Contenu du sommaire : Une société de progrès ?
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Numéro | no 273, mars-avril 2022 |
Titre du numéro | Une société de progrès ? |
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- Éditorial - Jean Godfroid p. 3
- La notion de progrès à travers l'histoire - Laurent-David Samama p. 10-12 Longtemps comprise comme une promesse d'avenir radieux, l'idée de progrès s'est affaiblie au tournant des années 2000 jusqu'à ce que ses contempteurs s'en méfient au point de la combattre. L'affaire n'est pourtant pas nouvelle… Tout au long de l'histoire, le camp de la réaction s'est opposé à la nouveauté créative, aux retournements de situations, aux changements de paradigmes faisant advenir une réalité nouvelle. Ainsi traversée par ce combat féroce entre progressistes et réactionnaires, l'histoire de l'humanité peut être analysée comme une féroce mais néanmoins féconde bataille entre croyants d'un avenir articulé autour de la science et de la raison et adeptes conservateurs si ce n'est réactionnaires du retour au stade antérieur…
- L'éternelle désillusion face au progrès - François Jarrige p. 13-15 L'idée de progrès, qui paraît si évidente et naturelle, est une construction intellectuelle récente, une certaine façon d'agencer le passé, le présent et l'avenir, au bénéfice de ce dernier. C'est aussi un imaginaire puissant qui n'a cessé d'accompagner l'expansion de l'Occident et l'affirmation de sa puissance. Pourtant, cette notion devenue croyance n'a cessé aussi de faire débat, d'être discutée et remise en cause, ses ambivalences et son flou ont très tôt été pointés. L'enjeu de ce court texte est de restituer l'essor de cet imaginaire du progrès qui s'enracine dans le XIXe siècle industriel au prisme de ses désillusions, pour suggérer aussi qu'il s'agit d'une arme idéologique bien plus qu'un concept heuristique susceptible de nous aider à penser le monde et à nous orienter.
- Un avenir pour l'idée de progrès - Gilles Cazanave, Robert Korb p. 16-19 Venue en Occident par l'histoire de la philosophie, l'idée de progrès bégaierait-elle, que la réalité des transformations de l'histoire s'imposerait, sociétales comme technique et scientifique. Il est plusieurs acceptions du futur désirable, il n'est qu'un sens au progrès, celui de la personne humaine. La société de progrès est celle du vivre mieux, de l'envie de vivre, qui se révèle devoir être une société des droits de l'homme et de la démocratie ; c'est une société tirée de celle de la connaissance, soit de l'éducation et de la culture, de la formation et de la recherche.Mieux appréhender des acceptions raisonnables du progrès. Cela est su de longue date, le développement durable ne se résume pas à la croissance de la production des biens et services. Le développement durable a été l'objet dès les années 1990 à l'ONU de l'indice du développement humain, et plus récemment à l'OCDE d'un ensemble de 80 ratios et d'enquêtes, ce qui est beaucoup. Une meilleure combinaison de ces outils, dont ceux français, sera opportune, comme leur présentation au Parlement. « L'état annuel de la France » doit, comme en Allemagne, être éclairé par son progrès.Un meilleur emploi de la notion de progrès. Question de méthode, pour que la démarche de progrès soit d'un cout marginal très faible, et aisément fléchable. Une articulation est à concevoir entre les évaluations de politiques publiques et celles du progrès. Le rôle cadre des collectivités locales, incubateurs territoriaux ; la place des entreprises nationales, notamment industrielles, vecteurs du progrès technique et social : les intervenants publics méritent chacun attention, parmi lesquels les grands opérateurs de l'État. Une approche par le progrès (mesurable chez le bénéficiaire de la politique publique) peut décider des contrats d'objectif et de performance conclus avec eux. Il est les situations plus nombreuses, sans lien avec un service public, où la quête d'un progrès technique, par l'ingénieur, par le dirigeant s'il lui est distinct, se lira en comptabilité, avec l'accroissement du résultat, sa distribution aux actionnaires, peut-être l'abaissement du prix de vente, voire l'augmentation des salaires. Les bénéfices du progrès. Une antienne connue, mais qui ici vivra mieux ? un choix à opérer. L'idée de progrès est neutre.
