Contenu du sommaire : La dette dans les pays émergents et en développement
Revue | Revue d'économie financière |
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Numéro | no 141, 1er trimestre 2021 |
Titre du numéro | La dette dans les pays émergents et en développement |
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- Souvenirs heureux - André Masson p. 5-8
- Introduction - Daniel Cohen, Cécile Valadier, Edouard Vidon p. 13-19
La dette dans les pays émergents et en développement
- Dette des pays émergents et en développement : panorama des années 1970 à la crise actuelle - Camille Fabre, Clément Marsilli p. 23-44 Si après la crise de la Covid-19, la dette a été mobilisée avec ampleur et rapidement, dans les pays développés, la situation est plus compliquée pour les pays émergents, et a fortiori les pays en développement, en raison du faible niveau de mobilisation des ressources domestiques dans ces pays, ainsi que d'un accès limité aux marchés financiers, ou alors à des taux élevés. La crise met à mal les instruments traditionnels de gestion de la dette publique des PEED et l'analyse propose d'utiliser d'autres instruments contractuels de financement de cette dette. Au vu de l'ampleur des besoins de financement des PEED, davantage de flux privés sont nécessaires car la réponse des seules organisations multilatérales et des seuls bailleurs officiels bilatéraux ne pourra être suffisante. Il s'agit aussi de veiller à ne pas mettre en péril la soutenabilité de la dette de ces pays et d'assurer, en cas d'éventuelle restructuration, un partage équitable entre tous les créanciers. C'est cet équilibre qui doit guider l'ensemble des parties prenantes afin de construire un système financier plus sûr. Et qui en définitive puisse permettre à ces pays d'être plus résilient aux catastrophes naturelles.Following the Covid crisis, debt was mobilized on a large scale and rapidly, in the developed countries, the situation is more complicated for the emerging countries, and a fortiori the developing countries, because of the low level of local revenue mobilization in these countries, as well as limited access to financial markets, or else at high rates. The crisis is undermining the traditional public debt management instruments in emerging countries, and the analysis proposes the use of other contractual instruments to finance this debt. In view of the magnitude in emerging countries financing needs, more private flows are needed because the response of multilateral organizations and official bilateral donors alone will not be sufficient. It is also necessary to ensure that the debt sustainability of these countries is not jeopardized and that, in the event of restructuring, it is shared equitably among all creditors. It is this balance that must guide all stakeholders in order to build a more secure financial system. And one that will ultimately enable these countries to be more resilient to natural disasters.
- L'essor des marchés des obligations d'entreprise en Asie de l'Est et en Amérique latine - Facundo Abraham, Juan J. Cortina, Sergio L. Schmukler p. 45-70 Entre 2010 et 2019, les entreprises d'Asie de l'Est et d'Amérique latine ont étendu leur activité d'emprunt en augmentant leurs émissions d'obligations. Une demande accrue d'obligations d'entreprise émanant des investisseurs institutionnels a joué un rôle clé dans ce développement. Les entreprises d'Asie de l'Est ont principalement emprunté auprès d'investisseurs nationaux, en émettant des obligations libellées en monnaie locale. Les entreprises d'Amérique latine ont quant à elles principalement emprunté auprès d'investisseurs étrangers, en émettant des obligations libellées en devise. À mesure que le financement obligataire progressait, les entreprises emprunteuses augmentaient leurs positions d'endettement et dégradaient leurs performances financières. L'accroissement des emprunts a exposé les entreprises à différents risques, exacerbés par la pandémie de Covid-19. En Asie de l'Est, les risques étaient surtout associés à une hausse des montants d'emprunt ainsi qu'à la participation d'entreprises plus petites, qui ont tendance à avoir accès à moins d'options de financement et à émettre de la dette à plus court terme. En Amérique latine, les entreprises ont été surtout exposées à des facteurs externes et à des dépréciations de leur monnaie, car elles s'étaient plus lourdement reposées sur des financements étrangers en devise.Firms in East Asia and Latin America expanded their borrowing activity by increasing bond issuances during 2010-2019. A higher demand of corporate bonds by institutional investors played a key role in this development. East Asian firms mainly borrowed from domestic investors issuing local currency denominated bonds. Latin American firms mainly borrowed from foreign investors issuing foreign currency denominated bonds. As bond financing expanded, borrowing firms increased their leverage positions and worsened their financial performance. Higher borrowing has exposed firms to different risks heightened by the pandemic crisis. Risks in East Asia have been more related to higher amounts of borrowing than in Latin America and to the participation of smaller firms, which tend to have fewer financing options and issue debt at shorter maturities. Latin American firms have been more exposed to external factors and currency depreciations because they have relied more heavily on foreign financing in foreign currency.
