Contenu du sommaire : Le temps
Revue | Inflexions |
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Numéro | no 54, 2023/3 |
Titre du numéro | Le temps |
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- Éditorial - Maxime Yvelin p. 7-10
Dossier
- Le présent de l'écriture - Pierre-Yves Lebert p. 13-14 Ne dites jamais à un auteur qu'il a le temps. Il va le prendre. Ne dites jamais à un auteur que c'est urgent. Là, il va se braquer, monter sur ses grands chevaux de liberté. Lui seul sait qu'il y a mille manières de dire et qu'une seule correspond à la réalité exacte du besoin qu'il ressent à ce moment-là et qu'il tient à exprimer au plus juste. Le temps, il le hume, il le sent…Never tell a writer they have time. They'll take it. Never tell them things are urgent either. They'll take a stand and hoist themselves up onto the high horse of freedom. Only they know that there are a thousand ways of saying things, but that only one of them reflects the exact reality of the need they feel in a given moment, one that they wish to express as precisely as possible. They can smell and even feel time…
- Le futur existe-t-il déjà un peu dans l'avenir ? - Étienne Klein p. 15-19 Lorsque nous lisons les journaux, les pages Web, ou que nous regardons la télévision, nous constatons qu'on ne nous parle que du présent, comme si l'urgence avait partout répudié l'avenir comme promesse. Déconnecté de ce présent limité à lui-même, le monde de demain est ainsi laissé en jachère intellectuelle et en déshérence libidinale. Dès lors, comment redonner de l'énergie projective au rapport que nous avons avec le temps qui passe ?Today, when we read newspapers, visit web pages or watch television, we are only told about the present; as if a sense of urgency had repudiated the future as a mere promise. The future has become disconnected from the present, one that is limited to itself that and leaves the world of tomorrow intellectually fallow, in a state of sensual desolation. How, then, can we rekindle a form of projective power within our relationship to the passing of time?
- L'historien et le temps - Jean-Pierre Rioux p. 21-31 Les collectivités humaines vivent à la fois dans un espace (local, national, continental ou mondial) et dans un temps (mythique, religieux ou sécularisé) qu'elles entendent maîtriser en naviguant entre le proche et le lointain, entre le passé, le présent et l'avenir. À l'historien, quand il ne se contente plus d'étudier le passé, d'explorer le temps vécu dans une société à travers des événements, des récits, des croyances, des mémoires : en somme, à travers des représentations collectives du temps qui passe. L'objet de cet article est de signaler quelques aspects de ce rapport de l'historien au temps.Human communities live in both a space (local, national, continental or global) and a time (mythical, religious or secularized), which they aim to master by navigating between the near and the far, between the past, the present and the future. It is therefore up to the historian, when he or she is no longer content with studying the past, to explore time as experienced by society, through events, stories, beliefs and memories… in short, through our collective representations of the passing of time. The aim of this article is to highlight certain aspects of the historian's relationship to time.
- Concilier temps long et gouvernance démocratique - Joséphine Staron p. 33-41 Les démocraties contemporaines sont face à un paradoxe majeur : concilier temps long et gouvernance démocratique. Elles se sont progressivement construites sur le culte du présent, au détriment d'une vision plus globale du temps : délaissant leur passé, elles « n'osent » plus leur avenir. Le contexte actuel, qui est à la fois celui des crises perpétuelles, des défis de long terme et de la multiplication des acteurs de pouvoir (politiques et économiques), a contribué à renforcer cette vision du présent et de l'immédiateté comme unique horizon. Aujourd'hui, elles sont en difficulté face à des régimes autoritaires qui semblent, en apparence, davantage en mesure d'affronter les grands défis de notre époque. Comment résoudre ce paradoxe ?Contemporary democracies face a major paradox: reconciling democratic governance and a long-term vision. These democracies were progressively built upon the cult of the present, to the detriment of a more global vision of time: neglecting their past, they also no longer “dare” to envision their future. The current context, marked by perpetual crises, long-term challenges and the multiplication of power players (both political and economic), has contributed to reinforcing this vision of the present, in which immediacy constitutes the sole horizon. Today, Western democracies struggle in the face of authoritarian regimes, which – in appearance – seem better equipped to tackle the major challenges of our time. How, then, can we resolve this paradox?