- La modernité des Lumières aujourd'hui - Bernard Zahra p. 20-24 Loin d'être un bloc doctrinal homogène, les Lumières reflètent des idées très différentes et les philosophes ont fait face à la censure de façon très variée. Cependant, un patrimoine est commun : l'optimisme éducatif, la recherche du public malgré les manipulations de l'opinion, une ambition humaniste universelle. L'influence internationale des Lumières ne peut se réduire à l'européocentrisme tant la diffusion de valeurs communes s'est inscrite dans des médaillons frappés à l'effigie de peuples et de civilisations très différentes les unes des autres.
- Le recul de l'Occident - Michel Duclos p. 25-27 L'Occident a perdu du terrain du fait de la montée en puissance de compétiteurs et d'erreurs qui l'ont affaibli ; mais il serait erroné de voir là les prémisses d'un véritable déclin.
- Modernité européenne - Jean-Dominique Giuliani p. 28-30 Certains ont pu être surpris de la très vive réaction de l'Union européenne à l'agression russe de l'Ukraine.Voir la guerre revenir sur le continent européen est quelque chose d'inimaginable, tant pour les citoyens que pour leurs gouvernements. Mais l'Europe n'est pas seule. 141 membres de l'ONU ont aussi condamné cette guerre injustifiée. Les mondes de la culture et des sports, après ceux de l'économie et de la finance, se sont spontanément joints aux sanctions spectaculaires qui ont été décidées contre le régime de Poutine qui risque fort de se retrouver très vite dans la situation de la Corée du Nord. Si les Européens sont apparus en tête de ces réactions, c'est qu'ils ont construit entre eux un ensemble inédit sur la planète, qui leur a permis de revenir dans l'histoire après une première moitié de XXe siècle fratricide, et leur a apporté une prospérité impensable qui leur permet d'être un modèle de liberté et de démocratie.
- Commerce international et économie mondiale - Jean-Marc Daniel p. 31-33 En matière de commerce international, il y a un décalage entre les économistes, favorables dans leur immense majorité au libre-échange, car il augmente le pouvoir d'achat et la productivité, et les hommes politiques, qui se gargarisent d'expressions comme « patriotisme économique » pour justifier un protectionnisme plus ou moins honteux se voulant un moyen de défendre l'emploi et de lutter contre le chômage. L'expérience historique, y compris récente, a confirmé le point de vue des économistes.
- 75 ans de croissance économique et de transformations sociales - Jean-Luc Tavernier, Lionel Janin p. 34-37 Une production par habitant multipliée par 5 depuis 1949, un salaire net moyen multiplié par près de 4 depuis 1951, près de 15 ans d'espérance de vie en plus, des femmes entrées massivement sur le marché du travail, une fin de scolarité passée de 14 ans et demi à 20 ans, des toilettes et salle de bain dans les logements : la France a changé en 75 ans. Mais les enjeux d'inégalité, d'éducation, d'environnement, de soutenabilité restent bien présents.S'intéresser aux évolutions sur longue période permet de prendre du recul par rapport aux fluctuations contemporaines. Regarder le chemin parcouru depuis l'après-guerre, c'est aussi s'inscrire dans l'horizon de temps de l'Insee, créé en 1946. Depuis 75 ans, l'Institut produit des informations sur l'économie et la société françaises, en diffusant des indicateurs permettant les comparaisons dans l'espace et le temps. Petit retour sur quelques évolutions marquantes au travers d'indicateurs phares de la statistique publique.
- La refondation du modèle social français exige du sens et une vision d'avenir pour notre société ! - Frédéric Bizard p. 38-40 Aucune réforme systémique n'est à ce jour au programme des Présidentielles 2022, contrairement à 2017 et du débat sur les retraites. La crise sanitaire a pourtant mis en lumière les lacunes de notre système de santé et dégradé les comptes publics à un niveau qui va rendre rapidement insoutenable des déficits publics sociaux élevés. La refondation de la santé et des retraites devient ainsi une priorité politique. La réussite de cette refondation passe par la conception d'un projet politique assis sur des principes largement partagés par la population.