- Investir dans la dette des marchés émergents - Joan Elbaz, Sergei Strigo p. 71-88 Depuis 2008, la dette des pays riches connaît des rendements faibles, voire négatifs, et leur croissance économique est faible. En revanche, les rendements de la dette des pays émergents sont restés positifs, voire élevés. Par ailleurs, ces pays apparaissent moins risqués, la croissance y est plus élevée et les réserves de change sont positives. Cet article situe le contexte de la dette des pays émergents dans le contexte macroéconomique et tente de comprendre quelles seront les conséquences de la crise de la Covid, puisque le FMI prévoit une croissance plus forte dans les pays émergents que dans les pays développés.Since 2008, the debt of rich countries has had low or even negative yields and their economic growth has been weak. In contrast, emerging market debt yields have remained positive or even high. Moreover, these countries appear to be less risky, with higher growth and positive foreign exchange reserves. This article places the context of emerging market debt in the macroeconomic context and tries to understand what the consequences of the Covid crisis will be, as the IMF expects emerging market countries to grow more than developed countries.
- Dynamique de l'endettement privé en Chine : risques et enjeux - Camille Macaire p. 89-102 Depuis 2008, la Chine a connu une phase sans précédent d'expansion de l'endettement privé. Face aux risques induits, les autorités ont mis en place des réformes visant à assainir le secteur financier. Cette orientation a été maintenue malgré le ralentissement économique et a commencé à porter ses fruits, avec une stabilisation des niveaux de dette depuis 2017. Mais la crise de la Covid-19 constitue un défi sans précédent. Les autorités ont mis en place des mesures de soutien limitées, afin d'éviter de replonger dans une spirale d'endettement. Mais la hausse des niveaux d'endettement et le choc sur la croissance économique font porter de nouveaux risques au secteur financier, en particulier aux banques. Le régulateur devrait rester attentif à éviter toute crise bancaire, mais la question de la gestion des prêts non performants va rester prégnante. La résilience de l'économie chinoise à travers la crise et le rebond de croissance allègent les risques, mais les fragilités structurelles du système financier vont rester un enjeu crucial pour la Chine.Since 2008, China has experienced an unprecedented phase of private debt expansion. Faced with incurring risks, the authorities have implemented reforms aimed at raising the financial sector's soundness. They maintained this strategy despite the economic slowdown. It began to bear fruit, with stabilization of debt levels since 2017. However, the Covid-19 crisis brings unprecedented challenges. The Chinese authorities deployed support measures that were limited in scope, to avoid falling back into a debt spiral. However, the increase in debt levels and the shock to economic growth poses new risks to the financial sector, in particular to banks. Authorities should remain present to avoid a banking crisis in the medium term, but the issue of managing non-performing loans will remain crucial. The resilience of the Chinese economy and the growth rebound alleviate risks. Yet, the structural weaknesses of the financial system will remain a crucial issue for China.
- La Chine, créancier émergent : mythes et réalités - Ysaline Padieu, Alisée Pornet p. 103-116 Cet article expose les enjeux de la Chine créancière, sa place au sein de la communauté des créanciers internationaux, et présente les enjeux liés à la vague récente de restructurations de dette. La part des prêts internationaux chinois rapportée au PIB mondial a augmenté au début des années 2000. Si les volumes de financement rapportés au PIB chinois restent maîtrisés, la Chine a rejoint récemment la Banque mondiale et le Fonds monétaire international en tant que créancière officielle majeure des pays en développement et émergents. Cette expansion mobilise plusieurs outils et acteurs. Le volume de créances chinoises fait de la Chine un acteur incontournable dans le dialogue des bailleurs. Il est rendu nécessaire par les difficultés économiques croissantes et le risque de surendettement externe qui pèse sur les pays récipiendaires. Les restructurations de la dette se sont ainsi accrues ces cinq dernières années, la Chine étudiant les demandes de restructurations au cas par cas en fonction du prêt, du projet et du récipiendaire.This paper presents the challenges of China as a major creditor, its role in the international creditor community, and the challenges of the recent wave of debt restructuring. The share of Chinese loans and trade credits in terms of world GDP has increased since 2000. This expansion involves multiple actors and tools. Although the volume of loans is limited with respect to the Chinese GDP, China has become a key player in the creditor community, especially at a time when recipient countries face growing economic difficulties as well as liquidity and insolvency risks. Calls for restructuring have increased these last few years and Chine evaluates theses requests on a case by case basis according to loan terms, recipient country and project.
