire économique (International Economic History Association – IEHA) est née à la fin des années 1950 et a organisé à partir de 1960 une série d'importantes conférences internationales. Celles-ci réunirent des historiens venus de l'Europe entière, par-delà les divisions du « rideau de fer ». Bien qu'internationale, l'organisation a été créée et dirigée par des Européens. Les pays d'Europe de l'Est participèrent eux aussi dès l'origine à l'organisation des conférences de l'Association, l'Union soviétique les y ayant autorisés au titre des « échanges scientifiques ». En RDA, l'intégration de l'histoire de l'économie au sein de l'Association eut une importance capitale dans l'affirmation internationale de cette discipline par le biais de son « Nestor », Jürgen Kuczynski (1904-1997). Il décidait seul quels historiens d'Allemagne de l'Est auraient accès aux événements internationaux. Il fut lui-même très actif dès le début des conférences internationales et siégea au comité de l'IEHA jusqu'à l'âge de 82 ans. Pour les scientifiques est-allemands, encouragés par les autorités dans cette démarche, la participation à l'Association internationale entraînait de facto une reconnaissance du caractère scientifique de leurs méthodes et travaux, au même titre que ceux des universitaires d'Europe de l'Ouest ou d'URSS. La participation aux congrès et aux comités avait une importance particulière pour les universitaires de la RDA, car, au sein de l'Association, les chercheurs est-allemands pouvaient participer à la circulation d'idées en Europe. Le développement d'un véritable espace public transnational nécessite l'existence de débats contradictoires, au-delà de la simple opposition idéologique. Dans le contexte de la Guerre froide, les liens interpersonnels entre les membres de l'association purent ainsi contribuer à la pérennité de ces débats.
- La RDA et le Festival mondial de la jeunesse à Berlin (1973) dans une perspective transnationale : auto-représentation, cultures jeunes, réception - Monica Fioravanzo p. 51-65 L'article analyse le rôle que le Festival mondiale de la jeunesse, qui se déroula en juillet 1973 à Berlin-Est, joua pour la RDA. Pendant les années soixante-dix et donc dans un climat de détente internationale, la RDA avait acquis une position plus importante sur le plan international et avait été reconnue par plusieurs pays occidentaux. L'analyse de documents d'archives est-allemands et de la presse internationale (française, italienne, allemande et des États-Unis) permet d'appréhender le caractère transnational de l'événement et la multiplicité des approches et des réceptions du Festival. Moyen d'auto-représentation du système politique et du parti au pouvoir, le Festival atteint certains objectifs, celui notamment de renforcer le lien entre le gouvernement et la jeunesse, mais plus tard, après le retour à la vie normale, ces jeunes furent déçus et, regrettant ce temps de liberté qu'ils venaient de connaître, se sentirent trahis par l'État socialiste.The essay analyses the role of the World Youth Festival of 1973 in East Berlin and his meaning for the GDR. The GDR had obtained a more important position in the international context thanks to relaxation policy of 70ies and in the same time the ‘Other Germany' had more contacts with the capitalist countries. By the analysis of documents of the main archives of East Germany (PAAA, BSFU and BARCH) and the international press (from Italy, Germany, French and USA), the article explains the transnational meaning of the event and shows the multilateral approaches and receptions of the Festival. As a mean of self-promotion of the system, the Youth Festival obtained immediately some goals, first of all a better relationship between the east German youth and the GDR, but in the next time, when the return to the ‘normality' begun, the same youth was disappointed and lost his faith in the socialist state.
- Grenzüberschreitungen. Das DDR-Fernsehen im europäischen Kontext – das Beispiel Frankreich - Thomas Beutelschmidt p. 67-81 East German television seems an appropriate subject of study in the context of the discurs of cold war culture. The GDR was not only unique for its permanent state of competition with the Federal Republic. It was also an ideal model with strong conformist tendencies in the socialist community of states. Located on the boundary and fault line of the Eastern and Western blocs, the GDR also served as an important transit country. It likewise had wide-ranging international relations and a cross-border, cross-system transfer of television programs. This exchange was actively used after the expansion of radio-relay networks in 1956, and was fed from a variety of television cultures from both sides.From the 1970s on, GDR-Television was cooperating with more than 70 countries and had contractual relations with over 50 television organizations. These external relations and its visible media presence abroad proved to be highly effective in its struggle for international recognition outside of the Soviet sphere of influence. They were a concrete way of exercising foreign policy while at the same time satisfying its desire to be taken seriously.