- Islamisme et terrorisme islamiste : deux modalités d'un même projet politique - Thibault de Montbrial p. 41-43 Islamisme et jihadisme sont les deux faces d'un même projet politique qui vise à soumettre nos démocraties libérales à la charia. Le premier propose d'y parvenir par un activisme non violent, qui retourne les principes de la démocratie contre elle-même. Le second poursuit le même objectif par l'action violente. Les accommodements avec le premier ouvrent la voie au second. La menace islamiste est autant idéologique que terroriste.
- Oui, c'était mieux avant ! Les vertus de la nostalgie et du malheur français - Bérénice Levet p. 44-50 Bon nombre de Français sont portés à soupirer après le monde d'hier. « C'était mieux avant ! », entend-on volontiers s'élever dans les conversations ordinaires des gens ordinaires et aussi de quelques intellectuels. Il est de bon ton au mieux de railler, au pis d'accabler et d'accuser ces âmes éplorées. Longtemps moi-même, je le confesse, je me montrais extrêmement réservée à l'endroit de cette rumination. Cependant, pareille unanimité contre la nostalgie me laissait soupçonner un conformisme contraire à la pensée. L'intuition me gagnait que la nostalgie française n'était pas sans renfermer quelques vérités qui demandaient à être précisées, approfondies. Qu'il fallait être très peu philosophe, ou alors dans la plus morne acception du terme, pour passer ainsi par pertes et profits les exigences humaines, toutes humaines, dont le « c'était mieux avant » semblait bien être l'expression. Et c'est précisément ce que je me propose de percer. Enquête donc du côté du « c'était mieux avant » et de ce qu'il recouvre.Il en ressort que ce n'est pas au changement en soi que les Français sont réfractaires mais à un changement qui dégrade leur vie et leur être. « Vieux peuple, chargé de tant d'expérience [sic] », disait Georges Bernanos, les Français apprécient, jugent et souvent refusent. Le « c'était mieux avant ! » est bien l'expression, et la noble expression, de la résistance d'un peuple chargé de mémoire et d'expériences éprouvées, c'est-à-dire qui avaient fait leur preuve. Il s'agira ainsi et pour refermer cet article de faire valoir les vertus de résistance de la nostalgie, les vertus du « malheur français ».
- Le climat et le pessimisme - Christian Gerondeau p. 51-53 Spécialiste du dossier de l'environnement, Christian Gerondeau montre que la vision uniformément négative de l'évolution de la planète et de l'humanité qui nous est constamment ressassée ne correspond pas à la réalité et qu'en tout état de cause il nous est impossible d'agir sur la présence du CO2 dans l'atmosphère et donc sur le climat si celui-ci en dépend.Il s'interroge sur les raisons pour lesquelles notre société adhère à une doxa infondée et en déduit que ce sont les modalités de formation de nos élites qui sont en cause.
- Combattre les déraisons modernes - Perrine Simon-Nahum p. 54-56 Les « déraisons modernes », qu'il s'agisse des pensées effondristes ou des théories différentialistes, en critiquant la notion de progrès nous ont aujourd'hui exclus de l'histoire. Il s'agit de s'y opposer pour reprendre pied dans nos existences en refondant une philosophie de la relation.
- La santé démographique de la France : en progrès ou en recul ? - Gérard-François Dumont p. 57-59 L'évolution de la population de la France n'a jamais été un phénomène linéaire compte tenu de la multiplicité des facteurs géopolitiques, politiques, économiques, comportementaux qui s'exercent. En démographie, il convient de prendre en compte la longue durée entre les générations de parents et d'enfants et du renouvellement des populations. Aussi un rappel historique est d'abord nécessaire pour répondre à la question de savoir où en est la santé démographique de la France.