- Dette, développement et dépendance – Prévenir les risques liés à la dette souveraine dans les économies émergentes - Carl Magnus Magnusson p. 119-137 La dette souveraine des marchés émergents n'a cessé d'augmenter depuis plusieurs décennies. Leurs émissions annuelles ont plus que doublé depuis 2000, atteignant 2 500 Md$ à la fin de 2019. Cette hausse s'est par ailleurs intensifiée dans le sillage de la pandémie de Covid-19 face à laquelle les gouvernements des marchés émergents ont eu recours à de nouvelles émissions de dette et emprunté des montants considérables. Outre les emprunts sur le marché intérieur, au cours des six premiers mois de 2020, les gouvernements des marchés émergents ont emprunté un total de 124 Md$ en devises fortes. Certains ont qualifié ce phénomène de « pandémie de la dette ». De nouvelles hausses sont encore à prévoir, car les gouvernements s'efforcent de soutenir les entreprises qui luttent pour survivre face au choc prolongé de la demande provoqué par les mesures de distanciation sociale et de confinement mises en œuvre par les gouvernements, afin de tenter de limiter la propagation du virus ainsi que par l'« autoconfinement » que certains s'imposent afin de réduire leurs interactions sociales.Borrowing, both public and private, has increased significantly in emerging markets (EMs) in recent years. These developments have given new impetus to the debate about the potential detrimental effects of indebtedness in developing countries, which range from sluggish growth and financial instability to alleged political subversion. Yet, many emerging economies have grown at extraordinary rates in the past decades, sometimes on the back of debt-driven investment. What to make of these seemingly contradictory statements? Is debt for growth a viable strategy? The common theme of the wide-ranging possible drawbacks of indebtedness is dependence. Debt can increase a country's dependence on both monetary and other economic policies of other countries, as well as on political and regulatory developments in those countries, and sometimes even on the good faith of private creditors in other jurisdictions. This article discusses how this dependence can either be exacerbated or mitigated depending on the nature of the debt. Because of the costliness of financial crises, it focuses in particular on financial stability risks, offering some lessons from the LDC debt crisis and the East Asian crisis that can help provide an idea of how the current situation may develop if monetary policy in advanced economies begins returning to more “normal” conditions. A number of possible measures (besides domestic policy in emerging economies) to avoid the severity of future crises are also discussed.
- L'évolution des émissions de dette en devise et les nouveaux défis révélés par la pandémie de Covid-19 - Gong Cheng p. 139-158 Cet article analyse l'évolution des émissions d'obligations en devise dans les économies émergentes après la crise financière mondiale, s'intéressant notamment aux disparités régionales. De 2011 à 2019, les marchés émergents ont considérablement réduit leur dépendance des financements en devise et se sont tournés vers les emprunts en monnaie locale sur les marchés de dette aussi bien national qu'international. Si les emprunts libellés en monnaie locale éliminent les asymétries de change pour les emprunteurs, une dynamique défavorable entre les taux de change et les rendements des obligations libellées en monnaie locale pourrait accentuer le risque de taux pour les investisseurs étrangers, conduisant ainsi à une fuite de capitaux lors d'un choc externe, tel qu'une pandémie. Développer les marchés locaux de dette et nourrir une base d'investisseurs nationaux restent ainsi une solution de long terme à mettre en œuvre par les pays émergents.We present here the evolution of foreign currency bond issuance in emerging market economies after the global financial crisis, with an emphasis on regional disparities. Between 2011 and 2019, emerging market economies have significantly reduced their dependence on foreign currency financing and have turned to local currency borrowing in domestic and international debt markets. Although local currency-denominated debt eliminates currency mismatches for the borrowers, a negative feedback loop between exchange rates and yields of local currency bonds could impair the exposures of foreign investors and lead to massive capital reversal. Developing local currency debt markets with a strong domestic investor base could be a long term structural solution for emerging market economies to consider.