- Prekäre DDR-Repräsentation: Die Europa-Tourneen des Leipziger Gewandhausorchesters in den 1950er bis 1980er Jahren - Friedemann Pestel p. 83-97 À partir des années 1950, l'Orchestre du Gewandhaus de Leipzig devient le fleuron musical de la RDA. Par les tournées de l'orchestre, surtout en Europe de l'Ouest, le régime est-allemand cherche à accélérer sa reconnaissance internationale et à se distinguer de la politique culturelle de la RFA. Les publics, agences de concert et médias étrangers sont cependant loin de suivre une telle mise en scène. Au lieu de constituer une représentation affirmative de la RDA, les concerts se révèlent ambigus. D'une part, les conceptions et les programmes s'adaptent aux continuités du marché musical européen. D'autre part, les acteurs des pays d'accueil formulent leurs propres attentes. Par conséquent, le succès des tournées doit être lu moins à l'aune d'une diplomatie culturelle spécifique de la RDA qu'en lien avec leur capacité à s'aligner sur les pratiques du secteur musical sur le plan international.
- Europäische Institutionenöffentlichkeit – Der Weg zur Mitgliedschaft der DDR bei Icomos (International Council on Monuments and Sites) 1964 bis 1969 - Bianka Trötschel-Daniels p. 99-112 Cet article retrace le chemin emprunté en RDA par les conservateurs de monuments depuis le début des années 1960 pour se positionner au niveau européen. Il montre les efforts déployés pour adhérer à l'Icomos (International Council on Monuments and Sites / Conseil international des monuments et des sites), démarche dont le succès dépendit en définitive des multiples changements d'attitude politique à la fin des années 1960. Toutefois, d'importants travaux préparatoires avaient été mis en œuvre dès le début des années 1960 en vue de cette adhésion.This article traces the path taken by the responsible monument conservators in the GDR since the early 1960s to position themselves at a European level. It shows the efforts for membership at Icomos, the International Council on Monuments and Sites, whose success ultimately depended on the accumulation of changing political attitudes in the late 1960s. However, the important and crucial preparatory work for the recording had already taken place since the early 1960s.
- Le 17 juin 1953 dans la presse ouest-allemande et française - Nadine Willmann p. 113-128 La comparaison du traitement du 17 juin 1953 dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la Süddeutsche Zeitung, la Frankfurter Rundschau et Die Welt d'une part, et Le Figaro, Le Monde, La Croix et L'Humanité d'autre part ne révèle aucune différence d'interprétation, que les journaux soient français ou allemands, ou bien conservateurs ou progressistes – hormis pour L'Humanité, qui adopte la thèse du gouvernement est-allemand d'un putsch fomenté par des agents occidentaux. On décèle cependant des nuances de poids dans la représentation des événements : différences de ton entre des journaux plus portés sur le pathos, voire le sensationnalisme et d'autres plus réservés ; inclination de la presse allemande à appeler ses lecteurs à se solidariser avec les Allemands de l'Est et à garder à l'esprit l'objectif de l'unité allemande ; goût de la presse française pour les articles de fond sur la RDA, à même de combler les lacunes de leur lectorat ; et propension de cette même presse pour une condamnation du régime est-allemand plus rigoureuse que sa consœur allemande, sans doute du fait de l'existence d'un puissant parti communiste en France.The comparison in treatment in treatment from June 17, 1953 in the Frankfurter Allgemeine Zeitung, the Süddeutsche Zeitung, the Frankfurter Rundschau and Die Welt on the one hand, and Le Figaro, Le Monde, La Croix and L'Humanité on the other does not reveal any difference in interpretation whether the newspapers are French or German or conservative or progressive – except for the L'Humanité which adopts the East-German stand of a putsch plotted by agents of the West. One detects, however, strong nuances: difference in tone between newspapers more turned to pathos or even sensationalism and other newspapers more reserved; an inclination of the German press to call on its readers to demonstrate solidarity with the East-Germans and to keep to the forefront the goal of German unity, the preference of the French press for in depth articles on the GDR, capable of filling the knowledge gap of their readers and the tendency of this same press to condemn more rigorously the East-German regime, undoubtedly due to the existence of a powerful communist party in France.