- La peur – fin des Lumières ? - Chantal Delsol p. 60-62 Notre époque – la post-modernité, est marquée par un sentiment de régression et par une peur latente. Notre vision du temps cesse d'être celle du temps fléché pour redevenir celle du temps cyclique – ce qui nous promet des apocalypses. Et pourtant, l'idée du Progrès est toujours vivace à travers le post-humanisme et la mondialisation.
- Le wokisme ou le progressisme devenu fou - Pierre-Henri Tavoillot p. 63-66 Le wokisme est un objet idéologique encore mal identifié. Pour ses partisans, il est une pure invention des réactionnaires. Pour ses adversaires, il est une théorie fumeuse, mais de plus en plus prégnante, notamment à l'Université. Il s'agit en fait d'un cortège de théories sur l'identité, le genre ou la race, dont le principe est de dévoiler et de dénoncer les dominations masquées. Car tout est domination ! Tout, sans exception, se réduit à un rapport entre oppresseur et opprimé, coupable et victime. Ne pas le voir, c'est être endormi (et donc complice) ; en prendre conscience, c'est être éveillé (woke) ; et être éveillé ne peut que conduire à exiger la suppression (cancel) de tout ce qui favorise cette oppression : le passé (qui doit être expurgé), la langue (qui doit être inclusive), l'éducation (qui doit être reprogrammée), les relations femme/homme (qui doivent être déconstruites)… On le voit : le wokisme est une théorie qui très vite passe à la pratique.
- Le progrès, source d'une paradoxale crise de l'abondance - François-Xavier Oliveau p. 67-69 Nous n'avons jamais aussi bien vécu. Le progrès technique a rendu accessible de nombreux biens et services, en faisant baisser leur prix depuis deux siècles. Pourtant, nous traversons des crises nombreuses et d'ampleur, dont bien sûr la crise environnementale. Paradoxalement, ces crises sont des conséquences directes de l'abondance que le progrès technologique a su créer. Leur solution passe avant tout par le progrès, mais aussi par l'invention de nouveaux outils de gouvernance, enfin par une mutation profonde de nos esprits encore habitués à gérer une rareté en voie de disparition.
- Notre civilisation est-elle épuisée ? - Olivier Babeau p. 70-72 Soutenir que nous connaissons une forme de déclin vous range dans le camp des pessimistes et de ce que les jeunes appellent avec mépris sur les réseaux sociaux des « boomers ». Il est exact que toute évolution est trop souvent assimilée à une dégradation et il ne faut hasarder ce diagnostic qu'avec précaution. Cependant il existe des signes objectifs de ces valeurs perdues qui n'ont plus désormais droit de cité et que nous pouvons à bon droit regretter. La fin de la figure du héros et la perte du sens du beau en font partie. Ils témoignent d'une forme d'épuisement civilisationnel.
- Principe de précaution et refus du risque - Jean-Pierre Musso p. 73-74 L'inscription du principe de précaution dans la Constitution change profondément les conditions de responsabilité pénale des gouvernants, qui, compte tenu du caractère technique et novateur des domaines dans lesquels l'État intervient, ne peuvent plus savoir qu'après coup si leurs décisions sont répréhensibles. Il en résulte de leur part hésitations et frilosité.
- La fabrication des collectifs islamistes dans les quartiers - Bernard Rougier p. 75-77 Les réseaux islamistes en France se sont disputés depuis la fin des années 1980 la domination d'une population d'origine immigrée et d'ascendance musulmane, en cherchant par une surenchère religieuse à les regrouper sous la seule autorité du référent religieux. Des collectifs islamistes se sont ainsi constitués, au risque de favoriser des attitudes et des comportements de rupture par rapport aux valeurs constitutives du pacte républicain.
- Le progrès, sous certaines formes et à certaines conditions, reste une référence pour notre avenir - Pierre-André Durand p. 78-80 Le progrès, notion à première vue désuète dans un monde devenu étriqué, constitue pourtant un vecteur de modernité nécessaire à la cohésion de nos sociétés. L'idée d'une direction commune doit permettre de cimenter le contrat social d'une société qui s'érode. Deux conditions sont préalables à cette renaissance du progrès : tout d'abord, renouer avec le fait scientifique, en tant que bagage culturel mais également en démontrant à la nation notre capacité commune à proposer des avancées techniques tangibles et significatives. Il s'agit ensuite de redéfinir la notion de progrès qui doit s'emparer du champ environnemental, la connaissance de la nature devenant alors un préalable à sa préservation.
