Contenu du sommaire : L'ennemi
Revue | Inflexions |
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Numéro | no 28, 2015/1 |
Titre du numéro | L'ennemi |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Thierry Marchand p. 7-10
Dossier
- De la nécessité de l'ennemi - Hervé Pierre p. 11-20 Sauf à considérer avec les idéalistes qu'un monde sans guerre entre les hommes est possible, il convient d'accepter de « construire » son adversaire : certes pour s'en protéger et atteindre les buts politiques fixés pour le plus grand bénéfice de la communauté pour laquelle le soldat engage sa vie, mais également parce que, aussi paradoxal que cela puisse paraître, la connaissance de l'autre est au fondement d'un parcours de la reconnaissance qui, même s'il ne permet pas d'arriver au stade ultime de la reconnaissance mutuelle, permet a minima de se préserver du risque tragiquement destructeur de l'essentialisation.Unless we consider with the idealists that a world without war among men is possible, we must agree to “construct” an opponent. This is for our own protection and also to achieve fixed political goals for the benefit of the very community that soldiers commit their lives to. This is also because, as paradoxical as it may seem, outside knowledge is the foundation for a journey of recognition, even if it does not reach the final stage of mutual recognition, it at least allows us to preserve the tragically destructive risk of essentialisation.
- Un pari sur l'autre - Nicolas de Chilly p. 21-27 « L'impression sur l'ennemi » : dans ce paragraphe figurant en tête des ordres qu'il rédige à ses subordonnés, le chef militaire s'engage. Après une étude approfondie procédant à la fois de la science et de l'art, il consent au risque de se livrer malgré une connaissance forcément partielle et partiale de son ennemi. À l'image du fiancé qui se lance dans le mariage, il fait un pari délibéré sur l'autre, son ennemi, avant de s'engager dans une relation durable avec lui : la guerre.“Impressions on the enemy” – the military commander sets out in this paragraph at the top of the orders given to his subordinates. After conducting a thorough study of both science and art, he agrees to the risk of surrendering despite partial and biased knowledge of the enemy. Similar to somebody who is engaged and sets out to get married, he intentionally makes a bet on the other, the enemy, before committing to the long-term relationship that is war.
- L'ennemi, cet ennemi, mon ennemi - Frédéric Gout p. 29-36 Comment définir un ennemi, son ennemi ? Comment le prendre en compte, l'affronter, le contrer, pour finalement le vaincre ? Quel qu'il soit et où qu'il soit, il doit toujours être considéré comme étant plus ou moins différent de ce que nous imaginons de lui. Au Mali, nous avons découvert petit à petit à qui nous avions affaire. Parfois impressionnés par ses capacités dans une phase de l'opération, nous avons finalement compris qu'il n'était pas de taille à nous résister franchement. Il aura eu plusieurs visages. Son image aura évolué au fur et à mesure de notre progression vers le nord, mais nous aurons fini par bien le cerner.How can you define an enemy, your enemy? How can you take them into account, confront them, block them and finally defeat them? Whoever they are and wherever they are, we should always consider them differently to how we may imagine them. In Mali, we found that little by little who we were fighting. Sometimes impressed by their capabilities in a phase of the operation, we finally realised that they were not strong enough to fight us. They had many faces. Their image changed as we headed north, but we eventually managed to surround them.
- Les rapports du combattant français à l'ennemi. Le lointain et le proche - André Thiéblemont p. 37-47 À l'arrière, sur l'horizon des conflits, croyances et propagandes donnent de l'ennemi des images stéréotypées, avilissantes et terrifiantes. Mais dans la zone des combats, selon les époques, les mentalités, les types de conflits et, surtout, selon les situations de combat, ces figures de l'ennemi et les rapports des combattants à celui qui est en face vont se transformer, devenir variables et changeants : d'une hostilité exacerbée qui fait de l'ennemi une cible humaine furieusement abattue dans l'hystérie momentanée d'une action de feu, jusqu'à des face-à-face dépourvus d'hostilité qui peuvent déboucher sur la reconnaissance d'un autre soi, sur une empathie parfois, parce qu'après tout, on partage les mêmes conditions de vie, hors du commun.In the background, on the horizon of battle, beliefs and propaganda give the enemy a stereotypical, demeaning and terrifying face. But in war zones, depending on the era, the attitudes, the types of conflict and, depending to the situation, the face of the enemy and soldiers' relationships with those they face transform. They become variable and they evolve. Heightened hostility turns the enemy into a human target in the fervour of gunfire. Yet face-to-face, they become devoid of hostility. This leads us to recognise another human being, to even feel empathy, because after all, we are all going through this larger than life experience.