- Die DDR retten? Historisierung der DDR-Diktatur in französischen Medien 1989-2009 - Dominique Herbet p. 129-140 Depuis le traité de l'Élysée signé en 1963 par de Gaulle et Adenauer, les relations franco-allemandes étaient avant tout les relations entre la France et la République fédérale. À l'instar de François Mauriac, ministre de De Gaulle, qui disait « J'aime tellement l'Allemagne que je préfère qu'il y en ait deux », une partie de l'opinion publique a considéré la deuxième Allemagne comme une alternative ou un modèle jusqu'en 1989. Dans le contexte de la Guerre froide, il existait un contre-espace public autour du PCF et d'une partie du PS. En 1989, certains Français n'étaient pas prêts à voir disparaître la RDA, une expérience placée sous le signe de l'antifascisme et du communisme, et ils ne doutaient pas de sa capacité à se réformer. De 1990 à 2009, sauver la RDA signifierait donc œuvrer pour un devoir de mémoire, qui ne serait pas seulement axé autour de la mémoire de la dictature et de la délégitimation du système-SED. Cette étude s'articule autour des problématiques de la victoire du monde libre et de la société capitaliste, des questions culturelles et de mémoire avec une mise en perspective des opinions publiques française et allemandes et une analyse des sous-espaces publics ainsi structurés : pour le corpus d'articles de presse ont été privilégiées les années 2000 avec la commémoration des dix ans de l'unité et un premier bilan de l'unification, et 2009 avec la commémoration des soixante ans de la création de la RFA et des vingt ans de la chute du mur, ainsi qu'un débat sur la RDA comme État de non-droit. L'étude met en évidence que la RDA a vraiment occupé une place spécifique dans l'espace public européen et permet de vérifier à travers l'information la persistance d'une nostalgie du communisme en France.Since the signing of the Élysée Treaty in 1963, the Franco-German relationship was above all about France and the Federal Republic. One of de Gaulle's Minister, François Mauriac, said : “I love Germany so much I'm glad there are two of them” and so thought a part of the public opinion who considered the GDR an alternative or a model until 1989. Back then, some French were not ready for the demise of the GDR, its antifascism and communism. From 1990 to 2009, saving the GDR also meant working for a duty of remembrance, which would not only focus on the memory of the dictatorship and the delegitimation of the SED system.Putting in perspective the French and German public opinions on a public sub-space level, this study addresses the following two issues: the victory of the Free World and the capitalist society and the cultural questions about memory. The corpus favours the 2000s – and especially the first evaluation of the unification upon the commemoration of the ten years of unity – and 2009, covering the commemorations of the FRG creation and the fall of the Berlin wall as well as a debate on the GDR as a state of lawlessness. It highlights the specific place of the GDR in the European public space and corroborates that France looked back on communism with nostalgia.
- Die DDR aus polnischer Perspektive - Burkhard Olschowsky p. 141-154 Dans les années 1980, tandis que grandissait en Pologne la crainte de voir renaître la perspective de la réunification, les deux États allemands connurent au même moment un regain d'intérêt pour l'héritage prussien, qui culmina avec l'exposition Preußen – der Versuch einer Bilanz au Martin Gropius Bau à Berlin-Ouest et le retour de la statue équestre de Frédéric II sur l'avenue Unter den Linden. Cette « vague prussienne » à l'Est et à l'Ouest nourrit dans les médias polonais l'opinion selon laquelle les Allemands opéreraient un rapprochement aux dépens des Polonais dans le but de parvenir à la réunification. L'argument ressassé par les historiens est-allemands, selon lequel Frédéric II, à travers les premières réformes qu'il initia en matière civile, fut « progressiste », ne rencontra que peu d'écho auprès du lectorat polonais. L'Ordensstaat prussien, et plus encore l'esprit prussien à travers l'histoire allemande confirmaient le cliché strictement négatif d'une puissance dangereuse pour les voisins de l'Allemagne. Ainsi, on refusait à la RDA le droit de faire ce qui constituait une normalité pour d'autres pays socialistes et ce que pratiquait la Pologne depuis le milieu des années 1970, à savoir utiliser le potentiel du passé comme moyen de consolidation sociale.In the 80s the GDR was increasingly under Polish suspicion to be engaged for reunification as at the same time in both German states set up a Prussia revival, which had their symbolic highlights with the exhibition Preußen – Der Versuch einer Bilanz in West Berlin`s „Martin-Gropius-Bau“ and the return of the equestrian statue of Frederick II „Unter den Linden“ in East Berlin. The East and West German Prussian revival nourished in parts of Polish journalism the opinion that the Germans operated to the detriment of Poland their rapprochement with the goal of reunification. The overdrawn argument of the GDR historians that Frederick II had been quite “progressive” as a pioneer of early bourgeois reforms, Poland's readership found hardly convincing. The state of the Teutonic Order, and even more the Prussian part in German history, stimulated the clearly negative stereotype of a power that was disastrous for Germany's eastern neighbors. With this attitude one denied in Poland the GDR, to do what was normal for other socialist countries and Poland did since the mid of 70s – namely to use the past as an integrative potential for the own society.
