Contenu du sommaire : Irak : un destin tragique
Revue | Confluences Méditerranée |
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Numéro | no 116, printemps 2021 |
Titre du numéro | Irak : un destin tragique |
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Dossier Irak : un destin tragique
- Un siècle perdu - Adel Bakawan p. 9-11
- Le mandat britannique en Irak (1920- 1932), péché originel de la division ? - Myriam Yakoubi p. 13-24 Cet article propose d'étudier le mandat britannique en Irak (1920-1932) afin d'explorer la manière dont les Britanniques conçurent ce pays en tant qu'État, nation et territoire. L'article entend démontrer que la vision relativement libérale de la Société des Nations, fondée sur l'idée de progrès et de civilisation, fut rapidement mise à mal par les considérations pragmatiques et les mesures coercitives adoptées par la puissance mandataire, qui imposa un nouvel ordre au peuple irakien. Reposant sur une approche centralisatrice et fondée sur l'exclusion de ceux qui ne correspondaient pas à leur idéal de civilisation, la politique de construction étatique des Britanniques en Irak refléta avant tout leur propre vision du monde et de la société irakienne ainsi que leurs intérêts à court terme, des priorités qui furent autant d'obstacles à la construction d'un État au service d'une nation irakienne unie.This article explores the British mandate in Iraq (1920-1932) as a means for understanding the ways in which the British conceived the Iraqi state, nation and territory. The relatively liberal vision of the League of Nations, based on ideas of progress and civilization, rapidly gave way to a pragmatic and coercive approach on the part of the mandatory power, which imposed a new order in Iraq. Based on a centralizing policy that excluded all those who did not fit the “civilizing” ideal of the British, the latter's policy of state building in Iraq reflected their own vision of the world and of Iraqi society as well as their short-term interests, which impeded the building of a state in the service of a united Iraqi nation
- The role of political parties in the process of national integration in Iraq - Sherko Kirmanj p. 25-40 La création d'un État n'incarne qu'une composante de l'État-nation moderne, car le développement d'une identité nationale représente un pilier plus vital pour l'intégrité nationale et territoriale de l'Irak ou de tout autre État-nation post-colonial. Depuis sa formation en 1921, l'Irak a connu plusieurs crises politiques majeures, notamment des tentatives de sécession et des guerres civiles. Ce sont là des indicateurs des grands enjeux de l'intégration nationale. Ce document examine le rôle des partis politiques en tant que structures institutionnelles dans le processus d'intégration irakien. Il examine en particulier le rôle du Parti communiste irakien (PCI) et du Parti socialiste arabe du Baas (Baas), car ils avaient une portée relativement nationale et ont contribué à l'intégration politique. L'article soutient que les principaux partis politiques en Irak dans les années 1950 et 1960 avaient une base relativement large et ont contribué à faciliter le processus d'intégration nationale en Irak. Toutefois, l'affaiblissement du PCI et la sectarisation du Baas ont entraîné la perte des principales organisations représentatives susceptibles de favoriser l'intégration nationale. Il affirme également que jusqu'à ce que les Irakiens de la classe moyenne arrivent à s'unir autour de partis politiques idéologiques et/ou réformateurs, tout espoir d'un Irak unifié ou d'une identité irakienne globale n'est qu'un vœu pieux.The creation of a state is only one component of the modern nation state: the development of national identity is a more vital pillar for the national and territorial integrity of post-colonial nation states, not least in Iraq. Since its formation in 1921, Iraq has experienced several major political crises including secessionist bids and civil wars. These are indicators of major issues of national integration. This paper examines the role of political parties as institutional structures in the process of Iraqi integration. It looks, in particular, at the role of the Iraqi Communist Party (ICP) and the Arab Baath Socialist Party (Baath) as they were quasi-national in scope and contributed to political integration. The major political parties in Iraq in the 1950s and the 1960s were relatively broad-based and helped to promote national integration. However, the weakening of the ICP and the sectarianization of the Baath resulted in the loss of the main representative organizations with the potential to foster national integration. Until the day comes when middle-class Iraqis are able to unite around ideologically and/or reform-leaning political parties, any hope of a unified Iraq or an all-embracing Iraqi identity is mere wishful thinking.