- Quel ennemi sommes-nous ? - Hugues Esquerre p. 49-55 Les dirigeants des mouvements qui combattent ou ont combattu l'armée française en Afghanistan, en Libye, au Mali, en Centrafrique ont certainement analysé ses forces et ses faiblesses afin d'adapter leur stratégie et leurs tactiques. Il est dès lors intéressant d'essayer de comprendre quel ennemi l'armée française est pour eux, et particulièrement de chercher à identifier quelles sont ses principales fragilités, pour découvrir que celles-ci sont plus liées aux évolutions sociétales du monde occidental qu'aux moyens affectés à la défense.The leaders of movements that are fighting or have fought against the French army in Afghanistan, Libya, Mali and the Central African Republic have analysed their strengths and weaknesses in order to adapt their own strategies and tactics. Thus, it is worth trying to understand what sort of enemy the French army is for them. In identifying what their main weaknesses are, we discover that they are more closely linked to societal changes in the Western world than to the resources allocated to the defence forces.
- La France peut-elle avoir un ennemi ? - François Chauvancy p. 57-66 L'ennemi est un déterminant majeur pour l'engagement collectif d'un État et d'une nation contre un acteur qui menace ses intérêts, ses valeurs et encore plus sa survie. Or le politique n'a-t-il pas abandonné cette responsabilité d'énoncer clairement celui qui pourrait menacer la communauté nationale ? Ce qui paraît être une absence de choix est-il à la hauteur des attentes des citoyens qui ont délégué par l'élection le pouvoir de les défendre ? Savoir nommer l'ennemi est une responsabilité politique majeure qui conditionne la mobilisation citoyenne, une stratégie de défense nationale, finalement un budget de la défense et des forces armées préparées à répondre à la menace.The enemy is a determining factor for a State or nation's collective commitment against a violent force threatening their interests, values and even survival. However, have politicians abandoned their responsibility to clearly indicate what could threaten the national community? Does what appears to be a lack of choice reach the expectations of citizens who elected the authority to protect them? Knowing how to name the enemy is a major political liability that can determine citizen mobilisation, national defence strategies and ultimately a budget for defence and military forces that are prepared to respond to threats.
- Définir l'ennemi en révolution. France 1789-1799 - Jean-Clément Martin p. 67-73 Quels ont été les critères suivis par les assemblées révolutionnaires françaises lorsqu'elles durent définir l'« ennemi » ? À lire, le corpus des lois à côté des déclarations des protagonistes, l'ennemi a plus été le représentant d'une puissance étrangère que « l'ennemi du peuple ». Les catégories de pensée ancrées dans la défense de la nation et la recherche des frontières « naturelles », déjà en vigueur avant 1789, fondent donc la politique officielle du pays, n'amalgamant pas les contre-révolutionnaires, émigrés et autres « brigands royaux » avec l'« ennemi » du pays. Cette distinction, à peu près respectée, aura permis que la Révolution soit assimilée à la nation et que les soldats de l'an II deviennent ceux de l'expansion européenne, puis ceux de la France impériale, et qu'ils ancrent la Révolution dans une tradition nationale plutôt que dans les dissensions polémiques qui furent l'autre aspect de la période.What criteria were used by the French revolutionary assemblies to define the “enemy”? Beyond reading the body of laws and alongside protagonists' declarations, the enemy has been more representative of a foreign power than “the enemy of the people”. Categories of deeply-rooted thought in the defence of the nation and the search for “natural” borders, already in effect prior to 1789, acted as a basis for the country's official policy, without mixing up the revolutionaries, immigrants and other “royal brigands” with France's “enemy”. This distinction, which was more or less upheld, meant the Revolution could be likened to the Nation and the soldiers of Year II could be the soldiers of European expansion then of imperial France, and they rooted the Revolution in a national tradition rather than in divisive arguments that were another main aspect of the period.
- Il était une fois « l'ennemi conventionnel » - Jean-René Bachelet p. 75-81 Des décennies durant, jusqu'à l'implosion de l'Union soviétique et la fin du monde bipolaire, le système de défense de la France a été marqué par une cohérence sans faille apparente entre une doctrine fondée sur la dissuasion nucléaire et une organisation des forces, leur équipement et leurs procédés tactiques, lesquels, tous ensemble, faisaient écho à la « menace » exercée sur la « survie de la nation » par « l'ennemi conventionnel ». Cet ennemi était décrit par le menu dans les manuels : il était générique en tout. Le paradoxe était que la mise en œuvre effective de ce système devait rester virtuelle, sauf à signer l'échec de la dissuasion. Rarement sans doute l'esprit de système se sera imposé en matière de défense aussi largement et aussi durablement.For decades, right up to the collapse of the Soviet Union and the end of the bipolar world, France's defence system was marked by seamless consistency based on a doctrine on nuclear deterrence and an organisation of forces, their equipment and tactical methods which, together, echoed the “threat” to the “survival of the nation” from the “conventional enemy”. This enemy was described in detail in textbooks as a generic model. The paradox was that the effective implementation of this system was to remain virtual, unless it was to indicate the failure of deterrence. It was rare for the spirit of system to be imposed on such wide and long-term matters of defence.