- Accès des pays africains aux marchés obligataires internationaux : avantages, risques et solutions - Gregory Smith p. 159-177 L'ampleur et la composition de la dette souveraine africaine ont rapidement évolué au cours des dix années qui ont suivi la crise financière mondiale. Plusieurs nouvelles possibilités d'emprunt se sont présentées, y compris sur les marchés mondiaux de la dette, où de nombreux pays africains ont émis des euro-obligations souveraines en monnaie forte. Cet accès accru à l'emprunt auprès de sources privées a permis de combler des déficits de financement et amélioré les possibilités de progression vers les Objectifs de développement durable des Nations unies. Toutefois, bien que l'émission d'euro-obligations ait eu de nombreux avantages, elle a aussi présenté des risques certains pour les émetteurs souverains. En 2020, les conséquences de la crise liée à la pandémie ont accentué la charge de la dette de la plupart des pays africains. La crise a également mis en évidence la nécessité de mesures urgentes visant à atténuer les risques associés à la dette, à préserver l'accès aux marchés et à garantir le maintien de la durabilité de la dette publique.The size and composition of Africa's sovereign debt has changed rapidly in the decade following the global financial crisis. Several new borrowing opportunities have emerged, including in global debt markets, where many African countries have issued hard-currency sovereign Eurobonds. This increased access to borrowing from private sources has filled financing gaps and improved opportunities for progress toward the UN's Sustainable Development Goals. However, while the issuance of Eurobonds has had many benefits, it has also presented clear risks for sovereign issuers. In 2020, the consequences of the pandemic crisis have increased the debt burden of most African countries. The crisis has also highlighted the need for urgent measures to mitigate debt risks, preserve market access and ensure the continued sustainability of public debt.
- Développer les marchés obligataires locaux dans les pays émergents et en développement : le rôle de la transparence de marché - Florian Lalanne, Jim Turnbull p. 179-192 Cet article étudie le rôle de la transparence de marché pour favoriser le développement des marchés obligataires locaux dans les pays émergents et en développement. La transparence de marché se définit par la disponibilité d'information concernant l'activité sur les marchés obligataires. Lorsqu'elles organisent la supervision des marchés, les autorités locales doivent mettre en place des règles appropriées pour la communication de l'information afin de contrôler l'activité des acteurs de marché. L'amélioration de la transparence de marché favorise également le mécanisme de formation des prix en permettant aux prix obligataires d'intégrer l'ensemble de l'information disponible. En raison de la structure particulière du marché obligataire par rapport au marché action, il n'est cependant pas évident que la transparence soit favorable dans tous les cas au développement du marché. À partir d'une analyse de la microstructure des marchés obligataires, nous explorons les mesures permettant d'améliorer la transparence de marché, et évaluons leurs avantages et limites pour aider au développement des marchés obligataires locaux dans les pays émergents et en développement.This article focuses on the role of market transparency in supporting the development of domestic bond markets in emerging and developing economies. Market transparency is defined as the availability of information regarding the activity on bond markets. When organising the supervision of markets, authorities need to set appropriate rules for the reporting and disclosure of information to be able to control the activity of market participants. Improving market transparency should also foster price discovery mechanisms, allowing bond prices to integrate all available information. Due to the very particular structure of the bond market compared to equity markets, it is nevertheless not always the case that transparency supports market development. Starting with an analysis of the microstructure of bond markets, we explore the measures helping to improve market transparency and assess their benefits and limitations to support domestic bond markets development in emerging and developing economies.
- Dette et développement : les enjeux soulevés par le Consensus de Dakar - Hippolyte d'Albis, Pierre Jacquet, Jean-Hervé Lorenzi, Akiko Suwa-Eisenmann p. 193-206 Le premier déplacement officiel en Afrique de la nouvelle directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a eu lieu à Dakar le 2 décembre 2019, pour participer à une conférence internationale organisée par la République du Sénégal et le Cercle des économistes, en partenariat avec le FMI, la Banque mondiale et l'Organisation des Nations unies. Intitulée « Développement durable et dette soutenable : trouver le juste équilibre », cette rencontre fut exceptionnelle du fait de la participation de six chefs d'État (représentant le Sénégal, le Togo, le Burkina Faso, le Niger, la Côte d'Ivoire et le Benin) et du Premier ministre du Mali qui ont entamé un dialogue ouvert et symétrique avec les dirigeants des organisations internationales et les nombreux experts et universitaires venus pour l'occasion. Fait peu courant, les voix africaines ont clairement dominé les débats, plaçant les autres participants dans une position d'écoute et de réaction aux analyses et suggestions qui leur étaient faites.The first official trip to Africa of the new Managing Director of the IMF, Kristalina Georgieva, took place in Dakar on December 2, 2019, to participate in an international conference organized by the Republic of Senegal and the Cercle des économistes, in partnership with the IMF, the World Bank and the United Nations. Entitled “Sustainable Development and Sustainable Debt: Striking the Right Balance”, this meeting was exceptional with the participation of six Heads of State (representing Senegal, Togo, Burkina Faso, Niger, Côte d'Ivoire and Benin) and the Prime Minister of Mali who engaged in an open and symmetrical dialogue with the leaders of international organizations and the many experts and academics who attended.