- En forêt - Marie Peucelle, Claire Peucelle-Christory p. 43-48 Comment parler du temps lorsque l'on parle de nature ? Il est vrai que le temps long vient immédiatement à l'esprit : celui de la croissance des arbres centenaires, de la longévité des forêts primaires, du développement que l'on souhaite durable. Mais n'est-ce que cela ? Par l'exemple de la forêt, nous découvrons un lieu où plusieurs temporalités se croisent et s'entremêlent.How does one broach time in the context of nature? The notion that immediately springs to mind is the long term: the growth of hundred-year-old trees, the longevity of primary forests and the – hopefully – sustainable quality of human development. But is that all that time is? Using the forest as an example, let us discover a place where several temporalities intersect and intermingle.
- Un temps incarné - Emmanuel Desclèves p. 49-55 Notre conception occidentale d'un temps chronologique universel n'est pas nécessairement partagée par les populations des antipodes. Ainsi les habitants du Grand Océan Moana Nui n'avaient aucune idée d'un temps linéaire exclusif mesurable et régulier, qui s'écoulerait inexorablement en s'éloignant indéfiniment d'une origine, sans revenir jamais sur ses pas. Leur conception du cours des choses était cyclique, comme une roue qui avance tout en tournant sur elle-même, avec des effets de concentration, d'accumulation, de compression, de retour parfois, mais aussi de détente ou d'étalement diffus.Our Western concept of universal chronological time is not necessarily shared by all of humanity. For example, the inhabitants of the Moana Nui, the Great Ocean, had no concept of an exclusive, measurable and regular linear form of time – one that is thought to inexorably flow away from its point of origin, never to return. Their notion of the course of things was cyclical, like a wheel that moves forward while spinning upon itself, accompanied by effects such as concentration, accumulation, compression, looping, alleviation and diffuse spreading.
- La prophétie, ou quand le temps est parole - Haïm Korsia p. 57-59 La prophétie, parole divine, détermine le seul temps qui vaille : le temps à venir. Elle est espérance. Elle ouvre la possibilité de ne pas abandonner, de persévérer. Elle est le moyen de ne pas être enfermé dans les contingences du moment, de voir au-delà de la peine et de la souffrance, de s'évader du temps présent pour rejoindre un temps plus juste et plus clément.Prophecy is the word of God. It determines the only time that counts: the time to come. It is hope. It gives rise to the possibility of not giving up, of persevering. It is a means of not becoming locked into the contingencies of the present moment, a way of seeing beyond pain and suffering, of escaping from the present to a fairer, more merciful place in time.
- L'ennui à l'adolescence : à la recherche de l'ombre du temps perdu - Maurice Corcos p. 61-67 À l'adolescence, avec la contraction du champ qu'apporte l'âge, l'espace tend à diminuer tandis que le temps, lui, s'accélère. Le passage du statut de l'enfant à celui de l'adulte, vécu encore naïvement comme une fin en soi, est périlleux. D'où la tentation au repli sur soi, à la régression, à la langueur, à l'ennui. Cet ennui traduit un manque d'investissement de soi, une incapacité à accepter le chaos de son monde interne et à communiquer avec les secrets de son cœur qui va de ne pas se comprendre à ne pas s'estimer. Cette absence à soi-même, sans intérêt à ce que l'on fait, tire sa source amère d'un manque d'émerveillement premier.During adolescence, due to the changes in one's reality brought on by age, space tends to shrink while time accelerates. The transition from child to adult – still naively experienced as an end in and of itself – is a perilous one. Hence the temptation to withdraw, to regress, to languish, to be bored. Adolescent boredom reflects a lack of investment in oneself, an inability to accept the chaos of one's inner world and to access the secrets of one's own heart – the manifestations of which range from not understanding to not valuing oneself. This absence from oneself, i.e. being devoid of interest in one's own undertakings, draws its bitter roots from a lack of primary wonder.