- Comment les écrivains sorabes ont perçu la RDA - Jean Kudela p. 155-176 It might be interesting to examine the attitude of the Sorbian writers towards the GDR, since the Sorbs were the only ethnic minority of the country and one can assume that their writings reflect the approach of the Sorbian population. That attitude evolved during the 40 years of the GDR's existence. At the beginning, soon after the end of the Second World War, the Sorbian writers supported a new regime, that granted the Sorbians many cultural institutions, a privilege they had not known before. But as the regime became more and more authoritarian, the Sorbians were progressively faced with measures far from a democratic practice. The writers learned to mask their remarks, for caution was recommended. From 1990 on, the writers expressed freely what they had had previously to keep for themselves. However, those critics were always moderate, because the Sorbian writers never wanted to jeopardise a status the Sorbian population had been granted by the GDR for the first time in History.
- Schulwissen über die DDR in Frankreich - Franziska Flucke, Marie Müller-Zetzsche p. 177-191 Au moyen d'une analyse des manuels scolaires, cet article examine dans quelle mesure la République démocratique allemande fait partie de la mémoire française. Pour cela, nous analyserons les continuités et les ruptures des récits présents dans les manuels d'histoire et d'allemand. Dans un premier temps, les manuels allemands reflètent l'évolution des relations diplomatiques entre la RDA et la France et, surtout entre 1960 et 1989, ils donnent une image relativement positive de la RDA. Puis, après 1989, l'histoire de la RDA fait partie de l'histoire de la Guerre froide. Le regard sur la RDA rejoint celui de l'Europe occidentale et fait apparaître un large consensus franco-allemand. Néanmoins, les différences existantes sont illustrées par des projets binationaux tels que le manuel franco-allemand.The GDR is a subject of French textbooks for history and language lessons. Its representation during the existence of the German separation reflects the changing relationship between French intellectuals and politicians and the East-German state. Starting from a negligence of political realities in the GDR, the textbooks vary between the image of a modern social state – influenced by a pro-communist branch of German Studies – and a more critical point of view, stressing the lack of basic liberties. After 1990, authors underline the character of the GDR dictatorship in describing the Berlin wall as a symbol of an oppressive regime, which had to be overcome in 1989 by its people. The GDR is taught within the frame of cold war history. The textbook interpretations accord largely with the common Western European memory on the GDR. Remaining differences can be shown in binational textbooks.
- Die Geschichte der DDR in österreichischen Geschichtslehrwerken - Andrea Brait, Andrea Kronberger p. 193-207 Dix-huit collections de manuels scolaires autorisées au niveau national pour l'année scolaire 2018/19 pour l'enseignement de l'histoire et des sciences sociales/formation politique dans les écoles autrichiennes du niveau secondaire I et II sont analysées ici. L'étude des textes d'introduction aussi bien que des sources, des représentations de l'histoire et des exercices montre que les manuels scolaires se concentrent fortement sur l'histoire événementielle, tandis que les thématiques liées au quotidien, à l'histoire sociale et à l'histoire économique ne sont pas vraiment prises en considération. Les élèves ne sont que rarement formés à une analyse critique et diversifiée de l'histoire de la RDA.The subject of matter of the analysis are 18 series of textbooks which are state-approved in the school year 2018/19 for the history and social studies/political education lessons in the Austrian secondary school I and II. The investigation of the input texts, the sources, the presentation of history and the work assignments shows that textbooks strongly concentrate on the political history of events whereas daily and social topics and the economic history are hardly mentioned. The pupils are rarely guided to a critical and multi-perspective analysis of the history of the GDR.