- La crise de la dette argentine et ses racines - Juan Carluccio, Rafael Cezar p. 209-224 L'arrivée au pouvoir en Argentine de Mauricio Macri à la fin de 2015 a suscité des fortes attentes de la communauté internationale. Son programme comptait de vastes réformes structurelles visant à dynamiser l'économie par la réduction de l'intervention de l'État et par la réouverture du pays. Néanmoins, trois ans plus tard, le pays s'est confronté à une crise de confiance et dans l'incapacité de financer ses déficits jumeaux (publics et courants), et donc contraint de négocier le plus grand programme de l'histoire du FMI. L'année suivante, le parti péroniste est revenu au pouvoir au milieu d'une profonde récession économique. Le pays a dû restructurer sa dette externe, qui avait fortement augmenté pendant les quatre années Macri. Cet article analyse l'économie argentine pendant cette période et essaie de dégager les raisons qui ont amené à l'échec du programme économique du gouvernement, en la mettant en perspective vis-à-vis de l'histoire récente. Comme dans le passé, les racines de la crise résidaient dans la montée progressive des déséquilibres macroéconomiques, notamment marqués par le déficit budgétaire et du compte courant. L'échec du régime de cible d'inflation qui était au cœur du programme témoigne de la nécessité de mener à bien une réforme institutionnelle et de promouvoir l'indépendance de la banque centrale.In Argentina of Mauricio Macri arrival at the end of 2015 raised high expectations from the international community. His program included wide-ranging structural reforms aimed at boosting the economy by reducing state intervention and reopening the country. Nevertheless, three years later the country faced a crisis of confidence and the inability to finance its twin deficits (public and current account), and was therefore forced to negotiate the largest program in the IMF's history. The following year, the Peronist party returned to power in the midst of a deep economic recession. The country had to restructure its external debt, which had risen sharply during the four Macri years. This article analyzes the Argentina economy during this period and tries to identify the reasons that led to the failure of the government's economic program, putting it in perspective with recent history. As in the past, the roots of the crisis lay in the gradual rise of macroeconomic imbalances, particularly marked by the fiscal and current account deficits. The failure of the inflation-targeting regime that was at the heart of the program reflects the need to carry out institutional reform and promote central bank independence.
- Quel bilan tirer des initiatives d'annulation de la dette des pays pauvres très endettés ? - Marin Ferry p. 225-240 Le moratoire d'avril 2020 sur le service de la dette des États pauvre a entraîné une certaine résurgence des débats autour des initiatives d'annulations de dette des pays pauvres. Cependant, et en dépit d'une multiplication d'études sur le sujet, leurs effets sur le développement des pays bénéficiaires restent encore relativement flous par faute d'exposition, mais aussi et surtout par manque de consensus. Cet article vise à décrire le fonctionnement de ces initiatives, leurs objectifs et à dresser un bilan de leurs impacts, vingt ans après leur application. Si les effets sur la croissance restent pour l'heure mitigés, la littérature a mis en lumière un certain nombre d'effets positifs de ces programmes d'allégement de dette sur les finances publiques des États récipiendaires et sur certains indicateurs de développement humain. Le tableau est donc plutôt encourageant, mais dissimule quelques imperfections qu'il sera nécessaire de corriger, en cas de nouvelles annulations de dette..The moratorium of April 2020 on debt service for poor countries (the Debt Service Standstill Initiative) has led to a certain resurgence of debates on debt relief initiatives for poor countries. However, and despite a multiplication of studies on the subject, their effects on the development of beneficiary countries are still relatively unclear, because of a lack of exposure but also and above all due to a lack of consensus. This article aims to describe the functioning of these initiatives, their objectives, and draws up an assessment of their impacts, twenty years after their implementation. While the effects on growth remain mixed for the time being, the literature has highlighted some positive effects of these debt relief programs on the public finances of recipient states and on certain human development indicators. The picture is therefore rather encouraging, but conceals some imperfections that will need to be corrected in the event of further debt cancellation.