- Maisons Athos. « Le temps dure longtemps… » - Pierre Knecht p. 69-73 Depuis 2021, les maisons athos accueillent des militaires, hommes et femmes, de tous grades et de toutes armées et services, tous volontaires, souffrant d'une blessure invisible, d'un syndrome de stress post traumatique ( tppt). Le premier attendu de leur séjour, qui peut être court ou long, est la remise en place d'un lien social : se relever, réapprendre les gestes du quotidien, se reconstruire, reprendre pied dans le présent avant de préparer l'avenir. Donner du temps au temps. Et l'adapter à chacun.Since 2021, France's ATHOS homes welcome military men and women – all of whom are volunteers – from all ranks, armies and services. They are suffering from an invisible injury: post-traumatic stress disorder (PTSD). The primary aim of these homes – however prolonged one's stay may be – is to re-establish social ties: getting back on one's feet, relearning everyday gestures, rekindling self-confidence and becoming reacquainted with the present in order to prepare for the future. In other words: “giving time the time it needs”, for each and every patient.
- Temps militaires - Pierre Schill p. 75-82 Le temps militaire est par définition celui de situations d'exception puisque la vie même y est en jeu. Alors que la mort est devenue aujourd'hui « innommable », le soldat, lui, sait qu'elle est une réalité palpable et que son engagement exige « esprit de sacrifice pouvant aller jusqu'au sacrifice suprême ». C'est le temps du combat. Plus tabou peut-être encore : le temps du deuil, face auquel on se demande quelle attitude adopter. Là encore, l'engagement militaire est celui de l'exception : la responsabilité envers un camarade et sa famille est le fondement de la fraternité d'armes qui réunit dans la joie comme dans la peine, dans la plénitude des temps forts de cohésion comme dans les tourments du vide laissé par un camarade parti trop tôt. Et après les temps du combat et du deuil vient celui du souvenir, de la commémoration, pour éviter que le temps qui passe fasse tomber dans l'oubli ceux parvenus à l'extrême limite du devoir.Military time is – by definition – characterized by exceptional situations, since life itself is at stake. While death has become “unnamable”, soldiers know that it remains a palpable reality, and that their commitment demands “a spirit of sacrifice, which may extend as far as the ultimate sacrifice”. This is the time of combat. Perhaps even more taboo is the time of mourning, when one wonders what kind of attitude to adopt. Here again, military commitment constitutes a true exception: one's responsibility towards one's comrade and their family constitutes the foundation of all brotherhoods in arms – ones that unite us in joy as well as in sorrow, in triumphant unity and in the heart-wrenching void left by a comrade's untimely demise. After the times of combat and mourning comes the time of remembrance and commemoration, which prevents those who have reached the ultimate confines of their duty from falling into the oblivion of time.
- L'incompressibilité du temps - Jean Michelin p. 83-88 Cet article propose d'étudier le rapport des militaires au temps sous le prisme de son incompressibilité : le temps, dans la compréhension qu'en ont les soldats, est à la fois une donnée de planification, une ressource que l'on échange, un intervalle ou un segment qui permet de réaliser un certain nombre d'actions dans un espace délimité. Il illustre successivement ces aspects sous le prisme des opérations, du développement de la ressource humaine et du processus capacitaire.This article examines the military's relationship with time through the prism of the latter's incompressibility: time, as understood by soldiers, is a planning datum, a resource that can be exchanged, an interval or a period that allows for a certain number of actions to be carried out. Let us observe these aspects successively from the point of view of operations, human resource development and capabilities.