- Debating the State in Iraq after a century – the concept of ladaula - Sardar Aziz p. 41-51 Ladaula est le mot à la mode en Irak. Décrire l'état de la politique irakienne comme ladaula après un siècle est digne de considération. C'est l'un des termes les plus couramment utilisés par les élites irakiennes pour critiquer l'État actuel. Tout observateur attentif de l'actualité irakienne ne peut éviter de lire ou d'entendre parler de ce concept plusieurs fois par jour. Cet article considère la ladaula comme un concept émergent dans les domaines politique et intellectuel irakiens. En tant que tel, l'article tente de montrer ses utilisations, ses strates, et de l'utiliser pour analyser la structure actuelle de l'État irakien, centenaire. En outre, ladaula est également utilisé pour décrire de manière critique la conception intellectuelle actuelle de l'État irakien. En plus de tout cela, ladaula a aussi un aspect extérieur étant mandataire et servant certains pouvoirs externes à l'Iraq.Ladaula is the buzzword in Iraq, qualifying Iraqi politics after a century. It is one of the most common terms used among Iraqi elites to criticize the current state. Any close observer of current affairs in Iraq cannot avoid reading or hearing about the concept of ladaula many times a day. This article takes an emerging concept within the Iraqi political and intellectual domains, illustrating its uses in reading the current structure of the one hundred year-old Iraqi state. Ladaula is also used as a critique of the current Iraqi understanding of the state. Finally, ladaula in its external usage denotes certain entities as proxies, serving outside powers.
- Les États-Unis en Irak : de la prétention du « Nation Building » au cataclysme généralisé - Adel Bakawan p. 53-62 Après l'intervention américaine de 2003 en Irak, le représentant du gouvernement américain, Paul Bremer, a pensé reconstruire l'Irak sur de nouvelles bases, après celles que les Britanniques avaient édifiées en 1921. Justifiée par des arguments fallacieux, cette intervention militaire de 2003 a de fait laissé la place au chaos humain tandis que, sur le plan politique, le rêve de Paul Bremer a viré au cauchemar. Cet article a pour ambition de revenir sur ce « péché originel » qui constitue manifestement la genèse du chaos irakien.After the 2003 US intervention in Iraq, the US government representative Paul Bremer thought he would rebuild Iraq on a new basis, after the one the British had built in 1921. Justified by fallacious arguments, the 2003 military intervention has in fact given way to human chaos while, politically, Paul Bremer's dream has turned into a nightmare. This article aims to revisit this “original sin” that clearly constitutes the genesis of the Iraqi chaos.
- Le nouvel État irakien de 2003 et le piège du communautarisme - Pierre-Jean Luizard p. 63-73 La chute du régime de Saddam Hussein en 2003 a entraîné avec elle le premier État irakien dont il fut le dernier avatar. Face au risque d'un chaos généralisé, les Américains n'eurent d'autre choix que de s'adresser aux exclus de l'ancien système, chiites et Kurdes, afin de refonder dans l'urgence de nouvelles institutions. Tandis que les élites du régime déchu se tournaient de façon croissante vers la mouvance salafiste (Al-Qaïda puis Daech), le tandem chiito-kurde monopolisera les principales fonctions politiques du pays. Sous couvert d'un fédéralisme dévoyé, le Kurdistan semblait voguer vers une forme d'indépendance, tandis que les partis islamistes chiites, de retour de leur exil iranien, remplaçaient les anciens partis politiques qui avaient reçu un soutien parmi la communauté, notamment le Baas et les communistes. Les Américains allaient apprendre à leurs dépens qu'il est beaucoup plus facile de diriger un pays sous occupation à travers une minorité qu'à travers des majorités. En 2014, la division en trois du territoire irakien sur des bases ethniques et confessionnelles, avec l'émergence de Daech, est un fait acquis. La destruction du centre historique de Mossoul, métropole de la zone arabe sunnite, principalement par les bombardements de la coalition menée par les États-Unis contre Daech, sembla alors achever le divorce entre les communautés. Les mouvements de contestation de la société civile contre la déliquescence de l'État, notamment chez les chiites à partir de 2015, illustrent bien une situation inextricable.The fall of Saddam Hussein's regime in 2003 has led to the collapse of the first Iraqi State as its last avatar. Facing the risk of a general chaos, the Americans had no choice but to request the excluded communities, Shi'a and Kurds, in order to settle new institutions in emergency. As the elites of the fallen regime increasingly looked toward the salafi movement (Al-Qaïda and then Daesh), the Shi'a-Kurdish duo monopolized the main political functions of the country. Under the cover of federalism, Kurdistan seemed therefore to move toward an untold independence, at a time when the Shi'a islamist parties, back from their Iranian exile, replaced the previous political parties which had benefitted a support among the community, mainly the Baas and the communists. Therefore, the Americans were to learn at their own cost that it is much easier to manage a country under occupation through a minority rather than through majorities. In 2014, the territory of Iraq in fact has been divided in three parts based on ethnical and religious sectarianism, especially due to the emergence of Daesh. The destruction of the historical center of Mosul, mainly due to the air raids and bombings of the coalition led by the United-States against Daesh, seems to be the achievement of the divorce between the main communities. From 2015, the appearance of civil society's movements facing the deliquescence of the State, is an illustration of the inextricable situation.