Varia
- « Nous, les Allemands, nous sommes un peuple de réfugiés ». La mémoire des migrations dans la presse allemande durant l'été 2015 - Valérie Robert p. 211-226 Vertriebene (expulsés), réfugiés de RDA ou encore Gastarbeiter (travailleurs immigrés) : telles sont les migrations auxquelles est comparé l'afflux de réfugiés à l'été 2015. À côté de l'information sur l'actualité, la presse allemande, en constituant une généalogie des migrations censées avoir fait l'Allemagne d'aujourd'hui, opère un « collective-memory setting ». Elle réactive et re-modèle la mémoire dans un récit à fonction prescriptive, une « construction fonctionnelle » porteuse d'un modèle de comportement et dont l'horizon est l'accueil des réfugiés. La généalogie des migrations établie à l'été 2015 remplit alors la fonction d'une tradition positive dans laquelle s'inscrire, construit une identité, celle d'un pays-refuge, d'un pays dont la ligne directrice ne peut être que « wir schaffen das ». À l'été 2015, les journalistes ne sont pas seulement des observateurs et des médiateurs neutres, mais sont aussi acteurs à la fois du discours mémoriel et de la politique. C'est ce qui leur sera reproché à l'automne, après la phase d'euphorie, lorsque ce discours mémoriel et sa fonction seront critiqués en même temps que les médias qui les ont relayés et produits.
- La mode en RDA, une mode française ? - Jonas Kachelhoffer p. 227-245 Comment la mode française était-elle vue et rapportée en RDA de 1960 à 1990 ? Des délégations est-allemandes étaient envoyées plusieurs fois par an à Paris pour « s'informer » sur l'état actuel de la mode internationale. La plupart des voyageurs étaient des membres de l'Institut de la mode de RDA, initialement fondé pour créer une mode socialiste qui soit propre au pays. Ces membres rédigeaient avec assiduité de longs rapports sur la mode observée à Paris et qui devait théoriquement être adaptée de manière critique en RDA. L'analyse des rapports prouve néanmoins que la mode française était critiquée de façon modérée et que cette critique diminuait progressivement. D'autre part on ne retenait de cette mode que les aspects intemporels, équilibrés et permanents. Ce regard spécifique des professionnels de la mode est-allemands témoigne de leur besoin de s'adapter aux différentes sphères dans lesquelles ils évoluaient : le monde artistique de la mode, celui industriel des producteurs, et celui bureaucratique de l'État. Leur position transversale qui les poussait à un constant ajustement minimisait, voire sclérosait leurs initiatives, et donc le transfert de la mode française en RDA.
- La peinture, médium privilégié de l'art contemporain allemand - Hélène Trespeuch p. 247-257 Depuis plusieurs décennies, la peinture apparaît comme un médium privilégié sur la scène artistique allemande contemporaine. Cette situation s'est construite dans les années 1980 : alors que la peinture figurative revient sur le devant de la scène en Europe comme aux États-Unis, l'Allemagne réussit à s'imposer comme le pays défenseur d'un médium qu'une grande partie de la scène artistique américaine s'était évertuée à présenter comme obsolète dans les années 1960-1970. Défendre la peinture apparaît alors comme une stratégie particulièrement efficace pour concurrencer les États-Unis, le principal pays prescripteur en matière d'art contemporain.
- L'avènement de la Cour d'appel du Tribunal pénal fédéral de droit suisse - Sandie Calme p. 259-263
- « Nous, les Allemands, nous sommes un peuple de réfugiés ». La mémoire des migrations dans la presse allemande durant l'été 2015 - Valérie Robert p. 211-226
Italiques
- Aurélie Choné, Isabelle Hajek et Philippe Hamman (éd.), Guide des Humanités environnementales - Cécile Fries-Paiola p. 265-267
- Katrin Jordan, Ausgestrahlt. Die mediale Debatte um “Tschernobyl” in der Bundesrepublik und in Frankreich. 1986/87 - Philippe Hamman p. 267-269
- Nicolas Offenstadt, Le pays disparu. Sur les traces de la RDA - Michel Fabréguet p. 270-272