Contenu du sommaire : L'emploi est-il un droit ?

Revue Travail, genres et société Mir@bel
Numéro no 2, 1999
Titre du numéro L'emploi est-il un droit ?
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Parcours

  • Dossier  : L'emploi est-il un droit ?

    • L'emploi est-il un droit ? - Jacqueline Laufer, Marlaine Cacouault-Bitaud p. 25-27 accès libre
    • L'incertain droit à l'emploi - Antoine Jeammaud, Martine Le Friant p. 29-45 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      A lire le préambule de la Constitution française de 1946, “chacun a (...) le droit d'obtenir un emploi”. Les doutes persistent toutefois quant à la “positivité” d'un tel droit. Les spécialistes du droit du travail reconnaissent à cet énoncé une modeste “valeur juridique” : il serait le fondement constitutionnel de la politique publique de l'emploi, en particulier en habilitant le législateur à produire des règles prétendant favoriser le plein emploi. Mais une approche “réaliste” de ce qui est le droit valide sur le territoire de la République (le “droit positif”) laisse apercevoir que la proclamation de ce droit, dé abord étonnant, a une portée plus ample. L'analyse des effets - déjà avérés ou très probables - de cette disposition dans “le jeu du droit” (effet de légitimation, effet d'obstacle, orientation de l'interprétation d'autres dispositions) lui donne consistance. Elle autorise à conclure que le droit français fait place à un droit d'obtenir un emploi, aussi singulier soit-il du point de vue de sa titularité et de sa structure.
      According to the preamble of the French constitution of 1946, “Everyone has (...) the right to obtain a job”. However, the “positivity” of such a right is doubtful. Specialists of labor law grant this statement little “legal value” : it could be the constitutional foundation of State employment policy, enabling the legislator to produce rules that are supposed to enhance full employment. But a realistic look at laws applicable to the Republican territory (“positive laws”) reveals that this right, although surprising, has a large influence. An analysis of the impact, whether real or highly probable, of this right in the legal field gives it some reality (legitimization effect, obstacle effect, orientation or interpretation of other laws). It leads to the conclusion that French law does include the right to obtain a job, however specific its status and structure are.
    • Les femmes et les politiques d'emploi - Annie Fouquet, Claude Rack p. 47-70 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'emploi est-il un droit ? Un droit pour les citoyens ? Un droit pour les femmes ? Comment les politiques d'emploi prennent-elles en compte la question du genre ?L'emploi n'apparaît dans le droit qu'au début des années quatre-vingt quand la norme d'emploi cesse d'être un objectif de politique économique (“le plein emploi”) pour devenir un aspect des politiques sociales. Les femmes y sont peu présentes, car la notion d'emploi est fondée sur le poste de travail ouvrier industriel masculin, qualifié, stable et à temps plein, dont sont tirées des garanties sociales qui correspond peu à la place des femmes. Plus souvent non qualifiées, dans les services, à temps partiel, à durée déterminée, ou “inactives”, celles-ci tirent leurs garanties sociales de leur double rôle de travailleuses salariées et d'épouses (droits dérivés).Les politiques spécifiques d'emploi qui se développent à partir des années quatre-vingt sans remettre en cause cette notion d'emploi, n'ont pas pensé la place spécifique des femmes, et ont globalement reproduit les inégalités des hommes et des femmes sur le marché du travail. Dotés de montants faibles voire symboliques, les dispositifs spécifiques mis en place au début des années quatre-vingt n'ont eu qu'un rôle très marginal avant d'être progressivement supprimés. L'héritage universaliste qui imprègne en France le droit et les pratiques des acteurs interdit de penser “l'action positive”. La nouvelle stratégie européenne pour l'emploi, appliquée en France dans le Plan National d'Action pour l'Emploi (PNAE) 1999 qui inscrit des indicateurs chiffrés concernant l'égalité entre hommes et femmes, entraînera-t-il un tournant durable des pratiques françaises ?
      Is employment a right ? A right for citizens ? A right for women ? How do employment policies take into account the question of gender ?Employment was referred to as a lawful right at the beginning of the 80s, when employment, which used to be a goal of the economic policy (“full employment”), became a part of social policy. Women are rarely aimed at, since the notion of employment is based on industrial, male, qualified, stable, full-time blue-collar employment. Social benefits are constructed in reference to a model that is not representative of women's work situation. Most of them unqualified, in the service sector, part-time, on a fixed contract or “inactive”, women have access to social benefits through their dual status of salaried workers and spouses (derived rights).Specific employment policies that were developed in the 80s did not fully consider the concept of employment, nor did they take into account women's specific situations. Therefore, they globally reproduced male-female inequalities on the workplace. Granted modest or even symbolic funds, these specific policies had a very marginal impact before they gradually dissapeared. The universalist inheritage that permeates law and actors' ways in France locks out the concept of positive action. The new European employment strategy is applied in France through a National Action Plan for Employment 1999 that specifies figures reflecting male/female equality : will this European strategy durably change French ways ?
    • L'accès à l'emploi : un mirage pour les assistantes maternelles ? - Sarah Lecomte p. 71-90 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Totalement inscrit dans l'univers privé domestique, l'activité professionnelle des assistantes maternelles “employées” directement par des particuliers, fondée juridiquement sur un statut salarial récent et plus que flottant, cumule les ingrédients à la fois de la précarité institutionnalisée et de l'invisibilité. Activité internalisée étroitement liée le plus souvent à du travail au noir, à des services rendus gratuitement et à des échanges extra-marchands, travail et activité effectués et devant être effectués dans “l'ordre naturel des choses”, contournement de la base économique du rapport salarial, “naturalisation” des savoir-faire maternels, sont autant d'éléments qui enrayent l'accès au rang d'emploi de cette activité, qui reste dès lors une figure du sous-salariat et du sous-emploi. A domicile, l'emploi entre particuliers reste un mirage, socialement réservé aux femmes, de milieux populaires.
      Entirely belonging to the private domestic universe, the professional activity of crèche workers “employed” in private households, legally based on a recent and more than uncertain salaried status, cumulates institutional job insecurity and invisibility. Many aspects of the job block access to to the status of employment, which therefore remains in the field of under-employment and sub-workforce. Examples are an internalized activity closely linked to under-the-table work, free services, non-marketable exchanges, work and activities performed and thought of as “being natural”, an evasion from the economic basis ot the salaried relationship and a “naturalization” of maternal know-how. Employment in private households remains an illusion and is socially reserved for women from lower socio-economic classes.
    • La loi sur les 35 heures à l'épreuve des droits des femmes - Michel Miné p. 91-110 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article juridique analyse les principales dispositions du projet de loi sur la réduction de la durée légale du travail au regard des droits des femmes. Il met notamment l'accent grâce à la méthode de la discrimination indirecte sur les effets défavorables possibles et parfois déjà constatés de certaines règles en matière de temps de travail. Mais il examine aussi des silences du projet, sources d'inégalités professionnelles pour les femmes. Il attire l'attention sur des points essentiels pour les salariées, souvent négligées dans le débat, comme la modification des horaires de travail ou les droits individuels. Il démontre l'importance, encore largement sous-évaluée, du droit de la négociation dans l'entreprise. Enfin, il ouvre des pistes de réflexion pour une réécriture du droit du temps de travail, s'appuyant notamment sur les droits fondamentaux de la personne et sur des principes juridiques, susceptible de garantir l'égalité de traitement aux femmes.
      This legal article analyzes the main consequences of the government bill reducing the legal length of the working week in the light of women's rights. It particularly focuses on possible unfavorable effects of certain rules in the field of working hours that are sometimes already acknowledged as such. But it also examines what aspects the project does not take into account, thus creating professional inequalities for women. It draws attention on matters essential to female workers, but that are often disregarded in the debate, such as working hours and individual rights. It stresses the importance, still largely underestimated, of the right to negotiate in companies. Finally, it suggests ways to rethink laws relative to working hours, in reference, more particularly, to fundamental human rights and to legal principles that could guarantee equal treatment for women.
  • Mutations