- Les milices irakiennes : symbole d'un État déchu - Sylvain Mercadier p. 75-86 Symbole de l'affaiblissement de l'État central suite à l'invasion américaine de 2003, les milices occupent une place incontournable dans le paysage sécuritaire, mais également politique irakien. Leur impact ne peut se comprendre qu'en analysant la socio-histoire de ce pays et en identifiant les ramifications de ces forces paramilitaires au-delà des frontières de l'Irak. Cet article entend aussi mettre en lumière le paradoxe qui fait des milices un acteur obérant l'État, mais s'appuyant également sur lui pour légitimer leur existence.Since the U.
S. invasion in 2003, militias have become a symbol of the weakened Iraqi state and key actors within the security and political landscapes of the country. Their impact is highlighted through the socio-historical analysis of the country and of the militias' connections outside Iraq. This article sheds light on the paradox whereby militias, one of the main actors undermining the sovereignty of the State, rely on it to legitimize their existence. - Naissance et développement de Daech dans un contexte de fragilités de l'Irak (2003-2014) - Virginie Sauner p. 87-97 Cet article présente le contexte dans lequel s'est progressivement développé le groupe terroriste État islamique, de la situation de l'Irak en 2003, au lendemain de l'intervention militaire menée par les États-Unis, à la création de la coalition internationale contre Daech en 2014. Cette organisation djihadiste est née de la faillite de l'État irakien et du processus de fragmentation et de communautarisation que connaît le pays suite au renversement du régime de Saddam Hussein. Les principales étapes de l'orientation salafiste prise par la rébellion sunnite en Irak – et du développement de Daech - sont le corollaire des erreurs de la politique américaine et d'une décennie d'exactions commises contre les Arabes sunnites par le régime pro-chiite de Bagdad.This article presents the context in which the terrorist group ISIS gradually developed, from the situation in Iraq in 2003, in the aftermath of the US-led military intervention, to the creation of the global coalition against Daesh in 2014. This jihadist organization is born out of the Iraqi failed state and the process of fragmentation and “communitarization” that the country is undergoing following the overthrow of Saddam Hussein's regime. The main stages of the Salafist orientation taken by the Sunni rebellion in Iraq – and the development of Daesh – are the corollary of the mistakes made by American policy and a decade of exactions committed against Sunni Arabs by the pro-Shiite regime in Baghdad.
- Par-delà une vengeance désordonnée : les populations sunnites d'Irak dans l'engrenage des représailles stratégiques de l'« après-État islamique » - Myriam Benraad p. 99-109 Les représailles ont été un schéma continuel du conflit irakien au cours des dernières années. Depuis le printemps 2003 et le début de la guerre, elles ont ainsi toujours reporté la perspective d'un règlement pacifique des hostilités entre les différentes communautés de ce pays. Dans la foulée des opérations militaires ayant abouti à la défaite du groupe État islamique, même temporaire et partielle, de lourdes représailles se sont abattues sur toutes celles et tous ceux, parmi les civils sunnites des régions que l'organisation jihadiste avait administrées, tenus complices et responsables de ses crimes et de ses outrances. Toutefois, malgré leurs répercussions évidentes, ces représailles n'ont fait l'objet que d'une attention superficielle. Comment éclairer ce déficit d'intérêt sur une thématique aussi centrale ? Cet article aborde cette problématique à travers l'exemple des traitements réservés aux sunnites anciennement sous le joug de l'État islamique.Reprisals have been a continued pattern of the Iraqi conflict during the past years. Since the spring of 2003 and the beginning of the war, they have thus always postponed the prospect of a peaceful settlement of the hostilities between the country's different communities. In the aftermath of the military operations that led to the defeat of the Islamic State group, albeit temporary and partial, heavy reprisals fell on all those among the Sunni civilians in the areas that the jihadist organisation had administered, who were held complicit and responsible for its crimes and outrages. However, despite their obvious repercussions, these reprisals have received only superficial attention. How can this lack of interest in such a central issue be explained? This article addresses this question through the example of the treatment of Sunnis formerly under the rule of the Islamic State.