- L'ennemi utile - Pierre Thoumelin p. 83-87 Pour faire face au besoin en hommes durant la guerre d'Indochine, la Légion étrangère fut autorisée dès 1945 à organiser d'intensives campagnes de recrutement, en particulier au sein des dépôts où étaient détenus les prisonniers de guerre allemands, puis dans les territoires occupés. Des soldats aguerris au combat, issus de la Wehrmacht, de la Kriegsmarine, de la Luftwaffe, mais aussi de la Waffen ss.In order to cope with the need for men during the First Indochina War, the French Foreign Legion was authorised to organise intensive recruitment campaigns in 1945, particularly in depots for German prisoners of war and occupied territories. These were battle-hardened soldiers from the Wehrmacht, the Kriegsmarine, the Luftwaffe and the Waffen-SS.
- Face au danger chimique - Yves Derville p. 89-94 À l'automne 1990, le 2e régiment étranger d'infanterie, l'un des régiments de la division Daguet, se trouvait face à la 45e division d'infanterie irakienne spécialisée dans le combat chimique de haute intensité dans lequel elle s'était déjà illustrée. Comment faire face à ce type de menace ? Le récit du général Yves Derville, alors chef de corps.In autumn 1990, the 2nd Foreign Infantry Regiment, one of the regiments of the Daguet division, was facing the 45th Division of the Iraqi infantry who had already proven to be specialised in high-intensity chemical combat. How could this threat be dealt with? This is the story of General Yves Derville, the commander at the time.
- L'ennemi cyber : entre nécessité épistémologique et bourrage de crâne - Didier Danet p. 95-108 Construire une posture de sûreté permanente suppose de mener une réflexion approfondie sur des notions fondamentales comme la menace, les vulnérabilités, l'ennemi… S'agissant du cas particulier des conflits dans le cyberespace, cette réflexion nous semble affectée de biais méthodologiques ou conceptuels qui tendent à prendre pour référence un ennemi sans visage, susceptible de frapper à sa guise et de causer des dommages irréparables aux nations les plus avancées et les plus puissantes de la planète. L'ambition est ici de revisiter la figure de l'ennemi telle qu'elle se dégage des travaux de nombreux spécialistes et de mettre en exergue les traits distinctifs de l'ennemi cyber.Building a steadfast safety posture requires in-depth reflection on certain fundamental notions, such as threat, vulnerability and the enemy, to name a few. In the specific case of cyberspace conflicts, this reflection appears to suffer from methodological and conceptual biases that tend to take for reference a faceless enemy who can strike at will and cause irreparable loss to the most advanced and powerful nations on earth. The aim here is to revisit the face of this enemy as it emerges from the works of several specialists and highlight the distinctive features of the cyber enemy.
- De la culpabilité à la dangerosité, du délinquant à l'ennemi - John Christopher Barry p. 109-117 Depuis la guerre déclarée contre le terrorisme, l'état d'exception prend l'ascendant sur l'État de droit. Surveillance tous azimuts des citoyens comme ennemis potentiels et virtuels au nom de la sécurité de tous. Conjointement, la polarisation inégalitaire croissante des sociétés mises à mal par les politiques néolibérales au service d'une finance transnationale fait dire au rapport du Forum économique de Davos 2014 qu'elle « sape la stabilité intérieure des pays et devient une menace globale pour la sécurité à l'échelle du monde ». Le concept de dangerosité et de prévention qu'introduit le paradigme sécuritaire fait sauter la distinction entre menace intérieure et menace extérieure, et annonce à l'échelle internationale, la transformation de la guerre clausewitzienne en opération de police qui, dans sa forme la plus radicale, mène à la chasse à l'homme avec des drones armés.Since the war against terrorism has been declared, the State of exception has taken precedence over the rule of law. Mass surveillance of citizens as potential or virtual enemies has gone global, under the claim of insuring security for all. At the same time, societies, battered by neoliberal policies at the service of international finance, have become polarized by increasing inequality, leading the World Economic Forum 2014 report to state that “It's impacting social stability within countries and threatening security on a global scale”. The concepts of dangerousness and preventive action brought forth by the all encompassing security paradigm has dissolved all distinction between interior and external threats, and announces on a world scale the transformation of clausewitzian war into police-like law enforcement, in its most radical form, the man hunt by armed drones.