- Opération extérieure : le temps des transitions - Jean-Luc Cotard p. 89-96 L'opération extérieure est un temps particulier. Un temps de danger potentiel, un temps de révélation, individuelle ou collective, un temps où le repos est compté, où les contraintes s'accumulent, où les responsabilités augmentent… Un temps que le soldat vit intensément.Foreign operations constitute a special form of time: a time of potential danger, of individual or collective revelation, a time when rest is limited, when constraints pile up, when responsibilities increase… A time that soldiers experience in a truly intense way.
- Mandchourie 1945 : la course contre Chronos - Maxime Yvelin p. 97-104 Dans le cadre d'une opération militaire, le temps est une donnée centrale sans toutefois être monolithique. Que ce soit dans la planification ou dans l'exécution, il se retrouve à tous les échelons, à tel point que l'opération en question peut constituer une course contre le temps. Ce fut le cas de l'offensive lancée contre la Mandchourie par l'Armée rouge en août 1945, tenue de remplir les objectifs fixés par Staline dans un délai contraint.In military operations, time is a central factor, yet it is not absolute. Time is present at every echelon, be it for planning or execution; so much so that some operations may turn out to be races against time. Such was the case with the Red Army's offensive on Manchuria in August 1945, during which the troops had to meet the objectives set forth by Stalin within a short timeframe.
- La place du temps dans la planification militaire - Jean-Michel Meunier p. 105-115 Depuis trente ans, les armées occidentales ont assez radicalement transformé leur rapport au temps, ajustant bon gré mal gré leurs plans au « sens de l'Histoire ». Mais le retour de la guerre interétatique de haute intensité au cœur de l'Europe le 24 février 2022 impose une remise à l'heure des pendules de l'engagement militaire, en particulier celles de la planification opérationnelle qui avaient été sérieusement déréglées. Ce temps qui précède l'action est fondamental pour l'engagement en bon ordre de systèmes de forces lourds et complexes que constituent les armées modernes, notamment en coalition, et pour la réalisation des objectifs fixés.Over the last thirty years, Western armies have radically changed their relationship to time, warily adjusting their plans to fit into the “direction of history”. However, following the return of high-intensity international warfare to the heart of Europe on February 24, 2022, the clocks of military engagement must now be reset, particularly those of operational planning, which had become seriously out of sync. The time that precedes action is fundamental when it comes to deploying – in an orderly fashion – the heavy, complex systems that define modern armies, particularly in the context of coalitions, and allows for set objectives to be achieved.
- La planification économique ou l'organisation du temps - Grégory Chigolet p. 117-126 Dans l'imaginaire collectif, la planification, destinée à proposer une orientation partagée des grands choix économiques, concerne essentiellement le temps long. Ce qui n'est pas inexact, mais trop réducteur. Le long terme se décline comme une suite de séquences de moyen terme ; planifier suppose donc de rendre cohérents les choix intermédiaires. De la même manière, le moyen terme se divisant en phases de court terme, la planification ne peut se dispenser d'une action immédiate. Planifier implique donc de trouver une cohérence temporelle globale. Or le temps est la source de bien des difficultés que les planificateurs, inspirés des préoccupations des armées, ont cherché à résoudre ou à contourner. Les recherches les plus récentes abordent de nouveau cet obstacle à l'aide de techniques originales qui visent à concilier le plan et le marché dans une forme d'économie mixte.In our collective imagination, planning – as a means of proposing a common direction for major economic decisions – essentially concerns the long term. Though not entirely inaccurate, this vision remains too simplistic. The long term can be broken down into a series of medium-term sequences; planning therefore implies making coherent intermediate choices. Similarly, since the medium term is divided into short-term phases, planning cannot exclude immediate action. Planning therefore implies finding an overall form of temporal coherence. Yet time is the source of many difficulties, ones that planners – inspired by the concerns faced by the armed forces – have sought to resolve or circumvent. The most recent research in the field has once again set about tackling this obstacle, using original techniques designed to reconcile planning and economics in a type of mixed economy.