- De nouvelles stratégies de recherche et d'enseignement supérieur : l'heure des changements a-t-elle enfin sonné ? - Alain Abécassis p. 81-87 Pour s'inscrire durablement dans le paysage, les structures et les outils liés aux politiques nouvelles de recherche et d'enseignement supérieur ont besoin que leur cohérence, leurs complémentarités, leurs synergies comme leur diversité montrent clairement que sont désormais surmontés la complexité, l'enchevêtrement et les cloisonnements qui ont trop longtemps caractérisé l'organisation de la recherche et de l'enseignement supérieur en France.De nombreux signaux, plusieurs initiatives dessinent, appréhendés ensemble, une transformation en profondeur de la recherche et de l'enseignement supérieur qui place les universités, la science, l'intégrité scientifique, l'éthique du chercheur, le doctorat, au cœur de l'organisation du dispositif français de recherche et d'enseignement supérieur et de la définition de ses stratégies. C'est sans doute une des dimensions de la mondialisation dont le monde académique a pris conscience plus tôt que les décideurs économiques, administratifs et politiques.Cette nouvelle politique de recherche et d'enseignement supérieur est accompagnée par la création d'outils et de structures dont la multiplicité, la diversité, l'articulation et la simultanéité, plus encore que leur consécration institutionnelle hésitante et sporadique, sont sans doute le signe qu'il ne s'agit plus seulement de la création de structures en imitation artificielle de modèles d'autres pays, mais d'une appropriation de ces outils pour les adapter et les intégrer à un système français en profonde transformation.
- Croître dans un monde écologiquement contraint - Vincent Le Biez p. 88-90 Alors que les thèses décroissantes ne cessent de gagner du terrain, au risque de démobiliser nos sociétés et de démoraliser la jeunesse, il est crucial de rediscuter de certains fondements économiques, scientifiques mais aussi philosophiques, qui se cachent derrière cette notion de croissance du produit intérieur brut. Comme les organismes vivants, les sociétés humaines sont des systèmes complexes qui ne cessent d'explorer les possibles sous un certain jeu de contraintes. Cela conduit à des évolutions contingentes qu'il serait présomptueux de chercher à prévoir. La croissance comme la décroissance ne sont en réalité jamais sûres, et notre destin réside encore, pour une large part, dans nos mains, collectivement.
- L'humanité n'est pas responsable du réchauffement climatique - Pascal Mainsant p. 91-95 Le GIEC a pris en main en 1988 la science du réchauffement climatique avec son hypothèse des gaz à effet de serre qui réchauffent l'atmosphère et auront à un horizon rapproché des conséquences dramatiques pour l'avenir de l'humanité.Depuis longtemps des scientifiques, qui ne sont pas des « complotistes », et auxquels le lobby écologiste se refuse de donner la parole, le contestent, car rien ne démontre que le CO2 produit par l'activité humaine, qui d'ailleurs ne s'accumule pas dans l'atmosphère, est à l'origine du réchauffement climatique. Ce qui est certain, en revanche, c'est que le réchauffement de l'atmosphère, qui provient naturellement du soleil, est assurément producteur de CO2, un gaz qui n'est pas un polluant mais un cadeau du ciel ! La « transition énergétique » mondiale apparait dans ces conditions comme un gaspillage monstrueux de 100 000 milliards de $, inspiré d'une idéologie qui s'affranchit de toute rigueur scientifique, en particulier des lois de la physique élémentaire.