- Les drones ou la disparition de l'ennemi ? - Patrick Clervoy p. 119-124 Avec les drones armés sont apparus des systèmes d'arme qui bouleversent les repères de la guerre. Il n'y a désormais ni combat ni ennemi ni guerrier ni champ de bataille. Les limites posées par les lois et les conventions de la guerre, les règlements internationaux ont cédé brutalement. Tout est devenu flou et dispersé. À combattre ainsi le terrorisme, n'en sommes-nous pas venus à l'incarner nous-mêmes ? Sommes-nous devenus, sans l'avoir bien encore réalisé, le spectre de ce que nous nommions l'ennemi ?Weapon systems that shook the foundations of war appeared along with the use of armed drones. There is now no battle, enemy, warrior or battlefield. The limits imposed by the laws and conventions of war and international regulations were all of a sudden let go. Everything became blurred and dispersed. To combat terrorism, are we not now embodying it ourselves? Have we become, without realising it, the spectrum of what we once called the enemy?
- De la nécessité de l'ennemi - Hervé Pierre p. 11-20
Pour nourrir le débat
- La judiciarisation des activités militaires : quelles réponses ? - Ronan Doaré p. 125-141 Depuis l'embuscade d'Uzbeen (2008) s'affirme la crainte d'une judiciarisation des activités militaires. Il est vrai que les règles du droit interne que du droit international (dont les principes du droit des conflits armés) qui s'imposent sur les théâtres d'opérations sont, le plus souvent conçues comme des contraintes alors même qu'elles confèrent également des droits et garanties. Depuis une dizaine d'années, le législateur, par des réformes successives, s'efforce de prendre en considération, dans le Code de la défense, les spécificités du métier des armes. Récemment, la loi de programmation militaire (lpm) du 18 décembre 2013 a consacré son chapitre VI à des « Dispositions relatives au traitement pénal des affaires militaires ». Le Parlement a précisé, à cette occasion, le statut de la mort au combat ainsi que la notion d'opérations militaires. Par ailleurs, ce texte s'est efforcé d'expliciter le champ de l'excuse pénale pour usage de la force instituée par la loi du 24 mars 2005 portant Statut général des militaires.Since the Uzbin Valley ambush (2008), the fear of prosecution of military activity has arisen. It is true that the rules of national and international law (including the principles of the law of armed conflict) that are needed in operations are most often conceived as restrictions, even though they also confer rights and guarantees. For ten years, the legislator, through successive reforms, has tried to take into account, in the code of defence, the specifications of the army profession. Recently, the military programming law (lpm) of 18 December 2013 dedicated Chapter VI to “Provisions relative to criminal justice for military affairs”. The parliament specified on this occasion, the status of death in battle as well as the notion of military operations. Moreover, this text seeks to clarify the scope of criminal excuse for the use of force established by the Act of 24 March 2005 on the general status of servicemen.
- Quand l'armée fait son autocritique - Thomas Riou p. 143-148 Le risque du conformisme fragilise la planification opérationnelle. En effet, les piliers sur lesquels reposent l'organisation de notre armée et nos savoir-faire sont autant de pierres qui peuvent limiter notre réflexion. Le red teaming cherche à y apporter une réponse. Sous ce barbarisme anglo-saxon se cache un principe de bon sens, de précaution, celui de la pensée critique. En s'appuyant sur une équipe d'experts, l'objectif est de passer un plan de campagne au crible de la cohérence et de la réalité, de tempérer les convictions qui suivent généralement un succès tactique. Très répandu chez les Anglo-Saxons, utilisé de longue date par des agences gouvernementales ou des sociétés privées, ce principe peine pourtant à franchir les frontières de l'Hexagone. Il s'agit dès lors de s'interroger sur l'utilité du concept et les possibles modalités de sa mise en œuvre.The risk of conformism weakens operational planning. The cornerstones of our army's organisation and expertise can also limit our thinking. Red teaming seeks to provide an answer. A principle of common sense, caution and critical thinking lies beneath such Anglo-Saxon barbarism. Relying on a team of experts, the aim is to screen a campaign plan for coherence and reality and to temper the convictions that usually follow tactical success. This practice is commonplace in Anglo-Saxon countries, and has long been used by government agencies and private companies, yet the principle barely reaches France's borders. It is therefore time to question the usefulness of such a concept and the possibilities of implementation.