- Ce que vivre hors du temps nous apprend de notre relation à l'autre - François Mattens p. 127-133 En 2021, François Mattens et quatorze autres personnes ont participé à un programme scientifique baptisé Deep Time : ils ont été isolés dans une grotte pendant quarante jours, sans aucun repère temporel, afin de tester les limites chronobiologiques d'un groupe social. Retour sur cette expérience.In 2021, François Mattens and fourteen other people took part in a scientific experiment dubbed Deep Time: they were isolated in a cave for forty days without any temporal reference points, in order to test the chrono-biological limits of a social group. Let us look back on this riveting experiment.
- La difficulté à envisager l'avenir - Patrick Clervoy p. 135-137 Comment vous représentez-vous qu'au moment présent vous n'êtes plus la même personne que par le passé, et comment envisagez-vous ce que vous serez dans le futur ? Ces questions révèlent une faiblesse psychologique de l'Homme : il est incapable d'envisager qu'il peut changer. Nous anticipons l'avenir sans tenir compte de notre capacité à nous adapter, sans penser que chaque événement nous transforme et que, transformé, nous modifions à notre tour notre environnement. Ce processus continu de métamorphose apparaît quand on examine le passé, mais nous échappe lorsque nous nous projetons dans l'avenir. C'est la magistrale démonstration d'une étude publiée dans le magazine Science sous le titre « L'illusion de la fin de l'histoire ».How can we conceive of the fact that, in the present, we are no longer the same person as in the past, and how can we envisage what we are to become? These questions reveal one of humanity's psychological flaws: that is to say, our inability to imagine that we can change. We anticipate the future without taking our capacity to adapt into account, without thinking that each event transforms us and that, once transformed, we will in turn shape our environment. This continuous process of transformation becomes apparent when we examine the past, yet eludes us when we project ourselves into the future. This principle is masterfully demonstrated in a study, published in Science magazine, under the title The End of History Illusion.
- Le présent de l'écriture - Pierre-Yves Lebert p. 13-14
Pour nourrir le débat
- 1948. L'armée et son image à travers Un défilé de troupes françaises aux Tuileries - Loan Peuch p. 141-144 En 1948, à l'heure des guerres coloniales et d'une restructuration post-conflit mondial, comment l'institution militaire expose-t-elle ses troupes lors des représentations publiques ? Et comment cette exposition est-elle captée par le service cinématographique des armées qui propose quotidiennement des films d'actualité aux Français ? L'exemple d'un rush tourné le 6 juin à Paris, à l'occasion des commémorations du Débarquement.In 1948, in a time of colonial wars and post-war restructuring, how did France's military institution showcase its troops in public performances? How was this type of display captured by the armed forces' cinematographic services, which provided daily newsreels for the French population? Let us take a look at original footage from June 6, 1948, during D-Day commemorations in Paris.
- Les deux corps du chef - Xavier Rival p. 145-153 Qu'est-ce qu'un chef ? La question n'est pas nouvelle et est régulièrement abordée par nombre d'officiers. L'exercice du commandement s'inscrit en effet dans la réalité des combats et ne pourrait se satisfaire d'une réflexion purement théorique. L'action de décider, en vertu de l'autorité que l'on détient, face à des événements potentiellement tragiques a donc naturellement été interrogée par nombre de philosophes, anthropologues et sociologues. Cet article explicite un principe simple pour appréhender l'exercice du commandement : l'autorité qu'incarne le chef est composée de deux natures différentes et complémentaires.What is a leader? This question is nothing new and is regularly addressed by many an officer. The exercise of command is far from being purely theoretical; it is part and parcel of the reality of combat. The act of deciding in the face of potentially tragic events, by mere virtue of one's authority, has been questioned by many philosophers, anthropologists and sociologists. This article sets out a simple principle in order to understand the exercise of command: a leader embodies authority, one that is constituted of two different, yet complementary facets.