- Le quotidien des yézidis du Sinjar : une histoire politique - Juliette Duclos-Valois p. 111-122 Depuis la chute du régime de Saddam Hussein en 2003, l'État irakien et le Gouvernement Régional du Kurdistan se disputent le territoire du Sinjar. À cela s'ajoute une situation d'insécurité qui frappe spécialement la plaine de Ninive. Ce contexte général a plongé le Sinjar dans une crise économique qui a rendu particulièrement précaires les conditions d'existence de la population yézidie. Un temps, l'établissement d'un échange de nature politique entre yézidis et pouvoir kurde a permis à la population de faire face aux difficultés du quotidien. Les exactions commises par l'État islamique en 2014 ont remis en cause ces fragiles équilibres et précipité le déplacement des populations vers le Kurdistan irakien majoritairement. La difficulté à s'y intégrer alimente aujourd'hui les projets d'exil formés par nombre de yézidis.Since the fall of the Ba'thist regime in 2003, the federal government of Iraq and the Kurdish autonomous government have both been claiming sovereignty over the Sinjar region. The security situation in Ninewa province remained volatile, further adding to the challenges faced by the Sinjar area, mired in economic crises. As a result, the living conditions of Yazidi populations gradually deteriorated. A political bargain between the Yazidis and Kurdish authorities was made for a temporary relief but the takeover of Sinjar by the Islamic State in 2014 shattered fragile political arrangements and prompted the displacement of much of its population to Iraqi Kurdistan. Difficulties faced during integration into their new host community have led many Yazidis to consider relocation outside of the country.
- Quel avenir pour les chrétiens d'Irak ? - Loÿs de Pampelonne p. 123-133 Cet article propose une analyse sur la situation des communautés chrétiennes en Irak en 2020, communautés qui ont diminué de près de 90 % en moins de 20 ans. Assistons-nous à la fin de la présence chrétienne en Irak, une présence plusieurs fois millénaires et essentielle à l'équilibre confessionnel du pays ? Pour documenter ces bouleversements, nous analyserons l'histoire de communautés qui se sont formés dès le IIème siècle ainsi que les nouveaux défis des Églises d'Irak. Enfin, nous esquisserons les réponses politiques qui y sont apportées par les Églises irakiennes, en lien notamment avec la notion de citoyenneté.By 2020, Christian communities in Iraq had declined by almost 90 % in less than 20 years. Are we witnessing the end of the Christian presence in Iraq, two thousand years old and essential to the confessional balance of the country? In documenting these upheavals, we will analyze the history of communities that emerged as early as the 2nd century, as well as new challenges facing the Churches in Iraq. Finally, we will sketch out possible political responses, particularly in relation to the notion of citizenship.
- L'Irak, terre d'accueil et de formation des étudiants chiites sénégalais - Macoumba Diop p. 135-146 Tout au long de ces vingt dernières années, la communauté́ chiite sénégalaise a cherché à élargir sa présence et ses partenaires dans le monde arabe. Depuis 2010, grâce aux actions menées par la communauté chiite Mozdahir international, des groupes d'étudiants sénégalais convertis au chiisme se rendent en Iran et en Irak, et plus précisément dans les villes de Qom et de Nadjaf, pour y fréquenter les centres de formation théologique nommés Hawza al-ilmiyya, et y poursuivre un cursus d'enseignement religieux inexistant au Sénégal. Cet article met l'accent sur les étudiants chiites sénégalais en s'interrogeant sur leur parcours et leur intégration dans la société irakienne. L'objectif étant de démontrer la nature cruciale du rôle joué par la Hawza de Nadjaf en Irak, dans la formation des futures élites de la communauté chiite sénégalaise.Over the past twenty years, the Senegalese Shiite community has sought to expand its presence and its partners in the Arab world. Since 2010, thanks to the actions of the international Shiite Mazdahir community, groups of Senegalese students converted to Shiism have traveled to Iran and Iraq, specifically to the cities of Qom and Najaf to attend their theological training centers, called Hawza-al-ilmiyya, where they follow a program of religious education unavailable in Senegal. This article focuses on Senegalese Shiite students, examining their lives and their integration into Iraqi society, with an eye to demonstrating the crucial role played by the Hawza of Najaf in training the future elites of the Senegalese Shiite community.