- La restructuration des dettes souveraines : savoir naviguer en des eaux agitées - Pierre Cailleteau, Thomas Lambert p. 241-254 Avec la pandémie de Covid-19, les dettes publiques vont atteindre des niveaux sans précédent dans le monde, et de nombreux pays éprouvent déjà des difficultés à faire face à leurs échéances. L'avenir de nos sociétés dépendra de la capacité des gouvernements à supporter de tels niveaux d'endettement ou, le cas échéant, à penser les stratégies appropriées pour les réduire. Les États sont en réalité inégaux devant de la dette, certains d'entre eux pouvant parfaitement supporter une dette pesant près de deux fois le PIB lorsque d'autres sont acculés au défaut avec des ratios d'endettement nettement moindres. L'action des banques centrales joue un très grand rôle pour expliquer ce phénomène. Pour mesurer les risques de crise de la dette, d'autres indicateurs sont donc plus pertinents qu'une simple mesure du stock rapporté au PIB. La capacité à refinancer la dette et le poids de la charge d'intérêt dans le budget sont des indicateurs clés. Lorsqu'une restructuration de la dette devient inéluctable, les pays en développement sont confrontés à un paysage nouveau dans lequel les acteurs traditionnels – comme le Club de Paris – ne jouent plus le premier rôle. Il convient donc de réfléchir à des initiatives permettant de recréer un cadre international efficace favorisant des processus de restructuration ordonnés.With the Covid-19 pandemic, public debts will reach unprecedented levels around the world, and many countries are already struggling to meet their obligations. The future of our societies will depend on the ability of governments to support such levels of debt, or, if need be, to devise appropriate strategies to reduce them. Governments are unequal in terms of debt, with some of them perfectly able to support a debt weighing almost twice the GDP when others are forced into default with significantly lower debt ratios. The actions of central banks play a very large role in explaining this phenomenon. To measure the risks of a debt crisis, other indicators are therefore more relevant than a simple measure of the stock compared to GDP. The ability to refinance debt and the weight of the interest burden on the budget are key indicators. When debt restructuring becomes inevitable, developing countries face a new landscape in which traditional players - like the Club de Paris - no longer play the leading role. It is therefore necessary to reflect on initiatives to recreate an effective international framework promoting orderly restructuring processes.
- L'action du Club de Paris et du G20 en matière de traitement de dette à l'heure de la Covid-19 - Schwan Badirou Gafari, Arthur Bauer p. 255-270 La crise de liquidité liée à la pandémie de Covid-19 pourrait se transformer en crise de solvabilité, conduisant plusieurs pays à devoir restructurer leur dette publique. Nous indiquons ici que l'évolution du paysage de la dette publique des pays à faible revenu caractérisée par l'émergence de nouveaux créanciers (officiels non membres du Club de Paris ou privés) et la diversification des outils de financement renforcent le besoin de coordination. Ensuite nous rappelons le rôle du Club de Paris comme principal forum international de restructuration des dettes officielles bilatérales et ses principes de fonctionnement. Enfin, nous présentons la réponse conjointe du Club de Paris et du G20. D'une part, en réponse à la crise de liquidité, l'initiative de suspension du service de la dette représente un exemple de coordination efficace entre le Club de Paris et les créanciers émergents. D'autre part, le cadre commun adopté le 13 novembre 2020, inspiré des principes du Club de Paris, devrait permettre une coordination entre les principaux créanciers officiels bilatéraux pour les futures restructurations lorsqu'un pays fait face à une dette insoutenable.The liquidity crisis related to the Covid-19 pandemic could turn into a solvency crisis, requiring some countries to restructure their public debt. We indicate here that the change in the public debt landscape in low-income countries characterized by, on the one hand, the emergence of new (official non-Club de Paris or private) creditors and, on the other hand, the diversification of financing instruments, has strengthened the need for coordination. Then we recall the role of the Club de Paris as the principal international forum for restructuring official bilateral debt and its main principles. Finally, we present the joint action of the G20 and the Club de Paris. First, in response to the liquidity crisis, the debt suspension initiative (DSSI) represents an example of an effective coordination between Club de Paris creditors and other G20 creditors. Second, the Common Framework adopted on November 13, 2020, inspired by Club de Paris principles, should allow for coordination among the main official bilateral creditors for future restructuring when debt is unsustainable.