- 1948. L'armée et son image à travers Un défilé de troupes françaises aux Tuileries - Loan Peuch p. 141-144
Translation in English
- Does the future partly exist in our vision of what is to come? - Étienne Klein p. 157-161 Lorsque nous lisons les journaux, les pages Web, ou que nous regardons la télévision, nous constatons qu'on ne nous parle que du présent, comme si l'urgence avait partout répudié l'avenir comme promesse. Déconnecté de ce présent limité à lui-même, le monde de demain est ainsi laissé en jachère intellectuelle et en déshérence libidinale. Dès lors, comment redonner de l'énergie projective au rapport que nous avons avec le temps qui passe ?Today, when we read newspapers, visit web pages or watch television, we are only told about the present; as if a sense of urgency had repudiated the future as a mere promise. The future has become disconnected from the present, one that is limited to itself that and leaves the world of tomorrow intellectually fallow, in a state of sensual desolation. How, then, can we rekindle a form of projective power within our relationship to the passing of time?
- Military times - Pierre Schill p. 163-170 Le temps militaire est par définition celui de situations d'exception puisque la vie même y est en jeu. Alors que la mort est devenue aujourd'hui « innommable », le soldat, lui, sait qu'elle est une réalité palpable et que son engagement exige « esprit de sacrifice pouvant aller jusqu'au sacrifice suprême ». C'est le temps du combat. Plus tabou peut-être encore : le temps du deuil, face auquel on se demande quelle attitude adopter. Là encore, l'engagement militaire est celui de l'exception : la responsabilité envers un camarade et sa famille est le fondement de la fraternité d'armes qui réunit dans la joie comme dans la peine, dans la plénitude des temps forts de cohésion comme dans les tourments du vide laissé par un camarade parti trop tôt. Et après les temps du combat et du deuil vient celui du souvenir, de la commémoration, pour éviter que le temps qui passe fasse tomber dans l'oubli ceux parvenus à l'extrême limite du devoir.Military time is – by definition – characterized by exceptional situations, since life itself is at stake. While death has become “unnamable”, soldiers know that it remains a palpable reality, and that their commitment demands “a spirit of sacrifice, which may extend as far as the ultimate sacrifice”. This is the time of combat. Perhaps even more taboo is the time of mourning, when one wonders what kind of attitude to adopt. Here again, military commitment constitutes a true exception: one's responsibility towards one's comrade and their family constitutes the foundation of all brotherhoods in arms – ones that unite us in joy as well as in sorrow, in triumphant unity and in the heart-wrenching void left by a comrade's untimely demise. After the times of combat and mourning comes the time of remembrance and commemoration, which prevents those who have reached the ultimate confines of their duty from falling into the oblivion of time.
- Does the future partly exist in our vision of what is to come? - Étienne Klein p. 157-161
Comptes rendus de lecture
- L'Ours et le Renard. Histoire immédiate de la guerre en Ukraine : Michel Goya et Jean Lopez, Paris, Perrin, 2023 - Rémy Hémez p. 171-172
- Conduire la guerre. Entretiens sur l'art opératif : Benoist Bihan et Jean Lopez, Paris, Perrin, 2023 - p. 172-173
- De la Guerre n° 3 : Paris, Perrin /ministère des Armées, été 2023 - Rémy Hémez p. 173
- Le Maréchal Ney : Franck Favier, Paris, Perrin, 2023 - p. 174
- Verdun 1916 : Michaël Bourlet, Paris, Perrin/ ministère des Armées, 2023 - Maxime Yvelin
- Naissance des cinémas militaires (1914-1939) : Sébastien Denis, Bénédicte Rochet et Xavier Séné (dir.), Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2023 - p. 175
- 8 jours en mai. L'effondrement du IIIe Reich : Volker Ullrich, Paris, Passés Composés, 2023 - Maxime Yvelin