- Les relations turco-irakiennes : de l'inconstance au ménage à trois - Jean Marcou p. 147-156 Depuis la création de l'État irakien, les rapports entre Ankara et Bagdad ont toujours été dominés par l'inconstance. Toutefois lorsque la Turquie a noué des liens directs avec le gouvernement régional du Kurdistan (GRK), un jeu triangulaire complexe s'est substitué à cette relation incertaine. Depuis Ankara a souvent donné la priorité à sa relation avec Erbil, à la fois pour des raisons économiques (exploitation des ressources pétrolières de l'Irak du Nord et exportations majeures à destination de cette région), et du fait de préoccupations sécuritaires (lutte contre la guérilla du PKK dont les principales bases arrière se situent dans la zone). En septembre 2017, la décision du GRK d'organiser un référendum d'indépendance a rapproché pour un temps Ankara et Bagdad mais presqu'inéluctablement les liens entre Ankara et Erbil ont été restaurés dans le contexte d'un affaiblissement extrême de l'État irakien.Since the creation of the Iraqi State, the relationship between Ankara and Baghdad has always been dominated by inconstancy. However, when Turkey established direct ties with the Kurdistan Regional Government (KRG), a complex triangular game replaced this uncertain relationship. Since then Ankara has often prioritized its relationship with Erbil, both for economic reasons (exploitation of northern Iraq's oil resources and major exports to the region), and because of security concerns (fight against the PKK guerrillas whose main rear bases are located in the area). In September 2017, the KRG's decision to hold an independence referendum brought Ankara and Baghdad closer together for a time, but almost inevitably the ties between Ankara and Erbil were restored in the context of an extremely weakened Iraqi State.
- Cinq écrivains tourmentés par l'histoire contemporaine de l'Irak - Shathil Nawaf Shathil p. 157-166 De l'accès au trône du roi d'Irak Fayçal Ier, le 23 août 1921, jusqu'à nos jours, l'histoire contemporaine de l'État-nation irakien a été jalonnée de nombreux événements politiques violents, dont des changements de régimes et des guerres, qui ont marqué la vie des Irakiens. Outre ses conséquences politiques, économiques et culturelles, cette violence a profondément déstructuré le tissu social irakien. Souvent contraints à l'exil ou à l'expatriation, les femmes et hommes de lettres irakiens ont été les premiers à rendre compte de cette violence qui a marqué l'identité irakienne contemporaine. Avec différentes histoires et trajectoires, les cinq écrivains irakiens Alia Mamdouh, Inaam Kachachi, Sinan Antoon, Hassan Blasim et Feurat Alani se sont exprimés sur cette terre natale qu'ils ont quitté. Ces cinq auteurs font partie du peu d'écrivains irakiens ayant été traduit en français. Leur œuvre, portant sur l'histoire contemporaine irakienne, marquée par les guerres, se recoupe avec la conscience collective nationale, humainement meurtrie par la violence politique et sociale qui a frappé leur pays.From the accession to the throne of King Faisal I of Iraq on August 23, 1921 until the present day, the contemporary history of Iraq and its people has been marked by numerous violent political events, including three changes of regimes and three wars. In addition to its political, economic and cultural consequences, this violence has profoundly disrupted the Iraqi social fabric. Often forced into exile or expatriation, Iraqi women and men of letters were the first to recount the violence that has marked contemporary Iraqi identity. With different histories and trajectories, the five Iraqi writers Alia Mamdouh, Inaam Kachachi, Sinan Antoon, Hassan Blasim and Feurat Alani have expressed their feelings about this homeland they left behind. The five authors are among the few Iraqi writers whose writings have been translated into French. Their work, focused on contemporary Iraqi history and its wars, intersects with the collective national conscience, humanly bruised by the political and social violence that has struck their country.