- Dette des pays émergents et en développement : panorama des années 1970 à la crise actuelle - Camille Fabre, Clément Marsilli p. 23-44
Chronique d'histoire financière
Articles divers
- Comment éviter le piège de la dette après la pandémie ? - Olivier Klein p. 281-292 Il y a de fausses pistes et d'autres à considérer ; aucune solution n'étant évidente ni facile. Parmi les fausses pistes défendues par certains économistes figure l'idée de la soutenabilité durable de la dette, quel que soit son montant. Mais aussi celle de son annulation. Deux solutions antinomiques. L'augmentation des impôts comme la mise en place d'un emprunt obligatoire sont deux autres fausses voies qui seraient notamment défavorables à l'offre comme à la demande. Quant aux pistes envisageables pour sortir par le haut du piège de la dette, et s'agissant d'abord de la dette privée, des mesures favorisant l'augmentation des capitaux propres des entreprises sont nécessaires. Pour la dette publique, les banques centrales doivent pouvoir assurer sur un temps suffisamment long le refinancement « roulant » de la dette Covid. Enfin et surtout, tout en maintenant les politiques de soutien de la demande jusqu'au retour d'une croissance normale, il faut augmenter le potentiel de croissance, en menant des politiques structurelles. La plus forte croissance nominale conduira à réduire peu à peu le taux d'endettement public, tant par le numérateur et le dénominateur.There are false leads, and others to consider, but no obvious or easy solution.
Among the false leads defended by certain economists is the idea that the debt is sustainable, no matter the amount, for a very extended period of time. Or, by some others, cancelling it. Two opposite solutions. Tax increases as well as a mandatory government bond issue are also two non-solutions that would have adverse effects notably on both supply and demand.
Regarding the possible paths for exiting the debt trap through equity, firstly with respect to private debt, measures favouring capital increases by companies are necessary.
For the public debt, the central banks will have to be able to continue to roll over the Covid debt for a sufficiently long period.
Last but not least, while maintaining policies to support demand until the return of normalised growth, the growth potential must be increased, through the implementation of structural policies, starting with the pension and unemployment reforms. Stronger nominal growth will gradually lead to a reduction in the government debt ratio, through both its numerator and denominator. - La réforme du 100 % réserves : calamité ou opportunité ? - Christian Pfister p. 293-316 Cet article se penche sur les différents plans de 100 % réserves apparus depuis l'entre-deux-guerres et par la suite adaptés. Dans toutes les formulations de ces dispositifs, des éléments de passif émis par les autorités publiques (monnaie fiduciaire, réserves de banque centrale ou bons du Trésor à court terme) viennent en adossement des dépôts à vue dans les banques ou au moins d'une partie d'entre eux. L'article présente brièvement les six différentes catégories de plans. Il met en lumière leurs points communs ainsi que leurs différences et montre que les deuxièmes sont plus nombreuses que les premiers. Les critiques adressées aux diverses formulations du 100 % réserves sont exposées. L'article montre que la réforme du 100 % réserves gagne en actualité, des initiatives récentes de la part du secteur privé, des banques centrales ou d'acteurs politiques pouvant lui être rattachées. Dans l'ensemble, le 100 % réserves ne ressort pas comme une opportunité significative pour améliorer le fonctionnement des systèmes bancaires. En outre, au moins l'une de ses variantes pourrait facilement se transformer en calamité. Heureusement, ce n'est pas celle qui est la plus actuelle.This article considers the various 100 % Reserve plans that have appeared since the interwar period and have been adapted in the following period. In all formulations of those schemes, Government liabilities (cash, central bank reserves and short-term Treasuries) back banks' sight deposits. The article briefly presents the six categories of plans. It highlights their common features as well as their differences, showing that the differences are more numerous than the common features. The criticisms voiced against the different formulations of 100 % Reserves are exposed. In spite of these criticisms, the article shown that the 100 % Reserve reform is becoming topical, with recent private sector, central banks and political initiatives that relate to it. Overall, the 100 % Reserve reform does not appear as a meaningful opportunity to improve the functioning of banking systems. Furthermore, at least, one of its variants could easily turn into a calamity. Fortunately, it is not that variant that is getting more topical.
- Comment éviter le piège de la dette après la pandémie ? - Olivier Klein p. 281-292