    • Les relations internationales ont un genre. Le dialogue social en Europe - Cynthia Cockburn p. 111-137 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'Union Européenne a pris des mesures pour que syndicats (et employeurs) participent à la construction d'une politique européenne. Les structures et processus de ce “Dialogue social européen” constitueront ainsi un espace international dans lequel les syndicalistes des différents Etats-membres pourront se rencontrer et élaborer un programme commun. Les femmes se sont mobilisées à cet égard pour entrer dans l'arène et introduire une perspective de genre au cœur des interventions des mouvements de travailleurs dans la politique européenne. S'appuyant sur mes recherches les plus récentes, cet article vise à analyser ces développements. En partant de récentes critiques féministes sur la théorie des relations internationales, il montre de quelle manière les incursions des femmes dans l'espace international tendent à redéfinir les préoccupations des relations internationales, ses acteurs et ses concepts.
      The European Union provides for trade unions (and employers) to share in policy-making. The structures and processes of this “European Social Dialogue” are coming to constitute an international space in which trade unionists of the various member states can meet each other and shape a common agenda.Women have been mobilizing to enter this arena and to introduce a gender perspective to labour movement interventions in European policy. Drawing on new research, the article analyses these developments and, drawing on recent feminist critiques of international relations theory, shows how women's incursions into this international arena tend to re-define the concern of IR, its actors and its concepts.
    • Quand des femmes représentent l'état - Sylvie Schweitzer p. 139-152 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'histoire des femmes au travail est souvent celle de contradictions entre les discours dominants et les faits, mais aussi celle de paradoxes. Interdits, pression sociale, objections sur les compétences et l'intelligence, les discours abondent pour justifier la mise à l'écart des femmes, pour réserver aux hommes les lieux de décision et d'autorité. Pourtant, fugacement et localement, l'État a su accorder à des femmes une place dans l'institution, comme pour les chefs de bureau et les inspectrices du travail, et parfois d'importance, avec les inspectrices des salles d'asiles et les inspectrices générales du ministère de l'Intérieur. Les recherches sur ces professions et fonctions sont pour l'instant à peine ébauchées, on veut juste essayer de rappeler que, en pleine misogynie affichée des XIXe et XXe siècles, des femmes sont présentes dans les hiérarchies de la fonction publique, pointant ainsi de fortes contradictions sociales.
      The history of women in the workplace is often that of contradictions between dominant discourses and facts, but also that of paradoxes. Bans, social pressure, objections to competences and intelligence : discourses are plenty to justify pushing women aside and saving decision and authority for men. However, elusively or locally, the State gave women a place in the institution as heads of departments, work inspectors, and, more importantly, inspectors of asylums and general inspectors of the Ministry of Domestic Affairs. Research on these professions and positions are hardly under way today. Our goal is simply to stress that, in the midst of male chauvinism of the 19th and 20th centuries, some women took place in the hierarchy of the public sector, thus stressing strong social contradictions.
  • Controverses

  • Critiques

  • Bibliographies internationales

    • Espagne - Teresa Torns p. 201-203 accès libre