- Les vaccins ARN messagers : une révolution technologique, source d'espoirs pour la médecine de demain - Chantal Pichon p. 96-99 Grace au succès des vaccins à ARN messager (ARNm) contre la Covid-19, les biomédicaments et la Nanomédecine ont acquis un réel gain d'intérêt aussi bien au sein de la communauté des chercheurs qu'auprès du grand public et des investisseurs. Cette réussite est le fruit d'une vingtaine d'années de travail acharné d'une communauté de chercheurs issus de plusieurs disciplines qui ont travaillé de concert pour mettre au point la technologie. Cela ne fait aucun doute, nous sommes à l'aube d'une nouvelle ère révolutionnaire de la médecine car l'ARNm nous offre la possibilité de faire des vaccins contre les infections mortelles et de mettre au point à la fois une thérapie personnalisée et des stratégies plus universelles pour diverses maladies.
- Le retour de l'obscurantisme : quand l'esprit scientifique est menacé - Vincent Tournier p. 100-102 Notre époque semble se caractériser par un affaiblissement de l'esprit scientifique. Cet affaiblissement s'explique par le contexte général de l'Europe depuis 1945. Il se fait particulièrement sentir dans le domaine de l'éducation et à l'université, où se diffusent des théories préscientifiques visant à conforter des idéologies politiques.
- L'École : une institution de progrès - Bruno Bénazech p. 103-106 L'École se transforme régulièrement sous l'effet d'influences internes et externes en conservant en perspective la notion de progrès, progrès des élèves, progrès des personnels, progrès des outils et des procédures, même si ces évolutions demeurent parfois peu visibles pour les usagers et les citoyens.
- Le potentiel de la fission nucléaire troisième et quatrième générations - Myrto Tripathi p. 107-110 Renoncer aux énergies fossiles est un impératif. L'électricité, indispensable au bien-être humain, s'obtient de sources d'énergie qui toutes présentent des inconvénients, les décarbonées (solaire, hydraulique, éolien et nucléaire) comme les carbonées (fossiles et biomasse). Le risque énergétique maîtrisé de l'après-carbone pèse peu à côté de l'urgence climatique. Le capital nucléaire de la France, et son potentiel à venir, est un atout majeur.
- La science, plus indispensable que jamais - Paul Hermelin p. 111-113 Science et technologie font aujourd'hui l'objet d'une suspicion devenue presque systématique. Cela signifie-t-il pour autant que nous ayons à envisager un monde a-scientifique ou a-technologique ? Quelques voix s'élèvent en ce sens. Elles plaident tantôt pour organiser la vie des hommes autour de diverses formes de spiritualité, tantôt pour retrouver une harmonie supposément perdue avec la nature. Il y a sans doute quelque raison de pousser le balancier dans ce sens mais l'urgence des défis auxquels l'humanité fait face nous oblige à regarder du côté des moyens de la technologie : les déséquilibres de notre environnement mettent en jeu la survie de beaucoup d'espèces dont la nôtre ; la misère, la faim et l'insécurité sanitaire sont toujours le lot d'une part importante de la population mondiale ; l'extrême pauvreté se réduit mais des milliards d'hommes aspirent à une amélioration de leur niveau de vie ; la montée des risques, parmi lesquels celui des pandémies, appelle des actions énergiques et comme on l'a vu, coordonnées sur une base planétaire. Pour les relever, les hommes ont-ils d'autre choix que de recourir aux moyens techniques qui ont depuis deux siècles été à l'origine du bouleversement de la condition humaine ? La quête mondialisée et frénétique d'un vaccin pour nous débarrasser du virus de la Covid-19 n'en est-elle pas la démonstration ?
- Le discernement et la modération comme marques du progrès en 2100 ? - Jean-Éric Aubert p. 114-116 Personne n'avait vu venir la pandémie de Covid-19. Cela ne veut pas dire que le risque d'un virus mortel attaquant la planète n'avait pas été identifié par les prospectivistes. Telle est la difficulté de cette fonction : prévoir l'avenir, mais sans pouvoir dater exactement les évènements que l'on anticipe. Que sera devenue la notion de progrès en 2100 ? La planète se sera-t-elle effondrée ou se sera-t-elle livrée aux transhumanistes ? Probablement ni l'un ni l'autre, mais on peut prédire sans grand risque de se tromper que le discernement et la modération devront faire partie du paysage pour affronter les changements climatiques et sociétaux qui s'annoncent.