- Les journées défense et citoyenneté : faire vivre le lien armée-nation - Arthur Sussmann p. 149-160 Chaque année, plus de sept cent mille jeunes ont rendez-vous avec les forces armées dans le cadre des journées Défense et citoyenneté. Ultime étape du « parcours de citoyenneté » instauré par la loi du 28 octobre 1997, ces journées constituent désormais l'un des derniers points de contact entre l'armée et les jeunes citoyens âgés de dix-huit à vingt-cinq ans. Moments d'échange privilégiés entre les jeunes Français et les militaires qui œuvrent pour leur sécurité, elles sont l'occasion de délivrer des messages forts sur les valeurs de la République qui fondent l'action de l'armée. Enfin, parce qu'elles sont l'un des derniers rendez-vous citoyens à caractère universel, ces journées font figure de véritable temps de socialisation républicain. Elles mettent en lumière l'attraction de l'institution militaire et conduisent à jeter un regard cru sur ces nouvelles générations en proie aux difficultés d'intégration dans une société toujours plus confrontée au délitement du lien social et à l'exclusion. Elles sont à ce jour l'expression privilégiée du lien entre la nation et son armée.Every year, in France, since national service was discontinued, over seven hundred thousand young French people go on a day with the armed forces – a « journée Défense et citoyenneté. » The last stage of the “path to citizenship” (“parcours de citoyenneté”) instigated by the Law of 28 October 1997, these days now constitute one of the last points of contact between the armed forces and young people aged eighteen to twenty-five. A special time for exchange between young French people and the military personnel who work to provide their security, it is an opportunity to give out strong messages on the values of the Republic that underpin the action of the armed forces. Finally, because they are one of the last citizenship appointments of a universal nature, these days are seen as a genuine time for republican socialisation. They put the spotlight on the attraction of the military institution and enable a raw look to be taken at these new generations threatened with difficulties in integrating into a society that is increasingly confronted with disintegration of social ties and with exclusion. They are currently the preferred expression of the link between the Nation and its Armed Forces.
- La judiciarisation des activités militaires : quelles réponses ? - Ronan Doaré p. 125-141
Translation in English
- The impression of the enemy: a gamble on the “other” - Nicolas de Chily p. 161-169 « L'impression sur l'ennemi » : dans ce paragraphe figurant en tête des ordres qu'il rédige à ses subordonnés, le chef militaire s'engage. Après une étude approfondie procédant à la fois de la science et de l'art, il consent au risque de se livrer malgré une connaissance forcément partielle et partiale de son ennemi. À l'image du fiancé qui se lance dans le mariage, il fait un pari délibéré sur l'autre, son ennemi, avant de s'engager dans une relation durable avec lui : la guerre.“Impressions on the enemy” – the military commander sets out in this paragraph at the top of the orders given to his subordinates. After conducting a thorough study of both science and art, he agrees to the risk of surrendering despite partial and biased knowledge of the enemy. Similar to somebody who is engaged and sets out to get married, he intentionally makes a bet on the other, the enemy, before committing to the long-term relationship that is war.
- The cyber enemy: between the need for theory and brainwashing - Didier Danet p. 171-183 Construire une posture de sûreté permanente suppose de mener une réflexion approfondie sur des notions fondamentales comme la menace, les vulnérabilités, l'ennemi… S'agissant du cas particulier des conflits dans le cyberespace, cette réflexion nous semble affectée de biais méthodologiques ou conceptuels qui tendent à prendre pour référence un ennemi sans visage, susceptible de frapper à sa guise et de causer des dommages irréparables aux nations les plus avancées et les plus puissantes de la planète. L'ambition est ici de revisiter la figure de l'ennemi telle qu'elle se dégage des travaux de nombreux spécialistes et de mettre en exergue les traits distinctifs de l'ennemi cyber.Building a steadfast safety posture requires in-depth reflection on certain fundamental notions, such as threat, vulnerability and the enemy, to name a few. In the specific case of cyberspace conflicts, this reflection appears to suffer from methodological and conceptual biases that tend to take for reference a faceless enemy who can strike at will and cause irreparable loss to the most advanced and powerful nations on earth. The aim here is to revisit the face of this enemy as it emerges from the works of several specialists and highlight the distinctive features of the cyber enemy.
- The impression of the enemy: a gamble on the “other” - Nicolas de Chily p. 161-169
Comptes rendus de lecture
- Comptes rendus de lecture - p. 185-202