- La nationalisation du secteur pétrolier irakien et la Compagnie française des pétroles : illustration de la stratégie française de non-alignement en Irak - Matthieu Etourneau p. 167-176 Dans un contexte de nationalisme pétrolier exacerbé, les relations entre l'Iraq Petroleum Company, consortium occidental en charge de la production pétrolière irakienne depuis 1925, et les autorités se durcissent à partir des années 1950. Au cours des longues négociations qui aboutiront à la nationalisation de l'IPC en 1972, la Compagnie française des pétroles (CFP), actionnaire du consortium, parvient à garder une position médiane alliant solidarité vis-à-vis de ses partenaires de l'IPC et conciliation avec le gouvernement irakien. Alors que l'approche confrontationnelle des actionnaires anglo-saxons leur fermera durablement les portes du marché irakien, la posture plus constructive de la CFP et le renforcement des relations diplomatiques entre le France et l'Irak permettront de sauvegarder les intérêts pétroliers français en Irak. Cet épisode est également une illustration de la stratégie française de non-alignement sur ses partenaires anglo-saxons en Irak.The increasing tensions between the Iraqi authorities and the western-owned Iraq Petroleum Company (IPC) that hardened from the rise to power of Abd al-Karim Qasim in 1958 and culminated in the 1972 nationalization of the company, took place against the backdrop of rising resource nationalism. Far from being a unified block, the IPC was composed of companies with strong differences in size and features, as well as a blatant divergence of interests. While Anglo-American oil companies were reluctant to make any concession to the Iraqi government, the French Compagnie Française des Pétroles (CFP) developed its own strategy within the IPC to protect its interests in the country. More dependent on Iraqi oil, the CFP succeeded in maintaining an ambiguous position of solidarity towards the IPC shareholders and a more conciliating stance by developing strong bonds with Iraqi officials. This strategy, directed by CFP top management along with the French state, resulted in the safeguarding of French oil interests after the nationalization of the IPC.
- L'enjeu des énergies renouvelables pour l'avenir de l'Irak - Syal Roux Khan, Paul-Arthur Luzu p. 177-187 L'Irak dispose d'un fort potentiel pour les énergies renouvelables qui pourrait contribuer à résoudre certains problèmes structurels. Néanmoins des réformes sont encore nécessaires pour enclencher un véritable tournant de sa politique énergétique. Poussé par les États-Unis à réduire sa dépendance à l'Iran, le pays a l'opportunité de nouveaux partenariats économiques avec les pays arabes du Golfe sans renoncer au lien avec l'Iran. Le renouvelable, source d'énergie peu développée, représenterait alors une solution possible pour la sécurité énergétique du pays. La voie est étroite mais des perspectives se dessinent.Iraq has great potential for renewable energies that could contribute to confronting a variety of structural problems. However, reforms are still necessary to trigger a real turning point in its energy policy. Urged by the United States to reduce its dependence on Iran, the country has the opportunity for new economic partnerships with countries of the Arab Gulf without giving up the connection with Iran. Renewables represent a relatively untapped energy source, and would then indicate a possible path to the country's energy security. The road is narrow, but prospects are emerging.
Variations
- Banditisme et colonialisme en Algérie : la légende de Arezki Lbachir - Mohammed Yefsah p. 191-201 Le banditisme dans le monde rural est lié à des phases de déstructuration ou de crise de la société paysanne. L'héroïsation de la figure du bandit justicier exprime la vengeance latente de la société rurale envers le prince. Dans le contexte de colonisation, la figure du bandit combine la dénonciation de l'injustice et l'illégitimité du conquérant. Arezki Lbachir, à la tête d'une bande de brigands à la fin du XIXe siècle en Kabylie, est glorifié dans la mémoire collective, malgré les ambiguïtés que n'importe quel bandit peut entretenir avec le pouvoir en place (princier, colonial). Il a longtemps alimenté l'imaginaire populaire. Sa violence est l'expression de celle, directe ou symbolique, qu'a subie la société rurale algérienne. Le bandit s'agrège à l'ethos de sa société et manie ses codes (dés/honneur, vengeance). Même s'il est bandit social, il est vu, ou lui-même se voit, comme bandit d'honneur.Banditry in the rural world is linked to phases of destructuring or crisis of the peasant society. The heroism of the figure of the vigilante bandit expresses the latent vengeance of rural society towards the prince. In the context of colonization, the figure of the bandit combines the denunciation of injustice and the illegitimacy of the conqueror. Arezki Lbachir, leading a band of brigands at the end of the 19th century in Kabylia, is glorified in the collective memory, despite the ambiguities that any bandit can maintain with the power in place (princely, colonial). It has long fuelled the popular imagination. His violence is the expression of the violence, direct or symbolic, that Algerian rural society has suffered. The bandit is part of the ethos of his society and wields its codes (dis/honour, revenge). Even if he is a social bandit, he is seen, or sees himself, as a bandit of honour.
- Hommage à Marcel Courthiade et Pavlos Samios - Christophe Chiclet p. 203-205 À un mois d'intervalle les Balkans viennent de perdre prématurément deux grandes personnalités relativement peu connues : le linguiste français Marcel Courthiade et le peintre grec Pavlos Samios.
- Banditisme et colonialisme en Algérie : la légende de Arezki Lbachir - Mohammed Yefsah p. 191-201
- Notes de lecture - p. 208-215